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Bilan des Introductions de poissons d’eau douce en France

Authors:

Abstract

27 espèces ont été introduites en France dans les eaux douces. Ce travail décrit l'histoire des introductions d'espèces de poissons d'eau douce en France, essaye d'en analyser les objectifs, les conséquences (écologiques, pathologiques et génétiques) et les problèmes de gestion.
Bull. Fr.
Pèche
Piscic.
(1997)
344/345
:181 -191 181
BILAN
DES INTRODUCTIONS DE POISSONS
D'EAU DOUCE EN
FRANCE.
P. KEITH (1, 2) et J.
ALLARDI
(2).
(1)
Muséum National d'Histoire Naturelle, Service du Patrimoine Naturel, 57 rue Cuvier, 75231
Paris Cedex 05, France.
Conseil Supérieur de la Pêche, 134 avenue de Malakoff, 75016 Paris, France.
(2)
Ministère de l'Environnement, Direction de l'eau, 20 avenue de Ségur, 75302 Paris 07 SP,
France.
RÉSUMÉ
27 espèces ont été introduites en France dans les eaux douces. Ce travail décrit l'histoire
des introductions d'espèces de poissons d'eau douce en France, essaye d'en analyser les
objectifs, les conséquences (écologiques, pathologiques et génétiques) et les problèmes de
gestion.
Mots-clés
: poissons, introduction, impacts, France.
AN
ASSESSMENT OF FRESHWATER FISH INTRODUCTIONS IN FRANCE.
ABSTRACT
About 27 species have been introduced into French freshwaters. The paper describes
the introduction of freshwater fish species in France, and analyses the consequences
(ecological, pathological and genetic) of these introductions and the management problems.
Key-words
:
fish,
introduction, impacts, France.
INTRODUCTION
Des revues générales décrivant les introductions de poissons dans le monde et en
Europe ont été publiées notamment par WELCOMME (1988) et HOLCIK (1991), mais elles
nécessitaient d'être complétées pour la France. En 1992, KEITH ef al. ont fait une première
synthèse avec cet objectif.
Cette présentation vise à compléter ce travail et décrit les introductions d'espèces de
poissons d'eau douce en France, en faisant référence à leur origine, leur répartition actuelle, leur
statut, les conséquences qu'elles engendrent et les problèmes de gestion qu'elles posent.
MÉTHODES
Depuis 1990, une coopération scientifique et technique a été établie entre le Conseil
Supérieur de la Pêche (CSP) et les principaux organismes de recherche qui travaillent dans les
Article available at http://www.kmae-journal.org or http://dx.doi.org/10.1051/kmae:1997021
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Pêche
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domaines de l'hydrobiologie et de l'ichtyologie (Muséum National d'Histoire Naturelle,
CEMAGREF, ...) afin d'établir la répartition géographique des espèces piscicoles présentes en
France et d'en tirer des évolutions.
Tous les inventaires piscicoles réalisés en France par ces établissements ont été
standardisés afin d'homogénéiser le recueil de l'information. Les données minimums recueillies
sont : l'auteur de la pêche, la date, les espèces et le lieu (coordonnées géographiques et
administratives, nom du cours d'eau, code hydrologique). Après contrôle et validation par les
producteurs, elles sont transmises sous forme de fichiers informatiques ou de formulaires au
Service du Patrimoine Naturel (ex Secrétariat Faune-Flore) du Muséum National d'Histoire
Naturelle qui assure un second contrôle selon le protocole standard de validation informatique
mis en place pour les inventaires nationaux de répartition d'espèces : contrôle de cohérence
entre localisation administrative et localisation géographique, détection des erreurs dans le
codage des espèces, homogénéisation des codages...
Les données sont stockées dans une base de données nommée "Fauna-Flora", au
Muséum National d'Histoire Naturelle (MAURIN, 1994). L'association de cette base à un
Système d'Information Géographique (SIG Arc Info) permet de dresser des cartes de répartition
d'espèces.
Figure
1
Carte
normalisée
des
stations
de
prospection.
Figure
1
Prospecting
map.
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-191
183
Cette collaboration inter-organismes s'est traduite en 1991 par la parution d'un "Atlas
préliminaire des Poissons d'eau douce de France" (ALLARDI et KEITH, 1991). Ce travail, encore
très incomplet puisqu'il ne contenait que 22 000 données, permit cependant de stimuler la collecte
de l'information et de mettre en évidence une partie des localisations des espèces introduites.
La base contient maintenant près de 170 000 données sur les poissons d'eau douce
collectées entre 1983 et 1995 sur près de 13 000 stations. La répartition normalisée de ces
stations est visible sur la Figure 1.
Les inventaires des organismes impliqués dans ce programme sont fréquents et la mise
à jour de la base de données est permanente, notamment grâce aux échanges réguliers avec
la Banque Hydrobiologique et Piscicole (BHP) du CSP.
D'autre
part, afin de connaître les dates de l'introduction en France des espèces
"exotiques", le nombre de tentatives effectuées, réussies ou avortées, le Service du Patrimoine
Naturel a entrepris depuis 1993 de réaliser une synthèse bibliographique sur les poissons d'eau
douce de France. L'objectif du travail est de rassembler, de dépouiller et de rendre disponibles
les informations contenues dans toutes les publications scientifiques consacrées aux poissons
d'eau douce de France métropolitaine, depuis le 18ème siècle. Plus de 2 000 références
bibliographiques ont été ainsi dépouillées, indexées et informatisées. En particulier, une
exploitation systématique des trois revues majeures d'ichtyologie de la période la plus
importante pour les introductions d'espèces a été réalisée. Il s'agit du
Bulletin
de la
Société
d'Acclimatation
(1854-1948), du
Bulletin
de la
Société
Centrale
d'Aquiculture
et de
Pêche
(1889-1948) et du
Bulletin
Français
de
Pisciculture
(1928-1950).
Enfin,
pour évaluer les résultats des introductions de poissons d'eau douce en France,
un statut a été donné aux espèces introduites, selon les définitions utilisées par SHAFLAND et
LEWIS (1984) et complétées par KEITH ef al. (1992) : (1) espèce introduite : espèce dont la
présence actuelle ou passée est liée à une action anthropique volontaire ou involontaire ; (2)
espèce acclimatée : espèce introduite dont les populations se maintiennent naturellement ; (3)
espèce non acclimatée : espèce introduite dont les populations ne se maintiennent pas
naturellement ; (4) espèce en extension : espèce introduite dont
l'aire
de répartition ou la densité
des populations sont stables ou en extension, soit naturellement soit sous
l'action
de l'homme ;
(5)
espèce en régression : espèce introduite dont
l'aire
de répartition ou la densité des
populations sont en régression, du fait des modifications du milieu ou de conditions biologiques
particulières ; comprend également les espèces introduites et disparues ; (6) espèce sans
information : espèce introduite pour laquelle on ne dispose pas d'informations suffisantes
permettant de statuer sur son acclimatation, son extension ou sa régression.
RÉSULTATS
L'introduction de certaines espèces de poissons remonte à l'époque romaine, comme
cela est le cas pour la carpe commune qui aurait été transférée du bassin du Danube, puis
introduite par les romains dans différents pays d'Europe (BALON, 1974, 1995). Au cours du
Moyen-Age, les religieux ont, par ailleurs, entretenir des transferts de poissons entre leurs
différentes communautés, au moins pour assurer l'alimentation pendant les longues périodes
d'abstinence. Mais ce
n'est
vraiment que depuis le milieu du 19ème siècle que l'on assiste à
des tentatives d'introductions fréquentes d'espèces nouvelles.
Il faut rappeler que la Société Zoologique dite "Nationale" d'Acclimatation, ancêtre de
l'actuelle Société Nationale de Protection de la Nature et d'Acclimatation, récompensait toute
personne qui réalisait l'acclimatation d'une nouvelle espèce animale ou végétale. Il existait de
fait, au sein de cet organisme, une section particulière consacrée aux poissons.
Dans le domaine de l'ichtyologie, la découverte de la reproduction artificielle de la truite
par RÉMY et GEHIN en 1843 (HAXO, 1853) a été à
l'origine
de nombreuses tentatives
d'acclimatation de nouvelles espèces de poissons et de transferts d'un bassin à un autre.
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C'est
à cette époque que l'administration française créa le premier établissement de
pisciculture à Huningue, chargé de distribuer des oeufs embryonnés en vue du repeuplement
des rivières ; deux fonctionnaires y avaient un rôle particulier : "l'explorateur", qui prospectait
les régions voisines pour assurer une entrée d'oeufs suffisante pour permettre le
fonctionnement de l'établissement, et le "voyageur" qui prospectait les pays d'Europe et les
États-Unis à la recherche de poissons vivants à importer (VIVIER, 1956).
Pendant toute la fin du 19ème siècle, de nombreuses conférences ont été données dans
le cadre de la Société Nationale d'Acclimatation sur l'intérêt des introductions et de
l'acclimatation d'espèces nouvelles (VALENCIENNES, 1851 ; COSTE, 1854, 1874 ;
LA BLANCHÈRE, 1874).
C'est
l'époque des introductions de la truite arc-en-ciel (Oncorhynchus
mykiss), de l'omble de fontaine (Salvelinus fontinalis), des saumons du Pacifique (Oncorhynchus
kisutch, O. tschawytscha), du black-bass (Micropterus salmoides), et de plusieurs espèces de
corégones...
Ces pratiques se sont étendues jusqu'au début du 20ème siècle (GENSOUL, 1915) avec
l'introduction d'autres espèces comme le crapet de roche (Ambloplites rupestris), le sandre
(Stizostedion
lucioperca)
ou la gambusie (Gambusia
affinis)
; elles se sont alors interrompues
jusqu'à ces dernières années où une nouvelle vague d'introductions à des fins de lutte
biologique, zootechniques, de loisir pêche ou parfois accidentelles (carpes chinoises, esturgeon
de Sibérie (Acipenser
baeri),
tête de boule (Pimephales promelas), Pseudorasbora
parva,
Pachychilon
pictus
(TALES ef al., 1997)) a vu le jour (KEITH ef al., 1992).
Il existe aussi, depuis ces dernières années, des déversements en étangs ou en rivières
de poissons tropicaux devenus encombrants et issus de l'aquariophilie.
C'est
ainsi que, par
exemple, plusieurs spécimens de Loricaridae ont été péchés en 1994 dans le lac Léman ou bien
encore que plusieurs pacous (Serrasalmidae) ont été capturés en août 1992 dans le fleuve
Garonne et en août 1996 à Castelnaudary. Mais ces espèces ont en général des exigences
écologiques qui ne leur permettent pas de survivre au-delà de quelques semaines dans des
eaux tempérées. Ces cas, assez rares, de captures de poissons d'aquarium dans les eaux libres
n'ont
donc pas été pris en compte dans ce travail.
Le bilan des introductions de poissons réalisées en France est résumé dans le tableau I.
27 espèces ont été introduites en France durant la période historique. Un bilan comparé
avec les autres groupes de vertébrés en France permet de constater que les poissons occupent
une grande part des introductions entre 1900 et 1992 (MAURIN et al., 1994) (Fig. 2). Les
poissons constituent, avec les mammifères, le groupe taxonomique où les introductions ont été
les plus nombreuses au 20ème siècle.
On constate que 48% des espèces introduites en France proviennent du continent Nord-
Américain et 33% d'Europe (centrale et de l'est) (Fig. 3).
L'essentiel des introductions d'espèces (36%) a été réalisé pour le loisir pêche, qui est
la raison majeure des introductions piscicoles en France, suivie, à égalité, par la curiosité
scientifique et la lutte biologique (19% chacune), puis par les accidents (15%) et
l'aquaculture (11%) (Fig. 4). A titre de comparaison, WELCOMME (1988) signale qu'au
niveau mondial 40% des introductions sont réalisées pour l'aquaculture et 15% pour le loisir
pêche.
23 espèces sur les 27 introduites sont toujours présentes à ce jour dans les rivières
françaises et représentent 32% des espèces piscicoles présentes, ce qui est considérable. Les
espèces acclimatées représentent 44% des espèces introduites, les espèces non acclimatées
34%
(Fig. 5).
Les espèces acclimatées et en extension ont colonisé, petit à petit, l'ensemble du réseau
hydrographique français par le biais des canaux ou des déversements effectués par les
sociétés de pêche (KEITH, 1995).
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Tableau
I
Synthèse
des
introductions
de
poissons
d'eau douce
en
France.
Table
I
Synthesis
of
freshwater
fishes
introductions
in
France.
Espèces
par
Statut
Origines
Date
de
rirrtroduction
Raisons
Impacts
ACCLIMATÉS
ET EN EXTENSION
Salvelinus fontinalis
(Mitchill),
1815
Amérique
du
Nord
1904
Loisir-Pêche Inconnu
Carassius auratus
(Linnaeus),
1758
Asie
18ème
siècle
Loisir-Pêche Inconnu
Cyprinus carpio
Linnaeus,
1758
Europe centrale Ere
Romaine
Aquaculture Inconnu
Pseudorasbora parva
(Schlegel),
1842
Asie
1978-1979
Accident
Inconnu
Silurus glanis
Linnaeus,
1758
Europe centrale
1857
Curiosité scientifique Ecologique)?)
Gambusia affinis
(Baird
et
Girard),
1853
Amérique du Nord
1924
Lutte biologique Ecologique
Stizostedion lucioperca
(Linnaeus),
1758
Europe centrale
1888
Loisir-Pêche Pathologique
Lepomis gibbosus
(Linnaeus),
1758
Amérique du Nord
1877
Curiosité scientifique Ecologique
Pachychilon pictus
(Heckel
et
Kner),
1858
Europe
de
l'Est
1987
Accident
Inconnu
Micropterus salmoides
(Lacépede),
1882
Amérique
du
Nord
1890
Loisir-Pêche Ecologique
ACCLIMATÉS
ET EN RÉGRESSION
Ictalurus mêlas
(Rafinesque),
1820
Amérique du Nord
1871
Curiosité scientifique Ecologique(?)
Chondrostoma nasus
(Linnaeus),
1758
Europe centrale
1853
Accident Ecologique
NON
ACCLIMATÉS ET EN EXTENSION
Oncorhynchus mykiss
(Walbaum),
1792
Amérique
du
Nord
1884
Loisir-Pêche Pathologique
Ctenopharyngodon idella
(Cuvier
et
Val.),
1844
Asie
1957
Lutte biologique Ecologique
Hypophthalmichthys molitrix
(Val.),
1844
Asie 1975 Lutte biologique Ecologique
Aristichthys nobilis
(Richardson),
1845
Asie 1975 Lutte biologique Ecologique
NON
ACCLIMATÉS
ET
EN
RÉGRESSION
Hucho hucho
(Linnaeus),
1758
Europe centrale
1951-1957
Lutte biologique
Ecologique
Oncorhynchus
tschawytscha
Walbaum,
1792
Amérique
du
Nord
1877
Loisir-Pêche Inconnu
Oncorhynchus kisutch
Walbaum,
1792
Amérique
du
Nord
1884-1891
Aquaculture
Inconnu
Coregonus
peled
G mel
in,
1789
Europe centrale
1983
Loisir-Pêche Inconnu
Micropterus dolomieu
(Lacépede),
1802
Amérique
du
Nord
1890
Loisir-Pêche
Inconnu
SANS
INFORMATION
Acipenser
baeri
Brandt,
1869
Europe
de
l'Est
1975-1987
Aquaculture
Inconnu
Salvelinus namaycush
(Walbaum),
1794
Amérique
du
Nord 1886
Loisir-Pêche Inconnu
Umbra pygmaea (De
Kay),
1842
Amérique
du
Nord
1910-1911
Curiosité scientifique Inconnu
Leuciscus
idus
(Linnaeus),
1758
Europe centrale
1930-1960
Accident
Inconnu
Ambloplites rupestris
(Rafinesque),
1817
Amérique
du
Nord
1904-1910
Curiosité scientifique Inconnu
Pimephales promelas
Rafinesque,
1820
Amérique
du
Nord
1980
Loisir-Pêche Pathologique
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Pêche
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Poissons
Amphibiens Reptiles Oiseaux Mammifères
Figure
2
Nombre d'espèces
de
vertébrés
introduits
et
acclimatés
en
France durant
la
période
1900-1992.
Figure
2
Number
of
vertebrates species introduced
and
acclimatized
in
France
(1900-1992).
Amérique
du Eur.
Centrale
Eur. de
l'Est Asie
Nord
Figure
3
Aire d'origine
des
espèces introduites
en
France.
Figure
3
Native
area
of
species introduced
in
France.
saoadsa.p
ajqoiofg
saoadsa.p
ajqiuoM
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344/345:181
-191
187
11%
15%
19%,
36%
19%
Figure
4
Raisons
des
introductions d'espèces
en
France.
Figure
4
Reasons
of
species introductions
in
France.
22%
19%
15%
Loisir pêche
Curiosité scientifique
Lutte biologique
Aquaculture
Accidentelle
Acclimaté
en
extension
Acclimaté
en
régression
Non
acclimaté
en
extension
Non
acclimaté
en
régression
Indéterminé
37%
7%
Figure
5
Distribution
des
espèces
par
status d'acclimatation.
Figure
5
Distribution
per
status
of
acclimatization.
Impacts
L'impact d'une grande partie des introductions de poissons en France est inconnu. Les
études
n'ont
jamais été très nombreuses, et la collaboration dans ce domaine entre les
gestionnaires et les chercheurs est récente. Il est d'autre part difficile d'analyser avec précision
les conséquences de toutes les introductions, souvent par manque d'états de référence.
Nous avons cependant essayé, lorsque cela était possible, de classer les impacts en
quatre grands types : pathologique, écologique, génétique ou inconnu. Chaque espèce se voit
ainsi attribuer un type d'impact et un seul (celui qui semble se dégager de façon prépondérante)
même si, a priori, chacune des espèces pourrait en avoir plusieurs (Tab. I et Fig. 6).
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Plscic.
(1997)
344/345
:181-191 188
52
11%
Pathologique
Ecologique
Inconnu
37%
Figure
6
Impacts
des
espèces
introduites.
Figure
6
Impacts
of
introduced species.
Un impact a été observé sur près de la moitié des espèces introduites (48%). Aucun
impact génétique n'a cependant été mis en évidence.
Certaines espèces ont un impact pathologique. Il faut, en effet, garder à l'esprit que
l'introduction d'une espèce s'accompagne aussi de celle de ses parasites et bactéries. Nous
avons plusieurs exemples dans ce domaine : l'introduction récente, avec des anguilles
japonaises, d'un nematode parasite de la vessie natatoire (Anguillicola
crassa)
provoque une
mortalité importante des populations d'anguilles sauvages (BONNEAU et al., 1991 ; BLANC,
1997) ; l'introduction du tête de boule d'origine américaine (Pimephales
promelas)
est à l'origine
d'une pathologie grave, la yersiniose, provoquée par une entérobactérie
{Yersinia
ruckeri)
(MICHEL ef al., 1986 ; BLANC, 1997) ; l'introduction du sandre (Stizostedion
lucioperca)
est à
l'origine d'une épizootie sévère avec le trématode parasite Bucephalus polymorphus (BAER,
1827),
qui sévit depuis 25 ans dans les plus grands bassins hydrographiques du pays (DE
KINKELIN et al., 1968 ; BLANC, 1997).
Les effets écologiques observés sont de différentes natures. Ils sont essentiellement
axés sur la compétition, sur la prédation ou sur l'exploitation d'une "niche" écologique vacante
dans l'écosystème en place. La perche soleil (Lepomis
gibbosus)
a, à certaines périodes, un
impact important sur les oeufs d'autres espèces. Le black-bass à grande bouche {Micropterus
salmoides), quant à lui, chasse beaucoup les juvéniles ou les petites espèces. Il est par ailleurs
intéressant de noter l'installation d'une concurrence entre espèces introduites. Le sandre (S.
lucioperca), par exemple, se reproduit plust que M. salmoides, ce qui lui permet d'aller
agresser le second lorsqu'il surveille sa ponte et provoque parfois l'abandon du nid, dans les
milieux où les deux espèces cohabitent.
Il semble que l'arrivée et la pullulation du hotu Chondrostoma
nasus
dans les biotopes à
toxostome Chondrostoma toxostoma soient une des causes ayant entraîné la raréfaction de ce
dernier dans les milieux les plus propices au premier (NELVA, 1997). Le huchon
(Hucho
hucho)
a été, lui, introduit pour éliminer C.
nasus
(VIVIER, 1964), mais l'espèce ne s'est pas acclimatée.
Les carpes chinoises ont, quant à elles, été introduites pour lutter contre la prolifération
de la végétation aquatique due à l'eutrophisation des rivières. Il semble que leur sélectivité sur
les plantes soit néfaste à l'équilibre du plan d'eau, en favorisant le développement des plantes
les moins appétentes et en conséquence en déséquilibrant les populations d'invertébrés
aquatiques, de poissons et d'oiseaux d'eau (KNIGHT et HEPP, 1995).
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Gambusia
affinis
se nourrit abondamment de larves d'anophèles, de moustiques,
porteurs du paludisme, et a permis ainsi son eradication de la France et de la Corse (CHIMITS,
1947 ; ROCHE et MATTEI, 1997).
DISCUSSION - CONCLUSION
De tout temps, des introductions d'espèces ont eu lieu en France, pour diverses raisons.
Plus d'un tiers de la faune ichtyologique actuelle a été introduite. Si moins de la moitié des
espèces introduites semblent acclimatées, on peut considérer que près de 50% de celles-ci ont
un impact direct ou indirect sur l'écosystème en place. Les conséquences de ces introductions
sont variables, mais elles ne peuvent laisser indifférent.
Malheureusement, peu de ces impacts font encore
l'objet
d'études approfondies
permettant de les quantifier.
C'est
ce que nous espérons développer dans le cadre de la
collaboration entre les organismes gestionnaires et les chercheurs. S'il était important de faire
le bilan des introductions et d'établir la répartition actuelle et l'évolution des espèces
introduites, il est maintenant urgent de définir des règles de gestion intégrant ces
connaissances et d'adapter la réglementation en vigueur.
Il reste cependant plusieurs problèmes à résoudre, notamment sémantiques, pour établir
des bases de gestion et de réglementation en matière d'introduction.
L'aspect biogéographique, par exemple, n'a pas été évoqué ici. Pourtant, il est certain
que le peuplement ichtyologique de France était plus riche en espèces à la fin du tertiaire, avant
les glaciations, qu'il ne
l'est
actuellement. Un certain nombre d'espèces ont régressé, voire
disparu de ce territoire, faute d'avoir trouvé des refuges face à l'avancée des glaciers.
C'est
probablement le cas du silure glane
{Silurus
glanis), dont on a trouvé des fossiles dans le bassin
du Rhône datant du Miocène (MEIN era/., 1983). Doit-il alors être considéré comme une espèce
introduite, alors qu'il semble recoloniser un territoire qu'il occupait jadis ? Aura-t-il un impact
sur ces écosystèmes ? Si oui, sera-t-il négligeable, puisqu'il les a (probablement) déjà
fréquentés ?
D'une
façon plus générale, quel doit être le peuplement de référence qui sert de base
pour différencier les espèces allochtones des autochtones ? A partir de quelle époque peut-on
le différencier ? (PERSAT et KEITH, 1997).
D'autre
part, au niveau réglementaire, le législateur considère comme territoire
d'introduction le territoire compris entre les frontières françaises, mais
l'unité
de gestion doit
être le bassin versant et il existe en France des espèces endémiques de certains bassins
versants. Le déplacement de ces espèces vers d'autres bassins français qu'elles n'occupaient
pas constitue aussi une introduction.
A l'inverse, une espèce absente de France, mais présente dans un bassin versant dont
une partie serait sur le territoire français, peut-elle être considérée comme non indigène en
France ?
L'introduction et l'établissement de toute espèce de poissons dans un écosystème
aquatique induit des modifications de ce système, plus ou moins sévères selon les
circonstances.
C'est
une bonne connaissance de
l'état
actuel des écosystèmes aquatiques et
de leur fonctionnement qui doit constituer la démarche préalable à leur gestion et à leur
réhabilitation. Elle devrait permettre le développement des espèces les plus exigeantes en
terme de qualité du milieu, et satisfaire les principaux usages que l'on peut attendre des
systèmes fluviaux. Elle permettrait aussi de faire l'économie de l'introduction d' "espèces
miracles" qui ne sont, dans bien des cas (WHEELER et MAITLAND, 1973 ; ALLARDI, 1984 ;
POUYET, 1987 ; WELCOMME, 1988 ; HOLCIK, 1991 ; KEITH et ai, 1992...), que de mauvaises
réponses à un vrai problème de protection et de gestion des milieux naturels aquatiques.
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(1997)
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... The French ish fauna has also been extensively studied in the past decades (e.g., [40][41][42][43]. Traditionally about 80 species were recognized [34], yet with the advent of the DNA barcoding and integrative taxonomy [44] several taxonomic revisions have been done: some new species have been described [45][46][47], others have been invalidated [48]. ...
... The timing and reasons of introductions of alien species in France are, in general terms, similar to other European countries [3,16,34], such as in Belgium [51], Germany/Austria [52,53], Bulgaria [55], Poland [56], or Norway [57]. The irst species that was introduced in France is the common carp Cyprinus carpio in roman times, followed by the goldish Carassius auratus [41,42]. Nevertheless, this is only during the second half of the nineteenth century that more frequent introductions occurred under the auspices of the Imperial Society of zoological acclimatization ("Société impériale zoologique d'acclimatation") [41,42], which was established in 1855 [34]. ...
... The irst species that was introduced in France is the common carp Cyprinus carpio in roman times, followed by the goldish Carassius auratus [41,42]. Nevertheless, this is only during the second half of the nineteenth century that more frequent introductions occurred under the auspices of the Imperial Society of zoological acclimatization ("Société impériale zoologique d'acclimatation") [41,42], which was established in 1855 [34]. Introductions were irst motivated by research curiosity and to improve ish stocks for ishery. ...
... Il n'est pas inutile de présenter ici l'histoire de ce poisson tant son élevage et son introduction médiévale ont eu des répercussions considérables sur les dynamiques rurales de certaines régions 412 . Considérée à tort comme un poisson autochtone en Occident, elle est la plus ancienne des 32 à 33 espèces introduites dans les rivières françaises (Allardi, Keith 1997 ;). ...
Thesis
Une version remaniée et actualisée de cette thèse a été publiée en 2017 : BENARROUS, Renaud. La Grande Brenne, histoire d'une zone humide continentale et de ses étangs. Du paysage imaginaire à l'interaction de l'homme avec son environnement aux périodes préindustrielles. Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, 66, FERACF, Tours, 2017.
... The spread of exotic species and establishment of breeding populations through commercial and accidental translocations is resulting in the reduction or extinction of endemic species and consequent modification or destruction of traditional habitats (Keith & Allardi 1997;Lévêque 1997). This is particularly noticeable in Europe where large scale commercial introductions of North American crayfishes started about 1960 and have continued to date (Holdich et al. 2009;Kouba et al. 2015). ...
Article
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Crayfishes and other invertebrates were collected during 2010 to 2016 from 519 sites located in the river basins of the Adour, Charente, Dordogne, Garonne, Loire, Seine, Rhône and Sélune in France. North American species included Pacifastacus leniusculus at 255 sites, Faxonius limosus at 206 sites, Procambarus clarkii at 56 sites, and the endemic Austropotamobius pallipes at two sites. However, branchiobdellidans were only recorded from 100 sites with 23 of these being sampled more than once, resulting in a total of 127 collections. The widely distributed western North American, P. leniusculus carried four of its endemic branchiobdellidan species: Cambarincola gracilis, C. okadai, Triannulata magna and Xironogiton victoriensis. X. victoriensis was found at the majority of sites, with C. okadai, C. gracilis, and T. magna at fewer locations. Although F. limosus was the second most numerous crayfish species collected, it did not carry any of its endemic North American branchiobdellidan species. However, it was found cohabiting with P. leniusculus at four sites but carried X. victoriensis at only one of these. European A. pallipes only occurred at two sites with individuals harboring X. victoriensis, although no cohabiting exotic crayfish were found. Crayfish were also absent from three sites where free-living X. victoriensis were recovered from substrate samples. Procambarus clarkii appeared at sites scattered across the country, while specimens with C. mesochoreus were restricted to the Adour drainage. This study has shown the widespread distribution of exotic branchiobdellidans in the wild and the virtual extinction of endemic species in France. In addition, we have provided the first European record of T. magna, and the first record of C. mesochoreus in France; the latter being only the second recording in Europe. With this comprehensive survey of their crayfish hosts in France, monitoring future exotic range expansions and endemic contraction or extinction can be traced. These data will be available to authorities for future planning in maintaining healthy freshwater bodies by reducing the damaging effects caused by exotic crayfishes.
... Les espèces capturées ont été classées en guildes fonctionnelles par les experts des groupes d'intercalibration et à partir des données de la littérature (Keith and Allardi, 1997;Kottelat and Freyhof, 2007;Launois et al., , 2010Pont et al., 2006). Cette classification est donnée Tableau 1. ...
Research
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A first draft of a multimetric fish index was developed by a modelling approach, to assess the ecological potential of the French and Czech reservoirs in application of the Water Framework Directive. This report describes the first analyses conducted, the metrics selected and the response of the developed fish index to a stressor indicator.
... Le manque de connaissance sur la réponse des peuplements piscicoles lacustres aux pressions environnementales est toujours important face à une demande croissante des gestionnaires devant agir dans un contexte réglementaire plus sévère. Les multiples paramètres agissant simultanément sur les communautés sont autant d'éléments à considérer dans toute planification des actions de gestion (KEITH et ALLARDI, 1997), qu'il s'agisse du maintien de la qualité écologique des sites ou de leur restauration. ...
Article
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Few research has been carried out on French lacustrine fish communities. In a first part, we presented the results obtained by analysing fish communities in natural lakes and reservoirs located over 1500 m in altitude (ARGILLIER et al., 2002b). The present article follows a similar analytical approach but deals with lowland sites. Both natural and man-made lakes display a fish gradient from upstream to downstream sites. The species range from gudgeon, rainbow trout and brown trout, then pike and roach, perch and eventually pikeperch. The distinction between the fish communities of natural lakes and reservoirs relies upon the abundance of several species. Whitefish and arctic charr are lake dwellers whereas the abundances of black bullhead, French nase and barbel are maximum in reservoirs. The fish communities can be related to the location of the sites in their catchment. Some results suggest that the physical features of littoral habitats could contribute to explain the observed communities. Further works should take into consideration complementary descriptors of both fish communities and environmental features.
... Pour de plus amples informations, se reporter à : Berrebi, 1982 ;Berrebi et al., 1987 ;Gauthier, 1983 ;Keith & Allardi, 1997 ;de Kinkelin et al., 1986 ;Lambert, 1977 ;Lambert & Romand, 1984 ;Lambert, 1990 ;Mazzanti et al., 1999 ;Mo, 1991 ;Ngo Tan, 1981 ;Pelletier, 1984 ;Quillier, 1986 ;Schlotfeldt & Alderman, 1995 ;Vigier, 1990Vigier, & 1997. ...
Book
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Les milieux aquatiques sont des ensembles complexes, fragiles, composés de multiples constituants et régis par des lois physicochimiques précises. Les poissons y vivent en équilibre instable et en dépendent totalement. Au cours des temps, les espèces piscicoles se sont adaptées à des milieux spécifiques qui leur procurent les conditions optimales, encore appelées preferendums biotiques, propres à assurer au mieux leurs différentes fonctions physiologiques telles que la nutrition, la respiration, la reproduction, etc. (Girard, 1998 ; Girard et Elie, 2007). L’intégrité biotique d’un écosystème est souvent reflétée par la santé des organismes qui y résident. Au sein des hydrosystèmes, les poissons vivent en permanence avec leurs parasites(*), en équilibre instable, sous la dépendance étroite de multiples facteurs environnementaux, physiques et chimiques, en formant ainsi un nouveau système : le système « Hôte-Parasite-Environnement » (HPE) (Girard et Elie, 2007). Dans des conditions normales, il existe un double équilibre : (1) au sein des interactions « hôtes-parasites » (Combes, 1995) et (2) entre le « système HP » et l’environnement, l’état de santé des poissons reflétant l’état de cet équilibre à trois composantes HPE. Or, il suffit qu’une substance exogène, inhabituelle au milieu, pénètre celui-ci ou qu’un des paramètres physiques ou chimiques qui caractérisent la composante « Environnement » du système « HPE » (température, oxygène, pH, salinité,…) subisse une modification sensible, pour provoquer la rupture de l’équilibre de ce système à trois composantes. Parfois, les causes responsables de ces phénomènes ont une origine naturelle : c’est le cas, par exemple, des variations climatiques ou de la nature des sols traversés. Mais, dans la majorité des cas, l’homme, à travers ses multiples activités, en est le responsable : les causes sont dites d’origine anthropique et l’on parle alors de pollutions (Girard, 1998). Les problèmes de santé sont normalement présents au sein des populations de poissons (Uhland et al., 2000), mais l’apparition et la prévalence de certaines maladies peuvent être influencées et amplifiées par divers facteurs environnementaux (Möller, 1981) et la pollution de l’environnement est fréquemment pointée du doigt comme cause des différents problèmes de santé observés au sein des populations aquatiques (Uhland, 2000). Les pollutions peuvent exercer des influences néfastes sur la santé, voire sur la survie des organismes car, en déprimant leur système immunitaire, ceux-ci deviennent alors plus réceptifs aux organismes pathogènes (Arkoosh et al., 1998). En effet, le système immunitaire des poissons est sensible aux contaminants spécifiques, avec pour conséquence un large éventail d’effets (McLeay & Gordon, 1977; Arkoosh & Kaattari, 1987; Rice & Weeks, 1989; Thuvander, 1989). Les immunologistes ont d’ailleurs clairement démontré que plusieurs classes de xénobiotiques avaient pour cible le système immunitaire avec pour conséquences de multiples lésions et une altération de la fonction immune (Rice et al., 1996). La présence de substances toxiques indésirables dans le milieu va induire diverses actions qui vont se dérouler simultanément, en affectant à la fois l’hôte mais aussi ses parasites associés conformément au tableau ci-dessous : ‐sur l’hôte : stress, lésions tissulaires, troubles physiologiques, immunodépression, ‐sur les parasites : augmentation de l’abondance et de la virulence. A leur tour, les parasites, bactéries et virus affecteront les poissons en provoquant un état de stress, des perturbations physiologiques et des altérations tissulaires A terme, la rupture de l’équilibre du système HPE se traduira par la maladie. La maladie est donc la conséquence d’un déséquilibre entre l’hôte, le parasite et le milieu et elle ne se déclare que si sont mises en jeu simultanément : ‐une cause déterminante : l’organisme pathogène (= « parasite ») ‐une cause favorisante (qui sensibilise l’hôte) : prédisposition génétique, alimentation carencée, état physiologique précaire ‐une cause occasionnelle (brutale et souvent imprévisible) : stress, traumatismes, chocs thermiques, agressions, pollutions,… La maladie se traduit, chez les poissons, par l’apparition : ‐de mortalités, immédiates ou différées, dues à la charge ou à la virulence du pathogène, soit par action nocive du parasite, soit par épuisement de l’hôte, soit par l’augmentation de la probabilité de prédation avec comme conséquences les plus courantes, une action sur la dynamique des populations de poissons et des risques pour la pérennité des espèces ; ‐d’anomalies comportementales, de perturbations physiologiques (baisse des performances de repérage des proies et d’alimentation, ralentissement de la croissance, asthénie, sensibilité accrue aux micropolluants et à d’autres agents pathogènes) et d’altérations tissulaires, avec comme conséquences les plus courantes des surinfections bactériennes ou mycosiques. Un poisson comme l’anguille européenne Anguilla anguilla L., n’échappe pas à la règle générale.
Book
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Les espèces exotiques envahissantes sont reconnues comme l’une des principales causes de l’érosion de la biodiversité mondiale. Par leurs multiples impacts, elles menacent les espèces indigènes, les habitats naturels et les services rendus par les écosystèmes, mais également les activités économiques et la santé humaine. Ces espèces représentent des sources importantes de difficultés pour les acteurs des territoires qui y sont confrontés : rythme d’introduction croissant, régulation constante et complexe à mettre en œuvre, dépenses publiques associées importantes. En parallèle, lorsqu’elles sont établies en milieux naturels, ces espèces peuvent parfois être envisagées comme des ressources commercialement exploitables : pêche, production de bois, extraction de composés pour l’industrie pharmaceutique, etc. Cette démarche de valorisation socio-économique n’est pas sans risques pour les milieux naturels et soulève de nombreuses interrogations sur ses incidences possibles. Parmi ces questions figurent l’accroissement des risques de dispersion des espèces valorisées ou encore le maintien volontaire des populations de ces espèces dans les sites colonisés lorsqu’elles deviennent un enjeu commercial. Conduite dans le cadre du groupe de travail national « Invasions biologiques en milieux aquatiques » (GT IBMA), coordonné par le Comité français de l’UICN et l’Agence française pour la biodiversité, cette étude illustrée de nombreux exemples fait le point sur les enjeux et les risques de la valorisation socio-économique des espèces exotiques envahissantes établies dans les milieux naturels. Des points de vigilance et un cadre de réflexion sont proposés afin d’accompagner toute structure qui serait amenée à émettre un avis sur de tels projets, notamment les services de l’État et des collectivités locales.
Thesis
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Domestication is the process by which animals become progressively adapted, generations after generations, to both captive conditions and humans. In land, this process has started about 12 000 years ago, and has allowed modifying profoundly animals that are today domesticated and display numerous breeds. Contrary to land animals, domestication of aquatic animals is much more recent, thus reared animals have only slightly changed from their wild congeners. After a discussion of the main consequences for aquaculture, a new typology, based on the methods and concepts of systematics, will be described to promote the diversification of new fish species, particularly for European inland aquaculture. From this new typology, this research project aims at developing an approach of evolutionary developmental biology focused on European freshwater fish species, by realizing phylogenetic analyses and comparative biology in silico, as well as experimental studies. In the end, this project could allow a better understanding of the diversity of life strategies of fish and proposing “standard” protocols for the rearing of early life stages of new species in aquaculture, and thus enhance the diversification of fish production.
Article
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Diatom studies of French running waters over more than twenty-five years revealed the recent appearance of a number of species which could not have been overlooked before because of their abundance or size. Their absence in modern European floras supports the idea of a recent introduction of these taxa in Europe. Their distribution and progression in France are examined according to available data. Taxa not yet found in France until 1990 but showing an important proliferation and rapid dispersal since that time are considered as invasives. This is the case, for example, for Gomphoneis minuta, a diatom originally described in North America, reported in Europe for the first time in the River Ardèche in 1991 and presently occurring throughout southern France up to the Loire. Among the so-called exotic taxa, Navicula jakovljevicii, Achnanthes catenata, A. subhudsonis sensu lato and Nitzschia cf. tropica have probably been misidentified in the past. Their distribution must be re-examined from existing slides collections. A new species, Eolimna comperei, is described by light and electron microscopy; its recent discovery in France appears to be related to the introductions in Europe of a number of diatoms from other continents. The most remarkable taxa are of tropical origin and proliferate in summer. The abundance of Hydrosera triquetra in French estuaries and of Diadesmis confervacea in power plant discharges and various rivers in southwestern France, illustrates their recent acclimatization under temperate conditions. The study of the spatio-temporal extension of these as well as of less abundant forms of recent appearance, e.g. Capartogramma crucicula, Encyonema triangulum, Gomphoneis eriensis var. variabilis, Luticola mitigata, Luticola peguana, Nitzschia elegantula, Nitzschia dissipatoides or Gomphosphenia oahuensis, might provide indications of the warming of running waters in Western Europe due to the "greenhouse effect.".
Article
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Carps of the family Cyprinidae, the largest family of freshwater fishes in the world (Nelson 1994), have long been introduced beyond their native ranges, a practice that continues today. Although carps have been introduced for several centuries, the widespread introduction of the genus Hypophthalmichthys, the bigheaded carps, is a relatively recent phenomenon. All three recognized species of Hypophthalmichthys—H. nobilis, in North America referred to as Bighead Carp; H. molitrix; Silver Carp; and H. harmandi, Largescale Silver Carp—are native to fresh waters of eastern Asia. Largescale Silver Carp have been introduced elsewhere in west-central Asia as a hybrid with Silver Carp but are not known to have been brought to North America. Both Bighead and Silver carps have been introduced to many countries, including the United States, for uses in aquaculture production of food fishes and biological control of plankton in aquaculture ponds, reservoirs, and sewage treatment lagoons. Bighead and Silver carps were first imported into the United States in the early 1970s. Soon after, both species were being used in research projects and were stocked into wastewater treatment lagoons and aquaculture ponds in several states without regard to their potential effects on the ecosystems to which they were introduced or on the species inhabiting them. Bighead and Silver carps escaped confinement during flood events and are now well established with reproducing populations in much of the Mississippi River Basin. The introduced range of both carps in the United States continues to grow. Based on the climate where these fishes are native, Bighead and Silver carps might eventually be found in many of the flowing waters of the United States. The escape of Bighead and Silver carps during evaluation as phytoplankton biological control organisms in commercial aquaculture ponds and sewage treatment facilities has left a legacy that could affect native fish populations within the Mississippi River Basin for decades to come. Populations of these carps in parts of the Mississippi River Basin appear to be increasing exponentially. If food resources become limiting, Bighead and Silver carps may compete with native planktivorous fishes, like Gizzard Shad, Dorosoma cepedianum, Bigmouth Buffalo, Ictiobus cyprinellus, and Paddlefish, Polyodon spathula. In addition to continuing to spread farther in the Mississippi River Basin by natural spread, the spread of Bighead and Silver carps could be aided by transportation of fishes caught for live bait, by livehaulers, the live seafood industry, and by those practicing prayer animal releases (practiced as a form of prayer by those whom believe that merits can be accrued by freeing captive animals into the wild). Although Silver Carp are not known to be cultured for marketing purposes in the United States now, Bighead Carp continue to be cultured in some states. Markets exist for live Bighead Carp in ethnic markets in the United States and southern Canada requiring transport in live haul trucks. Silver Carp have not been as prominent in the live food fish trade as Bighead Carp because they are not available from aquaculture and because they are more fragile to handle and transport alive. However, wild-caught Silver and Bighead carps are occasionally encountered in live markets. The purpose of this document is to present a summary of the biology and distribution of the three species of Hypophthalmichthys. For each species, information is included as follows: (1) taxonomy and distinguishing characteristics; (2) native range; (3) habitat preferences; (4) migrations and local movements; (5) biology and natural history (including temperature and salinity tolerances, reproductive biology, feeding habits, growth rate and longevity, and response to physical stimuli); (6) diseases and parasites; (7) human uses of Hypophthalmichthys (including harvest from reservoirs and other water bodies, culture, control of algae, removal of excess nutrients, and production and growth of other fishes); (8) history of introductions around the world and the United States; (9) potential range in the United States; (10) population and distribution control measures; and (11) state regulations. Although most of the information in this document is supported by citations from peer-reviewed scientific literature, we have relied on personal observations and personal communications for some information, particularly the biology of Bighead and Silver carps in the United States. A variety of biological research is in progress on these fishes in the Mississippi River Basin, but much of the information from this research has not yet been vetted through peer-reviewed journals. We have minimized reliance on unpublished information to the greatest extent possible. Also included is an evaluation of the organism risk potential of each species of Hypophthalmichthys in the United States using the Generic Nonindigenous Aquatic Organisms Risk Analysis Review Process. This risk assessment process uses both the probability of establishment and the consequences of establishment to determine the overall organism risk potential in the United States. This document is limited to the ecological effects and consequences of Hypophthalmichthys in the wild. The economic benefits of the continued culture and marketing of Hypophthalmichthys are beyond the scope of this document and are being evaluated by the U.S. Fish and Wildlife Service. Department of Fisheries and Oceans is also conducting a risk assessment on Asian carps of the genera Ctenopharyngodon, Hypophthalmichthys, and Mylopharyngodon in Canada. Although we provide some discussion on the culture of these carps, we do not treat it in detail. For further information on the culture methods of Bighead and Silver carps, see Chen et al. 1969; Pagan-Font and Zimet 1979; Chung et al. 1980; Tsuchiya 1980; Rothbard 1981; Dupree and Huner 1984; Jhingran and Pullin 1985; Jennings 1988; Li and Mathias 1994; Li and Senlin 1995; Opuszynski and Shireman 1995; and Xie 2003.
Article
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Une espèce de Cyprinidae, Pachychilon pictus, a été capturée pour la première fois dans le réseau hydrographique français. On présente dans cet article quelques informations sur ses origines et sa répartition en Europe.
Article
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Dix-sept espèces étrangères à la faune insulaire ont été introduites en moins d'un siècle dans les eaux douces, dont quinze espèces de poissons. Toutes se sont acclimatées dans différents types de milieux et contribuent à enrichir la biodiversité du peuplement aquatique et plus particulièrement l'ichtyocénose des lacs naturels ou artificiels. L'impact sanitaire, peu étudié, est abordé avec mention de l'apparition récente de l'anguillicolose et l'impact génétique est traité à partir des connaissances récentes acquises sur les populations sauvages de truites.
Article
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Les bouleversements intervenus ces dernières décennies dans la composition de l'ichtyofaune d'eau douce française incitent, d'une part, à faire un bilan de la situation présente (cf. l'Atlas des poissons d'eau douce de France) et, d'autre part, à promouvoir une politique de gestion cohérente avec le principe de protection du patrimoine biologique naturel. Cette notion de patrimoine reste toutefois à définir. En effet, les changements actuels ne sont que les derniers d'une longue série, où l'homme est un acteur capital depuis plus longtemps qu'on ne le croit. De fait, beaucoup des espèces dites françaises n'ont probablement pas de valeur patrimoniale dans nombre de nos bassins fluviaux. Le présent article a pour ambition de décrire l'ampleur du problème et de solliciter la communauté scientifique, afin de rassembler les informations et développer les investigations selon un cadre géographique et historique précis.
Article
La carrière de diatomites de la Montagne d'Andance (Ardèche, France) livre des restes d'organismes continentaux variés : macrorestes végétaux, pollens, arthropodes, vertébrés. On essaie ici de proposer une datation paléontologique de ces restes (âge : Turolien) et de reconstituer l'environnement dans lequel ont vécu ces organismes.
Article
At least 134 exotic and/or translocated fish species belonging to 34 families which were introduced to 29 of 33 European countries are documented. These include 35 species of Cyprinidae (introduced to 28 countries), 17 Salmonidae (28), 11 Coregonidae (12), 10 Cichlidae (8), six Centrarchidae (23), five Acipenseridae (8), four Ictaluridae (18), four Poeciliidae (11), four Percidae (9), four Mugilidae (1), three Catostomidae (6), three Gasterosteidae (5), two Anguillidae (3), two Atherinidae (2), two Clariidae (4), two Gobiidae (2), two Umbridae (6), two Pleuronectidae (1), two Thymallidae (3), and one species each of Anabantidae (1), Channidae (2), Clupeidae (1), Cobitidae (1), Eleotridae (1), Engraulidae (1), Esocidae (3), Mullidae (1), Osmeridae (1), Percichthyidae (1), Petromyzontidae (1), Polyodontidae (2), Siluridae (5), and Syngnathidae (1). True exotic species amount to 74 species/forms belonging to 21 families, of which 11 families are exotic for Europe. the remaining 60 species (21 families), are native in Europe and were translocated among various watersheds and/or countries. Most species were intentionally released since 1945 to enhance sport, commercial and subsistence fisheries, for fish farming and aquaculture, and for purposes such as mosquito, macrophytes and algal bloom control. Poor success was registered in most cases, along with adverse or unexpected effects on native fishes and their habitat. -Author
Article
This paper briefly reviews the status and distribution of populations of freshwater fishes in the British Isles and their worth as a resource. The total value of freshwater fishes to the community is far greater than is normally appreciated and includes, in addition to the economic sport and commercial fisheries, amenity, recreational, educational, and scientific, aspects as well as a potentially useful store of genetic material for the future. The main human pressures on existing fish stocks are discussed under the headings of fisheries, pollution, and land-used. The principal trends in the British Isles are away from natural and stable mixed fish populations towards artificially maintained, unstable stocks of a few species of sporting or commercial value. In particular the rarer, more sensitive, fish stocks with poor powers of distribution are being eradicated and replaced by commoner, more robust forms with greater powers of distribution. The rarer species and genetic strains can only survive if constructive conservation projects are initiated expeditiously at a variety of levels.