Université d'Angers) L'auto sacramental est une pièce allégorique en un acte de caractère atemporel, se référant au mystère de l'Eucharistie. Le sujet est toujours le même, la glorification du Saint Sacrement, mais l'argument varie. Ces pièces, représentées par des acteurs professionnels sur la place publique, faisaient partie de la célébration de la Fête-Dieu qui commençait par une procession où sacré –le saint sacrement-et profane -la Tarasca-coexistaient. Un de ses éléments essentiels est l'allégorie. La clé de l'allégorie des autos serait l'exégèse spirituelle et mystique des Pères de l'Église. Toutes les sources des autos sont soumises à une interprétation allégorique dans la tradition exégétique de l'école d'Alexandrie : « Pour qu'un drame religieux soit allégorique, il faudra que sous le sens littéral de l'ensemble on découvre un sens spirituel et mystique in facto » 1 . Pour créer une allégorie, le dramaturge peut partir d'une métaphore (le monde est un théâtre, la vie est un pèlerinage) pour en développer les causes, les circonstances et les analogies. Il peut partir aussi d'un élément profane (comedia, récit mythologique…) pour le transposer a lo divino. Il peut également mettre en scène une parabole biblique ou partir d'un récit historique de l'Ancien Testament. Dans ce cas, il s'agit d'une préfiguration : « la interpretación figurativa establece una similitud entre dos sucesos o personas, la umbra y la veritas, en que la segunda figura cumple la prefiguración de la primera » 2 . Dans l'allégorie, les personnages sont la personnification d'un concept (Culpa, Inocencia, etc.) mais présentent toutefois des caractéristiques qui leur sont propres. Dans la préfiguration, ce sont des personnages de l'Ancien Testament (David, Joseph, Isaac…) L'un des aspects essentiels du genre est sa finalité didactique : instruire les spectateurs en matière de théologie. Pedro Calderón de la Barca (1600-1681) ajoute à la tradition médiévale des représentations religieuses la dimension didactique du sermon, forme traditionnelle d'instruction religieuse et morale 3 . L'auto, ce « sermon en vers » comme il de définit, s'adresse à la fois à l'oreille à la vue du spectateur. Ce type d'instruction théologique confère 1 Jean-Louis FLECNIAKOSKA, La formation de l'auto religieux en Espagne avant Calderón (1550-1635), Paris, Université de Paris, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 1961, p. 400. 2 Louise FOTHERGILL-PAYNE, La alegoría en los autos y farsas anteriores a Calderón, London, Tamesis Books Limited, 1977, p. 25. 3 Alexander PARKER, Los autos sacramentales de Calderón, , Barcelona, Ariel, Estudia 1, 1983, p. 54.