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Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
Évaluation de l’implantation d’une
technologie de l’information dans un réseau
de soins du Québec
Anne Lemay Ph D., Claude Sicotte Ph D., Jean-Louis Denis Ph D., Marie-
Josée Croteau M Sc., Youcef Ouadahi MBA, Dominic Saindon, Jean
Mireault MD. M Sc, Hung Nguyen M. Sc., Marie-Claude Poulin.
Centre hospitalier de l’Université de Montréal et
Groupe de recherche interdisciplinaire en santé
Université de Montréal
3840, rue Saint-Urbain
Montréal, Québec
H2W 1T8
anne.lemay.chum@ssss.gouv.qc.ca1
RÉSUMÉ. L’intégration clinique constitue une condition essentielle à un fonctionnement
performant d’un réseau intégré. À cette fin, un hôpital du Québec a implanté une
technologie de l’information permettant le partage d’informations cliniques entre les
professionnels de l’hôpital, du CLSC et des cabinets privés de médecins. Nous
présentons ici quelques résultats d’une recherche qui avait pour objectifs d’évaluer
l’implantation et les effets de cette technologie de l’information. Plus précisément, nous
exposons la nature du recours à cette technologie par les différents cliniciens et
conditions qui ont facilité ou nuit à l’implantation de cette innovation. Nous présentons
aussi certains des effets observés sur la satisfaction des patients, l’accessibilité, la
continuité des soins , la qualité technique et sur l’efficience technique. Nous concluons
par une discussion sur le potentiel de généralisation d’une telle expérience en identifiant
les facteurs associés au succès de l’implantation d’un système d’informations cliniques.
ABSTRACT. Clinical integration is essential for the performance of health care networks and
hospitals in Quebec to implement an information technology that link hospital information in
private and public. We present here the results of implementation and evaluation effects and
explain the strategy and the conditions. We describe who are the users of the technology and for
which kind of application. We analyse the effects according to patients satisfaction, accessibility,
continuity of care, technical quality and efficiency. We conclude with a discussion of success
factors of the generalisation in using the technology.
MOTS-CLÉS : Réseau intégré de soins, technologie de l’information, performance des organisations
de soins
KEYWORDS: Integrated health systems, health information networks, health care organization
performance, information technology.
1. Introduction
Les systèmes de soins font face à des pressions imposant des exigences de
reconfiguration de leurs composantes et de changements dans les façons d’organiser et
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de prodiguer les soins et services. Les gestionnaires sont ainsi appelés à modifier leurs
comportements dans le sens prescrit par les réformes ou les exigences du marché.
Le système de soins du Québec est actuellement dans sa deuxième phase triennale de la
réforme. Jusqu’à présent, celle-ci a surtout consisté à modifier la structure administrative
et institutionnelle du réseau de soins et services. La réorganisation clinique a été jusqu’ici
plutôt timide. Un des freins à l’atteinte d’objectifs de performance en matière
d’organisation clinique (globalité, continuité, accessibilité et efficacité) est l’absence de
véritables réseaux intégrés dans la plupart des communautés du Québec. L’organisation
des soins et services dans un continuum impliquant plusieurs composantes et
professionnels dans un réseau intégré est considérée comme une condition essentielle à
l’atteinte d’objectifs d’efficience et d’efficacité (Shortell et coll. 1995,1996; Mitchell,
Work, Pawola, 1996).
Ainsi, tant que les différents producteurs du système de soins d'hôpital au domicile, aux
cabinets privés de médecins, des pharmacies, des centres d’hébergement et de soins de
longue durée, ne sont pas intégrés, que les informations sur les patients, les soins, les
services sont dispersées ou contenues sur des supports incompatibles, il est difficile de
produire des soins de qualité et efficients (Bard, 1997). Ces lacunes contribuent à la
fragmentation des soins, à des chevauchements thérapeutiques, à des prestations de soins
inappropriés et à des délais dans la prestation des soins.
L'usage de technologies électroniques de l’information et de communication pour
soutenir des soins suscite un intérêt croissant. Le recours à ces technologies
d’informations intégrées liant les différents cliniciens œuvrant dans diverses institutions
constitue un facteur reconnu de succès pour atteindre les objectifs de performance visés
(Shortell et coll. 1996). Ces technologies connues sous le nom de CHINS pour
«Community Health Information System» (Hojnowski, 1995, Dunbrack, 1996, Ball,
1996) permettent aux cliniciens et aux gestionnaires d’avoir accès à des données
cliniques et administratives sur les patients (Mitchell, Work et Pawola, 1996), les
conditions cliniques, les soins reçus en temps réel tout en permettant de soutenir le
développement et l’implantation de cheminements critiques (Katz, 1995) et de faciliter le
processus de décisions cliniques et organisationnelles dans le sens attendu par le réseau
(Kirkpatrick, 1995).
Même si ces innovations sont de plus en plus fréquemment utilisées (Dunbrack, 1996;
Mitchell, Work et Pawola, 1996; Moore et coll., 1996; Volkoff et Newson, 1996) leur
déploiement reste toutefois relativement restreint dans le secteur de la santé (Taylor,
2000). Devant l’état actuel très fragmentaire et isolé, il est intéressant d’étudier les
expériences en cours afin de guider les développements de demain. Toutefois, les
évaluations des effets de l’introduction de ces technologies de l’information ont été peu
recensées et l’impact réel de ces technologies peu analysé (Katz, 1995, Volkoff et
Newson, 1996, Sicotte et coll. 1997a,b; Kibbe et Bard, 1997). Par ailleurs, les quelques
évaluations portent plutôt sur les effets des aspects technologiques plutôt que sur les
impacts cliniques et médico-administratifs. De plus comme la mise en place de tels
systèmes représente des investissements très importants, il s’avère essentiel pour les
décideurs de mieux connaître les conditions optimales d’implantation et les résultats
réalistes à attendre d’eux.
Pour réaliser un réseau de services intégrés il faudra chercher à réaliser simultanément
quatre types d’intégration, à savoir, l’intégration administrative, financière, clinique et
informationnelle
L’intervention faisant l’objet de cette recherche évaluative consiste à rendre disponible
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des données cliniques par l’informatisation des plans de soins infirmiers et de traitements,
de la pharmacie, des requêtes et résultats en imagerie médicale, des laboratoires de
biologie médicale de l’Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins dans la région de la
Montérégie au sud-est de Montréal au Québec. Il s’agit d’un projet d’Info-route-santé 2
(IFS) ou CHIN. Les informations sur le patient ont été rendues disponibles et accessibles
aux cliniciens de l’hôpital, à ceux d’un centre local de services communautaires (CLSC)
(volet soutien à domicile et centres de prélèvements), à une quinzaine de cliniques
médicales privées. La participation des médecins au projet est volontaire.
De plus, il est prévu dans le cadre du déploiement de relier aussi le Centre public
d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) et deux pharmacies privées.
L'hôpital BMP a investi des ressources financières importantes pour ce projet. Pour ce
qui est des ressources humaines, les gestionnaires et cliniciens ont consacré beaucoup de
temps pour mettre en place l’IFS et supporter le déploiement. Il est donc très important
de savoir si les effets attendus se sont concrétisés et à quelles conditions d’implantation
nous pouvons les attribuer.
2. État des connaissances sur le déploiement et les effets de réseaux d’informations
cliniques
Le déploiement des systèmes d’informations en réseau a été documenté au moyen
d’enquête (Morrisey, 1997) ou d’analyse de milieux sélectionnés. Il est cependant
difficile d’avoir une image exacte de la situation puisqu’il n’y a pas de définition claire et
précise des systèmes en cause, d’un milieu à l’autre (Wong, 2000). L’autre problème
soulevé est le manque de rigueur dans la mesure des composantes du système et de leur
application (Wong, 2000). Ces systèmes peuvent être regroupés selon la typologie de
Sicotte et al. (1991). Toutefois, pour Sicotte et al. (1991) les systèmes informatiques
dans le réseau de la santé se divisent en trois catégories:
a) Les systèmes administratifs qui regroupent la paie, les achats, le budget, la
facturation, etc.
b) Les systèmes clinico administratifs tels les index-patients, l’admission-départ-
transfert, l’information sur la clientèle (ex : MED-ECHO au Québec ou PMS1 en
France), la pharmacie, laboratoire et d’imagerie qui ne sont pas intereliés.
c) Les systèmes cliniques qui supportent la pratique des professionnels dans la prestation
des services et des soins aux patients. Cette dernière catégorie inclut les dossiers patients
informatisés et conçus pour supporter les cliniciens en leur donnant accès en temps réel à
des données intégrant plusieurs systèmes source. Les dossiers patients informatisés
peuvent fournir des aides mémoire et du support aux décisions cliniques basés sur les
connaissances médicales reconnues (Hojnowski, 1995). Des plans de soins infirmiers
peuvent aussi faire partie de ces systèmes (Tétu, 1993). La principale propriété de ces
technologies est de fournir aux cliniciens l’accès à l’information. Ce sont les systèmes les
plus sophistiqués qui incluent des systèmes experts ou «knowledge-based systems» qui
assistent les cliniciens dans la prise de décision (Wong, 2000). Dans ce dernier cas, cet
auteur identifie quatre fonctions de support 1) l'assistance dans l’identification du
diagnostic, 2) assistance dans la détermination du dosage approprié des médicaments, 3)
rappel de prestation de services préventifs pour certains patients à des moments précis et
4) assistance dans la prescription de services diagnostiques ou thérapeutiques avec des
aides-mémoire de prestation de certaines procédures, des alertes pour des effets adverses
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potentiels, des rappels sur des prescriptions antérieures et la documentation d’options de
traitements.
En 1997, la firme Coopers Lybrand effectuait un sondage auprès de gestionnaires de 214
hôpitaux américains révélant la nature des systèmes cliniques implantés (Morrissey,
1997). Les modules requêtes-résultats, avec 62 % des cas, sont les plus répandus suivis
des réseaux d’accès sur l’histoire médicale des patients avec 50 %, les protocoles de soins
et d’alertes pour les médecins avec 43 %, les systèmes de rendez-vous avec 32 %, les
systèmes d’identification des patients et de leurs coûts avec 28 %, les postes de support à
la décision clinique avec 26 %, les transferts d’images de radiologie avec 17 % et enfin
les systèmes experts d’assistance aux soins aux patients 12%. Dans la majorité des cas,
les investissements prévus au cours des prochaines années seront assez importants
(Morrissey, 1997). La plus grande proportion des projets déployés est uniquement en
milieu hospitalier avec 25 %, suivis de projets liant l’hôpital et les cabinets privés avec
23 % et l’ensemble de la communauté avec 29 %. Au milieu des années 90, moins de 1
% des médecins américains utilisaient un dossier patient informatisé et ceci même si
l’Institut de médecine suggérait son recours en 1991 (Salomon, Dechter, 1995).
2.1 Les facteurs liés au niveau de déploiement
L’implantation de systèmes d’information en réseau et notamment les systèmes cliniques
requiert un processus d’implantation long et lent et nécessite beaucoup plus d’activités
que la simple installation d’ordinateurs (Wong, 2000). Les coûts élevés de l’acquisition
et de l’implantation de systèmes d’information clinique constituent un facteur
contraignant pour plusieurs organisations (Taylor, 2000; Wong, 2000).
L’adhésion des cliniciens à l’idée d’utiliser cette technologie est fondamentale. L’absence
et l’inadéquation des incitatifs notamment en cabinet privé nuisent aussi à la diffusion de
ces technologies (Bard, 1997;Taylor, 2000). Les incitatifs à l’implantation de systèmes
d’informations cliniques sont peu nombreux et contrebalancés par les désincitatifs surtout
lorsque les médecins sont rémunérés à l’acte et que leur formation ne les a pas préparés à
l’utilisation de telles technologies (Wong, 2000).
Par ailleurs, l’absence de standards dans l’industrie sur les caractéristiques de ces
technologies nuit à la mise en place d’interface entre les différents éléments de
l’organisation ou du réseau (Gordon, et coll., 1998;Taylor, 2000). Ce problème est aussi
amplifié par la vague de fusions de plusieurs organisations de soins. Il est aussi reconnu
qu’il est essentiel d’avoir un accord préalable des différents éléments du réseau pour
l’implantation de tels systèmes (Katz, 1996) et que tous les acteurs partagent ensemble
une vision claire des objectifs attendus (Miglak, 1996; Beatty et coll. 1998).
La sauvegarde de la confidentialité des informations concernant les patients constitue un
enjeu majeur. Si la crainte que la consultation non autorisée de l’information soit
justifiée, elle constitue un frein à l’adhésion de certains cliniciens et gestionnaires à de
tels systèmes (Wong, 2000).
2.2 Les effets observés des réseaux informatisés de données cliniques
Nous avons recensé relativement peu d’évaluations des effets apportés par
l’informatisation de systèmes d’information reliant différents éléments du réseau de
soins. Les effets rapportés se regroupent en quatre catégories soit :
- les effets sur les processus ou effets intermédiaires
- les effets sur la qualité des soins;
- les effets sur les coûts;
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- les effets perçus par les patients.
a) Les effets sur les processus
Les coûts de gestion de l’information en mode papier auraient diminué (Volkoff,
Newson, 1996). En effet, les coûts du partage et de la livraison de l’information
diminueraient (Hojnowski, 1995 ; Volkoff, Newson, 1996). Ces systèmes permettraient
aussi une meilleure gestion des inventaires (Katz, 1996).
Le CHIN développé sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique reliant 3 cliniques
médicales, deux hôpitaux locaux et un laboratoire indépendant a permis la réduction du
temps mis sur l’administration des dossiers et la réception des résultats de laboratoire à
l’intérieur de 24 heures (Volkoff et Newson, 1996).
Selon Tierry, Miller et McDonald, 1990, les médecins qui pratiquent dans les
organisations de soins pourvues de systèmes d’aide à la décision clinique prescrivent 14
% moins.
Les résultats observés avec le système implanté à l’Hôpital de Floride, à Orlando, ont
montré une plus grande augmentation de la productivité des médecins que ce soit en
terme d’une meilleure décision clinique ou de processus de soins accélérés (Ornstein et
coll. 1997).
Sicotte et al. (1989) a évalué les effets de l’introduction du système d’information
clinique et de son mécanisme de rétroaction qui permet de sensibiliser les médecins
participants à leur profil de pratique. Les chercheurs n’ont trouvé aucun effet produit par
le système d’information en terme de variations tangibles et mesurables dans les profils
de pratiques des médecins. Une évaluation qualitative à l’aide d’entrevue a également
démontré une incapacité du système d’information dans sa conception actuelle à
transmettre une information signifiante pour enclencher une modification de
comportement au niveau de la pratique de la part des médecins impliqués
b) Les effets sur la qualité
Les études sont assez muettes quant aux effets sur la qualité des soins et sur
l’amélioration de la santé même si ces systèmes sont implantés pour supporter des
programmes d’amélioration de la qualité (Hojnowski, 1995;Ornstein et coll. 1997). Les
études ayant abordé cette question sont rares et les résultats en terme d’effets sur la santé
sont rarement mesurés. Les résultats rapportés sont des anecdotes plutôt que des effets
relevés par des recherches évaluatives. Si les processus intermédiaires sont documentés
(rapidité et circulation de l’information par exemple), il est difficile de se prononcer sur
les effets, sur la qualité des soins puisque ces technologies de l’information n’incluent
pas de données sur l’état de santé des patients et sur l’évolution de celui-ci (Kibb, Bard,
1997).
Au Brigham and Women’s Hospital, les alertes d’effets adverses rendues disponibles aux
cliniciens ont permis de diminuer le temps de réaction pour la manifestation d’allergies
ou d’interaction médicamenteuse et à des résultats de laboratoires anormaux de 2.1 à 0.7
heures et de réduire l’incidence de ces effets adverses (Wong, 2000).
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Deux études rapportent que le recours à des systèmes d’information clinique produit une
diminution d’effets adverses sur l’état de santé des patients (Wong, 2000) notamment par
le biais de la réduction d’interactions médicamenteuses (Bard, 1997).
c) Les effets sur les coûts
Dunbrack (1996) a rapporté les résultats d’une IFS implantée au Connecticut et au sud de
l’Indiana. Le réseau relie plus de 100 médecins, des hôpitaux, des pharmacies, des
laboratoires et des payeurs afin qu’ils partagent ensemble des informations sur les
patients, des résultats de laboratoires, la médication, des notes, ainsi que des données
financières et de gestion. Les résultats observés sont une réduction appréciable des
duplications de services, des dépenses d’administration, des pertes d’information sur le
patient, du nombre d’appels téléphoniques ainsi que du temps consacré à faire des
demandes d’information sur le patient.
En ce qui concerne le projet du Vancouver Island, le laboratoire estime qu’il lui en
coûtait 1 000 $ par médecin par année pour simplement distribuer les rapports écrits, ce
qui réduit énormément les coûts. Le système a permis aux médecins de voir plus de
patients sans augmenter le nombre d’infirmières ni le personnel clérical. Un autre
bénéfice est la réduction du papier et sa manipulation. Trois ans après sa création, les
personnes interrogées ont mentionné ne pas vouloir retourner au système papier
antérieur. Toutefois, pour l’hôpital, le système n’a pas atteint son plein potentiel alors
que la moitié seulement des médecins font partie des cliniques reliées à l’hôpital. Il leur
faut donc gérer un système papier parallèle (Volkoff, Newson, 1996).
d) Perception des patients
Des effets bénéfiques des systèmes d’informations cliniques ont été rapportés sur
l’attitude des patients car ils croient que les médecins ont un accès plus facile à
l’information ce qui facilite les rencontres, améliore la relation patient-médecin et la
qualité des soins (Ornestein et coll., 1997).
2. Objectifs de l’étude et cadre de référence
Cette recherche avait pour but de fournir des connaissances sur les conditions de mise en
œuvre et sur les effets apportés par l’IFS en Montérégie. Les objectifs de l’analyse de
l’implantation étaient d’:
- Analyser la stratégie et les conditions de mise en œuvre;
- Analyser le degré et le type de recours à l’IFS;
- Identifier les conditions qui ont favorisé (ou défavorisé) l’utilisation du système;
- Évaluer les effets, c’est-à-dire : la satisfaction des patients, la satisfaction des
utilisateurs, la qualité technique, l’accessibilité, la continuité, et l’efficience
technique.
Le cadre conceptuel complet de l’étude est présenté à la figure 1. L’intervention
évaluée est très complexe. Elle comprend plusieurs composantes qui interagissent de
façon différente d’un point de services à l’autre. Les principales composantes de
l’intervention qui constitue l’IFS sont :
Un intranet qui permet la mise en relation de différentes composantes et de divers
professionnels du réseau de soins et de services du territoire naturel de desserte de
l’hôpital;
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Des liens électroniques supportés par des progiciels constituant des supports à la
transmission à la saisie et à la présentation de l’information et offrant des interfaces avec
d’autres systèmes périphériques.
Un outil de support à la prise de décision à la disposition des intervenants qui rend
accessible, selon le consentement informatisé du patient, un ensemble d'informations
cliniques devant assister les professionnels de la santé dans la planification et le suivi du
traitement de sa clientèle. Ceci permettant de 1) réaliser des plans de soins infirmiers et
de services afin de supporter l’intervention clinique, 2) créer, traiter et compiler les
requêtes résultats des examens de laboratoire, d'imagerie et d’en assurer la mise à jour
instantanée et continuelle et 3) suivre l'évolution de l'état d'un patient dans un continuum
de soins et de services, de l’hôpital à la clinique médicale, au CLSC (soutien à domicile).
Des systèmes experts permettant la création et l’utilisation de plans de soins types, de
protocoles et de gestions de cas ainsi que divers types d’outils d’aide à la gestion
(allergies, protocole de réanimation, protocole d’évacuation).
Les résultats attendus sont de deux ordres et sont cohérents avec ce que Shortell
(1995,1996) identifiait par le promoteur du projet à certains éléments d’intégration
clinique, si l’on fait abstraction du degré de collecte et d’utilisation de données sur les
résultats (outcomes). Il s’agit d’abord, en ce qui concerne l’intégration clinique :
- l'uniformité des dossiers médicaux
- l'accessibilité des dossiers médicaux ;
- la planification et de la programmation des activités cliniques ;
- du partage des services de support ;
- du partage des services cliniques.
Enfin, les effets produits par l’intégration clinique sur la qualité des soins et la
performance du réseau touchent :
- l’amélioration de la qualité des soins et des services (accessibilité,
erreurs de traitement);
- la réduction de la duplication de services et procédures;
- l’amélioration de l’efficience et de la productivité;
- l’amélioration de la satisfaction du patient.
L’atteinte de ces résultats sera modulée par la stratégie et les conditions d’implantation.
Parmi les conditions d’implantation favorisant le recours et l’utilisation de l’IFS et ainsi
l’atteinte des résultats escomptés, nous identifions :
- l’implication des cliniciens et notamment des médecins dans projet;
- la mise en place d’incitatifs à ces cliniciens;
- l’accord préalable des différents acteurs;
- la préservation de la confidentialité des informations cliniques;
- la prestation de formation adéquate aux utilisateurs;
- l’accessibilité à un support technique rapide et adéquat aux utilisateurs
e en cas de problèmes.
Les résultats atteints seront aussi dépendants de divers facteurs comme le degré
d’implantation, à savoir, est-ce que tous les éléments du réseau de soins ont été intégrés à
l’IFS ? Le degré et la nature de l’utilisation qui sont faites de la technologie par les
différents utilisateurs a aussi un impact sur le succès de l’intégration clinique et sur la
production d’effets sur la qualité soins et services et la performance du réseau. Plus les
utilisateurs potentiels ont recours à l’IFS en y intégrant et y consultant une information de
qualité, plus les résultats seront satisfaisants et importants.
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Par ailleurs, le degré de pénétration de cette technologie dans les instances autres que
l’hôpital dépend du degré d’adhésion des gestionnaires à la vision du promoteur du
réseau de services territorial en terme de cohérence stratégique et de l’importance de la
contribution financière pour réaliser l’IFS, comme la mise en commun des ressources
pour réaliser des objectifs communs.
Enfin, le contexte qui servirait alors dans le réseau a pu moduler à la fois l’implantation
de l’IFS, son utilisation et les résultats observés tant en ce qui concerne l’intégration
clinique que les effets sur la qualité et la performance.
3. La méthodologie
L’évaluation de l’implantation, couvrant une période de trois ans, a été effectué pour tous
le territoire délimité géographiquement par la Municipalité régionale de comté (MRC)
Brome-Missisquoi comptant environ 46 000 habitants au moment de l’implantation de
l’IFS. Le territoire de provenance des patients des cliniciens de l’IFS Brome-Missisquoi
est plus vaste que la MRC Brome-Missisquoi elle-même. L’IFS s’est implantée partout
dans la MRC, ceci suivant la logique naturelle des habitudes de consommation de la
population et des pratiques des médecins. La population totale est donc d’environ 50 000
personnes.
Le réseau public de soins de santé comprend :
- un centre hospitalier de soins généraux de 83 lits de courte durée à
Cowansville, soit l’Hôpital Brome-Missisquoi-Perkins;
- le Centre local de services communautaire (CLSC) de la Pommeraie
avec trois points de services (Cowansville, Bedford, Farnham) et un
point de chute (Lac Brome);
- un établissement de soins prolongés de 249 lits répartis dans 4
établissements (Cowansville, Bedford, Farhnam et Sutton);
- des centres de prélèvements pour les analyses de laboratoires (CLSC de
Cowansville, Bedford, Farnham et au Foyer Sutton);
- quinze cliniques médicales privées.
La population d’utilisateurs potentiels est composée de l’ensemble des personnes
auxquelles un accès à l’IFS a été donné. Un mot de passe sur l’IFS leur a été attribué
depuis le début de son implantation en décembre 1995.
Plusieurs instruments de mesure ont été utilisés dans cette étude. L’entrevue avec le
promoteur et les personnes ressources en charge du développement clinique et de la
formation de l’IFS, soit 22 personnes, a constitué le premier instrument de mesure. Un
questionnaire comportant 63 questions adressé à tous les 448 utilisateurs (infirmières,
para médicaux, médecins) de l’IFS a aussi été posté quelques mois plus tard. Un taux de
réponse de 37.5 % a été obtenu avec 168 répondants. Les questionnaires des utilisateurs
potentiels portaient sur les aspects liés :
- au contexte entourant la mise en œuvre de l’IFS ;
- à son utilisation ;
- à l’implantation de l’IFS: perceptions ou réactions, la promotion, le
processus d’implantation et difficultés, soutien et aspects techniques,
formation, relations entre les utilisateurs et face aux patients, valeurs et
autonomie professionnelle, irritants ;
- à l’IFS en tant qu’intervention : accès, saisie, circulation et
confidentialité, communication de l’information entre intervenants,
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qualité et pertinence de l’information;
- aux effets perçus de l’IFS sur l’information en général, sur les services
de santé et sur diverses dimensions touchant les examens de laboratoire,
d’imagerie et sur le profil pharmaceutique;
- à la satisfaction;
- au profil socio-économique : profession, genre, âge, années
d’expérience dans le réseau en général et dans la région, lieu de
pratique principal, scolarité et université de formation (pour les
médecins).
Un questionnaire de 13 questions a aussi été élaboré pour deux cohortes de patients. La
première est formée de 27 patients plus âgés ayant enregistré plusieurs hospitalisations
entre 1996 et 2000 et la deuxième cohorte de 47 patients des services ambulatoires en
2000. Les patients ont été interrogé sur les modalités de l’octroi du consentement. Leur
perception a aussi été évalué en regard du respect de la confidentialité, des effets sur les
services et leur satisfaction face à ceux-ci.
Les données de journalisation des transactions effectuées sur l’IFS ont été fournies par la
firme MediSolution conceptrice des logiciels. Ces informations portent sur toutes les
transactions couvrant la période d’août 1997 à septembre 2000. Ces transactions ont pu
être documentées selon différentes perspectives soit :
- le type de transactions (création, interrogation, modification,
impression);
- la fonction (plan de soins, résultats de laboratoires et imagerie, profil
pharmaceutique, ordonnances, régimes alimentaires, consentement du
patient;
- le moment de la transaction (mois, année, jour de la semaine),
- le lieu du poste de travail (hôpital, CLSC, cabinets, centre de
prélèvements, par unité de soins et services);
- le type d’utilisateurs (infirmières, infirmières auxiliaires, secrétaires, médecins,
pharmaciens, ergothérapeutes et physiothérapeutes, diététistes, travailleurs
sociaux, coordonnatrices, support informatique).
Les questionnaires ont été bâtis à la lumière des informations déjà recueillies lors des
entrevues et donc avec une meilleure compréhension du contexte et des facteurs en jeux.
Les questionnaires ont été validés par plusieurs membres de l’équipe de recherche et
retravaillés à la lumière de nombreux commentaires. Ils ont, par la suite, été pré-testés
auprès de deux médecins, de plusieurs infirmières et autres professionnels et intervenants
afin de s’assurer de leur clarté auprès des répondants. Des améliorations ont été
apportées grâce aux suggestions reçues.
Une analyse de contenu a été effectuée sur des documents concernant la planification, la
promotion, la formation, la gestion interne ainsi que les divers articles de journaux sur le
sujet et différentes études effectuées sur ce projet.
À partir des données de la journalisation des transactions, nous avons analysé les
transactions effectuées sur les dossiers de patients ayant certaines pathologies chroniques
ou des conditions nécessitant un suivi post hospitalier afin d'analyse la continuité de
soins. Ces pathologies ou conditions, identifiables avec les codes CIM-91 sont
l’insuffisance cardiaque (428.0), l’angine de poitrine (413.9), les maladies pulmonaires
1 Il s’agit de la classification internationale des codes de diagnostics, version 9, de
l’Organisation mondiale de la santé.
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obstructives chroniques (496.9), le diabète (250.00 et 250.01) et le remplacement de la
hanche (93.59).
De 1999 à septembre 2000 concernant tous les patients ayant des diagnostics principaux,
correspondant à chacune de ces conditions, ont été identifiés par les archivistes. Par la
suite, nous avons identifié la nature des transactions effectuées et le lieu où celles-ci ont
été enregistrées. Le médecin conseil du projet a analysé l’utilisation par les cliniciens de
l’information disponible sur l’IFS pour chacune de ces conditions cliniques.
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Figure 1: Cadre conceptuel de la recherche
IFS
• Intranet
• Liens électroniques
INFORMATIONS ET MISE EN
RELATION DES SITES
Logiciels
• MédiPlan V 2.0 /
• MédiRésult
Interfaces
• TD-LIM (laboratoire)
• ADT
• Index-patient
• MédiPharm (pharmacie)
• MédiRad (imagerie)
SUPPORT A LA PRISE DE
DECISION ET SYSTEME
EXPERTS
• Plan de soins
• Requêtes résultats
labo/imagerie
• Plans de soins types
• Protocoles
• Gestions de cas
• Outils d’aide gestion
STRATÉGIE, DEGRÉ, DURÉE,
MODALITÉS CONDITIONS
D’IMPLANTATION
(équipement, gestion, suivi, formation,
information)
INTÉGRATION CLINIQUE
• Supporte une approche, une
orientation par l’intégration du
réseau de soins;
• Améliore la planification, la
continuité et l’accessibilité aux
ressources et aux résultats;
• Meilleure prise de décision;
• Améliore l’information (disponibilité,
cohérence, circulation, rapidité
d’accès).
EFFETS FINAUX
• Amélioration de la qualité des soins
et des services (accessibilité,
continuité, globalité, erreurs de
traitement);
• Amélioration de l’efficience (moins
de duplication de services et
procédures);
• Amélioration de la satisfaction du
patient.
UTILISATION DE
L’IFS
CONTEXTE
INTERVENTION
RÉSULTATS
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
4. Les résultats
Les résultats de l’étude seront présentés selon quatre volets soit : 1) la stratégie et les
conditions de mise en œuvre, 2) l’utilisation de la technologie par les cliniciens et
les conditions favorables ou défavorables à celle-ci, 3) l’impact sur l’intégration
clinique en réseau et 4) les effets sur la qualité et la performance du réseau.
4.1 La stratégie et les conditions de mise en œuvre
L’implantation des différents sites s’est faite progressivement au cours des années,
selon la stratégie qui avait été retenue dès le départ par le promoteur, soit le
directeur général de l'hôpital. Entre août 1997 et septembre 2000, le nombre de
postes et de sites a connu une croissance soutenue. À l’hôpital, le nombre de postes
est passé de 15 à 51, ce qui a permis de mettre l’IFS à la disposition de toutes les
unités et tous les services. Le nombre de sites est passé de 7 à 20, ce qui a permis de
relier la plupart des départements de l’hôpital. À l’extérieur de l’hôpital, le nombre
de postes est passé de 4 à 38 alors que le nombre de sites évoluent de 3 à 20. La
plupart des sites reliés ont en moyenne 2 postes d’IFS. Malgré le fait que l’IFS soit
une initiative qui émane de l’hôpital, le nombre de sites à l’extérieur de l’hôpital a
augmenté de façon importante et est aujourd’hui équivalent au nombre de sites à
l’hôpital. La plupart des sites externes ont été intégrés à l’IFS à partir de mars
1999, ce qui a permis de relier la plupart des sites de la MRC. Le nombre de postes
est toutefois plus important à l’hôpital qu’à l’externe (51 contre 38), ceci compte
tenu du fait que 74.3 % (333 sur 448) des utilisateurs travaillent à l’hôpital BMP.
Des facteurs identifiés dans la littérature ou par les utilisateurs comme favorables ou
non favorables à la mise en œuvre de l’IFS ont été analysés. Ces facteurs sont
regroupés en trois catégories soient la promotion et l’organisation du projet, les
incitatifs économiques et les évènements concomitants. Les principaux facteurs
ayant favorisé le projet sont la vision du promoteur, le recours à des incitatifs
financiers et le contexte propice à l’introduction d’innovation qui sévissait à
l’époque à l’hôpital. Par contre, le partage insuffisant de la vision du prometteur,
l’implication déficiente des utilisateurs au projet, notamment celle des médecins,
l’absence de soutien financier des instances gouvernementales, les compressions
budgétaires ont occasionné des problèmes dans l’implantation.
Globalement, le déploiement de cette innovation s’est effectuée tel que prévu. Les
contraintes majeures ont été aplanies par le recours à des incitatifs financiers et en
implantant, d’abord, le système dans les secteurs où les acteurs étaient le plus
susceptibles d’adhérer au projet. Seule l’intégration des pharmacies communautaires
a échoué jusqu’à présent. Il ne semble pas que les propriétaires des pharmacies aient
perçu des avantages à s’intégrer au réseau contrairement à l’avis des pharmaciens et
des médecins de l’hôpital.
4.2 L’utilisation de l’IFS par les cliniciens
13
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
Depuis septembre 1997, le nombre de transactions ou de recours à l’IFS a augmenté
de façon soutenue avec le rythme d’implantation..La consultation d’information
(fonction interrogation) regroupe 88.6 % des transactions. Viennent ensuite,
l’impression de différents rapports (7.9 %) et la modification d’informations
(2.6%). A l’hôpital, la plus grande partie des transactions s’effectue dans les unités
d’hospitalisations de médecine (34 %) et de chirurgie (33 %). A l’extérieur de
l’hôpital, 44 % des transactions sont effectuées au CLSC (soutien à domicile) et 41
% aux différents centres de prélèvements. Les transactions effectuées dans les
cliniques médicales comptent pour moins de 10 % du recours enregistré en dehors
de l’hôpital.
En septembre 2000, dernière période documentée, 238 cliniciens ou utilisateurs
étaient intégrés à l’IFS comparativement à 159 trois ans plus tôt. Chaque catégorie
de cliniciens fait une utilisation qui lui est propre de l’IFS. Les 172 infirmières
forment la catégorie qui utilise le plus l’IFS (80 % des transactions) car il s’agit d’un
outil essentiel avec le plan de soins informatisé. Le plan de soins constitue
d’ailleurs la fonction la plus utilisée. Les 21 médecins génèrent eux–mêmes près de
10 % des transactions. Par contre, les autres utilisateurs nous ont mentionné que
certains médecins utilisent l’IFS par le biais des infirmières de l’hôpital ou de leur
secrétaire en clinique privée. Nous sous estimons donc l’utilisation réellement faite
par les médecins. En cabinet privé, ceux-ci utilisent presque uniquement
l’impression des rapports de laboratoires et d’imagerie.
Le recours important à l’IFS par les différents cliniciens a été favorisé par une
formation à tous les utilisateurs potentiels, un support technique jugé très adéquat ou
adéquat par une majorité d’usagers et la perception que l’IFS est un outil de travail
et de communication indispensable. Par contre, l’implication insuffisante des
médecins dans les activités de formation et d’implantation déplait à d’autres
cliniciens ou utilisateurs. De plus, le déploiement incomplet pour certaines
catégories de cliniciens (pharmaciens dans la communauté, nuit à l’intégration
d’éléments importants du réseau.
4.3 L’impact sur l’intégration clinique en réseau
Cette perception plutôt négative peut s’expliquer par l’intégration incomplète de
l’IFS de certains professionnels. Certains utilisateurs interrogés ont mentionné que
le manque d’intégration de certains types de professionnels complique la tâche aux
autres et cause de l’ambiguïté. Les objectifs ne sont peut-être pas assez clairs sur le
type de professionnels et intervenants qui doivent être intégrés à l’IFS et où se
termine son déploiement. Les inhalothérapeutes, malgré qu’ils ont un accès,
n’utilisent que très peu l’IFS et continuent de travailler en parallèle avec leur propre
feuille de notes, privant ainsi les autres professionnels d’informations pertinentes sur
les patients. Les diététistes sont également visées alors que l’on pense qu’elles
pourraient se servir de l’IFS pour y inscrire leurs notes et les diètes des patients. Par
contre, le fait que toutes les unités d’hospitalisations, les soins à domicile du CLSC,
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
presque toutes les cliniques médicales privées sont reliées au réseau permet une
intégration de la majeure partie des cliniciens oeuvrant auprès des patients.
Les utilisateurs croient également que l’IFS est un outil de communication
indispensable (beaucoup et énormément 42.5 % contre 25.9 % pas du tout et peu).
L’IFS est également vue comme un outil favorisant l’autonomie professionnelle
(beaucoup ou énormément 44.6 % contre 27.7 % pas du tout ou peu).
Interrogés sur les changements qu’a produits l’IFS sur la communication de
l’information entre intervenants, les infirmières et autres professionnels et
intervenants sont d’avis très partagés concernant les changements qui se seraient
opérés dans la communication entre eux et les autres intervenants en général. Plus
précisément, il ressort que l’IFS:
- améliore “beaucoup ou énormément” la communication entre eux et le
personnel du laboratoire (59.9 %), le personnel de l’imagerie (45.3 %) et
les infirmières (45.1 %);
- n’améliore “pas du tout ou peu” la communication entre eux, les
pharmaciens (35.2 %), les médecins (42.9 %), le personnel des cliniques
médicales (48.9 %), le personnel des centres de prélèvements (41.5 %) et
les patients (43.6 %).
- ne fait pas unanimité sur son influence sur l’amélioration de la
communication entres eux et le personnel du CLSC (soutien à domicile).
Une majorité d’utilisateurs (67.3%) considèrent que l’IFS permet d’accéder
«beaucoup et énormément» plus rapidement aux résultats d’examens. Il permettrait
de rendre disponible moyennement beaucoup ou énormément (47.3%) plus
d’informations sur les hospitalisations antérieures, aux rapports d’imagerie (70.6
%,). Une majorité d’utilisateurs (75.4%), toutes catégories confondues, indique que
l’IFS fournit une accessibilité aux résultats 24 heures sur 24 et 7 jours par semaine
ce qui est un atout. Le plus grand bénéfice pour les médecins est sans aucun doute
la réception et l’impression automatique des résultats de laboratoire directement
dans leurs cliniques. Auparavant, c’est lors de son passage à l’hôpital qu’un des
médecins d’une clinique recueillait les feuilles de résultats dans leur casier et se
chargeait ensuite de les rapporter à sa clinique. Le délai était souvent long (d'une
semaine à deux semaines) avant que le médecin n’ait accès aux résultats de ses
patients. Aujourd’hui, aussitôt que les résultats sont prêts, ils s’impriment
automatiquement à la clinique.
Les utilisateurs apprécient davantage l’utilisation de l’IFS que les outils en place
antérieurement. Interrogés sur divers aspects de l’IFS, ils disent apprécier davantage
la situation présente, c’est-à-dire :
- les plans de soins informatisés (64.0 %) ;
- les requêtes de laboratoire (54.7%) et d’imagerie (51.8 %)
informatisées ;
- le profil de médication informatisé (45.8 %)
15
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
- les résultats de laboratoire (80.2 %) et d’imagerie (43.4 %)
informatisées.
Cela crée une meilleure communication entre l’hôpital et le CLSC (soutien à
domicile). Auparavant, les nombreux détails sur la clientèle nécessitant des soins à
domicile étaient transmis par téléphone. Maintenant, aussitôt que le patient a
consenti à ce que les données cliniques soient partagées, les plans de soins
hospitaliers et du CLSC (soutien à domicile) peuvent être consultés d’un côté
comme de l’autre. Au CLSC (soutien à domicile) en particulier, le plan de soins est
perçu de façon positive comme étant un outil complet, clair et lisible qui permet de :
- transférer l’information plus rapidement entre l’hôpital et le
CLSC.
- centraliser l’information à l’ordinateur. Auparavant, tout était
dispersé dans les dossiers et les cartables.
Les médecins interrogés évaluent que l’IFS a peu ou pas du tout permis d’améliorer
les décisions et actes dans les circonstances suivantes :
- rencontre avec un autre professionnel (53.8%) ;
- salle d’urgence (46.1 %) ;
- à l’hôpital en général (44 %) ;
- au CLSC (47.8%) ;
- consultations auprès du patient (36 %).
Par contre, ils indiquent que l’IFS leur permet moyennement, beaucoup ou
énormément d’ :
- offrir un meilleur suivi médical (70.3%) ;
- offrir un meilleur suivi pharmaceutique (46.1%) ;
- offrir une meilleure prise en charge des patients en situation
d’urgence (57.7%).
4.4 Les effets sur la qualité et la performance
Les différentes dimensions de la qualité analysées par le biais de la perception des
utilisateurs sont l’accessibilité, la continuité et la qualité technique. La continuité a
aussi été analysé par la distribution des transactions entre les composantes du réseau.
a) L’accessibilité aux soins
De façon générale, les utilisateurs sont d’avis que l’IFS permet de
moyennement à énormément une meilleure accessibilité aux soins dans 45.1 % des
cas. L’impact perçu par les utilisateurs de l’IFS sur les délais d’attente de prise en
charge entre l’hôpital et le CLSC lors de transferts de clientèle est modéré. Seulement
24.8 % des répondants indiquent beaucoup ou énormément d’effets et 13.7%
moyennement d’effets. Il en est de même pour les délais lors de la demande
d’examens puisque seulement 25.7% des répondants sont d’avis que ceux-ci ont
diminué beaucoup et énormément et 13.3 % moyennement.
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
Les médecins considèrent que l’IFS a produit de moyennement à
énormément une diminution des délais d’attente (,37 %) et une élimination des
retards dans le traitement des patients (66.6 %).
b) La continuité
Les utilisateurs de l’IFS sont d’avis que cette innovation a permis d’améliorer
beaucoup ou énormément la continuité des soins d’un professionnel à l’autre ou d’un
établissement à l’autre pour respectivement 39 % et 41% d’entre eux.
Pour compléter cette analyse de la continuité., nous avons sélectionné une série de
diagnostics cliniques nécessitant une demande de résultats pour le médecin traitant
ou le médecin de famille. Nous avons retenu 17 diagnostics et sous diagnostics
pour cette analyse.
Ces diagnostics ont été retenus en fonction de deux types de conditions cliniques.
Le premier type est lié à des conditions cliniques chroniques telles l’obstruction
chronique des voies respiratoires et le diabète insulino-dépendant. Le deuxième
type est lié à des conditions cliniques aiguës pouvant requérir un suivi médical post
hospitalisation ou un suivi médical plus serré pendant l’hospitalisation. L’angine de
poitrine, l’insuffisance cardiaque globale et le remplacement de la tête du fémur font
partie de ce deuxième type.
Pendant la période couverte par le projet, il y a eu 164 989 transactions pour ces 17
diagnostics. Ces transactions regroupent un total de 377 patients, soit une moyenne
de 438 transactions par patient. Par ordre d’importance, les quatre conditions
cliniques ayant le plus de transactions sont les suivantes :
- obstruction chronique des voies respiratoires (code 469.9) avec
24,1% ;
- angine de poitrine (code 413.9-413.9S) avec 32,0 %;
- insuffisance cardiaque globale (code 428.0) avec 10,4 %.
La proportion des dossiers consultés est similaire à celle des transactions. Par
exemple, l’obstruction chronique des voies respiratoires représente 24,1 % des
transactions pour 23,9 % des dossiers. La provenance principale des transactions est
l’hôpital avec près de 90 % des transactions totales. Il y a en moyenne 393
transactions par dossier à l'hôpital.
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
Tableau 1 : Transactions par usager par diagnostic
DIAGNOSTIC
Total des
transactions
BMP
Extérieur BMP
Infirmière
Inf.
auxiliaire
Secrétaire
Infirmière
Secrétaire
Autre remplacement total de la hanche
5 151
79,0
0,6
13.5
0,3
0
Autre remplacement de la tête du fémur
13 393
77,0
1,1
7,7
4,1
1,1
Angine de poitrine
32 421
76,7
2,7
6,0
5,2
3,0
Angine de poitrine probable
1 097
73,9
1,0
6,6
10,9
0
Angine de poitrine soins intensifs
Probables
207
98,1
0
0
0
0
Angine de poitrine soins intensifs
20 542
80,5
3,0
3,2
4,5
2,2
Insuffisance cardiaque globale
17 055
66,7
3,9
6,3
13,2
4,3
Insuffisance cardiaque globale
soins intensifs
3 244
88,2
2,7
4,7
0,2
0,1
Insuffisance cardiaque globale
Complications
soins intensifs
484
63,8
7,4
8,9
12,2
5,0
Insuffisance cardiaque gauche
10 330
80,2
2,8
5,8
2,9
1,6
Insuffisance cardiaque gauche
soins intensifs
6 858
76,5
2,2
2,8
7,9
2,6
Insuffisance cardiaque Sai
4 471
65,4
3,4
5,8
14,1
6,2
Insuffisance cardiaque sai
soins intensifs
271
84,9
0,4
3,7
0
4,4
Obstruction chronique des voies
Respiratoires
39 672
71,6
4,7
5,6
9,0
2,6
Obstruction chronique des
respiratoires SI
6 588
78,9
3,5
3,0
5,1
3,0
Diabète de l’adulte non
insulino-dépendant
937
83,7
0,4
3,5
1,3
0,3
Diabète de l’adulte insulino-dépendant
2 139
50,4
2,9
7,0
19,6
9,8
Les CLSC comptent 7,9 % des transactions et les cliniques 2,2 %. Les CLSC
enregistrent en moyenne pour ces conditions 35 transactions par dossier et les
cliniques 10.
Nous constatons une importante proportion des transactions effectuées par les
infirmières. Cette concentration est plus élevée au centre hospitalier qu’à l’extérieur
de l'hôpital. À l’extérieur, l’usager secrétaire a un niveau nettement supérieur
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
comparativement au milieu hospitalier. La concentration des transactions pour ces
conditions à l’hôpital et effectuées par les infirmières avec une activité tout de
même intéressante au CLSC pour le maintien à domicile, nous indique une faible
intégration pour ces épisodes de soins. L’utilisation par les médecins reste marginale
pour le suivi de ces patients qui se concentrent sur la requête et les résultats de
laboratoires.
d) La qualité technique
La qualité technique a été apprécié par le biais des erreurs dans les traitements et par
le temps consacré aux patients. La pharmacienne et le médecin du projet ont tenté de
mesurer les erreurs liées au processus d’ordonnances, de préparation et
d’administration des médicaments à partir du rapport d’incidents accidents de
l’hôpital. Malheureusement, si ces incidents sont documentés depuis l’implantation de
l’IFS, pour la période antérieure il n’a pas été possible de documenter cet aspect.
Pour l’ensemble des traitements, les utilisateurs sont dans 41 % des cas d’avis que
l’IFS a permis de réduire de moyennement à énormément les erreurs de traitements.
Un des facteurs explicatifs serait la réduction (moyenne à énorme) provoqué par l’IFS
sur les pertes d’informations concernant le patient (66.1 %) et la diminution (58.4%)
des risques d’erreurs de retranscriptions tel que perçues par les utilisateurs de
moyennement à énormément.
Presque la moitié des utilisateurs interrogés (46.5%) croient que l’IFS occasionne de
moyennement à énormément une diminution de la présence des cliniciens auprès du
patient. En ce qui concerne le volet pharmaceutique, les utilisateurs non médecins
sont d’avis que l’IFS n’a pas permis de réduire les erreurs. En fait, les personnes
interrogés croient l’IFS ne permet pas du tout ou peu :
- de réduire les erreurs de préparation des médicaments par les
pharmaciens (30.9 % et 51.9 % ne se prononcent pas) ;
- de diminuer le risque d’erreurs d’inscription pour les médicaments
(40 % et 34.7 % ne se prononcent pas) ;
- de réduire l’attente entre la prescription et le moment où l’on obtient
les médicaments (61.7 % et 35.8 % ne se prononcent pas) ;
- d’éliminer le nombre de prescriptions inappropriées (42.6 % et 42.6
% ne se prononcent pas).
Au contraire, ces utilisateurs sont d’avis que l’IFS engendre de moyennement à
énormément les problèmes suivants ;
- des erreurs dans la préparation (29.1% et 41.8% ne se prononcent
pas) ;
- des inconvénients dans son utilisation (47.4% et 34.6 % ne se
prononcent pas) ;
19
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
- des problèmes de mise à jour des prescriptions (45 % et 35.8 % ne
se prononcent pas).
Le principal facteur associé à ces différents problèmes et à la perception négative à
l’égard du volet pharmaceutique de l’IFS est la fermeture des activités de la
pharmacie le soir et la nuit. Pendant cette période le profil de médication n’est plus à
jour dans le système informatique. Les cliniciens doivent donc avoir un système
parallèle ce qui augmente les risques d’erreurs.
Pour les autres volet de l’IFS, les utilisateurs affirment que cette innovation
n’augmente pas du tout ou peu les risques d’erreurs (56.8 %).
e) L’efficience technique
Pour établir les effets sur l’efficience nous avions au début du projet compilé des
informations sur le nombres d’appels reçus aux laboratoires et en imagerie des
médecins pour des résultats. Ces appels ont pratiquement tous été éliminés. Nous
avons analysé la perception des utilisateurs sur l'efficience technique. Les différentes
entrevues avec le personnel de l’hôpital indiquent que l’IFS a permis de diminuer les
coûts de main d’œuvre des laboratoires. Une majorité d’utilisateurs (79.1 %) indique
d’ailleurs que l’IFS a contribué à réduire le nombre d’appels aux laboratoires et au
service d’imagerie de l’hôpital.
Selon les utilisateurs de l’IFS, cette innovation a permis (de moyennement à
énormément) les impacts suivants sur l’efficience :
- Élimination de retranscriptions d’informations (59.1%);
- Réduction du dédoublement d’examens (58.4%) ;
- Réduction des pertes de requêtes d’examens (49.1 %)
- Élimination de duplications dans les requêtes d’informations entre
l’hôpital et les autres établissements (46.1%).
Il n’y aurait pas eu du tout ou peu d’impact par le biais de la réduction du nombre de
prescriptions (43.1%) ou par la réduction du temps d’entrée des données
démographiques ( 36.8%).
Par contre, les médecins sont majoritaires à affirmer que l’IFS permet d’éviter des
déplacements des patients pour des examens déjà faits (64.3 % de moyennement à
énormément).
f) Satisfaction des patients
Le dernier effet attendu et faisant l’objet de l’évaluation de l’IFS est la perception
des patients sur différents aspects de cette innovation. Plus précisément, nous avons
voulu sonder leur l’opinion en ce qui concerne le respect de la confidentialité,
l’accessibilité aux soins, la qualité et la continuité des soins.
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
Une majorité de patients étaient au courant de l’existence de l’IFS (69%). Cette
proportion est plus élevée dans le groupe 1 (72.4% versus 66.7 % pour le groupe 2)
qui est constitué de plus grands utilisateurs de soins et services à l’hôpital. La
majorité des patients (68.9 %; 21.6 moyennement et 47.3 % beaucoup et
énormément) sont confiants que les procédures du système font en sorte que la
confidentialité est bien respectée.
En ce qui a trait à la perception quant à la qualité des soins les résultats démontrent un
haut niveau de satisfaction. Presque 60 % des patients considèrent que l’IFS a amené
(de moyennement 17.3 % à énormément 40.0%) une meilleure accessibilité aux soins,
une meilleure accessibilité aux résultats d’examens (74.3 %) et moins d’attente dans
la prestation des soins (62.4%). Près des deux tiers des patients (66.8%) sont aussi
convaincus que l’IFS permet (de moyennement à énormément) une meilleure qualité
de soins et une plus grande continuité dans les soins d’un professionnel à l’autre (66.3
% de moyennement à énormément) et d’un établissement à l’autre (64.8%).
5. Conclusion
L’implantation de l’IFS peut être qualifiée d’assez réussie. La majorité des
utilisateurs visés se sont appropriés l’IFS et ses diverses composantes, ceci malgré
un contexte d’implantation exigeant en adaptations de toutes sortes. L’IFS a été
perçue par plusieurs comme un élément perturbateur dans l’organisation mais son
utilisation n’a fait que progresser à travers les années. L’implantation de l’IFS à
l’hôpital et à l’extérieur est assez équivalente en terme du nombre de sites existants
mais on compte davantage d’utilisateurs et de postes de travail à l’hôpital BMP. Le
degré d’utilisation des différents sites varie fortement, les unités de médecine et de
chirurgie étant les plus actives et à l’opposé ce sont aux cliniques médicales qu’il y a
le moins de transactions.
Dans l’ensemble, l’intégration des différents types de professionnels et intervenants
s’est bien concrétisée et l’utilisation qu’ils en font s’est ancrée davantage d’année en
année dans la pratique. Les professionnels les mieux représentés sont les infirmières
qui forment le groupe professionnel qui compte le plus d’utilisateurs et qui fait plus
de la moitié des transactions existantes, à l’hôpital comme à l’extérieur. Toutefois,
l’intégration individuelle face au système n’est pas complète car il subsiste encore
une proportion importante d’utilisateurs qui ont recours à d’autres personnes pour
utiliser l’IFS à leur place.
Toutefois, il existe certains écarts entre l’IFS planifiée et implantée car certains
éléments prévus font défaut. Il s’agit de :
- l’absence de certains types de professionnels qui auraient amené
une dimension plus multidisciplinaire à l’utilisation de l’IFS;
- des problèmes dans l’intégration clinique requise pour les
pathologies nécessitant une continuité de soins;
- la présence à certains niveaux d’un système papier en parallèle;
21
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
- la non-intégration des pharmacies privées;
- pharmacie de l’hôpital fermée pas deux quarts de travail sur trois;
- volet ambulatoire faiblement intégré;
- le manque d’appropriation de l’IFS par les médecins.
Certaines explications peuvent être apportées pour expliquer ces écarts. Tout d’abord
les professionnels qui ne se sont pas encore intégrés, comme utilisateurs du système,
n’ont pas subit d’incitation ni de pression à l’utiliser, de nature à motiver un
changement de pratique. De plus, il aurait été souhaitable que des efforts soient
consacrés à l’étude du transfert et de l’opérationnalisation du mode papier vers le
mode IFS pour empêcher à certains niveaux la présence perpétuelle du mode de
fonctionnement papier.
Concernant les pharmacies privées, leur non-intégration est due à un manque
d’intérêt de leur part et de l’absence de bénéfice qu’elles considéraient pouvoir en
retirer.
On espérait une appropriation complète de l’outil par les médecins et dans un but
ultime, la consultation en directe de données en présence des patients. Ceci ne
s’étant certes pas réalisé. Ceci peut s’expliquer par le fait que la seule composante
qui attire les médecins dans l’IFS soit la réception des résultats de laboratoire et
d’imagerie. Le plan de soins est considéré comme un outil infirmier et l’envoi de
requêtes est perçu comme pouvant se faire par d’autres personnes qu’eux-mêmes. Il
faut considérer que l’implantation de l’IFS a été réalisée par les infirmières et que
l’aspect pivot du système est et reste le plan de soins infirmier. Ce sont surtout les
infirmières qui effectuent les transactions (66%) tandis que les médecins génèrent
que 8.8% de celles-ci. Afin de susciter davantage l’intérêt des médecins, le système
devra être repensé afin d’amener d’autres composantes et fonctionnalités pouvant se
présenter des bénéfices immédiats et concrets pour la pratique des médecins et pour
leurs patients. Un résumé de dossier a été mentionné par certains médecins comme
un élément manquant pour la prise de décision. Des incitatifs liés à l'attente de
résultats devraient aussi être envisagés.
Les effets perçus sur l ’accessibilité aux soins, la continuité et les erreurs dans le
volet pharmacie sont généralement modérés. Il faut d ’autres études mesurant l ’état
de santé pour se prononcer sur la qualité. Des effets perçus sont cependant plus
importants concernant l ’efficience par le biais de la réduction des retranscriptions,
et du dédoublement d ’examens et des pertes de requêtes.
Enfin les patients sont satisfaits en regard du respect de la confidentialité et ils
indiquent majoritairement des impacts positifs de l’IFS sur la qualité des soins.
Pour favoriser l’atteinte des objectifs d’intégration et des impacts sur la
qualité des services et l’efficience des composantes du réseau, il faudra que ceux-ci
Santé et systémique. Volume 6 – n° 1-2-3/2002
soient partagées et que cette vision soit clairement véhiculée. L’implication
médicale doit être accentuée. Les médecins ne perçoivent pas vraiment qu’ils sous-
utilisent l’IFS. Selon eux, leur utilisation reflète le besoin qu’ils ont du système. Il
faut dire que l’organisation entretenait de grandes espérances face à l’utilisation
qu’allaient en faire les médecins. Il semble que les médecins ne changeront leur
pratique que si l’utilité de certains éléments, facilement accessibles, présentent un
bénéfice immédiat et éminent. Il faudra aussi sensibiliser l’ensemble des cliniciens
à une pratique en véritable réseau.
Pour ce faire, il faut un porteur de dossier convaincant et tenace. Il faudra aussi
envisagée des liens avec les systèmes d’informations pour élaborer un véritable
dossier patient.
Considérant tous ces facteurs ensemble, il nous semble clair qu’il est pertinent de
promouvoir le développement de l’IFS. Il s’agit d’un moyen nécessaire pour
améliorer l’intégration clinique. À cela, nous voyons présentement deux types
d’obstacles. Premièrement, dans beaucoup de régions du Québec, il n’existe pas
encore de vision stratégique sur le développement des nouvelles technologies dans le
domaine de la santé. Il faudrait aussi que le ministère de la santé et les régies
régionales mettent en place des incitatifs pour pousser le développement de
technologie d'informations permettant le fonctionnement de véritables réseaux
cliniques.
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