Interpeler l’absent.
Abstract
This article deals with the discursive and pragmatic functioning of the direct address to the deceased in the obituaries appearing in French press. This process may seem surprising in this genre of discourse, insofar as the person who is being addressed is inevitably excluded of the communicative situation, due to the context. This article has a dual purpose: first, it identifies the part played by direct address to the deceased in the obituary, proving that it aims at reembodying the dead person, in order to bind the community, at the very moment it is threatened by silence. Furthermore, this article intends to redefine the contours of the notion of direct address, in particular within the frame of enunciation theory: direct address has most of the time two recipients, the addressee, which is namely mentioned in the term of address, and the audience, whom the discourse is not addressed, but which is, by means of a communicative trope, the real intended recipient.
En utilisant les outils de la pragmatique énonciative, nous allons analyser trois types de messages sur Facebook (d’anniversaire, de félicitation ou d’adieu) qui relèvent du trope communicationnel (Kerbrat‑Orecchioni, 1980), puisqu’ils mettent en scène un destinataire dont l’interpellation n’est qu’un prétexte pour un échange avec les « amis » Facebook, lesquels ne sont en apparence que des témoins. Ce stratagème permet au locuteur de « dévoiler des fragments du soi intime » (Tisseron, 2011) tout en préservant sa propre « face » et « le territoire » (Goffman apud Kerbrat‑Orecchioni, 2005) des destinataires indirects. Nous allons envisager plusieurs situations possibles, à commencer par le cas le plus évidemment tropique où ces messages sont adressés à des personnes n’ayant pas accès au message car n’ayant pas accès à Facebook (jeunes enfants, personnes âgées, personnalités publiques, personnes décédées) jusqu’au cas où les commentaires suscités par ces publications comportent les mêmes types d’actes (expressifs) qui fonctionnent toujours comme des tropes, en passant par des situations ambiguës où l’on ne saurait identifier avec certitude le destinataire.
This article deals with the representations of death in the obituaries appearing in contemporary french press, from the theoretical point of view of discourse analysis. It aims to point out how death is told and expressed in the obituarues: death is showed as a split between the dead and the living. This split is revealed by various marks, among them the use of the lexical field of loss, of negative form, of past tenses, of perfective aspect. But while the obituary expresses this irretrievable gap between the one who died and the ones who are still living, it also litteraly re-presents the deceased, insofar as it makes him or her present by means of various signs such as the mention of the legacy of the dead, or the staging of a dialogue with the dead, thanks for instance to interlocutive dialogism and choices of page settings. Thereby, the obituary partakes to the rituals of modern mourning, which aims at the same time at paying hommage to the dead one and at binding the community of the living ones.
La notion de "chaîne de référence" est relativement récente. Née du souci informatique de donner aux machines les moyens d'interpréter la référence sur du long terme et en continu, elle est "entrée" en linguistique par le biais de questionnements ayant trait à l'expression de la référence et de la structuration textuelle. D'un point de vue référentiel, les chaînes de référence rendent compte du fait que la plupart des textes évoquent des individus de façon constante mais au moyen d'expressions référentielles aussi diversifiées que les noms propres, pronoms et groupes nominaux plus ou moins variés. Comment repérer sous une telle diversité formelle, la constance référentielle ? C'est une des questions auxquelles tente de répondre cet ouvrage en proposant une étude systématique, fondée sur des exemples attestés et fabriqués, des chaînes de référence, dans le but de les délimiter -concrètement mais aussi théoriquement - d'en déterminer les modes de composition les plus typiques ainsi que la structure. Dans ce système référentiel, le nom propre apparaît comme une "expression-phare". D'une part, il est comme l'ont démontré les psycholinguistes, un 'attracteur cognitif' puissant, qui sert à hiérarchiser les référent d'un texte. D'autre part, le nom propre manifeste de réelles aptitudes structurantes qui opèrent à d'autres niveaux de l'organisation textuelle que le strict plan référentiel comme à celui de la phrase, par exemple, dont on l'a longtemps tenu à l'écart. Mais il rencontre aussi des unités structurelles marquées, entre autres, par le découpage paragraphique ou par des connecteurs sur lesquels il exerce également son influence sémantique. Comment se régulent ces interactions entre les chaînes de référence et les unités phrastiques, interphrastiques et discursives ? Quelle part y prend le nom propre ? C'est à quoi ce travail propose des éléments de réponse.
Sans ancrage syntaxique manifeste, à la croisée d'approches divergentes – rhétorique, énonciative, pragmatique –, et victime de son flou définitionnel, l'apostrophe nominale a jusqu'à présent trop peu retenu l'attention des linguistes. La profusion des désignations (vocatif, terme / nom d'adresse, apostrophe) témoigne de la diversité des domaines concernés, et souligne la difficulté de penser le nom support de l'interpellation comme un objet de recherche à part entière. Cet ouvrage vient défricher ce terrain : établissant le comportement syntaxique tout à fait singulier de l'apostrophe nominale, questionnant son rôle énonciatif et textuel, il montre que l'apostrophe nominale est un rouage essentiel de la machinerie argumentative au regard de la totalité textuelle, et met en relief son rôle dans la structuration de la textualité elle-même. Au-delà, c'est la sphère interpersonnelle, sa régulation, et la relation de sujet à sujet qui est ici interrogée. Les corpus, variés (discours ordinaires et littéraires, discours institutionnels préparés et spontanés, chansons) sont analysés dans leur dimension syntaxique, textuelle et énonciative.
Dictionnaire alphabétique d'analyse du discours
Grammaire du français
- D Denis
- A Sancier-Chateau
Denis D., & Sancier-Chateau A. (1994). Grammaire du français. Paris : Livre de Poche.
Les figures de style
- C Fromilhague
Fromilhague C. (1995). Les figures de style. Paris : Nathan.