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Prendre le pli des techniques
Abstract
Addressing techniques
Based on the notion of a mode of existence developed by Gilbert Simondon and especially Etienne Souriau, the question of techniques can be addressed without us being limited by the excessive presence of one of the results: technical objects. We can then try to define the mode of the technique as a movement, a project, a pleating, a very particular form of transcendence, which has not received from philosophy the treatment that its importance and ubiquity warrant. The notion of instauration proposed by Souriau enables us to re-examine the question of construction, but freed from the ambiguities of constructivism.
... Le terme instauration tel qu'utilisé dans ce travail reprend l'usage que lui a conféré le philosophe Étienne Souriau (Souriau, 1939(Souriau, , 1943, ou plus exactement les lectures plus récentes de son oeuvre depuis le milieu des années 2000 (Courtois-l'Heureux & Wiame, 2006 ;Latour, 2010), notamment celle d'Isabelle Stengers et Bruno Latour dans une préface de la réédition du livre de 1943. Ces derniers présentent le concept d'instauration de Souriau de la façon suivante : « Pour Souriau, tous les êtres doivent être instaurés, l'âme aussi bien que le corps, l'oeuvre d'art aussi bien que l'existant scientifique, électron ou virus. ...
... [Que] Tout se joue en cours de route » (Stengers & Latour, 2012, p. 7) et qu'il est inutile de vouloir distribuer ce qui revient à l'artiste et ce qui revient à la matière, puisque tous émergent conjointement dans l'instauration (Latour, 2010). Dans le cas traité dans ce manuscrit, étudier l'instauration revient à considérer dans l'analyse que, a priori, tous les éléments consubstantiels de la robustesse, qu'il s'agisse de théories scientifiques, de choix de conception ou d'exigences de sécurité, émergent dans le même processus et de façon codéterminée. ...
... Les archives des acteurs qui ont eu la charge de gérer la menace sismique pour les installations nucléaires ne contiennent pas seulement des traces de controverses scientifiques au sein de comités d'experts dans lesquels seraient mêlées des forces sous-jacentes de lobbying tarissant la pureté de l'expertise scientifique ; elles contiennent essentiellement des traces de création de solutions techniques pour faire face, au fil de l'eau, aux menaces émergentes. Ce qui est vu par un travail minutieux est le procédé par lequel des corps d'experts, ingénieurs et scientifiques, travaillent à élaborer le « truc qui fait le pli des techniques » (Latour, 2010). C'est un processus inhérent à l'identité de l'ingénieur moderne -l'artisan habité par une volonté de rationalisation scientifique de l'activité créatrice -qui oeuvre à « réduire en art » la pratique de création des infrastructures de la modernité (Glatigny & Vérin, 2008 ;Vérin, 1993). ...
Cette thèse prend comme point de départ l'étonnement de voir les centrales nucléaires tenir sur la durée. En effet, malgré le vieillissement des installations, malgré l'obsolescence de certains équipements, malgré l'immense évolution des connaissances scientifiques et techniques depuis l'époque où ces technologies ont été développées, malgré des accidents qui ont remis en cause la capacité de prévenir totalement les risques, les centrales nucléaires françaises sont encore débout, encore en fonctionnement et, en 2020, il est plus que jamais question d'étendre leur durée de vie au-delà de leur limite initiale. Ce parcours de vie d'ouvrages industriels dangereux, qui s'étend sur 70 ans, incite à poser la question des risques technologiques sur une temporalité longue et à examiner comment la sécurité de ces installations a pu être construite puis maintenue de sorte à pouvoir fonctionner aussi longtemps. Cette thèse propose d'aborder ce sujet en étudiant l'histoire de la robustesse des installations nucléaires françaises face à la menace sismique. Par une sociologie embarquée et grâce à un accès privilégié aux archives de la sûreté nucléaire en France, ce travail propose une plongée dans le monde des experts, scientifiques et ingénieurs, qui oeuvrent depuis 60 ans pour instaurer la robustesse des installations nucléaires en France. Cette instauration se décompose en quatre épisodes qui structurent l'analyse : l'élaboration de la robustesse autour du site nucléaire de Fessenheim, la réalisation de la robustesse à l'échelle industrielle à partir du cas du site de Tricastin, la maintenance de la robustesse face à l'évolution des connaissances et enfin la réparation de la robustesse après l'accident de Fukushima Daiichi. Ce que met en exergue ce travail c'est que la robustesse, loin d'être une donnée objectivable, intrinsèque aux objets, est en réalité une qualité subjective fondée sur une conviction partagée au sein d'une arène spécifique. Dans notre cas, cette conviction est entièrement fondée sur une série de conventions d'équivalence (Desrosieres, 1993) qui lie entre eux différents modes d'existence du risque : comme sujet politique, comme objet scientifique et comme propriété d'un objet technique. La robustesse dépend alors de la pérennité de ces conventions d'équivalence et le travail des experts peut alors être vu comme celui de mainteneur de leur validité. En étudiant l'élaboration et le maintien de la conviction dans le caractère robuste des installations nucléaires, ce travail invite à poser un regard nouveau sur les risques en étant attentif à la fois à leur histoire et à leurs multiples modes d'existence.
... The central concept evoked by Latour to deal with technical objects is the already established mode of existence. According to the author (Latour 2010), there is a tradition around this term called "relational ontology". In this tradition, the non-reductionist perspective stands out because it does not simplify reality in the binomial subject and object. ...
Bruno Latour’s line of thinking is marked by the Actor-Network Theory (ANT), which contemplates the relationships between humans, non-humans and other actors. Among the non-human elements are the technical artifacts or, in other words, technical objects. In Latour’s thought, this article aims to explain what concerns the ontology of such objects. Through the analysis of some of the texts that the author dedicated to this topic and by comparing it with Simondon’s ontology of technique, we arrive at the hypothesis that, in Bruno Latour’s line of thinking, the question of ontology does not directly apply to technical objects, but to the relations that establish them and by which they affect the other elements of the network.
... The x-axis is exactly the same on both graphs. some of the invisibles (Latour, 2010) that the algorithm depends on. In doing so, the seismologist revealed the ingenuity with which his research was diverted, transformed, and translated to become usable in a police officer's smartphone. ...
Predictive policing is a research field whose principal aim is to develop machines for predicting crimes, drawing on machine learning algorithms and the growing availability of a diversity of data. This paper deals with the case of the algorithm of PredPol, the best-known startup in predictive policing. The mathematicians behind it took their inspiration from an algorithm created by a French seismologist, a professor in earth sciences at the University of Savoie. As the source code of the PredPol platform is kept inaccessible as a trade secret, the author contacted the seismologist directly in order to try to understand the predictions of the company’s algorithm. Using the same method of calculation on the same data, the seismologist arrived at a different, more cautious interpretation of the algorithm's capacity to predict crime. How were these predictive analyses formed on the two sides of the Atlantic? How do predictive algorithms come to exist differently in these different contexts? How and why is it that predictive machines can foretell a crime that is yet to be committed in a California laboratory, and yet no longer work in another laboratory in Chambéry? In answering these questions, I found that machine learning researchers have a moral vision of their own activity that can be understood by analyzing the values and material consequences involved in the evaluation tests that are used to create the predictions.
... En el área del deporte, el interés teórico por los objetos es inversamente proporcional a su importancia en el interior de las prácticas. Sin duda, la débil legitimidad cultural del dominio deportivo se une aquí a una dificultad general para introducir un pensamiento técnico a la altura de su lugar y su papel en nuestras vidas cotidianas (Latour 2010). Y esta ausencia de pensamiento es tan profunda que afecta a los objetos destinados a los niños. ...
... Bruno Latour pytając, czym jest tożsamość technicznego sposobu istnienia, zapożycza więc od Souriau abalietas, które uznaje za "jedno z tych pięknych słów, które przeciwstawiają się poszukiwaniu jedynej tożsamości" 17 . ...
Artykuł przedstawia trzy prace z obszaru sztuki mediów, od powstałych w latach dziewięćdziesiątych po najnowszą z 2021 roku, reprezentujące nurt art+science, budujące meta narrację dotyczą narzędzi nauki. Tekst podejmuje próbę przedstawienia złożonej praktyki artystycznej, którą określa mało precyzyjne i stopniowo coraz mniej aktualne pojęcie „nowe media”, poprzez autopojetyczne relacje formy, jak również z perspektywy „abalietas” — pojęcia uwypuklającego aktualne dla sztuki współczesnej akcentowanie współdziałania i współzależności, obecnego również w przyjmowanej przez twórców w procesie kreacji postawie artistic research.
... In the world of animism, people not only project the attributes of a person onto non-human beings but also the specific sociability that is established between members of the same species, of different species, or between living beings and artifacts (Viveiros de Castro, 2014;Kohn, 2013;Santos-Granero, 2009). The "person" status which is inferred during an encounter with a robot seems to be as much marked by instability as by uncertainty. ...
This chapter presents different approaches used in anthropology to better understand the issues raised by artificial intelligence and robotics. It tries to show how the anthropological research conducted on these disciplines seeks to establish the very conditions of the emergence of the referential role played by so-called intelligent machines and how it affects social relations. In so doing, the chapter tries to connect the emerging issues of artificial intelligence and robotics with classical approaches in anthropological theory. It first addresses anthropology of science. It then turns to the particular aesthetics machines produce on humans, by considering notions like agency, the uncanny, ontology or symbolism. The chapter concludes by emphasizing the limits of a human-centered approach in anthropology and calls for in-depth researches on complex and hybrid systems but also on the material culture of artificial intelligence and robotics.
... « Appréhender le web en sciences humaines et sociales revient à vouloir saisir une réalité techniquement complexe et socialement construite, non pas seulement en ce qu'il donne à voir de pratiques qui peuvent émerger de l'observation sociosémiotique, mais également en ce qu'il instaure un ensemble de médiations de natures différentes (Monnoyer-Smith, 2013, p. 12). » C'est bien dans cette approche décrite par Laurence Monnoyer-Smith, s'inscrivant en droite ligne des travaux de Bruno Latour (Latour, 2010), que nous nous situons dans cette recherche, en mettant plus précisément la focale sur les médiations langagières et discursives. ...
Au carrefour du technique et du social, le numérique, s’appuyant sur le modèle d’Internet, a transformé les pratiques professionnelles, faisant apparaître de nouveaux métiers, de nouvelles configurations organisationnelles, de nouveaux usages, ainsi que de nouveaux discours. La technologie numérique y est présentée comme véritable vecteur de changement socio-culturel, dont l’entreprise entend faire de ses communicateurs des hérauts, des prophètes. Nous nous intéressons ici à un nouveau métier de l’Internet, dont la dénomination même porte la marque du registre religieux. « Évangéliste » est devenu une nouvelle fonction dans les entreprises de la sphère des télécommunications. La récurrence du terme participe de la construction d’une véritable rhétorique messianique autour du numérique.
Nous interrogeons l’apparition de cette nouvelle fonction de communicateur dans ce secteur, les enjeux associés à sa professionnalisation, et la construction d’une identité professionnelle attachée à ce nouveau métier à travers les logiques d’ethos auxquelles il donne lieu. À travers son étude, nous cherchons à analyser la prégnance du registre religieux qui se fait jour autour du numérique et ainsi interroger les imaginaires et les conceptions de la communication qu’il sous-tend.
At the junction of the technical and social, digital technology, drawing on the model of the Internet, has transformed professional practices, by revealing new professions, new organizational configurations, new uses and new discourses. Digital technology is presented as a socio-cultural change vector, that companies ask their communicators to be prophets. We are interested in one of the new jobs of the Internet, whose name bears the mark of religious register: « evangelist » has become a new function in the sphere of business telecommunications and digital. The recurrence of the term involved the construction of a very messianic rhetoric around digital.
We analyse the merge of this new communicator function in this sector, the stakes associated with its professionalization and the construction of a professional identity attached to this new business through its logic of ethos. Through the study of the development of this new business speech communication, we seek to analyze the meaning of the religious register that is emerging around the digital and thus question the imaginary conceptions of communication that it subtends.
... Como um bricoleur, fez a sua gola com os materiais disponíveis no lugar. Desde aí, cada costureira imagina o seu cabeção e, partindo das soluções técnicas encontradas pela primeira costureira, encontra formas de o "fazer existir" (Latour, 2010). Cabe ainda dizer que a feitura dos mantos insere-se num contexto de "trabalho" excepcional: na maioria dos casos, os mantos e os vestidos são fabricados, sob a orientação das costureiras, por pessoas que não são da profissão e que pertencem à família da rainha ou ao seu círculo de relações. ...
Durante as décadas de 1980 e de 1990 a noção de lugar na literatura antropológica
foi sujeita a uma abordagem crítica que debateu as dimensões metodológicas e conceptuais envolvidas na sua construção. No seguimento desse debate, surgiram propostas de trabalho que, de maneiras muito diversas, conseguiram ultrapassar as limitações das concepções mais clássicas da figura do lugar. Essas propostas revelaram, no entanto, que, mesmo quando estamos face a uma lógica de desterritorialização, a figura do lugar pode reaparecer (embora obviamente transmutada, visto construir-se no interior de outras lógicas sociais, culturais e económicas). Partindo de um estudo etnográfico realizado na Ilha do Pico, o texto explora algumas das inovações, provenientes dos EUA no início do século XX, que foram introduzidas nas Festas do Espírito Santo. A principal inovação prende-se com a emergência de novos personagens: as rainhas (queens) coroadas durante o ritual, seguidas pelas costureiras indispensáveis à confecção dos seus vestidos e mantos. Centrado nos processos de feitura dos mantos, o texto pretende mostrar como a cultura material local se constrói e se transforma no interior de um movimento transcontinental constante de pessoas, rituais, coisas e técnicas. Num contexto transnacional, a mobilidade das pessoas pode “objectificar-se” em coisas que são feitas localmente, participando assim a desterritorialização na construção do lugar
... Non que cette possibilité soit proscrite : le cas existe de serveurs administrés de cette manière. 26 Latour (2010). 27 Monnin (2009) Simplement, il est de plus en plus rare, il est extrêmement problématique à l'usage 29 , et ne constitue donc aucunement un cas paradigmatique. ...
... Non que cette possibilité soit proscrite : le cas existe de serveurs administrés de cette manière. 26 Latour (2010). 27 Monnin (2009) Simplement, il est de plus en plus rare, il est extrêmement problématique à l'usage 29 , et ne constitue donc aucunement un cas paradigmatique. ...
Introduction au numéro 61 d'Intellectica.
... The process of embodiment between the child and object can be referred to both external reference points, in objects, and internal reference points, such as habits and competences anchored to the body. In this sense, I am close to an actor network theory, pointing to the performativity of objects (Latour, 2010). Understanding what the objects do to children is a condition for understanding what children can do with them. ...
Purpose
– The aim of the research is to emphasise the role of material culture, and especially the role of objects related to physical activities, in children's socialization. It involves children's bodies but also symbolic meanings and values which introduce children to the universe of sport's consumption.
Design/methodology/approach
– The research is grounded on the construction of a system of objects related to children's physical activities in France. The production of a corpus of objects involves a methodological circle where the choice of the objects goes together with a reflexive analysis about the operations of categorization of objects. The analysis of objects require both technological and semiotical approaches.
Findings
– In the context of globalization and commodification of childhood, but also of the globalization and mediatization of sports, the research shows that objects for children's physical activities are inscribed in a double transformation: sportification of children's games and childification of sports.
Research limitations/implications
– The research focuses on material culture and does not investigate children's uses of the objects for physical activity and does not determine the process of their conception and design.
Practical implications
– The paper emphasises the difference between two faces of children's physical activities: spending calories and the development of motor skills and interpretative competences linked to sports' culture and children's mass culture.
Originality Value
– In contrast to the work done on food and digital culture, the field of children's physical activities and sports is not as well researched. This is especially the case for the objects designed for children and this research is one of the first in the field in international literature. It constitutes also the first attempt for including this topic in the worlds of children's consumption.
How do we make sense of a robot's behavior? In this article, we address what has often been presented as a human natural tendency to become animist when facing a social-like machine. Leaning on an interdisciplinary experiment, we will focus on the terms used by a group of human participants to describe and qualify the behavior of a robotic lamp. By studying the semantic spaces occupied by the words used to describe the movements of the machine, we will see that the meaning given to its activity is based on various known elements which also depend directly on the very experience of the participants. This experiment will help us to address the cognition involved during human-robot interactions.
Brèves et discrètes, les prépositions sont néanmoins omniprésentes dans le discours verbal. Nombre d’entre elles se prêtent à des emplois spatiaux ou plus abstraits. Les géographes y recourent abondamment et profitent de leur propension à relier des entités existantes, à opérer des distinctions et ainsi à structurer la pensée géographique. Cet article a pour objectif principal de montrer comment des géographes s’efforcent de réaliser la traduction catégorielle de certaines prépositions pour mieux penser et pratiquer un espace relationnel. Tout d’abord, la montée de l’intérêt porté par les philosophes aux prépositions pendant la première moitié du xx e siècle favorise l’émergence d’un cadre théorique pour leur emploi raisonné en géographie. Ensuite, les cas des prépositions entre et au bout de sont développés au moyen d’exemples empruntés à la géographie alpine afin de souligner leur pertinence pour aborder des questions non seulement de limite et de distance, mais aussi d’identité, de solidarité et de conflictualité. La préposition avec est également mise en avant dans le cadre d’une réflexion sur la cohabitation entre humains et autres qu’humains. Le rôle des prépositions apparaît ainsi crucial pour toute géographie qui se voudrait plus humaine, plus qu’humaine et pragmatiste, c’est-à-dire attentive aux particularités des situations concrètes et locales.
Dans cet article nous analyserons les discours de gouvernance de l’intelligence artificelle (IA) et les conceptions qu’ils proposent de l’éthique et de la justice sociale ainsi que les représentations de cette technique qu’ils véhiculent. Nous réaliserons une première contextualisation au prisme d’une approche intersectionnelle qui vise à déconstruire le caractère andro-, hétéro- et ethno-centré de l’IA. Puis, nous étudions les discours pour une gouvernance éthique et juste de l’IA et comment ceux-ci produisent une éthicisation du monde social. Enfin, nous verrons que les modèles de justice sociale proposés dans une gouvernance dite éthique et inclusive de la technique dite intelligente s’inscrivent au sein de systèmes de domination et peuvent empêcher de remettre en cause l’actualisation de rapports sociaux de sexe, de race et de classe en contexte d’IA.
Le présent article cherche à ériger le format, qui est inhérent à la forme modalisée par l’espace et le modalisant en retour, en catégorie d’analyse. Il s’agit de décrire les manifestations du format : la taille (maxi et mini, macro et micro), le volume, la masse et le poids. L’attention se porte sur les (dis)proportions et les changements d’échelle ainsi que sur les effets produits sur une instance non seulement perceptivo-cognitive, mais sensible. Plus particulièrement, l’article s’interroge sur le sublime, sur le kitsch et sur le monstrueux, en dégageant un soubassement axiologique, en fonction d’esthétiques spécifiques.
La montée en puissance des discours promouvant le « Big Data » laisse à penser qu’il suffirait d’accumuler et de croiser un nombre suffisant de « données » pour avoir une vue exhaustive des phénomènes. En prenant appui sur une recherche en cours sur le terrain d’organisations en charge de la production de Registres des cancers, nous proposons de spécifier le processus d’instauration des données en articulation avec leurs assemblages. Il s’agit ainsi de caractériser ce qui fonde les modes d’existence des données et de leurs assemblages hétérogènes et instables. Dépassant la focale sur les finalités affichées, il s’agit de mieux comprendre ce qui est à l’œuvre dans la fabrique des données, à travers des zooms avant et arrière. Sont ainsi identifiés des enjeux en termes de savoir mais aussi en termes politiques, économiques et sociaux.
The rise of discourses promoting “Big Data” leads one to believe that it would be sufficient to accumulate and cross-reference a sufficient number of “data” to have an exhaustive view of a phenomenon. Based on ongoing research in the field of organizations in charge of producing cancer registries, we propose to specify the process of data creation in articulation with their assemblage. The aim is to characterise what underlies the modes of existence of data and their heterogeneous and unstable assemblages. Going beyond the focus on the stated purposes, the aim is to better understand what is at work in the manufacture of data, by zooming in and out. The issues at stake are thus identified in terms of knowledge, but also in political, economic and social terms.
Among the many reconfigurations and experiments with the ‘medium of the exhibition’ of the 1960–1970s, Sonsbeek 71 stands as one the most audacious examples. Organized by curator Wim Beeren as an attempt to find a new curatorial language and innovative exhibition form, Sonsbeek 71 took ‘the entire country as its field of operation’, the ‘exhibition’ consisting of several works of land art, ‘information centres’, as well as pavilions dedicated to film, video, and art mediation. The ‘spatial relations’ exposed by the scale of this apparatus became the very object of Beeren’s curatorial inquiry. Focusing on projected moving images at Sonsbeek 71 , this chapter discusses it on three different levels. First, it identifies the way both the film and exhibition apparatus were reconfigured and how Sonsbeek 71 functioned as an epistemology of the exhibition as medium. Second, it articulates a critique of the exhibition as a form intersecting technical, discursive, informational, and sensible elements, and shows how, in its radical expansion of the exhibition medium, Sonsbeek 71 ‘conflates media history with earth history’ (Parikka). Third, what is meant by the notion of the exhibition as ‘medium’ is discussed in light of the inflatable pavilions designed by the Eventstructure Research Group where structural films and artists’ films were projected. This eventually opens up to a critique of the informational, cybernetic epistemology of Sonsbeek 71 .
Based on Clausius’ phrasing of a “transformational content” and the resulting 2nd law of thermodynamics, I demonstrated that Gilbert Simondon’s On the Mode of Existence of Technical Objects is historically situated at the threshold of understanding open systems thermodynamics and the related concepts of balance. Furthermore, I showed that Gestalt theory, as represented by Wolfgang Köhler, at least reproduced, if not partially anticipated or even prepared this development of 20 th century thinking. Finally, I gave some short examples of how Simondon applied the figure/ground distinction to human perception, memory, and a general theory of becoming and I introduced his proposal to analyse “the grounds” just as thoroughly as the laws of figuration.
The article presents contemporary approaches to the anthropology of technique, its theoretical-methodological specificities and the form in which it is expressed in Brazil today, exemplified through the set of ethnographies making up this dossier. Exploring different types of transformations, these articles raise questions concerning the relationship between technique and power, involving environments and territories, plants and animals, objects and skills. In seeking to overcome the limitations of the nature/culture dichotomy and its derivatives, technique-based approaches have turned to ethnographically grounded solutions that move beyond discourse and avoid the collapse into other ethnocentrisms, expressed in a total symmetrisation or in the mere projection of human properties to non-humans.
Depuis les années 1990, une nouvelle politique est inscrite dans les programmes scientifiques internationaux et se retrouve in extenso dans les projets de Recherche & Développement (R&D) européens et régionaux. Il s’agit d’intégrer et de faire exister une démarche éthique dans les innovations technologiques en train de se construire. Cette politique se traduit sur le terrain par un ensemble de contraintes qui pèsent sur les possibilités mêmes de l’existence d’une éthique à l’intérieur des projets. Elles tiennent au mandat confié aux équipes éthiques mais aussi à l’organisation taylorienne qui structure ces projets. Partant d’une description de nos différentes contraintes, cet article rend compte de la manière dont ces déplacements ont transformé nos pratiques éthiques. Ensuite, cet article montre comment, à travers la figure du bricoleur de Lévi-Strauss, ces contraintes peuvent se reformuler en conditions pour une enquête éthique dédiée à ces nouveaux enjeux.
The past two decades have witnessed an unprecedented rise in public policies aimed at hearing children and young people’s voices, which typically entail creating supportive participatory spaces. While this political project is usually presented as a radical move towards a more inclusive society, it raises critical questions about whose voices are being represented, how, why, by whom and for whom. Drawing upon recent ethnographic research on childhood and youth policies in Switzerland, this article explores how children and young people’s voices are produced in concrete situations. It studies how the institutional and material characteristics of participatory spaces and situated interactions shape which voices will actually be heard. The research highlights that, despite their inclusive ambitions, participatory spaces paradoxically exclude young persons who fail to articulate, orally or in written, linguistically, morally or politically legitimate voices.
On crime and earthquakes
Predictive policing at the crossroads between science, technology and divining
In the United States, predictive policing is rooted in a longstanding police reform project, aimed at creating a proactive police force: one which can intervene preventively rather than in emergency situations only, on its own initiative, without being mobilised by citizens’ appeals. In 2012 the dream of US police reform from the 1970s began to materialize as a machine, when the company Predpol launched a predictive analysis platform downloadable on a simple application, presented as a dashboard sharing real-time risks of crime occurrence with a precision of about 200 metres. The mathematicians who created this start-up drew inspiration from an algorithm developed by a French seismologist. As the source code of the Predpol platform is not accessible for trade secret reasons, the author turned directly to the seismologist in order to understand the predictions. Comparing the Earth scientist with applied mathematics researchers seeking to develop predictive machines shed light on the beings brought into existence by the algorithm, and drew the author’s attention towards the specific associations comprising Predpol. The analysis of the moral dimensions of prediction consists in studying not the specific uses of machine learning, but the transformations of the modalities of prediction from one social context to the next.
Poser la question de la relation entre religieux et materialites peut paraitre a la fois evident et dissonant. Evident, car la materialite est une dimension necessaire de l’experience humaine. Dissonant, car ces termes ont longtemps ete tenus a distance. Cet antagonisme classique persiste sous diverses formes, au meme titre que technique et rituel, savoir et croyance, corps et esprit, rendant problematique une comprehension des phenomenes religieux qui tenterait de concilier l’analyse des app...
Ventilateur, serie Hacking Households, 2014, design : Jesse Howard, Leonardo Amico, ThibaultBrevet, Coralie Gourguechon, Jure Martinec, Natasa Musevic & Tilen Sepic © photographie Tilen Sepic Le rapport du design au bricolage ne va pas de soi, d’abord parce que le design est associe avant tout a l’industrie, a la production de masse en serie, ensuite parce que ces deux univers semblent de prime abord eloignes l’un de l’autre. Pourtant ce rapprochement semble se preciser avec le developpement...
Dans la littérature anglophone, la notion d’“agency” des enfants constitue le mot d’ordre initial d’un domaine de recherche, les “childhood studies”, développé au tournant des années 1970 et marqué par une orientation des travaux sur l’enfance vers les sciences sociales. L’auteur, optant pour une approche pragmatique de ces notions, analyse leurs diverses acceptions et les critiques générales adressées à ce courant très contesté, tant pour ses usages sociaux que ses présupposés théoriques et idéologiques. Cet examen des débats théoriques sur l’agency des enfants est essentiel pour comprendre les rapports entre l’investigation scientifique et le projet politique d’une transformation du statut des enfants, affirmés comme des acteurs sociaux à part entière. L’intérêt d’analyser ces concepts est d’inviter à penser de façon relationnelle des catégories d’âge, d’interroger leurs enjeux anthropologiques et les manières de distinguer projet scientifique et projet politique d’émancipation des petits en insistant sur la réflexivité critique du chercheur. Les définitions d’une humanité partagée entre petits et grands et la dimension politique et morale de leurs rapports deviennent un enjeu fort de recherche touchant les questions de la représentation des enfants, de la dimension politique de leur reconnaissance et des conceptions de la personne.
La taxidermie est une pratique d’entre-mondes. Au service d’une perspective « simple » d’identification et de monstration des especes en collections dans les museums ou les cabinets, temoignage de la preuve dans le monde des chasseurs a travers l’alignement des trophees, a l’oeuvre pour la memoire toujours decue des compagnons disparus chez les particuliers ou les soigneurs, elle s’elabore toujours a l’interface de plusieurs attentes que le vivant seul pourrait concilier : la verite du type, la justesse individuee, la grâce d’une rencontre. Qu’elle serve a la reconstitution d’especes disparues ou a la construction de specimens chimeriques, a la conservation, a la publicite ou au marche kitsch, elle negocie sans cesse entre visible et invisible, elle saisit ce qui s’echappe et le perd des qu’elle croit se l’etre approprie. Elle trouble le regard et autorise un toucher inespere mais pour le trahir aussitot. Alors meme qu’on s’attendrait a voir cette pratique s’effacer au profit du film, elle rencontre un nouvel engouement. On la trouve de plus en plus souvent integree aux dispositifs de l’art contemporain pour servir un discours critique sur la relation au vivant ou l’incarnation revendiquee d’une sensibilite proprement animale. La conscience des extinctions des especes lui rend des vertus exceptionnelles. Elle est le plus souvent abordee selon sa reception. Mais cette etude s’attache prioritairement a la perspective du taxidermiste lui-meme, dans son atelier, aux prises avec les corps, les techniques et les attentes. En Belgique (contrairement a ce qui se passe en France), il n’existe pas de formation au metier : la taxidermie fait l’objet d’une transmission intergenerationnelle dans certaines familles ou d’un compagnonnage ou chacun affine ses observations anatomiques, ethologiques et ses competences pragmatiques au « rendu ». Partant toujours de l’exteriorite meme du vivant, de l’indice, elle a vu se transformer ses savoir-faire et la demande qui lui etait adressee. Elle temoigne des modifications de perception du monde animal comme des regimes d’identification ontologiques des hommes. Qu’est-ce que la pratique de la taxidermie fait au naturalisme dont elle est issue ? Quels liens, quels desirs, quelles connaissances et quelles passions met-elle en jeu ?
Cet article cherche à montrer que les relations entre théorie et pratique en matière d’évaluation en général (et d’évaluation de programme, en particulier) constituent, en réalité, une aporie opposant et reliant, à la fois, le « système technicien », privé de sens (Ellul, 2012) et la recherche permanente d’une théorie, génératrice de sens. Pour étayer cette aporie, l’auteur s’appuie notamment, sur un certain nombre de travaux, dont ceux récents, rassemblés par Mottier Lopez et Figari (2012), dressant un bilan épistémologique des recherches sur l’évaluation en éducation. L’auteur rappelle tout d’abord, les critiques apportées aux « évaluations techniciennes » remises en question par des chercheurs parce qu’insuffisamment théorisées. L’auteur fait le point, ensuite, sur l’avancée de la « pensée théorique » qui s’élabore autour de l’évaluation, en questionnant les écrits d’auteurs qui, faute de proposer une « théorie générale », construisent des « théorisations ». C’est pourquoi, dans les écrits analysés, les éléments constitutifs d’une théorisation émergente de l’évaluation sont classés selon trois niveaux : 1- un carrefour de disciplines de sciences sociales et humaines s’attachant à expliquer, de leur point de vue, les phénomènes liés à l’évaluation : 2- une méthodologie de la mesure en pleine évolution dans le sens d’une plus grande intégration de cadres théoriques à son développement; 3- l’émergence d’une configuration de paradigmes de l’évaluation de plus en plus restreints et fédérateurs. À défaut de résoudre l’aporie initiale, il est possible de disposer d’un aperçu : celui d’une préthéorie de l’évaluation qui serait en train de naître.
Ventriloquism, performativity and communication
This article introduces the notion of ventriloquism, metaphorically conceived of as the process through which interlocutors animate their figures (the term that ventriloquists use to refer to their dummies) or make them talk. These same figures are likewise supposed to animate the interlocutors in situations of interaction. Ventriloquizing figures (e.g. values, principles, rules, facts, etc.) means talking on their behalf and thus gaining in authority by lending weight to what one says. Phenomena of power can thus be identified in the interaction without having to depart from a performative and interactionist approach to the social world.
The French philosopher Gilbert Simondon (1924-1989) was the first true philosopher of information, yet he remains relatively unknown outside of his native France. This situation is curious, given the warm reception his work has received from a small group of internationally renowned thinkers. Simondon's lifelong project was to expound the appearance of what I call an " informational ontology, " a subject that deserves to be addresses at length. This article limits itself by focusing on three aspects of Simondon's philosophy of information. First, it situates Simondon within the French intellectual scene in post-World War II Europe to get sense of his cultural milieu. Second, it positions Simondon's work in the context of the American cybernetic tradition from which it emerged. Finally, it offers an exegesis of Simondon's informational ontology, a radically new materialism that stands to change contemporary debates surrounding issues related to information, communication, and technology.
Résumé Couplée à la cupidité décomplexée et planétarisée, la financiarisation de l’économie crée et mobilise des dispositifs dont la nature autant que les effets issus de leurs usages produisent des risques inédits pour l’ensemble des parties prenantes du tissu sociétal. La titrisation en est l’un des dispositifs les plus emblématiques. Une mobilisation combinée des pensées et travaux de Stiglitz, Beck et Latour nous aide à lire la titrisation en tant que technoscience, fruit de ce que nous nommons une « réflexo-genèse ».
Cet article présente une réflexion autour d’un objet peu étudié, l’architecture du web. Il se propose dans le même temps de réfléchir au positionnement des chercheurs qui s’attachent à le cerner. Un tel objet a pour particularité de représenter un niveau quasi « fondationnel », laissant néanmoins rapidement la place, sous la pression de grands acteurs tels que Google par exemple, à d’autres agencements auxquels de nombreuses recherches ont été consacrées. La réflexion s’oriente ici sur les raisons, parfois politiques, qui pourraient amener le chercheur à singulariser tel ou tel agencement plutôt que tel autre. Les conclusions qui en découlent insistent sur la fragilité des choses et conduisent à mettre en avant une autre manière de concevoir l’ontologie. Une ontologie à la hauteur de mondes « à faire », qui ne se réduit néanmoins nullement à l’effet d’une activité performative et démiurgique.
Latour uses the example of the museum of natural history that showcases the combination of horse fossils with changing theories of their evolution. He poses a different framework for thinking about objectivity that denounces the dual focus on subject and object, and instead demands respect for the continuous connections made through time, through networks of people and instruments and institutions. He calls relativism as appropriate in providing a choice between pretending that there are objects and subjects facing each other and acknowledging the created networks.
Éloge de l’objet. Pour une philosophie de la marchandise
- Dagognet François
DAGOGNET François (1989). Éloge de l'objet. Pour une philosophie de la marchandise, Paris, Vrin.
Écumes. Sphérologie plurielle, traduit par Olivier Mannoni
- Sloterdijk
- Peter
SLOTERDIJk Peter (2005). Écumes. Sphérologie plurielle, traduit par Olivier Mannoni, Paris, Hachette.
Les différents modes d'existence, Paris, PUF (réédition PUF en 2009 avec une longue introduction d
- Souriau Étienne
SOURIAU Étienne (1943). Les différents modes d'existence, Paris, PUF (réédition
PUF en 2009 avec une longue introduction d'Isabelle Stengers et Bruno Latour).
Penser avec Whitehead : une libre et sauvage création de concepts
- Stengers Isabelle
STENGERS Isabelle (2002). Penser avec Whitehead : une libre et sauvage création
de concepts, Paris, Gallimard.
Le concept de nature Document téléchargé depuis www.cairn
- Alfred Whitehead
- North
WHITEHEAD Alfred North (1920). Le concept de nature, Paris, Vrin, 1998.
Document téléchargé depuis www.cairn.info ---58.220.2.141 -31/08/2015 00h55. © La Découverte
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Knowledge as Mode of Existence”
- Latour Bruno
PUF (réédition PUF en 2009 avec une longue introduction d’Isabelle Stengers et Bruno Latour)
- Souriau Étienne
La société du risque : sur la voie d’une autre modernité, traduction par Laure Bernardi, préface de Bruno Latour
- Beck Ulrich
« L’œuvre à faire », Bulletin de la Société française de philosophie
- Souriau Étienne