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Impacts du ravinement de thermo-érosion sur l’hydrologie d’un petit bassin-versant sur l’île Bylot dans l’archipel arctique canadien.

Authors:

Abstract

Le ravinement de thermo-érosion du pergélisol dans la zone de pergélisol continu modifie la topographie et contribue au drainage des surfaces dans lesquelles les ravins se développent. Ce bris topographique soudain situé dans une terrasse à faible gradient de pente (~10 m/km) draine les milieux humides adjacents. Le ravin à l’étude a commencé à se former en 1999. En 2012, il présentait un axe principal d’une longueur de ~835 m, une superficie de ~28000 m^2 et une vitesse de progression de l’érosion sur son grand axe de ~60 m//an. Une image aérienne prise en 1972 montre les traces de plusieurs de ces ruisseaux qui s’écoulaient sur la terrasse près de l’emplacement du ravin actuel. Quinze ruisseaux entrant dans le ravin peu après la période de la fonte des neiges en 2010 et 2012 avaient chacun un débit variant entre 0.01 m^3/s jusqu’à 0.1 m^3/s, et l’exutoire du ravin un pic saisonnier de 0.2 m^3/s. Les courbes de taux d’humidité (sur 3 ans) de la couche active de polygones à coin de glace humides et asséchés ont une signature propre. Le taux d’humidité à l’intérieur d’un polygone humide est quasi-homogène (± 0.02 m^3 / m^3) et hétérogène au sein des polygones asséchés (± 0.14 m^3 / m^3). Le ravinement a augmenté la connectivité hydrologique du bassin versant. Les polygones à coins de glace situés au sein des terres humides et drainés lors du développement des ravins ont une capacité de rétention d’eau inférieure et une teneur en eau plus variable que les polygones intacts. To cite this poster: Godin E., Fortier, D. (2013) Impacts du ravinement de thermo-érosion sur l’hydrologie d’un petit bassin-versant sur l’île Bylot dans l’archipel arctique canadien. 81ème Congrès de l’ACFAS, 6-10 Mai, Québec, QC, Canada.
Remerciements
Gilles Gauthier et l’Équipe, Naïm Perreault, Esther Lévesque, Stéphanie
Coulombe, Michel Paquette, Michel Allard, Wayne Pollard, Oliver Sonnentag,
Josée Turcotte, Coralie Henry-Brouillette, Rachel Thériault, Alexandre Guertin-
Pasquier et Jean-François Lamarre.
Objectifs
a) Démontrer le changement du trajet des écoulements de surface
à l’emplacement d’un ravin entre un moment avant et un moment suivant
la formation du ravin.
b) Démontrer l’impact de l’érosion sur la capacité de rétention de l’humidité
du sol en comparant un polygone intact contre un polygone érodé.
Impacts du ravinement de thermo-érosion sur l’hydrologie d’un
petit bassin-versant sur l’Ile Bylot dans l’Archipel Arctique Canadien
Godin, Etienne* 1, 2 (etienne.godin.1@umontreal.ca) ; Fortier, Daniel 1, 2 (daniel.fortier@umontreal.ca)
(1) Dept. de Géographie, Université de Montréal, 520 Chemin de la Côte Ste-Catherine, Montréal, QC, Canada, H2V 2B8 (2) Centre d’Études Nordique, Pavillon Abitibi-Price, 2405, rue de la Terrasse, Local 1202, Université Laval, Québec, QC, Canada G1V 0A6
Contexte
La thermo-érosion est un processus d’érosion convectif des dépôts meubles riches en glace qui
se produit dans la zone de pergélisol continu se trouvant dans l’archipel Arctique Canadien. Le transfert
thermique convectif (énergie cinétique + thermique) de l’eau de fonte des neiges vers le pergélisol riche
en glace (coin de glace) initie la formation et le développement de ravins appelés ravins de thermo-
érosion. Des taux variant entre 14 ± 3 m an -1 et 25 ± 4 m an -1 ont été mesurés entre 2007 et 2011 dans la
vallée du glacier C-79 sur l’Ile Bylot, NU, Canada (Godin et Fortier 2012a – Figure 1). Trente-six (36) ravins
ont été identifi és dans cette vallée. La présente recherche se concentre sur un de ces ravin qui est étudié
depuis sa formation en 1999 (Fortier, Allard et al. 2007).
À l’échelle du bassin versant (Figure 2), l’impact du ravinement
change signifi cativement le tracé des écoulements de surface
(water tracks). Le ravin concentre les écoulements qui existaient
avant sa formation. Il crée une nouvelle connexion hydrologique
entre la vallée d’où provient l’écoulement et la rivière à chenaux
tressés, accélérant le transfert de l’eau vers la mer et augmentant
la mise en transport en sédiments et de nutriments.
Le taux d’humidité des polygones à coin de glace à centre
déprimé diminue lorsqu’ils sont érodés. L’ablation d’un d’un côté
du polygone permettrait une amélioration de son drainage vers
le ravin. La diminution du taux d’humidité change la distribution
des plantes qui existaient avant l’initiation du drainage – ce qui
est perceptible sur des images satellitaires multi-spectrales.
Résultats
a) Écoulements de surface
• Les écoulements identifi és sur la photo sont nombreux et bien distribués (Figure 3).
• Les polygones érodés adjacents ou près du ravin apparaissent en gris (Figure 4).
• Les polygones intacts apparaissent en rouge (Figure 4).
Le débit des points d’entrée d’eau dans le ravin lors du pic hydrologique
printanier variait entre 0.01 m3 s-1 et 0.1 m3 s-1 en 2010 et 2012 (Figure 4).
Site
Méthode
FIGURE 1 : La vallée du glacier C-79 est située
dans la plaine sud-ouest de l’Ile Bylot, dans l’est
de l’archipel Arctique Canadien. Pond Inlet est
localisé à 85 km au sud-est du site d’étude.
Parks Canada
PCSP
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4
FIGURE 2 : Le ravin en orange s’est initié en 1999 dans
la terrasse de polygones et s’élargit depuis. Il mesure
actuellement ~ 850 m de long. Il est principalement
alimenté en eau de fonte des neiges depuis deux petites
vallées au sud. Les fl èches bleues indiquent la direction
de l’écoulement. L’écoulement rejoint la rivière à chenaux
tressés au centre de la vallée qui s’écoule vers la mer.
Localisation N 73°09’ – O 79°56’
Ile Bylot Nunavut
(Figure 1 et 2)
Type d’environnement Vallée glaciaire déglacée
durant l’Holocène de
16 x 3 km
Nature des dépôts silt aéolien et
tourbe partiellement
décomposée
(Fortier et Allard 2004)
Topographie Pente de la terrasse
de polygones :
~ 1% – 3%
Normales climatiques à Pond Inlet
(1971 - 2000) (Environment Canada, 2002)
Température moyenne – 15.1 °C
annuelle de l’air
Précipitations moyennes 190 mm
Précipitations de neige seulement 145 mm
Pergélisol
Épaisseur de la couche 40 – 60 cm
active – silts tourbeux (Fortier et Allard 2004)
Épaisseur du pergélisol plus de 400 m
(Smith et Burgess 2000)
Écoulements de surface
Cartographie GPS 1999 – 2008 : Précision ± 6 m (Fortier, Allard et al. 2007)
Cartographie DGPS 2009 – 2012 : Précision ± 1 m (Godin et Fortier 2012b)
Débit à l’exutoire 2010 – 2012 : courantomètre Global Water FP101
Précipitations Pluviomètre (Gauthier, Bylot Island Climatic Database 1994-2013.)
Photos aériennes 1972 – 1 :15000
Images satellite GeoEYE Panchromatique + PIR – 2010; 1 pixel = 0.41 m
Relief BNDT Feuillets 38C04 et 48D01
Logiciel d’analyse ESRI ArcGIS v10
Humidité (Figure 6)
Sondes TDR (Humidité du sol) 2010, 2011 et 2012 – Décagon Em5b + EC-5
Polygone Érodé Ravin adjacent depuis 5 – 10 ans (#331)
Polygone Intact #573
FIGURE 3 : Le fond de la fi gure est un
assemblage d’images aériennes saisies l’été
1972, soit avant que le ravin soit formé.
FIGURE 4 : L’image de fausses couleur (4,3,2)
a été saisie en 2010. 29 points d’entrée d’eau
(points en bleu) ont été répertoriés lors de la fonte
du couvert de neige en 2010 – 2012.
FIGURE 5 : Débit du ravin à l’exutoire
et précipitations durant les étés 2010,
2011 et 2012. (Gauthier, Bylot Island
Climatic Database 1994-2013).
Les années 2010 et plus particulièrement
2011 ont eu peu de précipitations,
mais 2012 fut plutôt humide (Figure 5).
FIGURE 6 : Disposition des capteurs d’humidité et classifi cation du terrain. Les capteurs
d’humidité sont disposés selon un transect dans un polygone intact (#573) en vert et un polygone
érodé (#331) en gris. Le contour du polygone #331 est érodé au sud par une affaissement et au
sud-ouest par un glissement rétrogressif, ce qui augmente le drainage du polygone.
FIGURE 7 : L’humidité du sol pour 2010 – 2012.
Coupe transversale
d’un polygone instrumenté
b) L’humidité
Les capteurs d’humidité ont été déployés dans un polygone
à centre déprimé intact (#573), ainsi que dans un polygone
érodé (#331) – Figure 6.
On remarque dans la Figure 7 que :
Toutes les années mesurées : le polygone intact est signifi cativement
plus humide que celui qui est érodé.
Les années où il y a peu de précipitations : le taux d’humidité
au sein d’un même polygone peut varier signifi cativement.
L’année avec beaucoup de précipitations (2012) : l’humidité dans le polygone
intact varie peu alors que celle du polygone érodé est variable.
Implications
6Conclusions
Le ravin de thermo-érosion a un effet direct sur le drainage des écoulements sur
la terrasse de polygones et infl uence le trajet des ruisseaux en les concentrant.
Les polygones érodés et particulièrement les baydzherakhi sont mieux drainés
que les polygones intacts, ce qui se traduit par une transition végétale et des
changements à l’albédo des surfaces durant l’été
Le bilan hydrologique suite à la formation du ravin résulte en un drainage amélioré
et une conductivité hydrologique augmentée.
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Bibliographie
Environment Canada (2002) http://climat.meteo.gc.ca/climate_normals/.
Fortier, D. Allard, M. et al. (2004). Canadian Journal of Earth Sciences 41(8): 997-1012.
Fortier, D. Allard, M. et al. (2007). Permafrost and Periglacial Processes 18(3): 229-243.
Gauthier G., Bylot Island Climatic Database 1994-2013
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Godin, E. et Fortier, D. (2012a). 10th International Conference on Permafrost,
Salekhard, Russia.125-130.
Godin, E. et Fortier, D. (2012b). Canadian Journal of Earth Sciences 49(8): 979-986.
Smith, S. et Burgess, M. M. (2000). Open File Report #3954.
Geological Survey of Canada: 57 p.
Poster ACFAS Final 2013 CS5.indd 1 03-05-13 14:58
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Article
Full-text available
A thermo-erosion gully has been monitored in the valley of glacier C-79 on Bylot Island since 1999. The main channel of the gully reached 390 m in length a few months after its initiation and grew between 38 and 50 m/year over the following decade, for an overall approximated average of 75 m/year. In 2009, the total gully length and area, including the main and relict channels, were 2500 m and 25 000 m2, respectively. Gullies affect snow accumulation, and therefore ground temperature, local water flow, and drainage. Sinkholes, gully heads, pools, baydzherakhi, tunnels, and collapses were grouped as a function of time since gully formation in that area. Sinkholes and tunnels were formed every year after gully inception, and baydzherakhi were found in 3–10 year old sections of the gully. Stabilization of the gully floor and sides took about a decade.
Article
Full-text available
The initial configuration of the syngenetic ice-wedge polygons that developed in the outwash plain of glacier C-79 after 6000 BP was modified by the accumulation of wind-blown and organic sediments that began after 3670 ± 110 BP. The late Holocene sedimentation led to an increase in the thermal contraction coefficient of the soil and the formation of third- and fourth-order contraction cracks, partially explaining the current configuration of the polygonal network. The upturning of the sedimentary strata bordering the ice wedges was associated with the summer thermal expansion and resulting internal creep of the soil. The mean annual soil displacement coefficient was in the order of 2.5-2.7 × 10-5 /°C at the thousand-year scale. The late Holocene sedimentary strata under the centre of the polygons were undisturbed, which will make it possible to use this sedimentary record in further studies to attempt paleoenvironmental reconstructions from cores.
Permafrost and Periglacial Processes
  • D Fortier
  • M Allard
Fortier, D. Allard, M. et al. (2007). Permafrost and Periglacial Processes 18(3): 229-243.
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  • G Gauthier
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Open File Report #3954. Geological Survey of Canada
  • S Smith
  • M M Burgess
Smith, S. et Burgess, M. M. (2000). Open File Report #3954. Geological Survey of Canada: 57 p.