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Bulletin de correspondance
hellénique
Application de la prospection géophysique à la topographie urbaine
I. Philippes, les quartiers Sud-Ouest
Michael Boyd, Samuel Provost
Citer ce document / Cite this document :
Boyd Michael, Provost Samuel. Application de la prospection géophysique à la topographie urbaine I. Philippes, les quartiers
Sud-Ouest. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 125, livraison 2, 2001. pp. 453-521;
doi : 10.3406/bch.2001.7150
http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_2001_num_125_2_7150
Document généré le 19/05/2016
Résumé
Au cours de deux campagnes en mai et novembre 2000, une prospection géophysique à grande
échelle, combinant une étude de résistance et une autre de magnétométrie, a été menée sur une
surface d'environ 5,5 ha dans l'angle Sud-Ouest de l'aire urbaine à Philippes. Les résultats obtenus ont
permis d'atteindre l'objectif initial qu'était la reconnaissance des limites de l'îlot de l'Édifice avec bain,
en préliminaire à la reprise de son exploration. Ils ont aussi enrichi nos connaissances sur la trame
urbaine de la ville antique et sa double orientation, et permis d'identifier l'existence, voire de préciser le
plan — sinon toujours la fonction — de plusieurs monuments importants. Une partie de ces résultats a
pu être confirmée par des observations du matériel et des vestiges présents en surface, et surtout par
l'examen de photographies aériennes.
περίληψη
Κατά τους μήνες Μάιο και Νοέμβριο 2000, πραγματοποιήθηκε γεωφυσική έρευνα μεγάλης κλίμακας με
ηλεκτρικές και μαγνητικές διασκοπήσεις, σε μια έκταση 55 στρ. περίπου στη νοτιοδυτική γωνία της
αστικής περιοχής των Φιλίππων. Τα αποτελέσματα ανταποκρίθηκαν στον αρχικό στόχο που ήταν η
αναγνώριση των ορίων της συνοικίας του Κτηρίου με λουτρό, πριν από την επανάληψη των
ανασκαφικών ερευνών. Εμπλούτηναν επίσης τις γνώσεις μας σχετικά με τον αστικό ιστό της αρχαίας
πόλης και το διπλό της προσανατολισμό, ενώ συγχρόνως βοήθησαν να διαπιστωθεί η ύπαρξη, και
μάλιστα να εξακριβωθεί η κάτοψη - αν όχι πάντοτε και η λειτουργία - ορισμένων σημαντικών μνημείων.
Ένα μέρος των αποτελεσμάτων επιβεβαιώθηκε από παρατηρήσεις στα κινητά ευρήματα και στα
επιφανειακά αρχιτεκτονικά λείψανα αλλά κυρίως από τη μελέτη των αεροφωτογραφιών.
Abstract
During the course of two campagns in May and November 2000, a large scale geophysical sur- vey
combining resistivity and magnetometry studies was carried out over an area of about 5.5 hectares in
the southwest corner of the urban area at Philippi. The results achieved the initial goal, which was to
identify the limits of the block with the Bath House prior to a resumption of its excavation. They also
extended our knowledge of the urban layout of the ancient town and its double orientation and
identified the existence and indeed the plans — if not always the fonctions — of several important
monuments. Part of the results could be confirmed by observations of the remains visible on the
surface, and in particular from a study of the aerial photographs.
Application
de
h
prospection
géophysique
à
la
topographie
urbaine
I.
Philippes,
les
quartiers
Sud-Ouest
par
Michael
Boyd
et
Samuel
Provost*
L'exploration
archéologique
de
la
ville
de
Philippes,
en
Macédoine
orientale,
a
longtemps
privilégié
le
centre
civique
monumental,
autour
an
forum
et
des
basiliques
paléochrétiennes,
avant
de
toucher
plus
récemment
les
îlots
situés
en
bordure
de
la
grande
rue
dite
«
Via
Egna-
tia
»l.
Il
en
résulte
que
notre
connaissance
de
la
structure
urbaine
reste
limitée
aux
abords
de
cette
voie
principale
de
communication.
Depuis
les
années
1980
cependant,
l'hypothèse
d'un
plan
général
défini
par
deux
systèmes
distincts
de
voirie
a
trouvé
confirmation
dans
les
fouilles
de
l'Université
de
Thessalonique2
au
Sud-Est
de
l'Octogone.
Elles
ont
montré
que
la
moitié
Sud
de
la
ville
basse
suit
une
orientation
dictée
par
la
Rue
diagonale,
parallèle
au
côté
Sud
de
l'enceinte,
et
non
celle
de
la
«
Via
Egnatia
».
*Fitch
Laboratory,
British
School
at
Athens
et
École
française
d'Athènes
Abréviations
bibliographiques
:
Aupert
1979
=
P.
Aupert,
«
Rapports
sur
les
travaux
de
l'École
française
en
Grèce
1978.
Philippes.
I.
Édifice
avec
bain
»,
BCH
103,
p.
619-627.
Aupert
1980
=
P.
Aupert,
«
Rapports
sur
les
travaux
de
l'École
française
en
Grèce
1979.
Philippes.
I.
Édifice
avec
bain
»,
BCH
104,
p.
699-712.
Collart
1937
=
P.
Collart,
Philippes,
ville
de
Macédoine
depuis
ses
origines
jusqu'à
la
fin
de
l'époque
romaine,
TravMém
V.
Feyel
1936
=
M.
Feyel,
Les
thermes
du
Sud
à
Philippes
de
Macédoine,
Mémoire
de
l'EFA,
inédit.
GOUNARIS
et
VÉLÉNIS
1996
=
G.
GOUNARIS,
G.
VÉLÉNis,
«
Πανε-
πιστιμιακή
ανασκαφή
Φιλίππων
1988-1996
»,
ΑΕΜΘ
10Β,
ρ.
731.
Gros
1996
=
P.
GROS,
L'architecture
romaine,
1.
Les
monuments
publics.
Lemerle
1945
=
P.
LEMERLE,
Philippes
et
la
Macédoine
orientale
à
l'époque
chrétienne
et
byzantine,
BEFAR
158.
NlELSEN
1990
=
I.
Nielsen,
Thermae
et
Balnea,
The
tecture
and
Cultural
History
of
Roman
Public
Baths.
POULTER
et
STRANGE
1998
=
A.
POULTER,
P.
STRANGE,
«
Phi-
lippi
:
The
Results
of
a
Geophysical
Survey
»,
ABSA
93,
p.
453-461.
ROGER
1938
=
J.
Roger,
«
L'enceinte
basse
de
Philippes
»,
BCH
62,
p.
20-41.
SÈVE
1989
=
M.
Sève,
Recherches
sur
les
places
publiques
dans
le
monde
grec
du
Ier
au
VIIe
siècle
de
notre
ère
:
l'exemple
de
Philippes,
Thèse
d'État,
Université
de
Paris
X,
p.
500
(thèse
sur
microfiches).
Sève
1996
=
M.
Sève,
«
Philippes:
une
ville
romaine
en
Grèce
»,
L'Espace
grec,
Cent
cinquante
ans
de
fouilles
de
l'École
française
d'Athènes,
p.
88-95.
SÈVE
2000
=
M.
Sève,
«
De
la
naissance
à
la
mort
d'une
ville:
Philippes
en
Macédoine
(IVe
s.
av.
J.-C.-vlle
s.
ap.
J.-C.)
»,
Histoire
Urbaine
1
Quin
2000),
p.
187-204.
1
Pour
cette
rue
comme
pour
les
autres,
on
conservera
la
nomenclature
traditionnelle
bien
qu'elle
se
révèle
parfois
peu
adaptée.
Voir
à
ce
propos
la
remarque
de
M.
Sève
:
SÈVE
1989,
n.
27,
p.
500.
2
GOUNARIS
et
VÉLÉNIS
1996.
BCH
125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
454
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Carroyage
de
prospection
100 500
1000
m
I
M
H
H
M M
Flg.
1.
Plan
de
Philippes
et
localisation
de
la
zone
de
prospection
(B:
Basilique
B; C:
Porte
du
Marais;
K:
édifice
du
champ
Kalaïtzoglou
;
E:
édifice
avec
bain)
(dessin
V.
Anagnostopoulos,
S.
Provost).
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
455
Ι
72
Α
74
AV
69
70
/
78
68
■Γ
77
79
Flg.
2.
Détail
du
carroyage
de
la
prospection
(dessin
M.
Boyd,
S.
Provost).
100
ir
BCH125
(2001)
456
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Les
caractères
de
l'urbanisme
de
cette
deuxième
grille
sont
encore
largement
inconnus.
Si
l'Université
de
Thessalonique
a
entamé
l'exploration
de
deux
insulae
face
aux
îlots
4
et
5
de
la
grille
Nord,
le
seul
chantier
ouvert
dans
la
partie
occidentale
de
la
Rue
diagonale
est
en
effet
celui
dit
de
«
l'Édifice
avec
bain
».
Les
fouilles
en
furent
commencées
en
1934
par
M.
Feyel3
dans
le
cadre
de
la
mission
de
l'École
française
d'Athènes
à
Philippes,
puis
reprises
en
1978-
1979
par
P.
Aupert,
qui
précisa
de
nombreux
points
d'interprétation
et
de
chronologie,
concernant
notamment
les
dernières
phases
d'occupation
du
site.
Les
sondages
pratiqués
par
M.
Feyel
aussi
bien
que
par
P.
Aupert
confirment
au
Nord
la
présence
de
l'axe
directeur
de
cette
grille
Sud
que
constitue
la
Rue
diagonale,
et
à
l'Est
celle
d'une
ruelle
coupant
cette
dernière
à
angle
droit.
L'ensemble
dégagé
jusqu'à
présent
correspondrait
ainsi
à
la
moitié
Nord
d'un
îlot.
1.
Objectifs et
méthodohgie
de
h
prospection
Dans
la
perspective
d'une
nouvelle
reprise
de
ce
chantier,
il
paraissait
intéressant
d'effectuer
une
campagne
de
prospection
géophysique
pour
cerner
si
possible
les
limites
de
l'édifice
et
de
l'îlot
qu'il
occupe,
mais
aussi
plus
généralement
pour
renseigner
une
zone
encore
très
peu
étudiée
de
l'aire
urbaine.
La
pertinence
de
cette
méthode
sur
le
site
avait
été
soulignée
par
la
courte
campagne
de
prospection
menée
en
1995
par
A.
Poulter4,
qui
avait
couvert
une
surface
de
3
800
m2
dans
le
voisinage
immédiat
des
fouilles
de
l'Université
de
Thessalonique.
1.1.
Caractéristiques
de
la
zone
de
prospection
Au
cours
de
deux
séjours
en
mai
et
novembre
2000,
une
surface
totale
de
55449
m2
a
pu
ainsi
être
soumise
à
une
prospection
géophysique5
(fig.
1
et
4).
Les
mesures
de
résistance
et
de
magnétométrie
conduites
pour
cette
campagne
l'ont
été
dans
des
conditions
presque
parfaites.
Dans
les
zones
fouillées
voisines,
les
vestiges
archéologiques
sont
en
effet
situés
entre
50
cm
et
100
cm
sous
la
surface
du
sol.
Dans
la
zone
soumise
à
la
prospection,
le
terrain
est
plat
et
la
végétation
basse
(fig.
3),
sans
indication
d'activités
agricoles
récentes,
bien
que
des
photographies
aériennes
confirment
son
utilisation
agricole
intensive
dans
la
première
moitié
du
XXe
siècle
et
au-delà
(fig.
5
pour
le
parcellaire
en
1938).
La
géologie
de
la
zone
examinée
est
alluviale
:
la
ville
est
en
grande
partie
construite
sur
un
cône
de
déjection
;
dans
sa
partie
basse,
le
substrat
rocheux
n'offre
que
peu
d'interférence
et
n'a
donc
pas
posé
de
problème
particulier.
3
Feyel
1936
inédit,
mais
dont
un
compte
rendu
a
été
donné
5
En
mai,
l'équipe
comprenait,
outre
les
auteurs,
Aurélia
Kalb-
dans
les
CRAI
1937,
p.
174-175;
voir
aussi
Collart
1937,
fuss,
étudiante
à
l'Université
de
Bordeaux,
et
en
novembre,
p.
365-368.
Tony
Kozelj,
architecte,
que
nous
remercions
pour
leur
aide.
4
POULTER
et
STRANGE
1998.
BCH
125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUBOUEST
457
Fig.
3.
Vue
de
la
zone
de
prospection
depuis
l'acropole
(cliché
S.
Provost).
Alors
que
le
sol
en
surface
est
très
sec,
il
est
probable
qu'en
profondeur
il
garde
beaucoup
d'humidité.
Il
faut
rappeler
à
ce
propos
que
la
plaine
de
Philippes
était
en
grande
partie
occupée
par
un
marais
et
que
les
terres
n'ont
été
viabilisées
qu'au
milieu
du
XXe
siècle.
La
nappe
phréatique
est
proche
de
la
surface
dans
la
partie
Sud-Ouest
de
la
ville6.
Concernant
la
prospection,
le
sol
était
vraisemblablement
légèrement
plus
sec
au
moment
de
la
seconde
campagne,
qui
a
eu
lieu
en
novembre,
après
l'été,
mais
avant
les
pluies
hivernales.
Cette
légère
différence
rend
compte
de
difficultés
mineures
dans
la
présentation
des
résultats
provenant
de
zones
adjacentes
où
la
prospection
avait
été
menée
à
des
saisons
différentes.
Quelques
obstacles
de
grande
taille
parsemaient
le
terrain,
qu'il
s'agisse
de
murets,
taillis,
ou
d'amas
de
pierres
et
de
remblai
de
fouilles.
Mais
en
général,
il
s'est
avéré
possible
de
conduire
une
prospection
continue
de
vastes
espaces
sans
procéder
à
de
constants
ajustements
pour
éviter
ces
obstacles.
1.2.
Méthodologie
Deux
méthodes
ont
été
retenues.
L'effort
principal
a
été
consacré
à
la
prospection
de
résistance,
dans
la
mesure
où
cette
méthode
avait
fait
ses
preuves
lors
de
son
application
par
A.
Poul-
ter
et
P.
Strange
en
1995,
et
parce
qu'elle
a
continué
de
produire
des
résultats
très
satisfaisants
lors
de
la
campagne
2000.
L'instrument
utilisé
pour
mesurer
la
résistance
était
un
Geoscan
RM-
6
Elle
avait
considérablement
gêné
l'exploration
du
rempart
et
des
portes
en
1936-1937,
et
certains
sondages
lors
de
la
reprise
de
la
fouille
de
l'Édifice
avec
bain
en
1978-1979:
ROGER
1938,
p.
31-34;
AUPERT
1980,
p.
709.
BCH125
(2001)
458
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
^
'\'
".-.Λ·ν.ι-'#
!!:r^.ilÎ'··:·.
ί
Vît
'■
.··
isi
."
1βΛ
_W«_.
-"*-'4·Γ·
Zone
de
forte
résistance
Zone
de
faible
résistance
50
m
Flg.
4.
Résultats
interprétés
de
la
prospection
géophysique
(dessin
M.
Boyd,
S.
Provost).
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
459
Fig.
5.
Résultats
reportés
sur
une
photographie
aérienne
de
1938
(cliché
EFA
;
dessin
S.
Provost).
BCH125
(2001)
bel).
2col
AlS.
460
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
400
350
300
250
200
150
100
50
Fig.
6.
Vue
générale
des
résultats.
BCH
125
(2001)
bcri.
too\.
.
c
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE.
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
461
N/
Fig.
7.
Interpolation
triangulaire
des
valeurs
de
résistance
mesurées
dans
la
zone
2.
Les
espaces
blancs
n'ont
pu
être
inclus
dans
la
prospection
du
fait
des
obstacles
rencontrés
en
surface.
Fïg.
8.
Vues
en
pseudo-3D
des
résultats
de
résistance
de
la
partie
Ouest
de
la
zone
3.
À
gauche,
vue
avec
un
angle
de
45°
;
à
droite,
vue
du
dessus.
BCH
125
(2001)
200
^■••biill
30m
50
25
σο
Fig.
9.
Interpolation
triangulaire
des
valeurs
de
résistance
mesurées
dans
la
zone
3.
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES.
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
463
200
175
150
125
100
75
50
25
Fig.
10.
Interpolation
triangulaire
des
valeurs
de
résistance
mesurées
dans
la
zone
4.
BCH
125
(2001)
bob-
{1*6*1
464
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
15.
La
prospection
principale
comprenait
des
mesures
sur
bipôle
avec
un
intervalle
des
électrodes
fixé
à
50
cm
(la
distance
optimale
pour
les
vestiges
situés
à
50
cm-
100
cm
sous
la
surface).
Les
mesures
étaient
prises
tous
les
mètres
dans
des
carrés
de
20
χ
20
m
ou
30
m
χ
30
m.
Le
contour
détaillé
de
la
grille
de
prospection
est
donné
en
fig.
2.
Pour
tester
la
validité
de
la
configuration
retenue,
on
a
étudié
un
petit
espace
(le
carré
1,
de
20
χ
20
m)
en
portant
l'intervalle
des
électrodes
à
75
cm,
ce
qui
permettait
en
théorie
la
prise
des
mesures
à
une
plus
grande
profondeur.
Ce
réglage
ne
produisait
aucune
amélioration
par
rapport
à
la
prospection
originale
:
il
a
donc
été
abandonné.
Néanmoins,
sur
une
zone
si
vaste,
la
profondeur
des
vestiges
varie
nécessairement.
Certaines
zones
«
neutres
»
sur
les
résultats,
qui
ne
présentent
pas
de
détails
ou
très
peu,
pourraient
bénéficier
d'une
nouvelle
prospection
avec
un
espacement
plus
important
des
électrodes.
Une
expérience
de
ce
type
a
été
conduite
à
la
fin
de
la
campagne
(carré
95,
20
χ
30
m)
et
a
donné
des
résultats
prometteurs,
qui
suggèrent
que
cette
question
devra
être
réexaminée
lors
de
prochaines
campagnes.
Une
zone
(carrés
1-2,
et
5
;
47
χ
40
m)
au
Sud
de
la
fouille
de
l'Édifice
avec
bain
a
été
étudiée
en
prenant
les
mesures
tous
les
50
cm,
ce
qui
multiplie
par
4
la
densité
des
résultats
obtenus.
L'objectif
était
d'obtenir
une
résolution
plus
détaillée
des
éléments
présents
dans
cette
zone.
Cette
méthode
n'a
pas
été
appliquée
ailleurs
en
raison
du
plus
grand
investissement
en
temps
qu'elle
requiert,
mais
elle
pourra
être
reprise
lors
de
prochaines
campagnes
pour
des
zones
problématiques
bien
cernées.
La
deuxième
méthode
mise
en
œuvre
dans
la
prospection
sur
une
aire
de
2
460
m2
(carrés
7-10,
22, 28,
47-49)
utilisait
un
magnétomètre
à
microvanne
de
flux
Geoscan
FM-36.
L'objectif
était
à
la
fois
d'éprouver
l'efficacité
de
cet
instrument
sur
le
site
et
d'obtenir
des
informations
supplémentaires
sur
des
zones
précises.
Les
mesures
étaient
prises
à
1
m
d'intervalle,
ce
qui
s'est
avéré
suffisant
pour
rechercher
les
anomalies
magnétiques
grossières.
Une
future
utilisation
de
l'instrument
devra
déterminer
si
un
rétrécissement
de
l'intervalle
des
mesures
peut
produire
des
détails
supplémentaires.
Les
résultats
ont
été
traités
pour
leur
interprétation
à
l'aide
d'un
logiciel
original
en
combinaison
avec
les
logiciels
d'information
géographique
Maplnfo
et
Vertical
Mapper7.
Parce
qu'aucun
des
deux
instruments
utilisés
ne
mesure
des
valeurs
absolues,
mais
produit
des
valeurs
relatives
à
une
constante
arbitraire,
les
données
ont
été
modifiées
pour
obtenir
des
résultats
continus
sur
toute
la
zone
de
prospection.
Bien
que
des
comparaisons
grossières
sur
l'intensité
des
anomalies
dans
l'ensemble
de
la
grille
de
prospection
soient
ainsi
rendues
possibles,
c'est
le
contraste
qu'on
observe
entre
une
anomalie
et
son
environnement
qui
en
mesure
principalement
la
force.
Toutes
les
figures
polychromes
ou
monochromes
continues
reproduites
ici
résultent
d'une
interpolation
rectangulaire
ou,
à
l'occasion,
triangulaire
opérée
par
le
logiciel
Vertical
Mapper8.
Les
7
Respectivement
version
5.5
et
2.5.
8
L'interpolation
est
le
procédé
qui
consiste
à
créer
une
face
lisse
entre
les
points
mesurés,
créant
ainsi
les
couleurs
continues
des
images
utilisées
dans
cet
article.
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUOOUEST
465
valeurs
de
résistance
mesurées
vont
de
moins
de
10
Ω
jusqu'à
environ
350
Ω,
avec
la
majorité
des
valeurs
comprises
entre
30
et
90
Ω.
Le
but
de
l'interprétation
était
d'identifier
les
structures
dans
leur
matrice
environnante.
Le
contraste
entre
les
contextes
peut
varier
considérablement,
ce
qui
nécessite
des
réglages
précis
dans
l'échelle
des
couleurs
utilisées
pour
visualiser
les
différences
entre
les
valeurs.
Les
interprétations
qui
suivent
reposent
sur
un
examen
en
profondeur
des
résultats,
mais
il
faut
garder
en
mémoire
que
seules
quelques
images
représentatives
peuvent
être
reproduites
dans
cet
article9.
Dans
l'interprétation
qui
suit,
la
marge
d'erreur
des
mesures
est
de
50
cm.
Pour
des
raisons
pratiques,
l'examen
de
la
zone
de
prospection
a
été
divisé
en
5
parties,
principalement
en
fonction
des
limites
du
parcellaire
agricole.
1.3.
Questions
de
cartographie
La
mise
en
relation
des
résultats
de
la
prospection
avec
les
fouilles
existantes
s'est
heurtée
à
un
problème
auquel
tous
les
chercheurs
ont
été
confrontés
à
Philippes,
l'absence
d'un
plan
topographique
absolument
fiable
de
l'ensemble
du
site.
Au
moment
de
la
fermeture
du
site
par
l'Ecole
française
en
décembre
1937,
l'architecte
chargé
de
l'ensemble
des
relevés,
H.
Ducoux,
dessina
un
plan
général,
dont
P.
Collart
obtint
une
première
version
pour
la
publication
concomitante
de
sa
thèse10.
Le
plan
définitif
fut
immédiatement
publié
dans
le
BCH
suivant11,
de
1938,
puis
repris
dans
la
thèse
de
P.
Lemerle12.
Les
modifications
tiennent
pour
l'essentiel
à
l'addition
d'édifices
visibles
uniquement
sur
des
photographies
aériennes.
Ce
plan
est
celui
qui
est
repris
le
plus
souvent
dans
les
publications,
et
reste
le
dernier
relevé
complet
du
site
disponible.
Dans
le
cadre
de
la
reprise
du
dossier
des
reliefs
rupestres,
P.
Ducrey
procéda
à
une
série
de
relevés
et
fit
réaliser,
en
1969
et
1974,
un
nouvel
assemblage
des
dessins
de
H.
Ducoux,
en
le
débarrassant
de
ses
surcharges
graphiques.
Les
relevés
ajoutaient
au
plan
précédent
des
courbes
de
niveau
et
le
musée13.
Mais
ce
nouveau
plan
au
1/2000,
plus
précis,
ne
concerne
malheureusement
que
la
zone
des
reliefs,
à
savoir
les
premières
pentes
de
l'acropole.
Le
plan
de
1937
est
ainsi
resté
le
document
de
référence
:
c'est
encore
lui
qui
sert
de
base
de
travail
à
la
mise
à
jour
du
plan
à
laquelle
procède
P.
Weber
pour
l'illustration
de
l'article
de
M.
Sève
dans
L'Espace
grec14.
Conscient
du
problème
d'exactitude
que
posaient
ces
différents
plans,
A.
Poulter15
a
adopté
une
nouvelle
solution
en
reportant
les
tracés
du
plan
de
H.
Ducoux,
tel
qu'il
était
publié
par
P.
Lemerle,
sur
la
carte
topographique
de
Krènidès
au
1/5
000,
et
en
procédant
aux
ajustements
9
Des
versions
en
couleurs
de
toutes
les
images
utilisées
13
P.
Collart,
P.
Ducrey,
Philippes
I,
Les
reliefs
rupestres,
sont
disponibles
sur
internet
à
l'adresse
des
deux
établis-
BCH
Suppl.
2
(1975),
p.
5-6.
sements
de
recherche
impliqués
dans
cette
étude:
l'EFA
14
Sève
1996,
p.
88.
L'apport
le
plus
notable
concerne
les
(http://www.efa.gr)
et
la
BSA
(http://www.bsa.gla.ac.uk).
Les
fouilles
à
l'Est
du
forum.
Faute
de
relevés,
P.
Weber
a
visi-
résultats
originaux
y
sont
également
disponibles
pour
télé-
blement
tenté
de
transposer
le
rendu
impressionniste
des
chargement.
pentes
par
H.
Ducoux
en
courbes
de
niveaux,
avec
plus
ou
10
Collart
1937,
pi.
II.
moins
de
réussite.
11
BCH
62
(1938),
pi.
I.
15
POULTER
et
STRANGE
1998,
p.
453.
12
LEMERLE
1945,
pi.
I.
BCH
125
(2001)
466
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
nécessaires.
C'est
la
méthode
qui
a
été
retenue
ici
pour
mettre
de
nouveau
à
jour
ce
plan
auquel
manquaient
la
Basilique
du
Musée,
et
les
dernières
fouilles
de
l'Université
de
Thessalonique.
Plutôt
que
de
reprendre
tel
quel
le
plan
de
1937,
nous
avons
toutefois
procédé
à
l'assemblage
des
différents
relevés
partiels
publiés16
ou
conservés
à
l'EFA,
ce
qui
a
permis
d'obtenir
des
détails
supplémentaires.
Le
résultat
obtenu
(fig.
1)
ne
saurait
être
que
provisoire:
on
ne
pourra
faire
l'économie
d'un
nouveau
relevé
général
du
site
dans
une
prochaine
campagne.
1.4.
Une
série
peu
connue
de
photographies
aériennes
Une
aide
précieuse
à
l'interprétation
des
résultats
de
la
prospection
est
venue
de
l'examen
des
photographies
aériennes
conservées
dans
les
archives
de
la
mission
de
Philippes.
Réalisés
par
l'aviation
hellénique
entre
1
933
et
1
937,
semble-t-il,
ces
clichés
sont
à
peine
mentionnés
dans
les
publications
des
fouilles17,
et
très
peu
utilisés
:
P.
Lemerle
indique
toutefois
leur
importance
dans
son
étude
du
rempart
de
la
ville
haute18.
Les
quelques
clichés
publiés
par
P.
Collart
ou
P.
Lemerle
ne
concernent
que
les
fouilles
du
centre
monumental,
alors
même
qu'une
autre
série
révèle
l'existence
de
nombreux
édifices
inconnus
par
ailleurs,
ou
permettent
de
préciser
certains
détails
topographiques,
invisibles
aujourd'hui
parce
que
détruits
ou
recouverts
par
la
végétation.
2.
Analyse
des
résultats
de
h
zone
1
(carrés
1-21
et
42-49)
La
zone
1
(fig.
12),
qui
comprend
les
carrés
de
prospection
1-21
et
42-49,
est
de
forme
irrégulière
et
couvre
une
surface
de
12445
m2.
Les
structures
dans
cette
zone
sont
orientées
approximativement
20°
à
l'Ouest
:
il
s'agit
de
l'orientation
générale
de
la
grille
Sud
à
Philippes,
qui
caractérise
également
la
zone
2.
2.1.
La
rue
traversière
RS
3
Les
limites
Est
de
la
zone
1
sont
définies
sur
le
terrain
par
une
ligne
d'arbres
et
d'amas
de
pierres
rejetées
des
champs.
Immédiatement
à
l'Ouest
de
cette
bordure,
une
forte
anomalie
linéaire
ressort
de
la
prospection
de
résistance.
C'est
le
seul
élément
qui
s'étende
sur
toute
la
longueur
de
la
zone
1,
du
Nord
au
Sud.
Elle
se
termine
juste
avant
le
mur
d'enceinte
(à
l'extrémité
Sud
de
la
grille),
bien
que
l'élévation
du
sol
à
cet
endroit
en
atténue
beaucoup
la
visibilité.
16
La
source
principale
en
est
la
publication
du
rempart:
ROGER
directeur
de
l'EFA,
R.
Demangel,
note
l'apport
des
photogra-
1938
et
H.
Ducoux,
P.
Lemerle,
«
L'acropole
et
l'enceinte
haute
phies
aériennes
pour
la
réalisation
du
plan
général
du
site:
de
Philippes
»,
BCH
62
(1938),
p.
4-19.
L'assemblage
a
été
R.
Demangel,
«
Note
sur
les
fouilles
françaises
de
Philippes
»,
effectué
par
V.
Anagnostopoulos
de
l'IMELEC
(EFA).
BCH
62
(1938),
p.
1-2.
17
Dans
sa
note
introductive
au
vol.
62
du
BCH
(1938)
18
H.
DUCOUX,
P.
LEMERLE,
loc.
cit.
(supra,
n.
16),
p.
4,
n.
2.
presque
intégralement
consacré
aux
fouilles
de
Philippes,
le
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
A
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUOOUEST
467
Cette
anomalie
peut
être
suivie
sur
environ
140
m
et
varie
en
largeur
entre
2,5
m
et
9
m
environ.
Elle
présente
un
fort
contraste
avec
son
environnement,
d'une
valeur
moyenne
de
35
Ω,
bien
que
cette
valeur
chute
en
dessous
de
10
Ω
près
du
rempart.
L'anomalie
est
la
mieux
définie
près
de
son
centre,
dans
les
carrés
42
et
46
(fig.
14)
:
le
segment
Nord
est
alors
de
près
de
10,5
m
de
long
pour
3
m
de
large
sur
la
plus
grande
part
de
cette
distance,
avec
un
élargissement
à
5
m
près
du
bord
Nord
du
carré
46.
Cette
section
élargie
de
l'anomalie
se
poursuit
au
Sud
dans
le
carré
42.
Après
30
m
environ,
elle
devient
moins
visible
et
sort
en
partie
de
la
zone
de
prospection,
mais
elle
se
poursuit
clairement
au
Sud,
jusqu'à
la
limite
méridionale
de
la
zone
étudiée.
Au
Nord
de
la
partie
centrale
de
cette
anomalie
linéaire,
apparaissent
deux
éléments
distincts
qui
la
composent.
C'est
à
l'extrémité
Nord
qu'elle
présente
sa
plus
grande
largeur
(jusqu'à
9
m).
Plus
au
Sud,
son
orientation
semble
légèrement
différente,
mais
il
est
possible
qu'il
s'agisse
d'une
caractéristique
de
la
prospection
sans
lien
avec
les
éléments
archéologiques.
Cette
anomalie
doit
être
interprétée
comme
une
rue
appartenant
au
système
de
carroyage
Sud
du
plan.
C'est
la
plus
longue
rue
Nord-Sud
identifiée
dans
la
prospection,
que
l'on
désignera
désormais
sous
l'abréviation
RS
319.
Les
variations
de
largeur
et
de
contraste
de
résistance
remarquées
le
long
de
son
tracé
peuvent
s'expliquer
par
une
différence
de
profondeur
des
éléments
archéologiques
correspondants
;
elles
peuvent
également
rendre
compte
de
l'effondrement
des
édifices
qui
bordaient
la
rue,
ou
encore
de
la
récupération
et
de
la
réutilisation,
in
situ
ou
non,
des
matériaux
de
ces
édifices
ainsi
que
du
pavement
de
la
rue
:
elle
présente
des
caractéristiques
similaires
aux
rues
traversières
fouillées
dans
la
grille
Nord,
qui
avaient
une
largeur
originelle
de
4
m,
mais
qui
ont
souvent
été
rétrécies,
sur
tout
ou
partie
de
leur
tracé,
voire
qui
ont
disparu,
recouvertes
par
les
constructions
des
îlots
voisins.
2.2.
La
bordure
de
l'îlot
IS
3
et
l'îlot
IS
2
Des
éléments
architecturaux
immédiatement
à
l'Ouest
et
à
l'Est
de
la
rue
sont
visibles
dans
les
carrés
42
et
45-48
(fig.
14).
À
l'Est,
une
série
de
quatre
courtes
anomalies
linéaires
présente
un
angle
de
90°
avec
la
rue,
et
s'écarte
d'une
longue
anomalie
linéaire
qui
en
représente
la
bordure
ou
une
structure
suivant
cette
bordure
:
l'analogie
avec
les
rues
traversières
Nord,
dépourvues
de
trottoir
et
directement
bordées
par
les
murs
des
îlots
qu'elles
séparent,
fait
privilégier
cette
dernière
hypothèse.
Cette
ligne
est
visible
sur
environ
30,5
m
avant
d'être
apparemment
absorbée
dans
la
partie
centrale
la
plus
forte
de
l'anomalie,
dans
le
carré
46.
Au
moins
trois
des
éléments
linéaires
qui
en
partent
vers
l'Est
doivent
être
identifiés
à
des
murs,
qui
appar-
19
II
n'existe
pas
de
nomenclature
générale
du
réseau
urbain
qui
soit
compatible
avec
de
futures
découvertes
topograde
Philippes:
dans
la
grille
Nord,
les
rues
et
les
îlots
sont
phiques:
pour
cette
raison,
la
numérotation
des
axes
et
des
numérotés
en
partant
du
forum
vers
l'Est,
tandis
que
les
rues
îlots
prend
pour
point
de
départ
le
prolongement
Sud
de
la
situées
au
Sud
de
cette
première
rangée
ne
portent
pas
de
Rue
du
Marché,
rebaptisé
RN
1,
pour
la
grille
Nord,
et
la
pre-
numéros
mais
des
noms
attribués
par
M.
Sève.
Il
a
paru
de
mière
rue
identifiée
à
l'Est
du
rempart
occidental,
en
bordure
bonne
méthode
pour
notre
étude
d'adopter
une
numérotation
de
l'Édifice
avec
bain,
nommée
RS
1,
pour
la
grille
Sud.
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
468
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Flg.
11.
Vue
de
la
partie
Sud-Ouest
de
la
zone
1:
l'îlot
IS
1
et
l'Édifice
avec
bain
(cliché
S.
Provost).
tiennent
à
une
ou
des
constructions
se
poursuivant
sous
la
haie,
au-delà
de
la
zone
de
prospection.
Ce
sont
des
anomalies
de
faible
intensité,
qui
ne
paraissent
pas
avoir
de
correspondantes
dans
la
zone
2,
laquelle
couvre
l'essentiel
de
l'îlot
IS
3
dont
elles
font
partie.
À
l'Ouest
de
la
rue,
de
nombreux
éléments
architecturaux
sont
visibles
dans
la
partie
Nord
de
la
zone
1
,
bien
que
peu
d'entre
eux
puissent
être
rapportés
à
des
constructions
bien
définies.
La
zone
a
connu
en
effet
une
forte
perturbation
due
à
une
activité
artisanale
tardive
occupant
son
extrémité
Nord
:
elle
apparaît
principalement
dans
l'étude
de
résistance
comme
une
vaste
anomalie
de
forme
irrégulière
(les
dimensions
les
plus
grandes
en
sont
32
χ
13
m),
qui
se
caractérise
par
des
valeurs
de
résistance
enregistrées
très
élevées.
Les
contrastes
avec
les
valeurs
voisines
atteignent
alors
90
à
130
Ω.
Cette
anomalie
est
représentée
en
partie
en
surface
par
des
amas
de
gravats
(fig.
16).
La
prospection
magnétique
conduite
au
magnétomètre
à
microvanne
de
flux
sur
cette
zone
a
confirmé
son
utilisation
par
des
activités
artisanales
(fig.
15).
Deux
anomalies
magnétiques,
apparaissant
sous
forme
d'anneaux
concentriques
de
valeurs
hautes
et
basses
(la
plupart
comprises
entre
50
nT
et
-20
nT),
représentent
très
probablement
des
fours.
L'anomalie
magnétique
la
plus
au
Nord
se
trouve
à
l'intérieur
de
la
grande
anomalie
informe
de
résistance,
tandis
que
l'anomalie
Sud
est
précisément
située
sur
une
anomalie
circulaire
dans
la
prospection
de
résistance.
Une
seconde
structure
vaguement
circulaire
révélée
par
la
prospection
de
résistance,
18
m
plus
au
Sud,
correspond
elle
aussi
à
une
anomalie
magnétique,
repérée
dans
une
prospection
informelle
:
il
doit
donc
probablement
s'agir
d'un
troisième
four.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
469
Zone
de
forte
résistance
Zone
de
faible
résistance
Fig.
12.
Interprétation
générale
des
résultats
de
la
zone
1.
BCH
125
(2001)
470
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
50
25
30m
Flg.
13.
Résultats
de
la
moitié
Est
de
la
zone
1.
L'échelle
des
couleurs
est
réglée
pour
marquer
la
différence
entre
les
éléments
archéologiques
(gris
foncé,
noir)
et
leur
matrice
environnante
(gris
clair).
20
30m
Fig.
14.
Résultats
de
la
zone
1,
carrés
42
et
45
à
48.
Partie
centrale
et
Nord
de
la
structure
linéaire
dominante.
BCH12S
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
471
80
50
20
10
0
-10
-20
-50
-80
100
75
50
Flg.
15.
Données
de
la
zone
1,
carrés
47-49.
Utilisation
artisanale
de
la
zone
après
la
période
romaine
principale.
À
droite,
étude
de
résistance.
À
gauche
:
étude
de
magnétométrie.
Le
rectangle
blanc
dans
les
données
de
résistance
indique
les
limites
de
l'étude
de
magnétométrie.
Les
trois
fours
supposés
sont
indiqués
en
pointillés
blancs.
Flg.
16.
Débris
visibles
au
voisinage
d'une
très
grande
anomalie
irrégulière,
de
résistance
et
magnétique
(cliché
M.
Boyd).
BCH125
(2001)
472
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
La
zone
tout
entière
présente
des
perturbations
magnétiques
notables,
ce
qui
s'accorde
bien
avec
l'image
d'une
transformation
du
quartier
en
zone
d'artisanat,
dans
une
phase
postérieure
à
la
principale
période
d'occupation.
Des
déchets
d'activité
métallurgique
sont
présents
en
surface
en
quantité
importante,
bien
qu'on
puisse
en
trouver
aussi
sur
l'ensemble
de
la
zone
étudiée,
et
que
la
taille
modeste
des
anomalies
magnétiques
ne
suggère
pas
un
four
métallurgique.
Il
peut
aussi
s'agir
de
fours
à
tuiles,
par
analogie
avec
l'autre
four
dont
on
suppose
l'existence
dans
le
carré
7
tout
proche.
Mais
l'élément
de
comparaison
le
plus
intéressant
se
trouve
dans
l'Édifice
avec
bain
qui
occupe
la
moitié
Nord
de
l'îlot
IS
1,
immédiatement
situé
à
l'Est
de
l'îlot
auquel
appartiennent
les
fours,
IS
2.
La
dernière
phase
de
l'édifice
a
en
effet
vu
l'implantation
d'un
grand
four
à
chaux20
au
centre
de
la
cour
à
péristyle
autour
de
laquelle
s'articulait
le
plan
du
bâtiment
(fig.
1
1
et
plan
de
l'édifice
sur
la
fig.
4).
Par
ailleurs,
les
dernières
couches
d'occupation,
datées
par
des
monnaies
entre
400
et
617
ap.
J.-C,
recelaient
un
abondant
matériel
métallurgique
associé
à
des
scories
et
des
déchets
de
fonte
:
cette
observation
suggérait
même
à
P.
Aupert21
la
présence
d'ateliers
de
métallurgie
dans
le
voisinage,
sinon
dans
le
bâtiment
lui-même.
Les
trois
fours
de
l'îlot
voisin,
distants
de
40
à
60
m,
ne
sont
peut-être
pas
les
installations
en
question,
mais
elles
apportent
la
confirmation
du
développement
d'un
petit
quartier
artisanal
entre
le
Ve
et
le
VIIe
siècle
ap.
J.-C.
dans
cette
partie
de
la
ville.
On
peut
distinguer
quatre
zones
à
l'Ouest
de
la
principale
rue
Nord-Sud.
La
zone
Nord
comprend
les
valeurs
de
résistance
particulièrement
hautes
et
embrouillées,
associées
à
une
activité
artisanale
tardive,
que
l'on
vient
d'examiner
(carrés
47
à
49).
Immédiatement
au
Sud
de
cette
zone,
c'est-à-dire
en
45
et
42,
se
trouve
un
espace
comprenant
de
nombreuses
anomalies
linéaires
de
petite
taille
(voir
leur
analyse
infrd).
Plus
au
Sud
encore,
peu
d'éléments
sont
repé-
rables,
avant
une
dernière
zone
de
hautes
valeurs
(44
et
moitié
Sud
de
43),
à
la
limite
méridionale
de
la
zone
de
prospection
:
la raison
en
est
peut-être
l'élévation
du
sol
juste
derrière
le
mur
d'enceinte.
La
deuxième
zone
à
présenter
de
nombreuses
anomalies
attribuables
à
des
vestiges
architecturaux
couvre
une
surface
d'environ
50
χ
30
m,
correspondant
au
carré
de
prospection
45
et
à
une
partie
de
42.
Elle
est
limitée
à
l'Est
par
la
principale
rue
Nord-Sud
(RS
3),
à
l'Ouest
par
la
bordure
de
la
zone
de
prospection
que
chevauche
peut-être
une
autre
rue
Nord-Sud
(RS
2),
au
Sud
par
une
éventuelle
rue
Est-Ouest
(RD
2),
et
au
Nord
par
la
zone
artisanale.
Les
éléments
linéaires
qui
suggèrent
ces
vestiges
architecturaux
se
conforment
largement
à
l'orientation
de
la
grille
Sud.
À
l'exception
notable
des
structures
bien
définies
sur
la
bordure
Sud
de
cet
espace,
la
plupart
des
anomalies
sont
faibles
et
présentent
un
contraste
de
10
Ω
ou
moins
par
rapport
20
Aupert
1980,
p.
701.
21
Ibid.,
p.
710-711.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
473
aux
valeurs
environnantes.
Certaines
de
ces
structures
ont
été
représentées
par
des
lignes
en
pointillé
sur
le
plan,
mais
un
examen
plus
attentif
des
résultats
n'a
pas
permis
de
leur
donner
plus
de
clarté
:
on
ne
peut
qu'y
reconnaître
des
murs
appartenant
aux
bâtiments
occupant
l'îlot,
sans
plus
de
précision.
La
taille
modeste
des
espaces
ainsi
définis
et
la
faiblesse
des
anomalies
invitent
toutefois
à
penser
qu'il
s'agit
ici
d'habitations
plutôt
que
de
monuments
publics,
dont
les
fondations
seraient
plus
massives.
Les
structures
mieux
définies
dans
le
carré
de
prospection
42
divisent
grossièrement
la
zone
d'Est
en
Ouest.
S'ils
représentent
probablement
les
bords
d'une
rue
(RD
2),
leur
caractère
lacunaire
s'explique
peut-être
par
des
destructions
et
plus
généralement
des
perturbations
postérieures
à
l'abandon
de
cette
zone
entraînant
le
retrait
des
matériaux
de
construction.
2.3.
L'îlot
IS
1
La
principale
structure
repérée
dans
la
partie
Ouest
de
la
zone
1
(fig.
17,
carrés
7
à
9)
est
de
forme
rectangulaire
(approximativement
50
χ
17
m),
bien
que
l'anomalie
de
résistance
soit
plus
forte
à
son
extrémité
Est,
où
la
valeur
des
contrastes
monte
à
90
Ω,
contre
10
à
20
Ω,
pour
l'extrémité
Ouest.
Le
contraste
particulièrement
prononcé
à
l'Est
suggère
des
fondations
très
fortes,
peut-être
celles
d'un
édifice
public
(fig.
18).
Les
détails
de
son
agencement
interne,
quoi-
qu'incomplets,
confortent
cette
hypothèse.
Plusieurs
structures
en
forme
d'abside
ont
pu
être
identifiées
de
façon
hypothétique
dans
cette
construction.
Elles
sont
concentrées
au
centre
et
à
l'Est
:
dans
le
carré
de
prospection
7,
au
moins
trois,
et
peut-être
quatre,
alvéoles
semi-circulaires
disposées
autour
d'une
zone
rectangulaire
de
moindre
résistance
suggèrent
la
forme
d'un
triconque,
ou
d'un
tétraconque
incomplet
du
fait
des
aléas
de
la
prospection
(le
départ
d'une
quatrième
alvéole
se
dessine
sur
le
côté
Ouest).
Le
contraste
des
valeurs
de
résistance
très
marqué
dans
cette
partie
pourrait
s'expliquer
par
les
puissantes
fondations
et
les
éléments
porteurs
imposants
que
requiert
une
voûte.
Cette
partie
de
l'édifice
est
circonscrite
dans
un
carré
d'environ
12
χ
15
m.
Elle
donne
immédiatement
à
l'Ouest
sur
un
espace
rectangulaire
(5
χ
17
m)
clairement
défini,
qui
traverse
de
part
en
part
le
bâtiment,
et
qui
pourrait
en
être
l'antichambre
ou
le
couloir
d'accès.
Il
divise
presque
exactement
en
son
centre
l'ensemble
de
l'édifice.
Plusieurs
hypothèses
architecturales
et
fonctionnelles
sont
envisageables
pour
cet
ensemble,
mais
aucune
ne
peut
être
retenue
avec
certitude.
Le
caractère
relativement
élaboré
de
son
plan
correspondrait
mieux
à
un
édifice
public,
de
même
que
le
fait
qu'il
présente
un
si
fort
contraste
avec
les
zones
environnantes,
particulièrement
au
Sud,
mais
également
au
Nord.
Il
se
poursuit
peut-être
au-delà
de
la
limite
de
la
zone
de
prospection
à
l'Est,
où
le
sol
s'élève
fortement
:
une
différence
de
profondeur
des
vestiges,
et
de
hauteur
des
murs
conservés
expliquerait
également
l'affaiblissement
graduel
et
général
de
l'anomalie
d'Est
en
Ouest.
La
bordure
occidentale
du
complexe
n'apparaît
pas
avec
certitude
et
figure
pour
cette
raison
en
pointillé
sur
le
schéma
d'interprétation.
BCH125
(2001)
474
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
180
90
60
30
10
0
-30
-60
25
Flg.
17.
Section
Ouest
de
la
zone
1.
La
prospection
de
résistance
principale
est
figurée
à
droite.
Les
deux
zones
délimitées
en
blanc
représentent
les
zones
soumises
à
une
seconde
prospection,
figurée
à
gauche:
en
haut,
l'étude
des
carrés
1,
2
et
5,
en
prenant
un
intervalle
de
mesure
réduit
à
0,5
m;
en
bas,
les
données
de
l'étude
magnétométrique.
Les
carrés
de
prospection
7
à
9
et
10
en
partie
seulement
ont
fait
l'objet
d'une
seconde
prospection
à
l'aide
du
magnétomètre,
dont
les
résultats
apparaissent
dans
la
fig.
17
(en
bas
à
gauche).
La
limite
Sud
de
l'édifice
est
bien
visible,
de
même
que
deux
éléments
linéaires
d'orientation
Nord-Sud
à
son
extrémité
Ouest,
et
l'un
des
deux
éléments
linéaires
centraux.
La
partie
Est
du
bâtiment
apparaît
comme
une
zone
confuse,
peut-être
un
indicateur
d'une
grande
quantité
de
matériaux
de
construction
soumis
à
une
intense
chaleur,
c'est-à-dire
très
probablement
de
briques.
Dans
l'angle
Sud-Est,
se
trouve
une
anomalie
massive
(contraste
de
-70
nT
à
130
nT)
qui
représente
peut-être
un
four,
probablement
de
date
tardive.
Des
fragments
de
tuiles
tardives
sont
visibles
en
surface
dans
le
voisinage
(fig.
19).
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
475
Flg.
18.
Étude
de
résistance
des
carrés
de
prospection
1
à
12.
L'échelle
des
couleurs
est
réglée
pour
montrer
les
fortes
anomalies
de
résistance
qui
définissent
le
bâtiment
rectangulaire.
Fig.
19.
Fragments
de
tuiles
à
proximité
de
l'anomalie
magnétique
du
carré
10
(cliché
M.
Boyd).
La
zone
de
prospection
située
au
Nord
de
cet
édifice
(carrés
1
à
6)
est
d'interprétation
difficile.
La
seule
structure
clairement
repérable
est
une
anomalie
linéaire
qui
s'étend
sur
27
m
d'Est
en
Ouest,
à
6
m
au
Nord
du
bâtiment
précédemment
défini,
selon
un
tracé
strictement
parallèle
à
la
bordure
Sud
de
ce
dernier.
Une
longue
série
d'anomalies
sur
le
côté
Ouest
peut
représenter
une
rangée
de
petites
constructions,
ou
être
associée
à
une
rue.
Le
centre
de
cette
zone
semble
divisé
en
trois
parties
principales
qui
respectent
approximativement
l'orientation
du
carroyage
urbain
:
certaines
déviations
mineures
sont
néanmoins
perceptibles.
Certaines
anomalies
dans
la
partie
Nord
de
la
zone
ont
une
orientation
différente.
Cette
zone
(carrés
1,
2
et
5)
a
été
étudiée
une
deuxième
fois
en
réduisant
l'intervalle
de
prise
des
mesures
de
résistance
à
0,5
m
(il
en
résulte
une
densité
quadruple
des
résultats,
représentée
en
haut
à
gauche
de
la
fig.
17).
Cette
prospection
plus
détaillée
n'a
malheureusement
ajouté
que
peu
d'informations
permettant
l'interprétation
de
ces
anomalies.
La
zone
située
au
Sud
du
grand
bâtiment
rectangulaire
et
qui
s'étend
jusqu'au
rempart
(carrés
de
prospection
10
à
20)
frappe
par
l'absence
presque
complète
d'anomalies
importantes,
comparée
aux
autres
zones.
Un
élément
peu
visible,
mais
bien
présent,
est
constitué
par
une
longue
anomalie
linéaire
de
faible
intensité,
repérable
à
l'Ouest,
dans
les
carrés
12,15
et
18.
Elle
peut
être
suivie
sur
une
longueur
de
55
m
et
ne
présente
que
quelques
degrés
de
différence
dans
son
orientation
par
rapport
aux
anomalies
principales
:
on
peut
considérer
qu'elle
respecte
l'orientation
de
la
grille
Sud
et
qu'elle
représente
un
élément
du
carroyage
antique,
comme
le
tracé
de
bordure
d'un
îlot
jamais
pleinement
occupé,
ou
encore
un
fossé
prolongeant
jusqu'au
rempart
la
conduite
d'égout
qui
ne
devait
pas
manquer
d'exister
sous
la
rue
RS
1
(quel
que
soit
l'emplace-
BCH12S
(2001)
476
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
ment
exact
de
cette
dernière)
:
toutes
les
rues
traversières
de
la
grille
Nord
en
sont
pourvues,
et
la
pente
générale
Nord-Sud
du
site
rend
de
toute
façon
cet
équipement
indispensable
pour
canaliser
le
ruissellement.
À
l'appui
de
cette
hypothèse,
on
peut
citer
le
réseau
connu
des
conduites
d'évacuation
des
eaux
usées
dans
l'Édifice
avec
bain
:
l'une
va
se
déverser
dans
l'égout22
de
la
rue
RS
2,
mais
toutes
les
installations
thermales
de
la
partie
Est
du
bâtiment
utilisent
l'égout
du
grand
couloir
Ouest,
qui
se
poursuit
vers
le
Sud
au-delà
de
la
zone
fouillée.
Malgré
un
léger
décalage,
l'anomalie
des
carrés
12,15
et
18
pourrait
en
constituer
le
prolongement
jusqu'au
rempart.
D'autres
anomalies
linéaires
de
la
zone
considérée
ne
se
conforment
pas
à
l'orientation
de
la
grille
Sud.
À
cheval
entre
les
carrés
de
prospection
11
et
12
est
visible
une
petite
anomalie
circulaire,
d'environ
3,5
m
de
diamètre.
Il
peut
s'agir
d'un
four,
par
analogie
avec
les
structures
repérées
précédemment
dans
la
partie
orientale
de
la
zone
1
:
il
faudrait
pour
s'en
assurer
la
soumettre
à
un
relevé
magnétométrique.
Une
autre
anomalie
notable,
présentant
un
contraste
d'environ
15
Ω
avec
ses
abords,
occupe
le
côté
Nord
du
carré
13.
Elle
est
de
forme
presque
rectangulaire
(environ
15
χ
6
m),
arrondie
à
son
extrémité
orientale,
ce
qui
pourrait
suggérer
la
présence
d'une
abside,
dont
on
doit
remarquer
qu'elle
est
presque
exactement
orientée
à
l'Est
:
il
en
résulte
une
différence
de
8°
vers
le
Nord
par
rapport
à
l'orientation
de
la
grille
Sud.
Il
s'agit
là
d'indications
bien
insuffisantes
pour
conclure
à
l'identification
d'une
petite
église.
Mais
la
présence
remarquable
de
ce
modeste
édifice
dans
une
zone
qui
semble
autrement
dépourvue
de
toute
construction,
et
son
orientation
divergente
pourraient
suggérer
une
datation
tardive.
La
bordure
Sud
de
la
zone
de
prospection,
au
contact
du
talus
marquant
le
rempart,
est
caractérisée
par
des
perturbations
dans
le
relevé
qui
ne
laissent
apparaître
clairement
que
peu
d'éléments.
Des
anomalies
linéaires
à
la
limite
de
la
zone
étudiée
sont
probablement
associées
au
rempart
et
représentent
le
chemin
ou
la
rue
qui
le
doublait
à
l'intérieur.
Dans
l'angle
Sud-Ouest,
enfin,
a
été
localisée
une
zone
bien
délimitée
de
résistance
très
faible,
sans
que
l'on
puisse
l'expliquer.
3.
Analyse
des
résultats
de
L·
zone
2
La
zone
2
(fig.
7,
20
et
21)
comprend
les
carrés
de
prospection
82
à
96,
et
couvre
une
surface
de
1 1
062
m2.
Les
anomalies
principales
repérées
y
suivent
l'orientation
de
la
grille
Sud,
comme
dans
la
zone
1
.
De
manière
générale,
la
zone
2
présente
moins
d'anomalies
nettement
définies
:
la
raison
en
est
certainement
une
occupation
plus
dense
de
l'espace,
qui
entraîne
une
stratigraphie
plus
complexe,
et
l'immersion
des
éléments
archéologiques
dans
une
matrice
de
débris
résultant
d'une
longue
période
d'occupation
continue.
En
conséquence,
les
contrastes
de
22
L'égout
lui-même
n'a
pas
été
retrouvé
puisque
le
sondage
dans
la
petite
pièce
carrée
située
derrière
la
grande
salle
à
qui
a
permis
d'identifier
la
rue
immédiatement
à
l'Est
du
bâti-
abside,
M.
Feyel
avait
mis
au
jour
la
couverture
de
l'égout
ment
n'a
pas
été
poursuivi
jusqu'au
pavement.
En
revanche,
menant
au
collecteur
de
la
rue:
Feyel
1936,
p.
21,
n.
2.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
477
résistance
entre
les
structures
et
leur
environnement
sont
beaucoup
plus
faibles.
Bien
que
l'interprétation
précise
des
structures
architecturales
présentes
et
même
le
repérage
du
carroyage
dans
la
zone
2
en
aient
été
rendus
plus
difficiles,
les
résultats
restent
probants.
ΉΑ
Flg.
20.
Interprétation
générale
des
résultats
de
la
zone
2.
Les
lignes
en
pointillé
indiquent
les
anomalies
de
faible
intensité,
moins
visibles,
ou
la
bordure
d'un
espace
de
résistance
contrastée.
BCH125
(2001)
478
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
3.1.
La
trame
urbaine
dans
la
zone
2
Deux
rues
Nord-Sud
(RS
4
et
RS
5)
apparaissent
clairement
définies
comme
des
anomalies
linéaires
de
haute
résistance.
D'autres
éléments
du
carroyage
Sud
sont
beaucoup
moins
facilement
identifiables
(cf.
infra,
p.
514,
l'étude
de
la
grille).
En
particulier,
peu
de
preuves
existent
pour
la
localisation
de
la
rue
RD
Sud,
et
son
tracé,
tel
qu'il
est
reconstitué
sur
le
plan
présenté,
serait
en
partie
obstrué
par
des
structures
architecturales
bien
visibles.
Cette
hypothèse
de
localisation
suppose
par
conséquent
que
ces
structures
sont
venues
recouvrir
la
rue
à
une
date
postérieure
à
son
abandon.
La
grille
Nord
est
également
en
partie
reconnaissable
dans
la
zone
2,
à
la
limite
septentrionale
de
la
zone
de
prospection.
Un
très
grand
nombre
d'éléments
architecturaux
apparaissent
dans
les
anomalies
de
la
zone
2,
mais
seul
un
petit
nombre
d'entre
elles
présente
une
image
cohérente.
3.2.
La
zone
au
Sud
de
RD
Sud (carrés
91
à
94)
Une
rangée
de
faibles
anomalies
linéaires,
de
5
à
8
m
de
longueur,
orientées
approximativement
du
Nord
au
Sud,
est
visible
à
l'extrémité
orientale
de
cette
zone
(carré
de
prospection
94).
Il
existe
peu
de
traces
de
l'existence
d'anomalies
équivalentes
d'orientation
Est-Ouest
:
cela
n'exclut
pas
que
les
intervalles
aient
été
clos,
mais
suggère
que
les
murs
correspondants
étaient
d'un
matériau
différent
(ni
brique,
ni
pierre),
ou
plus
simplement,
qu'ils
sont
conservés
sur
une
hauteur
moindre
et
n'apparaissent
pas
sur
la
prospection,
parce
que
trop
profonds23.
Les
anomalies
Nord-Sud
coupent
le
tracé
présumé
de
RD
Sud,
et
peuvent
donc
être
considérées
comme
un
élément
tardif.
Leur
présence
est
toutefois
loin
d'être
incompatible
avec
la
localisation
de
la
rue
:
malgré
l'absence
d'anomalies
les
reliant,
elles
ébauchent
une
rangée
de
petites
pièces
carrées
comme
on
en
trouve
fréquemment
en
bordure
des
rues
romaines,
qu'il
s'agisse
d'échoppes
ou
d'un
portique
peut-être
occupé
par
des
constructions
parasites
dans
une
phase
postérieure,
selon
un
processus
commun
dans
l'Antiquité
tardive.
Philippes
ne
manque
pas
d'exemples
analogues
:
les
fouilles
à
l'Est
au.
forum
ont
montré
que
les
axes
principaux
de
la
grille
Nord,
la
«
Via
Egnatia
»
et
la
rue
du
Commerce
étaient
bordés
de
portiques24,
qui
ont
pour
la
plupart
connu
ce
type
de
réoccupation
et
d'empiétement.
La
rue
du
Commerce
justifie
par
ailleurs
son
nom
autant
par
le
marché
romain
auquel
elle
donne
accès
que
par
la
rangée
de
boutiques
situées
sur
son
côté
Nord,
immédiatement
en
contrebas
au
forum.
La
Rue
diagonale
possédait
également
ses
portiques25
(fig.
27).
23
De
manière
générale,
sur
l'ensemble
de
la
prospection,
pente
générale
du
site
vers
le
Sud:
les
structures
Nord-Sud
les
anomalies
orientées
d'Est
en
Ouest
apparaissent
plus
fai-
ont
dû
opposer
moins
de
prise,
au
fil
du
temps,
à
l'érosion
blement
que
les
anomalies
d'orientation
Nord-Sud.
L'illus-
et
au
ruissellement
que
les
structures
Est-Ouest,
tration
la
plus
claire
en
est
la
difficulté
éprouvée
à
repérer
24
Gounaris
et
Vélénis
1996,
p.
724,
pour
l'annexion
du
por-
les
rues
Est-Ouest,
alors
que
les
rues
Nord-Sud
sont
facile-
tique
en
bordure
de
la
«
Via
Egnatia
»
par
la
maison
de
Vinsula
5.
ment
visibles.
Une
cause,
parmi
d'autres,
en
est
peut-être
la
25
Ibid.,
p.
730.
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
Λ
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
479
Flg.
21.
Vue
de
la
zone
2
vers
le
Sud-Ouest.
La
ligne
d'arbres
à
Γ
arrière-plan
correspond
au
rempart
antique
(cliché
S.
Provost).
vers
la
Porte
de
Néapolis
0 10
m
Flg.
27.
Plan
du
quartier
à
l'Est
du
forum
(d'après
Gounaris
et
Vélénis
1996).
BCH125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
480
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Fig.
28.
Rue
du
Commerce.
Colonnes
rangées
sur
le
côté
Sud
(cliché
S.
Provost).
La
série
d'anomalies
peut
donc
représenter
les
éboulis
des
constructions
voisines
qui
n'auraient
pas
été
déblayés,
témoignant
de
son
abandon
ou
encore
d'une
phase
de
réoccupation
tardive,
à
une
époque
où
la
rue
n'existait
plus
comme
axe
de
circulation.
À
la
suite
du
grand
séisme
qui
détruisit
la
majeure
partie
de
la
ville
vers
620,
les
habitants
qui
continuèrent
d'en
habiter
les
ruines
entreprirent
de
dégager
certaines
rues
:
c'est
ainsi
que
les
archéologues
grecs
interprètent
les
ruts
de
colonnes
rangés
le
long
de
la
rue
du
Commerce26
(fig.
28).
Il
est
possible
qu'un
tel
nettoyage
ait
été
jugé
inutile
ou
impossible
dans
les
parties
excentrées
de
la
ville,
sur
les
axes
secondaires,
comme
la
RD
Sud.
D'autres
anomalies
de
faible
intensité
sont
situées
dans
les
carrés
91
et
92,
à
l'Ouest
de
la
très
nette
structure
rectangulaire,
examinée
ci-dessous
comme
partie
intégrante
de
l'îlot
IS
5.
Elles
ne
respectent
pas
tout
à
fait
l'orientation
de
la
grille
Sud
et
sont
difficiles
à
interpréter.
En
raison
des
limites
actuelles
de
la
zone
de
prospection,
ce
sont
les
seuls
éléments,
en
dehors
des
hypothétiques
boutiques
ou
portiques
que
l'on
vient
d'examiner,
qui
puissent
être
rapportés
à
une
seconde
rangée
d'îlots
de
la
grille
Sud,
entre
le
rempart
et
la
rue
RD
Sud.
Leur
orientation
légèrement
divergente
constitue
ainsi
un
obstacle
à
l'hypothèse
commune
de
l'extension
de
la
grille
vers
le
Sud,
moins
important
toutefois
que
l'absence
de
prolongement
des
rues
RS
4
et
5
vers
le
rempart.
Mais
seule
la
prospection
des
terrains
encore
non
étudiés
permettra
de
trancher
cette
question.
26
Ch.
Bakirtzis,
«
H
ήμερα
μετά
την
καταστροφή
στους
Φιλίππους
»,
Η
καθημερινή
ζωή
στο
Βυζάντιο
(1989),
ρ.
695-710.
BCH
125
(2001)
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
481
Aucune
anomalie
bien
définissable
n'est
visible
plus
à
l'Ouest
(carré
91),
ce
qui
vérifie
la
tendance
générale
d'un
affaiblissement
vers
le
Sud-Ouest
des
anomalies,
en
nombre
comme
en
intensité,
dans
les
zones
1
et
2
de
la
prospection.
3.3.
Éléments
de
l'îlot
IS
3
Près
de
la
moitié
orientale
de
l'îlot
IS
3
appartient
à
la
zone
2.
La
majeure
partie
de
la
moitié
occidentale
n'a
pu
être
étudiée
en
raison
d'une
série
d'amas
de
pierres.
Sur
tout
l'espace
d'IS
3
soumis
à
la
prospection,
qui
mesure
approximativement
79
m
de
longueur
pour
7
à
1
5
m
de
largeur,
presque
aucune
structure
n'est
visible.
Un
certain
nombre
de
petites
anomalies
linéaires
de
faible
intensité
ont
néanmoins
été
portées
sur
le
plan
d'interprétation
(fig.
20).
Leur
tracé
est
grossièrement
perpendiculaire
à
celui
de
RS
4
:
dans
la
mesure
où
l'articulation
entre
la
rue
et
l'îlot
n'est
pas
claire,
il
paraît
probable
que
ces
anomalies
représentent
des
murs
qui
partent
vers
l'Ouest
depuis
la
façade.
La
faiblesse
des
anomalies
internes
à
l'îlot,
qui
contraste
avec
les
résultats
obtenus
dans
les
îlots
voisins
IS
2
et
IS
4,
se
traduit
aussi
par
une
interface
mieux
visible
avec
l'axe
directeur
de
la
grille,
la
Rue
diagonale
:
c'est
en
bordure
Nord
d'IS
3
(carré
83)
que
le
côté
Sud
de
cette
dernière
apparaît
le
plus
clairement.
3.4.
Éléments
de
l'îlot
IS
4
Des
anomalies
indiquent
un
nombre
notable
de
structures
internes
à
l'îlot
IS
4.
De
même
que
pour
IS
5,
cet
îlot
a
généralement
enregistré
des
mesures
plus
élevées
de
résistance
que
dans
le
reste
de
la
zone
2,
comme
en
IS
6,
IS
3,
ou
au
Sud
de
la
rue
RD
Sud,
par
exemple.
La
raison
en
est
presque
certainement
la
présence
d'une
plus
grande
quantité
de
vestiges
de
pierre,
brique
ou
mortier,
présente
sous
la
surface
du
sol.
Alors
que
certaines
anomalies
rectilignes
semblent
distinctement
représenter
des
murs,
la
plupart
d'entre
elles
sont
de
forme
indéfinie.
Dans
l'interprétation
de
cette
zone,
par
conséquent,
des
traits
pleins
sont
employés
pour
indiquer
ces
anomalies
linéaires,
tandis
que
des
pointillés
représentent
les
limites
incertaines
de
ces
anomalies
indéfinissables.
La
majorité
des
éléments
repérés
paraît
respecter
l'orientation
de
la
grille
Sud.
Sur
le
côté
Est,
et
dans
une
moindre
mesure
également
sur
le
côté
Ouest,
des
anomalies
linéaires
sont
tracées
perpendiculairement
à
la
rue
adjacente
(respectivement
RS
5
et
RS
4).
À
l'intérieur
de
l'îlot
dominent
plusieurs
anomalies
Nord-Sud,
qui
le
divisent
en
trois
parties
sur
un
segment
de
sa
longueur.
La
section
Sud
de
Xinsula
aurait
été
la
moins
densément
occupée,
si
l'on
se
fie
à
l'intensité
des
anomalies,
tandis
qu'à
l'extrémité
Nord,
une
très
forte
anomalie
sub-rectangulaire,
associée
à
des
anomalies
voisines
sans
forme,
constitue
l'une
des
plus
marquées
dans
l'ensemble
de
la
zone
2
:
les
contrastes
de
résistance
y
atteignent
des
valeurs
de
40
Ω,
dans
une
région
où
les
mesures
de
résistance
sont
pourtant
élevées.
L'ensemble
n'est
malheureusement
pas
réductible
à
BCH125
(2001)
482
-
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
des
unités
architecturales
reconnaissables.
De
manière
générale,
la
multiplication
des
petits
espaces
laisse
penser
que
cet
îlot
était
consacré,
tout
comme
probablement
l'îlot
voisin,
IS
3,
à
des
habitations.
Par
ailleurs,
on
notera
que
certaines
anomalies
présentent
un
alignement
diflférent,
dans
la
moitié
Sud
d'IS
4
(carré
88),
peut-être
en
rapport
avec
l'hypothétique
troisième
grande
orientation
dont
on
trouve
de
faibles
traces
en
IS
4
à
6
(cf.
infra,
p.
519,
l'étude
de
la
grille).
3.5.
Éléments
de
l'îlot
IS
5
Bien
que
l'îlot
IS
5
partage
avec
IS
4
le
fait
de
présenter
un
grand
nombre
d'anomalies
de
résistance,
leur
interprétation
y
est
plus
aisée.
À
l'extrémité
Sud
de
l'îlot,
une
grande
anomalie
rectangulaire
empiète
sur
l'emplacement
présumé
de
la
rue
RD
Sud
(fig.
22),
qui
se
confondrait
presque
avec
son
axe
longitudinal.
Elle
mesure
environ
19
χ
18
m.
Du
côté
Ouest,
des
anomalies
rectilignes
produisent
un
plan
architectural
clair,
alors
que
du
côté
Est
la
structure
est
entièrement
définie
par
de
hautes
valeurs
de
résistance,
et
présente
une
limite
tranchée
(fig.
22).
Le
contraste
de
résistance
dans
cette
structure
monte
jusqu'à
une
valeur
de
100
Ω,
avec
une
moyenne
proche
de
60
Ω.
Deux
interprétations
architecturales
permettent
de
rendre
compte
de
l'emplacement
de
ces
structures
sans
remettre
en
cause
l'hypothèse
du
tracé
de
RD
Sud
:
il
peut
tout
d'abord
s'agir
d'un
seul
bâtiment
rectangulaire,
postérieur
à
l'abandon
de
la
rue,
et
qui
éventuellement
remploierait
dans
ses
fondations
les
constructions
antérieures
qui
longeaient
cette
rue,
portiques
ou
boutiques
similaires
à
ce
que
l'on
observe
de
part
et
d'autre,
à
savoir
à
l'Est
et
à
l'Ouest,
de
cet
édifice
présumé.
Une
datation
postérieure
à
la
phase
principale
d'occupation
impliquant
une
profondeur
moindre
des
vestiges, cette
hypothèse
fournirait
également
une
explication
du
contraste
de
résistance
important
que
présente
cette
structure
avec
son
environnement.
Il
existe
toutefois
une
seconde
interprétation
plus
satisfaisante,
parce
qu'elle
prend
en
compte
l'ensemble
formé
par
les
îlots
IS
5
et
6
:
l'empiétement
de
la
structure
rectangulaire
sur
la
rue
est
surtout
flagrant
dans
sa
moitié
orientale,
où
se
présente
un
rectangle
(10
χ
18
m)
de
forte
résistance,
alors
que
l'aménagement
interne
du
côté
Sud-Ouest
s'apparente
aux
rangées
de
petites
pièces
visibles
au
Sud
d'IS
4
et
d'IS
6
(voir
supra,
p.
478).
Il
est
donc
envisageable
qu'une
partie
importante
des
empiétements
observés
(notamment
à
l'Ouest)
ne
soit
due
qu'à
des
ébou-
lis,
tandis
que
le
rectangle
de
forte
résistance
à
l'Est
correspondrait
à
un
édifice
enjambant
cette
rue
à
portiques
:
l'anomalie
massive
barrant
visiblement
la
rue
viendrait
ainsi
des
ruines
de
ce
qui
pourrait
être
un
arc
monumental.
Pour
développer
cette
hypothèse,
on
peut
suggérer
qu'il
s'agissait
peut-être
d'un
arc
tétrapyle,
considérant
la
largeur
de
la
zone
des
vestiges,
voire
d'un
arc
quadrifrons27,
s'il
soulignait
le
carrefour
entre
la
grande
rue
RD
Sud,
le
deuxième
grand
axe
27
Gros
1996,
p.
89-92.
On
pourrait
avoir
un
aménagement
M.
Cante,
«
Rodi
:
l'arco
quadrifronte
sul
decumano
mas-
similaire
à
celui
de
Rhodes,
mais
de
taille
plus
réduite,
avec
simo
»,
ASAA
64-65
(1986-1987),
p.
175-266.
un
arc
monumental
à
l'extrémité
d'une
rue
à
portique:
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
483
200
175
150
200
175
150
125
100
75
50
N/
30m
Flg.
22.
Bordure
Sud
du
bloc
IS
5.
Données
de
résistance
montrant
une
grande
structure
rectangulaire.
Échelle
chromatique
réglée
pour
souligner,
à
gauche,
les
détails
architecturaux
internes
et
externes
;
à
droite,
les
très
hautes
anomalies
de
résistance
présentes
à
l'intérieur
de
l'anomalie
générale.
200
175
150
200
175
150
30m
%â
Flg.
23.
Moitié
Sud
du
bloc
IS
5.
Vaste
anomalie
complexe
désignant
apparemment
une
structure
arrondie.
L'échelle
chromatique
est
réglée
pour
montrer
à
gauche
les
détails
architecturaux;
à
droite,
les
plus
hautes
anomalies
de
résistance.
BCH125
(2001)
484
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
de
la
grille
Sud,
et
la
rue
secondaire
RS
6.
Bien
que
ce
type
d'ornement
urbain
ne
soit
pas
rare
dans
les
villes
impériales,
la
position
excentrée
qu'il
occuperait
par
rapport
aux
itinéraires
principaux
intra
muros
constitue
un
argument
majeur
contre
cette
hypothèse28
:
à
Philippes
même,
la
rue
principale
de
la
ville
romaine
était
d'ailleurs
pourvue
de
deux
arcs
monumentaux29,
qui
servaient
de
portes
au.
forum
qu'elle
traversait
de
part
en
part.
Cette
réserve
est
toutefois
tempérée
par
le
caractère
indubitablement
monumental
de
l'îlot,
qui
pourrait
justifier
la
présence
d'un
arc
sur
la
rue
RD
Sud.
La
moitié
Sud
du
bloc
IS
5
est
en
effet
dominée
par
une
anomalie
massive
de
résistance
(carrés
de
prospection
90
et
93)
:
les
contrastes
de
résistance
mesurés
y
atteignent
une
valeur
de
80
Ω.
Bien
qu'un
grand
nombre
d'anomalies
rectilignes
aient
été
portées
sur
le
plan
d'interprétation
(fig.
20),
l'impression
dominante
est
nettement
celle
d'une
forme
curviligne
:
elle
dessine
un
grand
arc
de
cercle
d'un
angle
de
100°
pour
un
rayon
compris
entre
22
et
24
m
(fig.
23).
L'hypothèse
que
ce
tracé
des
anomalies
résulte
d'une
structure
souterraine
arrondie
est
confortée
par
l'observation
que
les
mesures
enregistrent
trois
interfaces
curvilignes
distinctes.
Elles
sont
représentées
par
des
arcs
de
cercle
en
pointillé
sur
le
plan
d'interprétation
(fig.
20).
Ces
arcs
ont
été
dessinés
avec
un
rayon
égal
sur
leur
axe
vertical
et
horizontal
:
ils
sont
donc
bien
circulaires
plutôt
qu'elliptiques.
Le
rayon
de
l'arc
intérieur
est
de
10
m,
celui
de
l'arc
intermédiaire
de
13
m,
et
celui
de
l'arc
extérieur
de
16
m.
Alors
que
ces
trois
arcs
sont
tracés
d'une
manière
arbitraire
mais
mathématiquement
exacte,
ils
correspondent
aux
traces
de
résistance
avec
une
précision
remarquable
:
il
s'agit
d'un
indice
significatif
que
les
anomalies
observées
représentent
des
vestiges
enfouis
de
plan
circulaire.
L'examen
attentif
des
anomalies
dans
cette
zone
apporte
d'autres
preuves
en
ce
sens.
La
fig.
23
montre
que
la
forme
arrondie
des
anomalies
est
conservée
sur
toute
l'échelle
des
mesures,
que
l'on
privilégie
les
valeurs
de
résistance
les
plus
hautes
ou
les
plus
faibles.
Un
certain
nombre
d'anomalies
linéaires
dans
l'ensemble
de
la
zone
peuvent
aussi
être
détectées
:
elles
sont
tracées
sur
la
fig.
20.
Certaines
d'entre
elles
ne
peuvent
être
expliquées
dans
le
cadre
d'un
édifice
de
plan
arrondi.
Ainsi
plusieurs
anomalies
à
l'intérieur
de
la
zone
de
haute
résistance
délimitée
par
les
arcs
extérieur
et
intermédiaire,
bien
que
présentant
un
contraste
relativement
faible
(10
à
20
Ω)
peuvent
miner
l'hypothèse
d'un
ensemble
représentant
une
seule
construction
arrondie
enfouie.
Toute
interprétation
archéologique
de
cette
structure
devrait
néanmoins
prendre
en
compte
l'existence
probable
de
certains
éléments
comme
des
arcs,
ou
des
accès,
susceptibles
d'expliquer
les
variations
de
résistance
rencontrées
dans
l'anomalie
même.
La
grande
anomalie
de
résistance
dont
le
bord
arrondi
est
marqué
par
l'arc
intérieur
pose
également
un
problème
pour
l'hypothèse
d'un
édifice
circulaire
:
le
cœur
de
cette
anomalie
est
28
La
plupart
des
exemples
connus
d'arcs
monumentaux
sont
Philippes
emprunte
par
ailleurs
volontiers
son
architecture
situés
sur
un
des
axes
principaux
de
la
ville,
le
decumanus
monumentale)
:
J.-M.
Spieser,
Thessalonique
et
ses
monu-
maximus
à
Rhodes,
le
prolongement
intra
muros
de
la
Via
ments
du
IVe
au
VIe
siècle,
BEFAR
254
(1984),
p.
99-104.
Egnatia
pour
l'Arc
de
Galère
à
Thessalonique
(ville
à
laquelle
29
Sève
1989,
p.
500.
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
485
de
forme
sub-rectangulaire
(fig.
23,
à
droite,
et
fig.
20
pour
l'interprétation).
Cette
anomalie
est
l'une
des
plus
fortes
mesurées
dans
cette
zone,
avec
un
contraste
atteignant
80
Ω,
et
son
étendue
réelle
est
peut-être
en
partie
masquée
par
la
parcelle
non
prospectée
au
Nord
en
bordure
des
carrés
90
et
95.
Elle
se
poursuit
en
tout
cas
jusque
dans
la
moitié
Nord
de
l'îlot
IS
5.
Cet
ensemble
de
structures
peut,
comme
le
précédent,
se
prêter
à
plusieurs
interprétations
architecturales,
mais
il
est
clair
qu'à
la
différence
des
îlots
précédents,
IS
5
est
occupé
par
un
ensemble
d'édifices
monumentaux
plutôt
que
par
de
l'habitat.
L'observation
du
matériel
présent
en
surface
corrobore
cette
impression
:
de
nombreux
blocs
architecturaux
de
marbre,
souvent
de
grande
taille,
jonchent
le
champ30.
Un
amas
de
blocs
apparaît
même
clairement
sur
les
photographies
aériennes,
en
bordure
Sud-Ouest
de
Xinsula
(fig.
5).
La
structure
annulaire
massive
du
carré
90
pourrait
évoquer
les
substructions
semi-
circulaires
d'une
cavea
et
la
galerie
voûtée
circulant
sous
les
gradins,
de
ce
qui
serait
alors
un
petit
édifice
de
spectacles.
La
forte
anomalie
sub-rectangulaire
qui
constitue
le
côté
Est
de
l'îlot
correspondrait
dans
ce
cas
à
la
skènè.
Mais
cette
identification
doit
être
presque
certainement
rejetée
pour
plusieurs
raisons
:
l'arc
que
décrivent
les
anomalies
de
résistance
ne
permet
pas
de
restituer
un
hémicycle,
même
tronqué.
Or,
en
supposant
que
l'édifice
ait
connu
une
destruction
complète
et
un
pillage
systématique
de
ses
matériaux,
il
devrait
en
rester
au
moins
une
trace
négative
des
fondations,
clairement
visible
dans
les
résultats
de
la
prospection.
Ce
n'est
pas
le
cas
:
à
l'Est,
l'ensemble
des
anomalies
présente
une
bordure
rectiligne
avec
un
fort
contraste,
qui
a
été
attribué
à
la
présence
d'une
rue
Nord-Sud,
RS
6.
Un
deuxième
relevé
des
carrés
90
et
95,
conduit
avec
un
écartement
plus
important
des
électrodes
du
résistancemètre
(1
m),
qui
aurait
permis
de
détecter
des
structures
à
une
plus
grande
profondeur
que
lors
du
premier
passage,
n'a
pas
donné
de
résultats
sensiblement
différents
:
on
n'y
trouve
aucune
trace
d'un
éventuel
prolongement
de
l'arc,
permettant
de
compléter
un
hémicycle
(fig.
25).
Au
Nord
et
à
l'Ouest
de
cette
structure
annulaire,
des
anomalies
linéaires
suggèrent
qu'elle
était
inscrite
dans
un
édifice
rectangulaire
:
cette
observation
paraît
exclure
une
continuation
de
l'hémicycle
vers
le
Nord
dans
le
carré
87.
Enfin,
les
photographies
aériennes,
si
riches
en
détail
sur
d'autres
parties
du
site,
ne
fournissent
aucun
élément
sur
cette
construction,
pas
davantage
que
l'examen
attentif
de
la
surface.
Il
est
également
possible
d'interpréter
la
structure
annulaire
comme
un
portique
décrivant
un
quart
de
cercle,
peut-être
inscrit
dans
un
édifice
rectangulaire
:
il
s'agirait
d'une
exèdre
bordant
la
rue
RS
6
et
la
place
ou
la
cour
qui
s'étendait
peut-être
au-delà
vers
l'Est
(cf.
infra,
IS
6).
Philippes
possède
un
exemple
mal
connu
de
portique
semi-circulaire
de
ce
type31,
sur
le
côté
Sud
de
la
«
Via
Egnatia
»,
à
l'Ouest
du
forum.
Mais
c'est
à
Corinthe
qu'on
trouve
un
parallèle
30
En
outre
un
petit
fragment
d'inscription
latine,
portant
les
31
J.
Coupry,
«
Sondage
à
l'Ouest
du
Forum
de
Philippes
»,
lettres
RAT,
bien
formées,
d'environ
8
cm
de
haut,
a
été
BCH
62
(1938),
p.
42-50,
pi.
XV.
L'auteur
date
l'édifice
de
retrouvé
dans
la
moitié
Nord
du
champ
au
cours
de
la
pros-
l'époque
romaine
tardive,
voire
byzantine,
pection.
BCH
125
(2001)
486
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
30m
Flg.
24.
Partie
Nord
de
IS
5.
40
Flg.
25.
Prospection
de
résistance
des
carrés
87, 90,
93-96.
Une
partie
du
carré
95
a
été
prospectée
une
deuxième
fois
en
portant
l'intervalle
séparant
les
électrodes
à
1
m.
Le
contour
de
cette
zone
figure
à
gauche,
tandis
que
les
résultats
sont
inclus
à
droite.
BCH12S
(2001)
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
487
plus
intéressant
pour
cette
identification
avec
l'hémicycle32
en
bordure
de
la
route
du
Léchaion,
à
hauteur
du
Marché
Nord
:
le
portique
semi-circulaire
y
représente
une
phase
secondaire
d'un
édifice
originellement
rectangulaire,
dont
la
fonction
reste
floue
(marché
ou
bâtiment
administratif).
L'exemple
de
Corinthe
rappelle
opportunément
qu'il
faut
se
garder
de
préjuger
de
la
contemporanéité
des
structures
repérées
en
prospection,
notamment
dans
l'îlot
IS
5.
Cette
interprétation
ne
rend
pas
compte
de
la
grande
anomalie
rectangulaire
sur
laquelle
ouvrirait
le
portique,
en
supposant
que
la
construction
correspondante
lui
soit
contemporaine.
On
peut
donc
affiner
l'hypothèse
en
proposant
la
solution
d'un
nymphée
:
l'exèdre
semi-circulaire
ouvrirait
sur
un
bassin
rectangulaire
en
façade,
comme
c'est
le
cas,
par
exemple,
pour
le
nymphée
d'Hérode
Atticus
à
Olympie33.
Qu'il
s'agisse
d'une
exèdre,
d'un
portique
ou
d'un
nymphée,
la
mise
en
valeur
monumentale
qu'implique
cet
édifice
ne
peut
s'expliquer
par
la
simple
ruelle
RS
6
:
il
faut
donc
le
concevoir
en
relation
avec
l'îlot
voisin
vers
lequel
il
semble
tourné,
IS
6,
ou
avec
la
grande
construction
qui
occupe
la
moitié
Nord
d'IS
5.
Dans
la
partie
Nord
du
bloc
IS
5
(carré
87
et
une
partie
de
90
et
96)
dominent
en
effet
quelques
fortes
anomalies
rectilignes,
alors
que
cette
zone
présente
de
manière
générale
une
résistance
plus
faible
que
la
moitié
Sud.
Le
carroyage
secondaire
sous-jacent
ou
surimposé
à
la
grille
Sud
y
est
également
représenté
par
une
section
de
la
seule
rue
repérée
jusqu'à
présent.
À
l'extrémité
Sud,
une
double
ligne
d'orientation
générale
Est-Ouest
n'est
pas
perpendiculaire
à
RS
5,
et
la
principale
anomalie
Nord-Sud
présente
également
une
légère
déviation
par
rapport
à
l'orientation
de
la
grille
Sud.
Mais
ces
deux
structures
possèdent
en
revanche
entre
elles
un
angle
presque
exactement
de
90°.
Les
anomalies
Est-Ouest
en
bordure
Nord
de
l'îlot
s'écartent
également
de
l'orientation
principale.
L'ensemble
des
anomalies
de
cette
zone
donne
l'impression
d'un
espace
rectangulaire,
mesurant
environ
16
χ
18
m,
et
peut-être
vide
de
constructions,
comme
le
suggèrent
les
valeurs
inférieures
de
résistance
enregistrées.
D'autres
murs,
au
Nord,
peuvent
indiquer
des
pièces,
alors
que
les
côtés
Ouest
et
Sud
sont
dominés
par
de
larges
passages
(4
m
dans
les
deux
cas).
Cette
interprétation
doit
rester
provisoire
:
elle
suppose
que
les
espaces
visibles
dans
le
bloc
ne
connaissaient
pas
en
réalité
de
subdivisions
supplémentaires,
plus
légères
ou
temporaires,
qui
n'auraient
pas
été
détectées
par
la
prospection
de
résistance.
Cette
réserve
énoncée,
il
semble
tout
de
même
assuré
que
l'ensemble
décrit
correspond
à
une
cour
carrée
entourée
de
portiques
sur
trois
côtés
au
moins,
et
à
laquelle
on
accédait
probablement
par
le
Nord
:
la
structure
rectangulaire
visible
au
milieu
du
côté
Nord
pourrait
correspondre
à
une
entrée
monumentale,
peut-être
des
propylées,
menant
vers
la
Rue
diagonale.
La
fonction
de
cet
ensemble
peut
se
32
C.
K.
Williams,
«
Roman
Corinth
as
a
Commercial
Cen-
33
GROS
1996,
p.
418444.
ter
»,
The
Corinthia
in
the
Roman
Period,
JRA
Suppl.
Séries
8
(1993),
p.
40-41.
L'hémicycle
aurait
été
reconstruit
après
le
tremblement
de
terre
de
77
ap.
J.-C.
BCH125
(2001)
488
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
concevoir
en
liaison
avec
le
monument
qui
occupe
la
moitié
Sud
de
l'îlot,
avec
l'îlot
IS
6
ou
indépendamment
de
ces
constructions
voisines.
Une
hypothèse
reconnaissant
l'unité
monumentale
de
l'îlot
reste
toutefois
la
plus
plausible.
r
3.6.
Éléments
de
l'îlot
IS
6
Les
valeurs
de
résistance
sont
en
général
plus
faibles
en
IS
6
qu'en
IS
4
et
5.
Peu
d'anomalies
susceptibles
d'être
mises
en
relation
avec
une
structure
architecturale
ont
été
clairement
définies
dans
cette
zone
;
et
les
quelques
anomalies
qui
l'ont
été
semblent
se
rapporter
à
un
car-
royage
sous-jacent
ou
surimposé
à
la
grille
Sud.
Les
limites
mêmes
du
bloc
IS
6
sont
parfois
incertaines.
L'élément
le
plus
clair
se
trouve
au
Nord
de
Xinsula.
C'est
une
anomalie
rectiligne
Est-
Ouest,
qui
paraît
définir
une
limite
du
bloc,
17
m
au
Sud
de
la
Rue
diagonale
(carré
96).
Elle
pourrait
représenter
une
ruelle
ou
une
allée
étroite
(2
à
3
m).
D'autres
anomalies
adjacentes
et
situées
plus
au
Sud
forment
un
angle
droit
avec
la
section
la
mieux
définie
de
la
bordure
Est
d'IS
6.
Entre
ce
point
et
la
limite
Sud
du
bloc,
la
zone
paraît
largement
dépourvue
d'éléments
repérables
:
soit
elle
n'était
pas
construite,
soit
elle
l'était
de
structures
en
matériaux
offrant
peu
de
résistance
(ce
qui
exclut
donc
la
pierre,
la
brique
et
le
mortier).
D'autres
anomalies
rectilignes
sont
identifiables
sur
le
côté
Est
de
l'îlot
(entre
les
carrés
95
et
94)
:
elles
se
perdent
en
partie
dans
la
zone
non
prospectée.
Le
contraste
est
suffisamment
fort
et
marqué
dans
l'espace
pour
signifier
autre
chose
qu'un
simple
changement
des
conditions
pédologiques
dues,
par
exemple,
à
une
exploitation
agricole
différente
entre
les
parcelles.
Il
faut
donc
envisager
l'hypothèse
que
l'îlot
était
inoccupé
en
son
centre,
peut-être
parce
qu'il
correspondait
à
une
place,
dont
la
limite
Est
reste
à
explorer
:
l'existence
d'une
rue
Nord-Sud
RS
7,
29
m
à
l'Est
de
RS
6,
n'est
encore
qu'une
conjecture.
Les
structures
linéaires
et
parallèles
visibles
près
des
bordures
Nord
et
Sud
de
l'îlot
pourraient
correspondre
à
des
portiques,
clôturant
cette
place,
et
au
Nord
longeant
la
Rue
diagonale
Sud.
Ce
dispositif
se
comprendrait
assez
bien
avec
l'hypothèse
proposée
pour
le
bloc
IN
5
d'un
ensemble
monumental
tourné
vers
l'Est.
L'extension
de
l'aire
soumise
à
la
prospection
vers
l'Est
dans
une
prochaine
campagne
apportera
peut-être
de
nouveaux
éléments.
C'est
à
l'intérieur
de
cet
espace
apparemment
«
vide
»
de
l'îlot
IN
6
que
certaines
anomalies
de
faible
intensité
suggèrent
l'orientation
d'un
carroyage
secondaire,
sous-jacent
(ou
surimposé).
Elles
figurent
sur
le
plan
d'interprétation
(fig.
20),
parfois
en
pointillé
pour
indiquer
leur
faiblesse.
Pour
obtenir
des
informations
supplémentaires
sur
ces
faibles
anomalies,
mais
surtout
pour
vérifier
l'hypothèse
d'une
continuation
de
l'édifice
arrondi
d'IS
5
en
IS
6,
repérable
à
une
plus
grande
profondeur,
les
deux
tiers
Ouest
du
carré
95
ont
été
soumis
à
une
nouvelle
prospection.
La
distance
entre
les
électrodes
a
été
portée
à
1
m,
réglant
ainsi
la
sensibilité
de
l'ap-
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
489
pareillage
sur
les
vestiges
enfouis
à
une
profondeur
de
1
à
2
m
(fig.
25).
Deux
éléments
linéaires
Est-Ouest,
mal
définis,
dominent
le
centre
de
ces
résultats,
tandis
qu'au
Sud
une
anomalie
sans
forme
est
peut-être
liée
à
la
structure
circulaire
présente
à
l'Ouest.
La
partie
Est
de
la
zone
étudiée
fournit
des
indices
importants
sur
l'existence
et
le tracé
de
RS
6.
La
prochaine
campagne
permettra
d'étendre
le
test
à
une
plus
grande
partie
de
la
zone
pour
obtenir
une
analyse
plus
pertinente
des
résultats.
Au
Nord
de
la
construction
linéaire
visible
dans
le
carré
96,
une
anomalie
de
grande
taille
mais
mal
définie
paraît
représenter
une
structure
à
angle
droit.
Son
orientation
semble
très
proche
de
celle
qui
définit
la
grille
secondaire
sous-jacente
ou
surimposée
dont
il
vient
d'être
question.
Mais
l'imprécision
des
contours
rend
aussi
possible
une
orientation
conforme
à
celle
de
la
grille
Nord
:
dans
ce
cas,
la
présence
de
cette
construction
poserait
un
problème
considérable
concernant
la
localisation
de
la
Rue
diagonale,
principale
interface
entre
les
carroyages
antiques
Nord
et
Sud,
située
au
Nord
de
ce
point.
3.7.
La
zone
au
Nord
de
la
Rue
diagonale
La
plupart
des
éléments
présents
dans
cette
zone
seront
examinés
au
titre
de
la
zone
4,
ci-dessous.
Dans
l'angle
oriental,
une
anomalie
massive
de
résistance
appartient
clairement
à
des
vestiges
de
plus
grande
ampleur,
situés
hors
de
la
zone
de
prospection
(fig.
26).
Cette
anomalie
présente
un
contraste
atteignant
130
Ω,
la
plus
haute
valeur
atteinte
dans
la
zone
2.
Malheureusement,
la
surface
examinée
est trop
restreinte
pour
permettre
une
interprétation.
L'orientation
générale
du
bâtiment,
quoique
difficile
à
mesurer,
est
proche
de
celle
de
la
grille
Nord
:
sa
bordure
Nord-Ouest
correspondrait
au
côté
Est
de
la
rue
du
Marché
(RN
1).
Nî
RSP"
f f
30m
su»
Fig.
26.
Partie
Est
de
la
zone
située
au
Nord
de
RD
Nord.
Anomalie
de
très
forte
résistance.
À
gauche,
l'échelle
chromatique
est
réglée
pour
montrer
la
forme
générale
de
l'anomalie
;
à
droite,
les
plus
hautes
anomalies
de
résistance.
BCH125
(2001)
490
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
4.
Analyse
des
résultats
de
h
zone
3
La
zone
3
comprend
les
carrés
de
prospection
21
&
36
et
53
à
62
(le
carré
53
est
également
examiné
avec
la
zone
4,
ci-dessous).
Une
interprétation
générale
des
résultats
de
la
zone
3
est
représentée
à
la
fig.
29,
et
les
données
elles-mêmes
font
l'objet
de
la
fig.
9.
Les
carrés
21
à
36
ont
été
étudiés
en
mai
2000,
alors
que
les
carrés
53
à
62
le
furent
en
novembre
2000.
Il
en
résulte
quelques
difficultés
mineures
dans
la
recherche
d'une
correspondance
exacte
entre
les
deux
ensembles
de
résultats
à
leur
jonction
:
cette
dernière
demeure
visible
sous
la
forme
d'une
discordance
chromatique
linéaire,
horizontale,
dans
la
fig.
9.
La
zone
3
couvre
une
surface
de
16
597
m2.
Les
anomalies
visibles
dans
la
partie
Nord-
Est
suivent
l'orientation
de
la
grille
Nord,
mais
d'autres
anomalies
dans
la
moitié
Nord
paraissent
suivre
une
orientation
différente.
Au
centre
et
au
Sud
de
la
zone,
les
anomalies
respectent
l'alignement
général
de
la
grille
Sud,
avec
de
légères
variations.
Fig.
29.
Schéma
d'interprétation
des
anomalies
de
la
zone
3.
Les
lignes
en
pointillé
indiquent
les
anomalies
plus
faibles
ou
moins
claires.
La
partie
Sud
du
carré
53
est
examinée
avec
la
zone
4
infra.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
ΙΑ
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
491
4.1.
Éléments
du
carroyage
urbain
Sud
L'extension
de
la
grille
Sud
dans
la
zone
3
fera
l'objet
d'une
discussion
détaillée
dans
la
discussion
de
la
grille,
infra,
p.
516.
Deux
longs
éléments
Est-Ouest
dominent
la
partie
Sud
de
la
zone,
et
délimitent
approximativement
un
espace
rectangulaire
dont
la
largeur
varie
entre
48
et
55
m.
L'épaisseur
de
ces
anomalies
linéaires
est
d'environ
2
m,
ce
qui
est trop
peu
pour
en
faire
des
rues
à
part
entière,
comparables
aux
autres
anomalies
interprétées
de
cette
façon
dans
la
prospection.
Il
peut
toutefois
s'agir
de
murs
en
bordure
de
rues,
ou
plus
largement
de
voies
de
communication,
rendues
invisibles
sur
les
résultats
en
raison
de
leur
trop
grande
profondeur
ou
de
l'absence
de
pavement.
L'hypothèse
vaut
particulièrement
pour
la
structure
rectiligne
Sud
située
en
grande
partie
dans
le
prolongement
de
la
bordure
Nord
de
la
Rue
diagonale
(cf.
infra,
p.
516).
Peu
de
structures
sont
repérables
en
relation
avec
ces
anomalies:
le
rectangle
qu'elles
définissent
est
une
zone
essentiellement
de
basse
résistance,
similaire
à
ce
qu'on
observe
au
Sud
de
la
Rue
diagonale,
et
en
opposition
avec
les
résultats
enregistrés
dans
les
espaces
situés
plus
au
Nord
et
à
l'Est.
Le
seul
élément
important
qui
y
soit
repéré
est
une
longue
anomalie
(81
m)
de
faible
résistance,
dont
le
tracé
à
travers
les
carrés
23-24
et
26-27
présente
un
angle
de
17°
par
rapport
à
l'axe
Est-Ouest
du
carroyage
de
prospection.
Cette
orientation
divergente,
qui
ne
peut
être
rapportée
à
aucun
des
systèmes
connus
à
Philippes,
le
caractère
négatif
de
l'anomalie
et
le
fait
qu'elle
semble
traverser
en
l'affaiblissant
le
côté
Sud
du
rectangle
soutiennent
l'hypothèse
qu'il
s'agit
d'un
fossé
postérieur
aux
phases
principales
d'occupation
du
site.
Sur
le
côté
Est
de
ce
rectangle,
une
série
d'anomalies
linéaires
peut
représenter
des
structures
alignées
sur
le
carroyage
urbain
Sud,
et
peut-être
situées
en
bordure
d'une
rue
Nord-Sud.
L'élément
principal
est
une
longue
anomalie
rectiligne,
longue
de
23
m
et
large
de
2
à
4
m
suivant
les
endroits.
Elle
pourrait
être
la
bordure
ou
la
façade
d'une
construction
carrée
ou
rectangulaire
donnant
sur
une
rue
secondaire.
Mais
le
tracé
de
cette
dernière
n'est
pas
identifié
avec
certitude
plus
au
Sud,
et
n'entre
pas
tout
à
fait
dans
l'alignement
de
la
grille
Sud.
Une
difficulté
supplémentaire
vient
de
la
présence
d'éléments
de
la
grille
septentrionale
au
voisinage
immédiat
de
cette
importante
structure,
c'est-à-dire
dans
le
carré
de
prospection
54
:
la
rue
secondaire
Nord
RN
5
doit
parvenir
à
son
extrémité
quelque
part
dans
la
zone
non
prospectée
entre
les
carrés
54
et
35.
Malheureusement,
le
remblai
des
fouilles
menées
dans
l'Édifice
avec
bain
ainsi
qu'un
taillis
très
touffu
ont
empêché
l'étude
de
cet
espace,
alors
qu'il
est
d'importance
cruciale
pour
la
compréhension
de
la
jonction
entre
les.
deux
carroyages
urbains,
Nord
et
Sud.
Sur
le
côté
Ouest
du
rectangle,
le
prolongement
de
la
Rue
diagonale
se
termine
abrup-
tement
à
près
de
20
m
du
mur
d'enceinte,
qui
se
situe
juste
au-delà
de
la
limite
Ouest
de
la
zone
de
prospection.
La
rue
qui
lui
correspondrait
sur
le
côté
Nord
du
rectangle
semble
se
poursuivre
quant
à
elle
jusqu'à
la
limite
de
la
zone
de
prospection,
bien
que
les
anomalies
ne
soient
pas
complètement
contiguës.
BCH125
(2001)
492
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
4.2.
Le
monument
près
du
rempart
Entre
les
extrémités
Ouest
de
ces
deux
lignes,
sans
toutefois
être
centrée,
se
trouve
une
grande
anomalie,
non
rectangulaire,
et
présentant
différents
contrastes
de
résistance
(fig.
32).
La
surface
maximale
couverte
par
l'anomalie
mesure
environ
21m
d'Est
en
Ouest,
sur
18
m
du
Nord
au
Sud,
mais
la
partie
centrale
ne
représente
qu'une
surface
de
14
χ
10
m.
Les
valeurs
de
résistance
mesurées
sont
plus
hautes
au
cœur
de
l'anomalie
et
descendent
progressivement
sur
ses
bords:
il
en
résulte
un
contraste
maximal
de
170
Ω,
l'un
des
plus
importants
mesuré
sur
l'ensemble
de
la
zone
de
prospection.
L'anomalie
dans
son
ensemble
apparaît
de
forme
sub-rectangulaire,
à
l'exception
de
son
côté
oriental,
qui
est
plutôt
arrondi
ou
trapézoïdal.
Il
est
possible,
sinon
probable,
que
cette
anomalie
résulte
d'une
structure
souterraine
de
forme
absidale,
qui
dans
tous
les
cas
doit
être
construite
de
pierres,
briques
ou
mortier,
pour
figurer
ainsi
dans
les
résultats.
Sur
la
fig.
29,
certains
éléments
internes
de
cette
anomalie
sont
indiqués
:
ils
suggèrent
l'existence
d'une
anomalie
centrale
présentant
un
contraste
de
50
à
100
Ω
avec
son
environnement,
et
de
forme
arrondie
à
son
extrémité
orientale,
colorée
en
blanc
sur
la
fig.
32.
Elle
est
elle-même
comprise
dans
un
rectangle
dont
les
valeurs
de
résistance
présentent
un
contraste
maximum
de
50
Ω
avec
les
espaces
voisins
:
il
s'agit
du
contraste
entre
le
gris
foncé
et
le
noir
sur
la
fig.
32.
Enfin,
la
zone
extérieure
de
l'ensemble
de
l'anomalie
contraste
jusqu'à
hauteur
de
20
Ω
avec
son
environnement,
ce
qui
reste
une
anomalie
importante.
Cette
zone
a
également
fait
l'objet
d'une
étude
partielle
avec
le
magnétomètre
à
microvanne
de
flux
(fig.
32,
à
gauche).
Les
anomalies
observées
confirment
approximativement
le
contour
de
la
structure
repérée
dans
les
mesures
de
résistance
:
une
zone
de
valeurs
négatives
au
Nord,
entourée
de
valeurs
plus
élevées.
En
particulier,
une
anomalie
rectiligne
de
valeurs
hautes
marque
la
limite
Nord
de
la
structure,
tandis
qu'une
anomalie
curviligne
de
valeurs
basses
en
marque
la
limite
Sud.
En
surface,
le
plan
du
bâtiment
est
presque
lisible,
et
il
est
vraisemblable
qu'un
relevé
microtopographique
confirmerait
largement
les
résultats
de
la
prospection
géophysique
:
l'ensemble
de
l'anomalie
correspond
à
un
monticule
très
aplati,
dont
la
couverture
végétale
est
plus
clairsemée
et
d'où
émergent
de
nombreux
blocs
architecturaux
de
marbre34
(fig.
30).
Le
plan
de
ce
petit
édifice
rectangulaire,
très
probablement
pourvu
d'une
abside
orientée
à
l'Est,
suggère
naturellement
son
identification
à
une
église
de
taille
modeste.
L'analyse
des
données
de
résistance
permet
même
de
préciser
qu'il
s'agit
d'un
plan
centré
vraisemblablement
dominé
par
une
coupole
:
la
forte
anomalie
circulaire
centrale
qui
évoque
les
débris
d'une
telle
structure
est
inscrite
dans
un
carré
aux
angles
duquel
on
trouve
des
pics
de
résistance,
particulièrement
visibles
sur
la
fig.
8.
Il
pourrait
s'agir
des
piliers
d'angle
sur
lesquels
reposait
la
coupole.
Il
est
éga-
34
Cette
zone
se
voit
même
depuis
l'acropole
:
elle
est
visible
sous
forme
d'une
tache
claire
dans
l'angle
Nord-Est
du
champ
immédiatement
au
Nord
de
l'Édifice
avec
bain,
sur
la
fig.
3.
BCH
125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
493
Fig.
30.
Vue
de
la
zone
3
vers
le
Nord-Ouest
(monument
près
du
rempart)
(cliché
M.
Boyd).
Fig.
31.
Bloc
architectural
près
du
monument
Est
de
la
zone
3
(cliché
S.
Provost).
lement
possible
d'esquisser
un
espace
rectangulaire
distinct
sur
le
côté
Ouest
du
bâtiment
(fig.
8,
à
droite),
qui
présente
un
contraste
inférieur
à
celui
du
cercle
central:
dans
l'hypothèse
d'une
église,
il
s'agirait
du
narthex.
Les
données
ne
permettent
cependant
pas
de
préciser
avec
certitude
la
forme
extérieure
de
l'abside
:
elles
s'accorderaient
aussi
bien
à
une
abside
semi-circulaire
que
trapézoïdale,
à
moins
que
les
angles
visibles
ne
soient
causés
par
des
contreforts.
Cette
interprétation
reste
bien
évidemment
hypothétique,
mais
elle
est
confortée
par
la
situation
de
l'édifice,
tout
contre
le
rempart,
dans
une
zone
peu
construite
de
la
ville
antique
—
à
en
juger
du
moins
par
les
résultats
de
la
prospection
de
résistance
—
mais
aussi
immédiatement
à
proximité
du
réduit
fortifié
byzantin
(voir
infra,
p.
511).
La
faible
profondeur
des
vestiges
s'accorderait
bien
à
une
datation
tardive,
mésobyzantine,
tout
comme
la
taille
et
le
plan
de
l'édifice
:
cette
église
serait
comparable
aux
chapelles35
occupant
les
vestiges
de
l'Octogone,
de
la
Basilique
Β
ou
encore
de
la
basilique
cimétériale
extra
muros.
Il
n'est
pas
non
plus
exclu
que,
comme
les
autres
églises
tardives,
elle
ait
été
édifiée
sur
les
ruines
d'un
monument
plus
ancien,
chrétien
ou
non.
C'est
ce
que
suggéreraient
l'abondance
et
la
qualité
des
blocs
de
marbre
qui
jonchent
la
surface.
Mais
ce
dernier
argument
souligne
également
la
fragilité
de
toute
interprétation
reposant
exclusivement
sur
les
données
géophysiques
:
il
est
aussi
possible
de
reconnaître
dans
cette
construction
un
monument
de
la
ville
romaine,
situé
près
de
l'extrémité
d'un
de
ses
axes
majeurs,
la
rue
diagonale,
et
peut-être
isolé
à
dessein
du
reste
du
tissu
urbain.
Les
blocs
retrouvés
à
proximité,
et
notamment
une
grande
dalle
ornée
d'une
guirlande,
pourraient
appartenir
à
un
autel
ou
à
un
petit
temple
(fig.
31).
Dans
cette
hypothèse,
le
rectangle
apparemment
dépourvu
de
35
Pour
la
petite
église
qui
réoccupe
le
narthex
de
la
Basilique
B,
cf.
LEMERLE
1945,
p.
426-427.
La
liste
des
chapelles
d'époque
byzantine
à
Philippes
et
dans
les
environs
immédiats
est
dressée
par
E.
Kourkoutidou-Nikolaïdou,
«
ποι
από
την
παλαιοχριστιανική
στη
βυζαντινή
πόλη
»,
in
Βυζαντινή
Μακεδονία
324-1430
μ.Χ,
Διεθνές
Συμπόσιο,
Θεσσαλονίκη
29-31
Οκτ.
1992
(1995),
ρ.
171-182.
BCH125
(2001)
494
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
P»
«*
Fig.
32.
Section
occidentale
de
la
zone
3.
À
droite
:
interpolation
triangulaire
des
mesures
de
résistance
;
à
gauche
:
interpolation
rectangulaire
des
mesures
magnétiques.
La
localisation
de
la
prospection
magnétique
est
délimitée
en
blanc
sur
la
fig.
de
droite.
Fig.
33.
Interpolation
triangulaire
des
valeurs
de
résistance
de
la
section
Sud-Est
de
la
zone
3.
La
prospection
du
carré
22
avec
le
magnétomètre
figure
à
droite.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
495
toute
construction
qui
prolonge
vers
le
Nord
la
grille
Sud
le
long
du
rempart
pourrait
lui
être
associé
et
constituer
l'enclos
d'un
sanctuaire.
Ce
qu'on
a
interprété
plus
tôt
comme
une
structure
absidale
pourrait
n'être
alors
que
les
vestiges
de
l'escalier
monumental
ou
du
porche
de
l'édifice.
Cette
seconde
interprétation
rendrait
compte
de
l'absence
totale
de
fragments
de
briques
ou
de
tuiles
en
surface,
surprenante
dans
le
cas
d'une
église
byzantine,
même
si
elle
ne
constitue
pas
un
argument
définitif:
le
rempart
byzantin
de
la
ville
basse
en
est
lui-même
dépourvu36.
La
présence
d'un
temple
dans
cette
partie
de
la
ville
aurait
le
mérite
d'expliquer
les
découvertes
de
plusieurs
inscriptions
votives
dans
l'Édifice
avec
bain,
si
l'on
refuse
l'identification
de
ce
dernier
à
une
schola
d'agriculteurs,
comme
le
proposait
P.
Aupert37.
D'autres
hypothèses
sont
probablement
envisageables,
et
il
est
impossible
de
trancher
sans
procéder
au
moins
à
des
sondages.
Entre
ce
monument
et
le
rempart,
une
longue
anomalie
rectiligne
peut
être
suivie
sur
près
de
74
m
:
il
peut
s'agir
de
la
rue
qui
suivait
probablement
la
courtine
sur
tout
le
pourtour
de
l'enceinte
basse.
Cet
élément
est
associé,
à
son
extrémité
Sud,
à
une
zone
confuse
de
mesures
élevées
de
résistance,
bien
délimitée
au
Nord
et
à
l'Est
mais
pour
laquelle
il
n'existe
pas
d'interprétation
facile.
La
partie
Sud
de
la
zone
3
se
caractérise
par
de
basses
valeurs
de
résistance
d'où
émergent
peu
d'éléments
discernables.
Certains
sont
visibles
à
la
limite
Est
de
la
zone
de
prospection
et
sont
en
partie
liés
aux
structures
découvertes
dans
les
fouilles
de
l'Édifice
avec
bain.
L'étude
avec
le
magnétomètre
à
microvanne
de
flux
du
carré
22
montre
des
anomalies
qui
respectent
largement
l'orientation
des
structures
détectées
dans
la
prospection
de
résistance
(fig.
33).
À
l'extrémité
Ouest,
une
vaste
zone
de
plus
forte
résistance
est
visible
(elle
mesure
jusqu'à
25
χ
20
m).
Au
Nord
elle
s'interrompt
abruptement,
mais
ailleurs
aucun
élément
rectiligne
n'est
visible.
Le
rempart
de
la
ville
est
situé
immédiatement
à
l'Ouest
de
cette
zone.
4.3.
Éléments
de
la
grille
Nord
Des
anomalies
conformes
à
l'orientation
du
carroyage
Nord
sont
visibles
dans
le
secteur
Nord-Est
de
la
zone
3,
dans
les
carrés
53-54,
56
et
60-62.
Les
fortes
anomalies
de
résistance
dans
la
moitié
Sud
du
carré
53
sont
examinées
au
titre
de
la
zone
4,
infra,
p.
503.
L'anomalie
principale,
longue
d'environ
87
m
et
large
de
4
m,
est
interprétée
comme
une
rue
de
la
grille
Nord,
RN
5.
L'intensité
de
cette
anomalie
n'est
pas
uniforme
le
long
de
son
tracé
36
L'absence
d'arasés
de
briques
est
même
l'une
des
dif-
petit
relief
fragmentaire
représentant
le
cavalier
thrace,
dans
férences
majeures
permettant
de
distinguer
l'appareil
romain
une
haie
du
champ
qui
constitue
l'essentiel
de
la
zone
3
(prétardif
de
l'appareil
byzantin
dans
le
rempart.
Sur
l'acropole,
cisément
dans
la
bordure
Sud-Est
du
carré
de
prospection
la
fortification
byzantine
ne
fait
usage
de
la
brique
que
dans
61).
Il
s'ajoute
à
la
longue
série
déjà
connue
à
Philippes,
dont
les
joints
des
parements.
un
exemplaire
provient
précisément
de
l'Édifice
avec
bain,
37
Aupert
1979,
p.
625
;
1980,
p.
712.
On
peut
mentionner
sous
le
numéro
d'inventaire
78.1.2
:
ibid.,
fig.
11,
p.
624.
ici
que
la
prospection
a
été
l'occasion
de
la
découverte
d'un
BCH12S
(2001)
496
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
mais
le
contraste
moyen
de
résistance
avec
l'environnement
tient
une
constante
d'environ
20
Ω.
L'ensemble
de
cette
zone
présente
des
valeurs
de
résistance
plus
élevées
que
le
reste
de
la
zone
3,
suggérant
ainsi
une
plus
grande
densité
des
vestiges
présents
sous
la
surface.
Plusieurs
anomalies
linéaires
se
repèrent
avec
un
tracé
approximativement
perpendiculaire
à
la
rue
RN
5,
aussi
bien
à
l'Est
qu'à
l'Ouest.
Sur
le
côté
Ouest,
dans
les
carrés
de
prospection
54,
56
et
60,
un
groupe
forme
une
structure
cohérente
d'une
longueur
d'environ
22
m
pour
une
largeur
variant
entre
13
et
18
m.
Des
groupes
de
hautes
valeurs
de
résistance
mesurée
au
Sud-Est
de
cette
structure
suggèrent
la
présence
d'autres
constructions
en
bordure
de
la
rue,
sans
toutefois
présenter
d'anomalie
rectiligne
bien
définie.
Le
même
schéma
se
répète
sur
le
côté
Est
de
la
rue.
Dans
les
carrés
61
et
62,
où
les
valeurs
de
résistance
sont
à
nouveau
très
élevées,
se
trouvent
plusieurs
longues
anomalies
rectilignes
(jusqu'à
14
m
de
long)
perpendiculaires
à
la
rue.
Il
doit
s'agir
de
constructions
appartenant
à
la
troisième
et
dernière
rangée
d'îlots
de
la
grille
Nord,
au
Sud
de
la
«
Via
Egnatia
».
En
conséquence
de
la
localisation
de
la
palestre,
le
carrefour
entre
la
rue
de
la
Palestre
(le
troisième
axe
Est-Ouest
de
la
grille
Nord,
qui
longe
cet
édifice
sur
son
côté
Sud)
et
la
rue
RN
5
doit
se
trouver
précisément
à
la
limite
de
la
zone
de
prospection
:
la
dernière
anomalie
perpendiculaire
à
RN
5
représente
peut-être
la
bordure
Sud
de
cette
rue.
Il
faut
noter
cependant
que
cette
dernière
ne
se
retrouve
pas
au
Nord-Ouest,
dans
la
zone
5
(voir
infra,
p.
509),
là
où
on
l'attendrait
(carré
68)
:
la raison
en
est
probablement
la
présence
des
niveaux
d'occupation
byzantins
qui
masquent
la
trame
urbaine
antique.
Immédiatement
au
Nord
de
cette
zone,
le
rempart
médiéval
est
traversé
par
le
chemin
moderne.
4.4.
La
troisième
orientation
Certaines
anomalies
de
résistance
dans
les
carrés
54
à
62,
en
général
situées
près
de
la
limite
Nord
de
la
zone
3,
suivent
un
troisième
alignement.
Ce
dernier
varie
entre
un
angle
de
15°
Nord
de
l'axe
Est-Ouest
du
carroyage
de
prospection,
dans
la
plupart
des
endroits,
et
10°
Nord
de
ce
même
axe,
dans
les
carrés
58
et
59.
De
nombreux
éléments
conformes
à
cet
alignement
sont
indistincts.
Sur
le
côté
Est,
néanmoins,
on
peut
suivre
une
anomalie
linéaire
longue
de
55
m
depuis
la
rue
RN
2
jusqu'à
la
bordure
Nord-Ouest
de
la
construction
quadrangulaire
décrite
infra,
qui
occupe
les
carrés
54,
56
et
60.
Par
endroits,
cette
anomalie
atteint
une
largeur
de
4
m,
qui
suggère
la
possibilité
d'y
voir
une
rue.
Puisqu'elle
commence
et
finit
en
deux
points
appartenant
au
carroyage
Nord
(RN
2
et
la
construction
qui
la
borde
au
Sud-Ouest),
elle
constitue
une
interface
entre
les
deux
orientations.
Deux
interprétations
opposées
sont
par
conséquent
envisageables
:
ou
bien
cette
structure
est
en
partie
sous-jacente
à
des
éléments
plus
tardifs
de
la
grille
Nord,
ou
bien
ces
mêmes
éléments
existaient
toujours
lorsqu'elle
a
été
construite
en
tenant
compte
de
leur
présence.
Il
semble
y
avoir
dans
la
zone
3
une
surface
importante
qui
comporte
des
structures
en
accord
avec
cette
orientation
(peut-être
2 500
m2).
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
497
Une
indication
précieuse
de
chronologie
est
donnée
par
la
présence
de
céramique
byzantine
à
glaçure
en
surface
des
carrés
de
prospection
54,
56
et
58,
alors
que
ce
matériel
est
totalement
absent
des
zones
1,
2
et
4,
où
abonde
en
revanche
la
céramique
romaine
et
romaine
tardive.
Dans
la
mesure,
en
outre,
où
l'orientation
de
ces
structures
correspond
étroitement
à
celle
du
tracé
du
rempart
interne,
très
vraisemblablement
d'époque
mésobyzantine,
la
probabilité
est
grande
qu'elles
soient
postérieures
aux
deux
carroyages
antiques.
La
principale
structure
de
cet
alignement
est
indiquée
par
des
lignes
en
pointillé
et
une
zone
en
gris
foncé
sur
la
fig.
29.
Le
contour
de
l'anomalie
est
grossièrement
celui
d'un
rectangle,
avec
une
zone
centrale
de
forme
irrégulière
présentant
des
valeurs
plus
élevées
de
résistance.
Une
forte
anomalie
linéaire
au
Nord
paraît
représenter
un
chemin
ou
une
route
la
reliant
à
la
limite
Nord
de
la
zone
de
prospection,
c'est-à-dire
la
haie
camouflant
le
rempart
byzantin.
Il
devrait
être
relativement
aisé
de
vérifier
cette
hypothèse
en
y
cherchant
les
traces
d'une
porte
ou
d'une
poterne.
Plus
au
Nord,
dans
la
zone
5,
la
trajectoire
de
cette
anomalie
mène
à
une
zone
non
prospectée,
une
haie
qui
paraît
correspondre
à
un
mur
ruiné.
Deux
lignes
en
pointillé,
longues
chacune
de
61
m,
situées
au
Sud
de
l'anomalie
principale,
indiquent
le
contour
de
vastes
anomalies
indéfinies.
Enfin,
un
peu
à
l'Ouest,
une
forte
anomalie
rectiligne
est
repérée
sur
une
distance
de
26
m,
très
proche
du
rempart
byzantin
:
elle
correspond
à
une
structure
bien
visible
sur
une
photographie
aérienne
(fig.
5),
qui
indique
peut-
être
la
présence
d'un
bâtiment
construit
le
long
de
la
courtine
extérieure
de
la
fortification.
L'interprétation
de
cette
zone
d'anomalies
importantes
mais
souvent
indistinctes
est
particulièrement
malaisée
:
il
peut
s'agir
d'un
grand
édifice
rectangulaire
lié
aux
fortifications
tardives,
comme
d'un
ensemble
de
petites
constructions
de
médiocre
facture.
Une
autre
piste
de
recherche
serait
d'y
voir
en
partie
une
nécropole
byzantine,
située
juste
à
l'extérieur
du
réduit
fortifié
et
à
proximité
de
l'hypothétique
église
discutée
précédemment.
5.
Analyse
des
résultats
de
L·
zone
4
La
zone
4
(fig.
10)
comprend
les
carrés
de
prospection
50
à
53,
63
à
67
et
80
à
81.
Le
carré
53
est
également
en
partie
examiné
au
titre
de
la
zone
3
ci-dessus.
La
zone
4
couvre
ainsi
une
surface
de
7413
m2.
Les
anomalies
y
sont
orientées
selon
le
carroyage
de
la
grille
Nord,
à
l'exception
de
la
Rue
diagonale
présente
dans
le
carré
50
(cf.
le
schéma
d'interprétation,
fig.
34).
La
zone
4
est
dominée
par
de
très
fortes
anomalies
qui
se
rapportent
clairement
et
directement
aux
vestiges
présents
sous
la
surface.
Elle
est
divisée
par
trois
rues
en
quatre
insulae
partiellement
reconnues
(voir
la
discussion
de
la
grille,
infrd).
Les
structures
examinées
à
présent
appartiennent
essentiellement
aux
îlots
IN
3
et
IN
4.
En
ce
qui
concerne
les
rues,
ce
sont
RN
2
et
RN
4
qui
apparaissent
le
mieux
dans
les
résultats
de
la
prospection
de
résistance.
La
fig.
10
fournit
une
interpolation
de
l'ensemble
des
résultats
de
la
zone
4.
BCH125
(2001)
498
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
f,
20
m
Flg.
34.
Interprétation
générale
des
anomalies
de
la
zone
4.
Les
lignes
en
pointillé
indiquent
les
anomalies
faibles
ou
moins
claires,
ou
encore
l'interface
entre
des
zones
de
hautes
et
basses
mesures
de
résistance.
La
partie
Nord
du
carré
53
est
examinée
avec
la
zone
3,
supra.
BCH
125
(2001)
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
499
30m
300
275
250
225
200
175
150
125
100
75
50
25
N/
FIg.
35.
Interpolation
triangulaire
des
valeurs
de
résistance
mesurées
dans
la
zone
4.
L'échelle
chromatique
est
réglée
pour
mettre
en
valeur
les
éléments
produisant
la
plus
grande
résistance.
BCH125
(2001)
500
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
5.1.
Éléments
de
l'îlot
IN
3
Ainsi
que
le
montre
clairement
la
fig.
10
et
son
interprétation
dans
la
fig.
34,
le
bloc
IN
3
présente
de
fortes
anomalies
qui
suggèrent
une
grande
construction,
mesurant
au
moins
35
χ
28
m,
et
dont
les
limites
Nord-Ouest,
Nord-Est
et
Sud-Est
sont
clairement
définies.
La
bordure
Sud-
Ouest
du
bâtiment
est
en
revanche
moins
aisée
à
cerner.
La
reconstruction
de
ces
anomalies
définit
une
structure
rectangulaire
subdivisée
en
espaces
internes
dont
beaucoup
sont
pourvus
d'alvéoles
ou
d'absides.
Le
plus
clair
d'entre
eux
est
la
grande
pièce
rectangulaire
centrale,
d'orientation
NO-SE,
terminée
à
chaque
extrémité
par
une
abside
:
ses
dimensions
internes
sont
de
24
m
de
longueur
pour
6
m
de
largeur.
Au
Nord
de
cette
pièce
semblent
se
trouver
trois
autres
pièces
allongées
qui
lui
sont
perpendiculaires
et
se
terminent
elles
aussi
par
des
absides
:
les
dimensions
internes
de
la
pièce
centrale
sont
approximativement
de
16
χ
1 1
m,
tandis
qu'elles
sont
de
16
χ
6
m
pour
les
deux
pièces
latérales.
Les
résultats
de
la
prospection
suggèrent
fortement
que
les
extrémités
Sud-Est
de
ces
pièces
sont
absidales,
mais
sont
moins
concluants
pour
les
extrémités
opposées.
Les
mesures
obtenues
dans
la
pièce
centrale
rendent
possible
l'existence
d'une
colonne
centrale
ou
d'un
autre
élément
de
subdivision,
ce
que
confirme
la
comparaison
avec
une
photographie
aérienne
(voir
la
discussion
infra).
L'anomalie
qui
constitue
le
côté
Nord-Est
de
cette
construction
présente
un
contraste
très
fort
avec
la
zone
de
basse
résistance
située
immédiatement
au
Nord-Est
(de
50
à
90
Ω).
Elle
offre
également
un
contraste
important
avec
l'espace
intérieur,
compris
entre
30
et
90
Ω.
Le
mur
Nord-Ouest
est
moins
facile
à
interpréter
(fig.
34)
:
le
contraste
de
résistance
y
est
plus
faible
(50-70
Ω),
probablement
en
raison
de
la
présence
voisine
de
la
rue
RN
3.
La
limite
de
la
structure
est
bien
visible
sur
la
fig.
35.
L'anomalie
interprétée
en
relation
avec
la
rue
ne
peut
néanmoins
être
suivie
plus
loin
vers
le
Nord-Est
dans
les
résultats
enregistrés
:
elle
arrive
visiblement
à
son
terme
parallèlement
à
la
limite
Nord-Est
de
la
grande
construction
voisine
(le
contraste
de
résistance
marquant
la
fin
de
la
rue
est
de
40
Ω).
Au-delà
de
ce
point,
les
valeurs
de
résistance
mesurées
dans
la
zone
prolongeant
le
tracé
de
RN
3
ne
diffèrent
pas
du
reste
de
la
vaste
zone
de
basse
résistance
qui
occupe
la
partie
Nord
du
bloc
IN
4.
Le
côté
Sud-Est
du
grand
bâtiment
occupant
IN
3
doit
correspondre
à
une
façade
donnant
sur
RN
2.
Cette
limite
est
bien
définie
sur
la
fig.
35,
mais
il
est
tout
aussi
clair
que
des
anomalies
traversent
l'espace
correspondant
à
la
rue
et
sont
liées
avec
la
bordure
Sud-Est
de
l'édifice.
La
plus
importante
de
ces
anomalies
apparaît
dans
la
fig.
35,
tandis
que
la
fig.
10
montre
qu'elles
appartiennent
à
une
zone
plus
vaste
d'anomalies
de
forte
résistance,
en
bordure
de
la
zone
de
prospection.
Immédiatement
au
Sud-Est
de
l'abside
qui
termine
à
l'Est
la
pièce
transversale
centrale
du
bâtiment
se
trouvent
les
plus
forts
contrastes
de
résistance
mesurés
dans
la
zone
4,
avec
des
valeurs
atteignant
120
Ω.
Les
mesures
correspondant
à
l'anomalie
voisine
qui
traverse
RN
2
et
IN
2
sont
presque
aussi
élevées.
BCH125
(2001)
APPUCATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
501
II
est
plus
difficile
de
repérer
la
limite
Sud-Ouest
de
cette
structure.
L'affaiblissement
progressif
vers
le
Sud
des
valeurs
mesurées
de
résistance,
tel
qu'il
apparaît
sur
la
fig.
10,
peut
être
simplement
la
conséquence
de
la
manière
dont
s'est
effondré
le
bâtiment,
ou
d'autres
facteurs
postérieurs
à
sa
ruine.
Néanmoins,
les
éléments
présents
dans
cette
zone
peuvent
également
être
interprétés
comme
appartenant
à
une
seule
construction,
dont
la
limite
Sud-Ouest
se
trouverait
à
environ
25
m
du
côté
intérieur
de
la
salle
transversale
à
absides
:
cette
limite
est
en
effet
marquée
par
une
anomalie
rectiligne,
dont
le tracé
est
visible
sur
une
longueur
de
19
m
depuis
RN
2
mais
qui
se
perd
ensuite
avant
d'atteindre
RN
3.
Une
telle
reconstruction
hypothétique
ferait
du
bord
intérieur
Sud-Ouest
de
la
salle
transversale
à
absides
presque
exactement
l'axe
central
NO-SE
de
l'édifice38.
Peu
d'autres
éléments
sont
clairs
dans
cet
îlot,
excepté
une
anomalie
linéaire
transversale,
à
l'extrémité
Sud-Ouest
(carré
81),
et
une
autre
au
Nord-Est
(carré
66).
5.2.
Éléments
de
I
îlot
IN
2
Une
partie
de
l'îlot
IN
2
a
été
étudiée
dans
la
zone
4.
Outre
le
fort
contraste
(de
1
5
à
40
Ω)
avec
la
bordure
de
RN
2
à
l'extrémité
Sud-Ouest
du
bloc,
les
seuls
éléments
significatifs
sont
ceux
de
la
partie
Nord-Est,
déjà
mentionnés
(carré
80),
qui
coupent
apparemment
la
rue
et
sont
reliés
au
mur
Sud-Est
du
grand
bâtiment
d'IN
3.
Leur
interprétation
inclut
une
grande
structure
curviligne,
sur
la
fig.
34,
mais
en
l'absence
d'un
contexte
architectural
clair,
cette
forme
reflète
plus
probablement
une
irrégularité
causée
par
des
facteurs
postérieurs
à
la
ruine
de
l'édifice.
En
bordure
de
la
zone
de
prospection,
la
forte
zone
d'anomalies
est
à
rapprocher
de
la
construction
carrée
visible
sur
les
photographies
aériennes
(voir
infra,
p.
506).
5.3.
Éléments
de
l'îlot
IN
4
Une
partie
du
centre
de
l'îlot
IN
4
n'a
pu
être
soumise
à
la
prospection
en
raison
de
la
présence
d'une
haie.
Ce
bloc
comprend
trois
parties
:
au
Nord-Est,
une
grande
surface
(31
χ
31
m
au
maximum)
présente
de
faibles
mesures
de
résistance,
comprenant
peu
d'anomalies
recon-
naissables
;
une
zone
architecturale
centrale
(dimensions
maximales
de
50
χ
27
m)
;
et
un
espace
au
Sud-Ouest,
de
faible
résistance,
dépourvu
d'anomalies
reconnaissables
(dimensions
maximales
de
23
χ
27
m).
Les
quelques
anomalies
repérées
dans
la
partie
Nord-Ouest
de
l'îlot
sont
adjacentes
à
RN
4
et
alignées
sur
son
tracé.
Elles
sont
d'intensité
relativement
faible,
ne
présentant
qu'un
contraste
de
10
à
20
Ω,
mais
elles
ressortent
clairement
de
l'arrière-plan
général
de
faible
résistance.
38
L'interprétation
de
cet
ensemble
est
reportée
après
l'examen
des
autres
îlots
parce
qu'elle
dépend
de
certains
éléments
qui
s'y
trouvent.
BCH12S
(2001)
502
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
On
peut
ainsi
penser
qu'il
n'y
avait
pas
de
constructions
substantielles
dans
la
moitié
Nord
de
l'îlot
IN
4
:
cet
espace
vide
de
constructions
(carrés
66
et
67)
forme
un
carré
d'environ
30
m
de
côté,
puisqu'il
inclut
l'espace
situé
dans
le
prolongement
Nord
de
RN
3
(voir
supra).
Il
était
donc
longé
à
l'Ouest
par
RN
4,
peut-être
pourvue
d'un
portique
;
à
l'Est
par
le
monument
d'IN
3
;
au
Sud
par
l'édifice
principal
d'IN
4
;
et
au
Nord
par
la
rue
de
la
Palestre.
Il
pourrait
s'agir
d'une
petite
place,
en
partie
fermée
par
des
portiques,
hypothèse
qui
s'accorderait
bien
du
voisinage
des
thermes.
Sa
fonction
est
peut-être
aussi
étroitement
liée
à
celle
de
l'édifice
présent
dans
l'autre
moitié
de
l'îlot.
La
jonction
entre
cette
zone
de
basse
résistance
et
la
bordure
Nord-Est
de
la
zone
architecturale
est
marquée
par
d'importants
contrastes
de
résistance
(90
à
120
Ω
dans
le
carré
67).
L'interprétation
des
résultats
enregistrés
dans
cet
espace
est
entravée
par
les
lacunes
des
données,
là
où
la
haie
a
empêché
la
prise
des
mesures
de
résistance,
ainsi
que
par
les
très
hautes
valeurs
des
mesures
enregistrées
dans
l'ensemble
de
la
section
Nord-Est
du
bloc
:
les
contrastes
intérieurs
entre
les
murs
et
les
sols
y
sont
par
conséquent
difficilement
perceptibles.
La
partie
Sud-Ouest
fournit
des
contrastes
plus
clairs
entre
différents
éléments
architecturaux,
mais
tout
comme
en
IN
3,
les
valeurs
générales
tendent
à
s'affaiblir
vers
le
Sud-Ouest,
de
telle
sorte
que
le
contraste
entre
l'extrémité
Sud-Ouest
de
l'espace
bâti
et
la
zone
adjacente
dépourvue
de
constructions
tombe
à
10
Ω.
L'interface
entre
cette
zone
et
RN
4
est
également
peu
clair
:
des
anomalies
de
forte
résistance
(carré
53)
empiètent
sur
l'espace
de
la
rue,
voire
la
coupent
entièrement
(carrés
64
et
65),
ce
qui
indique
probablement
des
éboulements
de
murs
ou
la
présence
d'autres
vestiges
architecturaux
issus
de
la
destruction
du
bâtiment
principal
d'IN
3,
plutôt
que
des
constructions
postérieures
à
l'utilisation
de
la
rue.
Les
structures
repérées
du
côté
Sud-Ouest
de
la
zone
non
prospectée
(carré
63)
indiquent
un
nombre
de
pièces
de
différentes
tailles,
séparées
par
des
murs
aux
fondations
solides
et
profondes
pour
apparaître
aussi
clairement
dans
les
résultats
:
elles
appartiennent
probablement
toutes
à
un
seul
bâtiment
dont
la
façade
donne
sur
la
rue
RN
4.
Du
côté
Nord-Est
de
la
zone
non
prospectée
(carrés
64
et
67)
la
disposition
interne
est
beaucoup
moins
claire,
mais
il
s'agit
probablement
là
encore
de
constructions
aux
fondations
soignées.
Ces
indications
sont
trop
imprécises
pour
permettre
de
se
prononcer
avec
certitude
sur
la
nature
du
ou
des
édifices
qui
occupaient
IN
4.
La
présence
probable
d'une
grande
cour
au
Nord,
le
voisinage
vraisemblable
des
thermes
du
gymnase
à
l'Est,
et
l'impression
générale
de
force
structurelle
laissée
par
les
constructions
de
cet
îlot,
invitent
néanmoins
à
penser
qu'il
était
réservé
à
un
édifice
monumental.
Les
anomalies
repérées
au
travers
de
RN
3
peuvent
aussi
suggérer
l'existence
d'un
lien
structurel
et
fonctionnel
entre
cet
ensemble
et
les
bains
d'IN
3
:
il
est
possible
que
les
bains
aient
été
trop
à
l'étroit
dans
un
seul
îlot
et
qu'une
annexe
en
ait
occupé
l'îlot
voisin.
Mais
cette
hypothèse
soulève
autant
de
difficultés
qu'elle
n'aide
à
en
résoudre.
La
logique
de
la
planification
urbaine
inviterait
plutôt,
comme
on
va
le
voir,
à
chercher
un
prolongement
des
bains
dans
le
deuxième
îlot
situé
immédiatement
au
Sud
du
gymnase,
IN
2.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
503
5.4.
Éléments
de
l'îlot
IN
5
La
rue
RN
5
mise
à
part
(voir
l'analyse
de
la
zone
3,
supra),
peu
de
structures
sont
détectables
à
l'extrémité
Sud-Ouest
du
bloc
IN
5
:
il
s'agit
de
faibles
anomalies
linéaires,
orientées
selon
le
carroyage
de
la
grille
Nord,
et
présentant
des
contrastes
de
5
à
10
Ω
avec
leur
environnement.
Elles
doivent
indiquer
les
murs
internes
des
constructions
occupant
l'îlot,
visiblement
pourvues
de
fondations
moins
fortes
que
dans
les
blocs
examinés
précédemment
:
peut-être
faut-
il
y
voir
une
indication
qu'IN
5
était
un
îlot
résidentiel,
comparable
aux
îlots
de
la
grille
Sud
IS
2,
3
et
4.
5.5.
L'édifice
du
champ
Kalaïtzoglou
Concernant
le
monument
qui
occupe
l'essentiel
de
l'îlot
IN
3,
la
prospection
vérifie
et
précise
en
fait
le
tracé
esquissé
par
H.
Ducoux
sur
son
plan
général39
du
site
en
1937:
l'architecte
responsable
de
l'ensemble
des
relevés
à
Philippes
y
avait
en
effet
porté
immédiatement
au
Sud
de
la
palestre
le
plan
d'un
édifice
rectangulaire
comportant
une
salle
à
deux
absides.
Comme
l'ensemble
des
relevés,
ainsi
qu'on
l'a
vu,
ce
bâtiment
avait
été
reporté
sur
tous
les
plans
du
site
publiés
par
la
suite
alors
même
qu'il
n'en
existait
apparemment
aucun
commentaire
:
seuls
M.
Sève40,
puis
indépendamment,
A.
Poulter41
ont
signalé
l'importance
de
cette
addition
et
le
silence
des
rapports
de
fouilles
à
son
égard.
Elle
constituait
en
effet
le
seul
élément
permettant
de
supposer
l'existence
d'une
troisième
rangée
d'îlots
dans
la
grille
Nord,
et
par
conséquent
de
faire
de
la
Rue
diagonale
l'interface
entre
les
deux
carroyages
sur
toute
la
longueur
de
son
tracé.
En
dehors
d'une
allusion
indirecte
de
R.
Demangel42
dans
sa
présentation
du
plan,
et
d'une
note
succincte
de
P.
Collart43,
il
n'existe
dans
les
publications
aucune
relation
précise
des
observations
qui
avaient
permis
cette
esquisse.
Les
archives
de
la
mission
de
Philippes
pour
1934-1935
permettent
de
résoudre
cette
petite
énigme
:
plusieurs
photographies
aériennes
prises
durant
l'été
1933
par
l'aviation
grecque
révélaient
l'existence
du
bâtiment.
Aussi
lorsque
le
directeur
de
l'École
française,
P.
Roussel,
chargea
M.
Feyel
au
printemps
1934,
«
de
chercher,
au
moyen
de
sondages
sur
quels
points
du
territoire
de
Philippes
on
pourrait
pratiquer
des
fouilles
nouvelles
»44,
P.
Collart
dirigea
naturellement
son
attention
vers
le
champ
correspondant.
Mais
il
ne
parvint
pas
à
s'entendre
avec
son
propriétaire,
un
certain
Kalaïtzoglou,
et
dut
se
contenter
de
faire
dresser
par
H.
Ducoux
un
39
Voir
BCH
52
(1938),
pi.
I.
à
fleur
de
terre
d'un
grand
bâtiment,
visibles
sur
une
photc-
40
Sève
1989,
p.
511,
n.
69.
graphie
d'avion
ainsi
que
sur
le
terrain
même,
selon
l'état
41
Poulter
et
Strange
1998,
p.
453,
n.
3.
L'a.
y
propose
à
des
cultures;
l'exploration
n'en
a
pas
été
entreprise.
»
Les
juste
titre
que
la
source
de
ce
plan
est
à
chercher
dans
les
relevés
sommaires
de
H.
Ducoux
ne
figurent
toutefois
pas
photographies
aériennes.
sur
le
plan
général
du
site
donné
en
pi.
Il
de
l'ouvrage,
publié
42
R.
DEMANGEL,
loc.
cit.
(supra,
n.
17),
p.
2.
en
1937.
43
Collart
1937,
p.
365,
n.
4
:
«
II
faut
signaler,
notamment
44
M.
Feyel,
«
Rapport
de
fouilles
»,
dans
Archives
de
Phl·
dans
un
champ,
au
Sud
de
l'atrium
de
la
basilique,
les
murs
lippes
1-1934.
BCH
125
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion
504
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Fig.
36.
Photographie
aérienne
oblique
du
champ
Kalaitzoglou
(premier
plan)
et
de
la
Basilique
Β
vus
du
Sud-Ouest
(cliché
EFA).
Flg.
37.
Photographie
aérienne
verticale
du
champ
Kalaitzoglou
(cliché
EFA).
Fig.
38.
Les
îlots
IN
3,
4
et
5
sur
les
photographies
aériennes.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
505
IN
3
Fig.
39.
Comparaison
des
résultats
de
la
prospection
(trait
noir)
avec
les
éléments
visibles
sur
les
photographies
aériennes
(trait
blanc).
plan
sommaire
de
l'édifice,
bien
visible
dans
les
blés
(fig.
36)
:
il
décrit
un
monument
«
presque
carré
(26
χ
28,20
m)
»,
«
terminé
par
deux
absides
semi-circulaires
inscrites
entre
les
côtés
du
rectangle
»45
situé
à
une
extrémité.
Le
chantier
des
«
thermes
Sud
»,
découverts
un
peu
plus
loin
au
cours
de
cette
même
campagne
de
prospection,
monopolisa
ensuite
l'attention
de
M.
Feyel.
Personne
ne
s'intéressa
plus
à
l'édifice
du
champ
Kalaïtzoglou,
alors
même
que
les
déblais
de
la
fouille
de
la
basilique
Β
menaçaient
de
le
recouvrir.
L'examen
attentif
des
photographies
aériennes
permet
pourtant
d'ajouter
de
nombreuses
précisions
au
plan
esquissé
par
H.
Ducoux
:
une
photographie
oblique
du
champ
Kalaïtzoglou
au
moment
de
la
moisson
(fig.
36),
et
malheureusement
après
la
moisson
du
champ
voisin,
au
Nord-Ouest,
dans
lequel
se
poursuivait
le
bâtiment,
fournit
des
indices
phytologiques
importants
qui
concordent
avec
le
rapport
de
M.
Feyel.
Mais
c'est
surtout
une
série
de
photographies
aériennes
verticales
qui
apporte
le
plus
d'informations
:
la
fig.
37
présente
un
détail
agrandi
de
45
Ibid.
BCH125
(2001)
506
MJCHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
la
plus
intéressante
d'entre
elles,
prise
probablement
à
la
fin
de
l'été
1933,
tandis
que
la
fig.
38
donne
le
plan
dessiné
à
partir
de
tous
les
éléments
recueillis
sur
ces
différentes
photographies,
reporté
sur
une
photographie
de
l'été
1934.
Les
éléments
repérés
sur
ces
photographies,
grâce
aux
indices
pédologiques,
incluent
non
seulement
le
grand
bâtiment
d'IN
3,
dont
seule
la
moitié
Nord
est
toutefois
bien
discernable,
mais
aussi
des
éléments
des
îlots
voisins
IN
2
et
4
:
l'existence
des
rues
traversières
RN
2,
3
et
4
est
ainsi
confirmée,
tout
comme
la
largeur
des
îlots
(entre
27
et
28
m).
Leurs
limites
Nord
et
Sud
sont
cependant
moins
claires.
L'îlot
IN
4
semble
ainsi
occupé
par
un
grand
bâtiment
rectangulaire,
dont
l'aménagement
le
plus
visible
consiste
en
une
série
de
petites
pièces
rectangulaires,
au
Sud-Ouest,
en
bordure
de
la
rue
RN
4
:
il
peut
s'agir
de
boutiques
ou
de
pièces
de
stockage46.
Les
autres
subdivisions
de
l'îlot
sont
plus
difficiles
à
interpréter
mais
on
retrouve
bien
un
élément
qui
semble
le
relier
structurellement
à
IN
3
en
coupant
la
rue
RN
3.
Pour
IN
2,
dont
une
grande
partie
se
trouve
en
dehors
du
champ
Kalaïtzoglou,
sous
une
haie,
la
seule
construction
visible
est
une
petite
structure
carrée
remarquable,
située
à
l'angle
Nord-Ouest
de
l'îlot,
le
long
de
RN
2.
Elle
mesure
environ
10
m
de
côté
et
comprend
un
cercle
inscrit
ou
plus
probablement
une
construction
quadrilobée.
La
comparaison
des
données
obtenues
par
la
prospection
géophysique
avec
les
éléments
visibles
sur
les
photographies
aériennes
souligne
l'intérêt
et
la
complémentarité
des
deux
méthodes
(fig.
39).
Les
résultats
ne
divergent
que
sur
un
point
de
détail,
l'agencement
interne
de
la
moitié
Nord
de
l'édifice
occupant
IN
3,
mais
cette
difficulté
est
aisément
surmontée.
Les
photographies
semblent
en
effet
indiquer
une
quadripartition
de
cet
espace
alors
que
les
mesures
de
résistance
montrent
plutôt
une
tripartition,
avec
une
salle
médiane
presque
deux
fois
plus
large
que
les
salles
latérales.
Mais
celle-ci
comprend
aussi
en
son
centre
une
forte
anomalie
grossièrement
circulaire,
qui
peut
correspondre
à
un
élément
de
subdivision,
colonnade
ou
piliers.
L'apport
le
plus
important
des
données
aériennes
réside
dans
le
petit
bâtiment
carré
au
Nord-Ouest
d'IN
2,
situé
aux
trois
quarts
en
dehors
de
la
zone
de
prospection
qui
n'en
montre
qu'une
partie
du
côté
Sud.
Il
faut
noter
enfin
qu'aucun
des
éléments
disponibles
ne
justifie
la
restitution
d'un
agencement
symétrique
du
bâtiment
d'IN
3,
avec
une
partition
de
la
moitié
Sud
similaire
à
ce
qui
est
observé
au
Nord
:
le
plan
sommaire
de
H.
Ducoux
doit
donc
être
corrigé
notamment
sur
ce
point.
46
La
«
résidence
épiscopale
»
de
Philippes,
occupant
l'îlot
à
l'Est
de
l'Octogone,
fournit
un
bon
exemple
de
ce
type
d'aménagement:
cf.
notre
fig.
27.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
507
5.6.
Des
thermes
pour
le
gymnase
Le
plan
du
monument
principal,
celui
du
bloc
IN
3,
avec
ses
grandes
salles
symétriques
terminées
par
des
absides,
suggère
fortement
son
identification
à
un
établissement
thermal.
Son
accès
principal
devait
se
trouver
au
Nord
sur
la
rue
dite
de
la
Palestre,
dans
la
mesure
où
on
peut
interpréter
l'espace
rectangulaire
de
moindre
résistance
situé
entre
cette
rue
et
le
bâtiment
principal
comme
une
cour
à
portique
ou
un
vestibule.
Dans
l'état
actuel
des
informations
disponibles,
il
serait
hasardeux
de
proposer
une
identification
précise
des
différentes
salles
repérées
dans
la
prospection.
On
peut
toutefois
supposer
que
ces
thermes
possédaient
un
plan
axial
symétrique
ou
semi-symétrique47
:
l'itinéraire
linéaire
du
baigneur
le
menait
probablement
depuis
l'entrée
au
Nord
vers
le
Sud.
La
moitié
Nord
du
monument
correspondrait
ainsi
à
Xapodyterium
et
au
frigidarium,
tandis
que
la
moitié
Sud,
dont
le
plan
encore
très
flou
semble
toutefois
comporter
de
nombreuses
salles
de
plus
petite
taille,
serait
consacrée
aux
pièces
chaudes.
Une
prochaine
campagne
de
prospection
devrait
permettre
de
soumettre
cette
zone
à
une
étude
magné-
tométrique
susceptible
de
détecter
la
présence
éventuelle
de
praefiirnia.
Un
des
éléments
essentiels
du
plan
de
ces
thermes
est
leur
insertion
dans
la
trame
Nord
de
la
ville
et
le
module
de
ses
îlots
(27
χ
80
m
environ),
qui
constitue
une
forte
contrainte
architecturale
:
à
cet
égard,
les
thermes
de
Serdica
(Sofia)
fournissent
une
comparaison
intéressante48
par
leur
plan
et
leur
environnement
urbain
très
proches
(fig.
40).
Mais
il
est
possible
qu'à
Philippes
le
complexe
thermal
se
soit
étendu
au-delà
de
l'îlot
principal,
sur
IN
4
à
l'Ouest
(voir
supra),
et
plus
sûrement
sur
IN
2
à
l'Est
:
la
petite
construction
quadrilobée
inscrite
dans
un
carré
pourrait
être
une
piscine,
à
l'air
libre
ou
non49,
la
natatio
étant
fréquemment
construite
en
dehors
du
bâtiment
principal
dans
les
thermes
impériaux50.
La
proximité
du
bloc
peut-être
consacré
au
frigidarium,
auquel
appartient
fonctionnellement
une
natatio,
est
un
élément
favorable
à
cette
hypothèse.
D'autre
part,
la
palestre
occupant
l'espace
de
deux
îlots
au
Nord,
il
est
possible
que
la
même
logique
ait
prévalu
pour
les
thermes
dans
le
prolongement
direct
de
ces
deux
îlots.
L'ensemble
thermes-gymnase
occuperait
ainsi
un
bloc
de
quatre
îlots
dans
le
centre
monumental
de
la
ville
romaine.
Fig.
40.
Thermes
de
Serdica
(d'après
Nielsen
1990).
47
GROS
1996,
p.
389,
fig.
349.
48
Nielsen
1990,
II,
p.
26,
C.
206.
Les
thermes
de
Serdica,
datés
d'environ
300
ap.
J.-C,
couvraient
une
surface
de
1650
m2,
portée
à
1960
m2
avec
la
palestre,
contre
environ
1800
m2
à
Philippes
pour
le
seul
édifice
d'IN
3.
49
Delphes
possède
avec
le
loutron
du
gymnase
une
piscine
circulaire
en
plein
air
comparable
:
J.-F.
Bommelaer,
Guide
de
Delphes,
Le
Site,
SitMon
7
(1991),
p.
77.
50
Nielsen
1990,
1,
p.
154-155.
BCH125
(2001)
508
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
1
Fig.
41.
Palestre
de
Philippes
(d'après
Lemerle
1937).
L'identification
de
cet
ensemble
monumental
présente
en
effet
un
intérêt
particulier
en
raison
de
sa
localisation
immédiatement
au
Sud
de
la
terrasse
occupée
à
l'époque
romaine
par
le
marché
et
l'édifice
dans
lequel
P.
Lemerle
reconnaissait
une
palestre51,
datée
de
l'époque
antonine
(fig.
41).
Ce
grand
bâtiment
de
75
x
58
m
(soit
la
largeur
de
deux
îlots
et
d'une
rue)
est
très
mal
connu
parce
qu'il
fut
intégralement
rasé
au
VIe
siècle
ap.
J.-O,
en
vue
de
la
construction
de
X
atrium
de
la
Basilique
Β
:
seules
les
fondations
en
sont
partiellement
conservées52.
Son
plan
laisse
toutefois
peu
de
doutes
sur
sa
fonction
et
cette
identification
n'a
jamais
été
contestée53.
Une
des
particularités
de
ce
gymnase,
comme
P.
Lemerle
le
soulignait,
était
l'absence
de
thermes.
Il
l'expliquait
par
la
vitalité
de
cette
institution
dans
l'Orient
grec,
qui
ne
rendait
pas
nécessaire
cette
adjonction
systématique54.
L'argument
a
été
repris
par
I.
Niel-
sen55
qui
cite
à
trois
reprises
Philippes
comme
le
principal
exemple
de
palestre
dépourvue
de
bains.
La
découverte,
qui
reste
bien
sûr
à
confirmer,
de
thermes
dans
l'îlot
IN
3
renverse
la
perspective,
car
il
ne
fait
pas
de
doute
que
leur
fonction
première
était
de
servir
de
bains
pour
la
palestre.
Il
est
même
envisageable
que
les
deux
monuments
aient
été
conçus
et
construits
ensemble
dans
la
deuxième
moitié
du
IIe
siècle
ap.
J.-C.
et
que
le
complexe
s'apparente
ainsi
à
la
série
des
thermes-gymnases
d'Orient56.
La
nette
rupture
spatiale
entre
les
deux
édifices,
marquée
par
la
rue
de
la
Palestre,
n'implique
pas
nécessairement
un
décalage
chronologique
dans
leur
conception,
car
elle
s'explique
par
les
contraintes
topographiques
importantes
avec
lesquelles
doit
composer
le
plan
de
la
ville
:
la
palestre
occupe
l'extrémité
occidentale
de
la
deuxième
terrasse
en
contrebas
de
la
«
Via
Egna-
tia
»,
tandis
que
les
thermes
sont
construits
sur
la
troisième
terrasse,
probablement
faute
de
place.
La
différence
de
niveau
entre
les
deux
terrasses57
est
supérieure
à
3
m
:
deux
grands
escaliers58
aux
angles
Sud-Ouest
et
Sud-Est
de
la
palestre
permettaient
de
franchir
cette
dénivellation
pour
accéder
à
la
rue
en
contrebas
(fig.
41).
L'existence
de
ces
accès
fait
de
la
façade
Sud
de
l'édifice
51
P.
Lemerle,
«
Palestre
romaine
à
Philippes
»,
BCH
61
(1937),
p.
86-102
;
COLLART
1937,
p.
365.
52
P.
LEMERLE,
lOC.
Cit.
p.
89.
53
L'institution
de
gymnasiarque
est
par
ailleurs
attestée
dans
l'épigraphie
de
la
ville:
P.
Lemerle,
BCH
59
(1935),
p.
140,
nos
40-41;
COLLART
1937,
p.
448
et
453.
54
P.
Lemerle,
loc.
cit.
(supra,
n.
51),
p.
102.
55
NlELSEN
1990,
1,
p.
62,
n.
13,
p.
105,
n.
69,
p.
108,
n.
95.
56
Ibid.,
I,
p.
104-111
;
F.
Yeglil,
Baths
and
Bathing
in
Clas-
sical
Antiquity
(1992),
p.
250-313.
Cela
n'exclut
pas
l'existence
antérieure
d'une
palestre
qui
aurait
été,
elle,
dépourvue
de
bains.
57
Voir
Sève
1989,
p.
497
:
le
niveau
de
la
rue
du
Commerce,
qui
longe
le
côté
Nord
de
la
palestre,
varie
entre
61,95
m
et
60,76
m.
La
rue
de
la
Palestre,
qui
suit
le
côté
Sud
de
ce
monument,
était
à
58,6/57,4
m.
58
P.
Lemerle,
loc.
cit.
(supra,
n.
51),
p.
95
et
97,
et
fig.
6,
p.
95
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
Λ
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
509
la
plus
importante
après
la
façade
principale59,
sur
la
rue
du
Commerce
au
Nord,
ce
que
confirme
une
autre
particularité
du
plan
:
les
grandes
latrines
qui
jouxtent
l'escalier
Sud-Est
sont
de
plain-
pied
avec
la
rue
de
la
Palestre
et
donc
«
en
quelque
sorte
enterrées
»60
par
rapport
à
la
palestre
elle-même.
Une
des
raisons
en
est
peut-être
la
volonté
de
faciliter
leur
accès
depuis
la
rue,
mais
aussi
et
surtout
depuis
les
thermes
qui
lui
faisaient
face
:
les
latrines
sont
le
plus
souvent
observées
dans
la
dépendance
immédiate
des
établissements
thermaux61
pour
des
raisons
évidentes
d'hygiène.
À
Philippes,
les
latrines
occupent
par
rapport
à
la
palestre
et
aux
thermes
une
position
similaire
à
celle
que
l'on
observe
dans
les
thermes-gymnase
de
Vedius
à
Éphèse62.
Il
apparaît
donc
que
le
voisinage
immédiat
et
l'agencement
interne
de
la
palestre
renforcent
l'identification
de
l'édifice
d'IN
3
à
des
thermes.
6.
Analyse
des
résultats
de
h
zone
5
La
zone
5
comprend
les
carrés
de
prospection
68
à
79
et
couvre
une
surface
de
7
783
m2.
Les
anomalies
présentes
y
sont
moins
claires
dans
leur
orientation
que
partout
ailleurs
dans
la
zone
de
prospection.
Elles
respectent
néanmoins
largement
l'orientation
de
la
grille
Nord.
Les
résultats
de
la
zone
5
et
leur
interprétation
font
l'objet
de
la
fig.
42.
La
nature
des
anomalies
dans
cette
zone
5
diffère
quelque
peu
du
reste
du
site.
Il
s'agit
en
général
d'anomalies
linéaires
assez
larges
ou
de
zones
d'anomalies,
plutôt
que
d'anomalies
rectilignes
étroites,
comme
on
en
trouve
partout
dans
le
reste
de
la
prospection.
Pour
cette
raison,
les
segments
interprétatifs
tracés
sur
la
fig.
42
représentent
en
général
le
contour
de
ces
anomalies
plutôt
que
de
simples
lignes.
Alors
que
l'alignement
de
ces
anomalies
se
conforme
dans
la
majorité
des
cas
au
carroyage
antique
Nord,
le
tracé
de
la
rue
RN
7,
en
pointillé
blanc
sur
la
fig.
42,
est
purement
hypothétique,
car
rien
dans
les
résultats
n'indique
la
présence
d'une
rue
à
cet
endroit
ou
dans
les
environs
immédiats.
Il
apparaît
que
la
zone
5
a
été
considérablement
affectée
par
la
succession
de
différentes
phases
d'occupation
au
cours
de
l'histoire
du
site
:
en
témoigne
la
présence
d'un
rempart
médiéval
à
l'intérieur
de
l'enceinte
antique,
qui
constitue
la
limite
Sud
de
la
zone
5
et
la
sépare
de
la
zone
4.
Ce
rempart
n'a
jamais
été
étudié,
et
seuls
figurent
sur
le
plan
dessiné
par
H.
Ducoux
quelques
pans
de
cette
enceinte
réduite,
essentiellement
aux
endroits
où
elle
se
raccorde
au
rempart
antique,
au
Sud
et
au
Nord
de
la
Porte
du
Marais
(ils
sont
repris
sur
la
fig.
1,
sous
les
nos
20
et
22
respectivement),
autour
de
laquelle
elle
paraît
avoir
circonscrit
une
zone
59
II
faut
noter
que
la
palestre
n'avait
pas
d'accès
vers
l'Ouest.
61
GROS
1996,
p.
445.
À
l'Est,
deux
passages
de
part
et
d'autre
de
la
salle
à
gra-
62
F.
Yeglil,
op.
cit.
(supra,
n.
56),
p.
282-284,
fig.
359,
dins
donnaient
sur
la
rue
du
Marché.
Si
la
palestre
est
dotée
p.
284
;
Nielsen
1990,
I,
p.
108,
n.
95.
Bien
que
de
taille
de
bains,
il
n'y
a
donc
place
pour
eux
qu'au
Sud,
puisque
le
plus
modeste
(environ
6150
m2
contre
10600
m2),
l'en-
côté
Nord
est
occupé
par
le
forum.
semble
thermes-gymnase
de
Philippes
présente
plusieurs
60
P.
Lemerle,
loc.
cit.
(supra,
n.
51),
p.
95.
caractéristiques
communes
avec
celui
de
Vedius.
BCH125
(2001)
510
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
500
400
300
Flg.
42.
Interprétation
de
la
zone
5.
En
haut,
vue
des
résultats
après
interpolation
rectangulaire;
au
milieu,
résultats
avec
interprétation
surimposée
;
en
bas,
interprétation
de
la
zone
5.
Les
lignes
tendent
dans
cette
zone
à
indiquer
les
bordures
des
éléments
repérés,
plutôt
que
de
simples
anomalies
rectilignes.
#*
·
Λ.1«»
BCH12S
(2001)
Illustration non autorisée à la diffusion
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
Λ
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
511
Fig.
43.
Vue
de
la
zone
5
vers
le
Sud-Est:
pile
du
rempart
byzantin
(cliché
S.
Provost).
approximativement
triangulaire.
Cette
fortification
est
pourtant
encore
bien
visible
dans
le
paysage,
et
des
vestiges
en
subsistent
en
quelques
endroits
sur
plusieurs
mètres
d'élévation.
Son
appareil
grossier
de
petits
moellons
irréguliers
la
désigne
comme
une
construction
tardive,
probablement
mésobyzantine,
ce
que
confirme
l'examen
du
matériel
céramique
présent
en
surface
dans
l'espace
ainsi
fortifié
:
c'est
là
qu'on
a
repéré
les
plus
fortes
concentrations
de
céramique
byzantine
à
glaçure,
notamment
dans
les
carrés
de
prospection
68,
69
et
79.
Cette
occupation
médiévale
a
eu
pour
résultat
la
formation
d'un
palimpseste
confus
de
vestiges
sous
la
surface,
qui
ne
peut
être
facilement
décrypté
à
l'aide
des
résultats
actuels.
Il
pourrait
se
révéler
avantageux
d'effectuer
une
nouvelle
prospection
de
la
zone
en
diminuant
l'intervalle
entre
la
prise
des
mesures
:
certaines
questions
pourraient
ainsi
trouver
une
solution
grâce
à
l'augmentation
de
la
résolution
de
l'image
obtenue.
La
plus
forte
anomalie
dans
la
zone
5,
sur
sa
bordure
Sud,
dans
les
carrés
70
et
76,
résulte
de
la
présence
de
la
fortification
médiévale,
manifestée
à
cet
endroit
non
seulement
par
le
rempart
qui
se
devine
sous
la
haie
mais
également
par
un
pilier
isolé,
seul
vestige
de
ce
qui
était
probablement
une
tour
(on
la
distingue
sur
la
fig.
43).
Cette
anomalie
est
bien
repérée
et
mesure
environ
9
m
de
largeur.
Les
mesures
de
résistance
présentent
un
contraste
atteignant
350
Ω
dans
cette
zone.
Un
petit
redan,
visible
sur
une
photographie
aérienne
(fig.
5),
correspond
peut-être
aux
résultats
obtenus
en
bordure
de
la
zone
de
prospection.
L'ensemble
indique
donc
soit
un
BCH125
(2001)
512
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
redan
du
rempart
intérieur
pourvu
d'une
tour,
soit
même
une
poterne,
si
l'on
interprète
plus
largement
la
structure
quadrangulaire
visible
sur
la
photographie
aérienne,
à
laquelle
appartient
le
pilier.
Immédiatement
au
Nord-Est,
une
série
de
petites
anomalies
rectilignes
paraît
représenter
très
vraisemblablement
un
ou
des
édifices
bâtis
contre
le
rempart.
Des
anomalies
de
grande
échelle
dominent
les
résultats
de
la
prospection
sur
le
côté
Est
de
la
zone
5.
Elles
paraissent
inclure
une
structure
de
forme
deltoïde
ou
peut-être
pentagonale
(les
dimensions
maximales
en
sont
de
1
5
χ
1
5
m)
délimitées
par
des
murs
bien
repérés
qui
mesurent
jusqu'à
5
m
d'épaisseur
(carré
de
prospection
79).
Cette
structure
est
située
au
Sud-Est
de
la
zone
de
prospection
et
percée
de
deux
ouvertures,
à
l'Ouest
et
au
Nord-Est.
Elle
se
trouve
en
bordure
Sud-Ouest
d'une
anomalie
qui
traverse
la
zone
de
prospection
du
Sud-Est
au
Nord-
Ouest,
et
qui
pourrait
être
interprétée
comme
une
rue.
Bien
que
la
base
de
cette
structure
pentagonale
corresponde
exactement
à
l'orientation
des
rues
Est-Ouest
de
la
grille
Nord,
son
caractère
massif,
son
plan
inhabituel
et
son
emplacement
même
en
font
vraisemblablement
un
élément
de
la
forteresse
byzantine.
Un
décrochement
dans
le
rempart
interne
à
la
hauteur
de
cette
construction
et
la
disparition,
semble-t-il,
de
la
double
courtine
dont
le
tracé
était
aisément
suivi
depuis
le
rempart
extérieur,
pourraient
indiquer
un
dispositif
fortifié
complexe
occupant
le
sommet
du
triangle
que
forme
le
réduit
byzantin.
La
construction
pentagonale
percée
de
ses
deux
ouvertures
pourrait
être
un
accès
fortifié
à
cet
espace.
L'élargissement
de
la
zone
de
prospection
vers
le
Nord-Est
dans
une
prochaine
campagne
devrait
permettre
de
préciser
cette
hypothèse.
À
l'Ouest
de
la
construction
pentagonale,
et
au
Sud-Est
de
la
«
rue
»,
une
grande
zone
(au
plus
30
χ
30
m)
de
perturbations
de
haute
résistance
s'interprète
très
difficilement,
bien
que
certaines
limites
linéaires
puissent
être
discernées.
Dans
l'angle
Nord-Est
de
la
zone
de
prospection,
une
anomalie
rectangulaire
bien
définie
mesure
environ
25
χ
1
5
m.
Au
centre
de
la
zone
5,
de
nombreuses
interfaces
potentielles
ont
été
tracées
sur
la
fig.
42.
Néanmoins,
peu
d'entre
elles
semblent
cohérentes,
et
aucune
interprétation
ne
paraît
possible.
Le
secteur
Ouest
de
la
zone
5
contient
deux
éléments
clairs.
À
l'extrémité
Ouest,
des
anomalies
sont
présentes
dans
la
zone
correspondant
au
mur
d'enceinte
antique
(carré
75).
Elles
incluent
une
structure
mesurant
10
χ
5
m,
projetée
à
angle
droit
en
arrière
de
la
courtine,
et
une
autre
structure
similaire,
mais
moins
visible,
plus
au
Nord.
Il
est
possible
que
ces
constructions
représentent
une
tour
intérieure
du
rempart,
ou
une
poterne
:
aucune
rue
y
aboutissant
n'est
toutefois
visible
dans
le
voisinage.
Immédiatement
à
l'Ouest
de
cette
structure,
une
grande
zone
de
résistance
moindre,
dont
les
plus
grandes
dimensions
sont
de
40
χ
15
m,
ne
comprend
aucune
anomalie
bien
repérable
et
semble
être
dépourvue
de
vestiges
architecturaux
(carré
74).
BCH12S
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
513
7.
La
double
grille
urbaine
de
Philippes
L'existence
de
deux
orientations
du
tissu
urbain
à
Philippes
est
une
hypothèse
qui
est
apparue
dès
la
découverte
de
l'Édifice
avec
bain,
alors
baptisé
«
Thermes
Sud
»,
par
M.
Feyel
en
1934
:
la
différence
d'orientation
du
quartier
Sud
de
la
ville
auquel
il
devait
appartenir
était
mise
sur
le
compte
de
la
nécessité
d'insérer
le
carroyage
romain
dans
l'enceinte
macédonienne
de
forme
irrégulière63.
Les
«
Thermes
Sud
»
sont
restés
longtemps
le
seul
édifice
connu
de
la
grille
Sud,
et
la
seule
preuve
de
son
existence,
avec
un
grand
ensemble
de
constructions,
reprenant
la
même
orientation,
repéré
sur
une
photographie
aérienne
au
Sud-Est
de
la
Basilique
Β
:
comme
pour
le
bâtiment
rectangulaire
de
l'îlot
IN
3,
H.
Ducoux
en
avait
esquissé
les
contours
sur
son
plan
de
1937,
sans
qu'il
en
soit
publié
par
ailleurs
le
moindre
commentaire64.
La
confirmation
archéologique
de
l'existence
d'une
deuxième
grille
occupant
toute
la
partie
inférieure
de
la
ville
basse
est
venue
de
l'exploration
de
la
Rue
diagonale,
au
fur
et
à
mesure
que
progressaient
les
fouilles
grecques
à
l'Est
du
forum.
Elle
a
été
mise
au
jour,
partiellement
ou
complètement,
sur
une
centaine
de
mètres
de
son
tracé,
entre
son
intersection
avec
la
«
Via
Egnatia
»
(qui
n'est
toutefois
pas
fouillée)
et
la
place
triangulaire
qui
marque
le
carrefour
avec
la
rue
du
Commerce65.
On
admet
que
cette
rue
se
poursuivait
parallèlement
à
la
courtine
Sud-
Est
jusqu'au
rempart
occidental
et
qu'elle
se
confond
avec
la
rue
en
façade
de
l'Édifice
avec
bain.
Les
caractéristiques
du
carroyage
urbain
Nord,
dont
l'orientation
suit
celle
de
la
rue
principale
dite
«
Via
Egnatia
»
sont
désormais
assez
bien
connues
:
il
reprendrait
le
système
d'îlots
du
plan
originel
macédonien66.
Faute
de
disposer
du
plan
d'îlots
entiers,
comme
c'est
le
cas
pour
la
grille
Nord
à
l'Est
du
forum,
la
restitution
de
la
grille
Sud
ne
peut
encore
s'appuyer
que
sur
l'Édifice
avec
bain
et
sur
la
façade
des
deux
îlots
qui
ont
commencé
d'être
fouillés
à
l'extrémité
Est
de
la
Rue
diagonale67.
Il
n'a
pas
encore
été
possible
d'en
préciser
la
largeur,
car
une
seule
rue
traversière
a
été
retrouvée,
à
l'Est
de
laquelle
un
des
îlots
se
développait
au
moins
sur
40
m
de
longueur,
en
façade
de
la
Rue
diagonale.
Cette
observation
et
l'hypothèse
raisonnable
selon
laquelle
l'Édifice
avec
bain
constituerait
la
moitié
Nord
d'un
îlot
type
de
la
grille
Sud
conduisaient
à
restituer
un
module
différent68
:
de
même
longueur
que
les
îlots
de
la
grille
Nord
(soit
environ
80
m)
—
hypothèse
qui
repose
uniquement
sur
la
distance
séparant
la
Rue
diagonale
de
la
courtine
Sud-Est
de
l'enceinte69
—
,
il
aurait
63
P.
Lemerle,
«
Chronique
des
fouilles
et
découvertes
archéo-
βυζαντινής
Αρχαιολογίας
και
Τέχνης
(1997),
p.
19-20.
Les
logiques
»,
BCH
59
(1937),
p.
287.
Cette
hypothèse
est
reprise
mêmes
auteurs
sont
plus
prudents
dans
le
rapport
des
fouilles
par
P.
Collart,
qui
y
ajoute
les
contraintes
de
la
configuration
de
l'Université
de
Thessalonique,
où
ils
se
bornent
à
consta-
du
terrain
:
COLLART
1937,
p.
365,
n.
5
ter
que
tous
les
îlots
fouillés
jusqu'à
présent
ont
entre
27
et
64
Poulter
et
Strange
1998,
p.
453,
n.
3.
Contrairement
au
30
m
de
largeur,
mais
que
fait
exception
l'îlot
de
la
grille
Sud
monument
d'IN
3,
cet
ensemble
est
rarement
repris
sur
les
situé
en
vis-à-vis
des
îlots
4
et
5
à
l'Est
du
forum,
dont
la
lar-
plans
de
Philippes
:
il
ne
figure
pas,
par
exemple,
sur
le
plan
geur
excède
40
m
:
Gounaris
et
Vélénis
1996,
p.
731.
de
P.
Weber
illustrant
L'Espace
Grec
(SÈVE
1996,
p.
88).
69
L'hypothèse
est
en
partie
seulement
vérifiée
par
la
pros-
65
Gounaris
et
Vélénis
1996,
p.
730
et
fig.
4,
p.
723.
pection
conduite
par
A.
Poulter,
qui
a
constaté
la
continua-
66
Sève
2000,
p.
192-193.
tion
du
terrain
bâti
jusqu'au
rempart
(Poulter
et
Strange
67
Gounaris
et
Vélénis
1996,
p.
730-731.
1998,
p.
461).
La
zone
couverte
(zone
C,
fig.
2,
p.
456)
était
68
G.
Gounaris,
G.
Vélénis,
«
Φίλιπποι
από
τη
Ρωμαϊκή
στη
trop
peu
importante
pour
permettre
d'identifier
la
limite
Sud
Χριστιανική
πόλη
»,
in
17ο
Συμπόσιο
Βυζαντινής
και
Μετά-
de
la
première
rangée
d'îlots.
BCH
125
(2001)
514
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
une
largeur
double,
avec
environ
54
m.
Le
plan
dessiné
par
P.
Weber
publié
dans
L'Espace
grec
illustre
une
hypothèse
de
travail
comparable70,
en
insistant
sur
la
relation
existant
entre
le
rempart
Sud-Est
et
la
grille
Sud
orientée
selon
un
axe
directeur
parallèle
(la
Rue
diagonale)71.
La
prospection
apporte
des
preuves
directes
de
l'existence
des
deux
systèmes
de
carroyage
urbain,
bien
que
d'une
manière
générale
les
indices
de
localisation
pour
les
axes
Est-Ouest
du
système
soient
moins
clairs
que
pour
leurs
correspondants
Nord-Sud.
7.1.
La
grille
Sud
La
grille
apparaît
dans
les
zones
1,
2
et
3.
Dans
la
zone
2,
les
deux
rues
d'orientation
Nord-
Sud
les
mieux
visibles
mesurent
chacune
environ
78
m
de
long
(RS
4
et
RS
5,
fig.
4).
La
distance
entre
ces
rues,
qui
est
aussi
la
largeur
de
Yinsula
IS
4,
est
d'environ
29
m.
C'est
également
la
largeur
de
l'îlot
IS
5,
à
l'Est
duquel
on
repère
les
indices
de
l'existence
d'une
troisième
rue,
RS
6
:
les
raisons
en
sont
examinées
supra
dans
la
description
détaillée
de
la
zone
2.
La
longueur
estimée
de
RS
6
serait
également
de
78
m,
bien
que
son
extrémité
Nord
se
trouve
en
dehors
de
la
zone
de
prospection.
L'orientation
de
toutes
ces
rues
est
approximativement
de
20°
Ouest.
RS
3
se
trouve
à
l'Ouest
de
RS
4
dans
la
zone
1
,
et
la
distance
entre
les
deux
rues
est
d'environ
27
m.
Le
tracé
en
grande
partie
hypothétique
de
RS
2
donne
à
IS
2
une
largeur
de
29
m,
bien
que
les
quelques
indications
disponibles
dans
les
données
puissent
également
suggérer
une
largeur
de
30
ou
31
m
(cf.
la
discussion
de
la
zone
1,
supra).
Mais
un
tronçon
de
cette
ruelle
a
bien
été
identifié,
près
de
son
intersection
théorique
avec
la
Rue
diagonale,
dans
un
sondage
de
la
première
fouille
de
l'Édifice
avec
bain72,
à
hauteur
de
la
grande
salle
à
abside
:
la
rue,
qui
longe
le
bâtiment
sur
son
côté
Est,
y
avait
une
largeur
de
5
m,
ce
qui
correspond
effectivement
à
ce
que
les
anomalies
enregistrées
permettent
de
restituer
plus
au
Sud.
Les
éléments
repérés
de
la
grille
Sud
dans
cette
zone
soutiennent
donc
largement
un
système
d'îlots
d'une
largeur
variant
entre
27
et
29
m,
séparés
par
des
rues
de
3,5
à
5,5
m
de
large.
7.2.
L'îlot
IS
1
et
l'Édifice
avec
bain
La
zone
correspondant
à
IS
1
diffère
toutefois
de
ce
schéma
:
il
n'existe
pas
là
d'indice
en
faveur
de
la
localisation
d'une
ruelle
Nord-Sud
qui
serait
située
à
une
distance
de
27-29
m
à
l'Ouest
de
RS
2.
Néanmoins,
la
division
centrale
de
la
structure
rectangulaire
qui
apparaît
dans
70
Sève
1996,
p.
88.
Le
même
plan
est
repris
dans
SÈVE
relevés
de
J.
Roger
(Roger
1938)
et
de
l'adoption
d'un
module
2000,
fig.
2,
p.
200.
P.
Weber
étend
aussi
l'application
du
légèrement
irrégulier
pour
les
îlots,
les
tours
n'étant
pas
espa-
module
qu'il
déduit
de
l'Édifice
avec
bain
à
la
partie
Ouest
cées
avec
une
régularité
parfaite.
de
la
grille
Nord.
72
Feyel
1936,
p.
21.
Le
sondage
a
été
en
grande
partie
71
Dans
sa
restitution
de
la
grille
Sud,
P/
Weber
lie
systé-
remblayé
depuis
et
la
rue
n'est
plus
visible
aujourd'hui.
Il
matiquement
les
rues
secondaires
Nord-Sud
aux
tours
du
figure
néanmoins
sur
le
relevé
de
l'édifice
effectué
par
rempart,
au
prix
de
la
restitution
de
deux
tours
supplémen-
C.
Weber
en
1978-1979
:
Aupert
1980,
fig.
1,
p.
700.
taires
dans
la
partie
Sud-Ouest
de
la
courtine
par
rapport
aux
BCH
125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
515
la
prospection
se
trouve
à
28
m
à
l'Ouest
du
tracé
le
plus
probable
de
RS
1
.
Elle
correspond
en
outre
à
un
élément
des
fouilles
au
Nord
:
les
sondages
menés
en
1979
par
P.
Aupert
ont
permis
de
dégager
la
fondation
d'un
mur
Nord-Sud,
large
d'environ
1,10
m,
qui
traverse
de
part
en
part
l'Édifice
avec
bain.
Ce
mur
divise
l'ensemble
en
deux
moitiés
d'égale
largeur
(environ
26,50
m)
:
il
appartient
probablement
au
bâtiment
qui
a
précédé
l'Édifice
avec
bain,
dont
M.
Feyel
avait
découvert
une
rangée
de
petites
pièces
en
façade,
sous
la
partie
balnéaire
proprement
dite73.
Il
semble
donc
possible
qu'avant
la
construction
de
l'Édifice
avec
bain,
probablement
à
la
fin
du
IIe
siècle
ap.
J.-C,
l'espace
qu'il
occupe
ait
constitué
deux
îlots
distincts
dont
le
module
serait
proche
de
celui
des
îlots
reconnus
plus
à
l'Est.
Mais
il
est
plus
vraisemblable
que
dès
l'origine
de
la
grille,
fut
réservé
l'espace
correspondant
à
deux
îlots
normaux
pour
la
construction
d'un
bâtiment
important,
comme
c'est
le
cas
dans
la
grille
Nord
pour
la
palestre,
par
exemple.
La
limite
Ouest
de
IS
1
n'a
pas
été
localisée
avec
certitude,
ce
qui
implique
que
la
position
exacte
de
cet
îlot
est
inconnue.
Les
anomalies
relevées
rendent
possibles
trois
tracés
différents
pour
RS
1
qui
ont
été
tous
trois
portés
sur
le
plan
(fig.
4)
:
le
plus
oriental
des
trois
tracés
possibles
apparaît
aussi
le
plus
nettement
dans
les
résultats,
principalement
du
fait
des
limites
de
la
zone
de
prospection.
Les
deux
autres
tracés
sont
en
effet
situés
au
moins
partiellement
en
dehors
de
la
zone
couverte.
La
présence
de
plusieurs
anomalies
transversales
bien
marquées
rend
peu
probable
qu'il
s'agisse
d'une
rue,
mais
elles
pourraient
désigner
la
bordure
de
l'îlot.
La
rue
correspondrait
alors
au
second
des
trois
tracés
hypothétiques.
Cette
dernière
solution
se
heurte
à
son
tour
à
une
difficulté
majeure
avec
les
nombreux
départs
de
murs
perpendiculaires
au
mur
extérieur
Ouest
de
l'Édifice
avec
bain,
mis
au
jour
par
la
fouille
de
M.
Feyel74.
Il
faut
supposer
que
ces
murets
ne
se
prolongent
pas
sur
plus
de
quelques
mètres
pour
ne
pas
condamner
également
le
troisième
et
dernier
tracé,
celui
qui
est
situé
le
plus
à
l'Ouest.
Il
y
aurait
alors
entre
l'Édifice
avec
bain
et
la
rue
une
rangée
de
petites
pièces
grossièrement
carrées.
Aucun
indice
dans
la
prospection
ne
vient
malheureusement
donner
plus
de
poids
à
cette
proposition,
en
grande
partie
parce
que
le
tracé
supposé
est
presque
aux
deux
tiers
en
dehors
de
la
zone
étudiée.
Par
ailleurs,
aucun
de
ces
trois
tracés
hypothétiques
n'est
exactement
aligné
avec
les
anomalies
de
la
zone
3.
7.3.
Les
axes
Est-Ouest
:
la
Rue
diagonale
L'extrémité
bien
discernable
dés
rues
Nord-Sud
de
la
grille
Sud
est
le
meilleur
élément
de
la
prospection
qui
permette
de
localiser
les
axes
Est-Ouest,
puisque
ces
rues
ne
sont
pas
clairement
indiquées
par
les
résultats
eux-mêmes.
La
rue
Est-Ouest
septentrionale,
qui
doit
en
partie
73
COLLART
1937,
p.
367-368;
FEYEL
1936,
p.
111-117.
74
Ces
murs
encore
visibles
aujourd'hui
figurent
sur
le
plan
publié
par
P.
Collart,
mais
pas
sur
celui
de
P.
Aupert:
COL-
LART
1937,
pi.
LIV;
AUPERT
1979,
fig.
1,
p.
700.
BCH
125
(2001)
516
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
constituer
l'interface
avec
la
grille
Nord,
est
ainsi
située
sur
le
plan
(RD
Nord,
fig.
4)
de
façon
largement
hypothétique
:
le
seul
élément
assuré
en
faveur
de
ce
tracé
est
une
anomalie
linéaire
dans
l'angle
Nord-Ouest
de
la
zone
2,
indiqué
en
trait
continu
sur
la
fig.
4,
qui
forme
un
angle
droit
avec
le
côté
Ouest
de
l'îlot
IS
4
(carrés
82-83).
Les
deux
côtés
de
la
rue
apparaissent
dans
la
zone
3,
bien
que
le
côté
Sud
ne
soit
visible
que
sur
25
m
de
long.
Quant
au
côté
Nord,
il
se
poursuit
au-delà
de
cette
distance,
mais
son
tracé
connaît
une
inflexion
d'environ
7°
vers
le
Nord
sur
35
m
de
long,
avant
de
s'infléchir
à
nouveau,
cette
fois
de
2°
vers
le
Sud,
sur
une
distance
de
20
m.
La
largeur
de
la
Rue
diagonale
Nord,
ainsi
reconstituée,
est
de
8
m,
ce
qui
concorde
avec
les
données
de
la
fouille
à
son
extrémité
orientale
(fig.
27)
:
la
rue
y
a
été
dégagée
sur
plus
de
100
m
en
bordure
Sud
des
îlots
4
et
5
à
l'Est
an
forum.
Le
rétrécissement
de
la
Rue
diagonale
devant
l'Édifice
avec
bain
est
dû
à
l'empiétement
de
ce
bâtiment
sur
la
rue
et
sous-tend
un
changement
d'importance
de
cette
rue
dans
la
partie
Ouest
de
la
ville
où
elle
ne
peut
plus
servir
d'axe
routier
principal,
contrairement
à
ce
qui
était
observé
à
son
extrémité
Est75.
La
rue
Sud
d'orientation
Est-Ouest,
que
l'on
a
nommée
Rue
diagonale
Sud
(fig.
4
:
RD
Sud),
est
placée
dans
la
zone
2
et
en
partie
dans
la
zone
1
sur
la
base
des
extrémités
Sud
des
rues
Nord-Sud.
Aucune
localisation
précise
de
cette
rue
n'est
entièrement
compatible
avec
les
anomalies
visibles.
Au
moins
une
partie
des
petites
anomalies
linéaires
dans
l'angle
Sud-Est
de
la
zone
2
doit
empiéter
sur
cette
rue,
et
sont
par
conséquent
d'une
datation
postérieure76.
La
localisation
suggérée
pour
la
Rue
diagonale
Sud
donne
à
une
insula
une
longueur
de
78
m,
qui
est
comparable
au
module
observé
dans
la
grille
Nord,
notamment
pour
les
îlots
3
et
4
à
l'Est
An
forum.
La
distance
de
cette
rue
au
mur
d'enceinte
serait
également
de
78
m,
ce
qui
donnerait
ainsi
deux
rangées
d'îlots
de
même
module
dans
la
grille
Sud.
Cet
emplacement
théorique
demeure
toutefois
problématique
à
plus
d'un
titre,
notamment
à
son
extrémité
occidentale,
où
elle
semble
buter
sur
le
grand
édifice
rectangulaire
de
la
zone
1
.
La
possibilité
que
cette
construction
rectangulaire
soit
en
réalité
constituée
de
deux
édifices
distincts
bordant
la
rue
qui
se
prolongerait
dans
cette
zone
a
été
considérée.
Mais
en
fait
ce
bâtiment
représente
une
anomalie
clairement
délimitée
qui
paraît
être
mieux
interprétée
comme
une
construction
d'un
seul
tenant.
L'absence
relative
de
structures
au
Sud
de
cet
édifice
peut
suggérer
que
la
Rue
diagonale
Sud
se
terminait
effectivement
à
son
croisement
avec
la
rue
RS
2.
La
question
reste
toutefois
ouverte.
D'autres
anomalies
dans
la
zone
3
sont
en
relation
avec
la
grille
Sud.
La
longue
structure
linéaire
au
Nord
(fig.
4,
A)
est
orientée
approximativement
de
2°
vers
le
Nord
par
rapport
à
l'orientation
normale
de
la
grille
Sud.
L'anomalie
linéaire
plus
courte
Β
rencontre
cette
première
75
Les
dalles
de
pavement
de
la
Rue
diagonale
sont
creusées
d'ornières
qui
attestent
de
l'importance
du
trafic:
GOUNARIS
et
VÉLÉNIS
1996,
p.
730.
76
Voir
supra,
l'étude
de
la
zone
2.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
517
ligne
à
angle
droit.
Une
troisième
anomalie,
C,
suivant
une
orientation
identique,
est
située
immédiatement
contre
le
mur
d'enceinte.
Ces
anomalies,
en
général
de
faible
intensité
—
à
l'exception
de
B,
qui
est
de
surcroît
associée
à
des
structures
adjacentes
indiquant
quelque
construction
—
,
semblent
représenter
des
voies
tracées
sur
l'orientation
de
la
grille
Sud.
Elles
ne
mesurent
que
2,5
m
de
largeur
et
sont
donc
plus
étroites
que
les
autres
rues
repérées
dans
la
prospection.
La
raison
en
est
peut-être
l'absence
apparente
d'occupation
constatée
sur
la
plus
grande
partie
de
cette
zone
(voir
l'interprétation
de
la
zone
3,
supra).
Mais
cette
exiguïté
pourrait
aussi
être
expliquée
s'il
s'agissait
de
murs
bordant
des
voies,
plutôt
que
de
rues
proprement
dites.
7.4.
La
grille
Nord
Seule
une
petite
partie
de
la
grille
Nord
se
trouve
dans
la
zone
de
prospection.
Six
rues
et
autant
d'insulae
ont
néanmoins
été
restituées
sur
la
fig.
4.
La
largeur
normale
d'une
insula
est
de
27
m,
bien
que
l'îlot
IN
5
ne
mesure
en
apparence
que
25
m
de
largeur,
et
que
celles
d'IN
1
et
IN
6
soient
indéterminées.
La
localisation
de
RN
7
est
presque
entièrement
hypothétique,
et
fondée
sur
la
distance
de
58
m
qui
la
sépare
théoriquement
de
RN
5
(soit
la
largeur
de
deux
insuhe
et
d'une
rue
traversière,
RN
6,
elle
aussi
absente
des
résultats,
mais
qui
se
retrouve
peut-
être
au
Nord)
:
les
résultats
de
la
zone
5
η
offrent
que
peu
d'informations
sur
le
carroyage
urbain,
bien
que
la
plupart
des
structures
visibles
se
conforment
à
l'orientation
de
la
grille
Nord.
Il
est
probable
que
l'occupation
byzantine
contribue
à
masquer
les
vestiges
de
la
ville
romaine
et
explique
ainsi
cette
difficulté.
L'orientation
de
la
grille
Nord
est
d'environ
20°
Est,
et
40°
à
l'Est
de
l'orientation
de
la
grille
Sud.
Les
rues
les
mieux
repérées
sont
RN
2,
RN
4
et
RN
5.
Les
informations
disponibles
suggèrent
une
largeur
de
5
m
pour
ces
rues
:
leur
largeur
serait
alors
supérieure
d'
1
m
à
celle
des
rues
traversières77
fouillées
à
l'Est
et
au
Sud
du
forum,
mais
égale
à
celle
observée
dans
la
grille
Sud,
dans
la
prospection
comme
dans
le
cas
de
l'unique
rue
fouillée
dans
cette
zone78.
Au
croisement
avec
la
Rue
diagonale
Nord,
RN
2
semble
longer
une
zone
approximativement
triangulaire
de
résistance
plus
faible
(à
l'angle
Nord-Est
du
carré
83)
:
il
peut
s'agir
d'un
espace
non
bâti,
autrement
dit
une
petite
place
triangulaire,
situé
à
la
rencontre
de
l'îlot
avec
le
carroyage
Sud
matérialisé
par
la
Rue
diagonale.
Un
résultat
similaire
est
repérable
en
IN
3
(avec
RN
3,
dans
le
carré
51),
également
en
IN
1
(avec
RN
1,
dans
le
carré
84),
où
l'on
trouve
également
un
espace
triangulaire
clairement
marqué
entre
l'extrémité
de
l'îlot
et
de
la
rue,
bien
que
les
valeurs
de
résistance
mesurées
y
soient
plus
élevées
que
dans
les
deux
premiers
cas.
77
Sève
1989,
p.
512.
de
la
rue
qui
sépare
les
deux
îlots
dont
l'exploration
a
conv
78
G.
Gounaris,
G.
VÉLÉNIS,
«
Πανεπιστημιακή
ανασκαφή
mencé
au
Sud
de
la
Rue
diagonale
(fig.
27).
Φιλίππων
1993
»,
ΑΕΜΘ
7
(1993)
[1997],
p.
537.
Il
s'agit
BCH125
(2001)
518
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Ces
espaces
non
bâtis
sont
la
manifestation
de
l'articulation
entre
les
deux
grilles
qui
constitue
un
problème
de
planification
urbaine
intéressant
:
elle
imposa
en
effet
l'aménagement
d'îlots
triangulaires
à
l'intersection
de
la
Rue
diagonale
et
des
différents
axes
principaux
de
la
grille
Nord,
la
«
Via
Egnatia
»,
la
rue
du
Commerce,
la
rue
de
la
Palestre,
et
la
quatrième
rue
qui
existait
probablement
au
Sud
de
la
rangée
d'îlots
IN
1-6.
La
disposition
de
XinsuL·
5
à
l'Est
du
forum
devait
par
conséquent
se
répéter
au
moins
à
trois
reprises.
À
l'intersection
de
la
rue
du
Commerce
et
de
la
Rue
diagonale
se
trouvait
une
place
triangulaire79
d'environ
100
m2
(fig.
27
et
28),
dont
la
prospection
montre
donc
qu
elle
avait
bien
des
équivalents
en
IN
1
et
IN
3.
7.5.
L'extension
relative
des
deux
grilles
Contrairement
à
l'hypothèse
la
plus
répandue,
la
Rue
diagonale
ne
constitue
pas
la
seule
interface
entre
les
deux
carroyages
de
la
ville
romaine
:
on
a
vu
que
l'orientation
de
la
grille
Sud
était
à
peu
près
respectée
dans
la
zone
3,
immédiatement
au
Nord
de
l'extrémité
Ouest
de
cette
rue.
Il
en
découle
que
les
îlots
IN
1
à
6,
au
Sud
de
l'ensemble
palestre-marché,
doivent
être
considérés
comme
la
dernière
rangée
de
la
grille
Nord.
L'articulation
entre
les
deux
orientations
se
fait
quelque
part
au
Nord
de
l'Édifice
avec
bain,
en
grande
partie
dans
la
zone
qui
n'a
pu
être
étudiée
en
raison
des
obstacles
présents
en
surface.
Mais
la
probabilité
est
grande
que
la
rue
qui
devait
longer
les
îlots
IN
1-6
au
Sud-Ouest
tenait
ce
rôle
primordial
d'interface
à
la
suite
de
la
Rue
diagonale
:
son
tracé
théorique
aboutit
en
effet
à
la
Porte
du
Marais,
bien
qu'il
ne
soit
pas
repéré
dans
la
prospection,
en
grande
partie
à
cause
du
réduit
byzantin.
Cette
hypothèse
contribuerait
à
expliquer
l'emplacement
de
cette
porte,
dont
le
plan
particulier80,
aménagé
dans
une
saillie
du
rempart,
aurait
notamment
pour
objectif
de
la
placer
dans
l'axe
de
cette
rue.
Elle
rendrait
également
compte
de
l'absence
apparente
de
porte
dans
le
rempart
à
l'extrémité
de
la
Rue
diagonale,
fait
surprenant
pour
la
deuxième
rue
la
plus
importante
de
la
ville81
:
à
hauteur
des
îlots
IS
2
et
IN
3,
pour
quelqu'un
venant
de
l'Est,
l'itinéraire
principal
dans
cette
partie
de
la
ville
était
probablement
dévié
vers
le
Nord-Ouest
et
la
Porte
du
Marais82.
Le
rétrécissement
notable
de
la
Rue
diagonale
à
hauteur
de
l'Édifice
avec
bain,
où
dès
la
fin
du
IIe
siècle
la
construction
du
porche
monumental
réduit
sa
largeur
à
moins
de
5
m,
contre
8
à
9
m
plus
à
l'Est,
est
peut-être
rendu
possible
précisément
parce
que
la
rue
cesse
à
cet
endroit
d'être
un
axe
majeur
de
circulation83.
La
faiblesse,
voire
l'absence
du
bâti
dans
la
zone
3
constitue
un
autre
argument
en
faveur
de
cette
thèse.
79
Sève
1989,
p.
504.
82
On
peut
même
supposer
que
c'est
la
présence
du
marais
80
Roger
1938,
p.
35-36,
pi.
XI.
Les
impératifs
de
défense
qui
obligea
les
architectes
de
la
ville
à
déplacer
la
deuxième
constituent
l'explication
la
plus
immédiate
de
ce
plan,
mais
porte
du
rempart
occidental
vers
le
Nord.
elle
n'en
exclut
pas
d'autres,
relevant
de
la
planification
83
La
chronologie
est
importante:
elle
distingue
cet
empié-
urbaine.
tement
des
phénomènes
analogues,
mais
postérieurs
de
deux
81
Voir
supra,
l'étude
de
la
zone
3
:
d'après
les
résultats
de
siècles,
qui
affectent
l'ensemble
des
rues
à
Philippes
à
parla
prospection,
il
n'est
même
pas
certain
que
la
Rue
diago-
tir
de
la
fin
du
IVe
siècle:
SÈVE
1989,
p.
520-521.
nale
se
poursuivait
jusqu'au
rempart.
BCH125
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHIUPPES,
LES
QUARTIERS
SUDOUEST
519
7.6.
Un
troisième
carroyage
urbain
à
Philippes?
Les
indices
en
faveur
d'alternatives
aux
carroyages
des
grilles
Nord
et
Sud
sont
clairsemés,
mais
dans
la
zone
2
existent
des
traces
d'une
orientation
différente,
antérieure
ou
postérieure
à
ces
deux
systèmes
désormais
bien
identifiés.
Une
«
rue
»,
d'une
largeur
approximative
de
5,5
m,
peut
être
suivie
sur
une
longueur
de
88
m,
depuis
le
carré
84
jusqu'au
carré
89,
à
travers
les
îlots
IS
3
à
5.
Aucune
autre
rue
n'est
identifiable
avec
cette
orientation,
mais
des
anomalies
recti-
lignes
en
IS
5
et
IS
6
possèdent
le
même
alignement
que
cette
rue.
La
plus
significative
d'entre
elles
se
trouve
en
IS
5
(carrés
87
et
90)
:
elle
est
représentée
sur
la
fig.
4
comme
une
ligne
poin-
tillée
se
poursuivant
jusque
dans
IS
4
(carré
88),
bien
que
sa
présence
y
soit
moins
assurée.
Si
cette
ligne
représentait
une
nouvelle
rue,
la
largeur
de
l'îlot
qu'elle
définirait
avec
la
première
rue
serait
d'environ
24
m.
Des
anomalies
dans
le
bloc
IS
6
se
conforment
presque
à
l'orientation
de
cet
hypothétique
carroyage,
soit
approximativement
28°
Est.
Cette
orientation
est
donc
très
proche
de
celle
de
la
grille
Nord,
mais
ne
peut
être
confondue
avec
elle.
Cet
hypothétique
troisième
carroyage
pose
un
problème
qu'il
est
impossible
de
résoudre
dans
l'état
actuel
des
informations
disponibles.
Il
n'a
en
effet
été
repéré
que
dans
une
partie
de
la
zone
correspondant
au
carroyage
Sud,
et
son
orientation
différente
du
carroyage
Nord
exclut
pratiquement
qu'il
en
soit
le
prolongement
chronologiquement
antérieur
ou
postérieur
à
la
grille
principale.
Pour
autant,
seule
l'hypothèse
qu'il
s'agit
d'une
grille
plus
ancienne
que
le
carroyage
Sud
paraît
envisageable,
car
aucun
élément
respectant
cette
nouvelle
orientation
n'a
été
découvert
dans
les
zones
fouillées
jusqu'à
présent,
l'Édifice
avec
bain
et
les
îlots
à
l'extrémité
Est
de
la
Rue
diagonale.
Or
la
différence
radicale
entre
les
deux
orientations
implique
un
bouleversement
complet
du
tissu
urbain,
qui
aurait
laissé
des
traces
archéologiques
dans
les
zones
concernées
s'il
était
postérieur
à
la
phase
d'occupation
romaine
principale.
La
fondation
de
la
colonie
romaine
est
donc
la
seule
opération
urbaine
dans
l'histoire
de
la
ville
antique
qui
aurait
pu
connaître
une
telle
ampleur.
Même
si
aucun
édifice
antérieur
au
IIe
siècle
ap.
J.-C.
n'a
été
reconnu
au
Sud
de
la
Rue
diagonale,
ces
nouveaux
éléments
sont
encore
bien
insuffisants
pour
faire
de
la
grille
Sud
une
adjonction
datant
de
la
déduction
coloniale,
et
encore
moins
une
réorganisation
complète
des
quartiers
hellénistiques
préexistants
selon
de
nouveaux
axes
directeurs.
L'extension
de
la
zone
de
prospection
vers
le
Sud-Est
lors
d'une
prochaine
campagne
apportera
peut-être
de
nouveaux
éléments
sur
cette
question.
BCH
125
(2001)
520
MICHAEL
BOYD
ET
SAMUEL
PROVOST
Conclusion
:
l'apport
de
h
prospection
géophysique
en
archéohgie
urbaine
Les
résultats
de
cette
première
campagne
touchent
les
différentes
échelles
d'une
étude
urbaine,
de
monuments
particuliers
au
plan
général
de
la
ville,
en
passant
par
l'organisation
interne
des
îlots.
Le
point
le
plus
important
concerne
sans
doute
la
trame
urbaine
:
malgré
quelques
difficultés
d'interprétation,
qui
bénéficieront
probablement
de
l'apport
d'une
campagne
supplémentaire,
les
caractéristiques
principales
des
deux
carroyages
urbains
et
leur
articulation
sont
confirmées
et
précisées.
Il
est
à
présent
possible
d'affirmer
que
malgré
ses
deux
orientations
et
le
dédoublement
de
la
grille
urbaine
qui
en
résulte,
le
carroyage
de
Philippes
était
construit
originellement
à
partir
d'un
seul
module
d'îlot
mesurant
environ
27
m
sur
80
m.
Les
espaces
plus
vastes
réservés
dans
la
trame
urbaine
aux
ensembles
monumentaux
les
plus
importants
représentaient
presque
certainement
un
multiple
de
cette
unité
primordiale.
Un
deuxième
type
de
résultat
intéressant
concerne
les
détails
du
plan
de
différents
îlots.
Bien
que
de
nombreux
cas
restent
imprécis,
plusieurs
édifices
de
grande
taille
ont
été
localisés,
et
leur
plan
reconnu
dans
ses
grandes
lignes.
C'est
notablement
le
cas
de
constructions
repérées
auparavant
sur
les
photographies
aériennes.
D'autres
espaces
ont
révélé
une
architecture
moins
imposante,
indice
très
probable
des
quartiers
résidentiels
encore
si
mal
connus
à
Philippes,
voire
l'absence
apparente
de
toute
construction
:
il
faut
au
moins
évoquer
l'hypothèse
que
tout
l'espace
intra
muros
de
la
ville
n'était
pas
bâti
et
qu'une
partie
de
l'aire
jugée
constructible
échappait
pourtant
au
maillage
des
deux
grilles.
L'autre
apport
le
plus
notable
de
la
prospection
renvoie
à
la
dernière
période
d'occupation
de
la
ville
:
la
découverte
d'un
noyau
d'occupation
d'époque
byzantine
dans
un
réduit
fortifié
autour
de
la
Porte
du
Marais
attire
l'attention
sur
une
région
du
territoire
urbain
et
une
période
peu
étudiées.
Peut-être
trouve-t-on
là,
sur
la
vitalité
de
Philippes
au
XIIe
siècle,
la
confirmation
archéologique
d'une
attestation
littéraire
dont
la
pertinence
a
pu
être
mise
en
doute84.
Dans
un
récent
article
de
synthèse
sur
Philippes,
M.
Sève
souligne
à
quel
point
l'exploration
archéologique
de
la
ville
progresse
lentement85
:
malgré
près
de
80
ans
de
fouilles,
seul
un
cinquième
des
40
à
45
ha
constructibles
sur
les
67
ha
de
l'aire
intra
muros,
selon
son
estimation,
a
été
exploré.
Cette
constatation
vaut
pour
tous
les
grands
sites
urbains.
M.
Sève
en
conclut
que
le
décalage
entre
les
exigences
scientifiques
de
l'archéologie
et
les
dimensions
de
l'objet
même
de
l'archéologie
urbaine
rend
cette
situation
inévitable.
Cette
affirmation
doit
désormais
être
nuancée
:
les
résultats
de
la
prospection
géophysique
ont
montré
qu'elle
représente
pour
ce
site,
où
elle
rencontre
des
conditions
particulièrement
favorables,
une
méthode
d'investigation
à
84
Sève
2000,
n.
32,
p.
204,
à
propos
de
la
mention
de
Philippes
par
Idrisi,
citée
par
LEMERLE
1945,
p.
171-174.
85
Ibid.,
p.
189-190.
BCH12S
(2001)
APPLICATION
DE
LA
PROSPECTION
GÉOPHYSIQUE
À
LA
TOPOGRAPHIE
URBAINE,
I.
PHILIPPES,
LES
QUARTIERS
SUD-OUEST
521
grande
échelle
très
fructueuse
:
la
surface
couverte
par
la
prospection
en
quatre
semaines
(5,5
ha)
équivaut
aux
deux
tiers
de
la
surface
des
monuments
déjà
explorés.
Les
informations
qu'elle
fournit
n'ont
bien
sûr
rien
de
comparable
:
pour
la
plupart,
elles
demandent
à
être
confirmées
par
des
fouilles,
et
manquent
toujours
de
précision.
Mais
elles
peuvent
également
acquérir
un
degré
supplémentaire
de
fiabilité
en
étant
complétées
par
les
résultats
d'autres
méthodes
de
prospection,
comme
la
photographie
aérienne
et
la
prospection
intensive
de
surface.
BCH12S
(2001)