ArticlePDF Available

Cartographie numérique en ligne nouvelle génération : impacts de la néogéographie et de l'information géographique volontaire sur la gestion urbaine participative

Authors:

Abstract and Figures

Stéphane Roche (2) Stephane.Roche@scg.ulaval.ca Département de géographie, Université Laval, Québec, Canada (1) Département des sciences géomatiques, Université Laval, Québec, Canada (2) Mots-clés : Géomatique, SIG, information géographique volontaire, démocratie locale, Géoweb, wiki, cartographie en ligne, Web 2.0, gestion urbaine participative Résumé : La carte, et plus globalement la géolocalisation sont devenues omniprésentes sur Internet. Cette démocratisation de la géomatique par l'intermédiaire du Géoweb se traduit par l'émergence d'une nouvelle forme de cartographie utilisant les techniques du web 2.0. Qualifiée de néogéographie, elle se caractérise par une grande interactivité et des contenus géolocalisés générés par les utilisateurs. La mobilisation de cette information géographique volontaire constitue un défi pour les professionnels de l'information géographique mais aussi pour les collectivités territoriales. La question de la participation publique par l'intermédiaire des applications cartographiques contributives est ainsi renouvelée et plus globalement de nouvelles perspectives se dessinent pour les SIG participatifs. L'objectif de cet article est de mettre en perspective le développement du Géoweb participatif avec les processus de gestion urbaine participative. Abstract: Maps, and more broadly location have become ubiquitous on the Internet. This democratization of GIS through the GeoWeb produce the emergence of a new mapping is using the techniques of Web 2.0. The neogeography is characterized by high interactivity and user-generated geographic content. The mobilization of this volunteered geographic information is a challenge for geospatial professionals but also for local authorities. The issue of public participation through the participatory mapping is renewed and, more generally, new opportunities are emerging for participatory GIS. The objective of this paper is to put in perspective the development of participatory GeoWeb with urban planning.
Content may be subject to copyright.
1
Cartographie numérique en ligne nouvelle génération : impacts de la
néogéographie et de l’information géographique volontaire sur la gestion
urbaine participative
Boris Mericskay (1)
mericskay.boris.1@ulaval.ca
Stéphane Roche (2)
Stephane.Roche@scg.ulaval.ca
Département de géographie, Université Laval, Québec, Canada (1)
Département des sciences géomatiques, Université Laval, Québec, Canada (2)
Mots-clés : Géomatique, SIG, information géographique volontaire, démocratie locale, Géoweb, wiki,
cartographie en ligne, Web 2.0, gestion urbaine participative
Keywords: GIS, Volunteered Geographic information, Geoweb, participatory, public participation, wiki, PPGIS,
Web 2.0, urban planning
Résumé : La carte, et plus globalement la géolocalisation sont devenues omniprésentes sur Internet. Cette
démocratisation de la géomatique par l’intermédiaire du Géoweb se traduit par l’émergence d’une nouvelle
forme de cartographie utilisant les techniques du web 2.0. Qualife de néogéographie, elle se caractérise par une
grande interactivité et des contenus géolocalisés générés par les utilisateurs. La mobilisation de cette information
géographique volontaire constitue un défi pour les professionnels de l’information géographique mais aussi pour
les collectivités territoriales. La question de la participation publique par l’intermédiaire des applications
cartographiques contributives est ainsi renouvelée et plus globalement de nouvelles perspectives se dessinent
pour les SIG participatifs. L’objectif de cet article est de mettre en perspective le développement du Géoweb
participatif avec les processus de gestion urbaine participative.
Abstract: Maps, and more broadly location have become ubiquitous on the Internet. This democratization of
GIS through the GeoWeb produce the emergence of a new mapping is using the techniques of Web 2.0. The
neogeography is characterized by high interactivity and user-generated geographic content. The mobilization of
this volunteered geographic information is a challenge for geospatial professionals but also for local authorities.
The issue of public participation through the participatory mapping is renewed and, more generally, new
opportunities are emerging for participatory GIS. The objective of this paper is to put in perspective the
development of participatory GeoWeb with urban planning.
Introduction de l’article
La géomatique qui était traditionnellement un domaine réservé aux experts et aux professionnels
s’ouvre aujourd’hui au grand public. Cette démocratisation est en partie liée au développement du Géoweb,
lequel désigne la convergence du Web, des technologies géospatiales et de l’information géographique. Avec le
développement de l’Internet et en particulier l’émergence de nouveaux concepts participatifs issus du Web 2.01,
la géomatique ne pouvait que s’enrichir de ces nouvelles techniques et usages pour offrir tant aux professionnels
qu’au grand public un accès enrichi à l’information géographique. Le Géoweb se place désormais au cœur de
l’organisation du Web 2.0. Il est donc par essence participatif. L’information géographique y est produite et
consultée par tous, la carte s’y fait dynamique et interactive. On parle alors de Géoweb participatif pour
caractériser cette évolution. Il permet aux utilisateurs de lire et d’écrire la carte et offre à des types de public
variés, les moyens de superposer aux cartes géographiques traditionnelles, des informations et des services,
améliorant ainsi substantiellement la valeur ajoutée des cartes. De nouvelles pratiques spatiales ont ainsi émergé
1 Terme créer en 2003 par Dale Dougherty, cofondateur de la société d'édition O'Reilly Media pour désigner le
renouveau de l’Internet.
2
et les rôles respectifs des professionnels et des amateurs se sont recomposés. Les processus et pratiques de
création volontaire de données géolocalisées par le public sont porteurs d’enjeux sociétaux et scientifiques
majeurs. La néogéographie qui incarne la composante grand public de la géomatique est à envisager au-delà de
la sphère des loisirs et de l’amateurisme [1]. Elle renouvelle la manière d’envisager la cartographie participative
et pose la question de la mobilisation et de l’utilisation de l’information géographique volontaire dans des cadres
de gestion et de planification territoriale. Sur le plan scientifique, c’est le rôle de la carte, des SIG et des sciences
de l’information géographique plus globalement qui est questionné par ces nouvelles pratiques et l’information
géographique volontaire qui en découle. Précisément, dans cet article, nous proposons d’aborder cette nouvelle
dimension sociétale de l’information géographique selon trois angles complémentaires. Dans un premier temps,
nous ferons le point sur les techniques, les pratiques et les contenus liés à la géomatique grand public. Puis nous
nous attacherons à mettre en perspective le potentiel de cette démocratisation pour les collectivités dans leurs
pratiques d’aménagement participatif. Enfin, nous reprendrons les arguments de D. Sui sur la wikification des
SIG, pour montrer comment la carte à travers de nouvelles applications en ligne, est à envisager à la fois comme
un outil de géocollaboration mais également de lecture des dynamiques de construction des savoirs spatialisés.
1 L’émergence du Géoweb participatif
1.1 L’association du Géoweb et du Web 2.0
Depuis dix ans, le Géoweb a évolué au rythme des avancées des nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) et plus spécifiquement des mutations et de l’Internet. Il a
récemment pris une dimension participative avec l’émergence du Web 2.0. Le Géoweb (1.0) à vocation
d’information et de communication dans lequel les utilisateurs ne pouvaient que consulter de l’information
géographique s’est transformé en Géoweb 2.0 où les utilisateurs participent et collaborent aux technologies ainsi
qu’aux contenus géolocalisés. Certains parlent de Geoweb 2.0 [2], Maps 2.0 [3], Web-Mapping 2.0 [4] ou encore
de géomatique 2.0 [5] pour caractériser cette évolution. Au-delà de la terminologie, le Géoweb participatif se
positionne comme un nouvel environnement de consultation, de création, de gestion, et de diffusion de contenus
géolocalisés en ligne. Cette nouvelle approche de l’information géographique se place dans un contexte de
partage, de participation collective, de contribution volontaire et plus globalement de nouvelles formes
d’intelligences (collective, spatiale et territoriale).
Le succès du Web 2.0 et de fait du Géoweb participatif repose sur sa capacité à proposer de nouveaux
services en combinant des éléments déjà existants et plaçant l’internaute au cœur du dispositif [6]. D’un côté les
technologies et les pratiques spatiales convergent et se combinent dans une perspective de complémentarité. De
l’autre, les usages du Web évoluent vers des formes plus matures de socialisation selon des logiques de réseaux
ouverts, de travail collaboratif, de partage de l’information et d’action globale [7]. Au final, le Géoweb
participatif se positionne comme une plate-forme d’échange collective de contenus géolocalisés se formant
progressivement grâce aux pratiques, aux outils et aux contenus générés par les utilisateurs.
1.2 Un environnement technique ouvert
Le Géoweb participatif se caractérise par un univers technique renouvelé basé sur l’ouverture des
applications et des données. Les API2 cartographiques en constituent les « référentiels ». Il s’agit d’applications
cartographiques ouvertes et libres d’utilisation. Les API permettent la visualisation des réseaux routiers,
2 Application Programming Interface, les codes de programmation sont mis à disposition du public.
3
d’images satellitaires, des courbes de niveau ou encore de nouveaux types de visualisations comme les services
photos réalistes Google Street View ou BirdEye (vue obliques) de Microsoft. L’API de Google Maps fait office
de référence, elle est utilisée sur plus de 150 000 sites et blogs3. Son succès est surtout lié à une interface
permettant un affichage fluide des images raster et une grande réactivité des outils de zoom et de déplacement.
Néanmoins, de plus en plus de services cartographiques en ligne proposent leur propre API (Yahoo Maps, Live
Search Maps, Map24 et même le Géoportail de l’IGN). A la suite des API, les mashups ou « applications
composites » cartographiques représentent un niveau technique plus avancé. Il s’agit d’applications qui
consistent à agréger du contenu provenant de diverses sources sur une API cartographique. Les mashups
cartographiques ont littéralement explosés sur le Web, on en trouve des milliers qui permettent de visualiser sur
une carte diverses informations. Il peut s’agir du trafic routier ou aérien en temps réel, de petites annonces
(logements, emplois), de photos de vacances ou encore de dépêches d’agences de presse. La valeur ajoutée de
ces services par rapport aux plus anciens comme Mappy ou ViaMichelin France, réside dans la possibilité
d’ajouter des données et de créer ses propres cartes et plans. Autre technologie émergente, celle des mapplets,
qui permettent d’améliorer les cartes Google Maps en y ajoutant du contenu par le biais de fonctionnalités et de
couches d’information à la manière d’un SIG classique.
Au-delà de la dimension de consultation d’informations géographiques, le Géoweb participatif, se
matérialise aussi par une multitude de services interactifs offrant une boîte à outils en ligne très fournie pour la
création de contenus géolocalisés. La fonctionnalité My Maps de Google par exemple, permet de créer des cartes
personnalisées en ajoutant du contenu et de les partager. On peut aussi citer des applications comme Platial,
UMapper, MapLib ou Geocommons en ce qui concerne les outils de cartographie en ligne (importations et
exportations de données, mise en page, analyse thématique, dessin, etc.). D’autres services comme Navx ou
Listphile offrent aux internautes la possibilité de gérer en ligne des bases de données géolocalisées sous la forme
de bibliothèques de POI (points d’intérêts). Les formats des fichiers d’information géographique évoluent aussi.
On parle aujourd’hui de GPX, KML, KMZ ou GeoRSS pour désigner les formats standards du Géoweb.
1.3 Une nouvelle forme d’information géographique
Avec les nouvelles architectures de type réseaux ouverts et les potentialités offertes par les technologies
géospatiales participatives, l’information géographique n’émane plus seulement de grands producteurs
d’informations, qu’ils soient institutionnels ou privés. Une partie est désormais produite, mise à jour et diffusée
par le grand public (communautés de pratiques, particuliers, citoyens) selon une logique ascendante (bottom-up).
Concrètement chaque internaute peut publier et géolocaliser ses photos, mettre en ligne sa dernière randonnée,
donner son avis sur la pizzeria de son quartier ou encore dessiner le réseau routier de son village. On qualifie ces
nouveaux contenus géolocalisés, d’informations géographiques volontaires [8] ou de contenus géographiques
générés par les utilisateurs [9]. Ces pratiques renouvellent les schémas traditionnels de production, de diffusion
et d’utilisation de l’information géographique.
Plusieurs contextes de production d’informations géographiques volontaires peuvent être différenciés
selon leurs finalités, l’engagement des utilisateurs, la qualité ou encore leurs thématiques. D’un côté on retrouve
des contextes en lien avec les applications cartographiques dîtes explicites [10]. Dans ce cas, il existe une volonté
de la part des utilisateurs de créer de l’information géolocalisée dans un but de contribution et d’enrichissement.
3 Selon le blog http://maps-forum-announcements.blogspot.com/
4
On retrouve des logiques de type crowdsourcing4 qui représentent le cadre de production le plus codifié. Il s’agit
d’initiatives instituées et encadrées par les grands producteurs et utilisateurs d’information géographique dont
l’objectif est de capter les données créées par les utilisateurs afin de les valoriser. Calqué sur le modèle de
l’outsourcing (externalisation), le crowdsourcing ou « externalisation de la production par la foule » [11]
consiste à utiliser et capitaliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire des utilisateurs. Dans les faits, les
professionnels mettent en place des plates formes de contribution dans lesquelles les utilisateurs sont invités à
venir enrichir, mettre à jour et corriger les bases de données existantes. On parle alors de spatial crowdsourcing
[12]. On peut citer en exemple des projets comme Google Maps Maker ou Map-Share de Tom-Tom lequel
compte plus de cinq millions de contributions depuis son lancement en 2007. On trouve également au sein des
applications cartographiques explicites des contextes de production assez codifiés, n’ayant pas de véritable
objectifs commerciaux ni de cadres réglementés. Il s’agit d’initiatives liées aux loisirs mises en place par et pour
les particuliers. Ce cadre de création s’appuie sur de nombreuses communautés de pratique dont le but est de
produire de nouveaux contenus afin de venir enrichir les GPS autonomes d’informations et d’itinéraires. Des
sites comme GpsPassion ou POIfriend centralisent des milliers de bases de données de points d’intérêts générées
par des passionnés (restaurants, radars, boites à lettres, parking, commerces, cache de géocaching5, etc.) En
complément des POI (points), la création de tracés (lignes) se développe. Utagawa, Trailguru ou TraceGps
offrent ainsi des milliers d’itinéraires libres d’utilisations pour des randonnées pédestres, cyclistes ou équestres
sous la forme de tracés consultables sur le Web et utilisables au sein des dispositifs mobiles comme les GPS et
PDA.
Les autres contextes de création de contenus géolocalisés sont liés aux applications géographiques dîtes
implicites. Dans ce cas, la composante information géographique n’est pas le but principal de l’application, elle
est secondaire voire involontaire. Il s’agit d’une logique d’automatisation de la représentation de l’information
géographique comme dans le cas des mashups cartographique ou des fonctionnalités de géolocalisation de site de
partage de photos ou de vidéos. La création de contenus géolocalisés s’opère ainsi dans un cadre en ligne
totalement ouvert. Dans les faits, les utilisateurs créent et enrichissent de l’information géographique sans
véritable but de diffusion, d’utilisation ou de reconnaissance. Il convient d’en différencier deux niveaux. Le
premier est l’enrichissement des contenus déjà géolocalisés par l’ajout d’informations objectives (liens, photos,
horaires, coordonnées) ou subjectives (avis, votes et commentaires). Le deuxième niveau implique la création de
nouveaux contenus géolocalisés. D’un côté, on retrouve le processus de géomarquage (geotagging), qui consiste
à la création de points d’intérêts sur les API cartographiques. De l’autre il s’agit du processus d’ajout de
coordonnées géographique (géoréférencement) aux contenus déjà disponibles sur le Web (photos, vidéos,
articles, flux, etc.). Avec ces nouveaux producteurs et ces nouvelles stratégies de production, les données elles
même évoluent. L’information géographique volontaire englobe des thématiques très variées (lieux, personnes,
événements, flux de circulation, etc.). A ces nouvelles thématiques, s’associent de nouvelles formes de
représentations spatiales mobilisant de nouvelles variables visuelles (diversification de l’iconographie
ponctuelle, affichage dynamique, effets de transparence).
4 Néologisme basé sur outsourcing crée en 2006 par Jeff Howe et Mark Robinson rédacteurs à Wired magazine.
5 Le géocaching est un loisir qui consiste à utiliser des GPS pour rechercher ou dissimuler des contenants appelé
« cache » dans divers lieux à travers le monde.
5
1.4 Cartographie en ligne nouvelle génération et géomatique personnelle
Les technologies géospatiales désormais disponibles permettent aux internautes de créer leurs propres
cartes mais également leurs propres contenus géolocalisés à l’aide d’outils plus accessibles et conviviaux. On
parle alors de cartographie personnelle ou de néogéographie [13] pour caractériser cette cartographie en ligne
nouvelle génération faite par et pour le grand public où l’interactivité est aussi importante que le contenu. La
carte devient le support du partage, elle incarne l’interface du lien entre le physique et le numérique. Après avoir
été vu comme un outil d’information, de communication unidirectionnel et de pouvoir. La carte peut maintenant
se positionner comme un instrument d’interaction et de participation [14].
Figure 1. Les différents types de cartes disponibles sur Internet6
Plus globalement, l’utilisation de l’information géographique, qui se faisait jusqu’à ces dernières années
dans un contexte essentiellement collectif, prend une dimension plus individuelle. Le développement de la
société de l’information géographique [15], permet à la géomatique de s’offrir au grand public par
l’intermédiaire du Géoweb comme support de diffusion et par le biais de la cartographie en ligne comme
instrumentation. La géomatique qui depuis ses débuts était réservée aux professionnels, devient plus accessible
et compréhensible par le grand public. Elle se démocratise et s’insère dans la société à la fois par le biais de
nouvelles pratiques spatiales en ligne (cartographie personnelle, services cartographiques, annuaires hyper-
locaux, globe virtuels). Mais aussi sur le terrain, l’utilisation des solutions géomatique mobiles comme les
Smartphone, PDA et autres Iphones se généralise en voiture, en randonnée ou en voyage.
En élargissant la réflexion aux sciences de l’information géographique, on peut considérer qu’il
cohabite actuellement deux modèles de géomatique [5]. L’une dite professionnelle est propriétaire, uniforme,
spécialisée et réservée aux experts et aux professionnels. Une autre dite personnelle, est grand public, ouverte,
composite et partagée. Par analogie on peut faire le parallèle avec le modèle de développement de l’Open Source
[16]. Avec d’un côté le modèle dit cathédrale très structuré et hiérarchisé qui correspond à la géomatique
6 D’après la typologie de Kraak & Menno, Settings and needs for Web cartography, dans Web Cartography,
Francis et Taylor.
6
professionnelle. Et de l’autre, le modèle de type bazar qui correspond à la géomatique personnelle
l’information comme les connaissances se mélangent et s’échangent sans barrières. Cette cohabitation entre ces
deux modèles n’est pas cloisonnée. On assiste à des allers et retours entre géomatique professionnelle et
géomatique personnelle, tant au niveau des techniques (logiciels, formats, normes), des pratiques
(crowdsourcing) que des contenus (information géographique hybride). On peut voir dans la géomatique
personnelle une forme d’évolution de la géomatique professionnelle qui se place en complément et non en
remplacement. Cette complémentarité entre ces deux modèles met en perspective de nouvelles interactions
possibles entre les amateurs et les professionnels du domaine.
2 Géomatique grand public et gestion urbaine participative
2.1 Géomatique, territoire et participation
Avec les problématiques environnementales croissantes, et l’apparition du concept de développement
durable, l’implication des citoyens dans la prise de décision collective aussi appelée démocratie participative est
mise en avant comme base politique pour une meilleure gouvernance locale. La participation des citoyens dans
la vie politique locale s’institutionnalise, quant à l’accès à l’information géographique, il est de plus en plus
soumis à diverses obligations légales (directive Inspire, convention d’Aarhus). Les évolutions règlementaires et
législatives en matière de gestion urbaine imposent de plus en plus aux villes et aux agglomérations la mise en
place de démarches participatives. Ainsi la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU),
mentionne la nécessité de développer des démarches participatives et de favoriser la collaboration entre les
différents acteurs du territoire dans le cadre par exemple, de la mise en place d’un schéma de cohérence
territoriale (SCOT), ou de plan locaux d’urbanisme (PLU). De même que la charte de l’Environnement, adoptée
en 2005, a fait de l’information et de la participation des citoyens par rapport à l’élaboration des décisions
publiques ayant une incidence sur l’environnement un droit constitutionnel.
Les enjeux urbains d’aménagement du territoire représentent un des objets majeurs des expériences et
des dispositifs participatifs. Les gestionnaires des territoires urbains ont de plus en plus recours à des instruments
de démocratie locale se mêle légitimation démocratique et légitimation par l’expertise. La mise en place de
procédures de démocratie locale comme les conseils de quartiers ou les consultations publiques s’inscrivent
pleinement dans une dynamique de construction d’une identité et d’une légitimité du territoire. Ces débats entre
experts, élus et citoyens peuvent concerner l’élaboration des plans de zonage, l’implantation d’équipements
publics ou encore les aménagements routiers. Pour mener à bien ce type de projets, il est nécessaire de construire
une représentation partagée du territoire en confrontant les points de vue des acteurs et en mobilisant les
différentes sources d’information. L’enjeu est donc double, d’un côté la ville comme espace d’action et de
l’autre comme espace de représentation. La participation publique à la gestion urbaine territoriale implique que
l’information géographique soit plus ouverte, accessible et compréhensible par le public. Mais aussi que des
acteurs-usagers jusqu’alors passifs deviennent actifs et producteurs d’information. La construction d’un territoire
commun impliquant différents acteurs nécessite d’associer ces derniers à la production des connaissances sur le
territoire [17]. Les technologies géospatiales représentent des supports privilégiés de production et de
communication de représentations spatiales dans des démarches de participation publique. La carte et plus
globalement les SIG sont en mesure de devenir des supports pour un rôle plus actif et constructif des citoyens et
de fait d’offrir une plus grande implication possible de la population dans la prise de décision collective en
permettant une meilleure compréhension des problématiques territoriales. En tant qu’outils d’interaction, de
7
collaboration et de coopération, les SIG peuvent aider des groupes divers à construire ensemble une vision
partagée de leur territoire dans l’objectif de décider ensemble [18].
2.2 De nouvelles perspectives pour envisager la participation urbaine
En ce qui concerne le territoire, le Web 2.0 est de plus en plus utilisé comme un outil de participation
citoyenne qui réinterroge la notion de démocratie participative [19]. En général très orientés vers l’information,
les sites institutionnels deviennent de plus en plus participatifs. Les nouveaux instruments de communication
citoyenne s’appuyant sur les technologies participatives prennent la forme de blogs citoyens ou de wikis
territoriaux. Ils concernent des thématiques diverses comme les conseils de quartiers, le co-voiturage, l’identité
culturelle ou encore les transports en commun [20]. Des néologismes comme territoire 2.0 [21], villes 2.0 ou
collectivités 2.07 se plaçant dans la continuité de l’idée d’e-gouvernement font leur apparition. Ils rénovent le
concept de gouvernance territoriale en offrant de nouveaux outils et de nouvelles méthodes pour la mobilisation
des citoyens [22]. A la suite de ces nouvelles utilisations des NTIC, il ressort que les enjeux liés au
développement du Géoweb participatif renouvellent la manière d’envisager la participation urbaine publique
pour les gestionnaires des territoires. A la fois par le biais de la cartographie en ligne mais également par
l’intermédiaire de l’information géographique volontaire. De plus, la diffusion de masse rendue possible par le
Web 2.0, permet au Géoweb participatif d’élargir le spectre du public potentiellement concerné par des
démarches de participation territoriale [23]. Ainsi, de nouveaux types de public qui habituellement étaient peu
investis dans les démarches participatives locales sont potentiellement mobilisables (jeunes actifs, étudiants,
citadins).
Dans les faits, la tendance est davantage à la consultation qu’à la participation du public. Actuellement,
la carte se positionne comme un instrument de contribution ayant pour objectif de centraliser les attentes et les
propositions des citoyens sur des problématiques locales. Il est néanmoins important de souligner que ce type
d’initiative existe, se développe et offre de nouvelles opportunités en termes de mobilisation citoyenne pour les
collectivités locales. On peut citer l’exemple de la carte interactive de la ville de Camden aux Etats-Unis., ou
encore le projet FixMyStreet qui permet aux habitants de Londres de signaler, reporter et discuter des problèmes
locaux qu'ils rencontrent dans leur quartier à travers une interface cartographique. Les possibilités offertes par le
Géoweb participatif intéressent également le politique. En France, au cours de la campagne électorale des
municipales de 2008, plusieurs cartes « participatives » ont fait leur apparition sur les sites de quelques
candidats. Notamment la cartosphère pour l’un des candidats à la mairie de Marseille. Cette hybridation entre
cartographie et forum participatif permettait aux habitants de déclarer ce qu'ils voulaient voir changer dans leur
ville (transport, propreté, culture, éducation, santé, sécurité) et plus de 5000 Marseillais y ont pris part en six
mois d’existence. Depuis Novembre 2008, l’Agoracarte (initiative similaire à la cartosphère) est proposée sur le
site d’une candidate française aux élections régionales de 2010.
2.3 Les enjeux du Géoweb participatif et de l’information géographique volontaire
On constate que la cartographie en ligne est en mesure de mobiliser la contribution voire la collaboration des
internautes également citoyens. L’exemple de l’adaptation de l’industrie du géospatial aux évolutions du
7 Ces deux termes sont issus de différents projets liés au programme « Villes 2.0 » initié en 2006 par la
Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) dont les thèmes de réflexion portent sur l’avenir des villes et des
technologies de l’information et de la communication.
8
Géoweb montre bien que de nouvelles possibilités sont envisageables pour les gestionnaires des territoires tant
sur le plan des technologies, des pratiques que des contenus. Le développement du Géoweb participatif est à
envisager au-delà d’un simple processus de vulgarisation des usages et des pratiques, de même que l’information
géographique volontaire ne se limite pas à la seule dimension amateur. La variable déterminante de l’efficacité
sociale du Géoweb participatif réside dans son statut social et dans la manière (et l’intensité) avec laquelle les
utilisateurs se l’approprient et l’utilisent [24]. L’intérêt du grand public pour la cartographie personnelle et la
géolocalisation, la quantité d’information géographique crée ainsi que les nombreuses initiatives qui se
développent illustrent bien le fait que le Géoweb participatif au même titre que le Web 2.0 ne se limite pas à la
seule dimension récréative. Il convient de prendre en compte les nouvelles fonctions de l’information
géographique dans la société et être capable de relier la conception des outils et les contextes sociaux et culturels
dans lesquels ils sont employés [17].
Le développement du Géoweb participatif questionne donc les collectivités, tant pour leurs besoins de
fonctionnement que dans le cadre de leurs missions d’intérêt public. D’une part les nouvelles techniques et
méthodes sont en mesure d’offrir une participation plus (inter)active aux citoyens en se positionnant comme des
instruments de proximité et de démocratie locale. D’autre part, les contenus géolocalisés crées par le public
représentent un nouveau mode d’expression citoyenne. La cartographie en ligne participative par l’intermédiaire
du Géoweb participatif, constitue un nouveau moyen de formaliser et de mobiliser les connaissances locales et
les retours (problèmes, propositions) des habitants sur des thématiques territoriales à enjeux (transports,
éducation, loisirs, environnement, sécurité). Et l’information géographique volontaire, peu ou pas formalisée,
constitue un potentiel d’enrichissement aux SIG institutionnels, dans une perspective de gestion territoriale
participative, tout en offrant un accès privilégié aux représentations et pratiques spatiales des habitants [25]. Elle
incarne un nouveau type d’information géographique représentant des connaissances locales complémentaires
aux données institutionnelles déjà existantes [26]. Au final, on peut voir dans le développement de la
cartographie en ligne grand public et de l’information géographique volontaire, des éléments pour une nouvelle
génération de PPGIS8 [27]. La convergence des techniques et des pratiques renouvellent les logiques et surtout
les cadres de participation. Ils sont moins formels et plus en lien avec les attentes et les habitudes des citoyens.
En effet, ces derniers sont de plus en plus amenés à utiliser Internet dans leur quotidien et plus spécifiquement
les nouveaux modes de communication et d’expression comme les réseaux sociaux, les blogs ou les wikis.
3 La wikification de la cartographie en ligne
3.1 Un nouveau mode de production et de gestion des contenus géolocalisés
La carte ainsi que l’information géographique sont devenues plus accessibles et surtout productibles par le
grand public. Mais l’instrumentation ne constitue pas une fin en soi. Les outils, les pratiques et les
représentations spatiales ont évolués mais pas encore véritablement les méthodes. La wikification de la
cartographie en ligne et des SIG [28] représente une avancée sur le plan technologique mais aussi d’un point de
vue méthodologique. On entend par wikification de la cartographie en ligne, le développement des applications
8 Public Participation GIS (PPGIS), correspond aux SIG dit « participatifs » qui incluent les citoyens dans les
processus de prise de décision. Les PPGIS datent du début des années 1990, ils sont basés sur des logiques de
production type bottom-up et se positionnent comme des réponses faces aux critiques qui sont apparus contre les
SIG.
9
cartographique en ligne s’appuyant sur un système de gestion des contenus de type wiki. Il s’agit d’un nouveau
mode de gestion des contenus géolocalisés basé sur la collaboration et l’intelligence collective.
Pour simplifier, un wiki est une application Web interactive qui peut être consultée, modifiée et enrichie
selon les droits octroyés, favorisant ainsi, une construction dynamique et collective des connaissances. Il s’agit
d’un type de collecticiels permettant la co-construction et la co-écriture d’une base de connaissance commune.
On peut considérer les wikis comme une forme de réseau social basé sur la mise en commun de connaissances.
L’exemple le plus significatif est celui de l’encyclopédie libre Wikipédia qui en l’espace de cinq ans s’est
imposé comme une référence. Les principes de bases d’un wiki sont en rupture avec la production linéaire des
richesses et le fonctionnement hiérarchique. Ils adoptent une approche itérative et non cumulative de la
connaissance et représentent de nouvelles pratiques de management de l’information. A la base, un wiki se
présente comme une boîte vide non structurée, il s’organise en rubrique et s’enrichit au fil des contributions.
Deux fonctionnalités lui confèrent une particularité collaborative avancée. D’une part tout utilisateur peut créer,
modifier ou supprimer du contenu et agir sur l’architecture de l’application. D’autre part, toutes les contributions
sont archivées et consultables par le biais d’un historique des modifications, permettant ainsi de retracer
l’évolution de sa conception. C’est cette dimension du suivi des modifications qui donne au wiki sa spécificité
par rapports aux autres systèmes de gestion des contenus (CMS).
On parle de WikiSIG [29], de Geo-wiki [30] ou encore de wiki-mapping [31] pour caractériser les
applications cartographiques fonctionnant sur le principe d’un wiki. Cette nouvelle forme de cartographie en
ligne se pose comme un nouveau paradigme dans la conception et l’utilisation de la carte. Ainsi, au sein de ces
nouvelles applications, l’information géographique est produite de manière collaborative tant au niveau de la
création que de l’enrichissement des contenus géolocalisés. La différence essentielle avec les initiatives de
cartographie participative qui se développent actuellement au sein du Géoweb participatif réside dans la forme
de participation des utilisateurs. Contrairement aux plateformes de contribution géographique comme Google
Maps maker, ou des cartes « participatives » mises en place lors des campagnes électorales, les utilisateurs sont
véritablement impliqués dans leurs productions. Et toutes leurs actions (création, suppression, mise à jour et
discussion autour des contenus) sont archivées et consultables par tous. Ainsi chaque éditeur est associé à sa
contribution. La dimension collaborative de la conception de la carte permet la syndication du contenu généré
par une multitude d'individus ayant participé à la fabrication de la carte. Les potentialités sont nombreuses tant
pour l’aménagement du territoire, qu’au niveau de l’information des citoyens. Par exemple, la création de
services cartographiques locaux développés par les collectivités et enrichis par les citoyens constituerait de
véritables outils d’information et de promotion territoriale. De même que l’utilisation d’un WikiSIG dans le
cadre de la consultation des habitants sur l’élaboration d’un SCOT permettrait une véritable interaction entre les
citoyens, les aménageurs et les élus.
3.2 Géocollaboration et lecture temporelle de la carte
Il ressort qu’un WikiSIG s’avère intéressant pour élaborer un cadre de référence commun, approfondir une
thématique ou assurer le suivi d’un projet complexe. Les participants impliqués dans le projet collaborent tout en
parvenant à une production concrète qui évolue au fil des contributions. L’objectif est de créer une transversalité
entre les utilisateurs afin qu’ils soient en mesure de travailler de manière collaborative dans le but de partager
l’information de façon efficace et constructive [32]. Cette manière de travailler en interaction permanente
permet de faire émerger de nouvelles connaissances entre les participants par le dialogue et la confrontation des
10
points de vue. La carte peut ainsi se positionner comme un support pour à la fois poser une question aux citoyens
et rassembler les connaissances locales d’un territoire au sein d’un endroit commun accessible à tous. On parle
alors de géocollaboration [12] pour caractériser des approches ou des situations collaboratives utilisant des
données géographiques et des technologies géomatiques. La géocollaboration par l’intermédiaire d’un WikiSIG
permet de partager la compréhension d’un même territoire, améliorant ainsi les interactions par la confrontation
des perceptions géographiques des acteurs autrement que par le simple partage de données géographiques [18].
Les situations de géocollaboration permettent de dépasser l’usage individuel et autonome des SIG en créant des
occasions pour les acteurs de travailler ensemble avec des cartes dans le but de prendre des décisions collectives
sur un même territoire.
Autre élément spécifique au WikiSIG, celui de la lecture temporelle de la carte. La combinaison entre
cartographie en ligne et wikis permet de raconter l’histoire de la carte (ou du projet) par le biais de l’historique
du contenu généré, offrant ainsi la possibilité de suivre son évolution dans le temps. Contrairement à de
nombreux mashups cartographiques où l’utilisateur n’agit pas véritablement sur la base de données, les
techniques mobilisées dans les Wikis, permettent la traçabilité documentée des étapes de conception de la carte.
Un WikiSIG donne accès à la carte « en train de se faire ». L’important est davantage dans le processus que dans
le produit fini. Ce renversement de paradigme est intéressant dans un contexte de travail collaboratif chacun
apporte sa contribution à un projet commun. La carte est en mesure de devenir un outil de lecture des
dynamiques de construction des savoirs spatialisés et de traçabilité des représentations spatiales. On peut ainsi
retracer l’évolution d’un projet selon les types d’acteurs impliqués (citoyens, aménageurs, partenaires ou élus) et
mieux cerner leurs représentations du territoire.
3.3 Exemples de Wikification de la cartographie en ligne
A titre d’illustration, nous revenons ici sur les exemples d’OpenStreetMap et de Wikimapia. La
spécificité de ces services cartographiques basés sur l’information géographique volontaire est de proposer aux
utilisateurs une gestion collaborative des contenus selon les principes d’un wiki. Ces deux applications
connaissent un certain succès auprès du grand public tant dans la dimension consultation que création de
contenus. Toutes les données disponibles par le biais de ces services proviennent exclusivement des
contributions des utilisateurs et s’enrichissent continuellement.
Le but d’OpenStreetMap est de proposer une cartographie libre et ouverte des réseaux routiers du
monde afin de pouvoir s’affranchir des producteurs institutionnels et commerciaux. Ce projet de création d’une
base de données des rues et des routes libre d’utilisation a débuté en juillet 2004. Les contenus proviennent
exclusivement des contributions volontaires et sont disponibles selon les termes de la licence Creative
Commons. Dans les faits, chaque utilisateur enregistré peut contribuer à la création et à la numérisation des
réseaux routiers. Des éditeurs permettent de réaliser en ligne des cartes en se basant sur un fond d'image
satellitaire mis à disposition par l’API de Yahoo. Il est aussi possible d'introduire des données provenant de
récepteurs GPS. Pour ce faire, les contributeurs enregistrent leurs itinéraires, puis les restituent au sein du serveur
de données d'OpenStreetMap. Dans certains cas, les cartographes amateurs (mappeurs) peuvent se donner
rendez-vous pour relever de manière organisée et coordonnée les données lors de sessions cartographiques
basées sur la convivialité (mapping parties). Les outils disponibles permettent d'utiliser les données
d'OpenStreetMap pour alimenter la carte interactive mondiale et en extraire certaines parties pour son propre
usage (du globe complet à la carte locale). Les utilisateurs ont aussi la possibilité de créer des cartes interactives
11
ou statiques, des cartes pour les GPS et d’alimenter certains SIG. OpenStreetMap repose sur le moteur wiki
MediaWiki. Mais à la différence de Wikipédia utilisant le même moteur, les utilisateurs enregistrés interviennent
sur un site unique de collaboration dont l'architecture principale et le contenu sont anglophone. Pour les
accompagner dans leurs contributions, les utilisateurs disposent de sites d'aide sous la forme de wiki dans de
multiples langues, de forums en ligne, de listes de diffusion et de blogs. Les zones les mieux couvertes sont le
Royaume-Uni, pays de création du site, et l'Allemagne. Le reste de l'Europe, les États-Unis, le Canada et
l'Australie sont assez actifs. Le succès d’OpenStreetMap tant au niveau de la couverture que de la qualité des
données illustre bien les possibilités offertes par la cartographie collaborative. Depuis février dernier la société
CloudMade9, propose des services de géolocalisation (géocodage, itinéraires, cartes, etc.) et une API
cartographique se basant sur les données OpenStreetMap. Autre initiative à souligner, celle d’OpenCycleMap
qui propose depuis janvier 2009 une carte libre des pistes cyclables du monde (nationale ou urbaines)
agrémentée de toute sorte d'information utiles aux cyclistes (magasins, fontaines, stationnement, etc.).
Figure 2. Le campus de l’université Laval sur OpenStreetMap
Le projet WikiMapia dont la vocation consiste à « décrire la planète terre » a été lancé en mai 2006. Il
s’agit d’un service d’information géographique se finançant grâce à la publicité. Il affiche désormais plus de neuf
millions10 d’entrées et compte plus de deux cent mille contributeurs enregistrés. Sa particularité est de combiner
une interface cartographique (Google Maps) avec des wikis géolocalisés, se matérialisant sur la carte sous la
forme de rectangles. En cliquant sur ces rectangles qui s’affiche en superposition, les utilisateurs accèdent à
diverses information concernant le lieu désigné (adresse, coordonnées, liens, article de Wikipédia, photos, etc.)
Les zones dessinées (polygone) par les utilisateurs à partir des fonds de cartes constituent ainsi les données de
références de l’application. Leurs validation est assez simple. Pour être approuvé, un lieu doit être présent depuis
au moins 24 heures et doit avoir plus que deux votes positifs et aucun négatif. Ensuite les lieux sont complétés
et enrichis au fur et à mesure selon les principes d’un wiki. Les informations d’un même lieu peuvent exister en
plusieurs langues et être modifiées par les utilisateurs. Wikimapia consiste donc en plusieurs choses, créer de
9 Fondée par les créateurs d'OpenStreetMap.
10 Selon la page d’accueil de Wikimapia
12
nouveaux lieux en les vectorisant à l’aide de polygones, apporter des informations se rattachant aux lieux et
enfin, valider les lieux déjà existants ainsi que les informations qui leurs sont rattachées. Dans l'idée,
l’application s’organise selon un principe de hiérarchisation des contributeurs et des contributions. Il existe ainsi
trois niveaux d’utilisateurs (non enregistré, enregistré et privilégié) ayant chacun des droits d’édition spécifiques.
Plus l’utilisateur crée de lieux eux-mêmes validés et plus il valide de lieux, plus il gagne en droits d'édition au
sein de l’application. Il existe d’ailleurs un classement des contributeurs, pour l’anecdote l’utilisateur de rang un,
compte plus 7000 créations de lieux, 40 000 éditions et pas moins 3300 ajouts de photos. Mais La finalité réelle
de Wikimapia est peu claire. A la différence d'OpenStreetMap, qui a obtenu de Yahoo le droit d'utiliser son
imagerie aérienne. Wikimapia se place dans une logique de travail dérivé de sources propriétaires. En
l’occurrence celles de Google. De plus le travail collaboratif des utilisateurs ne se place sous aucune licence.
Cela pose le problème d'une éventuelle récupération commerciale de toutes les données générées par les
contributeurs.
Figure 3. Le campus de l’université Laval sur Wikimapia (affichage de base)
4 Conclusion
Le Géoweb participatif se définit par de nouvelles pratiques spatiales axées sur le partage, l’interaction
et la participation. La cartographie en ligne qui en représente l’une des composantes essentielles, se caractérise
par un univers technique spécifique, des logiques de production renouvelées et de nouveaux types de contenus
géolocalisés. Cette nouvelle approche de l’information géographique se place dans un contexte de partage, de
participation collective, de contribution volontaire et plus globalement de nouvelles formes d’intelligence
(collective, spatiale et territoriale). Avec le développement des applications cartographiques fonctionnant comme
des wikis, la conception de la carte peut désormais s’opérer dans une logique de gestion des connaissances
locales où les participants au projet modifient librement les contenus en échangeant et en confrontant leurs
connaissances et leurs points de vue. De nombreuses potentialités se dessinent ainsi pour les collectivités. Mais
la technologie n’a pas de sens, de valeur et de conséquence en elle-même, c’est la pratique individuelle et
collective qui en décide. De fait, les technologies géospatiales ne sont que ce que leurs usagers veulent bien en
13
faire, indépendamment de leurs capacités techniques. Il parait donc indispensable de cerner ce qu’elle représente
pour ses usagers et comment elle s’inscrit dans l’environnement et les pratiques de la vie quotidienne. En
d’autres termes, il convient de cerner les manières dont les utilisateurs s’approprient les technologies, les
utilisent et les rendent opérantes. Les potentialités techniques existent, les supports de diffusion et de
démocratisation aussi. La question consiste d’avantage à savoir si les collectivités sont prêtes et ont des intérêts à
mettre en place et à mobiliser ce type d’initiatives.
Bibliographie
[1] G. Jarnac. Cartographie numérique et développement des territoires. Etude IRIS à la demande de l’Observatoire des
Territoires Numériques (OTEN), ITEMS international et laboratoire A+H. 2008
[2] D. Maguire. GeoWeb 2.0 and volunteered GI. Workshop on VGI, Santa Barbara 2007
[3] J. Crampton. Cartography: maps 2.0. Progress in Human Geography, 33 (1) : 91-100. 2009
[4] M. Haklay et al. Web Mapping 2.0 : The Neogeography of the GeoWeb. Geography Compass, 2 (6) : 2011-2039. 2008
[5] T. Joliveau. Web 2.0 futur du Webmapping avenir de la géomatique ? Géoévenement, Paris 2008
[6] J-F. Gervais. Web 2.0 les internautes au pouvoir. Dunod, Paris. 2007
[7] D. Tapscott et A. Williams. Wikinomics. Portfolio, New York. 2007
[8] M. Goodchild. Assertion and authorithy : The Science of User-Generarated Geographic Content. University of California.
2008 http://www.geog.ucsb.edu/~good/papers/454.pdf
[9] M. Goodchild. Citizens as Voluntary Sensors : Spatial Data Infrastructure in the World of Web 2.0. International Journal
of Spatial Data infrastructure Research, 2: 24-32. 2007
[10] M. Haklay. Public geography, public geographers and neogeography. Muki Haklay’s personal blog. 2009
[11] F. Pisani et D. Piotet. Comment le web change le monde. Village Mondial, Paris. 2008
[12] S. Hopfer et, A. Mc Eachren. Leveraging the potential of geospatial annotations for collaboration : a communication
theory perspective. International Journal of Geographical Information Science, 21 (8) : 921-934. 2007
[13] A. Turner. Introduction to Neogeography. O’Reilly, Sebastopol, CA. 2006
[14] L. Hay. Exploiter le Géoweb et les services cartographiques 2.0. Explorcamp #4 du Web2territorial (ARTESI), Paris
2008
[15] S. Roche et C. Caron. Aspects organisationnels des SIG. Hermès, Paris. 2004
[16] E. Raymond. The Cathedral and the Bazaar. O'Reilly, Sebastopol, CA. 2001
[17] T. Joliveau. Géomatique et gestion environnementale du territoire. Recherches sur un usage géographique des SIG.
Université de Rouen, Département de Géographie, mémoire d’habilitation à diriger des recherches. 2004
[18] H. Pornon et M. Noucher. Bilan et perspective de 20 années de géomatique : Vers des SIG plus collaboratifs, la Géo-
collaboration. Géomatique Expert, 58 :56-60. 2007
[19] E. Ogez. Web 2.0 et territoires. Rencontres nationales communication et territoires 2.0, Rennes 2008
[20] A. Bariltault. Quels outils du Web 2.0 pour les collectivités locales. Cités Numériques, 12 : 30-32. 2007
[21] H. Guillaud. Territoires 2.0. Rencontres nationales communication et territoires 2.0, Rennes 2008
[22] A. Belkhbiri. e-Gov levier de rénovation de la gouvernance territoriale, 3ème édition de l’e-Forum, Casablanca 2007
[23] D. Sui. The wikification of GIS and its consequences : Or Angelina Jolie’s new tattoo and the future of GIS. Computers
Environment and Urban Systems (Editorial), 32 : 1-5. 2008
[24] S. Roche. Usages sociaux des technologies de l’information géographique et participation territoriale. Dans Debarbieux,
Bernard et Lardon, Sylvie. Les figures du projet territorial. L’Aube, Paris. 2003
[25] C. Rinner et al. The use of Web 2.0 concepts to support deliberation in spatial decision-making. Computers Environment
and Urban Systems, 32: 386-395. 2008
[26] C. Seeger. The role of facilitated volunteered geographic information in the landscape planning and site design process.
GeoJournal, 72 (3) : 199-213. 2008
14
[27] S. Elwood. Geographic Information Science : new geovisualization technologies – emerging questions and linkages with
GIScience research. Progress in Human Geography, 33(2) : 256–263. 2009
[28] D. Sui. Understanding Volunteered Geographic Information : Or how to prevent wiki GIS from becoming wacky GIS ?
Workshop on VGI, Santa Barbara 2007
[29] D. Ciobanu et al. Du Wiki au WikiSIG. Geomatica, 61 (4) : 137-145. 2007
[30] D. Cowen. Why not a Geo-Wiki Corps. Workshop on VGI, Santa Barbara, 2007
[31] S. Guptill. GIScience the NSDI and GeoWikis. Cartography and Geographic Information Science, 34 :165-166. 2007
[32] D. Fayon. Web 2.0 et au-delà, nouveaux internautes : du surfeur à l’acteur. Economica, Paris, 2008
... De fait la co-évolution des SIG et du Web explique que la plupart des principes des SIG/2 (Schroeder, 1996 ; Sieber, 2004) recoupent ceux du Web 2.0. Par contre le SIG/2 concerne un cercle d'utilisateurs plus restreint ayant des besoins spécifiques (une mairie, un groupe de pression, une association, etc..), alors que le SIG 2.0 suppose une ouverture et une participation du grand public à la production et l'utilisation de l'information géographique (Mericskay et Roche, 2008 ; ...
... Comment se positionne la géographie face à ces évolutions ? Il semble que la discipline n'ait pas su se saisir pleinement des opportunités offertes par les pratiques des SIG et des cartographies critiques pour aborder la construction des imaginations 10 Certains auteurs utilisent le terme « cartographie 2.0 » (Haklay et al, 2008 ; Crampton, 2008, Mericskay et Roche, 2008Paulston, 1996 ; Pickles, 1999). Mais selon Perkins (2004) la plupart des géographes semblent préférer écrire des théories plutôt que de produire ou d'utiliser des visualisations critiques. ...
Article
Full-text available
We review the literature to highlight criteria for analysing public participation GIS (PPGIS). The theories that have been used, developed or sketched out about PPGIS address the issue according to various entry points: communication and collective learning, negotiation and mediation, representations and cognitive processes, exclusion and politics of knowledge. The emergence of geo-mashups provide a technical backbone on which PPGIS can evolve, with more and more amateur neogeographers that test our theories and force us to redefine them.
... De fait la co-évolution des SIG et du Web explique que la plupart des principes des SIG/2 (Schroeder, 1996 ;Sieber, 2004) recoupent ceux du Web 2.0. Par contre le SIG/2 concerne un cercle d'utilisateurs plus restreint ayant des besoins spécifiques (une mairie, un groupe de pression, une association, etc..), alors que le SIG 2.0 suppose une ouverture et une participation du grand public à la production et l'utilisation de l'information géographique (Mericskay et Roche, 2008 ;2010) -une distinction qui tend cependant à s'estomper 11 . ...
... Comment se positionne la géographie face à ces évolutions ? Il semble que la discipline n'ait pas su se saisir pleinement des opportunités offertes par les pratiques des SIG et des cartographies critiques pour aborder la construction des imaginations 10 Certains auteurs utilisent le terme « cartographie 2.0 » (Haklay et al, 2008 ;Crampton, 2008, Mericskay et Roche, 20082010). 11 Soulignons que les applications de SIG 2.0 offrent beaucoup moins de fonctionnalités que les logiciels professionnels de SIG, mais que le marché du SIG 2.0 est beaucoup plus vaste. ...
Article
Full-text available
A partir d’une revue de littérature nous faisons ressortir des éléments d’analyse des systèmes d’information géographique pour la participation publique (SIGPP). Les théories qui ont été ébauchées ou mobilisées concernent la communication et l’apprentissage collectif, la négociation et la médiation, les représentations et les processus cognitifs, l’exclusion et la politique de la connaissance. L’émergence d’applications web composites (geo-mashups) fournit une base technique sur laquelle l’évolution des SIGPP peut s’appuyer, avec une prolifération de neogéographes amateurs qui mettent à l’épreuve nos théories et nous oblige à les redéfinir. We review the literature to highlight criteria for analysing public participation GIS (PPGIS). The theories that have been used, developed or sketched out about PPGIS address the issue according to various entry points: communication and collective learning, negotiation and mediation, representations and cognitive processes, exclusion and politics of knowledge. The emergence of geo-mashups provide a technical backbone on which PPGIS can evolve, with more and more amateur neogeographers that test our theories and force us to redefine them.
... Les solutions technologiques, les approches et concepts sur lesquels trouvent appui les PPGIS se sont multipliés au rythme de la démocratisation du Web, puis plus récemment du Géoweb 2.0 (globes virtuels, services Web cartographiques, etc.). Mais en parallèle, et avec des conséquences plus fondamentales, bien que non encore totalement mesurées, le développement du Géoweb 2.0 a entrainé la création de nouvelles technologies autorisant des usagers de plus en plus nombreux et de moins en moins « experts » à développer de nouvelles pratiques de production et de diffusion de données géographiques : géotagging de contenus mutimédias variés (photos, vidéo, textes…) ; crowdsourcing géographique (TomTom Mapshare ou TéléAtlas Mapinsight) ; navigation GPS et check-in propres aux réseaux et média sociaux géolocalisés (Foursquare, Twitter…), etc. (Mericskay et Roche, 2010). Ce phénomène de démocratisation de la production de données géographiques que Turner (2006) qualifie de « neogeography » est révélateur d'un second renversement de paradigme : alors que les PPGIS reposaient, dans la pratique au moins, sur une production de données sollicitée auprès du public et souvent encadrée par des acteurs territoriaux institutionnels, l'information géographique « volontaire » se caractérise au contraire par la multiplication de contributions spontanées et volontaires le plus souvent non sollicitées et non encadrées, voire inconscientes (traces cellulaires ou GPS), face auxquelles d'ailleurs, les acteurs institutionnels peinent à réagir et à se positionner. ...
Article
Full-text available
Web mapping 2.0, toward a critical approach of new form of mapping The emergence of a new form of Web-mapping based on techniques and principles of Web 2.0 may be seen as an opportunity for participatory mapping. The acceleration of spatial data diffusion on the Web, generalisation of its use and diversification of its use generate unprecedented research perspectives. After exploring this new opportunities, we advance the hypothesis that critical cartography can offer a theoretical, suitable framework which could contribute to this debate, under the condition that partial conceptual renewal is envisaged, allowing the changes produced by the digital nature of spatial data.
... Il serait illusoire de croire que cette évolution n'est pas dés à présent, porteuse d'enjeux sur la manière de lire et d'écrire (ensemble) la carte. Les concepts d'information géographique volontaire (VGI) et de citoyens capteurs (Goodchild, 2007) soulèvent toute une série de questions majeures sur les plans scientifique et sociétal (Jarnac, 2008 ; Sui, 2008 ; Goodchild, 2009, Mericskay et Roche, 2009). quant à l'appropriation de ces contenus et techniques par les collectivités territoriales et les collectifs citoyens tant pour leurs missions d'intérêt public (diffusion d'informations et nouveaux supports de participation) que pour leurs besoins de fonctionnement (enrichissement et des bases de données). ...
Article
Full-text available
Avec le développement de l'Internet, la géomatique a profondément évolué. La convergence des technologies géospatiales et du Web se traduit aujourd'hui par l'émergence d'une nouvelle forme de cartographie reposant sur les techniques et les principes du web 2.0. Qualifiée de cartographie 2.0, elle se caractérise par une grande interactivité et des contenus géolocalisés générés par les utilisateurs. La mobilisation de ces technologies géospatiales orientées grand public tout comme l'information géographique volontaire dans le cadre de la participation publique constitue un nouvel enjeu pour les gestionnaires des territoires. Et plus largement, de nouvelles possibilités se dessinent pour les SIG participatifs, tant sur le plan des techniques que des méthodes. L'objectif de ce papier consiste précisément à mettre en perspective les potentialités participatives de la cartographie 2.0 avec nouvelles modalités de l'aménagement du territoire à l'heure débat public.
Article
Full-text available
At 11.35 am PDT on 18 September 2007 at Vandenberg Air Force base in California, DigitalGlobe’s new WorldView-1 satellite launched into orbit. The satellite is capable of collecting imagery over as much as three-quarters of a million square kilometers a day in resolution as fi ne as 0.5 m. A second satellite will be launched in 2008, capable of photographing nearly a million square kilometers daily at the same high resolution. The data are twice the resolution of the pre-vious industry leader, the IKONOS satellite launched in 1999 and close to the military’s own resolution of 10 cm (Monmonier, 2002).What is significant about the launch is not only the extent and resolution of the imagery (which from all vendors now covers over half of the world’s population) but also the fact that this imagery will be available commercially (look for it in Google Earth). Such imagery, alongside the tremendous possibilities of ‘crowdsourced’ geospatial data, represent interesting new develop-ments in cartography.In the fi rst of three reviews assessing the current state of cartography, I focus on the explosion of new ‘spatial media’ on the web. This topic goes under a bewildering number of names including the geospatial web or geoweb (Scharl and Tochtermann, 2007), neogeography (Turner, 2006), locative media (Rheingold, 2002), DigiPlace (Zook and Graham, 2007a), spatial crowdsourcing or geocollaboration (Hopfer and MacEachren, 2007) and map hacking (Erle
Article
I anatomize a successful open-source project, fetchmail, that was run as a deliberate test of some surprising theories about software engineering suggested by the history of Linux. I discuss these theories in terms of two fundamentally different development styles, the "cathedral" model of most of the commercial world versus the "bazaar" model of the Linux world. I show that these models derive from opposing assumptions about the nature of the software-debugging task. I then make a sustained argument from the Linux experience for the proposition that "Given enough eyeballs, all bugs are shallow", suggest productive analogies with other self-correcting systems of selfish agents, and conclude with some exploration of the implications of this insight for the future of software.
Article
The Earth’s surface is currently occupied by more than six billion humans. Each human being begins acquiring geographic knowledge at an early age, and by adulthood has constructed elaborate mental understanding of the areas where he or she lives and works, as well as of areas that may have been visited or learned about. Such knowledge includes placenames, topographic features, and transport networks – indeed many of the themes that are so difficult to acquire by automated means. The knowledge will have been acquired through up to five functioning senses, augmented by books, magazines, television, and the Internet. Indeed, one might think of humanity as a large collection of intelligent,mobile sensors, equipped with abilities to interpret and integrate that range from the rudimentary in the case of young children to the highly developed skills of field scientists. These abilities can be augmented with devices that collect other geographic information, from cellphones enabled with GPS, vehicles that track position, digital cameras, or sensors that monitor atmospheric pollution and are carried on the body. Specialists may be trained to observe particular types of geographic information, as for example when surveyors collect information on position, maintenance workers for a utility company collect information on the condition of distributed assets, or soldiers in the field collect information on artillery damage or the enemy’s current positions. In summary, the six billion humans constantly moving about the planet collectively possess an incredibly rich store of knowledge about the surface of the Earth and its properties.
Article
I anatomize a successful open-source project, fetchmail, that was run as a deliberate test of some theories about software engineering suggested by the history of Linux. I discuss these theories in terms of two fundamentally different development styles, the "cathedral" model, representing most of the commercial world, versus the "bazaar" model of the Linux world. I show that these models derive from opposing assumptions about the nature of the software-debugging task. I then make a sustained argument from the Linux experience for the proposition that "Given enough eyeballs, all bugs are shallow," suggest productive analogies with other self-correcting systems of selfish agents, and conclude with some exploration of the implications of this insight for the future of software.
Article
Neogeography combines the complex techniques of cartography and GIS and places them within reach of users and developers. This Short Cut introduces you to the growing number of tools, frameworks, and resources available that make it easy to create maps and share the locations of your interests and history. Learn what existing and emerging standards such as GeoRSS, KML, and Microformats mean; how to add dynamic maps and locations to your web site; how to pinpoint the locations of your online visitors; how to create genealogical maps and Google Earth animations of your family's ancestry; or how to geotag and share your travel photographs.