(Résumé français ci-dessous).
In France, the expression “career education” has been translated (under the impetus of the Ministry of Education) by “éducation à l’orientation” (“education for orientation”). However, while “carrière” is perfectly equivalent to “career”, “orientation” is not. This word primarily evokes selection at school and then refers to the action of giving one's active life a direction. Hence a suspicion: has career education become in French high schools an “education of choices” (an expression that is sometimes encountered) aimed at making students accept the “orientation decisions” (“orientation” meaning in this case: "selection" and "streaming") taken by the teachers’ board? However, beside that, what might be an “education for orientation” which, by preparing young people to give direction to their active lives, would allow them to face the challenges of the 21st century? These questions formed the heart of the debates at an international conference (500 participants from 15 countries) organized in Paris by INETOP (National Institute for the Study of Work and Vocational Guidance), from 24 to 26 May 2000. The journal “L’Orientation Scolaire et Professionnelle” published the following year a special issue containing the main interventions in the form of articles. The attached paper recaptures the introductory speech. It first traces three key moments in the development of “education for orientation” in France. First, the pioneering work of the 1950s by Antoine Léon and his collaborators. Then, the impulses for career education from the States (with Edwin L. Herr and Kenneth B. Hoyt). And, finally, the major impact of the Quebec ADVP movement (Activation of Vocational and Personal Development by Denis Pelletier, Charles Bujold and Gilles Noiseux, who referred to Donald Super). How to explain this success of “education for orientation” at the end of the 20th century, when the works of Léon and his collaborators went almost unnoticed in the middle of the century? Several factors can be mentioned: an ideology that values individual success in an open society, mass education and the construction of school systems with complex architecture, changes in the organization of work, professional functions and the globalization of employment, etc. Methods of “education for orientation” in use rarely explain their final purposes: do they aim to make future workers adaptable and flexible, to allow optimal self-development, to regulate student flows, to promote social integration? The scientific foundations of these educational programs are often fragile. Most of them have never been rigorously assessed. Nevertheless, those who were, proved to achieve some of their pedagogical objectives (students have a finer and more differentiated view of the trades, a more diversified and school decentered image of themselves, etc.). Two studies however show that such activities, conducted in class by teachers, result in a drop in the level of aspiration of pupils from modest backgrounds.///
RESUME.
En France, l’expression « career education » a été traduite (sous l’impulsion du Ministère de l’Education Nationale) par « éducation à l’orientation » (« éducation for orientation »). Cependant, alors que « carrière » est parfaitement équivalent à « career », « orientation » ne l’est pas. Ce mot évoque primordialement la sélection à l'école, puis renvoie à l'action de donner une direction à sa vie active. D’où un soupçon : l’éducation à la carrière serait-elle devenue dans les collèges et lycées français une « éducation des choix » (expression que l’on rencontre parfois) visant à faire accepter par les élèves les « décisions d’orientation » (au sens de sélection) des conseils de classe ? Néanmoins, que pourrait être une « éducation à l’orientation » qui, en préparant les jeunes à donner une direction à leur vie active, leur permettrait d’affronter les défis du 21ème siècle ? Ces questions formèrent le cœur des débats d’une conférence internationale (500 participants venant de 15 pays) qu’organisa l’Institut National d’Etude du Travail et d’Orientation Professionnelle, du 24 au 26 mai 2000, à Paris. La revue « l’Orientation Scolaire et Professionnelle » publia l’année suivante un numéro hors-série reprenant les principales interventions sous forme d’articles. Le texte attaché est celui de la conférence plénière qui introduisit la conférence. Il retrace d’abord trois moments-clés du développement de « l’éducation à l’orientation » en France : les travaux princeps des années 1950 d’Antoine Léon et de ses collaborateurs, les impulsions pour une éducation à la carrière en provenance des Etats (avec Edwin L. Herr et Kenneth B. Hoyt) et l’impact majeur du mouvement québécois de l’Activation du Développement Vocationnel et Personnel (de Denis Pelletier, Charles Bujold et Gilles Noiseux, qui se référaient à Donald Super). Comment expliquer ce succès de l’éducation à l’orientation à la fin du 20ème siècle, alors que les ouvrages de Léon et de ses collaborateurs passèrent presque inaperçus au milieu du siècle ? Plusieurs facteurs peuvent être évoqués : une idéologie valorisant la réussite individuelle dans une société ouverte, la scolarisation de masse et la construction de systèmes scolaires à l'architecture complexe, les transformations de l'organisation du travail, des fonctions professionnelles et la mondialisation de l'emploi, etc. Les méthodes d’éducation en orientation en usage explicitent rarement leurs finalités : visent-elles à rendre les futurs travailleurs adaptables et flexibles, à permettre un développement optimal de soi, à réguler les flux d’élèves, à favoriser l'intégration socié¬tale ? Les fondements scientifiques de ces programmes éducatifs sont souvent fragiles. La plupart d'entre eux n'ont jamais été rigoureusement évalués. Néanmoins, ceux qui le furent s'avèrent atteindre certains de leurs objectifs pédagogiques (les élèves ont une vision plus fine et différenciée des métiers, une image d'eux-mêmes plus diversifiée et décentrée de l’école, etc.). Deux études montrent cependant que de telles activités, conduites en classe par des enseignants, se traduisent par une baisse du niveau d'aspiration des élèves de milieu modeste.