ArticlePDF Available

Abstract and Figures

A narrow relation has been hold between the beginnings of the metallurgy and social hierarchical structuring, in the sense of breaking with previous social organizations, has been discussed in this paper from the data obtained by the anthropomorphous drawings. From the ancient megaliths, the human figures were described with instruments that provide power and individuality. This fact, joined to the evidence of grave goods with prestige elements, propose the beginning of the hierarchy in the own social evolution of the production society, constituting the megalithic culture and his drawings the trustworthy expression of this hypothesis.
Content may be subject to copyright.
Article original
Hiérarchisation et métallurgie : statues armées
dans la Péninsule Ibérique
Hierarchy and metallurgy: armed
statues of the Iberian Peninsula
Primitiva Bueno Ramirez *, Rodrigo de Balbín Behrmann,
Rosa Barroso Bermejo
Area de Prehistoria, Universidad de Alcalá de Henares, C/Colegios n
o
2, 28801 Alcala de Henares, Espagne
Disponible sur internet le 23 novembre 2005
Résumé
Le rapport étroit que l’on a soutenu entre le commencement de la métallurgie et la hiérarchisation
sociale, en tant que rupture avec des organisations sociales antérieures, est commenté dans ce travail
à partir des donnés apportées par les représentations anthropomorphes. Depuis les plus anciens méga-
lithes, les figurations humaines ont été accompagnées d’instruments qui les dotaient de pouvoir et qui
les individualisaient. Ce fait, uni à l’évidence de mobiliers avec des éléments de prestige, propose le
début de la hiérarchisation dans l’évolution sociale même des sociétés productrices, constituant le
mégalithisme et ses graphies l’expression la plus digne de foi de cette hypothèse.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
A narrow relation has been hold between the beginnings of the metallurgy and social hierarchical
structuring, in the sense of breaking with previous social organizations, has been discussed in this
paper from the data obtained by the anthropomorphous drawings. From the ancient megaliths, the
human figures were described with instruments that provide power and individuality. This fact, joi-
ned to the evidence of grave goods with prestige elements, propose the beginning of the hierarchy in
the own social evolution of the production society, constituting the megalithic culture and his drawings
the trustworthy expression of this hypothesis.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : mimibueno@ya.com (P. Bueno Ramirez).
L’anthropologie 109 (2005) 577–640
http://france.elsevier.com/direct/ANTHRO/
0003-5521/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.anthro.2005.09.009
Mots clés : Mégalithisme ; Représentions anthropomorphes ; Pouvoir ; Ancêtres ; Métallurgie ; Campaniforme
Keywords: Megalithic culture; Anthropomorphous representations; Power; Ancestors; Metallurgy; Beaker
1. Introduction
Le peu de considération accordée aux analyses appliquées aux graphies de la Préhistoire
Récente (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2003 : 292) a l’un de ses meilleurs exemples
dans l’historiographie des statues et des stèles péninsulaires. En effet, même si on leur a
consacré quelques travaux de réflexion, elles n’ont pas joui des efforts théoriques et métho-
dologiques employés pour d’autres indices de hiérarchisation des sociétés productrices et
métallurgiques de la Péninsule Ibérique.
Notre insistance sur la symbologie associée aux images anthropomorphes dans l’Art
Mégalithique (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1994, 1996a, 1996b, 1997a, 1997b,
1998a) a pour but de souligner la réalité d’une situation sociale qui tend vers la hiérarchi-
sation dès les moments d’installation des cultures productrices. Les mégalithes, leurs types
constructifs, leurs fonctions et l’appropriation dans certains d’entre eux des graphies révé-
latrices de la mythologie collective, constituent des paramètres évaluables en ce sens. Si
nous y ajoutons le rôle joué par des figurations anthropomorphes qui occupent les espaces
les plus importants des sépulcres, parler du mégalithisme en tant que première évidence du
chemin vers les sociétés hiérarchisées nous semble justifiable.
La richesse en expressions formelles à caractère anthropomorphe associées au mégali-
thisme est énorme dans la Péninsule Ibérique. Leur variété et leur vérification dans des
contextes divers depuis leurs expressions les plus anciennes, plaident en faveur de les inter-
préter dans le cadre de systèmes complexes de communication qui ont eu un rôle remar-
quable dans tous les espaces utilisés par les groupes qui nous occupent.
Au fait que ces espaces sont signalés par des gravures et des peintures (Bueno Ramirez
et Balbín Behrmann, 2000a, 2000b), on peut ajouter la constatation de pièces nettement
visibles qui, sous forme de menhirs, de statues et de stèles, configurent un réseau d’inter-
visibilités qui, avec les figures anthropomorphes comme argument de base, délimitent la
propriété et les usages de territoires concrets. Peut-être l’un des plus clairs exemples dans
la Péninsule serait celui des menhirs et des stèles associés à l’ensemble mégalithique de
Reguengos de Monsaraz, au Sud du Portugal (Gonçalves et al., 1997).
Les différentes tentatives de définition formelle (Octobon, 1931 ;D’Anna, 1977 ;Lan-
dau, 1977 ;Barceló, 1988 ;Gomes et Monteiro, 1977) se sont heurtées à une réalité opi-
niâtre car, malgré l’existence d’une iconographie de racine commune, l’on doit reconnaître
la forte individualisation et régionalisation des réponses (Bueno Ramirez, 1995 ;Bueno
Ramirez et al., 2003).
Autant les statues, avec leur conception tridimensionnelle, que les stèles, plates par défi-
nition, peuvent être plus ou moins grandes, ce qui les rapproche clairement du panorama
des « idoles ». C’est-à-dire, de tout l’ensemble anthropomorphe de l’art meuble, spéciale-
ment riche dans la Péninsule Ibérique.
Plusieurs stèles ont pour support les orthostats des dolmens. De fait, les orthostats sont
conçus comme des représentations anthropomorphes, c’est pourquoi, ils cadreraient avec
la dénomination d’orthostats-stèle (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2002 : 628).
578 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Certaines stèles parmi les plus connues sont des panneaux en plein air, comme celles de
Peña Tú, de Garabandal ou de Monte da Laje. Il s’agit donc de supports naturels d’orien-
tation verticale ou sous-verticale où les sujets anthropomorphes ne constituent qu’une par-
tie des graphies qui composent le panneau.
Les ensembles de menhirs, mot avec lequel on désigne les pierres levées artificielle-
ment, sont en réalité des groupements de stèles-menhir et de statues-menhirs. Des cas aussi
nets que ceux de l’Alentejo (Calado, 1997) ont leur reflet dans certains gisements du nord
de la Péninsule, comme le cromlech de Sejos (Bueno Ramirez et al., 1985) ou à Cabeço da
Mina (Sousa, 1996, 1997), un groupement de stèles et de statues dans le domaine du Douro.
Des stèles ou des statues plus ou moins grandes, des idoles dans leurs formes diverses,
des menhirs et des orthostats réitèrent des formules communes qui relativisent les défini-
tions typologiques. Celles-ci peuvent être utilisées dans la mesure où elles résultent confor-
tables, mais jamais en tant que base empirique pour des propositions d’une autre nature
(chronologique, sociale ou de tout autre genre).
Plusieurs de ces représentations anthropomorphes s’associent à des objets ou à des armes.
Il s’agit de pièces qui déterminent la valeur symbolique du personnage, mais dont parfois
nous ne pouvons même pas assurer leur existence réelle.
Ces « adjectivations de pouvoir », du moins celles que nous arrivons à identifier, consis-
tent à des bâtons, des haches, des couteaux, des épées, des arcs et des hallebardes, et appa-
raissent dans les représentations les plus anciennes et les plus récentes du mégalithisme
ibérique. La différence, c’est que dans ces dernières on peut argumenter des types métalli-
ques de référence.
Leur rapport avec les espaces funéraires confirme des règles fort normatives (Bueno
Ramirez et Balbín Behrmann, 1994, 1996a, 1996b, 1997a, 1997b), permettant des inter-
prétations régionales qui proposent la présence d’ancêtres ou de Grands Hommes recon-
naissables dans des zones concrètes. D’ici à des figurations de plus en plus individualisées,
le passage se produit associé aux groupes qui soutiennent la mythologie funéraire collec-
tive.
L’historiographie que nous reprenions (Bueno Ramirez, 1990, 1991 ;Bueno Ramirez et
Balbín Behrmann, 1998a), a aujourd’hui de nouvelles références grâce à la découverte de
pièces inédites et, surtout, par la ratification de contextes nettement mégalithiques qui tour-
nent à l’avantage de l’hypothèse déjà défendue (Bueno Ramirez, 1992, 1995) : le lien idéo-
logique profond entre les statues et les stèles armées d’une part, et les premières représen-
tations anthropomorphes liées aux ancêtres dans le mégalithisme européen de l’autre.
Voilà pourquoi nous ne pouvons pas nous référer aux statues et aux stèles armées sans
être conscients qu’elles surgissent et qu’elles se nourrissent de la mythologie enracinée
chez les premiers agriculteurs, qu’ils utilisent comme référence de base.
Tradition et continuité ne signifient pas immobilisme, mais constituent des appuis idéo-
logiques pour une transformation sociale qui favorise la position privilégiée de certains.
Considérer les statues armées dans le cadre de la hiérarchisation dans la Préhistoire
récente péninsulaire nous invite à réfléchir aussi sur des situations culturelles parfois très
peu connues, car certaines des pièces ont été documentées dans des aires de nulle ou peu
abondante recherche archéologique. Ce sont donc des indices d’un développement culturel
et social important, capable de soutenir des représentations de chefs ou de guerriers armés,
les références idéologiques d’une partie de l’ensemble social qui les accueille.
579P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Dans cette même ligne d’analyse, considérer les statues et les stèles comme l’évidence
d’aspects archéologiques inédits, il ne faut pas laisser de côté que les armes que ces pièces
portent sont souvent la seule évidence de la présence de métallurgie dans la région, ce qui
nous paraît d’un intérêt inusité dans des estimations plus vastes de la métallurgie per se et
de la valeur symbolique du métal chez les groupes chalcolithiques et du Bronze du Sud de
l’Europe.
Ainsi que beaucoup d’autres facteurs dont on tient compte dans les indices de hiérarchi-
sation (types d’enterrement, objets exotiques, rituels alcooliques, etc.), les représentations
anthropomorphes expriment la continuité graphique, symbolique et idéologique entre les
groupes producteurs et les groupes métallurgiques du Sud de l’Europe. Plus qu’à des échan-
ges profonds, nous aurions à penser à des adaptations lentes à un statu quo où les tensions
pour le contrôle des biens de production sont résolues, en partie, en faisant appel à la mytho-
logie des ancêtres.
Le travail ici présenté essaie donc d’exposer un état de la question sur les statues et les
stèles armées de la Péninsule Ibérique, et de ses implications culturelles, sociales, symbo-
liques et idéologiques dans le cadre du rôle qu’elles ont joué pendant toute la Préhistoire
Récente du Sud de l’Europe.
2. Les objets et les armes sur les orthostats-stèle mégalithiques
Les anthropomorphes peints ou gravés dans les dolmens présentent des associations
récurrentes avec des objets dont le but est peu défini, même si leur fonctionnalité semble
évidente. Il s’agit de souligner leur position privilégiée.
Évidents ou latents, les orthostats sont de véritables stèles anthropomorphes où les haches
aux formes variées jouent un rôle remarquable, associées plus d’une fois à des motifs solai-
res, à des animaux comme les serpents et les cerfs, et à d’autres objets, comme des arcs ou
quelques « couteaux ».
La comparaison de ces figures « armées » avec les représentations sur des galets, carac-
téristiques de la zone d’accès aux monuments, propose une variabilité de l’expression anthro-
pomorphe que nous envisageons en rapport avec le rôle symbolique de ces figures et avec
leur plus que possible signification hiérarchique (Fig. 1).
La définition des panneaux-stèles sans anthropomorphes évidents est valable pour celle
de l’orthostats-stèle sans anthropomorphes évident. Il s’agit de supports qui sont conçus
d’une manière sculpturale et où les figures humaines, même si elles n’apparaissent pas
expressément, sont présentes dans le concept graphique et dans le traitement technique du
support.
Dans ce sens, nous avons affirmé que les orthostats mégalithiques sont de véritables
stèles qui délimitent, au moyen de figurations anthropomorphes, un espace mortuaire (Bueno
Ramirez et Balbín Behrmann, 1997b : 113).
À Dombate, on a gravé des formes trapézoïdales avec une anse baptisée « the thing » par
(Shee Twohig 1981 : 30) et que, de notre part, nous proposons de mettre en rapport avec des
haches. Elles occupent la zone centrale supérieure de trois orthostats qui, en plus des objets,
sont « habillés » avec une cape aux triangles horizontaux rouges et noirs réalisés avec de la
peinture.
580 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Une autre pièce semblable se trouve dans l’un des orthostats de Casa dos Mouros. Éga-
lement gravée, on remarque sur le support peint qu’elle représente la cape du personnage
qui porte la pièce sur la partie supérieure de son corps.
Les « couteaux » (Shee Twohig et García Martinez, 1973) de l’orthostat décoré d’Espiña-
redo tendent également à se situer dans la même position supérieure centrale que nous
avons signalée, et ils semblent être des représentations stylisées du même motif que « the
thing ».
L’orthostat de chevet de Châ de Parada, àAboboreira, montre une accumulation de « the
things » gravés avec la même disposition (Fig. 2).
La détection de scènes de chasse déjà annoncée par la scène de l’un des orthostats du
dolmen de Lubagueira (Shee Twohig, 1981 :Fig. 39), a maintenant de nouvelles évidences
dans le monument d’Arquinha da Moura (Cunha, 1995). Dans ces scènes la présence de
l’arc est une récurrence qui propose la connexion du sujet de la chasse avec la mythologie
de la mort.
Les plus grandes nouveautés au sujet des orthostats-stèle « armés » sont celles que nous
pouvons offrir dans le Sud et à l’intérieur de la Péninsule ibérique (Fig. 3).
À l’intérieur, dans le département de Tolède, l’orthostat de chevet du dolmen d’Azután
montre un anthropomorphe schématique, dont la tête est ornée par des plumes. On y voit
associer une forme trapézoïdale que nous interprétons comme une hache. La vérification
de la présence dans la zone de chevet du monument d’un autre support avec une forme
trapézoïdale à anse, dans le style de « the thing », est une autre des découvertes de notre
révision récente de ce monument (Bueno Ramirez et al., 2005a)(Fig. 4).
Fig. 1
.
Petites sculptures anthropomorphes et ses relations chronologiques.
Fig. 1. Little anthropomorphs sculptures and their chronological relations.
581P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
582 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
La pièce la plus connue du dolmen de Soto, sa statue-menhir, présente au revers une
représentation anthropomorphe qui porte à sa main une hache emmanchée.
Lui ressemblant beaucoup par son plan et par sa richesse décorative, le dolmen d’Albe-
rite I, à Cadix, présente aussi des orthostats « armés ». Tel est le cas de l’orthostat 3 avec
une forme en « the thing » gravée et peinte (Bueno Ramirez et al., 1999a)(Fig. 5).
Des haches emmanchées et, peut-être des crosses, ont été gravées au moyen du piqueté
sur l’un des orthostats d’Alberite II, un autre monument de la même nécropole gaditaine
(Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2000d :Fig. 2 ;Bueno Ramirez et al., 1999b).
Ces haches emmanchées, associées à des crosses, apparaissent aussi sur l’orthostat qui
clôt le monument de Vale de Rodrigo (Larsson, 2001)(Fig. 6).
La présence de supports avec des lames aiguisées que nous pouvons interpréter comme
appartenant à des couteaux sans manche, et avec des lames trapézoïdales rapportables à des
haches, suggère que certains orthostats-stèle du dolmen de Soto étaient armés (Balbín Behr-
mann et Bueno Ramirez, 1996 :Fig. 8)(Fig. 7).
Fig. 2
.
Orthostates-stèle avec « the thing » dans le nord péninsulaire : Dombate, Châ de Parada, (Aboboreira),
Casa dos Mouros et Espiñaredo (d’après Shee Twohig, 1981).
Fig. 2. Orthostats-stele with « the thing » in the north of Peninsula: Dombate, Châ de Parada, (Aboboreira), Casa
dos Mouros and Espiñaredo (after Shee Twohig, 1981).
Fig. 3
.
Haches et crosses dans les orthostates-stèle du sud et l’intérieur péninsulaire : dolmen d’Azután (d’après
Bueno Ramirez et al., 2005a), Soto (d’après Balbín Behrmann et Bueno Ramirez, 1996) et Alberite (d’après
Bueno Ramirez et al., 1999b).
Fig. 3. Axes and staffs on the orthostats-stele in the south and interior of Peninsula: Megalithic tomb of Azután
(after Bueno Ramirez et al., 2005a), Soto (after Balbín Behrmann and Bueno Ramirez, 1996) and Alberite (after
Bueno Ramirez et al., 1999b).
583P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
À Alberite, il faut remarquer l’orthostat 16 ; à côté d’un motif central en étendard que
nous interprétons comme un anthropomorphe schématique, il contient des figures triangu-
laires avec un pommeau, en guise de poignards.
La décoration complète du monument (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1996a ;
Bueno Ramirez et al., 1999b), en plus d’une stèle et d’une petite statue qui portent elles
aussi des objets, fait d’Alberite I l’une des manifestations les plus intéressantes à propos de
la hiérarchisation dans l’ensemble du mégalithisme du Sud de la Péninsule ibérique (Fig. 8).
Des haches aux formes diverses, emmanchées ou pas, quelques arcs associés à des scè-
nes de chasse et des lames de couteau sont les armes les plus communes chez les orthostats-
stèle où d’autres sujets, comme les circulaires et les serpentiformes, contribuent également
à souligner l’aspect remarquable d’un personnage déterminé.
Fig. 4. Section du dolmen d’Azután, Toledo (d’après Bueno Ramirez et al., 2005a).
Fig. 4. Court of the megalithic tomb of Azután, Toledo (after Bueno Ramirez et al., 2005a).
584 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Fig. 5
.
Section latérale du Nord de l’Alberite 1 avec les calques des gravures et peintures.
Fig. 5. Court North side of Alberite 1 with engravings and paintings.
585P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
3. Les panneaux-stèles armés
L’expression réussie d’Anati (1968) d’idoles et de poignards, même confuse dans sa
définition technique, thématique et chronologique (Peña Santos et Rey García, 1997 : 314),
a montré la réalité d’un panorama vérifiable également dans les gravures en plein air et
dans les représentations anthropomorphes où celles-ci et les armes configuraient des pano-
plies avec des associations récurrentes.
L’élargissement des connaissances permet aujourd’hui d’évaluer des versions différen-
tes de plein air avec des chronologies qui vont duV
e
au II
e
millénaire cal BC. Ces versions
proposent une richesse graphique énorme, toujours présidée par des images anthropomor-
phes diverses associées à des objets ou à des armes dont la fonction est de définir leur
position hiérarchique dans le domaine où elles ont été réalisées (Fig. 9).
Les sujets développés dans des peintures et des gravures en plein air, leur association et
leur documentation dans des contextes archéologiques fermés et datés, comme les dol-
mens, manifestent le même parcours chronologique que la construction de mégalithes
(Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1992, 1998c, 2000d, sous presse a).
Beaucoup d’auteurs ont proposé de situer l’origine et l’apogée des gravures en plein air
pendant le III
e
millénaire cal BC (Peña Santos et Rey García, 2001), comme l’évidence
d’une hiérarchisation sociale fondée sur le rôle de l’homme en tant que guerrier.
La profusion de formes que nous pouvons assimiler à cette époque-là est la même que
celle que l’on peut vérifier dans l’accroissement du nombre d’abris peints, de statues et de
stèles, de lieux habités et de mégalithes à cette époque, reflet évident d’une augmentation
démographique soutenue par des systèmes alimentaires mieux consolidés (Bueno Ramirez
et al., 2002, sous presse c), mais rendue possible par un cours antérieur.
La définition d’un groupe de gravures de plein air en Galice et au Nord du Portugal sous
le nom de Pétroglyphes a joui d’un vaste traitement historiographique où l’on remarque le
Fig. 6
.
Haches et crosses des orthostates-stèle d’Alberite II (d’après Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2002)et
Vale de Rodrigo 2 (d’après Larsson, 2001).
Fig. 6. Axes and staffs on the orthostats-stele ofAlberite II (after Bueno Ramirez and Balbín Behrmann, 2002) and
Vale de Rodrigo monument 2 (after Larsson, 2001).
586 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
587P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
biais que l’analyse des armes a supposé pour son interprétation (Comendador, 1997 ;Peña
Santos, 1980 ;Vázquez Varela, 1991).
Notre objet n’est pas un examen exhaustif de ces données, mais rendre compte du fait
que les panneaux avec des armes et des anthropomorphes occupent des positions compa-
rables avec celles des stèles et des statues dans des domaines funéraires et d’habitation qui
définissent des territoires concrets.
Quelques cas illustrent notre proposition et servent à rappeler que l’idée de « stèles
naturelles », et dans ce sens d’authentiques « panneaux-stèles », préside beaucoup des
figurations des gravures de plein air en Europe. Les pierres seraient alors la figuration
latente d’êtres mythiques qui, accompagnés d’armes ou d’autres objets, constitueraient des
marqueurs explicites pour les passants sur les territoires ainsi définis. Ce sont les évidences
anthropomorphes les plus explicites – des stèles, des statues et des menhirs – ou les moins
explicites – des roches avec des armes ou des objets – celles qui caractérisent les paysages
anciens de l’Europe.
Fig. 7
.
Orthostate-stèle I-20 du dolmen de Soto avec lames de couteau (d’après Bueno Ramirez et Balbín Behr-
mann, 1998b).
Fig. 7. Orthostats-stele I-20 of the megalithic tomb of Soto with sheets of knife (after Bueno Ramirez and Balbín
Behrmann, 1998b).
Fig. 8
.
Plan avec la situation de la stèle d’Alberite 1 et calque de la pièce.
Fig. 8. Plan with situation of the stele of Alberite 1 and your drawing.
588 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Des supports avec « des idoles et des armes » comme celui de Pedra das Ferraduras, de
Coto do Rapadoiro ou de Coto dos Mouros (Peña Santos et Rey García, 1997 : 320–321),
répondent à cette idée de panneau-stèle qui, en plus des références anthropomorphes, inclut
des armes et des quadrupèdes. Le fameux poignard « campaniforme » de Pedra das Ferra-
duras situerait ces panneaux-stèles à la même époque que d’autres pièces sculpturales. La
référence graphique que présentent les anthropomorphes de Pedra das Ferraduras dans les
stèles-menhir du Sud du Portugal, ainsi que d’autres trouvées dans les cromlechs d’Almen-
dres et de Portela de Mogos (Gomes, 1997 :Fig. 9) est d’un grand intérêt pour les hypo-
thèses qui parlent d’une idéologie commune partagée (Fig. 10).
À Laxe da Chán, un anthropomorphe schématique apparaît associe à des hallebardes
(Peña Santos et Rey García, 2001 : 87) ; à Auga da Laxe, des anthropomorphes scutiformes
comme celui de Conxo, s’associent à une épée spectaculaire, à des poignards et à des hal-
lebardes (Ibid., 2001 : 52) ; et, à Coto dos Mouros, un personnage avec une cape cloisonnée
semblable à celle de l’orthostat-stèle de Huerta de las Monjas (Balbín Behrmann et Bueno
Ramirez, 1989), à Valencia de Alcántara, se présente accompagné d’armes emmanchées,
de haches ou de hallebardes (Fig. 11).
En Galice, le panneau-stèle le plus représentatif, étant le mieux connu, est celui de Conxo,
près de Saint-Jacques-de-Compostelle. La figure centrale semble porter quelque chose sur
la tête et les oreilles ont été signalées comme sur les stèles de Longroiva (Almagro Basch,
1966 : 109) et d’Ermida (Baptista, 1985). Le déploiement de poignards et de hallebardes
qui l’accompagnent vise à nouveau le III
e
millénaire calibré comme le moment de la réa-
lisation et de l’usage de ces panneaux.
Fig. 9
.
Situation globale du Panneaux stèle de la Péninsule Ibérique.
Fig. 9. Global situation of Panels stele of Iberian Peninsula.
589P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Fig. 10
.
Stèle-menhir de Portela de Mogos (d’après Gomes, 1997) et panneau-stèle de Pedra das Ferraduras (d’après Peña Santos et Vázquez Varela, 1979).
Fig. 10. Statue-menhir of Portela de Mogos (after Gomes, 1997) and Panel-stele of Pedra das Ferraduras (after Peña Santos and VázquezVarela, 1979).
590 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
La connexion pleine d’intérêt entre des établissements chalcolithique-Bronze, des nécro-
poles tumulaires et des zones à panneaux-stèles avec des armes, comme dans le cas de
Ramallal à Campo Lameiro (Peña Santos et Rey García, 2001 : 134), introduit le facteur du
contexte dans ce genre d’analyses. Les travaux cités (Peña Santos et Rey García, 1997,
2001), particulièrement celui de Fábregas Valcarce (2001) sur Monte Penide, ouvrent une
voie inédite ou très peu traitée dans l’étude des gravures de plein air galiciennes : l’analyse
de leur contexte archéologique. Les zones qui ont présenté les données les plus complètes
proposent l’organisation des pétroglyphes sur le territoire des habitats et des enterrements,
en occupant des positions très semblables à celles qui peuvent être argumentées pour les
stèles, les statues et les menhirs d’autres secteurs de la Péninsule (Gomes et Cabrita, 1997).
Ainsi il se passe en général, que ces territoires manifestent une occupation accusée pen-
dant le III
e
millénaire cal BC, mais ils ont été utilisés depuis la chronologie néolithique
(Fábregas Valcarce, 2001 : 57) ce qui coïncide avec quelques graphies en plein air qui ont
des références identiques et des associations dans des contextes mégalithiques (Bueno Rami-
rez et Balbín Behrmann, 2000a, 2000b).
Au nord du Portugal, les panneaux avec des anthropomorphes et des armes sont aussi
communs, étant remarquable la représentation de stèle avec des armes de Monte da Laje. À
tous les effets, elle réitère la position en plein air d’autres stèles avec des armes du Nord,
telles Peña Tú, Tabuyo ou Garabandal, abondant dans le sens que ce ne sont pas les sup-
ports de ces figures qui constituent le paramètre délimitant le mieux leur essence symboli-
que, mais l’iconographie (Fig. 12).
Fig. 11
.
Panneau-stèle de Coto dos Mouros (d’après Peña Santos et Vázquez Varela, 1979) et arrière de l’orthostat
de chevet de Huerta de las Monjas (d’après Bueno Ramirez, 1987).
Fig. 11. Panel-stele of Coto dos Mouros (after Peña Santos and Vázquez Varela, 1979) and back decorated of the
front head orthostat of Huerta de las Monjas (after Bueno Ramirez, 1987).
591P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
À proximité de trois tumuli mégalithiques (Silva et Cunha, 1987 : 144), sur le panneau
de Monte da Laje on a gravé une stèle rectangulaire avec la partie supérieure arrondie, du
type Peña Tú, mais avec la variante plus schématique que nous avons documentée à Sejos
(Bueno Ramirez et al., 1985). Elle apparaît associée à une autre forme similaire, moins
bien conservée, et à des poignards, l’un d’eux de grandes dimensions. Comme à Peña Tú,
à Sejos ou à Garabandal, le poignard est placé à droite des personnages représentés.
Les stèles peintes et gravées de Peña Tú et Garabandal, des surfaces à l’air libre toutes
les deux, constituent peut-être le meilleur exemple des problèmes de définition terminolo-
gique que nous affrontons. Leur seule différence par rapport à Monte da Laje consiste dans
la définition verticale du support mais, tandis que Monte da Laje est considéré comme un
« pétroglyphe », Peña Tú et Garabandal seraient des « stèles », même s’il ne s’agit pas du
tout de pièces exemptes.Voilà pourquoi nous allons inclure ces deux exemples dans la série
des panneaux-stèles qui nous occupe en ce moment.
Peña Tú est l’une des figurations armées les plus anciennement documentées dans la
Péninsule Ibérique. Depuis la publication de Hernández Pacheco et al. (1914), les opinions
et les références ont été nombreuses.
Bueno Ramirez et Fernández Miranda (1981) proposent un calque plus complet qui
n’est pas très connu à cause d’un problème d’édition – il est paru sur très peu d’exemplaires
des actes du Congrès –. C’est pourquoi, nous en profitons pour inclure ici une version plus
récente (Fig. 13).
Les auteurs soulignent le contexte de nécropole tumulaire mégalithique associé à la
représentation et recueillent des données sur les armes comparables au domaine cantabri-
que. Ils situent le gisement à des moments contemporains au campaniforme, mais à l’inté-
rieur d’une séquence d’occupation plus ancienne, ce que prouverait la présence des tom-
beaux mégalithiques cités. Finalement, ils font entrer la stèle dans le cadre des représentations
Fig. 12
.
Calque du panneau-stèle de Monte da Laje, Portugal (d’après Silva et Cunha, 1987).
Fig. 12. Panel-stele of Monte da Laje, Portugal (after Silva and Cunha, 1987).
592 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
armées ibériques en connexion avec le phénomène européen des stèles et des statues-
menhirs de profondes racines néolithiques.
Des références ultérieures se sont fondées sur l’interprétation de l’arme (Balbín Behr-
mann, 1989 ;Saro et Teira Mayolini, 1992) pour ajourner la chronologie. Spécialement
(Saro et Teira Mayolini 1992 : 355) et, plus tard, (Ontañón Peredo 2003 : 287), insistent sur
ses aspects typologiques pour confirmer la date tardive de tous les exemplaires cantabri-
ques.
La connaissance que nous avons aujourd’hui de l’Art mégalithique du secteur et de son
association à des éléments anthropomorphes (Bueno Ramirez, 1995 ;Bueno Ramirez et
Balbín Behrmann, 1994, 1996a), situe le cours de ces figurations dans le Cantabrique à des
moments semblables à ceux du reste de la Péninsule Ibérique ; ainsi Peña Tú et des pièces
armées similaires constitueraient une évidence de l’association avec des armes de figures
qui avaient une claire copie dans la tradition représentative des ancêtres.
La figuration la plus remarquable du panneau est placée à droite du spectateur, mettant à
profit une saillie qui donne à la pièce un certain air sculptural. Par ailleurs, c’est le seul
secteur du panneau qui ne présente pas les figures linéaires naturelles sur le support. Il
s’agirait donc de l’utilisation d’un espace rectangulaire, à forme pointue, qui est apparu
aux yeux des auteurs comme l’emplacement parfait pour la stèle à cause de sa surface (la
plus unie de tout le support) et de sa hauteur (1,75 m).
Comme dans d’autres figurations semblables, Peña Tú représente une forme rectangu-
laire coiffée par un demi-cercle qui contient dans son intérieur des graphies connues dans
d’autres genres de support. Des zigzags peints et gravés dessinent la cape d’un personnage
qui porte le même habillement que les orthostats décorés de certains monuments, avec des
références très proches dans les orthostats-stèle du dolmen de Santa Cruz, à Cangas de
Onís (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1992, 2003 : 298).
La graphie révèle l’assignation idéologique de Peña Tú à l’horizon de la symbologie
mégalithique (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2003 : 626) que nous pouvons situer
entre le V
e
et le III
e
millénaire cal BC. La technique renforce cette hypothèse, car le meilleur
parallélisme pour Peña Tu se trouve, à nouveau, dans les orthostats du dolmen de Santa
Fig. 13
.
Nouveau calque de Peña Tú, Vidiago, (Asturies), selon les auteurs.
Fig. 13. New drawing of Peña Tú, Vidiago, Asturias, according to the authors.
593P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Cruz, où la gravure et la peinture se sont complémentées pour faire ressortir les zigzags qui
font partie de l’habillement préalablement cité (Fig. 14).
Dans la partie supérieure, le rabat de la cape, le capuchon ou l’ornement de la tête se
ferme en formant un demi-cercle. À l’intérieur, les yeux et le nez sont placés sur le visage
du personnage, qui répète la référence graphique de Crato et de Ntra. Sra. da Esperança,
deux pièces statuaires portugaises, connectées à des nécropoles mégalithiques. Les autres
« stèles » du type Peña Tú situées au nord (Monte da Laje, Sejos, Garabandal et Tabuyo)
présentent des cupules au lieu du visage, faisant allusion à des sujets qui n’ont pas besoin
d’être façonnés d’une manière évidente pour être reconnus par ceux qui les voient, comme
il arrive aussi dans des exemples picturaux situés dans le même secteur géographique que
Fig. 14
.
Comparaison entre les plaques décorées alentéjaines (d’après Bueno Ramirez, 1992) et supports du dol-
men de Santa Cruz (d’après Blas, 1979) et Antelas (d’après Shee Twohig, 1981).
Fig. 14. Decorated plaques from Alentejo (after Bueno Ramirez, 1992), and slabs of the megalithic tombs of Santa
Cruz (after Blas, 1979) and Antelas (after Shee Twohig, 1981), for to compare.
594 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Peña Tú. Nous nous référons aux peintures de Fresnedo, à Teverga, auxAsturies, qui sont
situées dans un lieu d’une vaste visibilité et qui président aussi une nécropole de tumuli
mégalithiques (Mallo Viesca et Pérez Perez, 1971).
D’autres exemples picturaux du même style, comme la stèle de l’abri du Buraco (Bueno
Ramirez, 1994 :Fig. 13), réitèrent cette situation privilégiée en face de la nécropole de
dolmens qui s’étale en dessous (Bueno Ramirez et al., 2004a)(Fig. 15).
La stèle de Peña Tú est entourée de points rouges qui encadrent aussi le poignard, gravé
et peint. Les points signaleraient une individualisation de l’association stèle-poignard qui,
par ailleurs, se trouve reliée au reste du panneau au moyen de la ligne horizontale dessinée
en rouge servant à délimiter la totalité des scènes développées à gauche du spectateur.
Ainsi que nous l’avons vu dans les panneaux-stèles galiciens, l’accumulation des gra-
phies est grande et révèle d’autres présences anthropomorphes.
L’assignation discutée du poignard devrait tenir compte du fait que ces pièces posent
des problèmes quand on essaie de les assimiler à des typologies concrètes. D’autant plus,
sachant que dans plusieurs cas elles ont été agrandies, comme à Monte da Laje et, sembla-
blement, à Peña Tú, non pas comme un reflet exact d’une typologie réelle, mais comme une
allusion symbolique à la valeur de l’arme « per se » par rapport au personnage.
Une considération globale du panneau en tant que résultat de gestes graphiques rappro-
chés dans le temps, semble attirante par la présence abondante de points sur les composi-
tions du panneau, et par les lignes transversales, notamment celle qui est tout à fait en bas,
utilisées comme recours pour délimiter les plans du support. Sa chronologie à l’intérieur du
III
e
millénaire cal BC semble justifiable (Bueno Ramirez et Fernández Miranda, 1981)et
elle cadre bien avec l’emploi de la nécropole mégalithique qu’elle préside (Arias Cabal et
Pérez Suarez, 1990).
Fig. 15
.
Comparaison entre les têtes des stèles du groupe du Nord.
Fig. 15. Heads of the North group steles for to compare.
595P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Associé aussi à une nécropole tumulaire (Díaz Casado, 1993 : 57), le panneau-stèle de
Garabandal réitère la graphie anthropomorphe et possiblement le poignard. La maladresse
de l’exécution du motif principal s’explique non seulement par la dureté du support utilisé,
mais très possiblement par la répétition d’un motif parfaitement identifiable par ses usagers
habituels, ce qui le ferait appartenir à la catégorie la plus schématique, documentée égale-
ment à Sejos, à Fresnedo et à Monte da Laje.
Les dimensions du personnage coïncident avec celles de Peña Tú, deTabuyo et de Sejos,
proposant la connaissance de quelques modules répétés sur des supports divers.
Le fait qu’un cadre rectangulaire ferme la forme classique est intéressant : il s’agit d’un
rectangle coiffé d’un demi-cercle. La stèle reste ainsi délimitée dans le panneau et isolée de
ses autres parties, mais cette fois-ci artificiellement et non pas d’une manière naturelle,
comme à Peña Tú (Fig. 16).
D’autres panneaux-stèles ont été produits dans le domaine du Nord péninsulaire, avec
l’intérêt de leur rapport avec des passages importants vers le Plateau nord ainsi que la
réitération de l’association anthropomorphe–arme que nous signalons.
Fig. 16
.
Panneau-stèle du Garabandal d’après le calque de Saro et Teira Mayolini (1992).
Fig. 16. Panel-stele of Garabandal after the drawing of Saro and Teira Mayolini (1992).
596 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Le premier à être connu a été celui de Ruanales. À orientation verticale comme Peña Tú
et Garabandal, il faut y remarquer une figure profondément gravée, presque un bas-relief,
qui reproduit des formes classiques chez les menhirs en plein air. Dedans, à la hauteur de la
ceinture, on a représenté une lame de poignard ou de couteau avec l’emmanchement orienté
vers la droite du spectateur. Dehors, une forme qui rappelle celle du poignard, mais avec
une patine différente, pourrait répondre à des réutilisations plus récentes (Bueno Ramirez
et Balbín Behrmann, 1998a : 53).
La proximité du panneau-stèle de Ruanales à d’autres évidences de l’Art Schématique
(Diaz Casado, 1993 : 78), coïncide avec celle que montrent les panneaux-stèles de Peña
Lostroso et de Portillo Viejo (Teira Mayolini et Ontañón Peredo, 1997) avec des représen-
tations humaines d’un style similaire, situées dans la même aire géographique, pas trop
éloignée du vaste ensemble mégalithique de Las Loras, dans le département de Burgos.
À Monte Hijedo, le panneau-stèle de Peña Lostroso montre un groupe d’anthropomor-
phes stéliformes, parmi lesquels il y en a un qui se détache par sa plus grande taille et parce
qu’il porte une arme sur le tiers inférieur de la pièce. À nouveau, l’individu armé se fait
remarquer dans le cadre d’un ensemble plus vaste.
L’arme de Monte Hijedo a été interprétée (Teira Mayolini et Ontañón Peredo 1997 :
571) comme un poignard « unato », dans le cadre donc de la première métallurgie de la
Péninsule italienne. Bien que nous-mêmes nous ayons défendu l’air « méditerranéen »
(Bueno Ramirez, 1990, 1991, 1995) de certaines stèles péninsulaires et du Sud de la France,
nous ne disposons d’aucune évidence d’éléments métalliques de cette tournure dans ce qui
est connu jusqu’à présent. Une autre hypothèse plausible pour l’arme de Peña Lostroso
consisterait à l’interpréter comme une hallebarde. Ceci expliquerait la hampe verticale que
l’on distingue dans son latéral gauche. Sa lame triangulaire est orientée vers la droite, comme
les hallebardes de Valdefuentes de Sangusín et de Soalar, et la forme semi-circulaire des-
sinée sur la lame rappelle énormément les demi-cercles gravés sur la hallebarde de Lon-
groiva.
Une autre référence dans le même style, c’est le panneau-stèle de Peña Buitre, à La
Hinojosa, Cuenca (Bueno Ramirez et al., 1998), où une figure humaine réalisée avec la
même technique en bas-relief que les antérieures, présente sur le tiers inférieur une pièce
triangulaire qui pourrait bien être une lame de hallebarde, dans le style de la figure trian-
gulaire de la stèle de Los Santos (Bueno Ramirez, 1995 : 100, Fig. 26).
Leurs dimensions semblables, au-dessus d’un mètre, et leurs tailles presque identiques,
gravure profonde des contours qui devient presque du bas-relief, permettent de grouper ces
panneaux-stèles dans un ensemble graphique relativement compact qui trouverait sa
meilleure corrélation statuaire dans la statue de Villar del Ala (Bueno Ramirez, 1995);
celle-ci porte également une arme disposée horizontalement sur le tiers inférieur de la pièce.
L’évidence de panneaux-stèles peut s’appliquer aussi à quelques ensembles gravés de
Las Hurdes, dans le Nord de Cáceres, où des armes apparaissent groupées, comme c’est le
cas pour Teso de los Cuchillos.
Ce n’est pas notre intention, comme nous l’avons déjà dit, de faire un exposé exhaustif
de toutes les données, mais il convient de rappeler que ce genre de gravures a de bonnes
références plus au Nord, telles que la roche de Molelinhos, au Portugal (Baptista, 1980). Il
s’agit de gravures fines où s’accumulent des couteaux et des épées, et dont l’assignation à
la métallurgie du Bronze devient évidente.
597P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
L’organisation stéliforme de certains panneaux où les figures humaines ont un protago-
nisme remarquable et se trouvent associées à des formes circulaires est une autre donnée
intéressante dans l’argumentation que nous proposons. Nous soulignerons deux exemples
en dehors du Nord péninsulaire pour signaler une réalité graphique plus ample que des
études futures devront confirmer.
Le galet à anthropomorphe schématique et à sujet circulaire de Las Erías, conservé au
Musée de Cáceres (González Cordero, 1999), reproduit une association anthropomorphe–
bouclier–soleil qui a un autre exemple intéressant dans la Peña de los Plantíos, à Soria.
Gómez Barrera (1994) a très adroitement identifié la disposition des motifs comme un
panneau-stèle authentique, proposant son rapport avec les thématiques rapportées aux stè-
les du Bronze final (Fig. 17).
Ces deux exemples proposent une réflexion afin de savoir si les boucliers sont exclusi-
vement des pièces de défense ou s’ils constituent également des allusions à la symbologie
solaire, semblables d’un point de vue formel à celles qui ont été détectées dans tout l’ensem-
ble funéraire mégalithique.
Fig. 17
.
Calque du possible panneau-stèle de Las Erías, Las Hurdes (d’après González Cordero, 1999) et le panneau-
stèle de El Plantío, Soria (d’après Gómez Barrera, 1994).
Fig. 17. Drawing possible panel-stele of Las Erías, Las Hurdes (after González Cordero, 1999) and panel-stele of
El Plantío, Soria (after Gómez Barrera, 1994).
598 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Nos travaux à propos des stèles du Bronze final, notamment celui qui concerne la stèle
de Monte Blanco (Bueno Ramirez et Piñón Varela, 1985), ont insisté sur la version sym-
bolique des sujets circulaires comme une tradition bien documentée dans le domaine des
décorations mégalithiques (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1992).
Le rapport graphique entre les guerriers et les ancêtres expliquerait à nouveau l’emploi
et la disposition de plusieurs des motifs circulaires présents sur les stèles du Bronze final.
Cette signification solaire n’interdit pas qu’il s’agisse de véritables défenses de guerrier.
Le bouclier de Nebra, récemment découvert dans le Mittelberg allemand (Meller, 2004),
proposerait la multiplicité de significations que nous défendions alors et qui nous semble
toujours convenable. Un bouclier avec des achèvements en or et avec des gravures à carac-
tère astronomique est associé à un dépôt d’armes que l’on peut dater dans le Bronze moyen,
signalant la valeur mythologique des allusions solaires que supposaient les boucliers cir-
culaires, au-delà de leur fonctionnalité pratique.
Tournant à nouveau notre regard vers la stèle de Monte Blanco, un soleil/bouclier, en
position presque centrale et rapprochée du guerrier, apparaît entouré par de nombreuses
cupules, des étoiles peut-être. Ce puissant guerrier disposerait en plus de son pouvoir de
fait, vérifié par le char et les armes, d’un rapport avec l’image mythique des ancêtres, cons-
tater dans les sujets circulaires-solaires qui apparaissent à côté de ses mains et près de son
corps dans le cadre du firmament mythologique (Fig. 18).
Ce petit parcours des panneaux-stèles armés de la Péninsule Ibérique propose trois
réflexions :
l’intensification dans la réalisation de marqueurs graphiques conséquence d’un proces-
sus de croissance démographique vérifiée dans les données archéologiques de la transi-
tion entre le IV
e
et III
e
millénaire cal BC. Cette croissance démographique a son point
de départ dans l’installation des groupes producteurs, très documentée dans le V
e
mil-
lénaire cal BC, en rapport avec la présence de mégalithes dans tout le territoire pénin-
sulaire ;
la réalité d’une vaste connaissance de l’armement métallique dans toute la géographie
péninsulaire depuis ses premières manifestations ;
la présence limitée des armes métalliques sur les panneaux peints.
Cette dernière question nous invite à chercher des explications en rapport avec la fonc-
tionnalité des symboles peints. Nous savons que la Peinture schématique se réalise pendant
le III
e
millénaire cal BC. Même plus : on a démontré que ce moment est justement l’une des
périodes d’expansion maximale de ce genre graphique (Martínez Garcia, 2004 : 113), comme
cela arrive dans le cas des gravures en plein air déjà citées.
Les peintures se situent dans des secteurs de passage, dans des zones de pâtures et,
probablement, d’extraction de bois. Nous parlons en général de hautes côtes ou, en tout
cas, plus hautes que celles qu’occupent les populations et les cimetières, dans le cadre
d’une organisation spatiale du territoire qui est signalée par la disposition des marqueurs
graphiques (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2000a, 2000b, 2000c ;Bueno Ramirez et
al., 2004a).
La concentration de symboles du pouvoir sur des statues, des menhirs et des panneaux-
stèles des territoires les plus convenables au développement de l’agriculture, du pâturage et
de l’habitation, focalise les graphies qui nous occupent sur la définition des territoires
599P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
d’emploi quotidien, face aux zones élevées, normalement « défendues » sur le plan de fait
et sur le plan symbolique par les plaines, au pied desquelles les marqueurs armés sont
situés.
4. Les stèles armées
La référence la plus ancienne dans un contexte mégalithique reste jusqu’à présent celle
d’Alberite I. Située dans la division de fait de l’un des tronçons de la galerie, la stèle montre
un anthropomorphe gravé avec une tête pointue, de même que la statue de Soalar ou celle
de Serra Boulhosa. Il porte à la main un outil emmanché, une hache ou une hallebarde, dans
Fig. 18
.
Calque de la stèle de Monte Blanco (après Bueno Ramirez et Piñón Varela, 1985).
Fig. 18. Drawing of Monte Blanco stele (after Bueno Ramirez and Piñón Varela, 1985).
600 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
une situation qui ressemble beaucoup à celle de l’orthostat-stèle de Soto n
o
I-23. L’indi-
vidu est habillé avec une cape qui a été représentée au moyen de franges transversales en
zigzags peintes en rouge et en noir.
Une autre stèle accompagnée d’objets est celle qui a été localisée dans la galerie du
Toconal, à Cadix (Rodriguez Fernandez, 1990), parmi les pièces qui marquent l’entrée au
monument (Fig. 19).
Ces dernières années, le vaste ensemble de menhirs du Sud-ouest portugais a été l’objet
de travaux minutieux qui ont permis de constater que beaucoup d’entre eux sont des repré-
sentations anthropomorphes évidentes. Cette vérification indique la signification anthropo-
morphe généralisée de ces pièces si remarquables dans le paysage, ainsi que la sélection de
quelques-unes unes qui, au moyen de gravures et de la peinture, montrent leur situation
spéciale par rapport aux autres, privées d’objets.
De tous ces objets, les crosses et quelques haches sont les plus communes, accompagnés
de sujets serpentiformes et solaires comme sur les orthostats-stèle.
En fonction de la décoration de leurs faces, ces pièces sont classées comme des stèles-
menhir ou comme des statues-menhirs.
La stèle-menhir de Monte da Ribeira est l’une des dernières pièces à être connue. Elle se
trouvait associée à d’autres menhirs plus petits et sans gravures (Gonçalves et al., 1997).
Fig. 19
.
Stèle de Toconal I. Olvera, Cádiz (d’après Rodríguez Fernandez, 1990).
Fig. 19. Stele of Toconal I. Olvera, Cádiz (after Rodríguez Fernandez, 1990).
601P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
On y remarque la figuration d’une crosse et d’une hache – qui n’apparaît pas dans le pre-
mier calque publié – sur le tiers supérieur de la pièce. Au revers, on observe une seconde
crosse dans la même position (Fig. 20).
Une ceinture et quelques lames de hache sur le tiers inférieur de la pièce rappellent la
position des armes de quelques statues-menhirs.
Une des stèles du cromlech d’Almendres, dans la même zone, montre une forme de
« the thing » à gravure légère à la hauteur moyenne du personnage (Bueno Ramirez et
Balbín Behrmann, 1998b : 83) (Fig. 21).
Les exemples dans l’ensemble du Sud-ouest portugais sont nombreux et ils ont été récem-
ment analysés par Gomes (1997, 2002),Gomes et Cabrita (1997) et par Calado (1997). Les
références graphiques que nous incluons ici donnent l’idée de la réitération de ces images à
fort impact visuel qui se situent dans des territoires d’habitation connectés avec les nécro-
poles mégalithiques importantes de l’Alentejo et de l’Algarve (Fig. 22).
Entre les stèles armées du Nord, on trouve les exemplaires de Tabuyo del Monte, à León
(Fig. 23) et de Sejos, à Santander (Fig. 24). Le premier montre une association de hallebarde–
poignard identique à celle des panneaux-stèles bien connus du Nord-ouest, et le second
présente – de même que les dolmens – un ensemble de pièces statuaires dont l’une se fait
remarquer parce qu’elle se présente armée.
Fig. 20
.
Calque amélioré du menhir de Monte da Ribeira (d’après Gonçalves et al., 1997).
Fig. 20. Drawing of Monte da Ribeira menhir (after Gonçalves et al., 1997).
602 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Dans le domaine du Douro, la stèle de Longroiva (Almagro Basch, 1966 : 109) se joint
aux pièces que nous décrivons, avec la même association de hallebarde–poignard que
Tabuyo, à laquelle on a ajouté un arc.
Le rapport entre ce fleuve, le Douro, et les accès à l’Èbre est une évidence marquée par
d’autres références graphiques, comme la pièce spectaculaire de Soalar ou celles plus orien-
tales de Preixana et de Canovelles, que nous allons voir ci-dessous.
Sur la stèle de Preixana (Durán i Sempere, 1970) une bande avec une épée à côté montre
la même disposition technique et graphique que beaucoup des dalles de l’Alentejo, que
nous allons commenter après.
De découverte récente elle aussi, la stèle-menhir de Soalar (Bueno Ramirez et al., 2005b)
a presque5mdehauteur et a été réalisée en grès. Sa localisation dans une aire de nécropole
mégalithique, ainsi que sa connexion avec une zone d’habitation, suppose qu’elle est l’une
des rares références de contexte pour ce genre de pièces qui présentent des manques énor-
mes à ce sujet dans le reste du Nord péninsulaire.
Un anthropomorphe avec la tête pointue, comme celle de Serra Boulhosa ou celle de la
stèle armée d’Alberite I, apparaît revêtu d’une cape où l’on remarque une « arme » avec un
emmanchement très développée que nous avons identifiée comme une hallebarde grâce au
type de lame (Fig. 25).
Fig. 21
.
Calque de la stèle-menhir 56 du cromlech de Almendres avec « the thing » gravé selon les auteurs.
Fig. 21. Stele-menhir 56 of cromlech of Almendres with “the thing” engraved according to the authors.
603P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
À côté d’elle, un cercle-soleil-bouclier et un poignard sur une gravure plus légère et plus
petite réaffirment la position détachée d’un personnage qui devait être visible dans une
ample zone de la vallée du Baztán, où se trouve le col de Soalar, et, qui devait jouir à son
tour d’une grande visibilité vers les accès à la vallée par le Sud (Fig. 26).
Une analyse plus récente de la stèle de Serra-Boulhosa, que Soalar rappelle beaucoup,
montre un personnage avec une ceinture où l’on garde ce qui semble être une lame de
couteau. C’est ainsi que Serra Boulhosa, associée traditionnellement à un milieu mégali-
thique, apparaît elle aussi comme une pièce « armée » (Fig. 27).
Les autres stèles armées péninsulaires ont été groupées dans deux ensembles graphiques
définis : celui des stèles de l’Alentejo et celui des Hurdes-Gata. Dans les deux cas, la pré-
sence de pièces nettement statuaires insiste sur l’impossibilité d’établir des typologies fer-
mées.
Le groupe des stèles de l’Alentejo se concentre de manière évidente dans le Sud-ouest,
indiquant une spécialisation associée aux contextes funéraires avec des recours graphiques
très propres aux panneaux-stèles : des orientations zénithales, en plus des verticales, et des
groupements d’armement à caractère symbolique, puisque les armes gravées n’apparais-
sent pas à l’intérieur des cystes où elles ont été réalisées (Gomes et Monteiro, 1977).
Pour les à peu près 20 pièces documentées jusqu’à présent, il faut souligner la propor-
tion de pièces décorées et non décorées dans un même cimetière, ainsi que le rapport entre
des décorations d’armes et d’autres plus schématiques comme les cupules (Tavares da Silva
Fig. 22. Calques des menhirs 10 et 18 de Vale María do Meio (d’après Calado, thèse doctoral).
Fig. 22. Drawings of Vale María do Meio menhirs 10 and 18 (after Calado, doctoral thesis).
604 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
et Soares, 1991 : 158). La différence entre les couvertures avec des armes et sans elles pose
la même dialectique qui s’établit entre les ensembles de menhirs et les ensembles
d’orthostats-stèle, où seuls quelques-uns uns sont armés.
Quelques ensembles originaires de la même nécropole montrent plus d’une pièce déco-
rée : Mombeja I et II. Il en va de même pour les stèles des Hurdes-Gata, dont elles sont en
partie contemporaines. Et ce qui est plus intéressant, quelques stèles originaires de cette
nécropole sont postérieures, ce qui prouve la continuité dont nous avons tellement parlé à
propos de l’emploi des références graphiques dans la Préhistoire récente péninsulaire. Les
cas de Valencia deAlcántara, de Pomar ou de Hernán Pérez sont clairs.
Ainsi que le signalent Gomes et Monteiro (1977), les stèles de l’Alentejo présentent des
régularités de composition qui définissent un groupe graphique compacté.
Fig. 23. Calque de la stèle de Tabuyo del Monte, León (d’après Almagro Basch, 1972).
Fig. 23. Drawing of Tabuyo del Monte stele, León (after Almagro Basch, 1972).
605P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Les bandes desquelles les armes pendent, semblables à celles qui existent à Preixana, à
Longroiva, dans certaines pièces de Cabeço da Mina, dans des orthostats-stèle et sur quel-
ques plaques décorées, se trouvent très documentées. Elles laissent entrevoir le recours
compositif selon lequel la pierre est le corps du personnage, même si celui-ci n’est pas
expressément figuré.
L’association d’armements tend au binôme épée–hallebarde présente sur les statues-
menhirs, bien que la substitution de la hallebarde par « l’idole » soit très habituelle. Cette
substitution, ainsi que quelques objets comme les haches africaines ou les doubles haches
du Nord de l’Europe (Oliveira, 1986) rendraient attirante l’hypothèse selon laquelle il s’agi-
rait d’un certain instrument de même caractère. L’association récurrente entre des formes
trapézoïdales interprétées comme anthropomorphes et des haches dans le domaine méga-
lithique, constitue une hypothèse suggestive. Et encore plus si l’on tient compte de la pla-
que lisse et achevée par une forme courbe ouverte, localisée à l’entrée de la chambre du
dolmen de Trincones 1 (Bueno Ramirez et al., 2000) et associée à un dépôt de polissages
avec d’autres plaques décorées ou pas. Nous nous trouverions, donc, face à un autre sujet
polysémique : des formes trapézoïdales s’associent de la même façon à des significations
anthropomorphes et d’armement.
Fig. 24
.
Plan du cromlech de Sejos, Cantabria, avec détail des stèles décorées.
Fig. 24. Plane of cromlech of Sejos, Cantabria, with detail of the decorated steles.
606 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
La présence habituelle d’autres « armes » comme des haches emmanchées, semblables
à celles des panneaux-stèles du Nord péninsulaire et à celles des orthostats-stèle comme
Soto, Alberite II ou Vale de Rodrigo 2, situe les dalles de l’Alentejo dans un concept gra-
Fig. 25
.
Calque et photo de la stèle de Soalar. Photo R. de Balbín Behrmann (d’après Bueno Ramirez et al., 2005b
).
Fig.25.
Drawing and photo of the stele of Soalar. Photo R. de Balbín Behrmann (after Bueno Ramirez et al., 2005b
.
607P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Fig. 26. Section topographique avec la situation des dolmens, menhirs et cercles de pierre proches de la stèle de
Soalar.
Fig. 26. Topographic court with the situation of megalithic tombs, menhirs and cromlech located next to the stele
of Soalar.
Fig. 27. Calque de la stèle de Serra Boulhosa, selon les auteurs.
Fig. 27. Drawing of Serra Boulhosa stele, according to the authors.
608 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
phique très proche de celui des panneaux-stèles, d’une part, et de celui des orthostats-stèle,
de l’autre.
La typologie des armes et du matériel contenu dans les enterrements permet d’établir
une coexistence temporelle entre les dalles de l’Alentejo et l’Argar. Cette contemporanéité
a une bonne référence symbolique dans la détection de stèles, sans décorer, dans des contex-
tes funéraires de l’Argar. L’emploi de galets comme support des stèles localisées dans la
nécropole de Fuente Álamo rappelle des usages similaires dans quelques pièces associées à
des mégalithes dans le style de celles qui se trouvent à l’entrée de Dombate, en plus de
réitérer les supports majoritaires dans l’ensemble de représentations anthropomorphes centre-
occidental « Hurdes-Gata ». Notre expérience dans ces domaines nous amène à envisager
la possibilité qu’elles aient été peintes, une question qu’il serait intéressant de vérifier
(Fig. 28).
La date ancienne à l’intérieur de l’Argar A que les auteurs proposent pour ces expres-
sions (Risch et Schubart, 1991 : 196), coïncide avec celle qui peut être fixée pour une
grande partie des stèles de l’Alentejo qui, comme nous avons dit ci-dessus, présentent des
contextes matériels similaires (Fig. 29).
Dans le cas des stèles Hurdes-Gata il faut signaler la prolifération de la technique de la
gravure large, l’emploi relativement fréquent d’éléments dormants de moulin ou des galets
comme support, et leurs dimensions entre les 50 cm et un peu plus d’un mètre, à l’excep-
tion de celle de la Granja de Toniñuelo, qui en est la plus remarquable avec 1,38 m. Récem-
ment nous avons pu documenter des traces de peinture rouge sur la stèle de Hernán Pérez
VI et sur celle de Toniñuelo (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1997a : 107). De ce
vaste ensemble, seules quatre pièces sont armées.
La plus anciennement connue, c’est celle de Hernán Pérez VI. Provenant d’une nécro-
pole de cystes avec cinq autres stèles anthropomorphes et une autre du Bronze final (Alma-
gro Basch, 1972), c’est la seule qui est armée. Dans la ceinture, à droite, le personnage
porte une hallebarde triangulaire avec le manche et la lame en relief.
L’autre pièce que l’on cite comme étant armée, est celle d’Agallas (Sevillano, 1991). La
chercheuse interprète comme une hallebarde une gravure fine réalisée sur les colliers. Autant
l’apparence de la gravure que sa situation sont étrangères au panorama figuratif de ces
pièces, ce qui nous permet d’opposer quelques doutes à cette assignation. En revanche, il
nous semble intéressant le fait que la figure porte entre les mains une forme ovale piquetée
avec un certain relief, identique à celle qui a été documentée dans la stèle d’A da Moura
(Silva, 2000) et que les auteurs interprètent comme un sexe masculin à partir de la pièce
ainsi décrite dans la statue de Chaves (Jorge et Almeida, 1980 : 10).
Cependant, il nous semble difficile d’interpréter les formes citées comme des sexes mas-
culins. en revanche, il est intéressant que les deux objets, celui d’Agallas et celui d’A da
Moura soient piquetés et qu’ils présentent un certain bas-relief, selon le système technique
que nous avons observé pour la réalisation des armes sur d’autres pièces de cet ensemble.
Leur forme oblongue permet de penser à une lame de couteau ou, peut-être, de hache, sans
qu’il nous soit possible d’en préciser davantage.
Ce qui nous semble évident, c’est que, autant par la technique que par la position de
l’objet entre les mains du personnage, très semblable à celle occupée par des objets de
certaines statues-menhirs du Sud de la France, A da Moura etAgallas sont aussi des stèles
armées.
609P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
L’autre stèle « armée » de ce groupe est celle des Santos (Bueno Ramirez, 1991 : 89), où
l’on apprécie dans son tiers inférieur une lame triangulaire que nous interprétons comme
celle d’une hallebarde. Elle est malheureusement fragmentée et sa surface, très érodée, ce
qui complique l’observation de ses gravures, qui résultent en partie de l’utilisation de lignes
naturelles (Fig. 30).
Fig. 28
.
Stèles 1, 3, 4 de Fuente Alamo et situation du n
o
2 dans le fermeture d’un coffre (d’après Risch et
Schubart, 1991).
Fig. 28. Steles 1, 3, 4 of Fuente Alamo and situation of No. 2 in closing lateral cist (after Risch and Schubart,
1991).
610 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
5. Les statues armées
Comprises comme des représentations sculpturales tridimensionnelles, les statues ont
des exemples mégalithiques.
La plus spectaculaire de celles qui ont été localisées pendant les dernières années, c’est
peut-être la statue-menhir du dolmen de Navalcán, à Tolède. Parmi beaucoup d’autres consi-
dérations que nous avons déjà exposées à plusieurs reprises (Balbín Behrmann et Bueno
Ramirez, 1993 ;Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1998a ;Bueno Ramirez et al., 1999a ;
Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, sous presse a), elle contribue à démontrer l’emploi
des mêmes graphies à l’intérieur et à l’extérieur des monuments. La connexion graphique
de cette statue et du menhir de Navalcán avec l’ensemble des menhirs et des statues-
menhirs du Sud-ouest portugais est nettement visible (Fig. 31).
Il y a d’autres statues armées dans des contextes dolméniques. C’est le cas de la pièce du
dolmen 6 du Pozuelo (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1997a) qui présente un poi-
gnard sur l’une de ses faces (Fig. 32).
Plus ou moins grandes (Bueno Ramirez, 1995), les références anthropomorphes de la
zone d’accès des monuments présentent aussi des indices d’avoir porté un objet. C’est le
cas d’une des statuettes de l’entrée au dolmen d’Alberite I (Bueno Ramirez et Balbín Behr-
Fig. 29
.
Calque de la stèle de Hernán Pérez VI, Cáceres, selon les auteurs.
Fig. 29. Drawing of Hernán Pérez VI stele, Cáceres, according to the authors.
611P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
mann, 1997a :Fig. 9), qui montre une forme ovale pointue dans ses deux extrémités, comme
celles trouvées sur l’un des orthostats-stèle du dolmen de Soto.
La découverte récente d’une statue-menhir à Canovelles, toujours à l’étude, peut être
connectée d’un point de vue graphique avec l’ensemble Hurdes-Gata (Bueno Ramirez,
1987), dont nous retrouvons une vaste représentation dans le Douro. Bref, le rapport entre
la disposition graphique de cette pièce catalane, celle qui a été récemment découverte d’À
da Moura (Silva, 2000) et celle d’Agallas, à Salamanque, est très remarquable.
La pièce catalane est interprétée comme armée par la presse dans la seule information
qui existe d’elle pour l’instant, et dans sa description on fait allusion à un objet triangulaire.
Il nous faudra attendre son étude scientifique.
Dans l’ensemble anthropomorphe Hurdes-Gata, si les stèles sont majoritaires, il y a
aussi des statues. C’est en tant que statue que nous pourrions considérer la pièce déjà citée
d’Agallas à cause de sa conception tridimensionnelle, ainsi que celles d’À da Moura, de
Salvatierra de Santiago (González Cordero et Alvarado, 1983), et ce qui nous intéresse
maintenant, la statue armée d’Alto da Escrita (Carvalho et al., 1999). Les auteurs y identi-
fient un « couteau » du même style que celui qui a été détecté dans la statue de Tremedal.
Dans l’environnement du Douro, la position de cette dernière pièce coïncide avec celle
du groupe de Cabeço da Mina, où des stèles et des statues se rassemblent dans un gisement
Fig. 30
.
Calque de la statue de Agallas et de la stèle de Los Santos, selon les auteurs.
Fig. 30. Drawing of Agallas statue and Los Santos stele, according to the authors.
612 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
d’un énorme intérêt, mais pas encore suffisamment connu. La pièce 1 de Cabeço da Mina
(Sousa, 1996 : est. LXIII) présente une bande d’où un feston circulaire pend.
Les statues-menhirs de « style méditerranéen » ont actuellement deux noyaux qui fini-
ront par se rapprocher au fur et à mesure que les découvertes progresseront. Nous parlons
du noyau Nord-occidental qui comprend les pièces de Bouça, de Chaves, de Faiôes, de
Joâo de Ver (Jorge et Jorge, 1990), et d’Ermida (Baptista, 1985), et du noyau centre-
occidental avec les pièces de Villar del Ala (Romero Carnicero, 1981), de Valdefuentes de
Sangusín (Santonja et Santonja, 1978), de Tremedal (López Plaza et Sevillano, 1996)et
d’Ataúdes (Vilaça et al., 2001).
Des armes comme celles des dalles de l’Alentejo, avec des techniques et des associa-
tions même identiques, comme la statue de Sangusín, et sur des supports nettement anthro-
pomorphes d’un volume remarquable, se situe un groupe d’une forte apparence guerrière.
Elles montrent des personnages masculins qui portent parfois des objets d’une fonction-
nalité inconnue, comme les formes trapézoïdales de Bouça, de Chaves et desAtaúdes. Leur
Fig. 31
.
Statue-menhir du dolmen de Navalcan, Toledo. Photo R. de Balbín Behrmann.
Fig. 31. Menhir-statue of the megalithic tomb of Navalcan, Toledo. Photo R. de Balbín Behrmann.
613P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
position, similaire à celle de « l’idole » déjà commentée des dalles de l’Alentejo, nous fait
prendre en considération leur possible signification symbolique.
Ces personnages portent probablement des casques sur leurs têtes, des cuirasses à la
hauteur de la poitrine, des protecteurs sur les genoux, comme ceux de Valdefuentes et de
Tremedal, des bandes, des ceintures, des couteaux, des poignards et des hallebardes.
Dans l’ensemble de l’Alentejo il y a aussi des statues. Par exemple, celle de Tapada da
Moita (Oliveira, 1986) et celle d’Alfarrobeira (Beirâo, 1973 :Fig. 16), avec une donnée
intéressante : la dernière provient d’une nécropole de cystes du Sud-ouest, le même contexte
archéologique où se trouvent les stèles de l’Alentejo.
La position de l’épée et la hallebarde de Tapada da Moita est identique à celle que
ces mêmes armes occupent dans la statue de Valdefuentes ; un fait qui vient insister
sur la contemporanéité des différentes versions anthropomorphes qui nous occupent
(Fig. 33).
Fig. 32
.
Calque de la statue-menhir de Pozuelo 6 (d’après Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1997a).
Fig. 32. Drawing of Pozuelo 6 statue-menhir (after Bueno Ramirez and Balbín Behrmann, 1997a).
614 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
6. Les objets identifiés au pouvoir
Un des aspects qui ressort au premier coup d’oeil dans le tour d’horizon que nous venons
d’exposer, c’est la présence d’objets qui accompagnent les représentations anthropomor-
phes mégalithiques depuis leurs manifestations les plus anciennes.
Les difficultés trouvées à classer ces objets sont en rapport avec les problèmes rencon-
trés pour les identifier à des objets réels, comme il arrive dans d’autres ensembles statuaires
européens (D’Anna, 1977).
L’emploi du terme « armée » doit être compris dans le cadre où nous agissons comme la
statuaire qui présente, en plus des traits anthropomorphes, un objet dans une position remar-
quable, sans tenir compte de son but spécifique ou de son identification archéologique.
La coïncidence sur les mêmes panneaux, ou dans le même dolmen, de diverses versions
anthropomorphes où l’une d’elles se fait remarquer par le fait de porter un « objet », pro-
pose une première interprétation en rapport avec la signification hiérarchique des pièces
« armées ».
Les statues, les stèles ou les panneaux armés occupent des positions éminentes dans le
contexte où ils s’insèrent, c’est pourquoi l’interprétation de ces figures comme l’image
reconnaissable d’un pouvoir établi autour qualifié par l’objet ou les objets qui les accom-
pagnent, résulte une hypothèse plausible.
Une question bien différente est celle d’assurer la fonctionnalité et la typologie de ces
objets à propos desquels on a obtenu deux opinions : ce sont des armes, donc, elles sont
Fig. 33
.
Statues alentéjaines de Tapada da Moita et Alfarrobeira (d’après Oliveira, 1986).
Fig. 33. Statues from Alentejo of Tapado da Moita and Alfarrobeira (after Oliveira, 1986).
615P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
faites en métal, indiquant des chronologies spécifiques ; ou bien, il s’agit d’éléments pure-
ment symboliques sans aucun sens fonctionnel.
Les données que nous apportons prouvent que ces objets, malgré leur apparence soi-
disant métallique, n’ont pas toujours dû répondre à des formes métalliques, même dans le
milieu du III
e
millénaire cal BC, où l’emploi de cette matière première est bien contrasté.
Un bel exemple graphique de ce que nous disons, est l’accompagnement d’objets de
l’Homme de Similaun, qui avait une hache en cuivre mais portait un poignard de silex
(Spindler, 1995).
Une première considération doit insister sur la réalité de la valeur symbolique qu’on
octroie aux individus « armés », et sur la relativité du lien direct entre les armes et le métal,
puisque les objets qui nous occupent ont pu être réalisés avec d’autres matières premières.
Ceci dit, l’importance que les figurations avec des armes métalliques ont atteinte tout le
long du III
e
millénaire cal BC dans le domaine européen et africain (Chenorkian, 1988 : 11)
est une certitude, et il en va de même pour ces associations qui avaient une signification liée
au pouvoir depuis très longtemps.
Leur rapport graphique avec les figurations des ancêtres commence par la vérification
d’un même habillement, caractérisé par des dessins en zigzags horizontaux et verticaux,
ainsi que par son apparence de tunique, qui se confirme par le prolongement de la repré-
sentation à tout le support-corps. Nous connaissons le coloris rouge et noir de ces capes à
partir du document apporté par des orthostats-stèle mégalithiques, par des plaques déco-
rées et par des panneaux-stèles du style de Peña Tú. La réitération de formes similaires
dans le panorama mégalithique européen avalise la possible présence picturale très peu
documentée jusqu’à présent dans le reste de l’Europe (Bueno Ramirez et Balbín Behr-
mann, 2002 : 611).
Il est possible qu’elles représentent des vêtements en laine, avec la valeur que cette
matière première a pu avoir dans les transactions commerciales de la fin du IV
e
millénaire
cal BC et pendant le III
e
, ce qui supposerait un autre élément de prestige associé aux figu-
rations qui nous occupent. Les dates du Néolithique moyen que nous pouvons déterminer
pour l’utilisation de produits secondaires dans toute l’Europe (Lichardus et al., 1987), ont
dans la Péninsule des confirmations récentes (Bueno Ramirez et al., 2002), ce qui rend
cette hypothèse suggestive.
Ces tuniques s’achèvent d’habitude par un capuchon ou un ornement sur la tête qui
répète les mêmes dessins.
Parfois, des formes apicales ou anguleuses suggèrent un genre de coiffe, par-dessus la
tunique décrite. Nous nous référons à la présence possible de casques, spécialement dans
les cas de Valdefuentes de Sangusín, deVillar del Ala et de Tremedal, qui répètent le profil
de « tête de garde civil » de quelques stèles italiennes.
La confluence de ces protections avec un revêtement de ce qui pourraient être des cui-
rasses sur les deux pièces coïncide dans la visualisation de chefs guerriers à des moments
contemporains aux dalles de l’Alentejo et à une partie du reste des pièces armées que nous
allons analyser ci-dessous.
Des ceintures et des bandes sont associées aux vêtements qui nous occupent. Elles sont
constatées sur des orthostats-stèle, sur des statues, sur des stèles et sur des menhirs, ce qui
vient confirmer leur ancien rôle en tant que supports des objets d’usage quotidien ou d’usage
spécialisé.
616 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Les bandes sont visibles sur certains orthostats-stèle, notamment à Alberite 1 et sur des
exemples de dolmens peints de la zone de Viseu ; c’est pourquoi, les figurations de bandes
à Preixana, sur la stèle de Longroiva, à Soalar ou sur les dalles de l’Alentejo ne constitue-
raient aucune nouveauté au sujet des instruments de guerriers et de chasseurs.
Il en va de même avec les ceintures. Dans leur version la plus simple (une seule ligne),
elles sont relativement habituelles sur les orthostats-stèle (Bueno Ramirez et Balbín Behr-
mann, 1997b) et sur les statues et les stèles-menhir : Monte da Ribeira, Navalcán, Almen-
dres, etc.
Plus élaborées sont les ceintures doubles, avec un remplissage intérieur de cupules comme
celles qui apparaissent sur les stèles et les statues du groupe Hurdes-Gata. Elles sont fré-
quentes aussi sur quelques stèles du Bronze final.
Pour quelques auteurs la présence d’armes constituerait une vérification des représenta-
tions masculines comme une forme de délimiter les domaines sociaux de l’homme et de la
femme (Guilaine et Zammit, 2002 : 179). Les pièces avec des colliers et des seins seraient
donc des représentations féminines, tandis que celles qui montrent des armes seraient mas-
culines.
Cette question ne doit pas être aussi simple, parce que nous connaissons actuellement
des pièces avec des colliers qui portent d’ailleurs des éléments d’armement, comme c’est le
cas pour Alto da Escrita ou Hernán Pérez VI, et des pièces avec un sexe masculin qui
n’emploient pas des éléments de défense pour déterminer la sphère sexuelle, comme à A da
Moura (Silva, 2000).
Les colliers simples ou composés nous ramènent à des pièces mégalithiques sans aucun
problème. Qu’ils soient taillés sur les orthostats-stèle, ou bien gravés et peints sur des pla-
ques décorées de contexte Néolithique, ces colliers constituent une référence nette aux
représentations des ancêtres qui cadrent avec le reste des réminiscences de la tradition
(Bueno Ramirez, 1992), que nous argumentons pour l’interprétation des représentations
armées.
L’identification exclusive de ces ornements avec des personnages féminins présente donc
des problèmes sérieux dans les références ibériques (Bueno Ramirez, 1991, 1992, 1995).
Il nous semble plus adéquat de penser à une indéfinition sexuelle (qui caractérise en
général les êtres mythologiques) expressément cherchée dans les représentations ancien-
nes. Leur concrétisation postérieure dans le sexe masculin s’associerait à une réinterpréta-
tion des ancêtres de la part de guerriers importants dans des ensembles métallurgiques.
L’arc joue un rôle franchement remarquable dans l’Art du Levant, un aspect que nous
n’allons pas aborder ici. Nonobstant, il semble intéressant de signaler que les travaux que
l’on réalise dans le parc de la Valltorta ont détecté des grottes d’enterrements collectifs
associées à des scènes de chasse ; il est ainsi possible que dans l’avenir nous puissions
connecter une partie de l’Art levantin avec son emploi dans des domaines funéraires.
La présence d’arcs sur des panneaux-stèles et des orthostats-stèle, des statues et des
stèles armées a son égal sur des supports similaires du reste de l’Europe. L’arc associé à des
lames triangulaires de la stèle A de Barnenez a un intérêt spécial dû aux dates duV
e
millé-
naire cal BC où cet enterrement peut être situé (Leroux, 1998 :Fig. 2).
L’une des évidences les plus intéressantes dans la Péninsule ibérique, c’est l’association
récurrente de cette arme à la chasse du cerf, voire sur des supports datés du Bronze final,
comme celui de la stèle déjà citée de S. Martinho (Almagro Basch, 1966 : 37) (Fig. 34).
617P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Le rapport du sujet de la chasse du cerf avec des formes humaines et des formes solaires
représente une iconographie amplement documentée dans l’Art Mégalithique ibérique
(Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1992, 2000a, 2000b), avec un fidèle équivalent en
plein air, autant sur les pétroglyphes galiciens et du Tage que sur les peintures. La chasse,
en tant que sujet symbolique, toujours associée au même animal, le cerf, et maintes fois au
soleil, a de bonnes références dans des domaines atlantiques tout le long de l’A
ˆge du Bronze.
Il faut sûrement la mettre en rapport avec des versions mythologiques des ancêtres, pas très
éloignées de la valeur du cerf et du soleil comme des éléments avec une capacité de renou-
vellement vital assimilés par les classes dominantes en qualité d’expression graphique de
leur statut social (Fig. 35).
L’arc de la stèle de Longroiva suggère cette association. C’est l’arc du chasseur de cerfs,
changé maintenant en chef guerrier avec sa hallebarde et son poignard. Les arcs présents
sur les dalles de l’Alentejo, de véritables panneaux-stèles, s’orientent dans le même sens,
proposant non seulement la contemporanéité entre des pièces si distinctes iconographique-
ment et formellement, mais une connexion idéologique claire : l’allusion à la mythologie
des ancêtres comme base de l’ensemble social qui se reflète sur ces pièces. La récurrence à
ce même sujet de la chasse du cerf dans la stèle ci-dessus citée de S. Martinho II, a d’autres
exemples dans le domaine des stèles du Sud-ouest : Torrejón el Rubio I, Cortijo de Cuatro
Casas, El Viso I, Capilla III ou Montemolín (Celestino Pérez, 2000).
La crosse est peut-être l’un des sujets les plus amplement représentés sur les figurations
néolithiques. C’est l’un des rares objets qui apparaissent sur les peintures en plein air, ainsi
Fig. 34
.
Scènes de chasse du dolmen de Lubagueira, Orca dos Juncais (d’après Shee Twohig, 1981) et de la stèle
de San Martinho II (d’après Almagro Basch, 1966).
Fig. 34. Hunting scenes of the dolmen of Lubagueira, Orca dos Juncais (after Shee Twohig, 1981), and the stele of
San Martinho II (after Almagro Basch, 1966).
618 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
que sur des orthostats-stèle, des stèles et des statues-menhirs, dans la Péninsule ibérique
autant que dans d’autres secteurs de l’Europe occidentale (Bueno Ramirez et Balbín Behr-
mann, 2002 : 627) (Fig. 36).
Son rapport avec la possession du bétail et son assimilation plus que probable aux élé-
ments de prestige (Calado, 1997 : 295), sont prouvés par son inclusion dans les mobiliers
de quelques sépulcres du Sud-ouest (Gonçalves et al., 1997 : 251).
La crosse en tant qu’identificateur de la possession du bétail a également pu faire allu-
sion à un autre genre d’autorité : celle qui s’exerçait sur le territoire ou sur les groupes qui
l’occupaient. En fait, les grands menhirs de l’Alentejo et de l’Algarve sont des stèles et des
statues authentiques, puisque leur aspect anthropomorphe est souligné par leur association
récurrente aux crosses et, parfois, aux haches emmanchées.
La probable assimilation iconographique hache-crosse a été traitée plusieurs fois dans la
bibliographie européenne (Ambert, 1998 ;Bordreuil et Bordreuil, 1998). Les données four-
nies par les pièces les plus récentes permettent de réfléchir sur leur élargissement au rôle
que, sur le plan symbolique, jouaient les hallebardes en tant que pièces emmanchées qui
pourraient avoir assimilé l’ancienne symbologie des haches-crosse, la déplaçant vers les
haches-hallebarde. Son importance graphique, vérifiable par les dimensions des figura-
tions, la tendance au bas-relief et les dispositions à droite du personnage, est réitérée dans
les deux iconographies.
Plusieurs sont les travaux qui analysent des formes et des proportions afin d’effectuer
des adjudications aux styles atlantiques ou méditerranéens des hallebardes (Chenorkian,
1988 ;Peña Santos, 1980). Sans mépriser ces hypothèses, proposer que l’iconographie
crosse-hache s’est transformée dans le temps en iconographie hache-hallebarde contribue-
rait à expliquer la rare concrétisation typologique de ces formes, que l’on comprendrait
Fig. 35
.
Le soleil comme symbole détaché. Calque de l’orthostate d’Arquinha da Moura (d’après Cunha, 1995)et
gravures en roches des ensembles en plein air de Fratel y Simao (Tage) (d’après Gomes, 2000).
Fig. 35. The sun as significant symbol. Drawing of the orthostat of Arquinha da Morua (after Cunha, 1995) and
engraved roches in outdoor sites of Fratel y Simao (Tagus) (after Gomes, 2000).
619P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
comme des allusions au caractère guerrier du personnage assimilées au pouvoir territorial
et économique des ancêtres.
L’identification des hallebardes a été réalisée plusieurs fois à partir de raisonnements
négatifs. On prime la forme triangulaire pointue de certaines des lames présentes, surtout
sur les dalles de l’Alentejo. On y ajoute que, s’il ne s’agissait pas de haches, ce que la fine
lame triangulaire avalise, il ne serait pas question non plus d’herminettes, car elles sont
associées à de longs manches amincis, nullement appropriés à ce genre de pièces (Piel-
Desruisseaux, 1999 : 172).
Ces arguments se joignent à la réalité selon quoi les hallebardes sont des objets de contex-
tes particuliers, des dépôts de l’aire atlantique, ou de la sphère funéraire, quand on les
détecte seulement dans des enterrements d’hommes éminents du Sud-est (Lull et Estevez,
1986), comme il arrive en Europe centrale.
La présence récurrente de hallebardes associées aux figurations anthropomorphes en
Europe (Saulieu, 2004 : 72) est significative et la tendance de magnifier leurs dimensions,
aussi, ce qui réitère le besoin de mettre en valeur l’aspect symbolique des armes, en plus de
leurs indéniables références typologiques.
Nous disposons de sept exemplaires associés à des stèles et des statues dans la Péninsule
(Fig. 37).
Fig. 36
.
Menhirs avec crosses. Menhir 57 de Almendres et menhir de Herdade as Vidigueiras (d’après Gomes,
1997).
Fig. 36. Menhirs with staffs. Menhir 57 of Almendres and menhir of Herdade asVidigueiras (after Gomes, 1997).
620 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Les hallebardes de Longroiva, de Hernán Pérez VI et de Tabuyo cadrent bien avec les
formes et les dimensions de la plupart des exemplaires des panneaux-stèles galiciens. Un
rapport qui se voit renforcé par la vérification de l’association majoritaire dans tout le sec-
teur, poignard–hallebarde, les deux pièces placées sur les côtés du personnage.
Au contraire, les hallebardes de Soalar, de Peña Lostroso et deValdefuentes de Sangusín
semblent plus proches de celles qui apparaissent dans les stèles de l’Alentejo, autant par
leur emplacement avec la lame orientée vers la droite que par le manche développé et par la
tendance à situer les armes sur la partie centrale du personnage, et non pas sur les côtés,
comme dans les cas antérieurs. Cela coïncide également avec la hallebarde de la statue de
Tapada da Moita.
La pauvre définition de la pièce de Los Santos, le caractère douteux de la hallebarde
d’Agallas et la méconnaissance de la pièce portée par la statue de Canovelles nous empê-
chent d’approfondir davantage.
Le détail des représentations se borne à des tranchants bien marqués, comme celui de la
pièce de Tabuyo (Blas, 2003 : 407), à la nervure de celle de Longroiva ou à des amincisse-
ments entre la lame et la languette comme à Valdefuentes de Sangusín, qui s’assimile aux
représentations de l’Alentejo (Santonja et Santonja, 1978 : 22). Il n’y a aucune référence à
des rivets, bien que la présence de cupules, sur elles, à l’intérieur ou à proximité, soit
fréquente, comme à Soalar et à Tabuyo, un motif qui se répète avec d’autres armes ou avec
les ceintures que nous avons déjà citées du groupe Hurdes-Gata.
Les définitions typologiques serrées des hallebardes nous paraissent jusqu’à présent peu
pratiques. Premièrement, elles présupposent un réalisme extrême des représentations maté-
rielles, ainsi que la matière première de la pièce, question que nous ignorons encore. Un
exemple, c’est la hallebarde de serpentine polie deValencina de la Concepción (Ruíz Mata,
Fig. 37
.
Hallebardes gravées à la Péninsule : A. Stèles et statues anthropomorphes. B. Pétrogliphes gallegos
(d’après Peña Santos, 1981).
Fig. 37. Engraved halberds from Iberian peninsula: A. Steles and anthropomorphic statues. B. Galician petrogly-
phs (after Peña Santos, 1981).
621P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
1983) qui, avec une nervure centrale bien marquée, imite les modèles métalliques. Deuxiè-
mement, parce que les découvertes métalliques dont nous disposons de nos jours laissent
entrevoir une variabilité grandissante des modèles (Delibes et al., 1999 : 34–36).
Leur réalisation en métal peut être supposée sur plusieurs statues qui, comme dans les
dalles de l’Alentejo, sont accompagnées d’épées.
Le chapitre des épées a une importance spécifique dans les représentations liées aux
milieux métallurgiques, qui résulte de notre avis un bon argument pour interpréter les piè-
ces qui les présentent comme la représentation symbolique du pouvoir dérivé de l’emploi,
la transformation et la commercialisation du métal dans les organisations sociales à partir
du III
e
millénaire cal BC.
À ce sujet, on peut considérer autant l’épée de Preixana que celle d’Auga da Laxe, celles
de Molelinhos, celles du Teso de los Cuchillos ou celles des statues-menhirs du Nord du
Portugal et du Plateau castillan, sans oublier celles des dalles de l’Alentejo.
Elles apparaissent toujours rengainées, et même avec une certaine élaboration de ces
fourreaux ; par exemple, la statue d’Ataúdes et celle d’Ourique (Silva, 1995 : 275), qui,
avec leurs bouterolles parfaitement représentées, appartiendraient à des dates d’un Bronze
pleinement consolidé.
D’autres « objets » posent des problèmes plus difficiles à résoudre. Certaines représen-
tations spécifiques, comme l’« idole » des dalles de l’Alentejo, permettent de mettre en
valeur des interprétations régionales d’une iconographie documentée dans toute l’Europe.
Nous parlons de la présence d’armes suspendues au cou, une iconographie très documen-
tée dans les statues et les stèles de style méditerranéen dont nous avons de bons exemples
non seulement en Italie et dans les îles méditerranéennes, mais aussi dans le Midi français
(D’Anna, 1977 : 14).
Dans des paragraphes antérieurs nous nous sommes prononcés sur leur interprétation,
mais nous ne résistons pas à signaler que l’association épée-outil emmanché (hache–
hallebarde), la plus commune chez les dalles de l’Alentejo, est remplacée par l’association
épée–« idole ».
La statue d’Alfarrobeira, qui concentre sur le même support un véritable menhir avec
l’« idole » suspendue au cou, ou celle de Tapada da Moita, qui associe à l’« idole » une épée
et la bande qui les porte, constitue de bons exemples de notre hypothèse.
La présence de formes trapézoïdales remarquable par leurs dimensions et leur place sur
quelques statues-menhirs du Nord du Portugal, pourrait suggérer un rapport avec les célè-
bres pièces de l’Alentejo que nous venons de commenter, mais il faut signaler qu’à Chaves
et à Faiôes elles se trouvent sur le revers, comme s’il s’agissait de plis marqués ou d’un
ornement de la partie postérieure de la cape portée par le personnage.
Ainsi que l’indiquent (Gomes et Monteiro 1977 : 309), les dalles de l’Alentejo ont été
localisées sur des cystes avec des dépôts de matériaux de l’A
ˆge du Bronze, plus concrète-
ment de ce qu’on a appelé Bronze du Sud-ouest (Schubart, 1975), datée de la deuxième
moitié du III
e
millénaire cal BC, malgré le fait que quelques travaux ignorent ou minimi-
sent le dit contexte funéraire (Ruíz Galvez et Galán Domingo, 1991 : 260).
Il s’agit de véritables dalles de couverture de petites sépultures qui, en général, aurait été
peu visibles. La statue d’Alfarrobeira même a été localisée comme couverture d’une cyste
(Beirâo, 1973).
622 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Dans la même marge chronologique, la deuxième moitié du III
e
millénaire cal BC, les
manifestations symboliques se spécialisent dans des iconographies qui ont la tendance à
mettre en relief des personnages concrets par leur capacité de montrer des armes métalli-
ques.
7. La géographie symbolique de la métallurgie ibérique
La présence de hallebardes, d’épées et de poignards dans les « mobiliers graphiques »
des stèles, des statues et des panneaux-stèles propose la connaissance de typologies métal-
liques non documentées ou rarement documentées dans le panorama archéologique de beau-
coup de régions qui nous occupent (Fig. 38).
Ainsi, à la vérification d’une vaste connaissance de la métallurgie dans la Péninsule
ibérique pendant le III
e
millénaire cal BC, les pièces que nous étudions ajoutent la réalité
selon laquelle celle-ci s’associe à des contextes archéologiques de racine mégalithique et à
des personnages importants d’un aspect nettement guerrier, ce qui met en lumière des indi-
ces clairs de hiérarchisation sociale dans des secteurs toujours analysés dans la perspective
de leur pauvreté sociale.
Notre hypothèse ajoute à ces considérations l’argument de la continuité symbolique.
Durant le Néolithique, les orthostats-stèle, les menhirs, les statues et les stèles présentent
des « objets » qui situent les représentations qu’ils accompagnent dans la sphère du pouvoir
des ancêtres. Du pouvoir des biens de base – la terre et le bétail – au pouvoir de l’obtention
Fig. 38
.
Carte de répartition des hallebardes graphiques et réelles (d’après Delibes et al., 1999 avec additions).
Fig. 38. Location of engraved and real halberds (after Delibes et al., 1999 with addition).
623P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
d’articles de prestige – les ornements et le métal –, les représentations anthropomorphes
qui nous occupent mettent en évidence l’emploi du recours idéologique à la tradition en
tant que soubassements de l’ordre social.
L’analyse de la situation archéologique des typologies documentées dans l’art rupestre
a des antécédents intéressants dans les dernières décennies (Bradley, 1997 :60;Bradley,
1998 ;Comendador, 1997). Nous, nous voulons apporter une réalité archéologique plus
vaste, en rapport avec le développement de projets de recherche récente, qui manifestent
une assignation généralisée aux contextes mégalithiques de ces pièces. En plus d’une réa-
lité graphique, elle aussi plus vaste, qui comprend non seulement les stèles, les statues et
les menhirs, mais les orthostats-stèle et les panneaux-stèles en tant que vérification sym-
bolique de nette signification anthropomorphe. Nous parlons donc, comme dans d’autres
contextes graphiques mégalithiques, de la différence entre les marqueurs visibles et les
marqueurs perceptibles pour l’ensemble social qui les engendre.
De même qu’il arrive avec les architectures mégalithiques elles-mêmes, le concept de
visibilité appliqué de manière générique aux manifestations de la Préhistoire récente pénin-
sulaire ne suffit pas à expliquer beaucoup des manifestations qui nous occupent.
L’existence de références symboliques peu visibles, mais qui sont des composantes fon-
damentales des espaces de passage, marqués et défendus par la « tradition », est indéniable
à la lumière de la position majoritaire des références anthropomorphes à l’intérieur des
sépulcres mégalithiques, des dalles de l’Alentejo ou de quelques panneaux-stèles.
C’est précisément la signification symbolique qui explique la présence d’accumulations
d’armes, qui ne sont pas connues dans les dépôts archéologiques de certaines zones que
nous avons analysées. Nous parlerions alors, comme proposait Bradley, de « dépôts rituels »
Fig. 39
.
Carte avec la concentration des groupes des statues et stèles péninsulaires.
Fig. 39. Concentration of Statues and steles groups in Iberian Peninsula.
624 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
(Bradley, 1990), et encore plus, l’on pourrait considérer que l’ensemble d’objets représen-
tés est toujours le même, quelle que soit la zone de la Péninsule analysée, réitérant une
situation identique à celle que montrent les représentations anthropomorphes mégalithi-
ques qui reproduisent aussi des objets similaires, quelle que soit la zone où elles sont détec-
tées.
Tenant compte de cette série de considérations préalables, les images armées de la Pénin-
sule ibérique indiquent la transcendance des objets assimilés au pouvoir dès la consolida-
tion des groupes producteurs et l’expansion rapide des connaissances métallurgiques, au-delà
des productions concrètes que nous connaissons. L’emploi de ces dépôts rituels plaide en
faveur, non seulement de la connaissance technique mais de la constatation de la valeur
symbolique de productions qui ont eu un écho rapide chez les élites du milieu du III
e
mil-
lénaire cal BC, proposant une dynamique culturelle complexe dans des secteurs tradition-
nellement traités comme marginaux.
L’état actuel de nos connaissances situe un noyau important d’art en plein air dans la
région Nord-occidental. Nous y avons signalé la documentation de panneaux-stèles avec
des représentations anthropomorphes évidentes ou latentes, qui occupent des lieux déta-
chés dans des domaines proches aux zones d’habitation et aux enterrements de caractère
mégalithique.
Les armes majoritairement représentées jouissent d’importances différentes sur le plan
archéologique.
Ainsi, les poignards campaniformes sont relativement communs dans le cadre des pro-
ductions adjugées au campaniforme, de par ce qui se réfère aux découvertes funéraires et à
celles d’habitation.
Au contraire, des éléments comme les hallebardes et les épées indiquent une situation
très différente selon la carte des découvertes graphiques et la carte des découvertes archéo-
logiques.
D’une manière indubitable, la discussion typologique autour des pièces armées s’est
concentrée sur le rôle des hallebardes et des épées, et sur le rapport de celles-ci avec une
assignation déterminée aux styles métalliques, à partir desquels on établit des déductions
culturelles.
La recherche traditionnelle faisait des hallebardes de Carrapatas le type atlantique par
excellence, par opposition aux hallebardes d’Argar, qui seraient plus propres du Sud.
Mais, il se passe que, archéologiquement autant que graphiquement, les types de halle-
bardes répondent à une telle variété qu’il est difficile de continuer à soutenir des différences
aussi marquées. Quelques hallebardes du Nord, comme celles de Soalar, pourraient appar-
tenir au type « méridional », malgré le fait que les exemplaires archéologiquement connus
ne se trouvent pas au-delà de la ville de Linares, dans le département de Jaén.
Les exemplaires de Carrapatas ont leur plus grande concentration dans la zone où surgit
cette appellation, Tras-o-Montes, et on leur assimile d’autres exemplaires qui élargissent la
variabilité du modèle et sa géographie jusqu’au Plateau Sud, Lisbonne ou le haut Guadal-
quivir. Les plus septentrionales de toutes sont les originaires du dépôt de Leiro (La Coro-
gne) (Meijide, 1989), auxquelles il faut ajouter celles qui sont représentées sur les pétro-
glyphes pour rendre compte de l’importance symbolique de ces pièces en Galice, même si
le registre matériel se révèle pauvre en localisations. Parmi ces dernières, l’une des pièces
de Puerto Gumial, aux Asturies, a été aussi interprétée comme une hallebarde (Briard,
1998 : 122).
625P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Il en va de même pour la documentation de hallebardes sur des représentations anthro-
pomorphes plus au Sud, comme la stèle de Hernán Pérez VI. Ces découvertes contribuent à
nouveau à élargir la dispersion de ce genre de pièces au-delà de la géographie des décou-
vertes métalliques elles-mêmes.
La même association que reproduisent les représentations armées (des hallebardes et
des poignards) peut être aussi trouvée dans les dépôts de Leiro (Meijide, 1989), de Rou-
feiro (Comendador, 1998 : 46) ou de Puerto Gumial, ainsi que dans d’autres plus méridio-
naux comme celui de la Paloma dans la localité de Pantoja, à Tolède (Barroso Bermejo et
al., 2003 ;Harrison, 1974).
Les épées du Bronze ancien et moyen de la Péninsule apparaissent distribuées par le
Centre-ouest et le Sud (Blasco et al., 2001), avec une faible présence dans le Sud-ouest et
une remarquable absence dans la zone nord-orientale. La comparaison avec la carte des
découvertes graphiques fait à nouveau ressortir la situation de la stèle armée de Preixana et
des stèles de l’Alentejo, proposant leur connaissance malgré le fait qu’elles n’ont pas été
amorties dans des contextes funéraires ou dans des dépôts.
De même qu’avec les hallebardes, ilyaunensemble défini d’épées dans le Sud, où se
trouvent les exemplaires d’Argar (des pièces liées à la sphère funéraire et souvent près des
hallebardes) et un autre ensemble centre occidental dispersé dans des découvertes isolées
ou des dépôts.
De longues séries ont été utilisées afin de déterminer de nombreux groupes typologiques
d’épées péninsulaires, leur genèse et, par là, leur séquence chronologique. Des groupe-
ments aussi complexes ne sont pas très utiles quand il s’agit de cataloguer graphiquement
des pièces qui conservent leur poignée, qui ne spécifie pas toujours leur forme d’emman-
chement, qui peut présenter des dimensions aléatoires et dont nous ne connaissons ni le
poids ni la composition. En tout cas, nous pouvons affirmer que, de même que les halle-
bardes, les épées ont à la fois un air commun et des interprétations individualisées qui plus
que des influences externes toujours manifestées dans la génération de ces groupes (Blasco
et al., 2001), nous parlent de l’insertion de la Péninsule dans une atmosphère commune de
groupes métallurgiques, avec une grande personnalisation des productions, que ce soit des
épées ou des hallebardes.
La cohabitation de ces deux types d’armes dans les enterrements d’Argar ou dans le
même dépôt de Leiro, dont le long poignard (Comendador, 1997 : 71) n’a pas moins de
valeur que les épées à « espigo » qui commencent la séquence péninsulaire (Almagro Gor-
bea, 1972), nous ramène à nouveau à la seconde moitié du III
e
millénaire cal BC dans des
pièces connues mais que l’on n’a pas.
C’est précisément ce modèle commun de références idéologiques et techniques qui expli-
que le mieux la variabilité des architectures mégalithiques, des expressions campaniformes
et des mêmes représentations anthropomorphes qui nous occupent (Bueno Ramirez et Bal-
bín Behrmann, 2002 : 623).
L’analyse réalisée le long de ces pages a insisté sur l’association hallebarde–poignard
comme élément propre aux représentations anthropomorphes du Nord, que ce soit sur des
stèles ou sur des panneaux-stèles. En revanche, – et toujours à partir des données dont nous
disposons – il semble que l’association hallebarde–épée est plus propre du Sud.
De prime abord, on serait tenté de concevoir cette distribution comme une équation
chronologique, selon laquelle il s’agirait de comparer des exemplaires plus anciens, ceux
626 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
du Nord, avec d’autres plus récent, ceux du Sud. Mais, actuellement nous disposons d’évi-
dences chronologiques d’un grand intérêt qui font coïncider dans le temps les productions
du premier Argar, là où nous pouvons situer les associations hallebarde–épée, avec celles
du Campaniforme incis, dans le Nord de la Péninsule. Nous parlons dans les deux cas de
chronologies qui appartiennent à la seconde moitié du III
e
millénaire cal BC.
Il nous semble donc raisonnable, dans les marges que permettent les analyses typologi-
ques appliquées aux représentations graphiques, d’affirmer que quelques panneaux-stèles
et quelques stèles avec des poignards et des hallebardes du Nord ont été réalisés pendant la
seconde moitié du III
e
millénaire cal BC, en même temps que les dalles de l’Alentejo, et
qu’une partie importante des statues-menhirs. Nous nous référons à celles qui montrent
l’association épée–hallebarde : Tapada da Moita, Valdefuentes de Sangusín ou Tremedal.
Un tableau comparatif général de la quantité de découvertes de hallebardes, d’épées, de
statues et de stèles se rapproche assez. Tandis qu’un tableau comparatif des poignards, des
haches et des panneaux-stèles est sensiblement plus ample. La contraposition entre le quo-
tidien et le spécial, entre le collectif et l’individuel comme cela se passait depuis les pre-
mières manifestations mégalithiques.
Les éléments avec un plus grand prestige social à caractère individualisateur sont limi-
tés. Ils ne sont pas majoritaires et répondent à l’idée de hiérarchisation que nous avons
défendue dans ce texte.
La carte actuelle de découvertes métalliques et de représentations anthropomorphes
armées dessine dans le Nord de la Péninsule une réalité sociale riche, qui dilue les inter-
prétations égalitaristes tellement en vogue pour l’interprétation des soi-disant territoires
marginaux, c’est-à-dire, tous ceux dont nous n’avons que peu d’information archéologi-
que.
C’est précisément l’ostentation métallique présente dans les figurations graphiques qui
nous met sur la piste d’une situation de la métallurgie ibérique très différente de celle qu’on
peut déduire de la documentation archéologique qui dépend directement du niveau atteint
par les recherches dans chaque zone. Les statues, les stèles ou les panneaux-stèles que nous
étudions, vérifient des situations sociales d’une forte hiérarchisation liées au métal dans
des secteurs comme le Nord, le Nord-ouest, ou le Sud-ouest qui n’ont été confirmés que
très récemment par des données archéologiques.
Ce dynamisme symbolique exprime une situation complexe d’échanges qui ont subi
depuis le Paléolithique une intensification permanente, multipliée de façon exponentielle
dans le cadre de systèmes sociaux plus hiérarchisés qui demandaient des biens de prestige.
8. Stèles, statues et panneaux armés : variabilité des représentations
anthropomorphes ibériques
Maintenir la typologie traditionnelle dans la documentation que nous apportons s’avère
indéfendable au moment de faire une interprétation globale. Si nous voulons établir des
affinités entre les différentes pièces, il est nécessaire de prouver qu’un même style est repé-
rable autant sur des panneaux en plein air que sur des stèles, des statues ou des menhirs
armés.
Pour cela, nous avons élaboré des tables globales qui proposent une classification par
groupes. Malgré les possibles doutes posés par leur étanchéité, ces groupes se dessinent
627P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
comme des tendances à forte teneur régionale et à large représentation typologique, et
disposés sur une carte, ils suggèrent un type de focalisation qu’il serait intéressant de véri-
fier dans l’avenir (Fig. 39).
Le groupe du nord offre des évidences sur des panneaux et sur des stèles. Ces évidences
apparaissent toujours associées à des nécropoles mégalithiques. Leur rapport indiscutable
avec des pièces localisées plus au sud, telles Crato ou Nuestra Sra da Esperança, répond à
un fort enracinement mégalithique rendu évident par l’existence de parallélismes très nets
avec le répertoire des plaques décorées (Fig. 40).
Voilà pourquoi, nous sommes portés à affirmer que le groupe du nord est « mégalithi-
que » autant pour son origine que pour son association indéfectible à des nécropoles. Le
fait que ce groupe se trouve associé de manière répétée à des armes campaniformes et
d’Argar situe son état de développement métallique dans la deuxième moitié du millénaire
cal BC.
Le groupe du Nord-ouest comprend essentiellement des formes statuaires, bien qu’il
comporte aussi des stèles et des panneaux. Ses origines mégalithiques sont évidentes dans
des exemples comme Sierra Boulhosa ou Moncorvo. La présence d’armement daté du III
e
et du II
e
millénaire cal BC nous permet d’inférer sa longue durée (Fig. 41).
Fig. 40
.
Statues et stèles du groupe Nord.
Fig. 40. Statues and steles of the North group.
628 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
L’emplacement d’épées au cou et la disposition de quelques casques donnent aux sta-
tues les plus récentes dans ce groupe un très fort air méditerranéen. Il est ainsi possible
d’apprécier des interactions évidentes qui se sont produites tout le long de l’A
ˆge du Bronze
et qui, nous en sommes sûrs, s’avéreront plus abondantes que ce qui a été documenté
jusqu’ici.
Le groupe Centre-occidental, constitué par des stèles et des statues, englobe toutes les
pièces qui intégraient notre ancien groupe Hurdes-Gata (Bueno Ramirez, 1990, 1995). Loca-
lisé entre la Taje et le Douro, ses rapports avec les graphies des plaques décorées dans leur
Fig. 41
.
Statues et stèles du groupe nord-occidentale.
Fig. 41. Statues and steles of the North-western group.
629P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
version la plus sculpturale sont évidents, et confirment à nouveau les origines mégalithi-
ques des représentations anthropomorphes armées ibériques (Fig. 42).
Les dalles de l’Alentejo constituent un autre groupe bien défini d’un point de vue régio-
nal. Autant leur emplacement à l’air libre dans une position presque toujours zénithale que
leur figuration latente du corps humain rappellent fortement les panneaux en plein air. Il
s’agit pour la plupart de stèles, bien qu’il y ait aussi deux statues documentées (Fig. 43).
Pris dans leur ensemble, les panneaux-stèles, les stèles, les statues et les menhirs armés
offrent une contiguïté graphique extrême qui ne semble pas du tout confirmer les différen-
ces que l’on a voulu établir à partir de leur aspect formel. Bien au contraire : la typologie
des armes, leur situation par rapport au personnage et les détails iconographiques nous
parlent davantage de ressemblances que de différences, et proposent des interprétations
plus ou moins « régionales » de la référence de base constituée par des anthropomorphes
associés à des armes ou à des objets définissant leur statut de pouvoir.
Cette variété de formes cadre mieux avec la richesse de solutions funéraires et d’habi-
tation documentée dans la Péninsule ibérique le long du III
e
millénaire calibré, pendant
lequel des traditions à caractère méditerranéen et atlantique sont spécialement importantes.
Fig. 42
.
Statues et stèles du groupe centre-occidentale.
Fig. 42. Statues and steles of the centre-western group.
630 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Et encore plus si l’on parle au thème des armes en tant qu’évidence symbolique associée à
des chefs présentant des connotations guerrières manifestes.
9. Ancêtres et guerriers
Les diverses versions anthropomorphes, leurs adjectivations de pouvoir, leur position
dans les lieux prééminents des espaces funéraires et leurs environs les plus proches indi-
quent l’individualisation progressive des représentations des ancêtres.
Cette proposition suppose une série de réflexions en profondeur pour l’interprétation du
cours des groupes métallurgiques dans lequel la « tradition » et, dans ce sens, l’« indigé-
nisme » ont un poids spécifique que l’on a essayé d’oublier dans les perspectives diffusion-
nistes.
Les aspects que nous avons indiqués affectent à la séquence des références graphiques
en tant qu’évidence aussi évaluable ou même plus que les données strictement archéologi-
ques. Encore mieux, ils insistent sur le besoin impérieux d’une analyse conjointe qui ne
masque pas des parties du processus, comme la survivance des systèmes traditionnels sur le
plan idéologique, pour mettre en relief les nouveautés techniques ou matérielles en tant que
preuve de « colonisations » et autres explications de changements drastiques.
Notre position ne cherche pas à nier la richesse évidente des rapports pendant la Préhis-
toire européenne, mais à la resituer dans un processus d’interaction permanente qui mani-
feste une intensification grandissante le long du III
e
millénaire cal BC. Celle-ci produit une
série de transformations sociales qui ont pour base idéologique les références graphiques
de la tradition.
Les symboles des ancêtres, représentation de la puissance mythologique qui justifiait la
possession de la terre et du bétail par des groupes concrets, sont utilisés par les chefs guer-
riers des sociétés les plus hiérarchisées pour justifier leur position prééminente. La collec-
tivité symbolique se transforme en individualité symbolique dans un processus pleinement
conscient d’utilisation de la tradition de la part des élites guerrières.
Ce que nous savons à l’heure actuelle sur les représentations armées ne nous permet pas
de laisser de côté leur présence évidente dans des milieux mégalithiques et, ce qui est
Fig. 43
.
Dalles alentéjaines (d’après Gomes et Monteiro, 1977).
Fig. 43. Slabs from Alentejo (after Gomes and Monteiro, 1977).
631P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
encore plus intéressant, leur rapport durable à des milieux similaires dans le Néolithique,
dans le Chalcolithique et dans le Bronze.
C’est pourquoi, il ne s’agirait pas seulement de l’emploi réitératif des références sym-
boliques de la tradition, mais du maintien des règles de situation et de contextualisation de
ces références.
Le rapport des dolmens avec les aires d’habitation, en tant que visualisation d’un sys-
tème territorial fortement enraciné dans les groupes producteurs européens (Bueno Rami-
rez et al., 2002 ;Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2002), est en connexion avec la
présence de statues et de stèles à l’intérieur et à l’extérieur des sépulcres depuis les moments
les plus anciens jusqu’aux moments les plus récents tel que les statues armées le montrent.
Nous pouvons dire la même chose des gravures en plein air qui, comme les pétroglyphes
déjà cités ou les gravures en plein air du Tage (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2000a ;
Bueno Ramirez et al., 2004a), sont connectées avec des indices de peuplement et des nécro-
poles mégalithiques, proposant un long cours mégalithique qui s’insère dans l’A
ˆge du
Bronze.
Au nord, la nécropole à tumuli de Peña Tú vient s’ajouter à celle de Monte da Laje et à
celles de Garabandal et de Sejos pour étayer une assignation que ratifie la stèle-menhir de
Soalar.
Au sud, le lien avec des nécropoles mégalithiques des stèles Hurdes-Gata (Bueno Rami-
rez et Cordero Gonzalez, 1995), se concrétise dans des ensembles qui incluent des cystes et
de petites architectures (Bueno Ramirez et al., sous presse d), caractéristiques des séquen-
ces avancées du mégalithisme régional que nous pouvons situer tout au long du III
e
millé-
naire cal BC.
C’est précisément dans cette frange chronologique où entrent sans difficulté les nécro-
poles de cystes du Sud-ouest, dans lesquelles se trouvent les stèles avec des armes dénom-
mées les « dalles de l’Alentejo » (Fig. 44).
Fig. 44
.
Proposition de chronologie entre les différents groupes de représentations anthropomorphiques péninsu-
laires.
Fig. 44. Proposal of chronology between various anthropomorphous groups of Iberian Peninsula.
632 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
C’est ainsi que, dans la deuxième moitié du III millénaire cal BC, les représentations du
type Peña Tú confluent avec les stèles Hurdes-Gata et les dalles de l’Alentejo.Aux premiè-
res nous devons assimiler les panneaux-stèles avec des armes du Nord-ouest et du Sud-
ouest. Aux secondes, les stèles et les statues de la zone du Douro qui réitèrent des styles
similaires, comme à Alto da Escrita ou celles de l’ensemble de Cabeço da Mina, avec
quelques expansions vers l’Est, comme celle de Canovelles.
Dans ce panorama de contemporanéités, il ne faut pas oublier que l’on inclut toujours
des plaques décorées dans des mobiliers mégalithiques. C’est ainsi qu’on le déduit de la
documentation qui provient des petits sépulcres d’Alcántara, à Cáceres (Bueno Ramirez et
al., 2000), ratifiant des évidences que nous avions déjà analysées auparavant dans le même
sens : la durée de ces références anthropomorphes jusqu’à des dates contemporaines au
campaniforme (Bueno Ramirez, 1992 : 597).
Les dalles de l’Alentejo apparaissent comme une version funéraire fort localisée, à
laquelle on doit associer des éléments statuaires dans les mêmes contextes, comme Alfar-
robeira et Tapada da Moita et d’autres versions avec des associations identiques d’arme-
ments qui ont dû être contemporaines : Villar del Ala, Tremedal ou Valdefuentes de San-
gusín. Elles sont sans doute en rapport avec les statues-menhirs du Nord du Portugal, qui
présentent une évolution jusqu’au plein Bronze, tel que l’indiquerait la présence de bouterol-
les dans la représentation d’Ourique.
La variété dans l’expression anthropomorphe qui caractérise l’Art mégalithique ibéri-
que (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1994, 1996a, 1997a, 1997b, 1998a), cristallise
ainsi dans une série de « groupes stylistiques » concrétisés dans la statuaire armée qui
définit les paramètres idéologiques de la hiérarchisation dans la Péninsule.
Aussi bien le groupe Centre-occidental que le groupe Nord-occidental présentent des
preuves d’une longue séquence où des formes non armées ou dotées d’objets non métalli-
ques se répètent par la suite associées au métal. C’est le cas des stèles de Crato ou de Nosa
Sra da Esperança, localisées dans des domaines mégalithiques néolithiques (Bueno Rami-
rez et al., 2004a), que l’on peut dater aux V
e
et IV
e
millénaires cal BC dans la sphère
graphique des figurations du type le Peña Tú avec des armes, que nous pouvons dater du
III
e
millénaire cal BC. Ou celles déjà citées du groupe Centre-occidental avec des stèles
incluses dans des sépultures du Néolithique final-début du Chalcolithique, auxquelles on
finit par associer des armes que l’on peut dater du III
e
millénaire cal BC.
Nous parlons donc de liens idéologiques évidents avec les figurations anthropomorphes
néolithiques, vérifiables à partir de l’emploi de la même symbologie qui se transforme et
s’adapte aux nouvelles circonstances sociales favorables à l’installation d’élites qui contrô-
lent, en plus des biens de base, des biens de prestige. La nette connexion graphique entre le
groupe Nord-occidental du type Peña Tú et le groupe Centre-occidental du type Hurdes-
Gata, est la même que celle qui existe entre les plaques de l’Alentejo de dessin « classi-
que », telles que nous les avons définies autrefois (Bueno Ramirez, 1992), et les plaques de
l’Alentejo à caractère sculptural.
Les premières, plus répandues dans le temps et dans l’espace, seraient d’ailleurs la réfé-
rence de base des vêtements anthropomorphes des personnages mégalithiques atlantiques
(Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 2002 : 623). Les secondes constitueraient une ver-
sion sculpturale avec des racines locales profondes dans les productions du Haut-Alentejo,
spécialement celles qui ont été créées dans le noyau mégalithique Crato-Nisa-Portalegre et
633P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
les contrées d’Alcantara en Espagne ; une version atlantique et une version régionale qui
confluent pour proposer des éléments sculpturaux anthropomorphes toujours associés à
des contextes funéraires, où ils jouent un rôle remarquable.
Les objets associés aux représentations du pouvoir dans le domaine mégalithique (des
haches ou des hallebardes emmanchées, des crosses, quelques arcs et des animaux comme
le cerf et le serpent) sont repris le long de toute la façade atlantique. De même, les associa-
tions d’armes qui apparaissent sur les représentations anthropomorphes du III
e
millénaire
cal BC répondent à ce que nous considérons comme « atlantique ».
Dans ce sens, « atlantique » est plutôt une idéologie fort liée au rituel des ancêtres depuis
des moments néolithiques qu’une définition typologique dans le sens strict du terme. Les
gestes associés à ces rituels donnent un prestige au groupe et au chef qui les commande,
comme cela se passe avec les gestes de la mort associés à la céramique campaniforme qui,
ne l’oublions pas, est absolument contemporaine de toutes les représentations anthropo-
morphes que nous abordons dans ce texte.
De là l’importance de l’analyse des évidences graphiques, car elles argumentent mieux
qu’aucun autre paramètre l’importance des facteurs idéologiques de la tradition dans l’évo-
lution des groupes producteurs et métallurgiques de l’Europe du sud.
Parler de hiérarchisation en rapport avec les statues armées a non seulement l’aval de
l’emploi du métal en tant qu’élément de prestige, mais celui d’une primauté manifeste des
personnages armés à l’intérieur des ensembles mêmes, où s’insèrent certaines pièces de ce
genre. Dans les mêmes ensembles coexistent des pièces armées et non armées permettant
ainsi d’établir des différences claires entre les personnages, qui apparaissent dans des contex-
tes identiques. Ces cohabitations sont vérifiables dans le groupement de Sejos, dans beau-
coup de groupements portugais comme le panneau-stèle de Monte da Laje, l’alignement de
Cabeço da Mina ou même le panneau de Peña Tú. Mettre en relief un personnage déter-
miné réitère des situations similaires à celles que nous avons signalées dans l’analyse des
décorations mégalithiques péninsulaires (Bueno Ramirez et Balbín Behrmann, 1994, 1996a,
1997b).
Les statues armées, les gravures d’armes et les peintures, bref, les symboles de référence
des groupes métallurgiques, proposent aussi une distribution du métal et de sa possible
signification sociale dans la Péninsule ibérique, très différente de celle que l’on a tradition-
nellement proposée.
À partir de tous les arguments exposés jusqu’ici, une série d’évidences peuvent être
signalées :
le rapport des éléments anthropomorphes avec le rituel des ancêtres depuis les mégali-
thes les plus anciens ;
l’assomption de ces graphies de la part de personnages avec une valeur de plus en plus
individualisée et un rapport avec l’accaparement de biens comme le métal, la terre ou le
bétail ;
la transformation progressive de ces rituels des ancêtres officiés de manière collective en
rituels personnels et familiaux, accompagnés de statues armées symbolisant le statut
social de certains personnages ;
la situation réitérée des figurations anthropomorphes armées dans des domaines de nette
tradition mégalithique, que ce soit en présidant des nécropoles tumulaires généralement
associées aux milieux d’habitation, ou dans les tombes de personnages importants ;
634 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
la séquence chronologique qui assure depuis le V
e
millénaire cal BC jusqu’au II
e
millé-
naire cal BC un vaste cours où ces figurations subissent des transformations progressi-
ves de leur emploi.
La signification des images des ancêtres en tant que référence collective va être trans-
formée par des organisations sociales de plus en plus hiérarchisées.
Les organisations en clans sont substituées par des souches familiales qui justifient leur
droit à la propriété des biens communs au moyen des symbologies de la tradition. L’héri-
tage est toujours un facteur fondamental, et il s’établit de plus en plus en rapport avec des
individus ou des familles concrètes qui prennent l’apparence de la définition graphique
traditionnelle des ancêtres.
Les chefs armés sont les héritiers symboliques des représentations mégalithiques du V
e
millénaire cal BC et ils se rapprochent idéologiquement et graphiquement des guerriers des
stèles du Bronze final. Ils se servent tous de la tradition et des graphies qui permettent de
l’identifier pour s’associer aux images des ancêtres dans un lent processus qui apparaît
parfaitement forgé dans la société classiste du Bronze final.
Marquer leurs enterrements et leurs terres, ainsi que réaliser des rituels funéraires osten-
tatoires renforce l’union avec les ancêtres qui assuraient la possession des biens essentiels
dans le système agricole de subsistance : la terre et le bétail, leurs excédents et le contrôle
du commerce dérivé de ces activités.
Remerciements
Comme nous l’avons déjà fait dans d’autres occasions, il nous faut remercier J.J.Alco-
lea pour sa transcription d’une partie des calques inclus dans ce travail.
Notre collègue, O. Sousa nous a fourni des résultats encore inédits faisant partie de son
travail de maîtrise sur les stèles de Cabeço da Mina. Grâce aussi à M. Calado qui nous a
permis de reproduire une figure de sa thèse doctorale.
C’est L. Raposo qui nous a facilité l’accès aux fonds du Musée de Belem à Lisbonne, où
se trouvent les pièces de Crato, Esperança et Serra Boulhosa.
P. Salvado a fait les démarches pertinentes qui nous ont permis d’étudier les fonds du
Musée de Castelo Branco, au Portugal, où sont conservées les stèles de Martinho.
Quant à L. Millán et le groupe Hilarriak, ils ont mis à notre disposition leur découverte
de la stèle de Soalar. C’est grâce à l’appui de J. Cabodevila et de I. Zabalza, ainsi qu’aux
permis et à l’aide économique du Service Archéologique de la Diputación Foral de Navarra
qu’il nous a été possible de réaliser ce travail au cours de l’année 2004.
La traduction du texte (en espagnol à l’original) a été réalisée par A. Sánchez et parA.
Labra.
Références
Almagro Basch, M., 1966. Las estelas decoradas del Suroeste. Vol. III. Biblioteca Prehistórica Hispana, Madrid.
Almagro Basch, M., 1972. Los ídolos y la estela decorada de Hernán Pérez (Cáceres) y el ídolo estela de Tabuyo
del Monte (León). Trabajos de Prehistoria 29, 83–112.
Almagro Gorbea, M., 1972. La espada de Guadalajara y sus paralelos peninsulares. Trabajos de Prehistoria 29,
55–82.
635P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Anati, E., 1968. Arte rupestre nella regioni occidentali della peninsola ibérica.Archivi di Arte Preistorica 2.
Ambert, P., 1998. Réflexions sur la chronologie des statues-menhirs de l’aire saintponienne. Relations entre objets
réels et objets figurés. Archéologie en Languedoc 22, 193–205.
Arias Cabal, P., Pérez Suarez, C., 1990. Investigaciones prehistóricas en la Sierra Plana de la Borbolla (1979–
1986). Excavaciones Arqueológicas en Asturias 1983–1986, 143–151.
de Balbín Behrmann, R., 1989. Arte megalítico y esquemático en el Norte de la Península Ibérica. Sautuola
100 años después. Santander. Diputación Regional de Cantabria, 237–247.
de Balbín Behrmann, R., Bueno Ramirez, P., 1989. Arte megalítico en el Suroeste: el grabado del dolmen de
Huerta de las Monjas (Valencia de Alcántara). XIX
e
Congreso Nacional de Arqueología. Castellón, 1987.
Zaragoza 2, 237–247.
de Balbín Behrmann, R., Bueno Ramirez, P., 1993. Représentations anthropomorphes mégalithiques au Centre de
la Péninsule Ibérique. 115
e
Congrès des Sociétés Savantes, Avignon (1990), Paris, 45–56.
de Balbín Behrmann, R., Bueno Ramirez, P., 1996. Soto, un ejemplo de arte megalítico en el Suroeste de la
Península. In: Moure, A. (Ed.), El Hombre fósil, 80 años después. Santander, pp. 467–505.
Baptista, A.M., 1980. Introduçao ao estudo da arte pré-historica do Noroeste Peninsular. 1. Gravuras rupestres de
Giâo. Minia, ser 2, 80–100.
Baptista, A.M., 1985.A estátua-menir da Ermida (Ponte da Barca, Portugal). O arqueólogo Portugués. Lisboa 4,
7–44.
Barceló, J., 1988. Introducción al razonamiento estadístico aplicado a la arqueología: un análisis de las estelas
antropomorfas de la Península ibérica. Trabajos de Prehistoria, CSIC 45, 51–85.
Barroso Bermejo, R., Bueno Ramirez, P., de Balbin Behrmann, R., 2003. Las primeras producciones metálicas en
la cuenca interior del Tajo: Cáceres y Toledo. Estudos. Pré-históricos 10–11, 87–106.
Beirâo, C., 1973. Cinco aspectos da Idade do Bronze e sua transiçâo para a Idade do Ferro no Sul do pais. Actas
das II Jornadas Arqueológicas, Lisboa I, 193–222.
Blasco, C., Baena, J., Lucas, R., Carrión, E., 2001. La espada de La Perla. Estudios de prehistoria y arqueología
madrileñas. Madrid 11, 69–85.
de Blas, M.A., 1979. La decoración parietal del dolmen de Santa Cruz (Cangas de Onís, Asturias). Boletín del
Instituto de Estudios Asturianos, Oviedo 98, 717–757.
de Blas, M.A., 2003. Estelas con armas: arte rupestre y paleometalurgia en el norte de la Península Ibérica. In:
Balbín Behrmann, R. de, Bueno Ramirez, P., (Eds.), Primer Symposium internacional de Arte Prehistórico de
Ribadesella. El arte prehistórico desde los inicios del siglo XXI. Ribadesella, pp. 391–417.
Bordreuil, M., Bordreuil, M.C., 1998. Recherches sur les statues-menhirs porteuses des « haches ». Archéologie
en Languedoc 22, 265–272.
Bradley, R., 1990. The passage of arms: an archaeological analysis of prehistoric boards and votive deposits.
Cambridge.
Bradley, R., 1997. Rock art and the Prehistory ofAtlantic Europe. Routledge.
Bradley, R., 1998. Invisible warriors-galician weapon carvings in their Iberian context. In: Fábregas Valcarce, R.
(Ed.), A Idade do Bronze en Galicia. Novas perspectivas. pp. 243–258.
Briard, J., 1998. Flux et reflux du Bronze Atlantique vu d’Armorique. Le Bronze Ancien. Trabalhos de
Arqueología, Lisboa 10, 114–124.
Bueno Ramirez, P., 1987. El grupo Hurdes – Gata en la estelas antropomorfas extremeñas. XVIII Congreso
Nacional de Arqueología. Islas Canarias 1985, 449–457.
Bueno Ramirez, P., 1990. Statues-menhirs et stèles anthropomorphes de la Péninsule Ibérique. L’Anthropologie
94, 85–110.
Bueno Ramirez, P., 1991. Estatuas-menhir y estelas antropomorfas en la Península Ibérica. La situación cultural
de los ejemplares salmantinos. In: Del Paleolítico a la Historia. Salamanca, pp. 81–97.
Bueno Ramirez, P., 1992. Les plaques décorées aléntejaines : approche de leur étude et analyse. L’Anthropologie
96, 573–604.
Bueno Ramirez, P., 1994. La necrópolis de Santiago de Alcántara (Cáceres). Una hipótesis de interpretación para
los sepulcros de pequeño tamaño del megalitismo occidental. Boletín del Seminario de Arte yArqueología de
Valladolid 510, 25–100.
Bueno Ramirez, P., 1995. Megalitismo, estatuas y estelas en España. Statue-stele e massiincisi nell’Europ dell’etá
del Rame. Notizie Archeologiche Bergomensi, Bergamo 3, 77–130.
636 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1992. L’Art mégalithique dans la Péninsule Ibérique. Une vue
d’ensemble. L’Anthropologie 96, 499–570.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1994. Estatuas-menhir y estelas antropomorfas en megalitos
ibéricos. Una hipótesis de interpretación del espacio funerario. Homenaje al prof. Echegaray. Museo y Centro
de Altamira. Monografías Santander 17, 337–347.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1996a. El papel del antropomorfo en el arte megalítico ibérico.
Revue Archéologique de l’Ouest 8, 97–102.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1996b. La decoración del dolmen de Alberite. In: Ramos, J., Giles, F.
(Eds.), El dolmen de Alberite (Villamartín). Aportaciones a las formas económicas y sociales de las comu-
nidades neolíticas del Noroeste de Cádiz. Villamartín, Cádiz, pp. 285–313.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1997a. Ambiente funerario en la sociedad megalítica ibérica: arte
megalítico peninsular. In: Rodríguez Casal, A. (Ed.), O Neolítico atlántico e as orixes do megalitismo.
Santiago de Compostela, pp. 693–718.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1997b. Arte megalítico en sepulcros de falsa cúpula. A propósito del
monumento de Granja de Toniñuelo (Badajoz). III Congreso Internacional de Arte megalítico. Brigantium 10,
91–121.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1998a. Novedades en la estatuaria antropomorfa megalítica
española. Archéologie en Languedoc, 22. Actes de 2
e
Colloque International sur la Statuaire Mégalithique,
43–60.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1998b. La Péninsule Ibérique. In : L’art des mégalithes peintes et
gravés. Dossiers d’Archéologie 230, pp. 76–83.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 1998c. The origin of the megalithic decorative system: graphics vs
architecture. Journal of Iberian Archaeology O, 53–68.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2000a. Art mégalithique et art en plein air.Approches de la définition
du territoire pour les groupes producteurs de la péninsule ibérique. L’Anthropologie 104, 427–458.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2000b. La grafía megalítica como factor para la definición del
territorio. Arkeos 10, 129–178.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2000c. Arte megalítico en la Extremadura española. Homenaje a
Elìas Diéguez Luengo. Extremadura Arqueológica, VIII: El Megalitismo en Extremadura, 345–379.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2000d. Arte megalítico versus megalitismo: origen del sistema
decorativo megalítico. In: Gonçalves, V.S. (Ed.), Muitas antas, pouca gente. Trabalhos de Arqueología 16.
pp. 283–302.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2002. L’art mégalithique péninsulaire et l’art mégalithique de la
façade atlantique : un modèle de capillarité appliqué à l’art post-paléolithique européen. L’Anthropologie 106,
603–646.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., 2003. Una geografía cultural del arte megalítico ibérico: las
supuestas áreas marginales. In: Balbín Behrmann, R. de, Bueno Ramirez, P. (Eds.), Primer Symposium
internacional de Arte Prehistórico de Ribadesella. El arte prehistórico desde los inicios del siglo XXI.
Ribadesella, pp. 291–313.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., sous presse a. Arte megalítico en la Península Ibérica: contextos
materiales y simbólicos para el Arte esquemático. I Congreso Internacional deArte Esquemático. Los Vélez.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Alcolea, J.J., 2003. Prehistoria del lenguaje en las sociedades
cazadoras y productoras del sur de Europa. In: Balbín Behrmann, R. de, Bueno Ramirez, P. (Eds.), Primer
Symposium internacional de Arte Prehistórico de Ribadesella. El arte prehistórico desde los inicios del siglo
XXI. Ribadesella, pp. 13–22.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., 2004a. Application d’une méthode d’analyse
du territoire à partir de la situation des marqueurs graphiques à l’intérieur de la Péninsule Ibérique: le Tage
International. L’Anthropologie 108, 653–710.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., 2005a. El dolmen de Azután (Toledo): áreas de
habitación y áreas funerarias en la cuenca interior del Tajo. Diputación de Toledo.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., 2005b. La estela armada de Soalar, Valle de
Baztán. Navarra. Trabajos de Arqueología Navarra Pamplona 18, 5–40.
637P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., Aldecoa, A., Casado,A., 2000. Dólmenes en
Alcántara (Cáceres). Un proyecto de consolidación e información arqueológica en las comarcas extremeñas
del Tajo. Balance de las campañas de 1997 y 1998. Extremadura Arqueológica, VIII: El Megalitismo en
Extremadura, 129–168.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., Alcolea, J., Villa, R., Moraleda, A., 1999a. El
dolmen de Navalcán. El poblamiento megalítico en el Guadyerbas. Diputación de Toledo, 1–136.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Barroso Bermejo, R., Aldecoa, A., Casado, A., Giles, F., Gutiér-
rez, J.M., Carrera, F., 1999b. Estudios de arte megalítico en la necrópolis de Alberite. Papeles de Historia.
Ubrique 4, 35–60.
Bueno Ramirez, P., de Balbín Behrmann, R., Díaz-Andreu, M., Aldecoa, A., 1998. Espacio habitacional/espacio
gráfico. Grabados al aire libre en el término de la Hinojosa (Cuenca). Trabajos de Prehistoria 55, 101–120.
Bueno Ramirez, P., Barroso Bermejo, R., de Balbín Behrmann, R., sous presse d. Construcciones megalíticas
avanzadas de la cuenca interior del Tajo. II Jornadas de Arqueología en Extremadura. Mérida, 2001.
Bueno Ramirez, P., Barroso Bermejo, R., de Balbín Behrmann, R., Campo, M., Etxeberría, F., González
Cordero, A., Herrasti, L., Juan, J., López, P., López, J.A., Sánchez, B., 2002. Áreas habitacionales y funerarias
en el Neolítico de la cuenca interior del Tajo: la provincia de Toledo.Trabajos de Prehistoria Madrid 59, 65–79.
Bueno Ramirez, P., Barroso Bermejo, R., de Balbín Behrmann, R., Campo, M., González Cordero, A., Etxeberría,
F., Galvan, V., Herrasti, L., Juan, J., López, J.A., López, P., Matamala, J.C., Millos, J., Robledo, B., Sánchez,
B., Trancho, G., (sous presse) c. Alimentación y economía en contextos habitacionales y funerarios del
Neolítico meseteño. III Congreso del Neolítico en la Península Ibérica. Santander.
Bueno Ramirez, P., Fernández Miranda, M., 1981. El Peñatú de Vidiago (Llanes,Asturias). Altamira Symposium,
Madrid, 441–458.
Bueno Ramirez, P., González Cordero, A., 1995. Nuevos datos para la contextualización arqueológica de
estatuas-menhir y estelas antropomorfas en Extremadura. Trabalhos deAntropologia e Etnología 35, 95–106.
Bueno Ramirez, P., Piñón Varela, F., 1985. La estela de Monte Blanco, Olivenza (Badajoz). Homenaje a Cánovas
Pessini. Badajoz, 37–44.
Bueno Ramirez, P., Piñón Varela, F., Prados, L., 1985. Excavaciones arqueológicas en el Collado de Sejos. Valle
Polaciones. Santander. Noticiario Arqueológico Hispánico, Madrid 22, 25–53.
de Carvalho, P.S., Gomes, L.F.,Almeida, J.P., 1999.A estátua-menir do Alto da Escrita (Tabuaço, Viseu). Estudos
Pré-Históricos VII. Viseu, 251–256.
Calado, M., 1997. Cromlechs alentejanos e a arte megalítica. Brigantium, La Coruña 10, 289–297.
Celestino Pérez, S., 2000. Estelas de guerrero y estelas diademadas. La precolonización y formación del mundo
tartésico. Bellaterra Arqueología.
Chenorkian, R., 1988. Les armes métalliques dans l’art protohistorique de l’Occident Méditerranéen. Éditions du
CNRS, 1–415.
Comendador, B., 1997. Las representaciones de armas y sus correlatos metálicos. In: Costas Goberna, F.J.,
Hidalgo Cuñarro, J.M. (Eds.), Los motivos de fauna y armas en los grabados prehistóricos del continente
europeo. Vigo, pp. 113–130.
Comendador, B., 1998. Los inicios de la metalurgia en el Noroeste de la Península Ibérica. Brigantium 11, 1–262.
da Cunha, A.L., 1995.Anta da Arquinha da Moura (Tontela). Trabalhos de Antropología e Etnología 35, 133–151.
D’Anna, A., 1977. In: Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen. Éditions du CNRS,
Paris, pp. 1–277.
Delibes, G., Fernández, J., Fontaneda, E., Rovira, S., 1999. Metalurgia de la Edad del Bronce en el piedemonte
meridional de la Cordillera Cantábrica. Arqueología en Castilla y León 3. Junta de Castilla y León.
Díaz Casado, Y., c. ElArte rupestre Esquemático en Cantabria. Universidad de Cantabria.
Durán i Sempere, A., 1970. L’estela del Museu de Cervera. Separata de la Cátedra de Cultura catalana.
Fábregas Valcarce, R., 2001. Los petroglifos y su contexto: un ejemplo de la Galicia meridional. Instituto de
Estudios Vigueses.
Gomes, M.V., 1997. Estátuas-menires antropomórficas do Alto-Alentejo. Descobertas recentes e problemática.
Brigantium La Coruña 10, 255–279.
Gomes, M.V., 2000. A Rocha 175 de Fratel-Iconografía e interpretaçao. Estudos Pré-históricos, VIII. Viseu,
81–112.
Gomes, M.V., 2002. De Monsaraz e o seu tempo ao cromeleque do Xarez. Memorias d’Odiana. Estudos
arqueológicos do Alqueva.
638 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Gomes, M., Cabrita, L.M., 1997. Dois povoados neolíticos, com menires no Barlovento algarvio. Setúbal
Arqueológica 11–12, 191–198.
Gomes, M.V., Monteiro, J.P., 1977. As estelas decoradas da Herdade de Pomar (Ervidel-Beja) – estudo com-
parado. Setubal II-III, 281–343.
Gómez Barrera, J.A., 1994. La estela funeraria en la Prehistoria de la Península Ibérica. V Congreso Internacional
de Estelas funerarias. Soria, 13–42.
Gonçalves, V., de Balbín Behrmann, R., Bueno Ramirez, P., 1997.A estela-menir de Monte da Ribeira (Reguengos
de Monsaraz, Alentejo. Portugal). Brigantium 10, 235–254.
González Cordero, A., 1999. Grabados de figuras humanas en las Hurdes. Actas del Congreso Internacional de
Arte Rupestre Europeo. Contextos, Interpretaciones e Relacions da Arte Rupestre. Comunicacións,Vigo.
González Cordero, A.,Alvarado, M., 1983. El ídolo de Salvatierra de Santiago, Norba. Universidad de Extrema-
dura, Cáceres, 223–225.
Guilaine, J., Zammit, J., 2002. El camino de la guerra. Ariel Prehistoria.
Harrison, R.J., 1974. Ireland and Spain in the early Bronze Age. Journal of the Royal Society of Antiquaries of
Ireland 104, 52–73.
Hernández Pacheco, E., Cabré, J., Conde de la Vega del Sella, 1914. Las pinturas prehistóricas de Peña Tú.
Comisión de Investigaciones Paleontológicas y Prehistóricas, Memoria, 2. Madrid.
Jorge, V.O., de Almeida, C.A.F., 1980. A estátua-menir fálica de Chaves. Trabalhos do Grupo de Estudos
Arqueológicos do Porto 6, 5–24.
Jorge, V.O., Jorge, S.O., 1990. Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal. Revista da Facultade de Letras, ser.
II, Porto, 299–324.
Landau, J., 1977. Statues-menhirs de l’Aveyron et du Tarn. BulletinArchéologique, sér 2, 500–536.
Larsson, L., 2001. Decorated façade? A stone with carvings from the megalithic tombVale Rodrigo, monument 2,
Alentejo, southern Portugal. Journal of Iberian Archaeology 3, 35–46.
Leroux, C.T., 1998. Du menhir à la statue dans le mégalithisme armoricain. Archéologie en Languedoc 22,
217–234.
Lichardus, J., Lichardus-Itten, M., Bailloud, G., Cauvin, J., 1987. La Protohistoria de Europa. El neolítico y el
Calcolítico. Ed. Labor, Madrid.
López Plaza, M.S., Sevillano, M.C., 1996. Estatua-menhir de Tremedal de Tormes (Salamanca). Zephyrus
Salamanca 49, 295–303.
Lull, V., Estevez, J., 1986. Propuesta metodológica para el estudio de las necrópolis argáricas. Homenaje a Luis
Siret (1934–1984). Sevilla, 441–452.
Mallo Viesca, M., Pérez Perez, M., 1971. Pinturas rupestres esquemáticas en Fresnedo. Teverga (Asturias).
Zephyrus Salamanca 21–22, 105–141.
Martínez García, J., 2004. Pintura rupestre esquemática: una aproximación al modelo antiguo (neolitización) en el
sur de la Península Ibérica. II Simposio de Prehistoria. Cueva de Nerja, 102–114.
Meller, H., 2004. Cielo ancestral. National Geographic 14, 75–80.
Meijide, G., 1989. Un importante conjunto del Bronce Inicial en Galicia: el depósito de Leiro (Rianxo, A Coruña).
Gallaecia 11, 151–164.
Octobon, E., 1931. Enquête sur les figurations néo-énéolithiques. Statues-menhirs, stèles gravées. Dalles
sculptées. Revue Anthropologique 1051, 297–571.
Oliveira, J., 1986. A estela decorada de Tapada da Moita. Ediçâo da Cámara Municipal de Castelo da Vide.
Ontañón Peredo, R., 2003. Caminos hacia la complejidad. El Calcolítico en la región cantábrica. Universidad de
Cantabria.
de la Peña Santos, A., 1980. Las representaciones de alabardas en los grabados rupestres gallegos. Zephyrus
30-31, 115–129.
de la Peña Santos, A., 1981. El núcleo de grabados rupestres del Nw de la Península Ibérica a la luz de la Reciente
investigación. Altamira Symposium. Madrid: 527-550.
de la Peña Santos, A., Rey García, J.M., 1997. Arte parietal megalítico y grupo galaico de arte rupestre: una
revisión crítica de sus encuentros y desencuentros en la bibliografía arqueológica. Brigantium, La Coruña 10,
301–331.
de la Peña Santos, A., Rey García, J.M., 2001. Petroglifos de Galicia.Via Láctea.
de la Peña Santos, A., Vazquez Varela, J.M., 1979. Los petroglifos gallegos. Grabados rupestres prehistóricos al
aire libre en Galicia. Cuadernos del Seminario de Estudios Cerámicos de Sargadelos, 30. Sada/A Coruña,
1979.
639P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
Piel-Desruisseaux, J.L., 1999. Instrumental prehistórico. Masson, Paris.
Risch, R., Schubart, H., 1991. La estelas argáricas de Fuente Alamo. Trabajos de Prehistoria 48, 187–202.
Rodríguez Fernandez, R., 1990. El arte grabado megalítico en la provincia de Cádiz: galería cubierta de “El
Toconal 1” (Olvera, Cádiz). Gades 19, 25–40.
Romero Carnicero, F., 1981. La estatua-menhir de Villar del Ala. Nuevos datos para su estudio. Numantia 1,
115–131.
Ruíz Galvez, M., Galán Domingo, E., 1991. Las estelas del Suroeste como hitos de ganaderas y rutas comerciales.
Trabajos de Prehistoria, Madrid 48, 257–273.
Ruíz Mata, D., 1983. El yacimiento de Valencia de la Edad del Bronce de Valencina de la Concepción (Sevilla) en
el marco cultural del Bajo Guadalquivir. Actas del II Congreso de Historia de Andalucía. Prehistoria y
Arqueología, 183–208.
de Saulieu, G., 2004. Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes. Des pierres et des pouvoirs 3000–2000 av.
J-C. Errance, Paris.
Santonja, M., Santonja, M., 1978. La estatua-menhir de Valdefuentes de Sangusín. Boletín de la Asociación de
Amigos de la Arqueología, Madrid 10, 19–24.
Saro, J.A., Teira Mayolini, L., 1992. El ídolo de Hoyo de la Gándara (Rionansa) y la cronología de los ídolos
antropomorfos en la cornisa cantábrica. Trabajos de Prehistoria 49, 347–355.
Schubart, H., 1975. Die Kultur Bronzezeit in Südwestern der Iberischen Halbinsel. Madrider Forschungen.
Sevillano, M.C., 1991. Conexiones de las estelas antropomorfas salmantinas y extremeñas. Análisis de nuevos
datos para su estudio en la provincia de Salamanca. Del Paleolítico a la Historia. Museo de Salamanca,
99–116.
Shee Twohig, E., 1981. The megalithic art of Western Europe. Oxford.
Shee Twohig, E., García Martinez, C., 1973. Tres tumbas megalíticas decoradas en Galicia. Trabajos de
Prehistoria, Madrid 30, 335–348.
Silva, E.J.L., Cunha, A.L., 1987. As gravuras do Monte Laje (Valença). Trabalhos do grupo de investigaçao
arqueológica do Norte 2, 143–158.
Silva, I., (coord.), 1995. A Idade do Bronze em Portugal. Discursos de poder. Lisboa.
da Silva, M.D.O., 2000. Estátua-menir de A. de Moura (Santana de Azinha, Guarda). Estudos Pré-Históricos.
Viseu 8, 229–236.
Sousa, O., 1996. Estatuaria antropomórfica pré e proto-histórica do Norte de Portugal. Disertaçao para a obtençao
do Mestrado em Arqueología. Porto.
Sousa, O., 1997. A estacâo arqueológica do Cabeço da Mina, Vila Flor-Noticia preliminar. Estudos Transmon-
tanos e Durienses 7, 187–197.
Spindler, K., 1995. El hombre de los hielos. Barcelona.
Tavares da Silva, C., Soares, J., 1991. Pre-historia da área de Sines. Gabinete da area de Sines.
Teira Mayolini, L., Ontañón Peredo, R., 1997. Nuevas manifestaciones de arte Esquemático en la comarca de
Monte Hijedo (Burgos. Cantabria). In: Balbín Behrmann, R. de, Bueno Ramirez, P. (Eds.), II Congreso de
Arqueología Peninsular. T. II. Neolítico, Calcolítico y Bronce, Zamora, pp. 569–278.
Vázquez Varela, J.M., 1991. Ideología y poder en el arte rupestre prehistórico gallego. Cuadernos de Estudios
Gallegos 39, 15–22.
Vilaça, R., Cruz, D., Tomas, A., Nuno, J., 2001.A estatua-menir de Ataúdes (Figueira de Castelo Rodrigo, Guarda)
no seu contexto regional Estudos Pré-históticos. Viseu 9, 69–82.
640 P. Bueno Ramirez et al. / L’anthropologie 109 (2005) 577–640
... In terms of ritual language (Insoll 2004) it is important to highlight the presence of anthropomorphs with raised arms in Laxe da Chan and Poza da Lagoa 2, perhaps in prayer or a priest, and the presence of idoliforms in Auga da Laxe 1 and Coto da Laxe, motifs that have been considered as representations of stelae (Bueno-Ramírez et al. 2005), i.e. the personification materialised in the stone of deities, priests, princes or priests/princes. In this respect it is also worth mentioning the motifs in the form of shields/shieldlike forms motifs that are found at least in Auga da Laxe 1, Castriño do Conxo and Pedra/Peña Ancha. ...
... In this respect it is also worth mentioning the motifs in the form of shields/shieldlike forms motifs that are found at least in Auga da Laxe 1, Castriño do Conxo and Pedra/Peña Ancha. They have been interpreted in many different ways, from representations of shields (Sobrino Buhigas 1935); masks or pieces related to defensive and offensive equipment (Costas Goberna et al. 1993/4); banners (Bradley 1998b); representations of cars (Pascual-Hermida 2011), anthropomorphs (MacWhite 1951) or human faces symbolising stelae (Bueno Ramírez et al. 2005). In fact, there are many similarities between Castriño do Conxo's motifs and the face engraved in Longroiva's stela in Meda (Bueno Ramírez et al. 2005), although many of these motifs are simpler, so the hypothesis of representing faces or masks should be considered. ...
... It is noticeable that a few European examples can be associated with these formulae. In contrast, the expansion of graphic formulae applied to armed statues and stelae in the European Chalcolithic (partly contemporary with these figurines) denotes a significant Iberian imprint, both in the use of models related to the decorated plaques and in the decoration of coloured geometric textiles that are so common in Iberian megalithic art [12]. ...
... Valencina de la Concepción, Castilleja de Guzmán (Sevilla) ,32. Private collection, Llerena (Badajoz);Era Arqueologia, Cruz Quebrada (6, 13, 22 y 30); Archaeological Museum of Almería (3 and 27); National Archaeological Museum of Madrid( 1,2,5,7,8,9,11,14,16,18,21 and 28); Museum of Huelva (24 and 25); Archaeological Museum of Málaga (4); National Archaeological Museum of Lisbon( 12,15,23); Museum of Lorca(17), Archaeological Museum of Seville (31), Museum of Valladolid(10). Images provided by the Museums participating in the exhibition. ...
Article
Full-text available
Archaeological exhibitions are a unique opportunity to highlight the social value of diverse materialities of the past. This objective has presided over the research, documentation, recovery, conservation, and dissemination that we have carried out for almost five years with teams from the Archaeological Museum of Alicante, the Regional Archaeological Museum of Madrid, and the National Archaeological Museum of Lisbon. Our choice to examine the small pieces commonly referred to as “idols” stems from our interest in unifying the vision of the widespread evidence of Late prehistorical human representations in Iberia
... Kaolin appears in north-western Iberia whilst calcite has been documented in geometric motifs on stelae from the Alps (Cousseau et al. 2021). It may be possible to trace colourants on smaller pieces, such as those currently being studied at monuments in southern Iberia (Bueno Ramírez et al. 2005), where black and white colours are used to depict human figures on small stones and pebbles (e.g. Cabeço da Anta, Portugal; dolmen of la Peña, Malaga, Spain). ...
Article
Full-text available
Engravings are the main decorations found on European megaliths, whilst pigments were known only on dolmens along the northern coast of Portugal. This paper collects data from a multidisciplinary archaeological programme aimed at searching for remnants of paint on ancient European megaliths. By developing protocols to detect these paintings on both Iberian megaliths and examples in other European areas, we were able to determine the composition of the pigments. C14 dates were also obtained where organic matter was present. Paintings, engravings, and bas-reliefs on the walls in funerary con�texts, either close to the burials or at the tomb entrance, are part of the symbolic construction of these megalithic structures. Despite issues of poor conservation, pigments can potentially complete and enrich engraved motifs. By identifying new painted decoration, it may be possible to directly date the use and continued maintenance of these megaliths, to reveal the colours applied, to provide insights into the skill of the artisans, and thus a fresh approach to the study of the societies that built these monument
Article
The Aquitaine gallery graves are located at the heart of one of the oldest centres of European megalithism, yet until recently, they were still little known and poorly dated. These dolmen gallery graves are well represented between Charente-Maritime and Lot-et-Garonne, and may possibly have emerged in this region before spreading throughout Atlantic Europe. Long considered as late architecture, like the Armorican gallery graves, some authors have suggested that they appeared as early as the Middle Neolithic. As part of a restoration program, new excavations were undertaken between 2019 and 2022 on the Roquefort megalithic gallery grave in Lugasson (Gironde), an emblematic monument in the Entre-Deux-Mers region. Discovered in 1922, then emptied of its contents, this monument currently comprises 21 asteriated limestone orthostats and is almost 14 m long. It is part of a non-dated rampart at the time of this new research. The complete clearing of the Roquefort gallery grave and the test pits excavated under the paving and in the mass of the rampart have enhanced our knowledge of this architecture. A massive episode of the stele reuse has been brought to light in the paving, in the orthostats and at the base of the cairn. Such reuse is now well known in European megalithism. Dating carried out at the base of the cairn and under the paving dates the construction of the monument to the first half of the 4th millennium, i.e., almost a millennium before the generally accepted date for the construction of Aquitaine gallery graves. These results confirm that, in the current state of knowledge, the oldest gallery grave dolmens in Atlantic Europe are found in Aquitaine.
Article
Au cœur de l’un des foyers les plus anciens du mégalithisme européen, les allées d’Aquitaine restent encore méconnues et mal datées. Ces dolmens en allée couverte sont pourtant bien représentés entre la Charente-Maritime et le Lot-et-Garonne et font de cette région un secteur potentiel d’apparition et de diffusion du phénomène. Considérés de longue date comme des architectures tardives, à l’image des allées couvertes armoricaines, certains auteurs ont proposé une émergence de ces allées dès le Néolithique moyen. À la faveur d’un programme de restauration, de nouvelles fouilles ont été entreprises entre 2019 et 2022, sur l’allée mégalithique de Roquefort à Lugasson (Gironde), monument emblématique de l’Entre-deux-Mers. Découvert en 1922, puis vidé de son contenu, ce monument se compose aujourd’hui de 21 orthostates en calcaire à astérie et mesure près de 14 m de long. Il est intégré dans un rempart qui restait non daté à l’ouverture de ces nouvelles recherches. Le dégagement complet de l’allée de Roquefort et les sondages pratiqués sous le dallage et dans la masse du rempart ont permis de renouveler la connaissance de cette architecture. Un épisode massif de réemploi de stèles est attesté aussi bien dans le dallage que dans les orthostates et à la base du cairn et renvoie à un phénomène désormais bien connu dans le mégalithisme européen. Les datations effectuées à la base du cairn et sous le dallage permettent de dater la construction du monument de la première moitié du IVe millénaire, soit près d’un millénaire avant la datation généralement admise pour la construction des allées d’Aquitaine. Les résultats obtenus permettent ainsi d’affirmer que l’Aquitaine présente, dans l’état actuel des connaissances, les plus anciens dolmens en allées couvertes d’Europe atlantique.
Chapter
Full-text available
Iberia provides a solid foundation for expanding the study of the earliest examples of human images, clothed and accompanied by diverse objects. Their association with the social codes in the European Neolithic and Chalcolithic adds relevant information. Powerful links between the continental plains and the Near East are compatible with the Palaeolithic and Mesolithic roots of many of the objects. Likewise, they are compatible with the personality of each of the areas with the greatest population densities. Their relationship with materials such as clay, the observations of female genitalia and the detail of maintenance activities that seen on the figurines, confirm that some of these figures transmitted cultural codes related to women. However, a single hypothesis for the whole chronological and geographic repertoire, and for the different representation of gender and ages, is too limited. Any satisfying hypotheses must consider their marked multifunctionality and therefore their polysemy. The synchrony detected in the Iberian Peninsula between figurines as the most familiar formulae and the presence of decorated megaliths, rock-shelters, rocks and stelae, as the most visible and social evidence, is a basic element to understand the role of the portable images. From group codes to individual representations, their use repeats social systematics expressed in other symbols in European Late Prehistory. Roots in the past were established by symbols recuperated from old ancestors, which were enriched by diverse raw materials (including ivory and gold). They became support for the power of emerging lineages related to new leaders
Article
Full-text available
cross-cutting interpretation is proposed of the use of red as a symbolic component in mortuary sites, where cinnabar was the first choice of artificial colour in the exchange networks of prestige items. Its functional variability is also suggestive: as paint (stones,objects, cosmetics, etc.), to be sprinkled, to embalm corpses and as poison. Methodologies for the identification of pigments and their provenance have advanced considerably in prehistoric archaeology in the Iberian Peninsula, and a large database has been constructed attesting widespread distribution from the mines at Almadén. With an older tradition in the context of megalithism, the use of cinnabar reached a peak from the late fourth or early third millennia cal BC. Its presence in hypogea in inland Iberia is a further element to add to the ensemble of items that characterise recent megalithism inthe south of the peninsula. This funerary red is one more product of social exhibition related to the display of ancestors of families and lineages during the late Neolithic and Chalcolithic. Tradition, emulation and exhibition lie at the foundations of the social relations materialised in the realm of the dead in European recent prehistory. Keywords: red, cinnabar, megalithism, Neolithic, Chalcolithic, Iberian Peninsula
Chapter
Full-text available
The Northwest Iberian Peninsula is not a uniform region. Geographers have divided it into two main biogeographic sub-regions: Atlantic and Mediterranean, each with its own characteristics, in terms of geomorphology and climate. The perception that these two sub-regions have distinct identities since, at least, the first half of the 3rd millennium BCE, i.e. since the Chalcolithic period, has led us to analyse separately developments in the last quarter of the 3rd millennium BCE, which is viewed as a key period for understanding the emergence of the Bronze Age. During the Early Bronze Age new settlement strategies emerged in the Atlantic sub-region, associated with the appearance of innovative pottery shapes and decorations, resettlement of high-altitude areas for burial in small cairns, circulation of new prestigious metallic icons, the emergence of new styles of rock art, such as engravings of dozens of halberds, the emergence of the phenomenon of structured depositions of metallic objects, such as the deposits of halberds, or halberds and daggers, and, consequently, new social relationships, new power structures and new places for negotiating social relations, which revealed significant structural changes compared to Chalcolithic communities. In the Mediterranean sub-region, despite new locations for certain settlements, changes seem to have occurred across a broader timeframe, including the abandonment of several community and ceremonial spaces-such as walled enclosures or shelters with collective depositions-, the emergence of metallic deposits, consisting of halberds, and the timid adoption of new iconographies in rock art. These are characterised by phenomena of continuity or social resistance, and reveal that, in this region, social changes and new scenarios of power or social aggregation occurred in a manner that differed from the Atlantic sub-region. On the basis of the analysed data it seems possible to hypothesise that, during the last quarter of the 3rd millennium BCE, together with the phenomena of social resistance and permeability to new developments, the Northwest Iberian Peninsula was subjected to multiple and distinct influences that spawned the development of a mosaic of societies, apparently united and standardised by generalised phenomena. The factors that contributed to this change were multiple and distinct in each of the two sub-regions. This includes important external factors, such as the climate conditions in the middle of the 3rd millennium BCE and events that occurred during the second half of this millennium, that had distinct repercussions on the two sub-regions; greater or lesser permeability to Atlantic contacts; 'dismantling' of supra-regional exchange networks with southern regions, as a result of social upheavals in the Southern Mediterranean. In terms of internal factors, it is worth highlighting the capacity for resilience and adaptation to changes. Phenomena such as the migration of populations of Pontic-Caspian origin during the second half of the 3rd millennium BCE, revealed by DNA studies of human remains from the South, Southeast, and Southwest Iberian Peninsula, are not proven for this region, and therefore will not be taken into account. Keywords: Northwest Iberian Peninsula, sub-regions, transition from the 3rd to the 2nd millennium BCE, continuity or change?
Article
Full-text available
El arte rupestre del noroeste peninsular es una importante manifestación cultural prehistórica, que presenta como uno de sus mayores retos de investigación la indefinición cronológica. De esta generalizada situación se pueden excluir algunas representaciones de armas o ídolos, las cuales son escasas, pero encuentran correlato directo en el registro arqueológico. El objetivo principal de este trabajo es dar a conocer nuevas estaciones con figuras idoliformes en el noroeste peninsular. Los hallazgos presentados aquí son una nueva estación con un motivo tipo “Peña Tú”, dos estaciones con representaciones de Ídolos cilindro, y un posible ídolo placa. Estos nuevos grupos resultan de gran interés, ya que vienen a engrosar la nómina de este tipo de motivos (particularmente escasos) en el arte del noroeste y permite discutir ciertos aspectos sobre la cronología de ese ciclo artístico. La presencia de estas figuras es especialmente ilustrativa, pues reproduce un tipo de iconografía característica de otras regiones peninsulares, pero adaptadas a las técnicas y pautas de representación propias del Arte Rupestre Atlántico. Además, da cuenta de la extensa red de contactos, a lo largo de la península ibérica y Europa, dónde no solo se intercambian elementos materiales, sino también fluyen conceptos de tipo cultural.
Chapter
De Newgrange en Irlande à Hal Saflieni à Malte ou Gavrinis en Bretagne, les tombeaux néolithiques sont connus pour leur caractère monumental. Loin d’être de simples “contenants” mortuaires, destinés uniquement à recueillir les restes corporels des défunts, ces tombes sont des architectures complexes et multiples, conçues pour accueillir des rites funéraires élaborés, impliquant plusieurs acteurs, plusieurs temps et plusieurs espaces cérémoniels. Pour l’archéologue, l’organisation spatiale de ces architectures et de leurs contenants constitue un véritable fil conducteur permettant de comprendre les pratiques funéraires et les croyances des sociétés néolithiques. Combinant études récentes et synthèses régionales, cet ouvrage explore la configuration de l’architecture de ces tombes (chambres mégalithiques, hypogées, coffres sous tumulus ou cairns, tertres, etc.), l’organisation spatiale des dépôts funéraires et des décors pariétaux, et les relations entre les tombes et leur espace topographique naturel (le paysage). Ce tour d’horizon européen expose ainsi les différentes manières dont les sociétés néolithiques concevaient, construisaient et utilisaient l’espace des morts en Europe de 5000 à 2000 avant J.-C. Mais il offre également des pistes permettant d’interpréter ces choix.
Article
Full-text available
This paper offers a reflection on the social, cultural and chronological implications of the funeral world of the inland Tagus basin. In particular the data of the province of Toledo, analysed from the site of the megaliths of Azutan and the burial mound of the Castillejo, allows us to propose the contemporaneity of several architectural types in the early Megalithic culture of Iberia and the association between habitats and graves. The economic niches, mainly cultivated meadows with areas for sowing grain and pasture for animals, suggest the existence of a mixed economy in a peasant society practised by groups who returned to the same places from the earliest moments of the Neolithic to the Bronze Age.
Article
Along the Atlantic seaboard, from Scotland to Spain, are numerous rock carvings made four to five thousand years ago, whose interpretation poses a major challenge to the archaeologist. In the first full-length treatment of the subject, based largely on new fieldwork, Richard Bradley argues that these carvings should be interpreted as a series of symbolic messages that are shared between monuments, artefacts and natural places in the landscape. He discusses the cultural setting of the rock carvings and the ways in which they can be interpreted in relation to ancient land use, the creation of ritual monuments and the burial of the dead. Integrating this fascinating yet little-known material into the mainstream of prehistoric studies, Richard Bradley demonstrates that these carvings played a fundamental role in the organization of the prehistoric landscape.