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Reçu : juin 2009 ; Accepté : septembre 2009 Étude et Gestion des Sols, Volume 16, 3/4, 2009 - pages 255 à 274
Effet d’apports de composts sur
la disponibilité de micropolluants métalliques
et organiques dans un sol cultivé
255
S. Houot(1), Ph. Cambier(1)(2), P. Benoit(1), M. Deschamps(1), A. Jaulin(2), C. Lhoutellier(3)
et E. Barriuso(1)
1) INRA, UMR 1091 Environnement et Grandes Cultures, 78850 Thiverval Grignon, France
2) INRA, PESSAC, Route de Saint Cyr, 78026 Versailles Cedex, France
3) CREED, Veolia Environnement RetD, 78520 Limay, France
RÉSUMÉ
Les effets à moyen terme du recyclage en agriculture de composts sur les caractéristiques physico-chimiques et la composante bio-
logique de sols cultivés, incluant microflore et faune, ont été évalués dans un essai au champ mis en place en 1998. Les composts
sont avant tout des matières organiques dont l’apport augmente la fertilité et l’activité biologique du sol. Mais ils sont aussi vecteurs de
polluants organiques et métalliques (ETM) en faibles concentrations. Leurs applications répétées pourraient avoir un effet perturbateur
sur le fonctionnement biologique des sols, en raison du cumul de faibles doses de polluants. Après 9 ans d’expérimentation, 5 épan-
dages de composts de boue (DVB) et d’ordures ménagères résiduelles (OMR) ont conduit à une différenciation des caractéristiques
physico-chimiques des sols comme le pH, les teneurs en C et N organique. Les apports de composts ont augmenté significativement
les teneurs en Cuivre et Zinc total dans les horizons de surface. Cette évolution est peu ou pas visible pour les autres ETM.
Les épandages de composts augmentent le compartiment de matière organique particulaire [50 µm -5 mm] légère, séparée par fraction-
nement granulo-densimétrique, surtout dans le traitement DVB. Cette fraction est plus riche en matière organique et en certains ETM.
Les apports de composts augmentent les ETM extractibles à l’EDTA (fraction potentiellement mobilisable) de façon plus marquée que
les ETM totaux. En revanche, les proportions d’ETM échangeables les plus disponibles (moins de 1 % des ETM totaux), sont modulées
par les effets des composts sur le pH du sol. Les concentrations en HAP sont de l’ordre de grandeur des concentrations mesurées dans
les sols cultivés. Les concentrations en HAP sont supérieures dans les matières organiques particulaires qui concentrent ces polluants
sans différence significative entre les traitements. Les résultats des effets sur les composantes biologiques du sol sont présentés dans
2 autres articles de cette même revue.
Mots clés
Compost, Elément Trace Métallique (ETM), spéciation, HAP, essai de longue durée, fractionnement granulo-densimétrique.
256 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
SUMMARY
EFFECT OF REPEATED COMPOST APPLICATIONS ON AVAILABILITY OF ORGANIC AND METALLIC MICROPOLLUTANTS IN
SOIL
The effects at medium term of repeated compost spreading on cultivated soil on the physico-chemical characteristics and biological
activity, including soil microflora and earthworm population, have been studied in a field experiment started in 1998. The composts are
organic amendments that increased soil fertility. They brought also small concentrations in heavy metals (HM) and organic micropollu-
tants (Polycyclic aromatic hydrocarbons, PAH). Their repeated applications could disturb the biological functioning of a soil, in relation
with progressive accumulation of pollutants. After 9 years of experimentation, 5 spreading of sludge compost and municipal solid waste
compost have modified physico-chemical characteristics of soil such as pH, organic matter contents… Total Cu and Zn concentrations
in soil also significantly increased. Such evolution was not noticeable for the other HM and PAH. The PAH concentration in soil corres-
ponded to usual concentrations found in cultivated soils. The particulate organic matter [50 µm -5 mm] increased in soil after compost
application, mainly with sludge compost. The HM and PAH concentrations were larger in this particulate organic matter compared to total
soil. The fraction of HM extractable with EDTA increased compared to control more than total HM in soil receiving composts. However
the exchangeable fraction of HM (< 1 % total HM) was mitigated by the effect of compost on soil pH. The effects of compost application
on microflora and earthworm population are presented in other papers of the present journal.
Key-words
Compost, trace elements, speciation, PAH, long-term field experiment, particle size fractionation.
RESUMEN
EFECTOS DE APORTES DE COMPOSTES SOBRE LA DISPONIBILIDAD DE MICRO-CONTAMINANTES METÁLICOS Y
ORGÁNICOS EN UN SUELO CULTIVADO
Se evaluaron los efectos a mediano plazo del reciclaje en agricultura de compostes sobre las características físico-químicas y el com-
ponente biológico de los suelos cultivados, incluyendo microflora y fauna en un ensayo de campo establecido en 1998. Los compostes
están sobre todo materias orgánicas cuyas aporte aumenta la fertilidad y la actividad biológica del suelo. Pero están también vectores
de contaminantes orgánicos y metálicos (ETM) en pequeñas concentraciones. Sus aplicaciones repetidas podrían tener un efecto
perturbador sobre el funcionamiento biológico de los suelos, en razón del cúmulo de pequeñas dosis de contaminantes. Después de
9 años de experimentación, 5 esparcimientos de compostes de lodo (DVB) y de basuras domesticas residuales (OMR) condujeron a
una diferenciación de las características físico-químicas de los suelos como el pH, los contenidos en C y N orgánico. Los aportes de
compostes aumentaron significativamente contenidos en Cobre y en Zinc total en los horizontes de superficie. Esta evolución está poco
o no visible para los otros ETM.
Los esparcimientos de compostes aumentan el compartimento de materia orgánica particular (50 µm – 5 mm) liviana, separada por
fraccionamiento granulo-densimétrico, sobre todo en el tratamiento DVB. Esta fracción está más rica en materia orgánica y en ciertos
ETM. Los aportes de compostes aumentan los ETM extractables al EDTA (fracción potencialmente disponibles de manera más marcada
que los ETM totales). En cambio, las proporciones d’ETM intercambiables los mas disponibles (menos de 1 % de los ETM totales), se
modulan por los efectos de los compostes sobre el pH del suelo.
Palabras clave
Compostes, elementos en trazas metálicos, especiación, HAP, ensayo de larga duración, fraccionamiento granulo-densimétrico
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 257
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Le recyclage en agriculture de produits résiduaires
organiques (PRO) est une pratique ancienne qui se
justifie pleinement par leur valeur agronomique. Les
PRO épandus sont avant tout des matières organiques (MO)
et les effets positifs des épandages sont ceux généralement
associés à tout apport de MO : stimulation globale des
populations microbiennes ou de la faune, amélioration des
propriétés des sols liées à la teneur en MO (amélioration de la
stabilité de la structure, augmentation de la disponibilité des
éléments fertilisants…). Les PRO sont également vecteurs
de micropolluants organiques (composés traces organiques,
CTO) ou métalliques (éléments en traces métalliques, ETM)
mais les flux d’entrée sont faibles par rapport aux stocks
présents naturellement dans les sols (Houot et al., 2002) ou
même par rapport à d’autres flux tels que ceux associés, selon
les cas, aux engrais, aux traitements phytosanitaires ou aux
dépôts atmosphériques (Alcock et al., 1995 ; Barriuso et al.
1996 ; Sogreah, 2007). En conséquence, les effets éventuels
ne seront observables qu’à long terme et en cas d’épandages
répétés, pouvant générer des effets cumulatifs de faibles doses
de plusieurs polluants. De nombreux travaux ont été conduits
sur les effets à court ou moyen terme d’apports massifs de
produits souvent fortement contaminés (Juste et Mench,
1992 ; McGrath et al., 2000), qui ne sont pas représentatifs des
pratiques réglementaires actuelles. Si les CTO se dissipent
plus ou moins rapidement dans les sols, les ETM s’accumulent
en surface (Jackson et Alloway, 1991 ; Planquart et al., 1999 ;
Chang et al., 1984 ; Madrid et al., 2007 ; Hargreaves et al.,
2008 ; Smith, 2009). Cependant, les PRO apportés, sources
d’ETM, tendent aussi à limiter leur disponibilité en raison de la
forte affinité intrinsèque entre matière organique et métaux en
traces. Cependant la minéralisation lente de cette MO après
arrêt des apports conduirait à une libération de ces éléments
sous des formes plus disponibles (McBride, 1995 ; Smith,
2009). Il est par contre assez bien établi que le compostage
tend à réduire la disponibilité de métaux présents dans des
déchets organiques et dégrade certains CTO (Leita et De
Nobili, 1991 ; Martens, 1982 ; Pakou et al., 2009 ; Richards et
al., 2000 ; Smith, 2009).
Les PRO en tant que matières organiques vont s’incorporer
aux MO du sol et donc participer à leur cycle biogéochimique.
En fonction de la taille granulométrique des fractions de MO
(sol et PRO), leur dynamique sera différente et il est maintenant
admis que les MO associées aux fractions grossières du sol (>
50 mm) sont des MO jeunes ayant un turnover rapide (Balesdent,
1996). Cela pourrait avoir des conséquences sur la spéciation
des polluants et leur disponibilité vis-à-vis de la microflore et
de la faune.
Le risque pour la faune et la microflore du sol, ainsi d’ailleurs
que pour les végétaux cultivés sur les sols amendés par des PRO,
est difficile à évaluer car cela suppose une mesure de l'exposition
dans ces systèmes soumis à une dynamique complexe. Le plus
souvent, seules les teneurs totales en polluants sont suivies sans
évaluation de leur biodisponibilité. Les processus impliqués sont
en partie les mêmes que ceux régulant les risques de transfert
vers les eaux profondes. L'étude de la spéciation des éléments
traces ou de l’extractibilité des CTO dans le milieu récepteur et
vecteur, en l'occurrence le sol, permet d’approcher la mesure
d'exposition des organismes vivants du sol.
Par ailleurs, pour appréhender les effets cumulatifs de flux
faibles mais répétés de contaminants associés à des épandages
conformes à la réglementation et aux pratiques courantes en
agriculture, les dispositifs expérimentaux au champ de longue
durée sont indispensables.
L’objectif du travail présenté est d’évaluer les impacts à
moyen terme de l’épandage de PRO sur les caractéristiques de
la composante biologique de sols cultivés, incluant microflore
et faune. En fonction des effets observés, les populations
testées seront proposées comme bioindicateurs d’impact
dont la réponse sera reliée à l’état des polluants dans les sols.
Les mesures sont réalisées dans un essai de longue durée
où des apports répétés de différents PRO ont différencié
les caractéristiques de l’horizon labouré. Elles incluent : (1)
la structure des communautés microbiennes, (2) la taille, la
diversité et l’activité des lombrics ; (3) la qualité chimique des sols
soumis aux épandages. Les mesures biologiques sont faites
à différents pas de temps entre 2 épandages, la variation des
réponses dans des traitements n’ayant pas reçu d’épandage
devant permettre d’appréhender les variations « naturelles » des
indicateurs qui seront comparées à l’intensité des variations dans
les traitements soumis à épandage. Les résultats concernant
les cibles biologiques sont présentés dans Leyval et al. (2009)
et Capowiez et al. (2009) dans cette même revue. Les effets
des apports sur la qualité chimique du sol sont présentés ici.
La caractérisation de l’état des polluants inclut leur localisation
dans des fractions granulo-densimétriques de sol, en particulier
dans les fractions grossières de la MO, pour leur turnover rapide
et leur rôle dans l’activité des microorganismes et d’une partie
de la faune du sol ; et la spéciation des ETM selon des méthodes
d’extractions chimiques.
MATÉRIELS ET MÉTHODES
Site d’étude
Le dispositif expérimental au champ « Qualiagro » a été mis
en place en 1998 (collaboration INRA-VEOLIA Environnement). Il
est situé à la limite des communes de Feucherolles et d’Orgeval
sur le plateau des Alluets-le-Roi (Yvelines). Le sol est de type
limoneux lessivé hydromorphe d’une profondeur supérieure
à 1,2 m (luvisol rédoxique d’après le référentiel pédologique
français) et se développe à partir d’un limon loessique carbonaté
qui apparaît vers 1,50 m.
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Le dispositif d’une superficie de 6 ha comprend 4 blocs
de 10 parcelles (figure 1). Deux facteurs sont étudiés : apport
organique et niveau de fertilisation minérale azotée. Les 5
traitements organiques incluent 3 composts d’origine urbaine
comparés à un fumier de bovins (vaches laitières en stabulation
libre) considéré comme amendement de référence et un témoin
sans apport organique (T). Les 3 composts sont : (1) un compost
d’ordures ménagères résiduelles, OMR (ordures ménagères
résiduelles après collecte sélective des emballages « propres
et secs ») ; (2) un compost de boues, DVB (co-compostage de
boues d’épuration urbaines et de déchets verts ou de fragments
de palettes) ; un compost de biodéchets, BIO (collecte sélective
de cette fraction co-compostée avec des déchets verts).
Figure 1 : Plan du dispositif au champ.
Figure 1 : Map of the field experiment.
Tableau 1 : Comparaison des caractéristiques analytiques de l’horizon labouré du sol de l’essai au champ avec la moyenne des
horizons labourés des sols cultivés de même type de la région (10 sols analysés, écart-types entre parenthèses).
Table 1 : Comparison of chemical characteristics in the ploughed horizon of the field experiment with other similar cultivated soils of
the same geographical area (10 soils analyzed, SD in parenthesis).
Argile Limon Sable C CEC pH Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
(g kg-1) Meq 100g-1 (mg kg-1) (µg kg-1)
Essai 150 783 67 11,0 9,4 6,9 11,6 49,2 45,3 15 25,3 232 91
(10) (20) (9) (0,8) (0,6) (0,2) (0,9) (3,4) (2,7) (0,9) (6,1) (13) (16)
Autres
sols
187 721 92 13,3 9,5 6,6 20,3 52,3 46,3 19,8 38 271 141
(23) (32) (37) (3,6) (1,1) (0,8) (7,7) (3,3) (5,8) (3,1) (13,8) (59) (61)
Les 5 traitements organiques sont croisés avec 2 niveaux
de fertilisation minérale azotée, faible et normale. Pour cela, le
dispositif est séparé en deux moitiés correspondant à ces 2
niveaux de fertilisation.
Les parcelles font 450 m2. Au sein d’un demi-bloc, les
5 traitements organiques sont répartis de façon aléatoire.
Le dispositif est cultivé selon une rotation blé-maïs. Les
composts et le fumier sont apportés tous les 2 ans, en fin
d’été, sur chaume de blé. Après épandage, la parcelle est
déchaumée, ce qui permet d’enfouir les composts. Les
apports se font sur la base de la quantité de C organique
apporté et 4 t C/ha sont apportés lors de chaque épandage.
Au départ de cette étude, 3 épandages ont déjà eu lieu : en
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 259
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
sur lesquelles les vers sont attirés vers la surface à l’aide de
solution de moutarde diluée. Les lignes de prélèvement de
vers progressent le long des parcelles échantillonnées comme
précédemment (cf. Capowiez et al., 2009).
Lors de chaque épandage, les PRO sont échantillonnés et
séchés à 40° pour analyses et fractionnement granulométrique.
Une partie des échantillons de PRO est conservée au froid
(-20 °C) et envoyés aux équipes de microbiologistes où
sont réalisées les mesures de structure des communautés
microbiennes.
Description des bioindicateurs
Deux indicateurs biologiques ont été choisis dans le cadre
de cette étude : la structure des communautés microbiennes
et les lombriciens. Les méthodes et les résultats obtenus sont
présentés dans les articles de Leyval et al. et Capowiez et al.
dans ce même numéro.
Analyses totales
Avant chaque épandage, des prélèvements de sol sont
effectués dans l’horizon de surface de chaque parcelle
correspondant à l’horizon de labour et d’enfouissement des
composts. Les analyses sont les mêmes à chaque campagne
et correspondent à celles faites initialement pour caractériser
les sols au départ de l’essai : C, N, pH, majeurs, Cd, Cu, Ni, Cr,
Zn, Pb, Hg et 16 HAP (tous les 4 ans seulement). Les analyses
sont réalisées au Laboratoire d’Analyses des Sols INRA d’Arras.
Les composts prélevés à chaque épandage y sont également
envoyés pour analyse des mêmes paramètres.
Evaluation de l’exposition aux polluants
organiques et métalliques
Pour les ETM et les CTO, elle est basée sur des étapes
reposant sur les mêmes principes : caractérisation de la charge
totale de polluants (cf. point 2.4.) et localisation de ces polluants
dans les fractions granulométriques de composts et de sols. En
outre, pour les ETM, l’application d’un protocole d’extraction
permet de définir des compartiments de disponibilité potentielle
différente (spéciation « chimique »).
Fractionnement granulo-densimétrique des composts
et sols
Les sols du prélèvement T1 (2 mois après épandage) sont
fractionnés selon la méthode développée par Balesdent (1996).
La méthode utilisée pour les composts épandus en 2004 en est
dérivée ; le fractionnement granulo-densimétrique est réalisé
sur des composts préalablement tamisés à 5 mm. Des échan-
tillons de 50 g de compost tamisé sont agités par retournement
pendant 16 heures dans 300 ml d’eau osmosée avec 20 billes
1998, 2000 et 2002. L’étude se déroule entre le 4e en 2004 et
le 5e épandage en 2006.
Avant le premier épandage, un échantillon moyen de
l’horizon de surface est prélevé dans chacune des parcelles du
dispositif (tableau 1) La teneur en matière organique moyenne
est de 1.9 %. Sans un chaulage régulier, le sol aurait tendance
à s’acidifier (pH initial de 6.9). Les teneurs initiales en éléments
traces métalliques (ETM) du sol du dispositif expérimental sont
inférieures à celles de sols cultivés de la région du même type et
à la moyenne des teneurs dans les sols français (Baize, 2000).
Les teneurs initiales en HAP sont également très faibles et
caractérisées par une forte hétérogénéité. Les teneurs initiales
en fluoranthène (FLT), benzo(b)fluoranthène (B(b)F), benzo(a)
pyrène (B(a)P) et HAP totaux (16 HAP) sont de 46 ± 43, 37 ± 30,
24 ± 23 et 302 ± 262 µg/kg respectivement.
Echantillonnage
Les mesures spécifiquement dédiées à ce programme sont
effectuées dans 3 traitements (OMR, DVB et T) de la moitié du
dispositif recevant une fertilisation minérale, ces traitements
étant plus proches des conditions réelles d’utilisation des
PRO. Les parcelles du traitement témoin non fertilisé (T-N) sont
également échantillonnées afin de comparer les effets de la
fertilisation minérale aux effets des PRO. Au total 15 parcelles
sont échantillonnées : 4 traitements (OMR, DVB, TN et T0) en 4
répétitions sauf une des parcelles T0.
Pour comparer les effets « apport de PRO » aux variations
saisonnières liés aux conditions du milieu (teneur en eau et
température du sol, présence de plantes…), les prélèvements
se font à différents pas de temps entre 2 épandages :
immédiatement avant le 4e épandage de PRO au 1er septembre
2004 (T0), 2, 7, 9, 13 et 24 mois après le 4e épandage (T1, T2,
T3, T4, T5), 2 mois après le 5e épandage en octobre 2006 (T6).
Les prélèvements de sol effectués à T0 et T5 correspondent
aux prélèvements régulièrement effectués depuis le départ de
l’essai.
A chaque date, un échantillon composite moyen est réalisé
dans chaque parcelle dans l’horizon de surface correspondant
au labour à partir de 8 échantillons élémentaires. Les
prélèvements de sol se font selon une ligne transversale à la
parcelle qui progresse le long de la parcelle au fur et à mesure
des prélèvements.
Après prélèvement, les échantillons de sol sont immédiatement
homogénéisés avant d’être répartis entre les différentes équipes
pour analyse chimique ou mesure biologique. Les échantillons
destinés aux mesures biologiques sont immédiatement
congelés à -20 °C avant envoi aux laboratoires pour mesure
de la structure des communautés microbiennes (cf. Leyval et
al., 2009). Les échantillons destinés aux analyses chimiques
sont séchés à 40 °C. A chaque date d’échantillonnage, les
vers de terre sont prélevés sur 4 surfaces de sol de 0,36 m2
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Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
principalement par leur charge. Nous avons utilisé le nitrate
de calcium (Ca(NO3)2 0,05 m ; rapport masse : volume de 1:10 ;
agitation pendant 18 heures, puis centrifugation et filtration).
RÉSULTATS
Qualité des composts apportés
Cinq applications de compost ont eu lieu en 1998, 2000, 2002,
2004 et 2006. Les composts DVB et OMR diffèrent par leurs
caractéristiques physico-chimiques (tableau 2). Les composts
de boues sont plus riches en azote, phosphore et en potassium,
en raison de la présence des boues. Bien qu’en moyenne les
composts OMR aient des teneurs en carbonates supérieures, le
pH des composts de boues est plus élevé. Les teneurs en Mg et
en Na sont plus élevées dans les composts d’OMR.
Les teneurs en ETM sont toujours supérieures dans les
composts d’OMR où la moyenne des analyses dépasse les
teneurs réglementaires en vigueur depuis 2007 pour le Cr et le
Pb (figure 2).
Les composts OMR ont une biodégradabilité supérieure à
celle des composts de DVB avec en moyenne 40 et 10 % du C des
composts minéralisé lors d’incubations en conditions contrôlées
dans un sol, respectivement pour OMR et DVB (Annabi et al.,
2007). Cela s’explique par la composition biochimique différente
des composts, les composts OMR étant plus riches en cellulose
et les DVB plus riches en lignine. En conséquence, les composts
DVB ont un indice de stabilité biologique (ISB, représentant la
proportion de MO stable susceptible d’alimenter les stocks de
de verre puis tamisés à 2 mm, 200 µm et 50 µm sous eau. Afin
de détruire tous les agrégats résiduels, les fractions obtenues
(2-5 mm, 200 µm-2 mm et 50-200 µm) sont à nouveau agitées
dans 200 ml d’eau osmosée avec 10 billes de verre pendant
16 heures et tamisées. Les fractions granulométriques sont
ensuite rassemblées par taille. Les fractions légère et dense
> 50 µm sont ensuite séparées par flottation dans l’eau. Afin d’ob-
tenir suffisamment de masse pour analyse, les fractions légères
sont rassemblées ainsi que les fractions denses. Au total, 3 frac-
tions grossières sont isolées : [> 5 mm], [50 µm -5 mm]L, [50 µm
-5 mm]M et sont séchées à 40 °C et broyées pour analyse. La
fraction [0-50 µm] est récupérée par centrifugation (13 261 g
pendant 10 minutes) dans un volume final inférieur à 1 l puis lyo-
philisée et broyée avant analyse. Les mêmes analyses que celles
effectuées sur les sols et les composts totaux sont réalisées par
le laboratoire d’Arras.
Spéciation des ETM dans les sols
L’analyse des teneurs totales en ETM est complétée par
la mesure de la fraction « mobilisable » définie de manière
normalisée (extraction EDTA « BCR » ; Quevauviller, 1998), et
d’une fraction très disponible (extraction dans une solution de
nitrate de calcium). L’extraction par une solution d’EDTA 0,05 m
à pH 7 (rapport masse : volume de 1:10 ; agitation pendant une
heure, puis centrifugation et filtration), préconisée par l’ancien
Bureau Communautaire de Références de l’UE, mobilise par
son pouvoir complexant pratiquement tous les métaux présents
en surface des constituants des sols et dans les phases les
plus solubles comme les carbonates. Nous parlerons des
ETM mobilisables. L’extraction dans une solution saline diluée
non tamponnée concerne les métaux échangeables, retenus
Figure 2 : Moyenne (Ecart-type) des teneurs en éléments traces dans les composts épandus depuis le début de l’expérimentation
(1998 à 2006) ; concentrations maximales définies dans les normes NFU 44 095 et 44 051 définissant les critères d’innocuité pour les
composts de boues et les autres composts respectivement.
Figure 2 : Mean (SD) of trace element concentrations in the composts applied since the beginning of the experiment (1998 to 2006) ;
maximum concentrations allowed in the standard NFU 44095 and 44051 corresponding to sludge compost and other composts,
respectively.
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 261
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
été séparée à sec et qu’elle est probablement fortement chargée
de fractions fines qui adhèrent aux éléments grossiers de cette
fraction.
On note l’enrichissement attendu en C organique et N de la
fraction [50 µm -5 mm]L par rapport à la fraction [50 µm -5 mm]M
et par rapport au compost total dans le compost OMR (tableau 3).
La fraction [50 µm -5 mm]M concentre au contraire des éléments
minéraux (Ca, Na, résultats non montrés) et certains métaux comme
Cr, ce que l’on peut attribuer à la richesse en certains minéraux
incluant des verres. Mais la fraction fine (< 50 µm) est également
riche en C, N et en éléments caractéristiques de minéraux fins (Mg,
K, Al, Fe, résultats non montrés). La fraction > 5 mm présente des
teneurs assez élevées en C, Cu, Cr et Ni. Une analyse qualitative
des relations entre éléments majeurs et ETM permet d’associer, du
point de vue de leur localisation dans les fractions :
- C, N, et dans une moindre mesure Cd dans la fraction [50 µm
-5 mm]L,
- Cr, Pb dans la fraction [50 µm -5 mm]M,
- Cu, Zn, et dans une moindre mesure Ni dans les fractions
< 50 µm et [50 µm -5 mm]L.
Les HAP sont concentrés dans la fraction < 50 µm et la
fraction [50 µm -5 mm]L du compost OMR (tableau 5), et sont
souvent inférieurs à la limite de quantification dans la fraction
minérale [50 µm -5 mm]M. Seul le phénantrène est plus
concentré dans la fraction organique [50 µm -5 mm]L que dans
la fraction < 50µm.
MO du sol) de 0.54 très variable (ET : 0.26), les composts OMR
ont un ISB moyen de 0.35 (ET 0.03) beaucoup moins variable
d’un compost à l’autre.
Les composts DVB et OMR ont des teneurs en HAP similaires
à celles rencontrées dans des composts de même type (Brandlï
et al., 2005 ; Brochier et al., 2008). Les concentrations en FLT,
B(b)F et B(a)P sont largement inférieures aux concentrations
maximales réglementaires (figure 3).
Localisation des ETM et HAP dans
les fractions granulométriques de composts
Les 3 répétitions du fractionnement granulo-densimétrique
des composts épandus en 2004 donnent des résultats
reproductibles en terme de masses récupérées dans chacune
des fractions (coefficient de variation variant de 2 à 13 %) et de
caractéristiques analytiques des fractions (tableaux 3 et 4).
La fraction [50 µm -5 mm]M est prédominante dans le
compost OMR et représente 37 % de la masse totale du
compost. Puis l’importance des fractions dans la masse du
compost OMR décroît dans l’ordre [50 µm -5 mm]M >[50 µm
-5 mm]L > [>5 mm]> [<50 µm]. Dans le compost DVB, c’est la
fraction > 5 mm qui est la plus importante (37 % de la masse
du compost) suivie par la fraction < 50 µm (32 % de la masse du
compost). La fraction [50 µm -5 mm]M est faible (8 % de la masse
du compost). Cependant, il faut noter que la fraction > 5 mm a
Figure 3 : Concentrations moyennes en HAP des 5 composts DVB et OMR épandus depuis le départ de l’expérimentation entre 1998
et 2006. Les concentrations maximales réglementaires en fluoranthène (FLT), Benzo(b)Fluoranthène (BbF) et benzo(a)Pyrène (BbP)
sont indiquées.
Figure 3 : Average concentrations in PAH in the 5 composts DVB and OMR applied since the beginning of the experiment (1998 to
2006). The maximum concentrations allowed in fluoranthen (FLT), Benzo(b)Fluoranthen (BbF) et benzo(a)Pyren (BbP) are indicated.
262 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
que dans les échantillons totaux analysés (+33 %). Moyennant
ces questionnements, il apparaît que la majeure partie de Cd,
Cu, Ni et Zn se trouve dans la fraction légère [50 µm -5 mm]L
(entre 30 et 36 %), ainsi bien sûr que la majeure partie de C et
N. La fraction minérale grossière concentre la majeure partie
de Cr et Pb (plus de 60 %), mais aussi 35 % du Cd. On voit
aussi l’importance relative, pour certains éléments, des fractions
< 50 µm et > 5 mm.
Les mêmes calculs ont été faits pour les fractions du
compost DVB ; davantage d’écarts importants au niveau des
bilans sont observés (tableau 4). Une difficulté provient sans
doute de ce qui est aussi un résultat remarquable : la fraction > 5
mm, nettement plus abondante que pour le compost d’OMR,
apparaît contenir une partie importante de nombreux éléments,
et même la majeure partie du C organique, du Cr et Ni. Or cette
fraction n’a été analysée qu’en une répétition. Cette fraction
tamisée à sec contient sans doute beaucoup de fractions fines
agrégées aux débris végétaux grossiers.
Une forte proportion des HAP est dans les fractions
organiques particulaires [50 µm -5 mm]L respectivement 46 et
34 % pour les composts OMR et DVB (tableau 5). La fraction
fine < 50 µm représente également 24 et 34 % des HAP totaux
pour ces 2 composts. Dans le compost DVB, la présence de
particules de boue dans la fraction fine explique sans doute la
forte teneur en HAP de cette fraction. Comme pour les ETM,
le bilan de distribution des HAP correspond à la teneur totale
en HAP mesurée sur le compost non fractionné pour OMR.
En revanche, le bilan est excédentaire pour le compost DVB (+
0,27 mg/kg) sans doute en raison de la présence de particules
fines de boue dans la fraction grossière tamisée à sec.
Flux d’éléments générés par les épandages
Les doses de composts à épandre sont calculées de façon
à apporter 4 t C par hectare à chaque épandage. Les doses
effectivement épandues sont mesurées et ont généré des flux
Les matières organiques particulaires [50 µm -5 mm]L (MOP)
du compost OMR présentent donc seulement un enrichissement
en Cu, Zn et Ni et dans une moindre part en HAP par rapport au
compost total mais pas par rapport aux particules fines (<50 µm),
cet enrichissement étant peu marqué. La fraction [50 µm -5 mm]M
concentre des éléments comme Pb et Cr.
Dans le cas du compost DVB, on retrouve un enrichissement
en C et N dans la fraction [50 µm -5 mm]L par rapport au compost
total mais également par rapport à la fraction fine < 50 µm
(tableau 4). Parmi les ETM, le Cu présente une distribution
similaire avec une concentration plus forte dans les MOP que
dans le compost total et dans les fractions fines < 50 µm. En
revanche, pour les autres ETM, leur concentration est similaire
voire inférieure dans les fractions [50 µm -5 mm]L par rapport à
la fraction < 50 µm. On retrouve une concentration en Cr plus
importante dans la fraction [50 µm -5 mm]M et dans la fraction
fine < 50 µm.
Dans le compost DVB, les fractions MOP [50 µm -5 mm]
L et fines < 50 µm présentent des concentrations en HAP
supérieures à celles du compost total ; la concentration en HAP
est beaucoup plus faible dans la fraction [50 µm -5 mm]M.
La contribution de chaque fraction pour un élément est
calculée en multipliant les teneurs de chaque fraction en cet
élément par le pourcentage massique qu’elle représente. Nous
avons retenu les pourcentages massiques exprimés par rapport
à la somme des fractions effectivement pesées (donc bouclant
à 100 %), car les pertes inévitables au cours de la manipulation
apparaissent réparties sur toutes les fractions. Ces contributions
des fractions sont présentées dans les tableaux 3 et 4. La somme
de ces fractions est enfin comparée aux résultats d’analyses
des composts totaux épandus en 2004. Les écarts relatifs sont
généralement faibles pour le compost OMR, avec quelques
exceptions pour N (pertes de formes minérales ?) et Cd, qui est
en faible concentration et relativement soluble. Un autre écart
inexpliqué concerne Pb, plus abondant par le bilan des fractions
Tableau 2 : Moyenne (Ecart-type) des caractéristiques physico-chimiques des composts épandus depuis le début de l’expérimentation
(1998 à 2006).
Table 2 : Mean (SD) of physico-chemical characteristics of the composts applied in the field since the beginning of the experiment
(1998 to 2006).
pH MO C N C/N CaCO3P2O5 total P2O5
Olsen K Ca Mg Na
eau % MS (g kgMS-1) (g kg MS-1)
DVB 7,7 47 274 22,8 12,1 20,9 26,1 1,8 15,2 32,3 4,6 3,8
(0,9) (6) (61) (4,2) (2,9) (11,5) (8,6) (0,7) (6,0) (7,6) (0,6) (2,5)
OMR 7,4 56 310 18,5 15,7 62,1 7,3 0,5 9,1 60,9 11,1 17,9
(0,5) (12) (50) (2,2) (0,8) (11,8) (1,3) (0,4) (1,4) (3,0) (3,9) (9,4)
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 263
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
initialement dans l’horizon de surface du sol de l’essai (figure 4).
Les flux maxima autorisés par la réglementation représentent
des proportions similaires ou supérieures sauf dans le cas du Cu
et du Pb pour lesquels ces proportions restent supérieures dans
le cas du compost OMR.
Enfin, les flux des 3 HAP réglementaires cumulés sur 10
ans d’épandage sont inférieurs aux flux maxima prévus dans
la norme NFU 44-095 : respectivement 40, 15 et 8 g/ha pour
FLT, BbF et BaP dans le cas du compost DVB et 20, 6 et 3 g/
ha pour OMR quand les flux maxima réglementaires sont de 60,
40 et 30 g/ha. Les flux totaux en 16 HAP sur 10 ans sont de 200
et 140 g/ha pour DVB et OMR ; les flux moyens par épandage
représentent 1 à 4 % des stocks initiaux dans le sol.
de matières et d’éléments résumés dans les tableaux 6 et 7.
Les apports de N, P et K par les épandages sont plus élevés
avec les composts DVB qu’avec les composts OMR. Ainsi, les
flux d’azote sont en moyenne de 366 kg N/ha et 239 kg N/ha,
respectivement pour chaque épandage de compost DVB et
OMR. En revanche, les composts OMR génèrent des flux de
Ca, Mg et Na supérieurs à ceux du DVB. Ces flux d’éléments
majeurs expliquent la valeur fertilisante de ces composts. Ils
doivent être pris en compte dans le calcul des doses à apporter,
en particulier pour les flux de N et de P dans le cadre du
raisonnement de la fertilisation.
Les flux d’ETM sont conformes à la réglementation pour les
DVB, à l’exception des flux de Cu. Pour les composts OMR, les
flux d’ETM dépassent les flux réglementaires en vigueur depuis
2007 (norme NFU 44051) pour Cr, Cu et Pb. A chaque épandage,
les flux d’ETM représentent 0,5 à 6 % des stocks présents
Tableau 3 : Fractionnement granulo-densimétrique du compost OMR épandu en 2004. Distribution massique des différentes
fractions, caractéristiques physico-chimiques des fractions, distribution des éléments dans les différentes fractions (en % du total des
éléments retrouvés dans la somme des fractions), bilan des éléments retrouvés dans les différentes fractions et comparaison avec
les concentrations mesurées directement dans le compost total. Les valeurs entre parenthèses correspondent aux écart-types des
mesures.
Table 3 : Particle-size fractionation of the compost OMR spread in 2004. Mass distribution within the fractions, physico-chemical
characteristics of the fractions (in % of total elements found in the fractions), mass balance of the elements found in the fractions and
comparison with the concentrations directly measured in total composts. Values in parenthesis correspond to SD).
OMR Masse C N C/N Cd Cr Cu Ni Pb Zn
% g kg-1 g kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1
> 5 mm 19,4 356 16,4 21,8 1,1 91,5 94 32 111 283
[0,05-5 mm]M 37,2 28 2,49 11,2 1,2 284 57,6 19,8 447 261
(5) (0,15) (0,4) (14) (6,3) (2,8) (125) (57)
[0,05-5 mm]L 29,9 437 23,5 18,6 1,54 41 125 25,8 145 429
(4) (0,5) (0,03) (2) (10) (2,1) (6) (17)
[0-50 µm] 13,6 256 20,9 12,3 1,35 88 178 36 278 540
(1) (0,1) (0,18) (1) (1,8) (2,5) (8) (16)
compost total 263 16,8 15,7 1,8 129 95 25,2 202 346
(teneurs mesurées) (9) (1,2) (0,4) (12) (3) (4) (22) (11)
Contributions des fractions aux teneurs totales
> 5 mm 28 % 23 % 16 % 12 % 18 % 24% 8% 15%
[0,05-5 mm]M 4 % 7 % 35 % 72 % 21 % 28 % 62 % 27 %
[0,05-5 mm]L 53% 50% 35% 8% 37% 30% 16% 36%
[0-50 µm] 14% 20% 14% 8% 24% 19% 14% 21%
Compost total (teneurs
calculées à partir des
fractions)
245 14 1,3 148 101 26,2 269 354
264 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Tableau 4 : Fractionnement granulo-densimétrique du compost DVB épandu en 2004. Distribution massique des différentes fractions,
caractéristiques physico-chimiques des fractions, distribution des éléments dans les différentes fractions (en % du total des
éléments retrouvés dans la somme des fractions), bilan des éléments retrouvés dans les différentes fractions et comparaison avec
les concentrations mesurées directement dans le compost total. Les valeurs entre parenthèses scorrespondent aux écart-types des
mesures.
Table 4 : Particle-size fractionation of the compost DVB spread in 2004. Mass distribution within the fractions, physico-chemical
characteristics of the fractions (in % of total elements found in the fractions), mass balance of the elements found in the fractions and
comparison with the concentrations directly measured in total composts. Values in parenthesis correspond to SD).
DVB Masse C N C/N Cd Cr Cu Ni Pb Zn
% g kg-1 g kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1 mg kg-1
> 5 mm 36,7 374 16,6 22,5 0,5 197 111 55,1 35,7 248
[0,05-5 mm]M 7,8 35 3,8 14,5 <0,5 72,7 60 32,9 40,9 219
(1) (0,19) (13,1) (1) (1) (3,3) (2)
[0,05-5 mm]L 24 359 24,6 9,2 1,4 40,5 283 44,6 66,4 589
(4) (0,25) (0,04) (1,2) (3) 0 0 (6)
[0-50 µm] 31,5 180 22,8 7,9 1,4 73,7 272 56,8 114 762
(2) (0,23) (0,06) (0,7) (2,7) (0,6) (2,2) (7.6)
compost total 311 21 14,8 0,9 37 167 33,7 51,6 415
(teneurs mesurées) (22) (0,4) (0,1) (4) (13) (3) (4) (44)
Contributions des fractions aux teneurs totales
> 5 mm 48 % 31 % 65 % 20 % 39 % 19 % 19 %
[0,05-5 mm]M 1 % 2 % 5 % 2 % 5 % 5 % 3 %
[0,05-5 mm]L 30% 30% 9% 34% 21% 23% 29%
[0-50 µm] 20% 37% 21% 43% 35% 53% 49%
Compost total (teneurs calculées
à partir des fractions) 283 19,5 111 199 51,4 68,7 490
Tableau 5 : Bilan de la distribution des HAP totaux au sein des fractions granulo-densimétriques des composts épandus en 2004.
Table 5 : Mass balance and distribution of PAH within the particle-size fractions of the composts spread in 2004.
OMR DVB
HAP Distributions dans les fractions HAP Distributions dans les fractions
mg kg-1 % total mg kg-1 % total
> 5 mm 1,08 16,9 1,73 29,4
M 50 µm – 5 mm 0,41 12,4 0,57 2,08
M 50 µm – 5 mm 1,92 46,4 3,04 34
< 50 µm 2,21 24,2 2,35 34,5
Somme des contributions
des fractions
Concentration compost total
1,24
1,17
2,14
1,87
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 265
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Teneurs en ETM et HAP totaux dans les sols
Les teneurs en Cu augmentent significativement dans les
traitements avec apport de composts OMR et DVB. Les teneurs en
Zn augmentent également mais de façon significative seulement
dans le cas du traitement DVB (tableau 9). Les concentrations
des autres ETM n’évoluent pas de façon significative sauf pour le
Cd qui décroît dans certains traitements. Les concentrations en
Cu et Hg sont significativement supérieures dans les traitements
DVB et OMR par rapport au témoin en 2004 et 2006, celles en Zn
ne le sont qu’en 2006 (figure 5). En revanche, les concentrations
des autres ETM ne se différencient pas significativement. Les
évolutions en ETM totaux dans les horizons de surface dans les
différents traitements évoluent de façon cohérente par rapport
aux flux d’ETM apportés par les composts. Les concentrations
restent de l’ordre de grandeur des concentrations trouvées dans
les sols cultivés de la région.
Evolution des caractéristiques
physico-chimiques des sols
Paramètres agronomiques
Les apports successifs ont modifié les caractéristiques
physico-chimiques des sols (tableau 8). Ainsi, les teneurs en C
organique ont augmenté significativement dans les parcelles
recevant les composts DVB et de moindre façon dans les
parcelles recevant le compost OMR. En revanche, les teneurs en
C organique tendent à diminuer dans les 2 traitements témoins
avec et sans N. Les teneurs en N augmentent moins que celles
de C, ce qui se traduit par une augmentation du C/N dans tous
les traitements. Le pH augmente significativement dans le
traitement OMR et tend à diminuer dans les autres traitements.
Tableau 6 : Flux moyen par hectare (Ecart-type) et par épandage, de matière sèche et d’éléments générés lors des 5 épandages de
compost ayant déjà eu lieu.
Table 6 : Average dry mass applied per ha at each compost spreading and corresponding average input of elements in soils.
MS Nmin C N orga CaCO3
P2O5P2O5K Ca Mg Na
Total Olsen
t/ha kg/ha t/ha Kg/ha
DVB 16.8 65 4.6 342 374 443 31 253 534 77 80
ET 3.5 23 1.4 48 241 178 16 130 146 19 38
OMR 12.7 24 3.9 223 827 95 6 117 771 146 201
ET 4,2 5 1.3 96 215 41 4 47 250 77 86
Tableau 7 : Flux moyen en ETM par hectare et par épandage (Ecart-type) et flux sur 10 ans (correspondant aux 5 épandages). Les flux
réglementaires maximum sur 10 ans sont reportés.
Table 7 : Average input of HM per ha and for each application (SD) and total loading corresponding to 5 applications. Les maximum
fluxes defined in the legislation are mentioned.
Cd Cr Cu Ni Pb Zn Hg
g ha-1
DVB Par épandage 19 698 2447 469 990 6018 15
ET 7 98 720 139 102 1950 4
DVB 10 ans 93 3490 12233 2343 4954 30092 74
OMR Par épandage 21 1487 2505 456 2428 5903 16
ET 10 609 1158 231 953 4034 12
OMR 10 ans 104 7433 12526 2280 12144 29517 77
Max 10 ans 150 6000 10000 3000 9000 30000 100
266 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Les teneurs en HAP totaux n’évoluent pas entre 1998
et 2006. Elles restent en moyenne autour de 300 µg/kg
dans tous les traitements avec une très forte variabilité qui
contribue à l’absence de toute différence significative entre
traitements.
Indicateurs d’exposition : localisation
des micropolluants dans des fractions
granulo-densimétriques de sol
Le fractionnement granulo-densimétrique par tamisage
et flottation est appliqué aux échantillons moyens des
horizons de surface des parcelles prélevés en octobre 2004
(T1), 2 mois après l’incorporation des composts. Les
fractions fines < 50 µm représentent 92-93 %, les fractions
[50 µm -5 mm]M 5-6% et les fractions MOP [50 µm -5 mm]L
1-1.5 % de la masse totale de sol. Les masses de fraction
MOP sont significativement supérieures dans le traitement
DVB par rapport aux 3 autres traitements.
Les teneurs en C dans la fraction MOP (150 à 210 g/kg)
sont environ 20 fois supérieures à celle du sol total. Cette
fraction organique grossière présente globalement des
teneurs en ETM supérieures à celles du sol total (figure 6).
Les teneurs en Cd sont 4 à 5 fois supérieures dans cette
fraction MOP par rapport au sol total, les teneurs dans les
autres fractions étant inférieures à la limite de quantification.
L’apport des composts augmente significativement
les concentrations en Cu, Zn, Pb, Ni et Cd dans cette
fraction MOP. Les teneurs en ETM sont plus élevées
dans la fraction [50 µm -5 mm]M dans les sols recevant le
compost OMR, avec une augmentation des concentrations
particulièrement marquées pour Cr, Ni et Pb. On note
toutefois la forte hétérogénéité des concentrations en ETM
dans cette fraction.
Entre 5.9 et 10.5 % du Cu et du Cd total se trouvent dans
la fraction organique [50 µm -5 mm]L, avec un net effet du
traitement : DVB > OMR > T. Nous avons vu que le compost
DVB enrichit le sol en MOP, mais l’augmentation de leur
contribution au métal total est surtout due aux teneurs en
Cu et Cd plus élevées dans cette fraction MOP qui contient
2 à 3 % du Pb et Cr total, 2 à 4 % du Zn total, 3 à 4 % du Ni
total. Dans tous les cas sauf pour Cr, les proportions sont
légèrement supérieures dans les traitements recevant des
composts.
La fraction minérale grossière [50 µm -5 mm]M contribue
aussi significativement au Cuivre total dans les parcelles
OMR (7 %), plus que dans les parcelles Témoins ou DVB
(2 à 3 %). Ce second effet du traitement est également net
avec Pb (14 % du Pb total dans le traitement OMR pour 6 à
7 % dans les autres traitements), Cr (7 % dans le traitement
OMR, 4 à 5 % dans les autres traitements), et l’est moins
avec Zn et Ni (3 à 4 % dans tous les traitements).
Figure 4 : Proportions des stocks initiaux en ETM du sol de l’essai
représentées par un épandage moyen de compost DVB et OMR ;
comparaison avec les proportions que représenterait un épandage
de compost dont les concentrations en ETM correspondraient aux
maxima de la norme 44-095.
Figure 4 : Proportions of initial stocks of trace elements in the soil
of the field experiment corresponding to one average spreading
of compost DVB and OMR ; comparison with the proportions
corresponding to the maximum allowed application (NFU 44 095).
Figure 5 : Teneurs en ETM dans les sols des 4 traitements suivis
en 2004 et 2006 (moyenne des 4 parcelles de chaque traitement). Les
valeurs marquées d’un astérisque sont différentes significativement au
seuil de 5 %.
Figure 5 : Trace elements concentrations in soils of the 4 treatments
followed in the field experiment (average of 4 plots per treatment). The
values labelled with an asterisk are significatively different at 5 % level).
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 267
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
au démarrage (données 1998). En terme de compartiment, la
majeure partie des HAP se trouve dans la fraction fine < 50 µm.
La contribution des MOP est cependant non négligeable et plus
importante dans les parcelles DVB (12 à 19 %) que dans les
parcelles OMR (6 à 13 %) et Témoin (3 à 11 %).
Les MOP présentent également des teneurs 5 à 10 fois plus
élevées en HAP que les fractions minérales et les fractions
fines < 50 µm (résultats non montrés) ; les teneurs du sol total
sont voisines de celles des fractions fines. Mais on observe
une grande variabilité des teneurs des fractions entre parcelles
d’un même traitement, comparable avec l’hétérogénéité initiale
des teneurs en HAP totaux observée entre les blocs de l’essai
Tableau 8 : Evolution des caractéristiques physico-chimiques dans l’horizon de surface des sols des traitements suivis après 3 et 4
épandages de composts (respectivement en 2004 et 2006). Les valeurs suivies de lettres différentes sont significativement différentes
(test de Newman-Keuls à α = 5 %).
Table 8 : Evolution of physico-chemical characteristics in the surface horizon of soil in the different treatments after 3 and 4 compost
applications in 2004 and 2006, respectively (for each treatment and analysis, data followed by different letters are significantly different,
Newman-Keuls test, α = 5 %).
C N C/N pH
g/kg-1
DVB 1998 10,5 b 1,08 b 9,7 7,0
1,0 0,05 0,6 0,2
2004 12,1 ab 1,14 ab 10,6 6,8
0,8 0,07 0,4 0,1
2006 12,4 a 1,22 a 10,2 6,8
1,1 0,08 0,4 0,2
OMR 1998 10,3 1,09 9,5 7,0 b
0,7 0,05 0,6 0,2
2004 11,2 1,09 10,3 7,4 a
0,7 0,05 0,4 0,1
2006 11,3 1,12 10,1 7,4 a
0,8 0,06 0,3 0,2
TN 1998 10,6 1,13 9,3 7,1
0,2 0,04 0,2 0,1
2004 10,3 1,01 10,2 6,9
0,2 0,02 0,2 0,2
2006 9,8 1,01 9,7 6,9
0,8 0,04 0,5 0,3
T0 1998 10,3 a 1,11 a 9,3 6,8 a
0,7 0,08 0,1 0,2
2004 9,6 b 0,95 b 10,1 6,8 a
0,4 0,05 0,2 0,2
2006 9,0 b 0,95 b 9,5 6,7 b
0,7 0,05 0,6 0,1
268 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
d’apport de composts par rapport aux témoins sans différence
entre les composts (différences non significatives dans le cas
du Pb). Ces différences sont plus marquées que pour les ETM
totaux. Entre T0 (août 2004) et T1 (octobre 2004), un épandage
a eu lieu dans les parcelles OMR et DVB qui n’entraîne pas
d’augmentation significative du Zn extractible à l’EDTA ; en
revanche une différence significative au seuil de 5 % est
observée pour les parcelles DVB entre août 2004 et juin 2005
(T3). Les autres résultats d’ETM extractibles à l’EDTA ne montrent
aucune évolution significative entre les 2 épandages.
Métaux échangeables par le nitrate de calcium
(prélèvement T1)
Les résultats sont présentés dans la figure 8. Les quantités
de Zn, Cu et Cd échangeables représentent respectivement 0.4,
1 et 0.02 % des ETM totaux. Le pH des extraits a été mesuré.
Il est de 5.17 ± 0.60 dans le traitement T0, 6.15 ± 0.11 dans le
Indicateurs d’exposition :
spéciation des ETM dans les sols
Evolution temporelle des métaux extractibles à
l’EDTA
Ces analyses sont réalisées lors des prélèvements de sol
avant chaque épandage depuis 2002 (tableau 10). Des analyses
supplémentaires ont été effectuées sur les échantillons prélevés
aux temps T1 (oct. 2004) et T3 (juin 2005) (figure 7). Les fractions
extractibles à l’EDTA représentent environ 0.2 % du Cr total,
10 % du Ni et Zn totaux, 25 % du Pb total et 50 % du Cu et Cd
totaux.
Dès 2002, on met en évidence une différenciation du Zn
mobilisable entre témoins et parcelles recevant des composts,
plus marquée que pour le zinc total. Les niveaux moyens de Cr,
Cu et Pb extractibles à l’EDTA augmentent également en cas
Figure 6 : Concentrations en ETM dans les fractions granulo-densimétriques des sols prélevés en Octobre 2004 (T1).
Moyenne de 3 parcelles par traitement.
Figure 6 : Concentrations in trace elements in particle-size fractions of soils sampled in october 2004 (T1).
Average of 3 plots per treatment.
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 269
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Figure 7 : Evolution des concentrations en ETM « mobilisable » (extractibles à l’EDTA) dans les horizons de surface (moyennes et
écarts-types ; n = 4 parcelles pour TN, OMR, DVB ; n=3 pour la modalité T0).
Figure 7 : Evolution of concentrationsof potentially available trace elements (extractable with ADTA) in the upper horizons of soils
(average and SD, n = 4 plots for all treatments except T0, n = 3).
270 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
doses classiquement épandues (10 t MS/ha environ). Ces épan-
dages ont modifié les caractéristiques physico-chimiques du sol.
Les teneurs en C et N organique ont augmenté dans les 2 traitements
recevant des composts, de façon significative pour le compost DVB.
Les apports de compost OMR augmentent significativement le pH
du sol. Ces effets sont liés aux caractéristiques différentes des com-
posts : matière organique plus stabilisée dans le cas du compost
DVB, teneurs en carbonates pour les composts OMR. Par ailleurs,
les apports de composts contribuent à l’augmentation des rende-
ments (résultats non montrés) par rapport aux traitements témoins
y compris le traitement témoin recevant une fertilisation minérale. Ils
améliorent également la stabilité de la structure du sol (Annabi et al.,
2007). Ces effets positifs des apports de composts sur la fertilité du
sol sont largement documentés (Houot, 2005).
Les composts apportés présentent des concentrations
moyennes en ETM et CTO conformes à la réglementation en
vigueur depuis 2004 et 2007, mis à part les concentrations en
Pb et Cr pour le compost OMR. Les composts OMR sont issus
du compostage de la fraction résiduelle des ordures ménagères
après séparation à la source des emballages propres et secs.
La qualité de ces composts dépend de l’efficacité de la collecte
séparée des déchets dangereux diffus grâce à la mise en
place de déchetterie et de points de collecte spécifiques de
ces déchets. Cette qualité des composts OMR s’est beaucoup
améliorée récemment (Kalassi et al., 2008). Cependant, on
constate ici que malgré des concentrations en ETM conformes à
la réglementation, les flux apportés en ETM sont supérieurs aux
flux maximum réglementaires pour Cr, Cu et Pb dans le cas du
compost OMR et Cu et Zn dans le cas du compost DVB. Ces flux
d’ETM ont pour conséquence une augmentation significative
des teneurs totales en Cu et Zn dans les sols depuis le départ
de l’essai. Ces augmentations sont cohérentes avec les flux
d’entrée en Cu et Zn liés aux épandages. Les flux exportés par
les plantes sont mesurés par ailleurs et sont très faibles (< 1 %
des apports sauf pour Cu, 2 % et Zn 4 %). Aucune évolution
significative des teneurs en ETM dans les grains récoltés n’est
observée par ailleurs (Schaub et al., 2007). Pour les autres ETM,
les flux apportés n’entraînent pas de modification significative
des concentrations dans le sol car on reste dans la variabilité de
la mesure initiale. L’absence d’effets des apports de composts ou
boues conformes aux critères réglementaires est classiquement
rapportée (Pinet et al., 2003). Cependant, le bilan des entrées
et sorties des ETM dans un agrosystème soumis à épandages
permet de simuler l’évolution des teneurs en ETM dans les sols
(Lamy et al., 2005). Il est à noter que les flux en Cu, Zn et Pb sont
proches, voire dépassent les flux maximum également dans le
traitement fumier (résultats non montrés). Dans notre situation,
les flux d’entrée d’ETM seraient plus faibles avec des doses
d’apport correspondant à ce qui est plus classiquement apporté
(10 t MS au lieu de 13 ou 17 tMS/ha).
Les teneurs initiales en HAP correspondent à des teneurs
rencontrées dans des sols agricoles (Brochier et al., 2008).
traitement TN, 6.66 ± 0.26 dans le traitement OMR et 6.13 ± 0.26
dans le traitement DVB.
Les apports de composts DVB et OMR augmentent le Cu
échangeable d’un facteur 4 environ par rapport aux traitements
témoins. L’apport de compost DVB augmente également le
Zn échangeable d’un facteur 1.7 par rapport aux témoins.
L’absence d’effet des apports du compost OMR sur le Zn
échangeable, au contraire de Cu, est probablement due aux
effets antagonistes d’augmentation du pH et de l’apport de
métaux labiles par ce type de compost. La solubilité de Zn,
majoritairement sous forme cationique dans les solutions de
sols, est plus sensible au pH que celle de Cu, majoritairement
sous forme complexée. Il n’y a pas d’effet significatif des
composts sur le Cd échangeable.
DISCUSSION ET CONCLUSION
Effets des apports répétés de composts sur
les caractéristiques physico-chimiques des
sols
Le dispositif Qualiagro a été mis en place en 1998 afin d’évaluer
les effets d’apports répétés de composts d’origine urbaine sur la
qualité du sol mais également des plantes cultivés sur le dispositif.
Entre 1998 et 2006, 5 épandages ont eu lieu correspondant à 16,8 t
MS/ha pour le compost DVB et 12,7 t MS/ha pour le compost OMR
en moyenne à chaque épandage. Ces doses sont supérieures aux
Figure 8 : Concentrations en ETM extraits au Ca(NO3)2 dans les
traitements TN, T0, OMR et DVB (moyennes et écarts-types,
n variable ; comparaisons avec les limites de quantification LQ).
Figure 8 : Concentration in « soluble » trace elements extractable
with Ca(NO3)2 in the 4 treatments (mean and SD, variable n,
comparison with quantification limits LQ).
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 271
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
Elles sont très hétérogènes. Les composts apportés ont des
concentrations faibles en HAP, largement inférieures aux
maxima réglementaires. Aucune évolution significative des
concentrations dans les sols n’est observée.
Tableau 9 : Evolution of physico-chemical characteristics in the surface horizon of soil in the different treatments after 3 and 4 compost
applications in 2004 and 2006, respectively (for each treatment and analysis, data followed by different letters are significantly different,
Newman-Keuls test, α = 5 %).
Table 9 : Evolution des concentrations totales en ETM dans les horizons de surface des traitements suivis après 3 et 4 épandages de
composts (respectivement en 2004 et 2006). Les valeurs suivies de lettres différentes sont significativement différentes (test de Newman-
Keuls à α = 5 %).
Cu Zn Cr Ni Pb Cd Hg
mg/kg-1
DVB 1998 11,6 a 51,0 a 44,2 14,4 36,9 0,24 0,098
1,2 2,5 3,9 0,4 15,8 0,02 0,017
2004 13,6 b 51,8 a 44,1 14,5 28,7 0,23 0,098
1,2 1,8 1,4 0,4 6 0,004 0,028
2006 14,4 c 53,7 b 43,6 15 27 0,22 0,09
1,1 1 0,8 0,3 2,4 0,01 0,02
OMR 1998 11,6 a 52,5 46,2 14,4 24,9 0,23 a 0,098
0,3 6 3,8 0,5 2,7 0,01 0,019
2004 13,8 b 53,6 45,1 14,7 28,4 0,24 a 0,118
0,4 2,1 0,8 0,6 3,3 0,01 0,021
2006 14,5 c 54,3 45 15,1 29,1 0,22 b 0,1
0,4 2,2 0,8 0,6 7 0 0,02
TN 1998 11,8 50,2 46 14,9 ab 23,4 0,24 0,093
0,9 2,7 3 0,8 0,9 0,01 0,01
2004 12,1 50,5 45,7 14,7 b 25,2 0,23 0,078
1,1 2,1 1,3 0,8 2 0,02 0,024
2006 12,1 49,9 47,2 15,3 a 23,6 0,22 0,06
1 1,9 3,9 0,9 0,9 0 0,01
T0 1998 11,4 47,6 47,1 15,8 22,9 0,24 a 0,085
1,3 2,4 2,2 1,1 1,4 0,01 0,013
2004 11,9 46,3 47,5 15,5 24,3 0,22 ab 0,06
1,4 2,3 0,9 1,1 1,2 0,004 0,001
2006 11,6 45,5 46,3 16,2 22,7 0,20 b 0,06
1,1 1,6 2 1,8 0,6 0,02 0
272 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
caractérisée par des teneurs en C organique mais également
en Cu, Cd, Ni, Pb et Zn supérieures à celle du sol (Flores-
Vélez et al., 1996 ; Balabane et al., 1999). L’effet des composts
OMR s’observe également sur la concentration en ETM dans
la fraction [50 µm-5 mm]M. Les concentrations en HAP sont
également supérieures dans la fraction [50 µm-5 mm]L. Les
fractions organiques sont a priori les fractions qui seront les
plus utilisées par la faune et la microflore du sol essentiellement
hétérotrophe. Des teneurs plus importantes en ETM ou HAP
dans ces fractions organiques peuvent donc générer des
risques plus importants de transfert vers les chaînes trophiques.
Les résultats de spéciation des ETM montrent des teneurs
en ETM extractibles à l’EDTA supérieures dans les parcelles
amendées en composts par rapport aux traitements témoins.
Les différences sont plus marquées que pour les teneurs en
ETM totaux. L’EDTA extrait les ETM complexés à la MO et
liés aux carbonates (Lamy et al., 2005). Les variations entre 2
épandages de ces quantités mobilisables sont minimes. Les
différences les plus marquées avec les témoins sont observées
pour Pb, Cu et Zn. Ces fractions mobilisables représentent des
proportions variables des ETM totaux en fonction de l’élément :
Indicateurs d’exposition aux ETM
et HAP dans les composts et sols
Deux types d’indicateurs ont été mesurés : localisation
dans des fractions granulo-densimètriques et spéciation des
ETM sous des formes facilement extractibles. Les fractions
grossières légères [50 µm-5 mm]L sont abondantes dans
les composts (20 à 30 %). Ces fractions sont enrichies en
C organique par rapport aux composts totaux. Elles sont
également enrichies en Cu, Ni, Pb et Zn par rapport au compost
total dans le cas du compost DVB. Pour ce compost, la
majeure partie des ETM se trouve dans la fraction fine < 50 µm
et la fraction [50 µm-5 mm]L. Dans le compost OMR, la fraction
[50 µm-5 mm]L est également enrichie en C et N. Seuls Cu,
Zn et Ni présentent une concentration supérieure dans cette
fraction par rapport au compost total. Pour ce compost, ce
sont plutôt les fractions minérales [50 µm-5 mm]M qui sont les
plus enrichies en Cr et Pb.
Les apports de composts ont pour effet une augmentation
significative de la fraction [50 µm-5 mm]L dans le sol uniquement
dans le cas du traitement DVB. Cette fraction est classiquement
Tableau 10 : Evolution des concentrations en ETM extractibles à l’EDTA BCR dans les sols. Les valeurs suivies de lettres différentes sont
significativement différentes (test de Newman-Keuls à α = 5 %).
Table 10 : Evolution of concentrations of EDTA BCR-extractable HM in the surface horizon of soil (for each year and HM, data followed by
different letters are significantly different, Newman-Keuls test, α = 5 %)
Cr Cd Cu Ni Pb Zn
mg kg-1
2002
DVB 0,10 (0,02) 0,13 (0,01) 4,00 (0,96) ab 1,80 (0,10) 6,65 (0,93) 5,90 (1,60)a
OMR 0,11 (0,01) 0,13 (0,01) 4,53 (0,33) b 1,10 (0,80) 7,45 (1,70) 6,73 (0,56)a
TN 0,08 (0,01) 0,12 (0,00) 3,63 (0,59) a 1,13 (0,17) 5,68 (0,25) 4,40 (0,69)a
T0 0,07 (0,02) 0,12 (0,01) 3,40 (0,80) a 1,18 (0,10) 5,53 (0,56) 2,83 (0,22)b
2004
DVB 0,12 (0,01) 0,13 (0,01) 4,22 (0,67) ab 1,35 (0,70) 6,63 (0,81) 6,59 (0,86)a
OMR 0,11 (0,01) 0,13 (0,01) 4,70 (0,40) b 1,33 (0,80) 7,26 (1,48) 6,88 (0,41)a
TN 0,09 (0,01) 0,13 (0,01) 3,59 (0,61) b 1,35 (0,17) 5,99 (0,63) 4,46 (0,67)b
T0 0,09 (0,01) 0,12 (0,01) 3,27 (0,79) b 1,36 (0,16) 5,21 (0,38) 2,74 (0,30)b
2006
DVB 0,12 (0,01) a 0,13 (0,01) 4,44 (0,60) a 1,29 (0,80) 7,20 (1,53) 7,53 (0,96)a
OMR 0,11 (0,01) a 0,13 (0,01) 4,80 (0,29) a 1,32 (0,80) 7,65 (1,62) 7,26 (0,49)a
TN 0,08 (0,01) b 0,13 (0,01) 3,48 (0,54) b 1,28 (0,14) 5,62 (0,36) 4,12 (0,61)b
T0 0,08 (0,02) b 0,12 (0,00) 3,24 (0,75) b 1,36 (0,09) 5,28 (0,27) 3,05 (0,77)b
Apport de composts et disponibilité de micropolluants dans les sols cultivés 273
Etude et Gestion des Sols, 16, 3/4, 2009
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50 % pour Cu et Cd, 25 % pour Pb, 10 % pour Ni et Zn, 0.2 %
pour Cr.
Les quantités d’ETM échangeables, les plus disponibles vis-
à-vis des cibles biologiques, sont beaucoup plus faibles (moins
de 1 % des ETM totaux pour Cu, Zn et Cd). Ces quantités sont
modulées par les effets des apports de compost sur les autres
propriétés du sol. Ainsi, l’augmentation du pH du sol suite aux
apports du compost OMR diminue le Zn échangeable qui est
équivalent aux teneurs échangeables dans le traitement témoin
et inférieur au Zn échangeable dans le traitement DVB.
CONCLUSION
Nos résultats montrent un effet significatif des apports des
composts sur les caractéristiques physico-chimiques des sols
avec une augmentation des teneurs en C et N organique, une
augmentation du pH dans le cas du compost OMR. Les apports
de composts augmentent également les teneurs en ETM totaux
pour Cu et Zn. Les conséquences des flux d’entrée des autres
ETM et HAP via les composts ne sont pas détectables à l’analyse
dans les sols. Les apports de composts modifient de façon
plus marquée les quantités d’ETM potentiellement mobilisables
révélées par des méthodes d’extraction chimique. Cependant,
les fractions les plus facilement disponibles sont modulées par
les autres effets des apports sur les propriétés des sols, en
particulier le pH qui contribue à la diminution du Zn échangeable
dans le traitement OMR. Les effets sur la composante
biologique des sols sont présentés dans les articles de Leyval et
al. (2009) et Capowiez et al. (2009) qui montrent des variations
temporelles supérieures aux effets des apports sur la structure
des communautés microbiennes et un effet positif des apport
des composts sur la population de lombrics sans effet négatif
observé sur aucun des indicateurs testés aux concentrations
rencontrées dans ces sols agricoles soumis à épandage.
REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient Jean-Noël Rampon pour son aide
sur le terrain, Véronique Etiévant et Jean-Pierre Pétraud pour
leur aide au laboratoire.
274 S. Houot, Ph. Cambier, P. Benoit, M. Deschamps, A. Jaulin, C. Lhoutellier et E. Barriuso
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