[English] The question of “what constitutes a human being?” has been a topic of ongoing interest among authors. While various definitions of humanness have been proposed, relatively few studies have specifically examined lay conceptions of the human being. The majority of research in this area focused on humanness attributions, with numerous studies reporting greater humanness attributions to members of one's ingroup compared to members of outgroups. However, these findings were controversial and alternative interpretations were developed. Some researchers suggested that human being may be a prototype. Other highlighted variations in the centrality of
characteristics to the concept of humanness. Despite differences in lay conceptions of humanness, a universal understanding of the human being has been put forth. Furthermore, the majority of these studies was limited to cross-cultural variations, neglecting other social groups. In this thesis, we focus on gender groups (i.e. men and women). On one side, previous research evidenced a
more positive evaluation and a greater attribution of humanness to women, including from men. This preference for women was related to benevolent sexism, which values conformity to gender stereotypes. On the other side, men are considered more prototypical of inclusive categories, including "humanity". These elements raised two research questions: 1/ Does the conception of the human being differ between men and women? 2/ Does this conception rely on the characteristics of the ingroup or does one of the two gender identities dominate? To address these research questions, we also investigated the relationships between this conception and ingroup identification, sexism and adherence to egalitarian policies. The research program was structured around three empirical chapters. In the first chapter, a qualitative approach is used to investigate variations in the content of the representation of the human being between women and men among adults (studies 1-3), and among children and adolescents (study 2). In the second one, we examine whether feminine and masculine stereotypical characteristics are perceived as central in the definition of human being (studies 4, 5). In line with the literature on attributions of humanness, the perceptions of Human Uniqueness and Human Nature of these characteristics are also measured (studies 6, 7). In the third chapter we rely on the methodology of ingroup projection and we investigate whether individuals project typical characteristics of women and men onto the prototype of the human being (studies 8, 9). In the last study, we extend this investigation to a population of children and adolescents (study 10). This research program allows several results to be extracted. Firstly, while the content of the representation of the human being appears similar between women and men (studies 1-3), variations appear in terms of the centrality and uniqueness attributed to certain characteristics (studies 8, 9). Secondly, feminine stereotypical characteristics are widely perceived as more central in the definition of human being by both women and men (studies 3-5, 8) and is related to the degree of benevolent sexism among participants. This observation is also found in girls (but not in boys, study 10). Conversely, masculine characteristics are perceived as more specific to the human being by women and men (studies 6-7). All of these results are discussed in reference to the “women are wonderful” effect. The need for future research to distinguish a descriptive representation of human being and a normative representation (i.e. in terms of ideal human) is also discussed.
[French] La question « qu’est-ce qu’un être humain ? » a suscité l’intérêt de nombreux⋅se⋅s auteur⋅e⋅s depuis des siècles. Si de nombreuses définitions de l’être humain ont émergé, peu de recherches ont investigué les représentations profanes de l’être humain. En psychologie sociale, cette question a majoritairement été étudiée sous l’angle des attributions d’humanité à autrui. De nombreuses recherches ont notamment rapporté une plus grande attribution à son groupe d’appartenance comparativement à d’autres groupes sociaux. Récemment ces travaux ont été soumis à la critique et de nouvelles perspectives ont émergé. Parmi ces perspectives, certaines ont proposé de considérer l’humain comme un prototype et d’examiner si certaines caractéristiques pourraient être plus centrales que d’autres. Si quelques recherches mettent en évidence des variations dans la représentation de l’humain, ces différences ont été relativement minimisées au profit d’une représentation de l’humain plus universelle. De plus, la grande majorité de ces travaux s’est focalisée sur les variations interculturelles négligeant les autres groupes sociaux. Dans cette thèse, notre intérêt s’est porté plus spécifiquement sur les groupes de genre (i.e. femmes et hommes). Certaines études ont mis en évidence une évaluation plus positive ainsi qu’une plus grande attribution d’humanité à l’égard des femmes, y compris chez les hommes. Ce favoritisme envers les femmes est néanmoins relié à une forme de sexisme (i.e. sexisme bienveillant) qui valorise la conformité aux stéréotypes de genre. D’autres études ont rapporté que les hommes sont considérés comme plus prototypiques d’un ensemble de catégories inclusives, notamment « l’humanité ». Ces éléments théoriques nous ont amené à formuler deux questions de recherche : 1/ La représentation de l’humain diffère-t-elle entre les femmes et les hommes ? 2/ Cette représentation repose-t-elle sur les caractéristiques de l’endogroupe ou une des deux identités de genre domine-t-elle ? Nous avons également investigué les liens entre cette représentation et l’identification à l’endogroupe, le sexisme et l’adhésion à des politiques égalitaires. Le programme de recherche s’est articulé autour de trois chapitres empiriques. Le premier adopte une approche qualitative afin d’examiner les potentielles variations dans le contenu de la représentation de l’humain entre les femmes et les hommes chez les adultes (études 1-3) et chez les enfants et les adolescent⋅e⋅s (étude 2). Le deuxième examine dans quelle mesure les caractéristiques stéréotypées féminines et masculines sont perçues comme centrales dans la définition de l’humain (études 4, 5). Pour faire le lien avec les travaux sur les attributions d’humanité, les perceptions d’Unicité et de Nature humaine de ces caractéristiques sont également étudiées (études 6, 7). Enfin, le troisième chapitre s’appuie sur la méthodologie de la projection de l’endogroupe et examine dans quelle mesure les individus projettent les caractéristiques typiques des femmes et des hommes sur le prototype de l’humain. Enfin, une dernière étude appréhende ce même phénomène auprès d’une population d’enfants-adolescent⋅e⋅s.
Ce programme de recherche permet de dégager plusieurs résultats. Tout d’abord, si le contenu de la représentation de l’être humain s’avère relativement identique entre les femmes et les hommes (études 1-3), des variations apparaissent au niveau de la centralité et de l’unicité attribuées à certaines caractéristiques (études 8-9). Ensuite, les caractéristiques stéréotypées féminines sont largement perçues comme plus centrales dans la définition de l’humain par les femmes et par les hommes adultes (études 3-5, 8). Ce constat est également trouvé chez les filles, mais pas chez les garçons (étude 10). Cet effet est relié au degré de sexisme bienveillant des participant⋅e⋅s. À l’inverse, les caractéristiques masculines sont perçues comme plus spécifiques de l’être l’humain par les femmes et les hommes (études 6-7). L’ensemble de ces résultats est discuté en référence à l’effet « les femmes sont merveilleuses » (women-are-wonderful-effect). La pertinence de distinguer dans de futures recherches une représentation descriptive de l’humain et une représentation normative (i.e. en termes d’humain idéal) est également discutée.