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Abstract

The present article presents the certainties and the controversies about health effects of exposure to elec- tromagnetic fields from GSM, Wifi and from other systems of telecommunica- tion that use similar fre- quencies.
Fig. 1: distribution des fréquences de la gamme UHF entre les différents systèmes de télécommunications. Le système TETRA (400 MHz)
est utilisé par la gendarmerie et les services d’urgence (réseau “Astrid”). La télévision utilise la gamme de 400 à 800 MHz. Le système
DECT est celui des téléphones sans fil domestiques. L’UMTS est le GSM dit de "3
e
génération". Les routeurs sans fil (Wifi) utilisent une
fréquence très proche de celle de nos fours MO. Le Wimax est un distributeur d’accès Internet par ondes exclusives.
(GHz). La gamme des UHF regroupe à peu près
tout ce qui fait le paysage des télécommunica-
tions modernes (fig. 1). Ces UHF constituent
les plus basses fréquences de la famille des
micro-ondes (MO). Au-delà des MO, on trouve
les infrarouges, puis les fréquences optiques.
Aux fréquences dites “supra-optiques” (UV
lointains, rayons X et
γ), cest laspect corpus-
culaire du rayonnement qui prévaut et les inter-
actions avec le vivant sont décrites par les lois
de la physique quantique. En infra-optique,
par contre, et donc aux fréquences du GSM, les
interactions avec le vivant sont décrites par les
lois de la physique classique, celle des champs
et ondes. On verra plus loin limportance de
cette distinction.
CHAMPS ET ONDES EM
Un rayonnement, une onde EM, résulte de la com-
binaison dun champ électrique (E) et dun champ
magnétique (H), perpendiculaires lun à lautre, et
dont lalternance dans le temps assure linduction
mutuelle et la propagation dans lespace (fig. 2).
Londe EM constitue le support même des tech-
niques de télécommunications. Deux paramètres
la caractérisent: la grandeur du champ E, expri-
mée en volts/mètre (V/m) (celle du champ H y
est toujours corrélée), et la fréquence dalternance,
exprimée en Hz.
Comme beaucoup de questions environnemen-
tales modernes, la question de limpact sur la
santé des champs électromagnétiques (EM) est
complexe. Elle lest, tout dabord, parce que la
nature des phénomènes en cause est complexe.
Elle lest, également, parce quil est de plus en
plus difficile dinterpréter les résultats de toute
nouvelle étude sur le sujet. Cette difficulté din-
terprétation sexplique, dune part, par la com-
plexification croissante des outils dinvestiga-
tion utilisés, et dautre part, par lexistence,
dans ce domaine aussi, de conflits dintérêts
dans le chef de certains auteurs
(1)
.
Non contente d’être complexe, cette question
des effets sanitaires des champs EM est égale-
ment intriquée avec les préoccupations, justi-
fiées ou non, du public, du fait de la proximité
et de lomniprésence des sources dexposition
à ces champs. Tâchons donc de mettre un peu
dordre dans ce débat particulier.
LES FRÉQUENCES DU GSM
Il est ici question de rayonnement. Situons
donc tout dabord les fréquences du système
GSM (pour
Global system of mobile communi-
cations) dans le spectre EM. Celles-ci se situent
dans la gamme dite des UHF (pour Ultra
High Frequencies) des radiofréquences, soit
entre 300 mégahertz (MHz) et 3 Gigahertz
* Médecin généraliste,
Cellule environnement de
la SSMG et Ecole de Santé
Publique de lULB.
** Laboratoire de Toxico-
logie, Institut scientifique
de Santé Publique et
Université dAnvers.
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
52
MG & ENVIRONNEMENT
GSM, Wifi, etc. :
danger pour notre santé ?
par le Dr Jacques Vanderstraeten* et le Pr Luc Verschaeve**
O
n peut régulièrement lire ou entendre un avis d’expert, de commission ou d’une
autorité sanitaire sur la question des effets des champs électromagnétiques sur la
santé. Chaque nouvel avis semble apporter de nouvelles questions plutôt que des
réponses. Que retenir en cette matière particulière? Que répondre aux questions parfois
anxieuses de certains patients à ce sujet? Le présent article fait le point sur les certitudes
et les controverses en 2009.
RÉSUMÉ
Le présent article fait le
point sur les certitudes et les
controverses concernant les
effets sur la santé de lexpo-
sition aux champs et ondes
du GSM, du Wifi et dautres
systèmes de télécommunica-
tion utilisant des fréquences
similaires.
Mots clefs:
radiofréquences, micro-
ondes, mobilophonie,
cancer, Interphone.
ABSTRACT
The present article presents
the certainties and the
controversies about health
effects of exposure to elec-
tromagnetic fields from
GSM, Wifi and from other
systems of telecommunica-
tion that use similar fre-
quencies.
Key Words:
radiofrequencies, micro-
waves, mobile phone,
cancer, Interphone.
par exemple, les mécanismes dinteraction et les
effets éventuels sont fondamentalement diffé-
rents de ce quils sont en radiofréquence. On ne
mélangera donc pas le débat sur les champs dus
à l’électricité et celui sur les GSM, puisque ce
sont deux questions totalement différentes.
En matière de télécommunications, on distingue
deux catégories de fréquence.
La fréquence fondamentale
Aussi appelée fréquence porteuse, cest elle qui
détermine le canal suivi par londe (autour de
1 GHz donc, en UHF). Trois caractéristiques
sont à retenir pour les ondes en UHF:
Ce sont des
rayonnements non ionisants: à
ces fréquences, en effet, l’énergie dun quan-
tum de rayonnement est de lordre du micro-
électron volt (eV), soit loin en deçà du seuil
dionisation, qui vaut ± 10 eV (à partir des
UV lointains). Pour rappel, cest à ce phéno-
mène dionisation que lon doit les effets
notamment cancérigènes des rayonnements
dits ionisants (cest le risque nucléaire).
Il ny a
pas de phénomène de résonance
avec nos constituants moléculaires, en ce com-
pris leau (contrairement à ce que lon entend
parfois). Un tel phénomène ne peut en fait se
voir qu’à partir de la fréquence de 300 GHz,
seuil des fréquences IR. Celles-ci constituent
en effet les plus basses fréquences de vibra-
tion/rotation moléculaires et atomiques.
Il y a
échauffement tissulaire, du moins à par-
tir dune certaine intensité dexposition. En
effet, à partir de 1 GHz environ, la viscosité
de leau commence à gêner fortement les oscil-
lations imposées par le champ E (voir ci-avant).
Ce sont en réalité ces frictions intermolécu-
laires, et non les oscillations elles-mêmes, qui
sont responsable de l’échauffement dans nos
fours MO. Ce phénomène est responsable de
labsorption de l’énergie de londe EM. Il
saccentue avec la fréquence et cause donc, à
linverse, une diminution de la profondeur de
pénétration de londe à fréquence croissante
(fig.3). À noter que lusage, même prolongé
dun combiné GSM contre loreille et à pleine
puissance, ne cause une élévation de la tem-
pérature intracrânienne que de 0,1 à 0,2° C.
En réalité,cest la batterie du combiné, et non
L
ES EFFETS DU CHAMP ÉLECTRIQUE
La grandeur du champ E détermine lintensité
de lexposition et donc celle des effets biolo-
giques éventuels. Cette intensité est propor-
tionnelle à E
2
. Elle diminue en fonction inverse
du carré de la distance par rapport à la source
d’émission. Ainsi, si la distance à la source est
multipliée par 10, lintensité dexposition est,
elle, divisée par 100.
Pour des raisons dordre de grandeur, on ne tient
pas compte du champ H. Le champ E suffit donc
à caractériser les interactions de londe EM avec
la matière vivante. Des cours d’électricité, on se
souvient sans doute que tout champ E cause le
déplacement des charges soumises à son
influence (cest la fameuse force électromo-
trice). Aux fréquences UHF et aux intensités
qui caractérisent notre exposition habituelle, on
distingue essentiellement deux types deffets du
champ E sur les tissus vivants
(2)
.
Oscillation de charges mobiles: au rythme
de ses alternances ou inversions, le champ E
fait osciller les ions dans nos liquides. Ce phé-
nomène cause un léger échauffement par
effet Joule, à linstar du passage du courant
dans un fil électrique.
Oscillation de molécules dipolaires: une
molécule est dite dipolaire si la répartition
de ses charges est asymétrique, avec pour
résultat, un pôle positif et un pôle négatif.
Dans nos tissus, cest leau qui représente la
molécule dipolaire la plus abondante. Cest
aussi la seule à présenter une mobilité suffi-
sante que pour pouvoir osciller à la fréquence
de 1 GHz.
Qui dit oscillation des molécules deau, dit
échauffement? Pas en UHF en tout cas,
puisque, pour rappel, nous sommes bien en deçà
des fréquences de la chaleur, à savoir celles des
infrarouges (IR). Et pourtant, notre four MO
chauffe bien nos aliments! Comment? Nous
allons le voir.
L
IMPACT DE LA FRÉQUENCE
La fréquence détermine la nature de lexposition,
et donc celle des effets biologiques éventuels.
Ainsi, à la fréquence de 50 Hz de l’électricité,
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
53
MG & ENVIRONNEMENT
Fig. 2: le rayonnement EM est constitué des champs électrique E et magnétique H. Sa fréquence est inversément proportionnelle à sa
longueur d'onde
λ (celle-ci est de 30 cm à 1 GHz).
RELATION DOSE/EFFET
En rayonnement ionisant, les effets sont de
nature
quantique, chaque quantum de rayon-
nement apportant, à terme, sa part de respon-
sabilité aux effets, notamment cancérigènes. On
exprime donc lexposition effective de lorga-
nisme en
dose reçue, ou Sievert (Sv, équivalant
à des J/kg).
En
radiofréquences, par contre, les effets sont
de nature
classique, et lexposition effective de
lorganisme est exprimée en watts/kg (W/kg),
c.-à-d. en
débit de dose reçue ou SAR (pour
specific absorption rate). Ces distinctions fon-
damentales permettent de mieux comprendre
pourquoi il nexiste, en principe, pas de risque
pour une exposition aux ondes GSM, même de
longue durée, lorsque lintensité de celle-ci se
situe en deçà dune certaine valeur seuil (fig. 4).
S
EUIL DE
SAR
TOXIQUE
?
Quelle serait par contre la valeur seuil de SAR
pour un effet donné? Puisque labsorption de
l’énergie EM consiste en sa transformation en
énergie thermique, on serait tenté de la déduire
de ce que lon sait des effets thermiques clas-
siques. Mais cest sans compter avec le fait quen
MO, les modalités de l’échauffement diffèrent
totalement de toute autre modalité existante.
Ainsi, pour une même valeur de SAR, un pro-
son rayonnement, qui est responsable de la
sensation d’échauffement que lon peut par-
fois ressentir.
Les fréquences de modulation
Constituant le signal, ces fréquences sont
superposées à la fréquence fondamentale.
Elles constituent le contenu de l’émission,
étant démodulées”à la réception par un cir-
cuit électronique ad hoc. Dans le cas particu-
liers des combinés GSM et DECT, des basses
fréquences (respectivement 217 Hz et 100 Hz)
sont fort présentes, constituant le rythme de
répétition des trains donde émis par le com-
biné. Or, à ces fréquences, un champ E, même
très faible (quelques millivolts/mètre), pour-
rait par exemple causer un phénomène de sti-
mulation neuronale, par exemple. Certains
auteurs incriminent donc ces basses fré-
quences dans les effets biologiques éventuels.
Pourtant nos tissus sont, en théorie, incapables
de démoduler un signal GSM, étant en effet
incapables dextraire les basses fréquences
dun signal, si la fréquence fondamentale
dépasse quelques 10MHz. Le mystère reste
donc entier
(2)
.
Une autre question reste en suspens: il sagit
des effets éventuels de courants générés dans la
tête de lutilisateur de GSM, par la simple
décharge (à 217 Hz) de la batterie du combiné
(tenu contre loreille)
(3)
.
Cest la batterie du
combiné, et non son
rayonnement,
qui est responsable
de la sensation
d’échauffement que lon
peut parfois ressentir.
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
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MG & ENVIRONNEMENT
Fig.3. La puissance reçue d'un combiné GSM tenu contre l'oreille est absorbée à 90% endéans les 3 premiers centimètres d'épaisseur
des tissus, et 55% de la dose absorbée par le cerveau l'est dans la zone du lobe temporal homolatéral. A 100 MHz, 90% de la puis-
sance incidente est absorbée endéans les 8 premiers centimètres, cette profondeur se réduisant à 3 cm à 1 GHz, et à 0,3 cm à 10 GHz.
Fig.4. En rayonnement ionisant, et pour un effet cancérigène, il n'existe pas de seuil de dose. En radiofréquences, si l'on se réfère aux
effets dits "thermiques", il doit en principe exister un seuil de dose pour tout effet considéré.
Tableau 1: valeurs de SAR pour les expositions les plus courantes, en milliwatts/kg. Pour le GSM, la valeur dépend du type dappareil
et des conditions de communication (SAR plus élevé en cas de mauvais signal). Les valeurs renseignées pour le Bluetooth concernent les
systèmes de classe 2 et 3 (portée 40 m). Pour les antennes GSM, la valeur dépend de la puissance totale émise, de la distance, des
interpositions (mur, vitre) et de la position relativement à lorientation de lantenne (1 mW/kg représente une valeur atteinte dans de
rares situations de forte proximité résidentielle). Les valeurs renseignées pour les routeurs sont valables dès au-delà de 1 m de distance.
auteurs se sont distingués en rapportant une fré-
quence accrue de cassures dADN. De tels phé-
nomènes nécessitent en principe une énergie de
rayonnement de loin supérieure à celles des ondes
du GSM et paraissent donc hautement impro-
bables. ces observations nont dailleurs jamais
pu être reproduites de façon indépendante
(7)
.
De développement récent, la génomiqueper-
met lanalyse de lexpression de plusieurs mil-
liers de gènes simultanément. Parmi la ving-
taine d’études réalisées à ce jour, les seuls effets
positifs observés nont cependant pu être ni
validés, ni reproduits
(4)
.
Mortalité et cancérogénicité animale
Plus de 30 études ont été publiées sur la mor-
talité et lincidence de cancers chez des rats
soumis aux fréquences UHF. La valeur de SAR
tournait autour de 3 W/kg en moyenne (0,01 à
> 10 W/kg), équivalent à 0,4 W/kg environ si
lon extrapole à lHomme (métabolisme basal
8 X moindre que chez le rat). À part 3 études
parmi les premières publiées, toutes les autres
ont été négatives à ce jour
(7, 8, 9)
. Une limitation
importante impose cependant de ne pas
conclure. En effet, lorsquil sagit d’étudier lin-
cidence de maladies rares, il est nécessaire
dutiliser des modèles de rongeurs transgé-
niques afin daccroître la puissance statistique
de l’étude. Or, en matière de rayonnement UHF,
le bon modèle nest pas connu puisque, le cas
échéant, on ne sait pas encore quelle affection
étudier précisément.
É
PIDÉMIOLOGIE DU MOBILOPHONE
Un premier constat a rapidement été fait, à savoir
un risque relatif (RR) d
accident de roulage
multiplié par 4 en cas dusage au volant (avec
ou sans car-kit). Les choses savèrent par contre
plus compliquées lorsquil sagit d’étudier lin-
cidence du cancer chez lutilisateur de GSM.
Tumeurs cérébrales et cervicales
Le projet Interphone est un projet d’études,
coordonné par le Centre International pour la
Recherche contre la Cancer, et qui regroupe
13 pays à ce jour. En marge dInterphone, un
auteur suédois indépendant, Lenart Hardell, a
publié quelques études similaires, mais en sui-
vant une méthodologie propre, qui a été fort
critiquée. Les études réalisées à ce jour (> 20)
sont essentiellement de type cas-témoins et sont
basées sur l’évaluation (sur base de question-
naires) de lusage du téléphone mobile (fré-
quence, durée, côté) dans les années qui pré-
cèdent, dune part chez des sujets atteints de
tumeurs bénignes ou malignes, et dautre part,
chez des sujets indemnes.
cessus biochimique (thermo-activable) donné est
davantage activé si l’échauffement est dû aux
MO que sil est dû à toute autre source de cha-
leur. Ce phénomène na pas encore reçu dex-
plication précise, mais il est dores et déjà régu-
lièrement exploité dans le cadre de la
microwave-
assisted chemistry
(4)
. Par conséquent, tout seuil
de SAR pour un effet donné des MO ne peut
être déduit de la théorie, et seuls lexpérimenta-
tion et l’épidémiologie pourront apporter une
réponse définitive à cet égard.
D
OSIMÉTRIE AU QUOTIDIEN
La probabilité de tout effet biologique est expri-
mée en fonction du SAR. Avant daborder la
revue de littérature, il y a donc lieu de situer
la valeur relative de ce SAR pour chaque situa-
tion dexposition courante (tab. 1).
REVUE DE LA LITTERATURE
É
TUDES EXPÉRIMENTALES
Une première approche de la question du risque
sanitaire est représentée par les études cellu-
laires. Par exemple l’étude des effets cytogéné-
tiques (lésions des chromosomes et de lADN),
et modifications de lexpression génique est uti-
lisée dans le but de dépister potentiel carcino-
gène dun agent chimique ou physique. Ces
méthodes présentent lavantage dune grande
sensibilité mais avec linconvénient dune faible
valeur prédictive positive car elles ne permet-
tent pas l’étude des conséquences éventuelles
de toute modification observée. Elles permet-
tent donc au mieux de formuler des hypothèses
pour la recherche
(4)
.
Dautre part, soumettre un rongeur à une expo-
sition donnée pendant une durée équivalente à
sa durée de vie (2,5 à 3 ans pour un rat) per-
met une approche des effets à long terme de
cette exposition. Ici, lincertitude concerne lex-
trapolation à lHomme des observations faites.
Structure et fonction génétique
Plus de 120 publications existent à ce jour, sur
l’étude de lésions de lADN ou de modification
de lexpression génétique, pour une valeur
moyenne de SAR tournant autour de 2 à 4 W/kg
(< 0,01 à > 10 W/kg). Concernant la recherche
d
effets cytogénétiques 70 études), les résul-
tats sont jugés globalement négatifs
(5)
. Néan-
moins, la possibilité nest pas encore exclue à ce
jour, dune incidence accrue daltérations géné-
tiques (micronoyaux, aneuploïdie) à partir de
quelques W/kg, les conséquences éventuelles res-
tant encore à préciser le cas échéant
(6)
. Quelques
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
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MG & ENVIRONNEMENT
Combiné GSM contre loreille Système Bluetooth Antenne GSM Combiné DECT Routeur Wifi Bruit de fond indoor
SAR (mW/kg) 10 100 (> 1, < 1000) 2 10 < 0,1 1 20 30 < 0,1 1 0,01
quelques µW/kg seulement. On a donc tenté
dobjectiver un éventuel phénomène d’“hyper-
sensibilité” aux MO, voire d’éventuelles modi-
fications électrophysiologiques sous exposition
aux ondes GSM.
Tests de provocation
Une récente revue de littérature a recensé 46
études en simple ou double aveugle portant sur
un total de 1.175 sujets se déclarant hypersen-
sibles. Dans lensemble, les résultats sont non
contributifs: ces sujets ne performent pas mieux
que la population contrôle et ne savèrent pas
doués de la capacité à percevoir la présence, ou
non, dun rayonnement EM, et ce, même pour
des valeurs de SAR proches du W/kg
(14)
.
Deux caveat empêchent toutefois de clore ici
ce débat. Dune part, les conditions de réalisa-
tion des tests (laboratoires) pourraient interfé-
rer avec une éventuelle sensibilité du type de
celle étudiée ici. Dautre part, quelques rares
individus pourraient peut-être être capables de
percevoir le rayonnement, mais pour des
valeurs de SAR 0,1 W/kg
(15)
.
Tests électrophysiologiques
De nombreux auteurs ont étudié les éventuelles
modifications EEG ou de potentiels évoqués
sous exposition aux ondes du GSM. Les résul-
tats les plus régulièrement positifs concernaient
des modifications du rythme a de lEEG
(16)
.
Aucune conclusion valide ne peut cependant être
tirée. Ceci, tant à cause des insuffisances métho-
dologiques des études concernées (nombre de
sujets beaucoup trop faible, réalisation, au
mieux, en simple aveugle), que du fait des
imprécisions inhérentes à la technique dEEG.
I
NTERFÉRENCES
Une question particulière est celle des éven-
tuelles interférences de l’émission dun GSM
avec un pacemaker ou un défibrillateur implan-
table. Respectivement 14 et 8 études ont été réa-
lisées à cet égard, pour conclure à labsence de
toute interférence péjorative dès une distance de
15 cm par rapport au dispositif implantable
(17)
.
C
ONCLUSIONS DE CETTE REVUE
De nombreux effets, autres que ceux relatés ici,
ont également été étudiés (perméabilité de la
barrière hémato-encéphalique, etc.). Pour résu-
mer, on peut dire que leur étude a été non
contributive à ce jour
(7, 18)
. Globalement, les
conclusions dune revue actuelle de la littéra-
ture peuvent être résumées comme suit:
Le tableau 2 reprend, pour chaque type de
tumeur, lodd ratio (OR, comparable au RR
dans le cas présent) poolé pour les études (9
pour le projet Interphone) qui ont atteint
10 ans de recul
(10, 11)
. À noter que toutes les
études à < 10 ans ont été négatives. Si lon ne
retient que les OR obtenus dans le cadre du
projet Interphone, on doit conclure à labsence
de risque démontré à ce jour puisquaucun
intervalle de confiance à 95% nexclut la
valeur 1. Cette conclusion doit cependant être
tempérée par lexistence de nombreux facteurs
de mésestimation du risque, en particulier par
rapport à lusage du GSM.
Facteurs responsables dune
surestimation du
risque
:
Erreurs de remémorisation dans le chef des
cas qui ont été utilisateurs de mobilophone
(12)
.
Erreur liée à lextrapolation des données qui
concernent lusage du téléphone dit NMT
(pour
Nordic mobile telephone). En effet, celui-
ci expose lutilisateur à une valeur de SAR
2 W/kg, soit en moyenne 50 X supérieure à
celle de nos GSM actuels
(10, 11)
. Or, plus de 70%
des cas étudiés dans les études ayant atteint 10
années de recul (95% des cas de neurinome du
VIII) concernent des utilisateurs du NMT.
Facteurs responsables dune
sous-estimation
du risque
:
Biais de sélection des cas témoins (sous-esti-
mation de lordre de 10%)
(13)
.
Recul encore insuffisant à lheure actuelle,
sûrement en ce qui concerne les tumeurs
bénignes (dont le neurinome de lacoustique),
et vraisemblablement aussi dans le cas du
gliome (tumeur maligne), à moins de suppo-
ser un effet, non pas inducteur, mais promo-
teur de croissance tumorale
(10)
.
Dans le cas du gliome, erreur liée à la prise
en compte de toutes les localisations céré-
brales (ce qui fut le cas de toutes les études
mentionnées ici)
(10)
. En effet, puisque toute
l’énergie du rayonnement est absorbée dans
les premiers centimètres de la région tempo-
rale, lusage dun téléphone mobile ne pour-
rait en principe influencer que lincidence des
tumeurs au niveau de cette région de la tête.
H
YPERSENSIBILITÉ AUX ONDES
GSM
Certaines personnes disent ressentir divers
symptômes quelles attribuent à lexposition
aux champs et ondes du GSM, du Wifi ou
dautres sources de rayonnement UHF, et ce à
des distances par rapport aux émetteurs incri-
minés où le SAR est souvent de lordre de
L’épidémiologie ne
peut servir de base à
une quelconque norme
ou recommandation,
du fait du manque
de recul suffisant à
lheure actuelle.
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
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MG & ENVIRONNEMENT
Tableau 2: Odds ratios (intervalle de confiance à 95%) pour 10 années dusage dun téléphone mobile et pour chaque type de tumeur.
Interphone Interphone + Hardell
Gliome
1,1 (0,8 1,4) 1,6 (1,1 - 2,4)
Méningiome 0,9 (0,7 - 1,3) 1,2 (0,7 - 2,2)
Neurinome VIII 1,5 (0,9 - 2,7) 2,1 (1,2 3,9)
T. bénigne parotide 1,0 (0,4 2,5) / 1,4 (0,7 3,0)* 0,9 (0,5 1,4)
* utilisateurs réguliers uniquement
tions existantes si lon fixe provisoirement le
NOEL à ce niveau de SAR (les valeurs de
champ E, en V/m, sont celles qui correspondent
à la fréquence de 900 MHz)?
Recommandation de l
OMS et de lICNIRP
(International Commission on Non-Ionising
Radiation Protection): 41,2 V/m, correspon-
dant à un SAR de 0,08 W/kg. Par rapport à
notre NOEL, le FS est donc ici < 10.
Norme du gouvernement belge: 20,6 V/m,
correspondant à un SAR de 0,02 W/kg, soit
un FS dun peu plus de 10.
Norme actuelles pour les régions bruxelloises
et wallonnes: 3 V/m (recommandation du
Conseil Supérieur de la Santé), correspondant
à 0,4 mW/kg, soit un FS de 1000 environ.
À noter que pacemakers et autres appareillages
médicaux implantables doivent supporter un
champ de 10 V/m en UHF (norme IEC60601-
1-2: 2001), ce qui revient à tolérer une valeur
maximale denviron 15 V/m dans leur cas,
tenant compte de linterposition de la peau.
CONCLUSION
Comme toujours, en santé environnementale,
cest l’épidémiologie, science de lobservation,
qui aura le dernier mot. Il faudra donc suivre les
résultats des études du projet Interphone, en par-
ticulier lorsquun recul supérieur à 10 à 15, voire
20 ans, sera disponible, sans certitude cependant
que ces études apporteront jamais une réponse
définitive. Puisque lusage du GSM est actuel-
lement généralisé, une alternative aux études de
type cas-témoins est lanalyse de l’évolution
avec le temps de la prévalence des tumeurs céré-
brales. À ce jour cependant, aucune tendance à
la hausse na pu être démontrée. Mais encore
une fois, il est trop tôt pour conclure
(20)
. Enfin,
pour être complet, et même si lon na pas dar-
gument pour supposer leur existence, rappelons
quaucun effet sanitaire autre que la tumorigé-
nicité na fait à ce jour lobjet d’études à grande
échelle chez les utilisateurs de GSM.
Et en attendant? Il est légitime dinciter tout un
chacun, et en particulier les jeunes, à un usage
raisonnabledu GSM, en préférant notamment
les conditions qui génèrent une valeur de SAR
aussi basse que possible (voir la recommanda-
tion du Conseil Supérieur de la Santé à ce sujet)
(tab. 3)
(21)
. Une autre attitude préventive pos-
De
1 à 10 W/kg (au-delà des valeurs maxi-
males chez un usager de GSM): un risque de
tumorigénicité ou daltérations cytogénétiques
ne peut être exclu à ce jour.
De
0,1 à 1 W/kg (valeurs maximales pour un
usager de GSM): lexposition prolongée ne
paraît pas à risque de cancer ni de surmorta-
lité daprès les études animales, mais lab-
sence de modèle génétique adéquat ne permet
pas de conclure définitivement. Par ailleurs,
certains individus pourraient peut-être perce-
voir le rayonnement à de tels niveaux. À noter
que perception ne veut pas dire toxicité.
< 0,1 W/kg: pas de risque, ni suspecté,ni
démontré à lheure actuelle.
QUELLES NORMES ?
Les médias se font régulièrement l’écho de
normes dexposition. Ici sont concernées les
diverses antennes et stations de base GSM et
autres émetteurs dondes UHF. Ces normes sont
exprimées en V/m. À quoi correspondent-elles,
comment les interpréter? Il convient avant tout,
de comprendre comment sont élaborées les
recommandations pour lexposition prolongée
de la population générale à tout polluant.
Dans le cas présent, l’épidémiologie ne peut
servir de base à une quelconque norme ou
recommandation, du fait du manque de recul
suffisant à lheure actuelle, mais aussi parce
quaucune étude à grande échelle ne sest pen-
chée sur lincidence de pathologies autres que
les tumeurs chez les utilisateurs de mobilo-
phone. On doit donc se baser sur les données
de lexpérimentation. À cet égard, et à titre
dexemple, la pratique des EPA (
Environmental
Protection Agency) et FDA (Food and Drugs
Administration) américaines est dappliquer un
facteur de sécurité (FS) de 100 au niveau dex-
position pour lequel aucun effet nest observé
dans lexpérimentation animale (NOEL pour
No observed effect level). Ce FS de 100 est égal
à 10 (tenant compte de lincertitude quant à
lextrapolation de lanimal à lHomme) X 10
(tenant compte de la sensibilité variable de la
population, en particulier des enfants)
(19)
.
Daprès les études animales (voir ci-dessus),
aucun effet nest observé pour un SAR équiva-
lent à 0,1 et 1 W/kg chez lHomme. Comment
interpréter les diverses normes et recommanda-
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MG & ENVIRONNEMENT
Tableau 3: les règles pour un usage raisonnable et prudent du GSM
.
Pout tous Limiter la durée dexposition Changer doreille 1 x / 2 min
Limiter lintensité dexposition Accroître la distance (oreillette, bluetooth)
Ne pas oublier la ligne fixe
Choix dun GSM low SAR
Éviter situations de faible signal
Éviter usage dans enceintes métalliques (auto, ascenseur)
Éviter usage en mouvement rapide (auto)
Au volant Éviter lusage (avec ou sans car-kit)
Porteur dimplant cardiaque* Utiliser à loreille contro-latérale
* pace-maker, défibrillateur
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21. Recommandation du 12 mars 2004 du Conseil Supérieur dHygiène
concernant lusage du téléphone mobile (GSM) par la population géné-
rale (CSH 6.605/5). Disponible sur www.health.fgov.be
Texte demandé par la Rédaction.
Reçu en novembre 2009.
sible est, surtout pour nos jeunes, de préférer
le téléphone fixe au téléphone sans fil DECT,
ou encore d’éloigner un routeur sans fil de
>50cm à 1 m, sinon de câbler celui-ci tout en
désactivant sa fonction d’émission.
Quant à nos patients qui se disent hypersen-
sibles au rayonnement GSM, Wifi, etc.?
Sachons reconnaître et écouter la souffrance
exprimée par ceux-ci, même si la réalité sous-
jacente est, dans la large majorité des cas, celle
de leffet nocebo. Aider ces personnes sera par
contre difficile, toute tentative de discours rela-
tiviste se heurtant généralement à un mur. À
linverse, toute aide dans le sens dune moindre
exposition est susceptible daccentuer encore
lintolérance aux ondes EM exprimée par ces
patients. Nous pouvons en tout cas les infor-
mer de la façon la plus objective et la plus
neutre possible.
Quant à la question des normes dexposition, il
est manifeste quelle nest pas résolue, la valeur
idéale n’étant à ce jour pas encore connue. Une
certitude immédiate, par contre, est que lusage
du GSM au volant accroît de façon importante
le risque daccident de roulage.
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Une certitude
immédiate est que
lusage du GSM au
volant accroît de façon
importante le risque
daccident de roulage.
La Revue de la Médecine Générale n° 270 février 2010
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MG & ENVIRONNEMENT
Le Service Public Fédéral Emploi, Travail et Concertation Sociale se propose d’évaluer la prévalence
du burnout (épuisement professionnel) au sein de la population belge
. Plusieurs études montrent à
suffisance la réalité clinique de ce syndrome qui semble être de plus en plus répandu. Sa fréquence reste
cependant difficilement évaluable.
Il a lancé un appel d’offre et un consortium multi-disciplinaire a été choisi pour faire cette étude de
prévalence.
Le consortium est composé du Service de Psychologie du Travail (Pr Isabelle Hansez Ulg), du Service
Santé au Travail de l’Ecole de Santé Publique (Pr Philippe MairiauxULg), du CITES Clinique du Stress
(Pr Pierre Firket ISOSL Secteur Santé Mentale Lg) et du Service de Psychologie du Travail à Gand
(Pr Lut Braeckman).
Pour réaliser cette étude, plusieurs sources d’informations cliniques seront sollicitées en l’occurrence les ser-
vices des médecins du travail, des médecins conseils et les médecins généralistes.
La SSMG a accepté de participer à cette recherche, pour son volet « médecine générale».
Une procédure statistique d’échantillonnage représentatif sera mise en place par la SSMG en collaboration
avec le consortium.
Vous serez peut-être, l’un ou l’autre, choisi de manière aléatoire pour participer à cette étude
épidémiologique importante.
Si tel est le cas, davance nous vous remercions de laccueil que vous voudrez bien réserver à cette démarche
de recherche en médecine générale.
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Article
Full-text available
OBJECTIVES: There is concern regarding the possible health effects of cellular telephone use. We examined whether the source of funding of studies of the effects of low-level radiofrequency radiation is associated with the results of studies. We conducted a systematic review of studies of controlled exposure to radiofrequency radiation with health-related outcomes (electroencephalogram, cognitive or cardiovascular function, hormone levels, symptoms, and subjective well-being). DATA SOURCES: We searched EMBASE, Medline, and a specialist database in February 2005 and scrutinized reference lists from relevant publications. DATA EXTRACTION: Data on the source of funding, study design, methodologic quality, and other study characteristics were extracted. The primary outcome was the reporting of at least one statistically significant association between the exposure and a health-related outcome. Data were analyzed using logistic regression models. DATA SYNTHESIS: Of 59 studies, 12 (20%) were funded exclusively by the telecommunications industry, 11 (19%) were funded by public agencies or charities, 14 (24%) had mixed funding (including industry), and in 22 (37%) the source of funding was not reported. Studies funded exclusively by industry reported the largest number of outcomes, but were least likely to report a statistically significant result: The odds ratio was 0.11 (95% confidence interval, 0.02-0.78), compared with studies funded by public agencies or charities. This finding was not materially altered in analyses adjusted for the number of outcomes reported, study quality, and other factors. CONCLUSIONS: The interpretation of results from studies of health effects of radiofrequency radiation should take sponsorship into account.
Article
Full-text available
Objective During the last decade, mobile phone use increased to almost 100% prevalence in many countries of the world. Evidence for potential health hazards accumulated in parallel by epidemiologic investigations has raised controversies about the appropriate interpretation and the degree of bias and confounding responsible for reduced or increased risk estimates. Data Sources Overall, I identified 33 epidemiologic studies in the peer-reviewed literature, most of which (25) were about brain tumors. Two groups have collected data for ≥ 10 years of mobile phone use: Hardell and colleagues from Sweden and the Interphone group, an international consortium from 13 countries coordinated by the International Agency for Research on Cancer. Data Synthesis Combined odds ratios (95% confidence intervals) from these studies for glioma, acoustic neuroma, and meningioma were 1.5 (1.2–1.8); 1.3 (0.95–1.9); and 1.1 (0.8–1.4), respectively. Conclusions Methodologic considerations revealed that three important conditions for epidemiologic studies to detect an increased risk are not met: a ) no evidence-based exposure metric is available; b) the observed duration of mobile phone use is generally still too low; c) no evidence-based selection of end points among the grossly different types of neoplasias is possible because of lack of etiologic hypotheses. Concerning risk estimates, selection bias, misclassification bias, and effects of the disease on mobile phone use could have reduced estimates, and recall bias may have led to spuriously increased risks. The overall evidence speaks in favor of an increased risk, but its magnitude cannot be assessed at present because of insufficient information on long-term use.
Article
Full-text available
In Denmark, Finland, Norway, and Sweden, the use of mobile phones increased sharply in the mid-1990s; thus, time trends in brain tumor incidence after 1998 may provide information about possible tumor risks associated with mobile phone use. We investigated time trends in the incidence of glioma and meningioma in Denmark, Finland, Norway, and Sweden from 1974 to 2003, using data from national cancer registries. We used joinpoint regression models to analyze the annual incidence rates of glioma and meningioma. During this period, 59 984 men and women aged 20–79 years were diagnosed with brain tumors in a population of 16 million adults. All statistical tests were two-sided. From 1974 to 2003, the incidence rate of glioma increased by 0.5% per year (95% confidence interval [CI] = 0.2% to 0.8%) among men and by 0.2% per year (95% CI = −0.1% to 0.5%) among women and that of meningioma increased by 0.8% per year (95% CI = 0.4% to 1.3%) among men, and after the early 1990s, by 3.8% per year (95% CI = 3.2% to 4.4%) among women. No change in incidence trends were observed from 1998 to 2003, the time when possible associations between mobile phone use and cancer risk would be informative about an induction period of 5–10 years.
Article
Full-text available
The fields and waves of wireless technologies (GSM or Global System for Mobile communication, Internet, etc.) are by nature not ionizing. At their frequencies, the only mechanism of interaction established to date with living tissues is the transformation of electromagnetic energy in thermal energy in tissues. However, the data of the currently available literature still do not allow to exclude with certainty the possibility of biological effects, and possibly health effects, for exposure intensities lower than the levels likely to cause effects known to be heat activable. In term of equivalent situation of exposure to the GSM fields and waves, the lowest intensities possibly in question correspond in theory to the maxima to which the GSM user can be exposed. These values themselves are at least 3 to 4 orders of magnitude above those commonly encountered in the vicinity of GSM base stations. Finally, epidemiological studies are always in hand and should allow, in the years to come, to raise the uncertainties evoked as for a possible increase in the risk of certain tumours of the head in regular user of the mobile phone, including the GSM.
Article
Full-text available
The complexity of interactions of electromagnetic fields up to 10(12) Hz with the ions, atoms, and molecules of biological systems has given rise to a large number of established and proposed biophysical mechanisms applicable over a wide range of time and distance scales, field amplitudes, frequencies, and waveforms. This review focuses on the physical principles that guide quantitative assessment of mechanisms applicable for exposures at or below the level of endogenous electric fields associated with development, wound healing, and excitation of muscles and the nervous system (generally, 1 to 10(2) V m(-1)), with emphasis on conditions where temperature increases are insignificant (<1 K). Experiment and theory demonstrate possible demodulation at membrane barriers for frequencies < or =10 MHz, but not at higher frequencies. Although signal levels somewhat below system noise can be detected, signal-to-noise ratios substantially less than 0.1 cannot be overcome by cooperativity, signal averaging, coherent detection, or by nonlinear dynamical systems. Sensory systems and possible effects on biological magnetite suggest paradigms for extreme sensitivity at lower frequencies, but there are no known radiofrequency (RF) analogues. At the molecular level, vibrational modes are so overdamped by water molecules that excitation of molecular modes below the far infrared cannot occur. Two RF mechanisms plausibly may affect biological matter under common exposure conditions. For frequencies below approximately 150 MHz, shifts in the rate of chemical reactions can be mediated by radical pairs and, at all frequencies, dielectric and resistive heating can raise temperature and increase the entropy of the affected biological system.
Article
Idiopathic Environmental Intolerance attributed to electromagnetic fields (IEI-EMF; formerly 'electromagetic hypersensitivity') is a medically unexplained illness in which subjective symptoms are reported following exposure to electrical devices. In an earlier systematic review, we reported data from 31 blind provocation studies which had exposed IEI-EMF volunteers to active or sham electromagnetic fields and assessed whether volunteers could detect these fields or whether they reported worse symptoms when exposed to them. In this article, we report an update to that review. An extensive literature search identified 15 new experiments. Including studies reported in our earlier review, 46 blind or double-blind provocation studies in all, involving 1175 IEI-EMF volunteers, have tested whether exposure to electromagnetic fields is responsible for triggering symptoms in IEI-EMF. No robust evidence could be found to support this theory. However, the studies included in the review did support the role of the nocebo effect in triggering acute symptoms in IEI-EMF sufferers. Despite the conviction of IEI-EMF sufferers that their symptoms are triggered by exposure to electromagnetic fields, repeated experiments have been unable to replicate this phenomenon under controlled conditions. A narrow focus by clinicians or policy makers on bioelectromagnetic mechanisms is therefore, unlikely to help IEI-EMF patients in the long-term.
Article
This review summarizes and interprets epidemiologic evidence bearing on a possible causal relation between radiofrequency field exposure from mobile phone use and tumor risk. In the last few years, epidemiologic evidence on mobile phone use and the risk of brain and other tumors of the head in adults has grown in volume, geographic diversity of study settings, and the amount of data on longer-term users. However, some key methodologic problems remain, particularly with regard to selective nonresponse and inaccuracy and bias in recall of phone use. Most studies of glioma show small increased or decreased risks among users, although a subset of studies show appreciably elevated risks. We considered methodologic features that might explain the deviant results, but found no clear explanation. Overall the studies published to date do not demonstrate an increased risk within approximately 10 years of use for any tumor of the brain or any other head tumor. Despite the methodologic shortcomings and the limited data on long latency and long-term use, the available data do not suggest a causal association between mobile phone use and fast-growing tumors such as malignant glioma in adults (at least for tumors with short induction periods). For slow-growing tumors such as meningioma and acoustic neuroma, as well as for glioma among long-term users, the absence of association reported thus far is less conclusive because the observation period has been too short.
Article
Despite many research efforts and public debate there is still great concern about the possible adverse effects of radiofrequency (RF) radiation on human health. This is especially due to the enormous increase of wireless mobile telephones and other telecommunication devices throughout the world. The possible genetic effects of mobile phone radiation and other sources of radiofrequencies constitute one of the major points of concern. In the past several review papers were published on laboratory investigations that were devoted to in vitro and in vivo animal (cyto)genetic studies. However, it may be assumed that some of the most important observations are those obtained from studies with individuals that were exposed to relatively high levels of radiofrequency radiation, either as a result of their occupational activity or as frequent users of radiofrequency emitting tools. In this paper the cytogenetic biomonitoring studies of RF-exposed humans are reviewed. A majority of these studies do show that RF-exposed individuals have increased frequencies of genetic damage (e.g., chromosomal aberrations) in their lymphocytes or exfoliated buccal cells. However, most of the studies, if not all, have a number of shortcomings that actually prevents any firm conclusion. Radiation dosimetry was lacking in all papers, but some of the investigations were flawed by much more severe imperfections. Large well-coordinated multidisciplinary investigations are needed in order to reach any robust conclusion.