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Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
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Introduction
L’un des principaux facteurs causant la faillite des entreprises naissantes est le manque de compétence
et d’expérience des nouveaux entrepreneurs, qui se manifeste notamment par un manque de vision et par
une difficulté, voire une incapacité, de trouver un créneau rentable à la nouvelle entreprise (Festervand
et Forrest, 1991 ; Gaskill et al., 1993 ; Baldwin et al., 1997). De plus, on observe que l’augmentation des
habiletés et des savoirs de l’entrepreneur pendant les premières années de l’existence de son entreprise
est importante pour en déterminer la survie ultérieure (Gartner et al., 1999). Certains auteurs vont
jusqu’à affirmer que les apprentissages que peut faire l’entrepreneur ont une influence sur la croissance
de son entreprise (Deakins et Freel, 1998 ; Priyanto et Sandjojo, 2005). Si l’objectif est d’augmenter les
probabilités de survie des entreprises naissantes, ces constatations suggèrent qu’un support adéquat au
niveau de l’apprentissage et du développement des compétences entrepreneuriales s’avère alors
indispensable.
Or, leurs besoins en formation ne semblent pas suffisamment pris en compte lorsque vient le temps de
proposer des programmes aux nouveaux entrepreneurs. Plusieurs d’entres-eux se plaignent que la
formation offerte n’est pas adaptée à leurs besoins, suggérant qu’on devrait davantage tendre vers un
processus d’apprentissage individualisé (Dokou, 2001 ; Morrison et Bergin-Seers, 2002). Dans cette
perspective, l’accompagnement pourrait constituer un moyen privilégié de soutenir les apprentissages
d’un entrepreneur puisque cette forme de soutien rend possible la considération des besoins particuliers
de chacun. D’ailleurs, parmi l’éventail des formes que peut prendre l’accompagnement, on a soulevé
que le mentorat de l’entrepreneur constituait une approche suffisamment personnalisée pour amener
celui-ci à développer ses qualités de dirigeant (Bisk, 2002). Il existe donc un intérêt manifeste à
comprendre le contexte les possibilités et les limites de l’apprentissage réalisé au travers de
l’accompagnement. Cependant, bien peu de recherche a mis en lumière ces différents aspects, ce qui
La formation destinée à l’entrepreneur novice : exploration
des possibilités offertes par le mentorat
Par
Etienne ST-JEAN
candidat au doctorat
Faculté des Sciences de l’Administration,
Pavillon Palasis-Prince, #3885
Université Laval (Québec) G1V 0A6
Tél : (819) 694-0354
Fax: (418) 656-2624
Courriel : etienne.st-jean.1@ulaval.ca
Résumé
Dans la phase de démarrage de son entreprise, l’entrepre-
neur vit plusieurs problèmes qui pourraient être amoindris
par une formation adéquate. Bien que certaines recher-
ches indiquent que le mentorat pourrait permettre à un
entrepreneur novice d’apprendre de ses expériences, bien
peu de choses sont connues à propos du contenu des ap-
prentissages qui pourraient être réalisés. Grâce à l’analyse
de groupes de discussion, nous avons pu constater que les
mentorés étaient susceptibles d’avoir des apprentissages
cognitifs et affectifs mais aucun apprentissage relié aux
habiletés. Ainsi, l’entrepreneur novice est susceptible
d’augmenter ses connaissances et ses compétences en
gestion, de clarifier sa vision d’affaires et d’identifier
davantage d’opportunités. En outre, sur le plan psycholo-
gique, le mentorat d’affaires permet le développement de
l’image de soi et du sentiment d’auto-efficacité, tout en
procurant un certain réconfort à l’entrepreneur dans les
périodes difficiles, tous ces éléments étant de nature à
accroître sa résilience face à l’adversité. Bien que ce ne
soit pas toutes les relations de mentorat qui permettent de
développer de tels apprentissages, cette forme de support
pourrait combler certains besoins de formation chez l’en-
trepreneur novice.
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pourrait contribuer à situer sa pertinence dans une perspective de formation continue.
Cette recherche vise donc à combler un manque de connaissances à propos d’une forme particulière
d’accompagnement de l’entrepreneur novice : le mentorat. L’objectif ici est de documenter les bénéfices
de cette relation en prenant l’angle des apprentissages réalisés. Pour y parvenir, les écrits relatifs au
mentorat, aux retombées possibles d’une telle relation et à l’apprentissage de l’entrepreneur seront
recensés dans un premier temps. Par la suite, la méthodologie sera présentée ainsi que les principales
caractéristiques du programme de mentorat étudié, soit celui de la Fondation de l’entrepreneurship.
Suivra un exposé détaillant les différents apprentissages réalisés lors de la relation de mentorat et qui ont
été mentionnés par les entrepreneurs novices de l’échantillon. Les résultats obtenus seront finalement
commentés, nous amenant vers la conclusion et les pistes de recherches futures.
1. Le mentorat destiné à un entrepreneur : état des lieux
Comme l’ont fait remarquer Ensher et al. (2000p.100), même si de nombreux entrepreneurs ont reçu de
l’assistance inestimable auprès de mentors, très peu de choses dépassant « l’anecdote évidente » ont été
écrites sur cet objet d’étude. Néanmoins, dans cette section, nous présenterons les recherches les plus
intéressantes portées à notre connaissance dans notre recension des écrits. D’abord, il sera question de la
définition du mentorat destiné à un entrepreneur ainsi que du contexte dans lequel il sera étudié. Par la
suite, nous procéderons à un examen de la documentation, en mettant de l’avant les bénéfices du
mentorat pour un entrepreneur.
1.1. Définition et contextes du mentorat de l’entrepreneur
Le mot mentor provient de L’Odyssée d’Homère, dont Ulysse, le héro, confia son fils Télémaque à son
bon ami Mentor pendant son voyage. Mentor devait s’occuper de l’éducation de Télémaque ainsi que du
développement de son identité dans le monde adulte. Par analogie à cette histoire, dans notre monde
contemporain, un mentor est généralement une personne possédant certaines qualités ou qui est en
position d’autorité et qui veille de façon bienveillante sur un individu plus jeune, lequel bénéficie des
conseils et du support de son mentor. S’il peut exister certaines similitudes avec d’autres formes de
soutien au développement d’un individu, comme par exemple avec le coaching, le mentorat s’en
démarquerait du fait que le mentor place les intérêts de celui qu’il supporte comme étant une priorité
absolue, et non comme faisant partie d’un ensemble de priorités (Gibson, 2005).
Le mentorat se pratique dans différents contextes. Par exemple, certains programmes sont destinés aux
jeunes qui vivent des difficultés, notamment ceux provenant de milieux défavorisés ou de familles
monoparentales, et des organismes les mettent en relation avec un « grand frère » ou « grande sœur »,
qui joue essentiellement le rôle d’un mentor (pour plus de détails, voir par exemple Soucy et Larose
(2004). Dans le contexte scolaire, d’autres sont jumelés avec un enseignant qui les aide à faire des choix
éclairés, les encourage à poursuivre leurs études ou les guide vers les ressources dont ils ont
besoin dans le but de réduire le décrochage scolaire (Larose et al., 2005). De manière similaire, de
nombreux programmes de mentorat ont été développés dans de grandes organisations. Les objectifs
principaux de ces programmes sont généralement de favoriser l’ascension hiérarchique et la progression
salariale du protégé
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, tout en lui permettant de comprendre davantage la culture de l’organisation (Chao,
1997 ; Allen et al., 2004 ; Wanberg et al., 2006). Fréquemment en position d’autorité, le mentor lui
assure de la visibilité, fait sa promotion, le conseille sur les opportunités d’avancement, et ainsi de suite.
Au niveau du mentorat de l’entrepreneur, le peu de recherches fait en sorte qu’il n’existe évidemment
pas de consensus quant aux définitions possibles. On peut cependant mentionner que, de façon très
générale, le mentorat de l’entrepreneur concerne l’établissement d’une relation de soutien envers un
entrepreneur novice (nommé le mentoré), grâce au support d’un entrepreneur d’expérience (appelé le
mentor), lui permettant de se développer en tant que personne. Par ailleurs, les formes
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d’accompagnement peuvent aussi varier. Ainsi, on assiste à l’éclosion de plusieurs programmes de
mentorat à distance, où les membres de la dyade se rencontrent virtuellement et que l’on appelle le
e-mentoring (Perren, 2003). D’autres programmes formels offrent différents « types » de mentor,
comme le Centre Baïada qui, en plus d’offrir du mentorat de type « un à un », offre un bassin de
ressources par le biais d’un réseau de « mentors », lesquels vont répondre à des besoins pointus et à des
questionnements précis d’entrepreneurs novices, ainsi que des mentors « opérationnels », ceux-là allant
fournir une assistance immédiate dans la PME à des entrepreneurs dans le besoin (Silver, 2004). Il existe
aussi des initiatives qui jumellent des entrepreneurs novices entres-eux, tels des groupes de soutien
(Mitchell, 1999 ; Jaouen et al., 2005).
Nous avons choisi d’investiguer exclusivement le mentorat dyadique avec un mentor d’expérience
exclusif. D’abord, des recherches ont indiqué que les programmes de formation en ligne de manière
exclusive pour les entrepreneurs seraient difficiles, voire impossibles, à implanter et qu’ils ne devraient
être que complémentaires à l’assistance en « face à face » (Evans et Volery, 2001). Ensuite, la présence
de plusieurs mentors qui interviennent à tour de rôle limiterait l’étendue des interventions possibles du
mentor, dont certaines ne se produisent que lorsque la relation se développe dans le temps (Chao, 1997 ;
Bouquillon et al., 2005). Finalement, bien que le mentorat entre pairs puisse amener certains bénéfices
pour l’entrepreneur novice (Jaouen et al., 2005), il est tout à fait probable que l’expérience d’un mentor
connaissant bien le monde des affaires pourrait faciliter l’analyse des événements critiques vécus par le
novice, notamment en l’aidant à « faire du sens » de ses propres expériences (Cope et Watts, 2000). En
conséquence, les documents analysés dans la prochaine section se concentreront exclusivement sur ce
type de relation, tout comme pour le programme que nous avons choisi d’utiliser comme terrain d’étude,
lequel sera précisé dans une section ultérieure. Néanmoins, il convient de souligner la difficulté de
distinguer les différentes formes d’accompagnement entres-elles, tout comme l’ont mis en évidence
plusieurs auteurs par le passé (D'abate et al., 2003 ; Paul, 2004). Conséquemment, il est probable que
certains dispositifs d’accompagnement utilisent le terme « mentorat » alors qu’il s’agit davantage de
coaching ou de consultation. L’objectif ici est d’abord et avant tout de présenter un portrait sommaire
des recherches qui ont étudié des accompagnements définis comme étant du mentorat, sans pouvoir en
vérifier la teneur, avec toutes les limites que cela comporte.
1.2. Les bénéfices du mentorat de l’entrepreneur
Peu de chercheurs se sont attardés à investiguer en profondeur les bénéfices du mentorat de l’entrepre-
neur en interrogeant le mentoré. Lorsque l’on observe les principaux bénéfices recensés dans la docu-
mentation portée à notre attention, on remarque rapidement qu’ils sont disparates (voir Tableau 1). Par
exemple, certains bénéfices comme l’aide à l’internationalisation ou le fait de sortir de l’isolement ne
sont rapportés que dans deux études, celles de Wikholm et al. (2005) et de McGregor et Tweed (2002),
respectivement. D’autres recherches ne recensent que quelques retombées, par exemple Nandram
(2003), qui ne fait état que de l’augmentation de la confiance et de l’auto-efficacité
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pour l’entrepreneur
mentoré. La recherche qui semble pionnière sur cet objet d’étude est celle de Deakins et al. (1998). Ces
derniers interrogent un groupe d’entrepreneurs novices afin de connaître les retombées de leur relation
de mentorat ainsi que l’importance de celles-ci. Ils se sont aperçus que les retombées les plus importan-
tes pour les entrepreneurs sont dites « subjectives ». Ainsi, la capacité d’atteindre des objectifs, de faire
face aux problèmes, d’apprendre, de gérer leur entreprise et de faire face au changement sont les
principales retombées, dans l’ordre d’importance. Viennent ensuite les retombées dites « objectives »,
telles que l’augmentation du niveau du chiffre d’affaires, de la profitabilité et de l’emploi, qui sont
essentiellement des retombées relatives à l’entreprise.
À propos de ces retombées, certaines recherches ne réussissent pas à démontrer le lien avec le mentorat.
C’est le cas de l’étude de Waters et al. (2002), qui utilise le profit brut et le pourcentage de profit comme
retombées « objectives ». Les auteurs n’ont pas trouvé de résultats statistiquement significatifs en lien
avec ces retombées, alors qu’ils ont constaté une augmentation de la confiance en soi. Cette situation est
possiblement causée par l’influence de plusieurs autres variables sur les retombées relatives à
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l’entreprise et que, même si la relation de mentorat pouvait influencer le profit, il est probable que cela
ne se fasse pas de façon instantanée, comme le suggèrent Chao et al. (1992), nécessitant de tenir compte
de l’effet du temps, ce que négligent les chercheurs. De plus, l’apprentissage ou le développement de
compétences pourraient agir tels des éléments « modérateurs » entre la relation de mentorat et
l’augmentation des profits ou de la croissance (Priyanto et Sandjojo, 2005). D’ailleurs, même lorsque
l’on observe les retombées à propos des conseils externes fournis par les organismes de soutien à
l’entreprise, force est de constater que celles-ci ne sont pas immédiates et sont difficiles à détecter,
compte-tenu de l’effet de plusieurs autres changements et décisions que la PME effectue dans le temps,
comme le suggèrent Ramsden et Bennett (2005 p.229). En outre, il faut garder à l’esprit que si des
retombées de la relation de mentorat se manifestent dans l’entreprise, c’est forcément à cause de
l’entrepreneur puisque l’entreprise n’est pas un acteur de la relation de mentorat et ne peut donc pas
développer des retombées sans l’entremise du mentoré. Bref, il semble pertinent de considérer les
apprentissages réalisés comme retombées de premier niveau d’une relation de mentorat, ce que Wanberg
et al. (2003) appelaient des retombées proximales.
Tableau 1. Synthèse des retombées du mentorat de l’entrepreneur
Wikholm et al. (2005)
Deakins et al. (1998)
Nandram (2003)
Waters et al.(2002)
Gravells ,(2006)
Cull (2006)
Bisk (2002)
Kent et al. (2003)
McGregor et Tweed (2002)
Miettinen (2003)
Sullivan (2000)
Fournit support/pistes X X X X X X
Donne des conseils X X X X
Aide au mkt/ventes X X X X
Aide à la planification financière X X X
Aide à la tenue de livres/lois X X X
Aide à la planification stratégique X X
Aide pour l’internationalisation X
Aide pour les fusions/acquisitions
Partage de connaissances/exp. X X
Accès à de l’information X X
Développe les connaissances X
Rétroaction X X X
Réseau de contacts X X X X X X
Se faire rassurer X
Motivation X X
Confiance X X X X
Estime de soi X
Auto-efficacité X
Sortir de l’isolement X
Support moral X
Dév. la capacité à gérer/diriger X X X X
Aide à passer à l’action X
Atteindre des objectifs X X
Dév. la capacité à apprendre X
Aide à devenir plus entrepreneur X
Augmente le chiffre d’affaires X X X
Augmente le profit X X
Augmente l’emploi X X
Succès perçu X
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Finalement, il convient ici de souligner la difficulté à recenser, sinon à classer, les différentes retombées
du mentorat chez l’entrepreneur novice. Dans certains cas, les retombées ne sont pas explicitées par les
auteurs, ce qui laisse une place trop importante à l’interprétation du lecteur. Par exemple, Kent et al.
(2003) mentionnent le fait de devenir plus « entrepreneur » alors qu’on ne donne pas de détail sur la
nature de cette transformation. Dans quelle mesure cette retombée pourrait correspondre à la retombée
de Wikholm et al. (2005), qui mentionnent que le mentorat « aide à passer à l’action » ? Impossible à
dire. Par ailleurs, si certaines recherches ont adopté une approche visant à recenser systématiquement les
retombées vécues par les mentorés (par exemple, Deakins et al. (1998), d’autres mettent l’accent sur
certaines au détriment des autres (par exemple, Waters et al. (2002), ce qui complique l’analyse des re-
tombées.
À propos de l’apprentissage, qui concerne davantage cette recherche, si le fait d’apprendre ressort
clairement de certaines recherches, comme celle de Deakins et al. (1998) ou de Wikholm et al. (2005),
dans la totalité des autres cas, cet aspect demeure implicite. Par exemple, lorsque Gravells (2006) fait
référence à l’aide qu’apporte le mentor au niveau du marketing, de la planification financière ou de
l’accès à l’information, cette aide implique un apprentissage de la part du mentoré afin qu’il puisse
appliquer les conseils ou les suggestions qui lui seront prodigués. Même chose pour les retombées
relatives à l’entreprise, comme nous l’avons évoqué précédemment. Avant d’aller plus loin, nous
aborderons les écrits relatifs à l’apprentissage de l’entrepreneur puisque l’intérêt de cette recherche est
d’observer le phénomène dans le contexte spécifique du mentorat.
2. Les apprentissages de l’entrepreneur
Avant d’aborder les différents apprentissages pouvant être réalisés par le biais d’une relation de
mentorat, nous présenterons un tour d’horizon des connaissances relatives à l’apprentissage de
l’entrepreneur. Dans un deuxième temps, nous ferons état des recherches qui se sont particulièrement
concentrées sur l’apprentissage dans un contexte de mentorat, avant de souligner les carences dans la
compréhension du phénomène, ciblant alors la problématique de cette étude.
2.1. L’acte d’apprendre : à quoi fait-on référence exactement ?
Selon Knowles et al. (2005 p.10), plusieurs chercheurs s’entendent pour dire que « l’apprentissage est
un acte ou un processus par lequel un changement de comportement, des savoirs, des habiletés et des
attitudes sont intégrés » (Boyd et Apps, 1980 p.100-101). Cependant, Legendre (1993 p.67), dans son
Dictionnaire actuel de l’éducation, fait à la fois référence au produit de l’apprentissage, c'est-à-dire le
contenu appris, qu’au processus visant à le développer. Le premier concerne le contenu de ce qui est
appris. Ainsi, lorsque l’entrepreneur augmente sa capacité à gérer son entreprise, cela constitue un
apprentissage, tout comme l’amélioration de son efficacité à accomplir certaines tâches ou même
l’augmentation de sa confiance en soi. Le processus d’apprentissage, quant à lui, concerne la
transformation chez l’apprenant, donc la manière dont ces apprentissages se développent. Cette
dichotomie a aussi été soulevée précédemment par Easterby-Smith et Lyles (2003) et a amené Politis
(2005) à distinguer l’apprentissage d’un entrepreneur (processus) de ses savoirs (contenu). Bref, il sem-
ble tout à fait utile de distinguer le contenu de l’apprentissage, soit ce qui est appris, de la manière dont
l’individu apprend, soit son processus d’apprentissage.
Tout comme c’est le cas pour les recherches sur le mentorat de l’entrepreneur, bien peu de choses sont
connues à propos de ses apprentissages, comme le mentionnait Deakins (1999 p.23). Dans les prochai-
nes sous-sections, nous tenterons de les classer selon leur principale contribution, à savoir si le docu-
ment fait davantage référence aux contenus des apprentissages de l’entrepreneur ou plutôt au processus
d’apprentissage. L’objectif n’est pas de procéder à une distinction absolue puisque, de toute façon, cer-
taines recherches abordent à la fois les contenus et les processus, mais plutôt de faciliter la compréhen-
sion de ce qui est connu sur ces deux facettes de l’apprentissage.
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2.1.1. Le processus d’apprentissage de l’entrepreneur
Pour certains, l’entrepreneuriat serait lui-même un processus d’apprentissage puisque gérer une nouvelle
organisation implique forcément de nouveaux apprentissages pour l’entrepreneur (Minniti et Bygrave,
2001 p.7). Pour d’autres, l’apprentissage de l’entrepreneur concerne également la manière dont il se
construit de nouvelles interprétations dans le processus de reconnaissance et de poursuite
d’opportunités, tout comme dans sa manière de gérer et d’organiser son entreprise (Rae et Carswell,
2001). Deakins et Freel (1998 p.146) mentionnaient que l’apprentissage de l’entrepreneur est rarement
planifié mais qu’il est plutôt le résultat d’une série de réactions à des événements critiques, où il apprend
à traiter de l’information, à ajuster sa stratégie et à prendre des décisions. En d’autres termes,
l’entrepreneur novice apprend dans l’action, en développant son expérience par un processus
d’essai-erreur. Cope et Watts (2000) suggèrent que les événements critiques, ou même « périodes »
critiques, sont particulièrement propices pour développer des apprentissages de haut-niveau, au sens
proposé par Fiol et Lyles (1985), ou de deuxième-boucle selon Argyris et Schön (1978). Il semble aussi
que l’apprentissage dans l’action soit bien plus efficace lorsque l’entrepreneur prend le temps d’y
réfléchir. Dans certains cas, les discussions engagées avec des personnes du réseau de l’entrepreneur, à
propos des événements critiques, peuvent faciliter et stimuler sa réflexion et son apprentissage (Cope,
2003 p.445). Ces discussions lui permettent de se transformer et d’améliorer sa capacité à gérer son
entreprise.
L’entrepreneur possède aussi un potentiel d’apprentissage par le biais de son réseau (Gibb, 1997 p.19).
Comme l’indique l’auteur, l’intégration de l’apprentissage de l’entrepreneur au sein même de
l’entreprise et de son réseau immédiat augmente l’ampleur de l’apprentissage et même la motivation de
celui-ci, étant donné le lien étroit entre « apprentissage » et « application concrète ». Conséquemment, la
réussite de l’apprentissage de l’entrepreneur relève de l’habilité à apprendre et à s’adapter aux agents
clés avec qui l’entrepreneur transige. Lorsque vient le temps de prendre une décision, de nombreux
intervenants, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la PME, interviennent pour influencer la décision de
l’entrepreneur, lequel apprend d’eux à la manière d’un processus de négociation (Taylor et Thorpe,
2004). Cette interaction permettrait des apprentissages de différents niveaux, notamment ceux qui
impliquent la transformation des croyances individuelles (Warren, 2004).
Quant au contexte dans lequel il se produit, Florén (2003 p.213) met en lumière trois éléments qui
caractérisent et contraignent le processus d’apprentissage du propriétaire-dirigeant de PME. D’abord, le
manque de temps et de ressources pour explorer et réfléchir sur ses expériences constitue une contrainte
importante à l’apprentissage. Ensuite, le fait que le dirigeant de PME soit souvent sans collègues réduit
la possibilité d’apprendre des autres. Finalement, le dirigeant a souvent la préséance dans
l’interprétation des événements et est considéré « omniscient », ce qui lui fait courir le risque de perdre
la face en cas d’erreur de sa part. L’auteur suggère que les réseaux dans lesquels le propriétaire-dirigeant
est engagé, dans une perspective à long terme, développent la confiance, servent la fonction de
« réflexion » et contribuent à fournir différentes perspectives et opinions d’experts afin d’accroître
l’apprentissage.
2.1.2. Le contenu des apprentissages de l’entrepreneur
Dans une analyse exhaustive de la documentation relative à l’apprentissage, Cope (2005 p.380) signale
qu’il manque clairement de connaissances à propos des « contenus », contrairement aux processus. Tel
qu’il l’annonce, il ne cite que l’étude de Sexton et al. (1997) qui eux, font état de certains apprentissages
utiles chez les entrepreneurs dont l’entreprise connaît une forte croissance. Par la suite, sans aucun
support empirique ni même argumentation basée sur des recherches antérieures, Cope (2005 p.380)
indique cinq grands domaines d’apprentissage de l’entrepreneur : l’apprentissage à propos des individus,
de l’entreprise de l’environnement et du réseautage entrepreneurial, de la gestion d’une PME et de la
nature et de la gestion des relations. D’où tire-t-il ces « domaines » ? Impossible à savoir exactement, ce
qui jette un doute sur la crédibilité empirique de sa proposition.
Dans une analyse des récits de vie à propos de l’apprentissage des entrepreneurs, Rae (2000 p.154) fait
état de certaines grandes catégories qu’il a pu observer auprès de son échantillon : confiance, croyance à
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propos de soi et auto-efficacité, valeurs personnelles et motivation à réussir, fixation et réalisation de
buts ambitieux, théories personnelles dérivées de l’expérience, capacités connues (savoirs et habiletés
existantes), relations qui stimulent des apprentissages et apprentissage actif, ou la capacité à apprendre
et à utiliser l’apprentissage de l’action. Or, cette liste n’a pas la prétention d’afficher des catégories
mutuellement exclusives, pas plus que le contenu des catégories n’est explicité de manière systématique.
Dans une publication subséquente, l’auteur ainsi qu’une collègue vont davantage expliciter les contenus
soulevés précédemment mais toujours dans une perspective où la création de certaines catégories
demeure discutable (c’est-à-dire non mutuellement exclusives) (Rae et Carswell, 2001). L’auteur soule-
vait d’ailleurs qu’il existe une « interaction » et une « coordination » entre ces thèmes, pour lesquels ses
répondants allaient et venaient (Rae, 2000 p.154). Bref, comme nous pouvons le constater, l’analyse du
« contenu » des apprentissages semble avoir été délaissée au profit du processus.
2.2. Que savons-nous sur l’apprentissage réalisé dans une relation de mentorat ?
À tout le moins, comme le laissait entendre Florén (2003), le contact d’un entrepreneur novice avec un
mentor lui permet d’augmenter ses apprentissages. D’ailleurs, en interrogeant des entrepreneurs,
Choueke et Armstrong (1998) constatent que même si ceux-ci affirment se baser prioritairement sur les
expériences passées comme moyen d’apprendre (95 %), le mentorat constitue néanmoins la quatrième
source d’apprentissage en importance (43 %), devançant même les études supérieures. En outre, des
recherches sur les programmes de développement de l’entrepreneur suggèrent que le mentorat pourrait
bien être l’un des moyens privilégiés d’apprendre pour les entrepreneurs (O'Dwyer et Ryan, 2000 ; Raf-
fo et al., 2000). En somme, il ne fait pas de doute que le mentorat serait à la fois une source
d’apprentissage pour l’entrepreneur ainsi qu’une retombée de la relation. Mais de quels apprentissages
parle-t-on ?
Deakins et al. (1998) recensent certaines transformations évoquées chez les entrepreneurs novices ayant
été jumelés avec un mentor, dont la plupart impliquent des apprentissages. Outre les transformations
relatives à l’entreprise, ils indiquent l’atteinte d’objectifs, l’habileté d’apprendre, l’habileté à régler des
problèmes, l’habileté à gérer et l’habileté à réagir aux changements. Lors d’entrevues avec ces
entrepreneurs, ces derniers ont mentionné que le temps passé avec le mentor leur a permis de réfléchir
aux événements critiques et d’apprendre de ces événements, ce qui a pour effet d’améliorer la prise de
décision. Cette publication correspond à la première collecte de données d’une étude longitudinale, dont
les résultats de la deuxième collecte ont été subséquemment publiés par Sullivan (2000).
Malheureusement, ce dernier ne va pas plus loin, du moins, dans la liste des apprentissages réalisés.
Dans une recherche qui explore l’apprentissage de l’entrepreneur au travers d’incidents critiques dans le
développement de son entreprise, Cope et Watts (2000) mettent en évidence l’importance des
programmes de mentorat à l’intention des entrepreneurs de petites entreprises. Ils mentionnent que l’in-
térêt se situe dans le support des mentors pour aider l’entrepreneur à s’engager dans un apprentissage
réflexif à propos des événements marquants vécus dans l’entreprise, d’une part, et à mettre en relief les
expériences vécues par l’entrepreneur afin de le préparer à éviter ou à réduire les périodes critiques dans
le futur, d’autre part. Ainsi, ils mentionnent que le mentorat de l’entrepreneur permettrait à ce dernier
d’analyser son entreprise dans une perspective plus détachée, tout en étant ancré profondément dans
l’action et dans la réflexion. En d’autres termes, l’apprentissage réalisé dans le cadre d’une relation de
mentorat permet de transformer l’entrepreneur novice en le faisant évoluer en tant que personne et dans
son rôle de dirigeant.
Dans les écrits qui concernent le mentorat dans d’autres secteurs, comme par exemple la grande
organisation ou le secteur de l’éducation, les connaissances relatives aux apprentissages réalisés dans
une relation de mentorat sont un peu plus nombreuses. Sans y aller en détail et de manière exhaustive,
mentionnons par exemple la recherche de Dymock (1999 p.316), qui fait état d’une augmentation de la
compréhension des opérations de l’entreprise, des savoirs spécifiques au travail, des opportunités de
réseautage ainsi que dans la capacité à régler des enjeux managériaux chez le protégé. Bard et Moore
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(2000 p.258) recense aussi les principaux apprentissages chez les protégés : la possibilité de résoudre
des problèmes avec quelqu’un d’autre que le supérieur immédiat, l’acquisition de savoirs étendus rela-
tifs à l’entreprise, le fait de recevoir des conseils sur les pratiques de son travail, sur ses habiletés ou sur
les personnes qui peuvent résoudre nos problèmes particuliers et l’augmentation du niveau de confiance
en soi. À défaut d’être précis dans les apprentissages réalisés, Hale (2000 p.227) démontre que le mento-
rat permet de développer certaines catégories d’apprentissages : la perspicacité, les différents savoirs et,
dans une moindre mesure, les habiletés. Cependant, les protégés pourraient davantage développer leurs
habiletés grâce à la fonction de modèle de rôle que joue le mentor, en adoptant des comportements simi-
laires (Lankau et Scandura, 2002). Plus récemment, Hezlett (2005) a mis en évidence que la relation de
mentorat permet d’augmenter les trois éléments de la taxonomie des retombées de l’apprentissage de
Kraiger et al. (1993), soit les apprentissages cognitifs, ceux reliés aux habiletés et ceux affectifs.
2.3. Le contenu des apprentissages : une carence des connaissances relatives à
l’objet d’étude
Comme nous l’avons évoqué précédemment, non seulement les recherches sur l’apprentissage de
l’entrepreneur se concentrent particulièrement sur le processus d’apprentissage mais qui plus est, les
rares études effectuées dans le cadre d’une relation de mentorat n’ont abordé que de manière
superficielle les apprentissages. En d’autres termes, on connaît peu de choses quant à la manière dont
l’entrepreneur novice apprend de son mentor, et encore moins ce qu’il apprend. Malgré la pertinence
évoquée par plusieurs de considérer le mentorat comme un support à la formation des entrepreneurs
novices, il ne semble pas exister de recherches qui expose les différents apprentissages réalisés par ce
moyen. À cet effet, Down (1999 p.278) a soulevé la nécessité d’étudier plus en profondeur
l’apprentissage de l’entrepreneur dans une perspective qualitative. Cette recherche vise principalement à
répondre à cette invitation, en tentant de répondre à la question suivante : quels sont les différents ap-
prentissages réalisés dans le cadre d’une relation de mentorat d’un entrepreneur novice ?
3. Méthodologie
Avant de répondre à notre question de recherche, nous présenterons d’abord le programme de mentorat
où les mentorés ont été sélectionnés, en expliquant brièvement son fonctionnement. Par la suite, il sera
question de l’échantillonnage sélectionné ainsi que de la méthode utilisée pour « faire du sens » des
propos recueillis par les mentorés.
3.1. Le programme étudié
Le service de mentorat d’affaires qui sert de toile de fond à la présente recherche a été créé en 2000 par
la Fondation de l’entrepreneurship, un organisme voué au développement économique sur le territoire
du Québec. Il est offert aux entrepreneurs novices par le biais de 70 cellules de mentorat dispersées sur
l’ensemble du territoire du Québec. Ces cellules sont généralement soutenues par des organismes de
développement économique tels les Centres locaux de développement (CLD), les Sociétés d’aide au
développement des collectivités (SADC) et les chambres de commerce locales. Ces organismes assurent
le développement du programme au niveau local ou régional, tout en adhérant au modèle du mentorat
d’affaires développé par la Fondation. Au total, c’est plus de 2500 entrepreneurs novices qui ont eu
recours à ce service depuis l’an 2000 et actuellement, plus de 1100 sont toujours en relation avec leur
mentor. En outre, plus de 1000 mentors sont officiellement reconnus par les cellules à ce jour
3
.
La structure du réseau des cellules de mentorat se caractérise principalement par l’implication locale des
différents intervenants économiques, le souci de perfectionnement des acteurs et le support financier de
bailleurs de fonds ayant une mission de responsabilité sociale et économique. De façon plus précise, les
organismes locaux se dotent d’un coordonnateur de la cellule, lequel est responsable du recrutement des
mentors, de l’organisation des séances de formation à leur intention, de la promotion du programme
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
9
auprès des entrepreneurs novices, du jumelage des participants et de la supervision de la relation qui
s’ensuit. Les entrepreneurs novices peuvent bénéficier du soutien d’un mentor pour un coût minime, soit
quelques centaines de dollars annuellement.
Afin de bien encadrer le développement local, la Fondation de l'entrepreneurship développe des ateliers
de perfectionnement orientés sur la relation mentor-mentoré pour éclairer concrètement le rôle des
mentors auprès des nouveaux entrepreneurs. Basé sur un code d’éthique d’intervention où la confiden-
tialité des relations est d’une importance capitale, le service de mentorat d’affaires s’est également doté
d’un contrat-type pour encadrer et guider les parties dans le choix des modalités de leur relation et des
objectifs à atteindre.
3.2. Les répondants sélectionnés
Deux groupes de discussion regroupant au total 11 mentorés ont été organisés, l’un à Montréal et l’autre
à Québec (voir Tableau 2). Les participants ont été sélectionnés au hasard à partir d’une liste 821
participants au programme de mentorat de la Fondation de l’entrepreneurship. Pour être éligibles aux
groupes de discussion, ils devaient résider à l’intérieur de 100 kilomètres d’un des lieux de rencontre.
Lors de la rencontre, il leur a été demandé de discuter en groupe des bénéfices d’une relation de
mentorat pour un entrepreneur novice ainsi que de plusieurs autres aspects pouvant affecter l’émergence
de ces bénéfices. Parmi les répondants des groupes de discussion, il y avait sept femmes entrepreneures
et quatre hommes. Au total, ces 11 entrepreneurs étaient jumelés à 10 hommes mentors et à seulement
une femme mentor. Ce dernier constat n’est pas très surprenant puisque selon les responsables de la
Fondation de l’entrepreneurship, le mentorat attire davantage les hommes que les femmes. Cela
s’explique du fait que si l’entrepreneuriat attire davantage de femmes dans la génération actuelle des
18-35 ans, par exemple, ce n’était pas le cas pour la génération actuelle des 55-70 ans, ceux qui sont les
plus susceptibles d’avoir réussi comme entrepreneur. À l’époque, la profession d’entrepreneur était
davantage l’apanage des hommes, ce qui explique alors le peu de femmes susceptibles de devenir des
mentors.
Considérant la faible taille de l’échantillon pour la collecte principale, des données secondaires ont été
utilisées pour vérifier la justesse des analyses obtenues par la collecte principale. Ces données
secondaires proviennent de groupes de discussion organisées en 2005 par une firme spécialisée
indépendante, qui avait alors le mandat d’évaluer la satisfaction des mentorés envers le programme de la
Fondation. Le responsable de cette collecte de données a mentionné avoir choisi les participants de
manière aléatoire, sans qu’il nous ait été possible de le vérifier. Parmi les questions qui avaient été
posées aux participants se trouvait les bénéfices d’être mentoré. Au total, 40 entrepreneurs novices ont
participé à ces discussions. Puisqu’il n’a pas été possible de s’assurer hors de tous doutes la sélection
aléatoire des participants à ces groupes, autrement que par la parole de l’organisateur, une première
analyse a été faite en tenant compte exclusivement des données primaires. Par la suite, les données
secondaires ont été ajoutées à l’analyse. Mentionnons que les données secondaires n’ont pas apporté de
nouvelles informations, ce suggère une convergence des informations recueillies et une certaine
représentativité de l’échantillonnage. Considérant que les données secondaires ne faisaient qu’appuyer
les constats obtenus de la collecte principale, les analyses présentées dans ce document ne seront basées
que sur cette dernière.
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
10
Tableau 2. Profil des participants aux groupes de discussion
3.3. La méthode utilisée
3.3.1. Méthode de codage
Nous avons retenu la taxonomie de Kraiger et al. (1993) comme grille d’analyse pour effectuer un
classement des apprentissages observés et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, elle a été développée
spécialement à l’intention des évaluations de programme de formation, avec l’objectif explicite de
permettre l’analyse des retombées de tels programmes au niveau de l’apprentissage réalisé. En outre, les
auteurs se basent sur les grandes taxonomies largement utilisées dans le domaine des sciences de
l’éducation pour développer celle qu’ils proposent (par exemple, celle de Bloom (1956), de Krathwohl
et al. (1964) et de Gagné (1984), ce qui la rend à la fois crédible et adaptée à l’emploi suggéré.
Finalement, l’utilisation récente de cette taxonomie dans le contexte du mentorat (voir Hezlett, 2005)
suggère qu’elle serait adéquate pour cette fin.
Au niveau des apprentissages cognitifs, Kraiger et al. (1993) en incluent trois principales facettes : les
connaissances déclaratives, l’organisation des connaissances et les stratégies cognitives. Être en mesure
d’énoncer différents savoirs correspond aux connaissances déclaratives tandis que les liens que l’on peut
faire entre ces savoirs relève de l’organisation des connaissances. Cette dernière facette fait référence
aux schémas mentaux ou aux savoirs procéduraux. Quant à elles, les stratégies cognitives sont en lien
avec la métacognition et les stratégies métacognitives d’un individu. La deuxième catégorie, soit les
apprentissages reliés aux habiletés, concerne les habiletés motrices et techniques. Les auteurs parlent
alors de la compilation des habiletés, soit la capacité à accomplir une tâche motrice de manière contrôlée
et l’automaticité, qui constitue la deuxième étape, où l’habileté technique devient automatique,
presqu’un réflexe. Finalement, les apprentissages cognitifs comprennent les attitudes et valeurs, ainsi les
éléments motivationnels, lesquels comprennent la disposition à être motivé, l’auto-efficacité et la
fixation de buts.
Ainsi, les extraits des groupes de discussion avec les 11 mentorés qui abordaient spécifiquement les
apprentissages réalisés ont d’abord été classés dans les différentes catégories d’apprentissage de Kraiger
et al. (1993) (c’est-à-dire les apprentissages cognitifs, liés aux habiletés et affectifs). Une fois cet exer-
cice réalisé, la relecture des extraits a permis de constater l’émergence de certains thèmes relatifs aux
Homme Femme
Participants 4 7
Sexe du mentor 10 1
Moyenne Minimum Maximum
Âge 38,72 28 63
Durée de la relation (mois) 26,81 12 48
Niveau de confiance envers le mentor
a
4,36 4 5
Niveau de satisfaction de la relation
a
3,64 3 5
Nombre d’employés 10,6 0 85
Niveau de scolarité Secondaire 27,3%
Collégial 27,3%
Baccalauréat 36,4%
2
e
et 3
e
cycle 9,0%
Chiffre d’affaires Moins de 100 000$ 54,6%
Entre 100 000$ et 200 000$ 36,4%
Entre 200 000$ et 500 000$ 0%
Entre 500 000$ et 1 million$ 0%
Entre 1 et 2,5 millions$ 9,0%
Plus de 2,5 millions$ 0%
a
de 1 = Très peu élevé à 5 = Très élevé
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
11
apprentissages de chaque catégorie. Par la suite, la même démarche a été appliquée aux données
secondaires provenant des groupes de discussion de 2005 (n = 40). Aucune information de ces groupes
n’a suggéré l’ajout d’un autre thème que ceux précédemment déterminés lors de l’écoute des groupes
précédents (n = 11), suggérant que les répondants sélectionnés avaient couvert les thèmes principaux.
3.3.2. Critères de scientificité
Une des façons d’augmenter la crédibilité est la technique des « observations persistantes », qui consiste
à identifier rapidement les éléments qui comptent et ceux qui ne comptent pas afin de se concentrer sur
les premiers (Lincoln et Guba, 1999). Nous avons procédé de cette façon, en codant d’abord les extraits
provenant de la plus récente collecte de données (n = 11) pour ensuite vérifier dans quelle mesure ces
résultats étaient conformes à ceux précédemment recueillis (n = 40). Afin d’augmenter la validité
externe dans une recherche qualitative, on suggère de fournir suffisamment de données descriptives pour
s’assurer qu’un jugement à propos des similarités est possible (Lincoln et Guba, 1999). Nous avons
donc décidé de présenter plusieurs extraits des groupes de discussion pour appuyer les résultats, laissant
au lecteur la possibilité de juger de la fiabilité du codage, ce qui, à notre avis, permet aussi d’en
augmenter la confirmabilité.
4. Le contenu des apprentissages provenant d’une relation
de mentorat
Cette section présentera les résultats selon les différentes catégories de Kraiger et al. (1993), soit les
apprentissages cognitifs, ceux liés aux habiletés et affectifs. À l’intérieur de chacune de ces catégories,
nous présenterons les thèmes qui ont été évoqués par les participants ainsi que des extraits des
discussions. L’émergence de ces thèmes provient de l’analyse du chercheur, suite à de nombreux
va-et-vient entre les données et les catégories créées.
4.1. Les apprentissages cognitifs
4.1.1. Le transfert de connaissances de gestion.
Parmi les apprentissages cognitifs, il ressort que les mentorés ont augmenté leurs connaissances
déclaratives dans le domaine de la gestion. Comme les mentors ont tous déjà été en affaires ou, à tout le
moins, occupé des postes de gestion, ils sont bien placés pour transmettre certaines informations sur
divers thèmes, en fonction de leur expertise. Dans certains cas, les connaissances transférées sont de
natures générales. Par exemple, un mentoré déclare : « Il m’a vraiment aidé à comprendre un état
financier ». Un autre révèle ceci : « J’ai démarré, j’avais 20 ans. Je devais apprendre tout, comment
ouvrir un compte de [taxe], etc… […] et à chaque fois que je le rencontrais, j’avais des nouvelles
questions ». Ce manque de connaissances dans le domaine de la gestion provient parfois d’une carence
au niveau de la formation des mentorés. Plutôt que de suivre une formation appropriée, ils profitent alors
de leur relation de mentorat pour combler leurs lacunes :
« On est deux associés et mon associé n’a pas étudié en administration, il ne connaît rien. Des fois, on se
pose des questions mais je suis toujours le seul à me répondre. […] On a des employés à gérer, des prêts
à aller chercher […]. [C’est important] de pouvoir poser des questions [au mentor] et des fois, il peut
nous [éclairer] sur des points ».
Pour d’autres, l’information acquise est beaucoup plus spécifique, par le biais d’une expérience
particulière du mentor, comme l’indique ce mentoré : « J’avais besoin d’information sur une industrie
spécifique et cette personne-là était très bien placée et disponible ». Au total, on est en mesure de
constater que peu importe la nature de l’information, le mentor transmet certaines de ses connaissances à
son mentoré, évitant ainsi à ce dernier d’investir du temps et de l’argent pour les obtenir.
4.1.2. Amélioration des compétences de gestion.
Certains mentorés ont relaté avoir travaillé avec leur mentor des compétences précises en lien avec la
gestion de leur entreprise. Par exemple, les entrepreneurs doivent généralement être en mesure de faire
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
12
de la gestion financière, ce qui nécessite non seulement des connaissances mais aussi des compétences.
En mentionnant avoir eu des « devoirs » à accomplir, un mentoré relate ceci :
« [Mon mentor] m’a aidé à calculer le prix de revient. Il m’a aidé beaucoup au niveau de la gestion
financière ainsi que [pour] beaucoup de choses. [Mon mentor] a été très présent. Concrètement, ce fût
un très bon travail qui a été fait ».
Un autre y ajoute : « Concrètement, ce qu’il m’a amené, c’est de faire des bilans prévisionnels. […]
Mon mentor était spécialisé là-dedans et c’est pour ça que je l’avais demandé ». Dans la presque totalité
de ces cas, l’entrepreneur novice préparait des documents financiers et le mentor le corrigeait ou lui
confirmait que le travail était adéquat, jusqu’au moment où la compétence était atteinte ou que le mentor
jugeait que le résultat était satisfaisant. Un autre raconte comment son mentor lui a permis de
développer sa capacité à faire la promotion de ses produits :
« [Mon mentor] c’est un comptable, un MBA, et il est bon en marketing. C’est ça que je voulais car j’ai
des faiblesses là-dedans. Je n’avais jamais eu à faire de la promotion […]. Je devais le faire, je le savais
et avant de le faire, je voulais apprendre à le faire […]. J’ai des devoirs à faire à chaque fois qu’on se
voit [je lui indique où j’en suis] […]. Pour moi, c’est très profitable ».
En résumé, le mentor joue parfois le rôle d’un coach, lorsque ses compétences personnelles lui
permettent de le faire, et contribue alors directement au développement de nouvelles compétences chez
l’entrepreneur novice.
4.1.3. Clarification de la vision d’affaires.
Au-delà des connaissances déclaratives, la discussion avec un mentor permet aussi de clarifier sa vision
d’affaires. Plusieurs mentorés ont des idées à profusion mais en même temps, ils ont de la difficulté à
cibler les meilleures, ou celles qui concordent davantage avec leurs objectifs de vie. Un mentoré indique
ceci : « J’ai appris à me concentrer sur ce qui est important. J’allais voir n’importe quels clients. Je ne
me concentrais pas sur l’essentiel ». Un autre abonde dans le même sens : « J’ai tellement d’idées et
tellement de choses à partir […] il m’a aidé à focusser (sic), à concentrer les énergies sur ce qui fonc-
tionne très bien présentement, solidifier ça, et m’éparpiller tantôt ». En discutant avec son mentor, le
mentoré prend alors le temps d’identifier le chemin à suivre. Par exemple, l’un d’eux mentionne : « Je
prenais beaucoup de recul avec mon mentor et c’était génial ». Ainsi, il semble que le mentorat
fournisse à l’entrepreneur novice un temps privilégié, où il n’est pas sollicité par les opérations couran-
tes, obtenant alors l’éloignement nécessaire pour préciser ses projets d’affaires avec un entrepreneur ou
un gestionnaire expérimenté.
4.1.4. Identification d’opportunités.
Ce temps de réflexion ne permet pas seulement de clarifier la vision mais aussi de la développer, de
trouver de nouvelles avenues. L’un des mentorés l’explique dans ces termes : « [Le mentor] a ouvert
d’autres horizons. T’arrives, on est deux [associés], on a pensé à pleins d’affaires, on lui expose et lui, il
a ouvert d’autres portes qu’on n’avait pas vues ». Dans ce cas-là, le mentor suggère de nouvelles ave-
nues pour l’entreprise du mentoré, ajoutant des connaissances à ce dernier mais aussi, lui permettant de
réorganiser ses connaissances antérieures reliées à son entreprise et à ses projets. Certains mentorés
utilisent leur mentor comme un modèle, auquel ils peuvent se comparer et vers lequel ils peuvent tendre
à se développer. L’un d’eux indique d’ailleurs ceci : « Je voulais quelqu’un avec de l’expérience comme
entrepreneur. […] [Je voulais voir] la mentalité de l’entrepreneur, comment les entrepreneurs voient et
développent des affaires ». Le mentor peut aussi jouer d’autres rôles qu’un simple modèle dans
l’identification d’opportunités, par exemple en donnant des informations sur certaines clientèles et au
niveau de marchés précis : « Je sortais des listes de prospects et mon mentor me disait : ‘Eux, je les
connais, ne va pas les voir car ça ne va pas bien dans leur entreprise. Va plutôt voir eux-autres, tu
n’auras pas de misère à entrer là, ça va aller mieux ». Bref, dans ce dernier apprentissage cognitif, le
mentoré obtient à la fois de nouvelles informations qui lui permettent de prendre de meilleures décisions
d’affaires mais l’échange avec le mentor lui permet aussi de voir son entreprise autrement, avec de
nouvelles possibilités que celles qu’il avait imaginées au départ.
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
13
4.2. Les apprentissages liés aux habiletés.
Après analyse de l’ensemble des répondants, aucun apprentissage basé sur les habiletés n’a été
développé par la relation avec un mentor. Ce type d’apprentissage concerne les habiletés motrices et
techniques, ce qui implique un mouvement, un geste. Apprendre à conduire une voiture, à souder des
pièces métalliques ou à escalader un glacier constituent des exemples de ce type d’apprentissage. Ici, il
est important de préciser que les habiletés en question impliquent forcément un mouvement, et non une
action intellectuelle. Par exemple, pour Kraiger et al. (1993), la capacité à lire un état financier ou à
préparer un budget prévisionnel n’est pas une habileté, mais plutôt une compétence. En considérant que
le mentor est d’abord et avant tout un généraliste, et non un spécialiste technique, ce n’est pas surpre-
nant qu’aucun apprentissage de cette catégorie n’ait été développé.
4.3. Les apprentissages affectifs.
4.3.1. Développement de l’image de soi.
L’un des aspects des apprentissages affectifs qui concerne l’attitude est le développement de l’image de
soi. En discutant avec le mentor à propos de différents aspects de sa vie, le mentoré peut prendre
conscience de ce qu’il est et de ce qu’il veut devenir. Par exemple, un participant indique : « J’ai appris
sur moi à travers la relation avec mon mentor ». En outre, en étant jumelé avec un autre entrepreneur, le
mentoré peut rechercher les similitudes qu’il possède avec son mentor et confirmer ainsi son statut
d’entrepreneur. Cet aspect pourrait être particulièrement important chez les entrepreneurs novices qui
n’ont pas de modèle d’entrepreneur dans leur famille, comme l’indique ce participant :
« Je suis vraiment la ‘bibitte’ bizarre dans ma famille. […] Je n’avais pas beaucoup de contacts avec des
entrepreneurs. Quand j’ai décidé de partir en affaires, j’ai tout de suite [demandé] d’avoir un mentor. Ça
faisait longtemps que […] je freinais mes ardeurs entrepreneuriales […] [ce n’était pas] valorisé dans
mon environnement. […] Le fait que je n’étais pas supporté m’influence. Là, je me reconnais, je me
reconnais [davantage]. J’ai des points communs [avec mon mentor] et c’est important ».
Pour d’autres mentorés, ce sont des qualités particulières qui sont recherchées chez un mentor afin de
s’en inspirer, comme c’est le cas de celui-ci : « [Mon mentor] possède des qualités humaines qu’il me
manque. C’était mon intention […] d’aller chercher [chez lui] les qualités que je veux développer ».
Ainsi, le mentor peut à la fois servir de miroir pour l’entrepreneur novice, afin de lui permettre de
prendre conscience de ses forces et faiblesses en lui donnant une rétroaction, et de modèle, dans une
perspective de développement de la personne.
4.3.2. Réconfort et sécurisation.
Pour un entrepreneur novice, les premières années sont parfois difficiles à supporter sur le plan humain.
En plus des nombreux problèmes à résoudre liés au démarrage, le nouvel entrepreneur se sent souvent
bien seul et n’a personne avec qui partager ses difficultés. Par exemple, un participant mentionne : « La
plus grande difficulté quand t’es en affaires, c’est que tu te sens seul. […] Le mentorat, ça aide à ça ».
Un autre mentoré ajoute ceci :
« [Mon mentor] m’a apporté du soutien moral. De tomber dans le vide, [ne] plus [avoir] de sous qui
rentrent... J’étais seul à la maison, seul dans l’entreprise, pas de collègues, avec beaucoup de choses à
faire. Tu n’as pas de soupape, et avec les comptes qui entrent… […] À chaque fois que je le voyais, il
me disait : ‘Calme-toi!’. […] [Donc, le mentorat sert à] pouvoir respirer, se calmer »
Le mentor offre une oreille attentive à l’entrepreneur novice et le soutient dans les périodes difficiles.
Pour certains mentorés, leur mentor est la personne idéale à qui confier ses difficultés, comme signale ce
participant : « Il connaît tout de ton entreprise. Donc, au lieu d’embêter tous mes amis avec mes
histoires de ‘business’, et bien j’en parle à lui ».
4.3.3. Augmentation du sentiment d’auto-efficacité.
En servant de confident d’affaire, le mentor permet à l’entrepreneur novice de se rassurer sur ses
compétences et dans sa capacité à réussir son projet d’entreprise. Un mentoré précise : « Même si tu
prends de l’expérience, il faut que tu lui demandes une fois de temps en temps, si tu vas à la bonne
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
14
place. On aime ça être rassuré à l’occasion ». Un autre ajoute : « Mon mentor m’a donné confiance en
mes idées […]. Ça permet de croire en nous et en nos produits ». Cette confiance en soi, qui se
développe par le regard du mentor, donne le goût de continuer, comme le suggère cet exemple :
« Former une nouvelle compagnie avec une nouvelle invention, il faut être « fantasse » (c’est-à-dire
arrogant) un peu pour arriver à dire qu’on va défoncer des murs et aller plus loin […] et le mentor te
donne confiance. Ça t’aide à aller plus loin ».
4.3.4. Motivation.
Autant cette confiance que le réconfort que procure la relation de mentorat semblent jouer sur sa
motivation, ce qui contribue à sa persévérance dans les périodes difficiles. L’un des mentorés est assez
explicite là-dessus : « À un moment, ça n’avance plus. […] Il t’encourage, tu es dans une phase dure
mais il te dit que tu vas voir, ça va avancer ». Un autre précise : « Pour moi, ça a été une grosse dose
d’énergie […]. C’était un vrai motivateur ». Bref, la présence d’un mentor semble augmenter la
résilience de l’entrepreneur en lui apportant de la motivation dans les périodes particulièrement
difficiles. Ici, la motivation possède un sens de « mobilisation », ou dans certains cas de
« re-mobilisation » face au projet d’affaires, poussant l’entrepreneur à continuer à investir des efforts et
à demeurer dans l’action, même si les résultats ne sont pas immédiats.
5. Discussion
En utilisant la taxonomie de Kraiger et al. (1993), cette recherche a permis de mettre en lumière que
seulement deux des trois catégories d’apprentissage peuvent se développer dans le contexte du mentorat
tel qu’il se pratique dans les cellules qui relèvent de la Fondation de l’entrepreneurship, soit les
apprentissages cognitifs et affectifs. En considérant que les apprentissages basés sur les habiletés
concernent la motricité d’un individu, ce qui implique le développement d’un certain mouvement, il
n’est pas surprenant de constater qu’aucun apprentissage de ce type n’ait été développé. Dans le
contexte étudié, les mentors ne sont pas choisis en fonction d’une habileté technique quelconque mais
plutôt en fonction de leur expérience dans le monde des affaires. Par exemple, si un mentoré souhaite
apprendre à souder des pièces métalliques, le coordonnateur de la cellule ne l’aiguillera pas vers un
mentor mais plutôt vers les formations professionnelles appropriées.
Néanmoins, d’autres apprentissages ont été réalisés, notamment ceux qui relèvent du domaine cognitif.
On a pu constater que l’entrepreneur novice pouvait obtenir des connaissances de gestion grâce au
contact avec son mentor. La quantité et la spécificité des savoirs dépendent néanmoins de l’expertise du
mentor. Par exemple, un mentor ayant œuvré toute sa carrière dans une banque sera en mesure de
fournir des connaissances au niveau de la finance ou des savoirs tacites du domaine bancaire. Il pourra
toutefois offrir des conseils plus généraux sur le monde des affaires, en tant que personne expérimentée.
Cela confirme que le mentor est une source de conseils et de savoir-faire sur la manière d’opérer une
entreprise, comme le suggérait Cull (2006). D’ailleurs, d’autres recherches ont indiqué que la plupart
des informations recherchées par les entrepreneurs novices auprès de leur mentor sont de nature
générale (Bisk, 2002) et que le mentor est considéré comme la source de conseils généraux la plus utile
pour l’entrepreneur novice (Deakins et al., 1998). Cette recherche permet de nuancer les résultats
précédents puisque la nature des conseils varie selon les connaissances et compétences que possède le
mentor. Pour Wikholm et al. (2005), le partage des expériences et du savoir serait l’une des principales
retombées du mentorat de l’entrepreneur et les programmes d’assistance qui permettent à l’entrepreneur
novice d’acquérir des savoirs explicites et tacites semblent être une source d’avantage compétitif pour
leur entreprise (Chrisman et McMullan, 2000). En outre, certains mentorés ont aussi pu développer
certaines compétences de gestion. Dans certains cas, le mentor donnait des devoirs à son mentoré et
même, allait jusqu’à travailler avec lui, par exemple, pour lui permettre de développer sa capacité à
réaliser un budget prévisionnel. Or, comme précédemment soulevé à propos des savoirs verbaux, la
possibilité de développer ce type d’apprentissage avec le mentor dépend fortement des compétences que
possède celui-ci. Il est cependant possible que le mentoré développe des compétences en transformant
Etienne ST-JEAN Revue de l’Entrepreneuriat, vol 7, n°1, 2008
15
par lui-même les savoirs verbaux acquis du mentor. Néanmoins, certaines recherches indiquent des
constats similaires, à savoir que le mentorat permettrait le développement de compétences de gestion
(Deakins et al., 1998 ; Lane, 2003).
Or, trop axer sur l’enseignement de nouvelles connaissances ou de compétences pourrait faire pencher
davantage la relation vers du tutorat ou du coaching, plutôt que du mentorat (D'abate et al., 2003). Bien
que cette situation ne pose pas de problème en soi, il pourrait cependant exister une certaine confusion
quant aux rôles que devrait jouer le mentor. Un mentoré pourrait alors vivre une certaine déception face
à sa relation de mentorat en constatant que son mentor ne possède pas certaines connaissances qui lui
sont indispensables. C’est d’ailleurs pourquoi Nandram (2003) suggérait de mettre à la disposition de
l’entrepreneur une équipe de mentors ayant des expertises différentes, comme le font certains
programmes de « mentorat » destinés aux entrepreneurs (Silver, 2004). Or, dans ce cas précis, il devient
alors difficile de considérer qu’il s’agirait toujours d’une relation de mentorat, étant donné l’importance
qui serait alors accordée au transfert de certaines compétences.
En plus des connaissances déclaratives, la discussion avec un mentor permet le développement de nou-
veaux modèles mentaux et la réorganisation des connaissances précédemment acquises. Les mentorés
sont alors en mesure de procéder, par exemple, à une nouvelle hiérarchisation de leurs idées. Puisque les
experts n’ont pas les mêmes schémas mentaux et les mêmes réflexions que les novices, la présence d’un
mentor, considéré comme « expert », permet à l’entrepreneur novice de développer ses propres modèles
mentaux en les calquant ou en les comparant à ceux du mentor (Barnett, 1995). Cet exercice permet
deux importantes retombées pour l’entrepreneur novice : la clarification de la vision d’affaires et
l’identification de nouvelles opportunités. Dans le premier cas, le mentor amène l’entrepreneur novice à
identifier les activités qui vont lui permettre d’atteindre ses objectifs plus rapidement. Ce faisant,
l’entrepreneur novice précise la vision qu’il a de son entreprise et prend des décisions qui permettront de
la réaliser. Au niveau de l’identification des opportunités, le mentor apporte un éclairage différent à
l’entrepreneur novice en lui faisant voir les possibilités liées à son entreprise. Ce dernier développe
l’habileté à changer de perspective et à générer de nouvelles options grâce au mentorat, comme le
suggérait d’ailleurs Gravells (2006). Aussi, comme le démontrent Ozgen et Baron (2007), il semble bien
que le mentor assiste l’entrepreneur dans l’identification de nouvelles opportunités.
Au sein des apprentissages affectifs, il est apparu que le mentorat assure le développement de l’image de
soi. Comme soulevé ailleurs, le mentor agit comme un miroir « objectif » pour l’entrepreneur novice, en
lui donnant une rétroaction (Cull, 2006). Cela lui permet de mieux se connaître et même, dans certains
cas, de se transformer et de se confirmer dans son statut d’entrepreneur. Par exemple, certains affirment
que les entrepreneurs ne naissent pas « entrepreneur » mais le deviennent par leurs expériences et leurs
apprentissages et sont influencés par leur famille et les modèles qui les entourent (Morris, 1998 ; Wa-
gner et Sternberg, 2004). Aussi, le fait d’avoir des amis et de la famille qui encouragent l’entrepreneur
mais surtout la présence de proches en affaires et l’appartenance à des réseaux de gens d’affaires permet
non seulement au processus de démarrage de suivre son cours mais aussi de générer plus rapidement la
première vente (Davidsson et Honig, 2003). Dans cette perspective, le mentorat permet de transmettre la
culture entrepreneuriale, en confirmant l’entrepreneur novice dans son statut, grâce à l’encouragement
du mentor et à sa fonction de modèle de rôle, notamment.
En outre, le mentorat semble développer la résilience de l’entrepreneur de différentes manières.
D’abord, par le réconfort et la sécurisation que procure le mentor à son mentoré dans les périodes
difficiles. L’entrepreneur étant souvent seul à la tête de son entreprise, il n’a généralement personne à
qui confier ses problèmes et pour se faire rassurer. Valeau (2006) a d’ailleurs soulevé la pertinence
d’accompagner l’entrepreneur novice dans les périodes de doute, au cours desquelles il serait tenté
d’abandonner son projet d’affaires. Ensuite, le mentorat augmenterait le sentiment d’auto-efficacité, ce
que d’autres auteurs ont aussi constaté (Waters et al., 2002 ; Nandram, 2003). Comme le suggère
Johannisson (1991), la présence de mentors ou de modèles de rôle pourrait influencer positivement le
sentiment d’auto-efficacité. De plus, l’auto-efficacité pourrait aussi influencer les retombées de la
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relation, comme le suggère Noe (1988 p.475). En effet, l’auto-efficacité fait référence à la croyance d’un
individu en sa capacité d’accomplir les tâches spécifiques qu’il entreprend (Bandura, 1997).
D’ailleurs, l’auto-efficacité est reliée à l’évaluation de la performance des gestionnaires (Robertson et
Sadri, 1993). Dans sa relation de mentorat, un protégé pourrait se voir attribuer des tâches ou des défis à
relever par son mentor (Cull, 2006) afin d’augmenter sa compétence. Un entrepreneur ayant un haut
niveau d’auto-efficacité serait alors plus enclin à croire en sa capacité à relever le défi ou les tâches
proposées par son mentor et, de ce fait, à les réaliser, produisant davantage de retombées. De plus,
l’entrepreneur qui a davantage confiance en ses moyens pourrait être plus enclin à croire en ses
capacités pour affronter l’adversité, ce qui lui éviterait d’abandonner en cours de route. Bref,
l’auto-efficacité, la motivation du mentor et le réconfort qu’il procure à l’entrepreneur novice pourraient
influencer sa persévérance.
En mettant en lumière les différents apprentissages qui pourraient se produire par le biais d’une relation
de mentorat, tel qu’il se pratique dans le cadre des cellules qui relèvent de la Fondation de
l’entrepreneurship, on pourrait être porté à croire que toutes les relations de mentorat auraient la
possibilité de développer ces apprentissages. Or, non seulement la méthodologie ne nous permet pas de
l’affirmer, mais le témoignage de certains mentorés dans le cadre de cette recherche démontre le
contraire. Il est tout à fait possible que certaines relations de mentorat ne débouchent sur aucun
apprentissage, du moins rien de substantiel qui pourrait être mis en exergue par un entrepreneur novice.
Par exemple, comme nous l’avons évoqué précédemment, certains transferts de connaissance sont
contingents de ce que sait le mentor. De plus, parmi les autres facteurs relatifs au mentor dans les écrits,
on note que sa disponibilité semble influencer le succès de la relation (Deakins et al., 1998). Cet aspect a
une incidence directe sur la fréquence des rencontres car un mentor qui n’est pas disponible ne peut être
présent aux intervalles souhaités par le protégé. Le nombre d’expériences de mentorat aurait une
influence sur la qualité du mentorat offert. Par exemple, dans un contexte organisationnel, un mentor
davantage expérimenté va offrir plus de support relatif à la carrière que celui qui est à sa première expé-
rience de mentorat alors qu’il n’y a pas de lien avec la fonction psychologique qu’il pourrait être appelé
à jouer (Fagenson-Eland et al., 1997 ; Allen et Eby, 2004). De plus, le mentor plus âgé et celui qui
perçoit son protégé comme étant compétent va davantage offrir de support psychologique et de support
relié à la carrière (Mullen, 1998).
Ensuite, le mentoré a un rôle à jouer pour que la relation porte ses fruits : il doit contribuer à ses propres
apprentissages. Comme l’indiquait Shea (1994 p.59), l’ouverture à la rétroaction, l’ouverture et la
sincérité à propos de ses besoins et de ses faiblesses, la détermination d’attentes réalistes avec le mentor,
la capacité à communiquer clairement les problèmes, l’initiation de contacts fréquents, la volonté de
discuter autant des échecs que des réussites, la reconnaissance de l’importance du respect mutuel, de la
confiance et de l’ouverture et la préparation à faire tout ce qui est possible et approprié pour développer
une solide relation sont autant de facteurs qui peuvent influencer le déroulement d’une relation de
mentorat et, ultimement, les retombées qui en découlent. Les entrepreneurs novices sont moins enclins à
s’investir dans leur relation de mentorat lorsqu’ils ne connaissent pas bien les retombées d’une telle
relation (Kent et al., 2003 ; Fortin et Simard, 2007). Il est probable que de tels entrepreneurs, s’ils
décidaient de s’investir dans une relation de mentorat, pourraient avoir des comportements et attitudes
qui les empêcheraient de bénéficier pleinement de la relation. Il faut aussi considérer que le désir de
changement et l’ouverture envers les nouvelles expériences sont des attitudes importantes de
l’entrepreneur afin que la relation soit un succès (Engstrom, 2004) et qu’il est essentiel qu’il s’engage
totalement et sans réserve dans le processus de mentorat (Clutterbuck, 2004)
De plus, l’orientation « dans le but d’apprendre »
4
du protégé, que l’on définit comme correspondant au
niveau de motivation envers le développement de compétences et dans le choix des tâches qui
augmentent les apprentissages (Dweck, 1986), influence l’étendue et la profondeur des fonctions du
mentor ainsi que les retombées de la relation (Godshalk et Sosik, 2003). Egan (2005) arrive à des
résultats similaires dans le cadre d’un programme de mentorat formel et ajoute que lorsque le mentor a
une orientation dans le but d’apprendre plus grande que le protégé, ce dernier aura quand même des
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retombées positives de sa relation car le mentor va le stimuler à apprendre en lui fournissant des défis.
Un individu avec une orientation dans le but d’apprendre élevée va entreprendre une tâche avec
l’intention d’apprendre quelque chose de nouveau ou d’augmenter son niveau de compétence (Button et
al., 1996).
Finalement, cette recherche possède une limite importante qu’il convient de souligner : aucun
apprentissage n’a été mesuré de façon objective. Le contenu repose sur la perception de l’entrepreneur
quant aux apprentissages réalisés dans sa relation de mentorat. Il n’a pas été possible de vérifier dans
quelle mesure, par exemple, l’augmentation de la compétence à produire un budget prévisionnel était
substantielle, ni le nombre ou la pertinence des opportunités découvertes grâce au mentor. Ces
questionnements nécessitent des méthodologies différentes et demeurent, pour l’instant, sans réponses.
Conclusion
Nous avons pu constater que le mentorat offrait la possibilité de développer des apprentissages cognitifs
et affectifs chez un entrepreneur novice. Dans la perspective où il éprouve certains problèmes à se
former adéquatement, notamment à cause du manque de temps et de ressources qui constitue bien
souvent sa réalité au démarrage de son entreprise, cette forme d’accompagnement lui permet de combler
une partie de ses besoins. Le mentorat est particulièrement utile pour permettre le transfert de
connaissances reliées au monde des affaires ainsi que pour développer certaines compétences utiles à
l’entrepreneur, dans les limites de ce que peut offrir le mentor. En outre, nous avons observé que
certains entrepreneurs avaient amélioré leur vision de leur entreprise et d’autres avaient identifié de
nouvelles opportunités d’affaires à développer. Sur le plan affectif, le mentorat peut améliorer différents
aspects, soit l’image de soi, le sentiment d’auto-efficacité et la résilience face aux difficultés.
Ces apprentissages viennent corriger de nombreux problèmes et difficultés que rencontrent les
entrepreneurs novices, ce qui confirme le mentorat comme une forme de soutien polyvalente, adaptée et
utile à l’entrepreneur novice. Évidemment, ce ne sont pas toutes les relations de mentorat qui permettent
de développer tous ces apprentissages, ni même d’en développer un seul. Il faut rappeler ici que
l’objectif était d’abord et avant tout de recenser les différents apprentissages susceptibles de se produire
dans une relation de mentorat d’entrepreneur, et non d’en déterminer l’importance, la fréquence ou
même la manière de les développer. D’autres recherches sont nécessaires pour clarifier ces autres
questionnements. Les apprentissages réalisés pourraient avoir un effet à moyen ou à long terme sur le
chiffre d’affaires ou la profitabilité de l’entreprise, comme le proposent Priyanto et Sandjojo (2005). Or,
ces retombées reliées au mentorat restent à définir, et les liens qui les unissent aux apprentissages, à
démontrer. Dans la même veine, les rôles joués par le mentor, la fréquence et la durée du mentorat ainsi
que les caractéristiques psychologiques des participants influencent aussi les apprentissages. Des
connaissances sur ces aspects permettraient d’expliquer la manière dont ils se développent et, du coup,
d’améliorer les programmes de perfectionnement des mentors ainsi que les programmes de mentorat
formels destinés aux entrepreneurs. Cette connaissance permettrait, en outre, de sélectionner davantage
les participants les plus susceptibles d’apprendre au travers d’une relation de mentorat et d’aiguiller les
autres vers d’autres formes de soutien. Ces questionnements ne sont que quelques pistes dont les répon-
ses permettront de mieux comprendre le rôle du mentorat dans la vie d’un entrepreneur novice.
Notes
1. Le terme « protégé » est utilisé dans la littérature traitant notamment du mentorat dans la grande organisation, faisant réfé-
rence au sponsorship mentoring. Lorsqu’il est question du mentorat pour un entrepreneur, le terme utilisé par les praticiens est «
mentoré ». Il s’avère plus adéquat pour les entrepreneurs que « protégé » ou même « parrainé » puisque ceux-ci apprécient
moins l’évocation au besoin de protection, ce qui n’est pas le cas lorsque l’on utilise « mentoré ». Ce sera ce terme qui sera
utilisé ici lorsqu’on fait référence au mentorat d’un entrepreneur.
2. L’auto-efficacité fait référence au sentiment d’efficacité personnelle développé par Bandura (1997) et qui concerne la
croyance que possède un individu dans sa capacité de réaliser des actions spécifiques.
3. Toutes ces informations proviennent de données internes à la Fondation de l’entrepreneurship
4. Traduction libre de Learning goal orientation
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