RÉSUMÉ
Cet article entend projeter une image plus précise des institutrices ayant travaillé dans les écoles de campagne du Bas-Canada de 1825 à 1860. On y soutient que le processus de féminisation du métier d'enseignant a été trop rapidement attribué aux maigres salaires consentis à de toutes jeunes filles, jugées à tort inexpérimentées, incompétentes et passives. Appuyée sur des sources nouvelles, l'analyse révèle un processus plus complexe qui s'amorce très tôt au Québec, dès le premier tiers du XIXe siècle, et qui tient davantage des difficultés financières et des préférences des communautés locales, de l'appropriation du métier par les institutrices, du retrait des hommes de l'enseignement primaire et des politiques des autorités scolaires. Possédant souvent une expérience de plusieurs années ainsi qu'une formation jugée adéquate et manifestant un réel souci d'améliorer leurs connaissances et leur pratique, les institutrices rurales ont apporté une contribution essentielle à l'entreprise de scolarisation de l'ensemble de la jeunesse bascanadienne.