On a souvent dit que la Science est, pour une bonne part, un lan-gage. Il est, en tout cas, bien vrai que toute science dite exacte se doit de définir son vocabulaire. La terminologie scientifique pose donc à la lexicographie médiévale des problèmes particuliers que je veux évoquer très brièvement, en évi-tant d'empiéter sur l'alchimie, la médecine, la musique ou les techniques, sans déborder donc sur les thèmes traités par les exposés suivants. Comparé à celui d'autres domaines du latin médiéval, le vocabulaire du quadriviuni et des « scientiae mediae » se trouve conditionné par des circonstances historiques très particulières. Il faut bien reconnaître que, en matière de « scientia doctrinalis », le bagage hérité de l'Antiquité latine était d'un très bas niveau. Lorsque même, à la charnière des x° et xi' siècles, apparaissent de notables facteurs de rénovation comme les astrolabes ou la valeur de position des chiffres gravés sur les apices de l'abaque, les traités d'abaque et d'astrolabe demeurent des sortes de modes d'emploi peu compréhen-sibles : il ne s'agit pas de manuels clairs et bien organisés. Le grand bond en avant se fait donc pendant les trois derniers quarts du xii siècle 1 et le début du xiii', avec la redécouverte d'Euclide et partiellement d'Archimède, l'apparition de l'algorisme, de la trigo-nométrie et de l'algèbre, l'apprentissage du maniement des tables astro-I. G. BEAUJOUAN, La transformation du quadrivium [au XII , siècle], à paraître, en anglais, dans The Renaissance of thé twelfzh century a fif tieth anniversary cwn,ne,noration of the contribution by Ch. H. Haskin.e [Cambridge Mass., nov. 19771 (sous presse).