ArticlePDF Available

Les investisseurs particuliers et l’ISR. Une relation complexe

Authors:

Abstract

Si l’investissement socialement responsable (ISR) séduit de plus en plus d’investisseurs institutionnels, le développement du marché des particuliers reste timide. Peu d’études ont essayé de comprendre ce phénomène. Via une enquête menée auprès d’un panel de consommateurs représentatifs de la province de l’Ontario, cet article présente une lecture des comportements des investisseurs particuliers face à l’ISR. Les critères de décisions quant à la sélection de fonds d’ISR et les profils des particuliers en possédant sont exposés.
ES INVESTISSEURS PARTICULIERS ET L'ISR
Une relation complexe
Fabien Durif et al.
Lavoisier | Revue française de gestion
2013/7 - N° 236
pages 127 à 147
ISSN 0338-4551
Article disponible en ligne à l'adresse:
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2013-7-page-127.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Durif Fabien et al., « Les investisseurs particuliers et l'ISR » Une relation complexe,
Revue française de gestion, 2013/7 N° 236, p. 127-147. DOI : 10.3166/RFG.236.127-147
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Distribution électronique Cairn.info pour Lavoisier.
© Lavoisier. Tous droits réservés pour tous pays.
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des
conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre
établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que
ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en
France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
1 / 1
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis-Lumière Lyon 2 - - 159.84.125.236 - 29/11/2013 06h14. © Lavoisier
ESG, université du Québec Montréal (Québec)
ISABELLE PRIM-ALLAZ
HIND SAMI
Université Lyon 2, Coactis
D O S S I E R
DOI:10.3166/RFG.236.127-147 © 2013 Lavoisier
Les investisseurs
particuliers et lISR
Une relation complexe
Si l’investissement socialement responsable (ISR) séduit de
plus en plus d’investisseurs institutionnels, le développement
du marché des particuliers reste timide. Peu d’études ont
essayé de comprendre ce phénomène. Via une enquête
menée auprès d’un panel de consommateurs représentatifs de
la province de l’Ontario, cet article1 présente une lecture des
comportements des investisseurs particuliers face à l’ISR. Les
critères de décisions quant à la sélection de fonds d’ISR et les
SUR¿OVGHVSDUWLFXOLHUVTXLHQSRVVqGHQWVRQWH[SRVpV
1. Les auteurs remercient les rapporteurs ainsi que les rédacteurs-invités (Patricia Crifo et Nicolas Mottis). Ils
remercient également Abdesselam Rafik.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis-Lumière Lyon 2 - - 159.84.125.236 - 29/11/2013 06h14. © Lavoisier
vue française de gestion – N° 236/2013
Si dans les années 1970, l’investisse-
ment socialement responsable (ISR)
représentait essentiellement un mar-
ché de niche porté par des investisseurs
militants soucieux d’intégrer une dimension
éthique dans leurs investissements, depuis la
fin des années 1990, le marché de l’ISR s’est
institutionnalisé notamment avec la montée
en puissance des fonds de pension, et ce
particulièrement en Europe et en Amérique
du Nord (Jansson et Biel, 2011 ; Louche
et Lydenberg, 2006). Ainsi, la part de
l’épargne consacrée à l’ISR n’a cessé de
progresser au niveau international (Dupré
et al., 2006). En France, l’enquête annuelle
de Novethic indique, qu’en 2012, l’ISR
pèse 149 milliards d’euros, représentant
une croissance proche de 300 % sur trois
ans (50,7 milliards d’euros en 2009 et
115,3 milliards d’euros en 2011). Au
Canada, les actifs ISR sous gestion s’élè-
vent à 600,9 milliards de dollars, soit une
hausse de plus de 16 % entre juin 2010 et
juin 2011, contre une hausse de 9 % pour
les actifs totaux sous gestion (La Revue de
l’Investissement Socialement Responsable,
2012). Depuis 2002, les actifs d’ISR cana-
diens ont été multipliés par 11 (51,4 mil-
liards de dollars en 2002). Ce montant
représente environ 20 % des actifs sous
gestion dans l’industrie financière.
Le marché de l’ISR reste largement dominé
par les investisseurs institutionnels qui
détiennent plus de 70 % des encours ISR
en France en 2012 (107,2 milliards d’eu-
ros). Même si elle est en progression, la
part des épargnants individuels s’élève à
28 % seulement (soit 41,8 milliards d’eu-
ros). Au Canada, l’encours ISR des inves-
tisseurs particuliers représente moins de
2 % des actifs sous gestion (13,48 milliards
de dollars), avec tout de même une légère
augmentation de 8 % par rapport à 2010.
La littérature académique reste, elle aussi,
essentiellement orientée sur les investis-
seurs institutionnels (voir, par exemple,
Margolis et al. (2009) pour une revue de la
littérature). Alors même que l’importance
de développer le marché de l’ISR pour les
particuliers est largement soulignée dans la
presse2, les études portant sur les investis-
seurs particuliers sont très peu nombreuses
(cf. Jansson et Biel, 2011 ; Nilsson, 2009).
Cet article s’intéresse au marché de l’ISR
pour les particuliers. Plus précisément,
l’analyse porte sur le comportement des
investisseurs particuliers face à l’ISR. En
présentant une lecture des comportements
passés (achat d’ISR versus non-achat) et
des intentions d’achat futur (intention forte
versus intention faible) des particuliers face
à l’ISR, l’objectif de cette étude est double.
Il s’agit 1) d’identifier les profils spéci-
fiques des investisseurs particuliers possé-
dant des fonds d’ISR, et 2) de déterminer
un certain nombre de facteurs ou critères
de décisions quant à la sélection de ces
investissements socialement responsables.
Dans le but de proposer une description des
différents profils de particuliers vis-à-vis de
l’ISR, l’étude s’appuie sur une enquête par
email menée auprès de 1 050 consomma-
teurs provenant d’un panel représentatif de
la province de l’Ontario au Canada. Dans
cette logique descriptive, la méthodologie
retenue pour cet article repose sur des ana-
lyses comparatives entre investisseurs par-
ticuliers en ISR (21,43 % de l’échantillon)
2. Bertrand Fournier, président du Forum pour l’investissement responsable et Anne-Catherine Husson-Traoré,
directrice générale de Novethic. Le nouvel économiste, 30 mars 2011.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Louis-Lumière Lyon 2 - - 159.84.125.236 - 29/11/2013 06h14. © Lavoisier
... . Ce constat était déjà souligné parDurif et al. (2013). 13. ...
Article
L’ISR est aujourd’hui bien implanté auprès des professionnels de la finance (gestionnaires de fonds ou investisseurs institutionnels) chez lesquels il rencontre un large succès. Toutefois, il peine à susciter le même engouement auprès du grand public, mis à part quelques particuliers au profil bien précis. Dans cet article, les auteurs essaient de comprendre les réticences des épargnants et proposent deux types d’explications : l’une renvoie à la défiance du public vis-à-vis des banques et des marchés financiers en général ; l’autre est liée à la façon dont les professionnels communiquent en particulier sur l’ISR en vantant ses performances financières ou sa résilience et en se gardant bien, le plus souvent, de s’engager sur les aspects extra-financiers.
... En outre, seulement 5 % des personnes interrogées se sont vu proposer un placement ISR. Il y a donc là une marge de progression importante, quoique limitée puisque seulement un 12. Ce constat était déjà souligné par Durif et al. (2013). 13. ...
Research
Dans le cadre des travaux du Ministère de l'Ecologie relatifs à l’Investissement Socialement Responsable et suivis par le commissariat général au développement durable (CGDD) et plus particulièrement par la sous-direction de l’intégration des démarches de développement durable par les acteurs économiques (IDDDAE), nous avons souhaité travaillé sur le sujet de la diffusion de l’ISR auprès du grand public sous l’angle des réseaux bancaires. Cette étude vise à : - Mieux comprendre les freins qui limitent le développement de l’ISR auprès des investisseurs particuliers, sous l’angle des réseaux bancaires ; - Proposer des recommandations qui permettront à l’industrie de l’Investissement Socialement Responsable (ISR) de surmonter les freins relatifs à son développement auprès du marché des particuliers. Dans notre volonté d’enrichir nos travaux et de nous appuyer sur l’expérience d’un acteur incontournable de l’univers ISR Français, nous avons souhaité nous associer avec le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) afin de mener une étude conjointe.
Thesis
Full-text available
Socially responsible investing (SRI) is growing over the past years, particularly in France. This kind of investment meets a real need for returning finance to its true role. Our starting assumption emphasizes the role of SRI as a key tool to develop an efficient financial system allowing the optimum distribution of resources by integrating the issues of climate change, non-financial information, and ultimately, to allow the financing of the real economy, necessarily low-carbon in order to be sustainable. The purpose of this paper is to study the place of SRI in asset management in France as a financial innovation for addressing both topics related to climate change and other externalities companies. This is a new value creation model that seeks to maximize both financial performance and non-financial performance, and tends to spread to other asset classes traditionally unconcerned about this approach (Private Equity, Real estate, infrastructure...). Through our study, we will also seek to measure the "overall" performance of SRI funds by reporting the "classical" funds on the financial aspects and non-financial aspects. The results will be compared with those observed in the literature. More precisely, our research is made up of two phases : a qualitative study and a quantitative study. For the qualitative study, we interviewed the major players in the supply and demand of SRI products in France to understand their perceptions of SRI. Regarding the quantitative study, we compared a sample of funds "classic" with a sample of SRI funds. As regards the financial performance, our research reveals a slight outperform of "traditional" funds relative to SRI funds, even if this difference is not significant. About extra-financial performance, our study shows this time an outperform of SRI funds compared with "conventional" funds. Despite this finding, SRI does not seem to attract retail investors. Progress on the regulatory framework remains to be done to bring the readability that is lacking today to SRI.
Article
Afin de vérifier si les motivations exprimées par les investisseurs individuels pour l’investissement socialement responsable (ISR) affectent leurs investissements, un jeu de simulation a été mis en place. Une méthodologie combinant analyse quantitative et qualitative, fait apparaitre un décalage entre le dire et le faire des investisseurs. Ce décalage est interprété par recours au concept de dissonances cognitives. Des solutions permettant de limiter les perturbations du mécanisme décisionnel sont alors envisagées.
Article
Purpose The research shows how overall performance can help foster trust in financial institutions. While a climate of mistrust amongst investors and the general public towards financial institutions is since recent turmoils on the financial markets, we believe that mutual funds adopting overall performance can help recover a climate of trust due to the implied balance between economic, social and environmental performance. More specifically, overall performance promotes values that are similar to investors’ values and could be used by responsible investment funds if they want to contribute to the restoration of trust in investment funds. Design/methodology/approach Using an innovative, experimental design, we test the effect of value similarity on the trust that investors have in the investment fund. This effect cannot be studied in isolation, which is why we compare it with the effects of financial performance and ethical labelling on trust. Findings We find that funds with similar values are perceived as more trustworthy by investors. Consequently, overall performance should be added to a fund managers toolbox if she wants to foster trust in her fund. The effect of financial performance on trust applies only when the investor has no other information regarding the fund. As for the ethical labelling of funds, it has no effect on trust. Research limitations/implications Our findings encourage research that aims to develop a comprehensive approach of integrated overall performance focusing on financial and extra financial values. Bonnet et al. (2016) field work on socio-economic management and Naro & Travaillé (2016) work on management controllers provide promising examples in this regard. Practical implications Investment funds can acquire an edge by communicating on overall performance and the specific values of their target investors. Merely labeling funds as ethical is not sufficient to increase trust. Originality/value Using an innovative experimental methodology we show that the underlying factor of overall performance on trust in investment funds is value similarity. We provide researchers and practitioners with insight about the underlying mechanisms of the effect of overall performance on trust.
ResearchGate has not been able to resolve any references for this publication.