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Stratégies d’internationalisation : une articulation des travaux de Porter et Perlmutter

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Abstract

En lançant de nombreux défis et en offrant de nouvelles opportunités, la mondialisation des marchés permet d’élargir le champ des réponses stratégiques des entreprises. Même si ces réponses sont partiellement conditionnées par des facteurs culturels et sectoriels, elles traduisent la grande liberté d’action des dirigeants. Pour offrir une grille de lecture à ce sujet, il est particulièrement intéressant de rapprocher les travaux de Porter et Perlmutter. Ces travaux, souvent considérés comme redondants, abordent en réalité des thématiques complémentaires. Nous proposons dans cet article, après les avoir adaptées, d’associer les typologies développées par ces deux auteurs pour préciser le cadre d’analyse des stratégies d’internationalisation.
Article publié dans la revue Management & Avenir, N° 3, Janvier 2005, p. 48-60.
Stratégies d’internationalisation :
une articulation des travaux de Porter et Perlmutter
Eric Milliot
Résumé
En lançant de nombreux défis et en offrant de nouvelles opportunités, la mondialisation des marchés
permet d’élargir le champ des réponses stratégiques des entreprises. Même si ces réponses sont
partiellement conditionnées par des facteurs culturels et sectoriels, elles traduisent la grande liberté
d’action des dirigeants.
Pour offrir une grille de lecture à ce sujet, il est particulièrement intéressant de rapprocher les travaux
de Porter et Perlmutter. Ces travaux, souvent considérés comme redondants, abordent en réalité des
thématiques complémentaires. Nous proposons dans cet article, après les avoir adaptées, d’associer
les typologies développées par ces deux auteurs pour préciser le cadre d’analyse des stratégies
d’internationalisation.
Abstract
By creating numerous challenges and offering new opportunities, market globalization is leading to
an increase in the scope of companies’ strategic responses. Even if these responses are partially
conditioned by cultural and industrial factors, they nonetheless demonstrate executives’ freedom of
action.
To develop a new conceptual reference frame for this subject, it is particularly interesting to bring
together the works of Porter and Perlmutter. Their ideas, often considered as being redundant,
instead can be understood as offering complementary viewpoints. In this article, we propose to adapt
the typologies developed by these two authors and then to combine them to create a new analytical
framework for internationalization strategies.
1
STRATEGIES D’INTERNATIONALISATION :
UNE ARTICULATION DES TRAVAUX DE PORTER ET PERLMUTTER
La mondialisation peut être définie comme un mouvement qui, engendrant le décloisonnement des
marchés et soulignant l'interdépendance des acteurs, facilite la coordination et/ou l'intégration des
opérations industrielles et commerciales au-delà des frontières nationales. Cette dynamique, qui
change la nature même de certaines activités, n’impose pas de réponse stratégique unique et
déterminée.
Partant de ce constat, Porter (1986) propose une typologie permettant de repérer les grandes logiques
d’action des entreprises à l’échelle internationale. Il identifie, à partir du degré de coordination et de
la configuration géographique des activités, quatre options possibles : la stratégie fondée sur
l’exportation, la stratégie centrée sur les marchés nationaux, la stratégie de forte coordination entre
les filiales et la stratégie globale simple. Perlmutter (1969), quant à lui, avance une typologie bien
connue sur les modes organisationnels établis entre maisons mères et filiales. Trois profils
managériaux (ethnocentrisme, polycentrisme et géocentrisme) sont ainsi identifiés pour traduire la
diversité des principes de gestion adoptés par les entreprises travaillant à l’échelle internationale.
Les travaux de ces deux auteurs, qui abordent sous des angles différents une même réalité, sont
présentés comme des recherches quasi similaires et non comme des recherches complémentaires
(Bartlett et Ghoshal, 1989 ; Malnight, 1995…). Nous pensons, cependant, que leur rapprochement
peut enrichir la réflexion sur l’appariement des logiques stratégiques et organisationnelles dans un
contexte mondialisé.
1
Pour justifier ces propos, nous tenterons, dans un premier temps, d’associer les travaux revisités de
Porter et Perlmutter. Nous développerons, ensuite, un modèle composite facilitant l’étude des
stratégies d’internationalisation.
UN CADRE D’ANALYSE ADAPTE
Face aux multiples défis lancés par la mondialisation des marchés, Porter (1986) propose une matrice
traduisant la variété des réponses stratégiques possibles. Cette matrice, qui offre un cadre interprétatif
intéressant, peut cependant être développée à trois niveaux : la structuration, la terminologie et la
présentation analytique.
DES ELEMENTS DE STRUCTURATION A AFFINER
Les critères utilisés par Porter, pour élaborer sa typologie, peuvent être précisés pour mieux cerner la
nature des orientations développées par les entreprises engagées au niveau international. Présentons
sommairement les limites des deux axes retenus par l’auteur.
Le premier élément de structuration, la configuration géographique des activités, ne permet
pas de traduire exactement la stratégie d’internationalisation développée. Ce critère est, en
effet, source de confusion pour deux raisons. Premièrement, parce qu’un dirigeant décide
parfois de répartir ses activités pour des questions purement opérationnelles. Il peut, par
exemple, adopter une approche multi-zones pour avoir ponctuellement accès à des ressources
et compétences locales. Deuxièmement, parce que le développement d’entités virtuelles invite
à relativiser l’importance du critère de configuration pour caractériser la stratégie étudiée.
Pour véritablement cerner les contours de la politique retenue, il semble préférable de
s’intéresser au degré de concentration de l’autorité exercée. La délégation ou la non-
délégation du pouvoir traduit plus clairement les orientations choisies par l’entreprise.
Présenté de manière simple, cet axe fait référence à un ensemble de solutions allant de la
1
. Cette recherche de congruence, à l’échelle internationale, a déjà été étudiée par un certain nombre d’auteurs (Fouraker
et Stopford, 1968 ; Stopford et Wells, 1972 ; Egelhoff, 1982 et 1988…). Le rapprochement des travaux de Porter et
Perlmutter permet, cependant, de développer la réflexion à ce sujet.
2
faible concentration (réponses précises aux conditions locales, meilleures utilisations des
attributs nationaux…) à la forte concentration (fort contrôle des opérations, réduction des
coûts unitaires…) du pouvoir de décision.
Le second axe retenu par Porter, la coordination des activités, est lui aussi relativement peu
précis. Le concept de coordination peut faire référence à plusieurs types d’articulation
(organisationnelle, industrielle, commerciale…) de nature stratégique ou opérationnelle.
encore, pour faciliter l’identification de la stratégie développée, il semble que le terme
d’interdépendance soit plus approprié. Il permet de passer de la description des faits à
l’analyse des causes, de la présentation des applications aux principes qui les régissent... Deux
cas de figure, aux extrémités d’un continuum, peuvent être utilisés pour structurer la matrice :
la faible interdépendance (les unités sont indépendantes ou unilatéralement dépendantes) et la
forte interdépendance (les unités sont complémentaires) des activités.
UNE TERMINOLOGIE A HOMOGENEISER
Porter identifie quatre logiques d’action : la stratégie fondée sur l’exportation avec un marketing
décentralisé, la stratégie centrée sur les marchés nationaux, la stratégie d’investissements à l’étranger
avec une forte coordination entre les filiales et la stratégie globale simple. Il associe ainsi, de manière
non systématique, modes d’internationalisation (exportation, investissements à l’étranger), champs
d’action (marchés nationaux, marché global) et logiques organisationnelles (marketing décentralisé,
forte coordination entre les filiales). Il en découle un amalgame qui gêne la lisibilité de la typologie.
Pour éviter cet écueil, nous préférons reprendre les intitulés génériques proposés par Bartlett (1986),
à savoir : la stratégie internationale, la stratégie multinationale, la stratégie transnationale et la
stratégie globale. Cette présentation homogène permet de traduire, de manière plus cohérente et
harmonieuse, la nature et la portée des politiques développées par les entreprises.
UNE ANALYSE A COMPLETER ET A SYTEMATISER
Etudiant la concurrence sectorielle dans un contexte globalisé, Porter présente de manière partielle
les stratégies d’internationalisation. Il se focalise sur les trois logiques d’action qu’il considère liées à
la mondialisation (stratégie centrée sur les marchés nationaux, stratégie d’investissements à l’étranger
avec une forte coordination entre les filiales et stratégie globale simple) sans examiner celle fondée
sur l’exportation. De plus, il ne propose qu’une analyse embryonnaire de la mise en œuvre des
stratégies identifiées.
Pour compléter ce travail, il semble indispensable de présenter les principales caractéristiques des
politiques d’internationalisation et de préciser les modes organisationnels nécessaires à leur
application. Dans ce but, nous proposons de reprendre les travaux de Perlmutter (1969) et de les
adapter à la typologie de Porter. Cette association, que nous développerons ultérieurement dans cet
article, permet d’enrichir la réflexion sur les origines, les principes et les conditions de mise en œuvre
des logiques d’action des entreprises dans un environnement les frontières politiques et
commerciales sont de plus en plus évanescentes.
LES STRATEGIES D’INTERNATIONALISATION
Suite aux remarques faites précédemment, nous proposons d'amender la typologie de Porter. Fondée
sur des critères de structuration que nous jugeons plus adéquats, la matrice présente les perceptions
de l’espace marchand inhérentes aux différentes stratégies (document 1).
Présentons plus en détail ces logiques d’action développées dans un contexte mondialisé.
L’ORIENTATION STRATEGIQUE INTERNATIONALE
L’entreprise connaît ici une forte concentration du pouvoir de décision et une faible coordination des
activités menées à l’international. Les entités à l’étranger (point de vente, usine d’assemblage…)
sont, en effet, fortement dépendantes de l’entité pivot (siège, usine principale…) généralement
implantée dans le pays d’origine de l’entreprise. Parallèlement, l’essentiel des activités constituant la
chaîne de valeur est concentré dans ce même pays.
3
Document 1
STRATEGIES D’INTERNATIONALISATION ET
PERCEPTIONS DE L’ESPACE MARCHAND
POUVOIR DE DECISION
CONCENTRE
POUVOIR DE DECISION
DISPERSE
FORTE
INTER-
DEPENDANCE
DES
ACTIVITES
Stratégie globale
Stratégie transnationale
FAIBLE
INTER-
DEPENDANCE
DES
ACTIVITES
Stratégie internationale
Stratégie multinationale
Marché d’origine Marché étranger
Dépendance Indépendance Interdépendance
Marché aux frontières commerciales évanescentes Bloc régional
4
Cette stratégie se caractérise par une faible adaptation des produits de l’entreprise proposés à
l’étranger. Le marché pivot est, en principe, le marché d’origine. Ce sont les conditions observées sur
ce marché qui vont déterminer la conception, la fabrication et la commercialisation des produits.
Les marchés étrangers sont considérés comme des marchés satellites qui permettent, dans la mesure
du possible, de saisir des opportunités commerciales. La principale modalité d’internationalisation est
la cession de brevets ou l’exportation des produits fabriqués dans le pays d’origine. Les concessions
de licence sont parfois utilisées pour diffuser les savoir-faire et les marques.
Cette orientation est souvent adoptée par les petites et moyennes entreprises qui font l’apprentissage
des marchés étrangers. Donnons l’exemple de Progial qui bénéficie, sur le marché français, d’une
position dominante dans le secteur des progiciels pour boulangeries industrielles. Ne pouvant guère
augmenter sa part de marché en France, cette entreprise cherche désormais, en évitant d’adapter ses
produits, à trouver des clients en Belgique et au Québec.
L’ORIENTATION STRATEGIQUE MULTINATIONALE
Cette stratégie se caractérise par une dispersion du pouvoir de décision et un faible degré de
coordination entre les activités menées dans différents pays. Contrairement à la stratégie
internationale, elle n’accorde pas d’attention particulière au marché d’origine pour approcher les
marchés étrangers. Elle cherche à répondre précisément aux conditions de chaque marché national
visé. C’est la stratégie de gestion de portefeuille (collection d’activités locales) qui engendre une
forte adaptation des produits. La grande différence avec la stratégie monodomestique est que
l’entreprise peut répartir sur plusieurs marchés les risques financiers et commerciaux.
Les filiales sont assez autonomes par rapport au siège, c’est pourquoi les investissements directs sont
souvent utilisés comme moyens essentiels d’internationalisation. Les concessions de licence (savoir-
faire, marque) sont également accordées à des partenaires pour faciliter l’implantation à l’étranger.
Pour illustrer cette orientation, donnons l’exemple du distributeur britannique Kingfisher. Les
enseignes qu’il possède servent en principe un marché national et sont gérées de manière autonome
par les équipes locales. Citons, dans le secteur de l’électrodomestique, BCC pour les Pays-Bas, But et
Darty pour la France, Comet pour le Royaume-Uni, Datart pour les Républiques Tchèque et
Slovaque, ProMarkt pour l’Allemagne et Vanden Borre pour la Belgique.
L’ORIENTATION STRATEGIQUE TRANSNATIONALE
Etudiée de manière approfondie par Bartlett et Ghoshal (1989), cette orientation se caractérise par
une faible concentration du pouvoir de décision et par une forte coordination d’activités
géographiquement dispersées. Le principe clé de cette stratégie est résumé par le célèbre slogan,
avancé au début des années quatre-vingt-dix par le président-directeur général d’Asea Brown Boveri
(ABB), penser globalement et agir localement. Présentée simplement, cette stratégie tente de
concilier les avantages de la standardisation pour les activités amont de la chaîne de valeur (vision
stratégique commune, économies d’échelle…) et de l’adaptation pour les activités aval (motivation
au sein des filiales, produits répondant aux exigences locales…). Elle se fonde sur divers systèmes
d’attributs pour optimiser ses activités réparties sur un ou plusieurs continents. Elle s’appuie sur la
décomposition internationale des processus productifs (Lassudrie-Duchêne, 1982) pour répondre à la
demande de différence des consommateurs (Lassudrie-Duchêne, 1971).
La mise en œuvre d’une telle approche demande de faire appel aux trois modalités génériques
d’internationalisation, à savoir : les investissements directs à l’étranger (filiale de production, filiale
de distribution, joint venture…), les concessions à durée limitée (crédit-bail, concession de licence,
franchise…) et les ventes fermes (exportation, cession de brevets, contrat clé en main…). En effet,
les investissements directs sont indispensables pour répartir à grande échelle les différentes
opérations complémentaires qu’il faut plus ou moins intégrer. Ne pouvant pas toujours financer les
lourds investissements nécessaires à sa présence régionale ou globale, l’entreprise a également
recours aux coopérations verticales et horizontales avec différents types de partenaires. Ces modes de
coopération se concrétisent par des contrats de sous-traitance et d’ingénierie, des licences de brevet et
de marque, des accords de recherche et de production communes, des unités de fabrication et de
5
commercialisation conjointes… L’intégration des opérations géographiquement dispersées fait que
l’exportation est aussi une modalité largement utilisée pour mettre en œuvre cette stratégie.
Procter & Gamble (P&G), par exemple, adopte cette orientation dans le secteur des lessives. En
associant des marques mondiales (Ariel, Dash…) et des marques locales (Bonux, Vizir…), P&G
élargit son positionnement et évite de laisser le champ libre aux rivaux. Parallèlement, en valorisant
les marques nationales, P&G permet aux filiales de prouver leur dynamisme et leur créativité. Le
groupe peut ainsi espérer transposer certaines idées locales à d’autres marchés (par exemple : le
cadeau dans la boîte Bonux).
L’ORIENTATION STRATEGIQUE GLOBALE
Cette orientation stratégique permet, avec un pouvoir de décision concentré au niveau de la maison
mère, de coordonner des activités géographiquement réparties dans quelques pays pour répondre de
manière harmonisée au marché mondial. Cette stratégie, rarement retenue, ne semble efficace que
pour quelques secteurs d’activité (aéronautique, informatique, marchés financiers…). Elle se fonde
sur l’idée que l’homogénéité croissante de la demande mondiale permet l’adoption d’un marketing
mix standardisé (Levitt, 1983). L’entreprise peut alors concentrer ses outils de production sur les
territoires, le pays d’origine n’étant pas forcément inclus, qui proposent les systèmes d’attributs les
plus intéressants.
Les modalités essentielles pour l’internationalisation sont les investissements directs dans le(s) pays
retenu(s) (pour développer les activités créatrices de valeur) et l’exportation (puisque les activités
sont relativement concentrées dans l’optique de servir le marché mondial). Le fait de s’intéresser au
vaste champ planétaire invite à adopter également la voie contractuelle, sous des formes variées, pour
partager les risques financiers, industriels et commerciaux.
Intel Corporation illustre l’application de cette stratégie centralisatrice. Ses microprocesseurs,
fabriqués dans douze usines et assemblés dans douze unités réparties dans le monde, sont vendus à
l’échelle mondiale sans adaptation.
UNE REALITE COMPLEXE
La matrice des stratégies d’internationalisation, dont l’objectif est de traduire simplement une réalité
complexe, ne doit pas occulter la diversité des logiques d’action développées. L’observation des
politiques mise en œuvre par les entreprises révèle une multitude de solutions possibles. Même si
l’environnement a un impact évident sur le choix de l’orientation stratégique, les faits démontrent
que la latitude des dirigeants est importante.
Pour comprendre la complexité évoquée, nous proposons d’aborder l’évolution des choix
stratégiques et les multiples facettes organisationnelles possibles pour l’application d’une même
stratégie.
L’EVOLUTION DES CHOIX STRATEGIQUES
L’observation diachronique des entreprises fortement internationalisées permet d’identifier une
tendance concernant l’évolution séquentielle des stratégies adoptées. Dans un grand nombre de cas,
l’entreprise met en œuvre, dans un premier temps, la stratégie internationale pour faire
l’apprentissage des conditions industrielles et commerciales à l’étranger. Elle développe, ensuite, une
stratégie multinationale pour optimiser ses opérations sur certains marchés nationaux clés. Elle
poursuit ensuite son développement, lorsque les conditions locales ne sont pas trop spécifiques, en
adoptant la stratégie transnationale pour profiter des avantages respectifs de différents systèmes
d’attributs et bénéficier d’économies d’échelle.
2
Elle utilise enfin la stratégie globale, quand celle-ci
est envisageable, pour réduire ses coûts unitaires et augmenter son chiffre d’affaires. Cette séquence
n’est pas, bien évidemment, toujours vérifiée. Les entreprises peuvent, en effet, aller à contre-courant
ou sauter des étapes.
2
. Cette évolution est vérifiée empiriquement, pour les filiales espagnoles des entreprises multinationales, par Jarillo et
Martinez (1990).
6
Un mouvement à contre-courant
Certaines entreprises (Coca-Cola, McDonald’s…), par exemple, après avoir longtemps adopté une
approche globale, reviennent à une stratégie qui se rapproche de l’orientation transnationale.
Conscientes qu’il est difficile de satisfaire de la même manière les demandes à l’échelle mondiale et
qu’il est préférable d’établir une certaine proximité avec les prospects, elles intègrent plus de
paramètres locaux ou régionaux pour assurer leur développement à l’international. Comme nous
l’avons vu précédemment avec P&G, elles associent parfois marques locales et marques globales
pour couvrir un plus grand nombre de segments de marché.
Un passage non obligé
Des compagnies connaissent un développement à l’international atypique. Elles naissent, par
exemple, globales. Le cabinet McKinsey (Rennie, 1993) constate en effet, après avoir mené une
étude en Australie, que certaines entreprises impliquées dans des secteurs à forte valeur ajoutée
(équipements scientifiques, photographiques, électroniques…) adoptent d’emblée une stratégie
globale. Grâce aux progrès des télécommunications, des entités de petite taille sont désormais
capables d’établir très rapidement une position mondiale sur des niches stratégiques. Remarquons,
cependant, que les orientations qui reposent sur la standardisation (stratégies internationale et
globale) sont généralement plus accessibles aux petites et moyennes entreprises. Les coûts
d’adaptation, inhérents aux stratégies multinationale et transnationale, gênent ces structures qui n'ont
pas toujours la taille critique nécessaire.
DES LOGIQUES DE DEVELOPPEMENT VARIEES
Les quatre orientations stratégiques identifiées précédemment offrent une grille de lecture utile. Elles
ne doivent pas, pour autant, donner une image trop simplifiée de la réalité. Trois aspects peuvent être
évoqués pour relativiser la capacité descriptive de la typologie.
Une pluralité stratégique
Une entreprise peut développer simultanément plusieurs stratégies. Les raisons sont nombreuses :
domaines d’activités stratégiques exigeant des approches adaptées, marchés aux contraintes
réglementaires et culturelles spécifiques, phases du cycle de vie du produit différentes d’un marché à
un autre… Même si les stratégies sont a priori largement influencées par les contextes sectoriel et
concurrentiel, la recherche d’adéquation entre environnement et stratégie n’impose pas un mode
d’action uniforme. La diversité des modalités d’internationalisation, l’influence des cultures
nationales, les différentes facettes du marché, le choix du segment commercial et la liberté
décisionnelle des dirigeants expliquent pourquoi, dans un même secteur d’activité, les stratégies
développées par les entreprises sont parfois très variées. Le secteur de l’automobile illustre
parfaitement cette situation : General Motors développe un portefeuille de marques pour répondre
aux conditions domestiques ou multidomestiques des marchés visés (orientation stratégique
multinationale) ; Ford, avec son concept de centres d’excellence, opte depuis quelques années pour
une coordination forte des opérations (orientation stratégique transnationale) ; et Toyota concentre
une grande partie de ses activités industrielles au Japon pour répondre à une demande mondiale
(orientation stratégique globale). Les principaux constructeurs automobiles semblent, cependant,
progressivement converger vers une logique de coordination forte pour des activités pensées et
organisées au niveau régional.
L’impact identitaire
Une même stratégie peut reposer sur différentes bases culturelles (nationale, bi-nationale, régionale,
continentale ou mondiale). La référence identitaire a un impact sur la perception de l’espace
marchand, le choix de l’orientation stratégique et les modes organisationnels retenus. Pour illustrer
cet impact, il est possible d’élaborer une matrice croisant les orientations stratégiques caractérisées
par une forte interdépendance des activités (globale ou transnationale)
3
et la référence identitaire
3
. Les approches internationale et multinationale n’ont pas été retenues car elles sont, dans les faits, essentiellement
développées par des entreprises enracinées dans une culture nationale. Les conséquences de la référence identitaire sont
beaucoup plus visibles pour les orientations transnationale et globale.
7
(unique [nationale] ou plurielle [bi-nationale, régionale, continentale ou mondiale]) de l’entreprise.
En croisant ces deux dimensions, nous arrivons à identifier quatre profils se différenciant sur les
critères suivants : le pourcentage du capital détenu par des étrangers, le lieu d’implantation du siège,
la nationalité du P-DG, le nombre d’étrangers au sein du conseil d’administration, le nombre
d’étrangers au sein du comité de direction et la culture de référence (document 2). Cette liste n'est pas
exhaustive. Nous n'avons sélectionné que les éléments permettant d'apprécier la référence identitaire
de l'entreprise. Bien d'autres critères servent à évaluer le degré d'internationalisation d'une entreprise
(part du chiffre d'affaires à l'étranger, part des investissements réalisés hors des frontières nationales,
localisation de la recherche - développement...).
La matrice proposée, qui présente des firmes dont le siège est situé en France, montre qu’une même
stratégie peut être appliquée par des entreprises ayant une approche très différente du marché. Ce
dernier peut être considéré de manière relativement homogène, mais abordé de manière ethnocentrée
(référence identitaire unique) ou véritablement intégrée (référence identitaire plurielle). Les aspects
organisationnels doivent donc être étudiés pour comprendre, plus précisément, les orientations
stratégiques développées dans un contexte mondialisé.
L’intention stratégique des acteurs
Confrontées à un milieu socio-économique de plus en plus évolutif, certaines entreprises ne se
contentent pas d'adapter leur stratégie à l'environnement. Elles tentent, en développant un avantage
concurrentiel original, de modifier les règles du jeu sectoriel.
4
En faisant de la sorte, elles remettent partiellement en cause les travaux académiques focalisés en
stratégie sur la problématique de l'adéquation (Learned et al., 1965 ; Boston Consulting Group, 1970
et 1982 ; Porter, 1980...) et alimentent le courant de pensée centré sur ce que Hamel et Prahalad
(1989) nomment intention stratégique.
5
Le concept d'intention caractérise ici les entreprises proactives dont l’ambition est de modifier
radicalement leur position concurrentielle. Hamel et Prahalad proposent l'exemple de Canon qui s'est
donné comme objectif prioritaire de battre Xerox dans le secteur de la reprographie. Cette liberté
d'action explique pourquoi il faut relativiser le pouvoir interprétatif de la matrice de Porter.
Cependant, si la prédominance de la logique d'adaptation est reconsidérée, la cohérence stratégico-
organisationnelle reste de mise. Développons ce dernier point
LA MISE EN ŒUVRE DE L’ORIENTATION STRATEGIQUE RETENUE
La complexité croissante des opérations menées sur le plan international exige des logiques
organisationnelles de plus en plus sophistiquées. Pour faire face à la mondialisation, des modes de
fonctionnement particuliers sont adoptés en fonction des conditions environnementales et des
moyens de l’entreprise. Ces modes permettent, pour l’essentiel, de mettre en œuvre les orientations
stratégiques retenues. Eisenhardt (2002, p. 90) justifie ce lien de manière forte en disant que
l’organisation elle-même est la stratégie.
Sans aller aussi loin, mais en gardant à l’esprit la dimension stratégique de l’organisation, il est
particulièrement intéressant de mettre en parallèle la typologie revisitée de Porter et celle que
Perlmutter a développée sur les relations établies entre le siège et ses filiales. Ce rapprochement
permet de mieux comprendre la nature et les conséquences organisationnelles des orientations
stratégiques définies précédemment.
4
. Ce débat est plus ancien en théorie des organisations. Il oppose les partisans du déterminisme environnemental
(Aldrich, 1975 ; Hannan et Freeman 1977...) et ceux du choix stratégique (Galbraith, 1971 ; Child, 1972...).
5
. Ce courant est aujourd'hui développé sur le thème de la gestion permanente du changement et de l'évolution des
objectifs (D'Aveni, 1994 ; Slywotsky, 1996 ; Labowitz et Rosansky, 1997...).
8
DOCUMENT 2
REFERENCE IDENTITAIRE
DES STRATEGIES D’INTERNATIONALISATION :
EXEMPLES D’ENTREPRISE (ANNEE 2000)
STRATEGIE GLOBALE
STRATEGIE TRANSNATIONALE
REFERENCE
IDENTITAIRE
UNIQUE
MICHELIN
Implantation du siège : France
Pays d’origine : France
Capital détenu par des étrangers : 48%
Nationalité du P-DG : française
Etranger(s) au conseil d’administration : 0
Etranger(s) au comité de direction : 0
Culture de référence : française
ACCOR
Implantation du siège : France
Pays d’origine : France
Capital détenu par des étrangers : 40,8%
Nationalité du P-DG : française
Etranger(s) au conseil d’administration : 2
Etranger(s) au comité de direction : 0
Culture de référence : française
REFERENCE
IDENTITAIRE
PLURIELLE
PHILIPS BCU WIRELESS (TELEPHONIE)
Implantation du siège : France
Pays d’origine : Pays-Bas
Capital détenu par des étrangers : 72,3%
Nationalité du P-DG : allemande
Etranger(s) au conseil d’administration : 5
Etranger(s) au comité de direction : 5
Culture de référence : mondiale
AVENTIS
Implantation du siège : France
Pays d’origine : Allemagne et France
Capital détenu par des étrangers : 81,4%
Nationalité du P-DG : américaine
Etranger(s) au conseil d’administration : 7
Etranger(s) au comité de direction : 2
Culture de référence : mondiale
Certaines informations sont empruntées à Deschamps et al. (2001).
9
Perlmutter (1969) identifie, chez les maisons mères, trois types d’attitude (ethnocentrique,
polycentrique et géocentrique) par rapport aux unités implantées à l’étranger. Ces types
d’attitude sont utiles pour traduire la mise en œuvre organisationnelle des stratégies
d’internationalisation. En effet, comme nous le présenterons dans les développements qui
suivent, il est possible d’associer la stratégie internationale au profil ethnocentrique, la
stratégie multinationale au profil polycentrique et la stratégie transnationale au profil
géocentrique.
Pour établir une totale correspondance avec la typologie de Porter, un quatrième profil doit
être ajouté à la classification de Perlmutter. Il nous faut, en effet, identifier l’orientation
organisationnelle qui correspond à l’approche globale (holistique) des marchés. Nous
donnerons, à cette quatrième orientation, le nom d’holicentrisme (document 3).
Développons l’articulation des travaux revisités de Porter et Perlmutter.
STRATEGIE INTERNATIONALE ET ORIENTATION ETHNOCENTRIQUE
Le profil ethnocentrique de Perlmutter est particulièrement pertinent pour comprendre la mise
en œuvre d’une stratégie internationale. En effet, pour assurer la cohérence de son action à
l’étranger, le siège définit les valeurs et intérêts de l’entreprise par rapport au seul marché
domestique. Il exerce en principe sur ses filiales une forte autorité. En déterminant des
indicateurs de performance homogènes, la direction générale contrôle ainsi étroitement les
opérations menées à l’étranger. Pour faciliter ce contrôle et respecter la logique de
standardisation retenue, les dirigeants sont généralement issus du pays d’origine.
STRATEGIE MULTINATIONALE ET ORIENTATION POLYCENTRIQUE
Le profil polycentrique illustre les principales logiques organisationnelles nécessaires à la
mise en œuvre de la stratégie multinationale. Les valeurs et intérêts de la compagnie sont, en
effet, appréciés au niveau local puisque l'hétérogénéité des marchés impose généralement une
décentralisation de la prise de décision. La maison mère exerce par conséquent une faible
autorité sur ses unités implantées à l’étranger. Quant aux responsables des filiales, ils sont en
principe issus du ou des pays hôte(s) car ils doivent être capables d’adapter les logiques
industrielles et commerciales aux particularités du marché local.
STRATEGIE TRANSNATIONALE ET ORIENTATION GEOCENTRIQUE
Le profil géocentrique traduit l’application de la stratégie transnationale. La maison re,
pour gagner en efficience, tente d’établir une collaboration intra-organisation (entre elle et ses
filiales ; entre les filiales) à l’échelle régionale ou mondiale. Cette collaboration, qui permet la
mise en place de politiques industrielle et commerciale intégrant à la fois des normes
universelles et locales, demande un suivi régulier et coordonné des opérations. Pour assurer
cette tâche, les dirigeants sont choisis pour leurs compétences et leurs expériences à
l’international. Les responsables issus du pays d’origine sont donc relativement peu nombreux
sauf, parfois, quand la référence identitaire de l’entreprise est unique.
STRATEGIE GLOBALE ET ORIENTATION HOLICENTRIQUE
L’intégration supranationale des économies, dans certains secteurs d’activités, permet
d’approcher le marché mondial de manière homogène. Les normes sur lesquelles se fondent la
conception, la fabrication et la commercialisation du produit sont alors quasi universelles.
La stratégie globale, qui peut en résulter, exige un profil particulier qui n’est pas identifié par
Perlmutter. Pour compléter la typologie de ce dernier, nous proposons d’ajouter le profil
holicentrique qui correspond à la mise en œuvre de cette stratégie mondiale. Les principales
caractéristiques de ce profil organisationnel peuvent être résumées comme suit.
Les indicateurs de performance étant mondiaux, le siège peut aisément centraliser la prise de
décision pour contrôler des opérations géographiquement dispersées et interdépendantes.
10
DOCUMENT 2
PROFILS ORGANISATIONNELS ADAPTES A L’INTERNATIONAL
Orientations de
l’entreprise
Ethnocentrique
Polycentrique
Géocentrique
Holicentrique
Relations entre
maison mère et
filiales
Forte dépendance
des filiales vis-à-
vis de la maison
mère
Relative
indépendance des
filiales vis-à-vis de
la maison mère et
des autres filiales
Forte
interdépendance des
filiales au niveau
régional, continental
ou mondial
Forte
interdépendance,
orchestrée par la
maison mère, des
filiales au niveau
mondial
Autorité et prise
de décision
Forte implication
de la maison mère
dans le
fonctionnement
des filiales
Faible implication
de la maison mère
dans le
fonctionnement des
filiales
Forte collaboration
entre maison mère
et filiales partout
dans le monde
Fort implication de
la maison mère dans
le fonctionnement
des filiales
Communication
et flux
d’informations
Grand nombre
d’ordres et de
conseils aux
filiales
Flux d’informations
relativement peu
importants entre
maison mère et
filiales, et entre
filiales
Flux d’informations
très importants
partout dans le
monde et tous
azimuts
Grand nombre
d’ordres et de
conseils aux filiales
Evaluation et
contrôle
Normes et
indicateurs de
performance du
pays d’origine
Normes et
indicateurs de
performance du
pays hôte
Normes et
indicateurs de
performance de
différentes origines
(locale, régionale,
continentale et/ou
globale)
Normes et
indicateurs de
performance
internationaux
Culture(s) de
référence
Locale
(pays d’origine)
Locale
(pays hôte)
Locale, régionale,
continentale et/ou
globale (sauf quand
la référence
identitaire est
unique)
Globale (sauf quand
la référence
identitaire est
unique)
Occupation des
postes-clefs
Agents du pays
d’origine partout
dans le monde
Agents locaux dans
leur propre pays
Agents de différents
pays partout dans le
monde (sauf quand
la référence
identitaire est
unique)
Agents de différents
pays partout dans le
monde (sauf quand
la référence
identitaire est
unique)
Exemples
d’entreprise
Progial,
Pizza Hut…
Kingfisher,
Unilever...
Ford,
Procter & Gamble...
Intel,
Total…
Source : Les trois premières orientations sont adaptées de Perlmutter (1969).
11
Contrairement au profil ethnocentrique, cette centralisation n’est pas toujours assurée depuis
le pays d’origine par des membres issus de ce même pays. L’importance du champ d’action,
en effet, invite l’entreprise à s’implanter les systèmes d’attributs sont les plus
avantageux. De même, les postes clés sont généralement confiés, quelle que soit l’origine
nationale, aux personnes ayant les compétences les plus adaptées. Dans les faits, nous
constatons cependant que le pays d’origine reste largement représenté quand la référence
identitaire est unique.
UN MODELE COMPOSITE
La présentation sommaire des quatre orientations organisationnelles permet d’apprécier leurs
liens avec les modes de développement à l’international. Elle permet de proposer un modèle
composite qui valorise la convergence des recherches menées par Porter et Perlmutter
(document 3). Cette convergence, malgré la spécificité des thématiques et problématiques
traitées, nous invite à présenter l'alignement interactif des logiques stratégiques et
organisationnelles (alignement managérial
6
) comme l’axe pivot pour faciliter la réussite des
opérations menées à l'échelle internationale. Deux raisons justifient cette prise de position.
Premièrement, la nature même de ces opérations (modes de présence à l’étranger, arbitrages
entre adaptation et standardisation, dimensions humaines et sociétales...) exige que les
principes relationnels, décisionnels, communicationnels et culturels soient cohérents avec la
politique d’expansion géographique de l’entreprise. Deuxièmement, la forte congruence des
deux typologies s’explique par le référencement croisé des deux dimensions évoquées :
- les stratégies d’internationalisation sont identifiées à partir de critères organisationnels
(interdépendance des activités, répartition du pouvoir de décision) ;
- les profils d’entreprise sont appréciés à partir d’éléments stratégiques (représentation
géographique, identité culturelle…).
Ce modèle composite met ainsi en relief la corrélation particulière des logiques stratégiques et
organisationnelles pour les opérations menées à l’international. En effet, cette corrélation ne
se traduit pas par un alignement managérial aussi systématique pour les orientations
génériques (domination par les coûts, différenciation et focalisation) car celles-ci reposent sur
des principes qui dépassent la dimension organisationnelle (concurrence, positionnement…).
L'expression axe pivot, retenue à propos de l’imbrication des orientations et des profils, est
volontairement utilisée pour relativiser l'impact de l'environnement sur les choix des
dirigeants. Comme cela a été présenté dans les développements précédents, le contexte
d'affaires n'est pas forcément la référence prioritaire pour définir les actions à mener à
l'international. Deux cas de figure sont, en réalité, observables.
La subordination aux conditions environnementales (adéquation stratégique).
L'alignement stratégico-organisationnel répond ici aux forces concurrentielles,
sociétales, politico-légales… auxquelles l’entreprise est confrontée. Il repose, pour
l’essentiel, sur les ressources et compétences déjà disponibles au sein de l'entreprise.
Nous pouvons donner l'exemple de McDonald's qui, pour ne plus apparaître comme un
envahisseur étranger dans certains pays, offre plus de liberté décisionnelle à ses
filiales.
La modification des conditions environnementales (intention stratégique). L'entreprise,
animée par une ambition forte et portée par un projet original, cherche ici un
appariement stratégico-organisationnel particulier. Elle va pour cela tenter d'acquérir
les ressources et compétences nécessaires à son plan de développement.
Nous pouvons présenter le cas de L’Oréal qui, pour mettre son savoir-faire scientifique
au service de différents types de beauté, rachète des marques locales et les transforme,
6
. Stratégie et organisation sont, en effet, les composantes fondamentales du management.
12
grâce à des équipes autonomes et pluriculturelles, en marques internationales (Soft
Sheen/Carson, Kiehl’s…).
DOCUMENT 3
APPARIEMENT DES LOGIQUES STRATEGIQUES ET ORGANISATIONNELLES
DANS UN CONTEXTE MONDIALISE
Cette présentation triangulaire s’inscrit dans la logique des travaux de Galunic et Eisenhardt
(1994).
ENVIRONNEMENT
(culturel, sectoriel, concurrentiel…)
STRATEGIE
D’INTERNATIONALISATION
- internationale
- multinationale
- transnationale
- globale
PROFIL
ORGANISATIONNEL
- ethnocentrique
- polycentrique
- géocentrique
- holicentrique
Alignement
managérial
Adéquation
Intention
Adéquation
Intention
13
Cette orientation stratégique a des effets importants sur les concurrents qui, pour ne pas se
laisser distancer, font des efforts particuliers en matière de recherche-développement et
dynamisent à leur tour le secteur d’activité.
Les approches de l'adéquation et de l'intention stratégique, loin d’être incompatibles, sont en
fait supplétives (Saïas et Métais, 2001).
7
Le modèle composite proposé ici intègre cette
complémentarité tout en soulignant l’importance centrale de l'alignement managérial pour
optimiser les chances de réussite des actions menées à l’échelle internationale.
CONCLUSION
Face à la globalisation des marchés, les dirigeants cherchent plus à développer un portefeuille
d'options et moins à gérer un portefeuille d'activités statiques (Bryan et Farrell, 1996). Ils sont
par conséquent invités, tout en veillant à la pertinence et à la cohérence des orientations
retenues, à adopter un management assez flexible pour mettre en œuvre des plans d'action
évolutifs dans un environnement turbulent et protéiforme.
Pour développer la réflexion à ce niveau, nous avons adapté et associé les travaux de Porter et
Perlmutter. Ce rapprochement, marqué par la forte convergence des deux typologies, a permis
de proposer un modèle composite soulignant l’importance et la spécificité de l'alignement
interactif des stratégies d’internationalisation et des profils organisationnels. Ce cadre
d’analyse, loin d’être déterministe
8
, peut être compris comme un ensemble de garde-fous ou
de points de repère facilitant la réflexion des dirigeants pour les opérations menées à
l’international. Il contribue à préciser le projet d'entreprise, à vérifier la compatibilité des
choix et des moyens, à améliorer la communication entre les parties prenantes et à assurer la
cohérence de l'action dans le temps.
Si ce modèle demande à être spécifié en fonction du milieu culturel et des caractéristiques
sectorielles (sensibilité aux évolutions technologiques, degré d’internationalisation des
acteurs, intensité concurrentielle…), il relativise l'impact de l'environnement sur les choix
stratégiques et organisationnels des dirigeants. Il invite, tout en respectant la cohérence interne
des décisions, à envisager différentes postures managériales dans un contexte les menaces
et opportunités sont fluctuantes et multiformes.
7
. L'adéquation stratégique semble particulièrement pertinente pour les secteurs caractérisés par un cycle de vie
des produits relativement long. L'entreprise, dans ce cas, a plus de facilité pour s'adapter à son environnement et
développer un avantage durable par rapport aux rivaux.
L'intention stratégique, par contre, semble concerner davantage les entreprises impliquées dans les secteurs
évolutifs. Les conditions environnementales actuelles, notamment à l'échelle internationale, obligent un nombre
croissant d'entreprises à rechercher l’efficience économique, la flexibilité structurelle et l’apprentissage
organisationnel. L'acquisition de ces capacités peut passer par l'intention de modifier le jeu concurrentiel.
8
. Le nombre important de paramètres à prendre en considération, l’évolution rapide des conditions contextuelles
et l’imagination des dirigeants invitent à considérer plusieurs configurations pour mettre en œuvre une stratégie
dans un secteur particulier. Sur ce point, nous adhérons à la théorie de la contingence de Lawrence et Lorsch
(1967) qui avance qu’il n’y a pas de solution optimale, mais que toutes les organisations ne permettent pas
d’atteindre le même degré d’efficacité.
14
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15
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... Source: Milliot (2005) To identify the action plans (S) adopted by a multinational organization, Milliot (2013) proposed a matrix based on three pillars of internationalization: market of reference, main entry mode(s), and main development mode(s). This matrix, built upon the cross between the level ...
... These types of attitude are useful for translating decisions into implementation. In fact, Milliot (2005Milliot ( , 2013 correlates the international strategy to the ethnocentric profile, the multinational strategy to a polycentric profile, and the transnational strategy to a geocentric profile. To establish a complete correspondence with the typology, the author (2005) adds the holicentric profile to Perlmutter's classification. ...
... To establish a complete correspondence with the typology, the author (2005) adds the holicentric profile to Perlmutter's classification. This specific type of attitude corresponds to the global strategy (Milliot, 2005(Milliot, , 2013. ...
Thesis
L'objectif de cette recherche est d'étudier les réponses stratégiques des compagnies aériennes de la région de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) face à la création d’un marché unique de l'aviation civile intégrant dix pays membres. Nous cherchons à aborder cette problématique en adoptant un cadre d'analyse fondé sur la transformation des capacités dynamiques d'une organisation et le modèle Environnement-Stratégie-Organisation (ESO) de Milliot (2013, 2014). Nous utilisons quatre études de cas pour explorer les actions spécifiques à envisager face aux impacts de l’environnement externe ; les cas étudiés sont ceux de Vietnam Airlines, Qatar Airways, Derry Air et NokScoot Airlines. Notre enquête empirique est fondée sur l’analyse de documents, des entretiens avec cinq cadres supérieurs des compagnies aériennes étudiées et 14 experts régionaux et internationaux de l'aviation civile. Pour valider les résultats du point de vue de la demande, une analyse par clusters en deux étapes est proposée. Elle s’appuie sur des données collectées auprès de 444 voyageurs cambodgiens et vietnamiens résidant au Cambodge, au Vietnam et dans d'autres pays qui utilisent les voies aériennes comme moyen de transport dans la région de l'ASEAN. Les résultats indiquent que les changements technologiques, les forces politiques mondiales, les forces juridiques, les gouvernements, les actionnaires, les fournisseurs, les concurrents, les distributeurs, les clients et les employés sont des attributs clés de l'environnement externe qui interagissent de manière complexe. Ces parties prenantes sont à la source des impacts les plus significatifs sur les stratégies développées par les compagnies aériennes de la région de l’ASEAN. Cette étude empirique indique que le processus d’adéquation stratégique dans l'industrie du transport aérien de l'ASEAN doit associer cinq types de stratégies, notamment une stratégie de croissance des entreprises, une stratégie d'changement interne, une stratégie de gestion des coûts, une stratégie de gestion des parties prenantes et une stratégie d'innovation technologique. Ces stratégies sont mises en œuvre et combinées pour être en adéquation avec les forces environnementales externes et faciliter l’ajustement organisationnel nécessaire pour assurer aux compagnies aériennes une meilleure compétitivité.
... » 238 Dans la stratégie d'internationalisation "multinationale", les standards sont délaissés au profit d'une personnalisation de l'offre adaptée en fonction du pays et définie par les équipes locales afin de satisfaire au mieux les besoins des clients locaux. « Les filiales sont assez autonomes par rapport au siège, c'est pourquoi les investissements directs sont souvent utilisés comme moyens essentiels d'internationalisation. (Milliot, É. 2005 ...
... Elle tend à perdre son identité nationale. En d'autres termes, la stratégie transnationale tente d'allier au mieux « les avantages de la standardisation pour les activités amont de la chaîne de valeur (vision stratégique commune, économies d'échelle…) et de l'adaptation pour les activités en aval (motivation au sein des filiales, produits répondant aux exigences locales… (Milliot, É. 2005).) » 243 . ...
... Consulté à l'adresse https://www.academia.edu/11481609/Strat%C3%A9gies_dinternationalisation 212Milliot, É. (2005). Stratégies d'internationalisation : une articulation des travaux de porter et perlmutter. ...
Thesis
Contexte :Le projet initial de cette recherche exploratoire est de comprendre la relation du numérique avec les stratégies de communication internationales des établissements vitivinicoles au Liban. L'intérêt de poursuivre cette recherche est de pouvoir contribuer à l'exploration des nouvelles opportunités dans la filière vitivinicole au Liban avec un développement au niveau international par le biais de la communication numérique. Cette thèse a pour objectif de trouver une (ou des) réponse(s) à la problématique de recherche suivante : « L'emploi du numérique dans les stratégies de communication des entreprises aide-t-il à l'internationalisation du vin libanais ? »Méthode :Cette question nous a amené à entamer une recherche théorique et empirique. Cela a conduit à un plan en trois parties. Une première partie dédiée à la description de la structure de la thèse. Une seconde partie expliquant ce qui a déjà été étudié dans la littérature au sujet du vin et du numérique. Une troisième partie présentant les résultats du travail de terrain effectuée auprès des domaines étudiés. Il nous a fallu avoir recours à une étude de terrain, qui nous a offert l'opportunité de sortir des limites du cadre théorique. Le raisonnement abductif nous a aidé en ce sens.Résultats :Dans le contexte mondial relatif à la filière vitivinicole, en pleine métamorphose, le numérique a entièrement redéfini les stratégies de communication et de commercialisation du vin. Les résultats de la recherche de la littérature soutiennent la thèse d'une transformation du monde vitivinicole par le numérique. Et cela en redéfinissant les publics, en recréant les produits, en transformant les marchés et en imposant des enjeux stratégiques. Les résultats de la recherche du terrain prouvent que les changements décrit par le numérique touchent les domaines différemment. Cette métamorphose des stratégies de communication décrit dans la deuxième partie de ce projet n'est pas mise en évidence d'après ce que les entretiens auprès des viticulteurs nous ont apporté. Les résultats de ce travail de terrain conduisent à porter un regard plus concret sur les pratiques de communication numérique dans les stratégies de communication internationales des établissements vitivinicoles étudiés.Ces résultats montrent bien l'intention qu'ont les caves de s'adapter au numérique. Mais l'adaptation n'a pas automatiquement lieu, même lorsqu'elles mettent leurs stratégies en pratique. C'est ce qu'on peut décrire d'aspect mythologique de la communication numérique.Conclusion :Fort de ce riche passé, et d'une place dans l'histoire de la viticulture mondiale, le vignoble libanais n'a pourtant pas pu attirer beaucoup des chercheurs pour étudier cette filière d'activité vitivinicole. Les références existantes sont rares, comme nous l'avons mentionné plusieurs fois au cours de cette recherche. Cette absence de sources scientifiques fut la difficulté majeure de cette recherche. Mais cette même difficulté fut un élément essentiel qui nous a encourager pour explorer ce domaine de recherche. La littérature prouve que le numérique aide à l'internationalisation du terroir libanais alors que le travail de terrain ne vient pas affirmer cela dans l'absolu pour le cas libanais.
... Toutefois certains auteurs reprennent la terminologie de « stratégie globale » ou « d'entreprise globale » en critiquant le positionnement de Bartlett et Ghoshal. C'est le cas d'Eric Milliot par exemple (Milliot 2005), pour qui l'entreprise globale correspondrait davantage à une approche qu'il qualifie d'holicentrique (ibid. p55) 21 plutôt qu'à une approche de type ethnocentrique (centralisée depuis le pays d'origine). ...
... Contrairement au profil ethnocentrique, cette centralisation n'est pas toujours assurée depuis le pays d'origine par des membres issus de ce même pays. L'importance du champ d'action, en effet, invite l'entreprise à s'implanter là où les systèmes d'attributs sont les plus avantageux » (Milliot, 2005) p55. ...
... Eric Milliot (Milliot 2005;Milliot 2013), combine les travaux de Perlmutter (Perlmutter 1965;Perlmutter 1969) avec les terminologies utilisées par Christopher Bartlett 26 (Bartlett 1986 (Beddi 2011) -construite à partir des travaux cités ci-après (Perlmutter 1969;Hedlund 1986;Prahalad and Doz 1987;Ghoshal and Bartlett 1990;Malnight 1996;Doz, Santos et al. 2001) -distingue quant à elle trois modèles de relations siège-filiales selon leur positionnement par rapport à la perspective intégration globale/réactivité locale (cf tableau ci-  Les modèles centralisés regroupent le modèle ethnocentrique (Perlmutter 1969) 27 et le modèle global (Ghoshal and Bartlett 1990), caractérisés par une forte intégration globale. ...
Thesis
La thèse traite de la manière dont des firmes multinationales (FMNs) historiquement occidentales, pilotent la dynamique de constitution des compétences nécessaires pour supporter leur stratégie de croissance et d’innovation, lorsque leur marché bascule depuis l’Europe vers l’Asie.La littérature sur le management de l’innovation dans les FMNs propose différents modèles d’organisation globale des processus d’innovation mais n’aborde pas la question de la dynamique de constitution de ces modèles, à partir d’une situation historique et d’une stratégie d’internationalisation spécifique.La thèse traite de cette question de la dynamique à partir d’une recherche interactive menée au sein de l’équipementier automobile mondial Valeo. Elle montre (i) que l’internationalisation en Chine constitue une triple rupture de vitesse, de volume ainsi que de contexte pour la FMN occidentale historique, (ii) que la stratégie mise en œuvre par la FMN en Chine depuis l’Europe permet de gérer la situation à court terme, mais n’est pas particulièrement propice à la constitution des compétences nécessaires aux équipes locales pour devenir progressivement autonomes.A partir d’un diagnostic des difficultés rencontrées, la thèse propose alors (i) au niveau micro, un modèle de reconception des dispositifs de formation dispensés, de manière à optimiser les apprentissages des collaborateurs chinois et favoriser le développement de leurs compétences, (ii) au niveau macro, une trajectoire d’optimisation du développement des compétences de R-I-D (Recherche, Innovation, Développement) dans la firme-réseau global, d’une part en Chine via la formation de formateurs locaux et la constitution de communautés de pratiques, d’autre part globalement via la constitution d’un véhicule organisationnel de type Université d’Entreprise, qui permettrait d’adresser, ensemble, les problématiques d’identification et d’attrait des talents, de montée en compétence, ainsi que d’engagement et de fidélisation.
... Pour caractériser le déploiement international d'une entreprise, il est nécessaire d'introduire la notion de firme, dont la définition a évolué au cours du temps et renvoie à des formes d'évolution des choix stratégiques des firmes fortement internationalisées (Millot, 2005). ...
... Sa stratégie se caractérise « par une dispersion du pouvoir de décision et un faible degré de coordination entre les activités menées dans différents pays. Elle n'accorde pas d'attention au marché d'origine pour approcher les marchés étrangers » (Millot, 2005). Nous n'allons pas faire usage de ce terme à cause de son caractère peu précis en termes de déploiement et du fait que nous considérons que les installations en Europe centre-orientale sont encore très fortement coordonnées par la firme à l'origine de l'investissement. ...
...  Une firme globale est « une entreprise conduisant une stratégie mondiale unique basée sur l'exploitation des avantages comparatifs des différents pays dans lesquels elle est implantée et des synergies entre ces différentes activités » (Distler, 2012). Cette notion provenant du mot anglais « global » renvoie à une stratégie, où le pouvoir de décision est concentré au niveau de la maison mère, ce qui permet de coordonner des activités géographiquement réparties dans quelques pays pour répondre de manière harmonisée au marché mondial (Millot, 2005). ...
Thesis
Plus d’un quart de siècle après la chute du Mur de Berlin, la radicalité des changements politiques et économiques, caractérisés par l’intégration dans l’économie-monde et l’Union européenne, ainsi que par la récente montée du nationalisme, continue à poser des questions quant au devenir de l’espace centre-est européen. Ce contexte amène à appréhender dans ce travail l’effet de ces bouleversements à travers le prisme des villes et de leurs évolutions. Trois forces majeures ayant guidé les transformations en Europe centrale et orientale sont examinées depuis 1989 : l’européanisation, la mondialisation et le changement endogène – relevant des traces du passé. Les dynamiques respectives de ces trois forces sont évaluées au moyen une approche interurbaine. Les échanges économiques entre villes centre-est européennes et celles du reste du monde sont examinés au travers de réseaux transnationaux et mondialisés – de transport aérien et des firmes. Ils sont confrontés aux réseaux commerciaux entre pays. Cette thèse contribue à montrer que l’intégration à l’économie-monde s’est accompagnée par un renforcement des logiques de polarisation, divisant l’espace centre-est européen entre le Nord-Ouest et le Sud-Est. Cette intégration en cours, ou plutôt ces différentes « intégrations », ne se sont toutefois pas opérées uniquement au profit des métropoles. En effet, malgré une prédominance de l’européanisation, les liens de l’époque communiste constituent une force économique majeure pour certaines villes petites et moyennes – à l’image de l’entre-deux historique de l’espace centre-est européen.
... Enfin, la stratégie globale simple vise à étroitement coordonner les filiales et les concentrer dans le marché domestique et dans d'autres marchés majeurs pour combiner les avantages comparatifs de localisation avec les économies d'échelle (Milliot, 2005, p. 45). Cette typologie associe « modes d'internationalisation (exportation, investissements à l'étranger), champs d'action (marchés nationaux, marché global) et logiques organisationnelles (marketing décentralisé, forte coordination entre les filiales) » (Milliot, 2005, p. 45). ...
... Nos résultats montrent que les EMN chinoises et russes sont attirées par les pays dotés de ressources technologiques et de potentiel d'innovation. Nous avons également exploré la séquentialité de leur internationalisation en Europe qui se décline selon leur pays d'origine, ce qui confirme l'impact identitaire contextualisé sur les stratégies internationales (Milliot, 2005). Ainsi, les stratégies des firmes chinoises et russes en Europe sont similaires au début de l'internationalisation. ...
Article
Cet article analyse les déterminants de localisation des IDE chinois et russes en Europe entre 2006 et 2017. Les IDE chinois et russes présentent certaines similitudes. Ils sont attirés par la technologie et l’innovation. Toutefois, contrairement aux EMN russes, les choix des investisseurs chinois sont aussi liés à l’existence d’opportunités offertes par le marché, notamment par la crise des subprimes. En revanche, les IDE russes sont davantage motivés par des considérations géopolitiques. L’impact des variables institutionnelles sur l’IDE chinois est contrasté tandis que les IDE russes ont été attirés par des institutions faibles.
... Les réseaux spatialisés peuvent être ainsi structurels et/ou relationnels [Dicken et al., 2001]) ;  entre lesquels la déconnexion ou la distance persiste. La circulation d'information est fortement entravée entre deux entités insérés dans des réseaux spatialisés distincts, quand bien même ces réseaux spatialisés font partie intégrante d'une même entreprise (Egelhoff, 1982(Egelhoff, , 1991 ;  entre lesquels le pouvoir de décision est distribué : chaque réseau spatialisé est doté d'une capacité décisionnelle importante (Milliot, 2005). ...
... La question de la coprésence se pose sur la localisation de l'information stratégique et donc sur la distribution du pouvoir de décision au travers de l'organisation (Milliot, 2005 ;Rugman, 2005 ;Porter, 1986). Dans une recherche sur la structure spatiale des FMN, Forsgren et al. (1995) ont mis en évidence une tension existant justement autour de cette distribution : ...
Article
This article is a survey that provides an analysis framework of multinational corporations (MNCs) strategy implementation by spatial inter and/or intra organizational networks. Based on an information processing perspective of organizations (Egelhoff, 1982, 1991), read through a spatial lens, we define spatial networks as spaces by which information flows between organizational units controlled or not by the same company. By definition, MNCs strategies are closely linked to the concept of distance (Ghemawat, 2001, 2011), we show then how each of them (aggregation, adaptation and arbitrage) can be implemented by space and especially by spatial internal or external networks.
... 12 Les établissements d'enseignement supérieur étant confrontés à une sorte d'injonction à l'internationalisation, il a été important de se familiariser avec des travaux relatifs au fonctionnement des universités et des organisations (Bernoux, 2004;Christin et Ollion, 2012;Darréon, 2003;Dubois, 1997;Friedberg et Musselin, 1993;Granget, 2006Granget, et 2009Meyer et Rowan, 1977;Musselin, 1997Musselin, et 2001Rey, 2005;Wilkin, 2007). Il s'est aussi avéré pertinent de consulter des travaux sur les stratégies de développement à l'international des organisations (Martinet, 1984;Mbengue, 2007;Milliot, 2005;Siegel, 2008). 46 Quelque fois des formations en anglais sont proposées aussi bien aux administratifs qu'aux enseignants. ...
Thesis
Les équipes projet multiculturelles se trouvent trop souvent en situation d’échec ou de sous-performance dans leur mission. Cette thèse a pour objectif de présenter comment la mobilisation de processus et de concepts issus du design peut fournir une meilleure compréhension des situations de blocage et de malentendus, afin d’éclairer le management d’équipes projet internationales et multiculturelles.Cette recherche fait appel au processus design-driven et à la réflexion en action, et les applique au management interculturel. Le processus design-driven, en alternant les phases de divergence et convergence dans les différentes phases du projet, considère tout « input » comme une solution en devenir et permet à la diversité des points de vue, souvent source d’obstacles voire de conflits interculturels, de se trouver au cœur du champ des possibles dans un processus itératif de progression.La réflexion-en-action est une quête d’expérimentation globale, dont l’objectif consiste à recadrer un problème à chaque fois qu’il n’est pas bien défini. Si elle est maitrisée par les managers, la réflexion en action leur permet de « converser avec la situation », d’observer les phénomènes et d’entretenir une problématisation progressive qui évolue au cours du projet. Ses particularités réflexives la rendent particulièrement adaptée aux situations de blocage ou barrières de communication que rencontrent les équipes multiculturelles.Cette thèse repose sur trois articles empiriques mobilisant tous une méthodologie qualitative et s’appuyant sur deux études de cas terrain, l’une aux États-Unis, l’autre au Canada. Un processus abductif a permis de confronter les résultats empiriques à la théorie des organisations et du management.Les contributions de cette thèse au champ du management sont de trois ordres :Premièrement, regrouper la réflexion en action et le processus de design sous « design en action » offre un processus qui permet, par sa perméabilité, l’intégration des variables du contexte organisationnel, le partage et l’adaptation locale d’outils de communication standards- synchrones ou asynchrones – et la mise à profit de l’accumulation d’expertises.Deuxièmement, le processus de « design en action », capitalisant sur la fluidité de création de nouvelles connaissances et leur dissémination, permet d’évaluer les points de blocages et de considérer les différences culturelles comme données intégrées au travail à faire, donc mieux gérer l’équilibre des pouvoirs entre les différents sous-groupes culturels de l’équipe, grâce à une analyse fine des situations par le décodage des perceptions.Troisièmement, la recherche montre que les managers peuvent acquérir des compétences interculturelles propres aux « managers sécants », ancrées dans l’élaboration progressive de nouveaux cadres de problématisation des situations, grâce auxquels ils pourront asseoir une identité et un contexte partagés et s’engager avec leurs équipes vers des décisions plus rapides et une diminution des risques d’erreur.
Article
Full-text available
Ma production scientifique (issue de quinze années de recherche) s’articule autour de deux grands axes, les stratégies d’internationalisation et les stratégies d’innovation. Ma recherche cherche à mieux comprendre chaque stratégie pour appréhender la complexité des mécanismes à l’œuvre et comment ces deux stratégies participent au développement des entreprises. Le premier axe s’intéresse aux stratégies d’internationalisation. Dans la continuité de la thèse, le premier sous-axe porte sur le rôle du transfert de ressources et compétences et la nature des ressources et compétences transférées dans les opérations de croissance externe réussies. Le deuxième sous-axe s’intéresse aux caractéristiques de l’entrepreneur et à son rôle dans le développement international de son entreprise. Le deuxième axe concerne l’innovation. Les recherches menées dans le premier sous-axe cherchent à éclairer la controverse portant sur les différentes alternatives en matière de formes organisationnelles proposées dans la littérature. Le deuxième sous-axe porte sur l’innovation dans les services. Malgré les enjeux liés aux coopérations pour innover dans les services, les recherches en management de l’innovation portent davantage sur les réseaux d’innovations et s’intéressent peu aux constellations d’acteurs permettant l’innovation dans les services. Notre recherche exploratoire a donc tenté de combler ce déficit de la littérature en mettant en lumière les caractéristiques des réseaux construits pour développer des innovations de service.Enfin, une dernière section décrit les axes de recherche futurs, avec notamment le développement de recherches autour du rôle de l’innovation dans l’internationalisation des jeunes entreprises.
Chapter
For thousands of years, human activity has been characterised by the phenomenon of trade internationalisation. However, the concept of globalisation in Management Science is a relatively recent one. The first important academic works on this subject were written a few decades ago by Buzzell (1968), Barnet and Muller (1975) and Sorenson and Wiechmann (1975). Nowadays, globalisation is defined by the International Monetary Fund (IMF, 1997), as being the growing economic interdependence of countries worldwide through the increasing volume and variety of cross-border transactions in goods and services and of international capital flows, and also through the more rapid and widespread diffusion of technology. (p. 45) This definition, which is widely accepted in institutional and professional circles, has three weaknesses for Management Science research professors.
Article
Full-text available
This paper critically examines available theoretical models which have been derived from statistically established patterns of association between contextual and organizational variables. These models offer an interpretation of organizational structure as a product of primarily economic constraints which contextual variables are assumed to impose. It is argued that available models in fact attempt to explain organization at one remove by ignoring the essentially political process, whereby power-holders within organizations decide upon courses of strategic action. This `strategic choice' typically includes not only the establishment of structural forms but also the manipulation of environmental features and the choice of relevant performance standards. A theoretical re-orientation of this kind away from functional imperatives and towards a recognition of political action is developed and illustrated in the main body of the paper.
Article
In the early 19705, when Canon took its first halting steps in reprographics, the idea of a fledgling Japanese company challenging Xerox seemed impossible. Fifteen years later, it matched the U.S. giant in global unit market share. The basis for Canon's success? A different approach to strategy, one that emphasized an organization's resourcefulness above the resources it controlled. In this McKinsey Award-winning article, first published in 1989, Gary Hamel and C.K. Prahalad explain that Western companies have wasted too much time and energy replicating the cost and quality advantages their global competitors already experience. Familiar concepts like strategic fit and competitive advantage can foster a static approach to competition, while familiar techniques like portfolio planning and competitor analysis lead to strategies that rivals can easily decode. The sum total is a pathology of surrender that leads many managers to abandon businesses instead of building them. Canon and other world-class competitors have taken a different approach to strategy: one of strategic intent. They begin with a goal that exceeds the company's present grasp and existing resources: "Beat Xerox"; "encircle Caterpillar." Then they rally the organization to close the gap by setting challenges that focus employees' efforts in the near to medium term: "Build a personal copier to sell for $1,000"; "cut product development time by 75%." Year after year, they emphasize competitive innovation - building a portfolio of competitive advantages; searching markets for "loose bricks" that rivals have left under-defended; changing the terms of competitive engagement to avoid playing by the leader's rules. The result is a global leadership position and an approach to competition that has reduced larger, stronger Western rivals to playing an endless game of catch-up.
Article
A framework is proposed to characterize the different roles that subsidiaries of multinational corporations (MNCs) can play within the firm's overall strategy. The framework is then applied to a sample of 50 Spanish subsidiaries of MNCs. These are found to be pursuing strategies consistent with the framework. At the same time, a strategic evolution is detected towards a closer integration of the subsidiaries with their parent group. It is hypothesized that changes in the Spanish sociopolitical context, especially the country's entry into the European Economic Community, are fueling that process of strategic change.
Article
Neue Technologien, globale Wettbewerber und flexible Produktionseinrichtungen führen zur Aufheizung der Märkte überall auf der Welt. Mit dem Wort „Hyperwettbewerb“ wird dieses Umfeld des äußerst häufigen und intensiven Wandels bezeichnet, das die Vorteile etablierter Anbieter erodiert. Generische Wettbewerbsstrategien wie Kostenführerschaft, Differenzierung und Fokussierung erweisen sich als instabil — sind angestammte Wettbewerbsvorteile noch nachhaltig? Welche Wettbewerbsstrategien sind in einem solchen Umfeld noch erfolgreich?