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Article original
Les premiers comportements funéraires auraient-ils
pris place àAtapuerca, il y a 350 000 ans ?
Did the earliest mortuary practices take place
more than 350 000 years ago atAtapuerca?
Eudald Carbonell
a
, Marina Mosquera
a,
*, Andreu Ollé
a
,
Xosé Pedro Rodríguez
a
, Robert Sala
a
, Josep Maria Vergès
a
,
Juan Luis Arsuaga
b
, José María Bermúdez de Castro
c
a
Àrea de Prehistòria, Departamento d’Història i Geografia,
Universitat Rovira i Virgili, Plaça Imperial Tàrraco 1, 43005 Tarragona, Espagne
b
Centro UCM-ISC III de Evolución y Comportamiento Humanos,
C/ Sinesio Delgado 4, 28029 Madrid, Espagne
c
Departamento Paleobiología, Museo Nacional de Ciencias Naturales,
C/ José G. Abascal, 28006 Madrid, Espagne
Résumé
Pour la première fois, un outil lithique a été découvert à la Sima de los Huesos (Atapuerca,
Espagne). Il s’agit d’un biface en quartzite finement taillé, associé à l’ensemble d’hominidés de
27 (NMI) Homo heidelbergensis, daté de plus de 350 000 ans. La nature particulière de ce dépôt, sa
taphonomie, l’aspect paléontologique et technologique évoquent une signification symbolique à la
fois de l’outil et de l’accumulation d’ossements humains.
© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
A lithic tool has appeared for the first time at Sima de los Huesos (Atapuerca, Spain). It is a finely
flaked quartzite handaxe, which is associated with the hominid assemblage of a MNI of 27 Homo
heidelbergensis, dated more than 350,000 years ago. The particular nature of the deposit involving its
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : mmom@astor.urv.es (M. Mosquera).
L’anthropologie 107 (2003) 1–14
www.elsevier.com/locate/anthro
© 2003 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
DOI:10.1016/S0003-5521(03)00002-5
taphonomy, paleontology, and technology points to a symbolic meaning both of the tool and the
human accumulation.
© 2003 Éditions scientiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved.
Mots clés:Biface en quartzite ; H. heilderbergensis ; Comportements funéraires ; Sima de los Huesos (Atapuerca
Espagne) ; Pléistocène moyen
Keywords: Quartzite handaxe; H. heilderbergensis; Morturary practices; Sima de los Huesos (Atapuerca Spain);
Middle Pléistocène
1. Introduction
La découverte récente dun biface acheuléen àla Sima de los Huesos (Atapuerca,
Espagne) jette une nouvelle lumière sur l’évolution du comportement humain au pléisto-
cène moyen. Les conditions archéologiques suggèrent une nature symbolique pour ce
biface qui pourrait conrmer lhypothèse de pratiques funéraires àla Sima, il y a plus de
350 000 ans. Cette découverte nous permet de vieillir lobservation dun comportement
symbolique et funéraire de 250 000 ans par rapport àce qui était antérieurement connu.
Le site de la Sima de los Huesos (SH) (Arsuaga et al., 1997c) se trouve dans lensemble
karstique de la Sierra de Atapuerca, à15 km àlest de la ville de Burgos (Espagne). Cest
une petite cavitédenviron 27 m
2
, adjacent àune pente denviron 12 m
2
qui est directement
connectéeàun aven profond de 13 m (Fig. 1). La Sima est maintenant bien connue par son
nombre exceptionnel de fossiles attribuésàHomo heidelbergensis trouvés au cours de
fouilles systématiques. Ces spécimens constituent environ 80 % des restes humains du
Fig. 1.Sima de los Huesos (Atapuerca, Espagne), coupe. La gure montre la morphologie de la cavité: la salle,
la pente et une partie de la ssure.
Fig. 1. Sima de los Huesos (Atapuerca, Spain) prole. The gure shows the morphology of the cavity: the
chamber, the ramp, and part of the shaft.
2E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
pléistocène moyen dans le monde (Arsuaga et al., 1993, 1997a, b, 1999b). Des datations
isotopiques récentes situent le dépôtàhominidés en plus de 350 000 ans et, probablement,
entre 400 000 et 500 000 ans (Bischoff et al., 1997, 2003 ; Parés et al., 2000).
Les fossiles dhominidés ne sont pas rares dans les sites de la Sierra de Atapuerca. Un
autre groupe humain important provenant des niveaux archéologiques du pléistocène
inférieur a étédécouvert dans le site de Gran Dolina (Carbonell et al., 1995 ; Paréset
Pérez-González, 1995). Cet ensemble a étéattribuéàune nouvelle espèce : Homo anteces-
sor (Bermúdez de Castro et al., 1997). Les fossiles étaient associésàdes restes danimaux
et àdes outils lithiques dans un contexte dhabitat (Carbonell et al., 1999a). Les vestiges
dhumains et danimaux montraient des traces nettes de fracturation et de consommation
par lhomme (Díez et al., 1999b ; Fernández-Jalvo et al., 1999).
Pour la 1
re
fois un outil lithique vient d’être découvert àla Sima de los Huesos (Fig. 2 ).
Cest un biface de quartzite nement tailléqui permet àla communautéscientique de
conrmer la relation entre H. heidelbergensis et la technologie acheuléenne (Mode 2).
LAcheuléen apparaît pour la première fois en Afrique, ilyaenviron 1,4 millions
dannées, dans le site de Konso-Gardula (Ethiopie) (Asfaw et al., 1992). Les premières
Fig. 2.Biface en quartzite trouvédans la Sima de los Huesos (Atapuerca, Espagne). Pour la première fois un outil
aététrouvéassociéaux restes de 27 individus (H. heidelbergensis) qui vivaient àAtapuerca ilyaplusde
350 000 ans. La flèche blanche indique une molaire dhominidé(© Madrid Scientic Films).
Fig. 2. Quartzite hand-axe found at Sima de los Huesos (Atapuerca, Spain). For the rst time a tool has been found
associated with remains of 27 individuals of H. heidelbergensis, who lived in Atapuerca 350 000 years ago. The
white arrow points to a molar of a hominid (© Madrid Scientic Films).
3E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
apparitions en Europe ont étédatées comme légèrement plus récentes que 500 000 ans à
Notarchirico (Piperno, 1999) et Fontana Ranuccio (Italie) (Segre et Ascenzi, 1984),
Carrière Carpentier et grotte de lArago (France) (Tuffreau etAntoine, 1995) et Boxgrove
(Angleterre) (Roberts et al., 1994 ; Roberts et Partt, 1998). Les plus importants vestiges
dH. heidelbergensis associésàla technologie acheuléenne ont étéremarquésàBoxgrove
(o.c.), Swanscombe (Conway et al., 1996), Bilzingsleben (Mania et al., 1999), Arago et
Atapuerca-Galería (Arsuaga et al., 1999a ; Carbonell et al., 1999b, 1999c).
Àla Sima de los Huesos, un galet de bonne qualitéde quartzite veinébrun-rouge clair a
étéchoisi pour fabriquer loutil (Fig. 3). Il pèse 685 g, mesure 155×97×58 mm, a une forme
amygdaloïde, avec une face plane et lautre convexe. Il semble avoir étéréalisépar
percussion au percuteur tendre après une séquence initiale de réduction en 2 phases
principales. La première destinéeàformer le volume par des enlèvements plats et envahis-
sants àla périphérie, sur chaque face ; la seconde consistant àdonner une forme aux bords
du biface pour réaliser une allure distale convexe et un contour droit (Fig. 4 ).
Bien quil nyait pas d’érosion notable macroscopiquement, une analyse tracéologique a
révéléune abrasion naturelle microscopique de la totalitéde la surface et particulièrement
sur les bords et les arêtes proéminentes des enlèvements. Selon des données expérimenta-
les, cette abrasion semble avoir étéproduite par des sédiments sableux. Ce phénomène peut
avoir ainsi oblitéréles traces possibles dusage sur les bords de la pièce.
Cet artefact doit être attribuéàune technologie acheuléenne (Mode 2) qui a étéla
première àproduire des grands outils de bonne qualitéau moyen de différents stades de
débitage et de retouche.
2. Galería, Occupations du Mode 2
Les êtres humains semblent avoir occupédifférentes cavernes du complexe de la Sierra
deAtapuercade façontrèsintense, lescavitésétantlargement ouvertes, possédantplusieurs
entrées et offrant de vastes galeries intérieures propices àdes activités diverses. Dès ces
moments, les êtres humains ont étélargement présents physiquement et sur le plan culturel
et les restes archéologiques et paléontologiques suggèrent que ces populations avaient un
degréélevédimpact sur l’écosystème local.
Galería (Fig. 5), lun des sites dAtapuerca a livréun bon échantillon de technologie
lithique du Mode 2. Le site se trouve àTrinchera del Ferrocarril, approximativement à
500mdun possible accès ancien àla Sima de los Huesos. La cavitékarstique de Galería
contient 6 unités stratigraphiques allant de la ndupléistocène inférieur àla ndu
pléistocène moyen (Falguères et al., 2001 ; Pérez-Gonzalez et al., 2001). LunitéGII, datée
jusqu’à un peu plus de 350 000 ans, comprend les plus anciennes occupations humaines qui
continuent stratigraphiquement jusqu’à approximativement 200 000 ans, montrant une
diminution progressive dintensitéàla ndelaséquence (àla partie supérieure de GIII).
Au total, il y a àGalería plus de 1500 artefacts lithiques, environ 7000 vestiges de
macrofaune, dabondants vestiges de microfaune et 2 fossiles humains (un fragment de
mandibule et un fragment de crâne) (Carbonell et al., 1999c).
Lindustrie lithique de Galeríaaétéproduite àpartir dune pléthore de matières
premières qui sont (par ordre décroissant de fréquence) : le silex néogène, le quartzite, le
grès, le silex crétacé, le calcaire et le quartz. Tous ces types de matières premières sont
4E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
Fig. 3.Vue frontale du biface trouvéàla Sima de los Huesos (Atapuerca, Espagne) (© Atapuerca Research
Team).
Fig. 3. Frontal surface view of the hand-axe found at Sima de los Huesos (Atapuerca, Spain) (© Atapuerca
Research Team).
5E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
Fig. 4.Dessin du biface. On note la qualitédu débitage et des retouches (© N. Sanchiz).
Fig. 4. Technical drawing of the hand-axe from Sima de los Huesos (Atapuerca, Spain), where skilful knapping
and retouching processes can be observed (© N. Sanchiz).
Fig. 5.Le site de GaleríaàTrinchera del Ferrocarril (Atapuerca, Espagne) (© Atapuerca Research Team).
Fig. 5. Galería site at Trinchera del Ferrocarril (Atapuerca, Spain) (© Atapuerca Research Team).
6E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
dorigine locale et ont ététraitésdefaçon différentielle et complémentaire. En général, les
chaînes opératoires de Galería sont incomplètes. La composition de lindustrie montre une
nette sur-présentation de ce quon appelle outils, comme des outils façonnés, des petits ou
moyens éclats et des bases naturelles (percuteurs et manuports). La plupart du débitage
avait lieu àlextérieur du site, bien que la présence dun certain nombre de réductions
complètes et de remontages dans quelques niveaux nous aient permis didentier une
fabrication doutils in situ (Carbonell et al., 1999b, 2001 ; Mosquera, 1998).
Les stratégies dexploitation sadaptent au potentiel textural et morphologique des
différentes matières premières. Dans le cas du silex, lexploitation centripète domine, bien
que la petite taille des nodules de la variétécrétacée conduise àdes stratégies multipolaires.
Sur le quartzite, àcôtédexploitation centripète, une stratégie unipolaire récurrente mas-
sive a étéidentifiée. La production de grands éclats préfigurés sur le silex néogène et le
quartzite est aussi commune.
Les artefacts de grande taille (> 100 mm), comme celui découvert àla Sima de los
Huesos,sont communsdans lindustrie deGaleríaoù41 outils analogues ont étémis aujour.
Parmi eux, 13 ont étéobtenus par façonnage direct de galets de quartzite et de grès (avec une
représentation en proportions pratiquement égales de ces 2 matières premières). Générale-
ment, ces outils ont étéfaits àlextérieur de la cavité, en accord avec la quasi-absence
générale de produits de taille appartenant àleurs séquences. Par contraste, quelques-uns des
spécimens en grès semblent avoir étéfaçonnés dans la grotte, comme le démontre la
présence d’éclats et de débris qui vont avec le processus de façonnage. Les 28 outils restant
ont étépris sur de grands éclats et sont aussi bien en silex néogène (50 %) quen quartzite
(28,6 %) et en grès (21,5 %). Tous correspondent àune élaboration exogène.
Les caractéristiques morphologiques et technologiques du biface de la Sima de los
Huesos sont semblables àcelles identifiées dans lUnitéGII de Galería. Dans les niveaux les
plus anciens de ce site (unitéGIIa), 70 % de ces outils sont des galets taillés, essentiellement
sur quartzite comme lartefact de SH. Par contraste, de lunitéGIIb au sommet de la
séquence, ces grands outils sont préférablement produits sur de grands éclats et parmi les
matières premières, il y a une représentation proportionnellement égale de quartzite, de grès
et de silex néogène. Dautre part, en ce qui concerne le degréde façonnage, les grandes
séries denlèvements comme sur le biface de SH, ne sont présentes que dans les niveaux de
GIIb.Le graphique desdimensions (longueur etlargeur)des grandsoutilsde Galería(Fig.6
)
montre la situation de lartefact de SH parmi les 4 plus grands spécimens.
Pour la plupart, ces grands outils peuvent être inclus dans les catégories des hachereaux
(39 %) et des bifaces (24,4 %), les formes restantes étant àpeine représentées (choppers,
pics, grands racloirs et denticulés aussi bien que les pièces peu façonnées). Les outils de
petites et moyennes dimensions comprennent surtout des racloirs, des denticulés, des
pointes et des pièces peu retouchées. Il nya pas dutilisation différentielle des matières
premières concernant ces derniers artefacts.
Daprèslanalyse tracéologique des artefacts lithiques de Galería, dabondantes traces
liées aux activités de boucherie ont étéidentifiées. Des traces de travail de la peau et du bois
ont aussi étésporadiquement illustrées (Márquez et al., 2001). Ces données et celles
obtenues daprès les études taphonomiques et archéozoologiques nous ont conduits à
interpréter les occupations humaines de Galería comme étant nettement dirigées vers
lexploitation des ressources alimentaires animales. Les animaux traitésàGalería, princi-
7E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
palement des Equidae, Cervidae et Bovidae nissaient dans la cavitépar le piège naturel
formépar la ssure verticale situéeàla bordure méridionale du système karstique. Les
hominidés avaient un premier accès aux carcasses de ces animaux (comme le montre la
superposition des traces de mâchonnement par rapport àcelles de découpe). Suivant la
composition des restes fauniques, nous pouvons déduire que les hominidés portaient les
carcasses entières des animaux de petite taille àlextérieur de la cavité,demême que les
parties les plus nutritives de ceux de plus grande taille (de préférence larrière-train) (Díez
et al., 1999a ; Huguet et al., 1999, 2001). La présence dos portant des fractures anthropi-
Fig. 6.Position du biface de la Sima de los Huesos parmi les bifaces et les hachereaux de Galería.
Fig. 6. Position of the Sima de los Huesos handaxe among the Galería bifaces and cleavers, according with their size.
8E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
ques montre des activités, complémentaires àla consommation dans la cavitéet ceci est en
accord avec la présence abondante de galets non modifiés, dont de nombreux portant des
traces de percussion ou en état fracturé.
Lesdonnés obtenuesàcejour nousconduisentàinterpréter lesitede Galeríacommeune
enclave oùse sont produites des visites répétées et sporadiques des hommes dans le but
dobtenir des ressources nutritives animales. Bien quil y ait de légères variations au cours
de la séquence, il nyapasàGalería, les traits caractéristiques dun camp de base (comme
un degréélevédanthropisation des vestiges fauniques, des séquences de réduction lithi-
ques abondantes et complètes, une organisation spatiale des activités, la présence de foyers,
des traces de piétinement...). De plus, les conditions spéciques de lenvironnement de la
cavité(y compris un espace limitéassez sombre sur un sol humide) expliquent jusqu’à un
certain point la relativement pauvre activitédomestique illustréeàGalería.
3. Le dépôt de Sima de los Huesos et ses interprétations
La Sima de los Huesos (Fig. 7) a livréun NMI de 28 hominidés. Une analyse récente de
la courbe des âges : 1 enfant (1-5 ans), 9 adolescents (11-15 ans), 9 jeunes adultes
(16-20 ans), 5 autres adultes (21-30 ans) et 4 individus au-delàde 31 ans (Bermúdez de
Castro et Nicolás, 1997). La présence dindividus masculins et féminins est numérique-
ment àpeu prèségale. Toutes les parties du squelette sont présentes, y compris les os
fragiles comme los hyoïde et les os de loreille moyenne. De nombreux éléments du
squelette ont ététrouvés les uns près des autres quoiquon nait pas notéde connexion
Fig. 7.Vue générale de la Sima de los Huesos (Atapuerca, Espagne) (© Madrid Scientic Films).
Fig. 7. General view of the Sima de los Huesos site (Atapuerca, Spain) (© Madrid Scientic Films).
9E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
anatomique démontrable. Labsence de trace dhabitation humaine est un trait remarqua-
ble, de même que labsence dossements dherbivores. Ce dépôt a cependant livréune
grande variétéde carnivores comprenant un NMI de 23 renards, 3 grands félidés, 1 loup,
4 mustélidés et des restes de 166 ours ( Ursus deningeri ) (García et al., 1997).
La brèche àargile marneuse la plus inférieure et les niveaux argilo-limoneux des remplis-
sages de la Sima sont stériles. Les brèches argileuses dominent dans le dépôt supérieur, avec
de petites composantes de limons et de sable et il comprend «àla fois des sous-unitésou
facièsstériles et fossilifères »(Bischoff et al., 1997)
. Les restes des hominidésetdes
carnivores indiquent que les ours ont étéprésents tout au long de la séquence bien que les
hominidés aient essentiellement occupéun niveau inférieur du dépôt. Ce fait suggère que
ces hominidés ont étédéposés pendant un espace de temps plus court que ce qui correspond
au dépôt des ours. Quelques remaniements des conditions de dépôt ont pu se produire ; ce
qui expliquerait pourquoi le niveau oùdominent les hominidés est actuellement en partie
mélangéaux ossements dours. Cela expliquerait aussi l’érosion microscopique observéeà
la fois sur les bords du biface et sur plusieurs os brisés. Lexplication de laccumulation
dos humains àla Sima est délicate. Deux points ont besoin d’être clarifiés:lagent ou les
agents ayant causécette accumulation et sa composition elle-même. Pour cette dernière,
tous les éléments du squelette sont présents. La conservation na pas biaisésignicative-
ment l’échantillon comme le prouve la présence dos fragiles dans le dépôt. On doit
supposer alors que les vestiges humains ont atteint la Sima àl’état de cadavres (non de
squelettes). De plus, comme dautres auteurs (Bocquet-Appel et Arsuaga, 1999) lont
souligné, il est signicatif que la courbe des âges ne soit pas attritionnelle. En outre, elle ne
correspond pas àcelle obtenue dans le cas dun piège naturel, puisque les proportions
requises de la population ne sont pas présentes. Plus encore, il nya pas de témoignage
suggérant une quelconque autre sorte de phénomène naturel qui aurait abouti àcette courbe
particulière. En conséquence, nous suggérons ici que la composition de laccumulation
humaine est àla fois biaisée humainement et culturellement.
La question de lagent ou des agents responsables de cette accumulation doit être revue.
Ce nest clairement pas une action secondaire des carnivores car la plupart des traces de
dents identifiées appartiennent au renard (Andrews et Fernández-Jalvo, 1997). De plus, il
ny a pas de carnivore spécialisédans la chasse àlhomme (àlexception parfois de ceux
qui habitent des zones très peuplées dans le monde). En outre, la Sima n’était pas un lieu
doccupation puisque aucun vestige archéologique (du débitage aux restes dherbivores)
na jamais étédécouvert. Un piège naturel dans lequel les hommes ont pu tomber au cours
des années, est aussi improbable puisque les fossiles sont présents dans une bande sédi-
mentairetrès discrète(Arsuaga et al.,1997c : 120).Aucontraire, lapopulation dours paraît
correspondre àune situation de piège car sa structure démographique reflète une courbe
d’âge de catastrophe.
La courbe des âges des hominidés pourrait suggérer quune soudaine catastrophe soit
intervenue àun groupe (Bocquet-Appel et Arsuaga, 1999). Cette hypothèse est cependant
improbable car le nombre dindividus (n= 27) est trop grand pour quils soient tombés
ensemble et quils aient péri simultanément dans la Sima. Bien que les hominidés aient pu
souffrir dun hypothétique accident ailleurs dans le système de la Cueva Mayor (Aguirre,
2000), il demeure difcile de le justier pour un si grand nombre dans un état aussi complet
àla Sima.
10 E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
Dans lensemble, les âges des hominidés représentés dans la concentration de la Sima ne
correspondent pas àun prol de mort naturelle. Il doit donc sagir dune cause culturelle et
les agents qui, en toute probabilité, en sont àlorigine doivent avoir étédes hommes. Cette
accumulation biaisée culturellement pourrait correspondre soit àquelque comportement
impliquant un traitement différentiel des corps en relation avec l’âge des morts soit àun
épisode de la mort àlextérieur de la grotte et qui naurait affectéquune partie de la
communauté. Ce qui pourrait correspondre àdes individus de groupes d’âge àrisques
élevés, en accord avec leur organisation sociale particulière.
Dautres occupations ailleurs dans le complexe karstique de la Sierra étaient contempo-
raines de la Sima. Comme nous lavons mentionnéci-dessus, lunitéGII du site de Galería
oùaétédécouvert un temporal isolédH. heidelbergensis, a toujours étéoccupée par des
activités de boucherie. De plus, les niveaux moyens-supérieurs de Gran Dolina, en gros
contemporains de GII, contiennent des traces doccupations humaines dévolues au traite-
ment de la biomasse et àdes activités de campement bien quaucun reste osseux humain ne
soit représenté. On doit considérer que laccumulation humaine particulière de la Sima
appartient àune période pendant laquelle dautres occupations (tournées vers des activités
de subsistance) ont eu lieu dans les grottes voisines. Cependant, la composition de ces
groupes de vestiges est radicalement différente car ni les situations de Galería ni celles de
Gran Dolina nont la moindre ressemblance avec lensemble de la Sima.
4. Discussion et conclusions
La découverte dun biface en quartzite au milieu de cet ensemble humain apparaîtdune
signication particulière. De toute évidence, il peut être tombédans la Sima lorsquil était
portépar quelquun près du site. Toutefois, dautres implications méritent d’être considé-
rées. Premièrement, il ny a pas de rebuts lithiques ou doutils dans la Sima ; ce biface est
le seul objet de ce type déposédans un ensemble qui doit être considérécomme inhabituel,
sinon unique au monde, composéde quelques 3000 éléments de squelettes dH. heidelber-
gensis. Lanalyse microscopique de lusure napudémontrer de façon concluante que cet
objet avait étéutiliséen raison de l’érosion de ses bords ; cependant il semblerait clair quil
na pas étéfait pour être utilisédans la Sima, puisquil ne sagissait pas dun site
doccupation. De plus loutil a étéfabriquédans un quartzite de très bonne qualité, un type
de roche rarement choisi pour être utiliséàGran Dolina et àGalería. En outre, linstrument
de la Sima révèle un procédéde fabrication complexe avec 2 phases de conguration au
percuteur tendre. Les bifaces représentent les outils les plus complexes et les plus signi-
catifs du Mode 2 ou technologie acheuléenne. Ainsi, la possibilitéque le biface de la Sima
ait étéintentionnellement associéàlensemble des vestiges humains àun moment du dépôt
des hominidés doit-elle être considérée. Dans un tel cas, émerge manifestement le concept
de comportement symbolique complexe dH. heidelbergensis.
La complexitédu comportement humain a déjàétéidentifiée dans la littérature scienti-
que:laccès aux îles de Flores par Homo erectus aétéprouvédès 800 000 ans (Morwood
et al., 1998). Le débat sur l’émergence du langage bien avant celle dHomo sapiens (en ce
qui concerne le témoignage de los hyoïde (Arensburg et al., 1990), de lendocrâne (Tobias,
1987) etc.) plaide pour cette complexitéde même que lextension de lutilisation du feu.
Cette dernière semble mettre en évidence un âge plus ancien que 300 000 ans comme le
démontrent les témoins archéologiques de Bilzingsleben (Allemagne) (Mania et al., 1999),
11E. Carbonell et al. / Lanthropologie 107 (2003) 114
TerraAmata (Lumley, 1969) et Menez-Dregan en France (Monnier et al., 1994). En outre,
les récentes découvertes de la gurine de Berekhat Ram (Israël) (Marshack, 1997) et celle
de Tan-Tan (Maroc) (Bednarik, 2001) ouvrent la possibilitédun comportement artistique
et symbolique plus tôt que prévu.
Les rites funéraires chez les Néandertaliens (Deeur, 1993) ont étéobservés dans
plusieurssites au ProcheOrient, comprenant TabunetAmud (Israël) et àShanidar (Irak),en
Asie centrale àTeshik-Tash (Ouzbekistan) ainsi quen Europe occidentale (Spy, Belgique ;
La Ferrassie, La Chapelle-aux-Saints, Le Moustier, France). La plupart des corps étaient
déposés dans une position fœtale. Plusieurs de ces sépultures étaient de forme ovale et
comportaient des blocs (Le Régoudou, France) ou des dalles (Ferrassie 1, Shanidar II)
placées sous le corps et même des blocs le recouvraient comme un tumulus (Shanidar I).
Beaucoup contenaient des éléments paraissant votifs comme des cornes de bouc (Techik-
Tash), des défenses divoire (Le Roc de Marsal, France) et même de locre rouge enterrée
avec le corps ou déposée tout au long du corps (La Chapelle-aux-Saints) enn, le plus
célèbre, les eurs (Shanidar IV) bien que le débat soit làencore ouvert. La plupart des corps
étaient associésàdes outils de silex (certains de très grande qualitéde fabrication) dont
labondance dans les sites rend difcile de statuer sur leur signication symbolique
(Deeur, 1993).
Ilaétédémontré,defaçon substantielle, que le comportement des Néandertaliens était
complexe et quils avaient déjàdéveloppéune sorte de symbolisme liéàla mort dès
100 000 ans. Que devons-nous en inférer des capacités et des comportements de leur
prédécesseur, H. heidelbergensis? Dans ce contexte, le biface de la Sima de los Huesos et
les fossiles associés sont-ils les prémices 250 000 ans auparavant du comportement futur
des Néandertaliens ?
Notes : Pour lanalyse microscopique on a utiliséun JEOL JSM-6400 S.E.M. En raison
des grandes dimensions de lartefact, des moules en silicone (Provil-L HydroActiv-Bayer
Dental) et des moulages de haute résolution en résine de polyuréthane (Syntesia-55) ont été
réalisés et utilisés.
Traduit de langlais par C. Leroy-Prost.
Remerciements
Les auteurs remercient vivement Carlos Lorenzo pour ses commentaires sur le dépôtde
la Sima de los Huesos. Notre gratitude va également aux Prs C. Howell, H. de Lumley,
C. Peretto et A. Tuffreau pour leurs suggestions sur les données et conclusions présentées
dans cet article. Cette étude sest développée dans le cadre du Projet de Recherche
dAtapuerca (Bxx2000-1258-C03.D.G.I., M.C.T.), subventionnépar le gouvernement es-
pagnol. La fouille des gisements est nancée par la Junta de Castilla y León. A. Olléet J.M.
Vergès ont des bourses de recherche de la Fundación Atapuerca. L’équipe de recherche
dAtapuerca appartient au CSIC (unités de recherche associées). Il faut aussi remercier
Chris Scott-Tennent et Carolina Mallol pour leur aide précieuse.
Références
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... Such arguments remain controversial, but for many, the additional effort required to produce bifacially worked tools is suggestive of a significance to the object that goes beyond the functional. Some handaxes seem to have been made with considerable care for their aesthetic properties; some contain fossils carefully framed centrally by subsequent working; some are too large to be comfortably used for any conceivable practical purpose; some are found in striking contexts, e.g. the famous 'Excalibur', a handaxe made of distinctive rose quartz which was the sole piece of lithic technology recovered from among the remains of several hundred late Homo heidelbergensis and early Neanderthals recovered from the Sima de los Huesos ('pit of the bones') at Atapuerca, a context which perhaps suggests some significance to its deposition at least that goes beyond the purely functional value of the item itself (Carbonell et al., 2003); for further arguments about non-functional roles and meanings of handaxes, see e.g. Byers, 1999;Kohn and Mithen, 1999;Wynn, 2002, pp. ...
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Many other species besides Homo sapiens are tool-users and even tool-makers, but one aspect of material culture still sets modern humans apart: our emotional and social engagement with objects. Here I argue that this engagement acted as a crucial scaffold for the scaling-up of human social networks beyond those of our closest relatives the chimpanzees to the global ‘small world’ of modern humans. Material culture plays a vital role in conveying social information about relationships between people, places and things that extend geographically and temporally beyond the here and now – a role which allowed our ancestors to off-load some of the cognitive demands of maintaining such extensive social networks, and thereby surpass the limits to sociality imposed by neurology alone. Broad-scale developments in the archaeological record of the Lower Palaeolithic through to the early Neolithic are used to trace the process by which hominins and humans slowly scaled up their social worlds.
... Since then archaeologists and paleoanthro- pologists have questioned the application of terms such as 'religion' or 'spirituality' to hominid species prior to Homo sapiens sapiens. Instead they now employ a defined category of 'symbolic behaviors' and find evidence of such behavior for species including Homo helmei (for a review of symbolic behaviors, see McBrearty and Brooks 2000); Neanderthals (for a review of mortuary ritual, see Pettitt 2002); Homo erectus/ heidelbergensis ( Carbonell et al. 2003;Harrod 2007) and Homo habilis (Harrod 1992). Harrod (2006Harrod ( , 2010, Donald (1991, 1993), and Mithen (1996 have produced overview syntheses of symbolic behavior covering the full span of human evolution. ...
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To advance knowledge of the evolution and prehistory of religions over the past two million years of human evolution, it would be useful to know whether other species, including great apes and extinct species of Australopithecines and Homo prior to Homo sapiens sapiens, exhibit behaviors that might be categorized as 'religious' or 'spiritual'. To determine this we need a precise and robust definition of religious behavior suitable for cross-species comparison. I develop a non-anthropocentric and non-anthropomorphic prototype definition of human religious behavior and then deconstruct it into a trans-species definition, which can be used to predict and identify religious behavior in other species.
... Stone tool technology has been used to make inferences about various aspects of hominin cognition, ranging from symbolism (e.g. Carbonell et al. 2003) to spatial awareness (e.g. Wynn 2002). ...
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What better way to understand how to make a handaxe or cleaver than getting into an Acheulean quarry and doing it yourself. The authors experimented at Isampur Quarry in India, finding that handaxes were best produced by reducing a slab to shape, while cleavers were best made by striking large flakes. There was a good correspondence with the ancient implements, and the authors deduced that Acheulean hominins were learning and transmitting standardised manufacturing methods to each other.
... During the following period 500,000 -45,000 years ago Homo peoples arrived to produce a new stone technology, the large core or prepared core Mode 3, and they began to exhibit a preliminary funeral behavior (Carbonell et al. 2003). I believe that this ritual act reflects the possession of the first preliminary faculty of realizing important events such as the death. ...
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It is generally accepted that the human evolutionary history was started insub-Saharan Africa by the emergence of first individuals belonging to our genus Homo. But details of this evolution, particularly those of its last stage relating to the modern man (Homo sapiens sapiens) emergence, represent until now a controversial topic. Confusion and imprecision associated with certain concepts and definitions have accentuated this controversy and therefore helped to curb the progress of the research in this topic. In this paper I present these problems before presenting a new detailed version of the theory of unique and recent origin of modern man. This version designated “Recent out of Yemen” thesis represents a refined grand synthesis in which my advanced hypotheses are brought together with new additional details. First, from an objective definition of modern man and several solid anthropological arguments I have proposed dates, of about 45,000 years ago for the emergence of our species and 20,000 years ago for that of our subspecies. Second, from analyses of basic genetic results I have shown that the southern Arabian Peninsula would be the most probable place of a so recent emergence of modern man. The various elements of my thesis are presented and discussed following an empirical approach, and then summarized in a scenario that represents a new more consistent image of our evolutionary history.
... Few of these studies though relate to the sensory world of early hominins. An exception is the study of the site of Sima de los Huesos at Atapuerca, Spain (4350kyr) where twenty-seven people (MNI count) were deposited in a deep crevice along with a single quartzite handaxe (Carbonell et al. 2003). The authors suggested that both the handaxe and the intentional deposition of bodies might be evidence of symbolic behaviour, perhaps relating to the darkness prevailing in this locality and the unusual surface texture and colour of the quartzite handaxe. ...
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Wonderwerk Cave (Northern Cape Province, South Africa) is an example of a natural locality that, in the past as in the present, was imbued with meaning and symbolism. Today, local communities associate the cave with a snake spirit, while rock art adorning the cave walls attests to the special status of the cave during the Later Stone Age. In the terminal Acheulean (over 180,000 years ago), hominins introduced manuports with special sensory properties into the back of the cave, a locality with singular acoustic and visual qualities. Thus, the archaeological record of Wonderwerk Cave serves as a unique and extensive diachronic record of milestones in the development of symbolic behaviour. It provides evidence to support the position that elements of symbolic behaviour emerged long before the dispersal of modern humans out of Africa.
... During the period 500,000 -40,000 years ago, Homo peoples produced also only new stone technology the prepared core but during a shorter period. In addition, they began to have a preliminary funeral behavior (Carbonell et al., 2003). I believe that this ritual act reflects the possession of the first preliminary faculty of realizing important events such as the death. ...
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In spite of important anthropological data stored up to date, the recent human evolution is still a subject of great controversy. Here I present a revision of the definition of modern man and an attempt to estimate the date of his emergence within a grand synthesis between rigorous anthropological basic data. The anatomical feature criterion can not be considered as a rigorous criterion for recognizing the real modern man from Homo remains. Such recognition must be done indirectly from analysis of cultural products and, if possible, directly by ancient DNA analysis. During the last 20 000 years period, Homo peoples have shown a first real cultural progress, which reflects strongly their possession of the superior level of the potential intellectual aptitude that marks the definition of modern man. Based on many arguments, I consider that the real modern man, Homo sapiens sapiens, emerged at about 20 000 years ago. Conclusions of this study completed by those that I have previously advanced on the emergence place and the expansion of modern humans show a complete hypothetical scenario on our unique and recent origin. Key words : Definition of our genus and species, Timing of our species and sub-species divergence, Human evolutionary history.
... The fossil material from Atapuerca SH has been dated to >530 Ka (Bischoff et al., 2003(Bischoff et al., , 2007. No lithic tools are found in direct association with the SH fossils, except for a Lower Paleolithic flaked quartzite handaxe (Mode II) reported by Carbonell et al. (2003). The discovery of Middle Pleistocene (~ 400 Ka) wooden spears at Schöningen in Northern Germany (Thieme, 1997(Thieme, , 2000 has been taken by some as evidence of the use of throwing-based long-range projectile weaponry by European H. heidelbergensis. ...
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Although the shape of the scapular glenoid fossa (SGF) may be influenced by epigenetic and developmental factors, there appears to be strong genetic control over its overall form, such that variation within and between hominin taxa in SGF shape may contain information about their evolutionary histories. Here we present the results of a geometric morphometric study of the SGF of the Neanderthal Vi-209 from Vindjia Cave (Croatia), relative to samples of Plio-Pleistocene, later Pleistocene, and recent hominins. Variation in overall SGF shape follows a chronological trend from the plesiomorphic condition seen in Australopithecus to modern humans, with pre-modern species of the genus Homo exhibiting intermediate morphologies. Change in body size across this temporal series is not linearly directional, which argues against static allometry as an explanation. However, life history and developmental rates change directionally across the series, suggesting an ontogenetic effect on the observed changes in shape (ontogenetic allometry). Within this framework, the morphospace occupied by the Neanderthals exhibits a discontinuous distribution. The Vindija SGF and those of the later Near Eastern Neanderthals (Kebara and Shanidar) approach the modern condition and are somewhat segregated from both northwestern European (Neandertal and La Ferrassie) and early Mediterranean Neanderthals (Krapina and Tabun). Although more than one scenario may account for the pattern seen in the Neanderthals, the data is consistent with palaeogenetic evidence suggesting low levels of gene flow between Neanderthals and modern humans in the Near East after ca. 120-100 ka (thousands of years ago) (with subsequent introgression of modern human alleles into eastern and central Europe). Thus, in keeping with previous analyses that document some modern human features in the Vindija Neanderthals, the Vindija G(3) sample should not be seen as representative of 'classic'--that is, unadmixed, pre-contact--Neanderthal morphology.
Chapter
Various Neanderthal cultural remains can be interpreted as related to symbolic activities: burials, ornaments, pigments, unusual objects that do not fall within the technical sphere (wings, feathers, raptor claws), and more recently, the frequentation of deep underground environments which implies freeing of oneself from trepidations about darkness and relies on the discovery of unknown or even dangerous environments. The findings of the last few years are ground-breaking and have increased in number and quality, and among them, are unique and exceptional discoveries. However, many older discoveries still need to be revisited from a taphonomic perspective or through new dating programmes. The main conclusion is that Neanderthal cultural and behavioural capacities do not look very different from those of contemporary populations in Africa (Homo sapiens1 or other still undefined taxa) of the Near and Middle East. They are rather comparable or indistinguishable in some instances, up to and including technological innovations, which can also be attributed to the Neanderthal lineage, despite these innovations not being as widespread and rapidly adopted as they appear to have been in the Upper Palaeolithic.
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U-series and ESR Dating of Atapuerca Pleistocene Sites : Sima de los Huesos, Gran Dolina and Trinchera Galería. The Sierra de Atapuerca, near Burgos in north-central Spain, contains several archaeological and fossiliferous deposits of major importance for European Prehistory. Most of the sites are grouped in two sectors: The Trinchera del Ferrocaril and the Cueva Mayor. The Trinchera, a railroad cut made into the Cretaceous limestone bedrock at the end of the last century, exposed several karst-fill deposits of which the most outstanding is the Gran Dolina. The karstic infilling of Gran Dolina is divided into 11 stratigraphical levels. The lower layers provided human remains associated to an archaïc industry and a typical Early Pleistocene fauna. A second infilling named Galería has also given human bones associated with animal remains and lithic artefacts including handaxes. The Cueva Mayor is a major deep cave complex with many km of galleries. Within the Cueva Mayor is the site of the Sima de los Huesos that yielded about 3,000 human remains belonging to a minimum of 32 individuals. This deposit is the most complete and important collection known in the world for the Middle Pleistocene. The dating results obtained from combined U-series and ESR methods on teeth, bones and calcite of these sites indicate a very ancient human occupation in Gran Dolina and on the other hand that fossiliferous levels of la Sima de los Huesos are dated between 200 and 300 ka.
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The Sima de los Huesos site of the Atapuerca complex near Burgos, Spain contains the skeletal remains of at least 28 individuals in a mud breccia underlying an accumulation of the Middle Pleistocene cave bear (U. deningeri). Earlier dating estimates of 200 to 320 kyr were based on U-series and ESR methods applied to bones, made inaccurate by unquantifiable uranium cycling. We report here on a new discovery within the Sima de los Huesos of human bones stratigraphically underlying an in situ speleothem. U-series analyses of the speleothem shows the lower part to be at isotopic U/Th equilibrium, translating to a firm lower limit of 350 kyr for the SH hominids. Finite dates on the upper part suggest a speleothem growth rate of c. 1 cm/32 kyr. This rate, along with paleontological constraints, place the likely age of the hominids in the interval of 400 to 600 kyr.