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PHYSIO-QUÉBEC
FÉVRIER 2010 PAGE 6
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
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Introduction
Les réactions protectrices des muscles du
plancher pelvien (MPPs) sont associées
aux symptômes de la vestibulodynie locale
provoquée (VLP), la forme la plus répan-
due de douleur vulvaire chronique
(Reissing et al, 2005 ; Rosenbaum, 2007).
Une revue de la littérature considère la
dysfonction des MPPs comme l’une des
nombreuses composantes de la patho-
physiologie de la VLP (Farage & Galask,
2005 ; Weijmar et al, 2005). Toutefois, le
manque de données probantes concernant
la fonction des MPPs chez les femmes
souffrant de VLP justifie une recherche
afin d’élucider leur rôle dans l’étiologie
de cette condition chronique.
L’approche pelvi-périnéale en physiothé-
rapie pour rééduquer les MPPs a été prou-
vée efficace dans le traitement de la VLP
(Bergeron et al, 2001). Le traitement est
basé sur l’hypothèse que les MPPs sont
hypertoniques (l’hypertonicité étant défi-
nie comme une grande résistance aux
étirements passifs et/ou un tonus élevé
au repos) et hyperréactifs (ie, une réponse
musculaire exagérée à la douleur). Il inclut
notamment de l’éducation, des exercices
assistés par le biofeedback, des exercices
d’étirement à l’aide de dilatateurs, de la
thérapie manuelle et de l’électrothérapie
(Rosenbaum, 2005).
En utilisant les données recueillies suite
aux évaluations effectuées par des phy-
siothérapeutes, des études récentes ont
suggéré que le rôle des MPPs au sein de
la pathophysiologie de la VLP pourrait
être associé à une hyper réactivité spéci-
fique des MPPs superficiels (Reissing et
al, 2005). Toutefois, la présence de cette
hyper réactivité des muscles superficiels
comparativement aux muscles profonds
du plancher pelvien n’a pas encore été
objectivée par l’utilisation de l’électro-
myographie (EMG) de surface.
Nous avons donc émis l’hypothèse que
les réactions protectrices à la douleur des
muscles superficiels du plancher pelvien
seraient plus importantes que celles des
muscles profonds chez les femmes souf-
frant de VLP lorsque comparées à des
femmes asymptomatiques. Cela n’a jamais
été évalué objectivement. En outre, des
recherches antérieures ont établi des
conclusions contradictoires pour savoir si
oui (White et al, 1997, Jantos et al, 2008)
ou non (Engman et al, 2004) les MPPs
des femmes soufrant de VLP démontrent
de l’hyper activité au repos.
Objectifs
Le but de cette étude consistait à déter-
miner, par l’utilisation de l’EMG, si les
MPPs sont 1) hyper actifs au repos (grande
activité EMG tonique de base des MPPs
au repos) et/ou 2) hyper réactifs à la
douleur (élévation de l’activité EMG suite
à l’application d’un stimulus douloureux
(SD)) chez un groupe de femmes souffrant
de VLP par rapport à un groupe de femmes
asymptomatiques. Elle visait aussi à déter-
miner si les réactions protectrices des MPPs
avaient lieu avant ou après l’application
du stimulus douloureux.
Hypothèses
Il était attendu que : 1) l’activité tonique
de base des MPPs superficiels serait plus
élevée chez les femmes soufrant de VLP
comparativement aux femmes asymp-
tomatiques, et que cette différence ne
serait pas observée au niveau des MPPs
profonds, 2) les réactions des MPPs
1
School of Rehabilitation Therapy, Université Queen’s, Kingston, Ontario
2 Department of Psychology, Université Queen’s, Kingston, Ontario
3
Department of Obstetrics and Gynecology, Hôpital Général de Kingston,
Kingston, Ontario
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
par Evelyne Gentilcore-Saulnier
1
Linda McLean
1
, Corrie Goldfinger
2
Caroline Pukall
2
et Susan Chamberlain
3
Réactions protectrices des
muscles du plancher pelvien
chez les femmes souffrant de
vestibulodynie LOCALE provoquée
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PHYSIO-QUÉBEC
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
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superficiels seraient plus importantes chez
les femmes qui souffrent de VLP par
rapport aux femmes asymptomatiques,
et que cette différence ne serait pas obser-
vée au niveau des MPPs profonds, 3)
que toutes les femmes démontreraient
des réactions protectrices plus grandes
au niveau des MPPs superficiels par rap-
port aux MPPs profonds se traduisant
alors par une activité EMG plus impor-
tante, et 4) que les réactions protectrices
des MPPs profonds et superficiels sur-
viendraient avant l’application du stimulus
douloureux chez les femmes souffrant
de VLP, démontrant ainsi la présence
d’anticipation à la douleur (temps d’ini-
tiation plus court), ce qui ne serait pas le
cas chez les femmes asymptomatiques.
Méthodologie
Participantes
Cette étude a reçu l’approbation du comité
d’éthique de l’Université Queen’s ; le
Health Sciences Research Ethics Board.
Onze femmes diagnostiquées avec la VLP
et 11 femmes asymptomatiques ont com-
plété le protocole de recherche.
Matériel
Les données de l’EMG de surface ont été
enregistrées et amplifiées en utilisant un
système Delsys ® 16-Channel Bagnoli EMG
(gain de 1000, filtre 20-450 Hz, CMRR
100 dB à 60 Hz, impédance 100 Mohms,
taux d’échantillonnage 1000 Hz). L’activité
EMG a été enregistrée de façon différen-
tielle à l’aide d’une sonde Femiscan
TM
pour
les MPPs profonds (le groupe de muscles
du levator ani), et à l’aide d’électrodes de
surface auto-adhésives placées bilatérale-
ment sur les muscles bulbocavernosus pour
les MPPs superficiels.
Protocole d’électromyographie
Chaque participante a été testée en posi-
tion gynécologique classique avec les
pieds et les jambes soutenus, avec le dos
et la tête supportés par des oreillers. Les
participantes ont d’abord effectué une
contraction maximale volontaire (CMV)
de leurs MPPs. Puis, l’activité EMG tonique
au repos des MPPs a été enregistrée pen-
dant dix secondes. Ensuite, un stimulus
douloureux, qui consiste en une pression
douloureuse, a été appliqué à la partie
postérieure du vestibule à l’aide d’un
appareil qui exerce des pressions standar-
disées par l’intermédiaire de la pointe d’un
coton-tige ; le vulvalgésiomètre (Pukall
et al, 2007). La pression fut augmentée
progressivement jusqu’à ce que la parti-
cipante indique que le SD produisait une
douleur évaluée à six sur une échelle
numérique de 11 points (0-10). Lorsque
ce seuil de douleur était atteint, il était
considéré comme le SD pour cette parti-
cipante. Au total, l’activité EMG des MPPs
a été enregistrée pendant trois applications
de ce même SD. En utilisant le logiciel
EMG Works Analysis, les données ont été
tracées et projetées pour identifier les
incohérences et les artefacts de mouve-
ment. Les données avec trop d’artefacts
de mouvement ne furent pas incluses
dans l’analyse (5 %). L’activité EMG toni-
que de base (au repos) a été soustraite
de l’activité EMG de l’activité EMG des
réponses protectrices.
Analyse de données
Des analyses de variance (ANOVAs) ont
été utilisées pour tester les différences
entre l’activité EMG au repos des MPPs
profonds et superficiels, l’activité EMG
des MPPs profonds et superficiels lors de
réactions protectrices, et entre les deux
groupes. Pour permettre des comparaisons
entre les participantes, les données ont
été normalisées en utilisant les valeurs de
la CMV. Des ANOVAs ont aussi été utili-
sées pour calculer les différences entre les
couches de MPPs et entre les groupes par
rapport au temps d’initiation de leurs
réponses protectrices.
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
Réactions protectrices des muscles...
Tableau 1 : Information démographique des participantes
Note : VLP = Vestibulodynie locale provoquée ; BMI = index de masse corporelle ;
M = Moyenne ; ET = Écart type
Caractéristiques des participantes
Groupe VLP
M ± ET
Groupe
Asymptomatique
M ± ET
t-tests
valeurs p
Âge (années) 22 ± 2 21 ± 1 0.06
BMI (kg/mP
2P
) 22 ± 2 22 ± 2 0.84
Âge des premières menstruations (années) 12 ± 2 13 ± 1 0.21
Durée de la VLP (années) 4 ± 2 - -
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Chronique des RÉCIPIENDAIRES
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
Réactions protectrices des muscles...
Résultats
Caractéristiques
des participantes (Figure 1)
Des tests t ne révélèrent aucune diffé-
rence entre les profils démographiques
des deux groupes. De plus, il n’y avait
pas de différence entre les groupes au
niveau de la période de leur cycle mens-
truel où le protocole de recherche fut
réalisé (VLP = 15 ± 7 jours, Asymptomatique =
20 ± 8 jours ; valeur T =-1.39, p =0.18),
excluant ainsi un biais possible causé par
des variations hormonales au niveau de
la perception des sensations douloureuses
chez les participantes.
Comparaison de l’activité EMG
non-normalisée (Figure 2)
Les femmes souffrant de VLP avaient une
activité EMG au repos significativement
plus élevée au niveau de leurs MPPs super-
ficiels (F=4.68, p=0.04) comparativement
à l’activité EMG au repos observée chez
les femmes du groupe asymptomatique.
Aucune différence entre les groupes n’a
été observée au niveau de l’activité EMG
au repos des MPPs profonds (F=1.87,
p=0.18). Pour ce qui est de l’activité EMG
des réactions protectrices, une différence
significative entre les deux groupes indi-
quait une activité EMG plus élevée chez
le groupe de femmes soufrant de VLP
seulement au niveau des MPPs superficiels
(F=14.30, p<0.0005), et non des MPPs
profonds (F=0.01, p=0.75).
Comparaison de l’activité EMG
normalisée (Figure 3)
Les participantes du groupe VLP ont aussi
démontré une activité EMG significative-
ment plus élevée au niveau de leurs MPPs
superficiels comparativement à leurs MPPs
profonds (F=50.70, p=0.0001). De façon
similaire, l’activité EMG des réactions
Tableau 2 : Valeurs EMG non-normalisées des MPPs
Note :
VLP = Vestibulodynie locale provoquée ; M = Moyenne ; ET = Écart type.*Représente une différence significative entre les groupes à p ≤ 0.05
Valeurs EMG
(Non-normalisées)
Groupe VLP
M ± ET (µV)
Groupe Asymptomatique
M ± ET (µV)
ANOVA
Valeurs p
Muscles profonds : Au repos 6.56 ± 2.63 5.58 ± 2.10 F= 1.87, p=0.18
Muscles superficiels : Au repos 3.06 ± 1.89* 2.35 ± 0.86 F= 4.68, p=0.04
Muscles profonds : Réactions protectrices 7.08 ± 3.16 7.25 ± 3.12 F= 0.01, p=0.75
Muscles superficiels : Réactions protectrices 7.63 ± 3.69* 5.20 ± 3.73 F= 14.30, p≤0.0005
Figure 1 : Valeurs EMG normalisées des réactions protectrices des MPPs
PVD = vestibulodynie locale provoquée
*Représente une différence significative entre les groupes à p ≤ 0.05
ContrôlesPVD ContrôlesPVD
Muscles-superficielsMuscles-profonds
Réactions protectrices EMG (%MVC)
60
50
40
30
20
10
0
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Chronique des RÉCIPIENDAIRES
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Réactions protectrices des muscles...
protectrices du groupe asymptomatique
était significativement plus grande au
niveau des MPPs superficiels que profonds
(F=30.18, p=0.0001). Les comparaisons
entre groupes ont révélé que le groupe
VLP avait des réactions protectrices des
MPPs superficiels plus élevées que le
groupe asymptomatique (F=8.55,
p=0.004), ce qui n’était pas le cas des
muscles profonds où aucune différence
entre les groupes n’a été observée (F=0.92,
p=0.34).
Comparaison du stimulus
douloureux (SD)
entre les deux groupes
La moyenne de l’intensité du SD appliqué
au vestibule vulvaire nécessaire pour cau-
ser un niveau modéré de douleur (6 sur
10) était significativement plus élevée
dans le groupe asymptomatique (577 ±
184 g) comparativement au groupe VLP
(376 ± 278 g ; F=11.93, p=0.001X). En
analysant les adjectifs utilisés par les par-
ticipantes (brûlure, pincement, cou de
couteau, etc.), il est possible d’affirmer
que le SD reproduisait adéquatement la
douleur vulvaire ressentie pendant les
rapports sexuels.
Comparaison du temps d’ini-
tiation entres les deux groupes
et les deux couches de MPPs
Aucune différence n’a été constatée au
niveau des temps d’initiation des réactions
protectrices au SD entre les plans de MPPs
et les groupes. Les analyses n’ont révélé
aucune interaction entre les groupes et les
plans de muscles (F=2.07, p=0.153). Au
sein des deux groupes, les réactions pro-
tectrices des MPPs superficiels et profonds
étaient initiées après (0.5 ± 0.4 secondes),
et non avant, l’application du SD.
Discussion et
retombées cliniques
Ces résultats préliminaires suggèrent que
les MPPs superficiels et profonds peuvent
être impliqués dans des réactions de pro-
tection autant chez les femmes souffrant
de VLP que chez celles qui n’en souffrent
pas. Il semble toutefois que les MPPs super-
ficiels seraient hyper réactifs à un SD et
seraient hyperactifs au repos lorsque com-
parés aux MPPs profonds. Ces résultats
suggèrent qu’une dysfonction spécifique
des MPPs superficiels serait impliquée dans
la pathophysiologie de la VLP. Il est possible
que la polémique existant autour de la
présence ou non d’une hyperactivité au
repos des MPPs chez cette population soit
simplement due au fait qu’aucune recher-
che n’a jusqu’à maintenant pris soin de
différencier ces deux couches musculaires.
Le petit nombre de participantes à cette
recherche pourrait aussi avoir limité notre
pouvoir statistique à voir une différence
au niveau des MPPs profonds entre les
deux groupes. Il est très possible que les
MPPs profonds jouent un rôle dans ce
type de vulvodynie, toutefois nous sug-
gérons que ce rôle serait moindre compa-
rativement à celui des MPPs superficiels.
Selon nos résultats de recherche compa-
rant le statut des femmes souffrant de
VLP avant et après 8 séances de traitement
en rééducation pelvi-périnéale (Goldfinger
et al, 2009), il est probable que l’efficacité
démontrée de ce traitement serait en partie
attribuable à une diminution de l’hyper
réactivité des MPPs superficiels (Gentilcore-
Saulnier et al, 2009).
Nos résultats sont cohérents avec Reissing
et al (2005) qui suggère que les MPPs
superficiels sont hyper réactifs compara-
tivement aux MPPs profonds chez les
femmes souffrant de VLP.
Les résultats suggèrent également que,
chez les femmes avec et sans VLP, les MPPs
réagissent au stimulus douloureux, plutôt
qu’à son anticipation ; un comportement
qu’il serait intéressant de comparer à une
population de femmes souffrant de vagi-
nisme par exemple. Cette étude ne nous
permet pas de déterminer si la dysfonction
des MPPs superficiels est un précurseur
au développement de la VLP et donc, des
études longitudinales sont nécessaires pour
mieux comprendre l’impact de la dysfonc-
tion des MPPs sur la VLP.
Remerciements
Les auteurs voudraient remercier les
associations suivantes pour leur support
financier : l’Ordre professionnel de la phy-
siothérapie du Québec, la Fondation
Canadienne de Physiothérapie, National
Vulvodynia Association (fond de recher-
che aux Drs Linda McLean et Caroline
Pukall), CIHR (fond de recherche à
Dr Caroline Pukall) et l’Université Queen’s.
Les auteurs remercient les membres du
Sexual Health Research Lab de l’Université
Queen’s pour leur participation dans le
recrutement et la collecte de données,
ainsi que toutes les participantes.
suite
PHYSIO-QUÉBEC
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
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Chronique des RÉCIPIENDAIRES
Réactions protectrices des muscles...
Références
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Réactions protectrices des muscles
du plancher pelvien
chez les femmes souffrant
de vestibulodynie LOCALE provoquée
Chronique des RÉCIPIENDAIRES
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L’amputation d’un membre inférieur est
une procédure chirurgicale définitive qui a
des conséquences importantes tant aux
niveaux physique, psychologique et social
que sur la qualité de vie (QV) de la personne
amputée
1, 2
. Les buts ultimes des program-
mes de réadaptation sont d’optimiser la
mobilité et la fonction de la personne ampu-
tée d’un membre inférieur (PAMI) afin
qu’elle puisse réintégrer son milieu de vie
et finalement, améliorer sa QV.
La QV liée à la santé est devenue un
concept de plus en plus utilisé comme
mesure de résultat dans le domaine de la
santé et de la réadaptation
3-7
. La QV est
un concept complexe et il y a absence de
consensus quant à une définition unique
ou à propos des domaines la constituant
5,
8, 9
. Cependant, il y a 2 aspects qui sont
inclus dans presque toutes les définitions
soit, la multidimensionnalité et la subjec-
tivité de la QV. L’aspect multidimensionnel
est abordé en termes d’état de santé, de
fonctions physique, psychologique et
sociale, de douleur, de relations, de bien-
être, etc.
4, 5, 9, 10
. Le volet subjectif reflète
la perception de la personne quant à sa
QV selon ses expériences de vie, ses
valeurs, ses attentes, son niveau d’édu-
cation et l’environnement dans lequel elle
vit
6, 11, 12
. Pour évaluer la QV, des outils
de mesure spécifiques à une population
donnée ont été développés. L’avantage
de ces outils, dits spécifiques, est qu’ils
contiennent des items portant sur les pré-
occupations et les incapacités pertinentes
à la population étudiée et qu’ils s’appro-
chent des interventions des cliniciens
13
.
Donc, ces outils donnent une image beau-
coup plus précise des personnes ayant
une condition spécifique
14
. Cependant,
un désavantage de ces outils spécifiques
est qu’ils ne permettent pas de comparer
entre elles des populations ayant diffé-
rentes déficiences ou de comparer les
personnes ayant des incapacités avec des
personnes en santé
7, 13
.
Les études de mesure de résultats ayant
utilisé des outils de QV spécifiques sont
peu nombreuses et relativement récen-
tes
14-17
. Parmi celles-ci, 2 outils spécifiques
à la PAMI furent utilisés : le Questionnaire
dévaluation de la prothèse (QEP)
15
et le
Trinity Amputation and Prosthesis
Experiences Scales (TAPES)
16
. Harness
and Pinzur
14
, avec un échantillon de PAMI
dysvasculaire, ont démontré que les
domaines fonctionnels et de mobilité
étaient cotés plus bas que les domaines
psychosociaux ou ceux ayant trait à l’ap-
parence ou la satisfaction avec la prothèse.
Gallagher et collaborateurs
16, 17
obtiennent
des résultats similaires avec des échan-
tillons de personnes amputées suite à un
trauma. En effet, les domaines ayant le
score le plus bas sont ceux portant sur les
activités physiques et fonctionnelles, sui-
vies par les aspects psychosociaux et la
satisfaction avec la prothèse. Bien que ces
études aient contribué à notre compré-
hension de la QV des PAMI, elles ont
toutes utilisé un devis transversal et ont
été effectuées plusieurs mois ou années
après l’amputation.
1 École de réadaptation, Université de Montréal, Montréal, Québec ;
2 Institut de réadaptation de Montréal, Montréal, Québec ;
3 Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropoli-
tain, Montréal, Québec.
Support financier :
Ce projet a reçu une subvention de la Fondation de l’Institut de
réadaptation de Montréal. Des bourses d’étude ont été octroyées à D. Zidarov par
le Fonds de la recherche en santé du Québec, l’Ordre professionnel de la physio-
thérapie du Québec et la Faculté des études supérieures de l’Université de Montréal.
par Diana Zidarov, pht, M. Sc.
1, 2
Bonnie Swaine, pht, Ph. D.
1, 2, 3
Christiane Gauthier-Gagnon,
pht. M. Sc.
1
Qualité de vie des personnes
amputées d’un membre inférieur
durant et 3 mois après la réadaptation
fonctionnelle intensive
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Chronique des RÉCIPIENDAIRES
Qualité de vie des personnes amputées...
Les interventions en réadaptation utilisent
une approche holistique de la personne
et recherchent l’amélioration de la QV
des patients. La QV est une mesure de
résultat particulièrement pertinente de la
performance des soins de santé, car elle
intègre de multiples domaines qui sont
abordés au cours du processus de réadap-
tation. De plus, elle reflète la perception
du patient par rapport à ses réalisations
au cours de ce processus
7
. Afin de vérifier
si les interventions offertes en réadaptation
ont effectivement modifié la perception
de la QV de la personne, celle-ci doit être
évaluée au congé. À ce jour, selon notre
connaissance, il n’y a pas eu d’études
décrivant la perception de la QV des PAMI
et son changement éventuel durant et
après une réadaptation fonctionnelle
intensive (RFI). L’objectif de cette étude
était donc d’évaluer et de comparer la QV
des PAMI à leur congé et 3 mois après
leur congé de la RFI.
Méthodologie
Population de l’étude
Cette étude longitudinale exploratoire a
été menée avec des PAMI qui ont été
admises à l’Institut de réadaptation
Gingras-Lindsay-de-Montréal entre sep-
tembre 2005 et décembre 2006. Tous les
patients ont suivi un programme de réa-
daptation individualisé offert par une
équipe multidisciplinaire.
Les critères d’inclusion étaient : 1) d’avoir
18 ans et plus et d’avoir subi une ampu-
tation unilatérale au niveau trans-tibial
(TT) ou trans-fémoral (TF) d’étiologies
diverses, 2) d’avoir une compréhension
suffisante du français ou de l’anglais et
d’avoir les capacités cognitives suffisantes
pour répondre au questionnaire et, 3)
d’être admis pour une première RFI avec
entraînement prothétique.
Le protocole de recherche a été approuvé
par le comité scientifique et le comité
d’éthique du Centre de recherche inter-
disciplinaire en réadaptation du Montréal
métropolitain (CRIR). Les participants
ont tous signé un formulaire de consen-
tement préalablement à leur participation
au projet.
Procédure
Les données ont été recueillies à 2 temps
d’évaluation : au moment du congé et 3
mois après le congé de la RFI. Toutes les
données ont été recueillies avec un ques-
tionnaire soit autoadministré, soit admi-
nistré par entrevue, dépendamment de la
capacité de la personne à y répondre (ex :
difficultés visuelles ou de compréhension
de certaines questions). Les entrevues ont
été conduites par le même évaluateur. Le
dossier médical du patient a été utilisé pour
y extraire les données suivantes : l’âge, le
niveau et la date d’amputation, la durée
de l’entraînement prothétique, la durée de
séjour, les conditions associées et l’occu-
pation au moment de l’amputation.
Outil de mesure : Questionnaire
d’évaluation de la prothèse
(QEP)
Le QEP
15
est un outil spécifique aux PAMI
qui évalue la qualité de vie reliée à la
prothèse. Il permet à la personne amputée
d’autoévaluer : les qualités de sa prothèse
ainsi que ses capacités et les impacts psy-
chologiques et sociaux lors de l’utilisation
de sa prothèse. L’outil comprend 82 items
regroupés sous 9 sous-échelles validées :
mobilité, apparence de la prothèse, frus-
tration avec la prothèse, perception des
autres en lien avec la prothèse, état du
membre résiduel, charge sociale, bruits
faits par la prothèse, utilité et bien-être.
De plus, l’outil comprend des questions
individuelles, non comprises dans les sous-
échelles et portant sur la douleur, la satis-
faction, les transferts, l’entretien de la
prothèse, l’autoefficacité et l’importance
accordée à différents aspects en lien avec
la prothèse. Concernant la validité, les
sous-échelles du QEP sont significative-
ment corrélées (r = 0.49 - 0.61) aux sous-
échelles du SF-36, du Sickness Impact
Profile et du Profile of Mood States
15
. Au
niveau de la fidélité, la consistance du
QEP varie de bonne à excellente (α de
Cronbach = 0.73 – 0.89 pour les 9 sous-
échelles) et les résultats au test-retest, de
modéré à excellent (ICC=0.56 – 0.90 pour
les 9 sous-échelles)
15
.
Dans notre étude, seules les 4 sous-échel-
les évaluant le bruit, l’utilité, l’apparence
et le bien-être ont été utilisées. De plus,
des questions individuelles portant sur la
satisfaction avec la prothèse (n = 1) ainsi
que des questions d’autoefficacité (n = 3)
ont été retenues pour un total de 21
items. Les patients indiquaient leur répon-
se sur une échelle visuelle analogue de
10 cm avec les 2 extrémités de l’échelle
indiquant les extrêmes des réponses pos-
sibles (ex : jamais et tout le temps). Un
score pour chaque sous-échelle a été
déterminé en calculant la moyenne
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arithmétique de toutes les questions qui
étaient applicables à chaque participant
dans la sous-échelle particulière.
Analyse des données
Pour chacun des 2 temps d’évaluation,
des statistiques descriptives (moyennes,
écart-types et étendues) ont été calculées
pour les données continues. Des tests de
t pour échantillons appariés ont été utilisés
pour tester les différences entre les moyen-
nes au congé et à 3 mois post congé du
QEP. Le niveau de signification a été fixé
à 0.05 pour toutes les analyses. Toutes
les analyses ont été réalisées avec SPSS,
version 14.0 pour Windows.
Résultats
Variables socio-démographiques
et cliniques
Sur les 114 PAMI admises au programme
au cours de la période d’étude, seulement
29 (26 %) répondaient aux critères d’ad-
missibilité. Sur les 85 personnes restantes,
30 % étaient des réadmissions, 34 %
avaient une amputation bilatérale, 11 %
ne comprenaient pas suffisamment le
français ou l’anglais, 16 % présentaient
d’importants problèmes cognitifs ou psy-
chiatriques et 9 % n’étaient pas considé-
rées par l’équipe traitante comme des
candidats à l’appareillage avec prothèse.
Sur les 29 sujets éligibles, 6 (21 %) ont
refusé de participer, 1 est décédé lors du
suivi et 3 ont eu un congé non planifié
empêchant la passation du questionnaire.
Des données pour les 2 temps d’évaluation
ont été obtenues pour 19 participants. Le
tableau 1 résume leurs caractéristiques
sociodémographiques et cliniques. La
cause principale de l’amputation était la
maladie vasculaire périphérique (MVP)
(63 %) associée ou non au diabète. Les
participants avaient plusieurs conditions
associées : 52,6 % avaient une haute ten-
sion artérielle, 42,1 % avaient des problè-
mes visuels, 21,1 % avaient des problèmes
d’audition and 26,3 % avaient de l’insuf-
fisance rénale chronique. Le délai moyen
entre l’amputation et l’admission à la
réadaptation ne différait pas de façon
significative (P > 0,05) selon le niveau ou
la cause d’amputation, la durée moyenne
de séjour et la durée moyenne de l’en-
traînement prothétique.
QEP
En général, la perception globale des
patients a été très favorable tant au
congé qu’au suivi puisque il n’y a eu
aucune différence significative entre les
scores obtenus au congé et au suivi
(P > 0,05) pour les 4 sous-échelles choi-
sies du QEP (tableau 2). La moyenne
des scores de satisfaction avec la pro-
thèse était également élevée, indiquant
une grande satisfaction avec la prothèse
au moment du congé et au suivi (7.4 et
7.0 respectivement), sans différence
significative entre ces scores.
Tableau 1 : Caractéristiques sociodémographiques et cliniques de l’échantillon
Variable n Fréquence ( %)
Cause d’amputation
Vasculaire
Traumatique
Tumeur
Infection
12
3
2
2
63.2
15.8
10.5
10.5
Niveau d’amputation
Trans-tibial
Trans-fémoral
16
3
84.2
15.8
Genre
Homme
Femme
14
5
73.7
21.7
Statut marital
Marié/conjoint de fait
Célibataire
Divorcé/veuf
9
5
5
47.4
26.3
26.3
Occupation au moment de l’amputation
Employé
Retraité
12
7
63.2
36.8
Variable Moyenne ± SD Étendue
Délai depuis l’amputation (jours)
Durée de séjour en réadaptation (jours)
Durée de l’entraînement prothétique (jours)
Âge (années)
73.3 ± 87.7
84.3 ± 23.3
49.2 ± 19.2
53.4 ± 14.6
7 -384
59 - 146
29 - 105
26 - 78
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Les patients ont indiqué que, même si
l’ajustement et le confort de leur prothèse
étaient inadéquats au congé, ils ont effec-
tué en moyenne 55 % de leurs activités
quotidiennes prévues. Les résultats étaient
similaires lors du suivi 3 mois et il n’y avait
pas de différence significative entre les
scores obtenus au moment du congé et
lors du suivi. En ce qui concerne le pour-
centage d’activités effectuées sans pro-
thèse, en moyenne, les patients ont
effectué significativement moins d’activités
sans leur prothèse au suivi que lors du
congé (t (17) = 3,43, P = 0,003).
Discussion
Les résultats de cette étude sont très inno-
vateurs, car pour la première fois, une
étude décrit la QV des PAMI au congé de
la RFI et évalue l’évolution éventuelle de
cette dernière, 3 mois plus tard. Les résul-
tats obtenus avec le QEP démontrent des
scores élevés autant au congé de la réa-
daptation que lors du suivi, concernant la
satisfaction des PAMI avec leur prothèse
et la perception qu’ils ont de son appa-
rence, de son utilité et du bruit qu’elle
fait. Ces résultats peuvent indiquer que
la qualité de la prothèse définitive livrée
au congé était adéquate et que le moment
choisi, donc le congé de la réadaptation
pour finir et livrer cette prothèse, était
bien ciblé et en lien avec des probléma-
tiques du moignon (ex : maturation, gué-
rison des plaies, etc.)
Les résultats obtenus aux sous-échelles
sélectionnées sont similaires à ceux obte-
nus par Legro
15
et Harness
14
dans leurs
études tranversales. Cependant, contrai-
rement à nos résultats (8.0/10 au congé
et 7.9/10 au suivi), ces auteurs rapportent
des scores de bien-être global inférieurs
(7.2/10 et 6.7/10 respectivement) avec
des participants évalués plusieurs années
post réadaptation.
Ces différences peuvent être dues au fait
que la qualité de vie est, par définition,
un concept dynamique
7
. En effet, la per-
ception de la QV change selon la percep-
tion qu’en a la personne, perception
différente d’une personne à une autre et
même différente pour la même personne
à différents moments dans sa vie en fonc-
tion de son vécu, de ses expériences, de
ses attentes, ou de son adaptation à une
modification de son état de santé par
exemple
18
. Ces propriétés subjectives et
en même temps dynamiques de la qualité
de vie posent un défi quant à son évalua-
tion dans les études longitudinales, car
elles permettent l’introduction d’un phé-
nomène psychologique désigné dans les
écrits sous le terme de response shift
18
.
En effet, plusieurs auteurs ont déjà docu-
menté des perceptions de la qualité de
vie qui demeurent stables dans le temps
chez des patients atteints de maladies
graves, potentiellement mortelles (ex. :
cancer) ou avec des incapacités sévères
et chroniques (ex. : lésion médullaire cer-
vicale)
19, 20
. Une explication possible de
tous ces résultats contre intuitifs est ce
Tableau 2 : Scores moyens des sous-échelles du QEP, de la satisfaction avec la prothèse et de l’auto-efficacité
avec prothèse évaluées au congé et 3 mois post congé
Score
possible
Moyenne au
congé ± SD*
Étendue
au congé
Moyenne au
suivi ± SD*
Étendue
au suivi
Valeur
de
P
Sous-échelles du QEP
Bien-être
Apparence
Utilité de la prothèse
Bruits faits par la prothèse
0 – 10
0 – 10
0 – 10
0 – 10
8.0 ± 1.3
6.8 ± 1.6
7.5 ± 1.3
8.7 ± 1.7
5.6 – 10.0
3.6 – 8.8
4.4 – 9.6
3.6 – 10.0
7.9 ± 1.5
7.5 ± 1.8
7.5 ± 1.5
7.9 ± 2.4
3.5 – 10
2.1 – 10.0
3.4 – 9.5
1.6 – 10.0
0.739
0.235
0.825
0.111
Satisfaction avec la prothèse
0 – 10 7.4 ± 1.5 4.9 – 10.0 7.0 ± 1.7 3.1 – 9.1 0.498
Questions d’auto-efficacité
Ajustement de la prothèse
Confort avec la prothèse
Activités quotidiennes avec la prothèse
0 – 10
0 – 10
0 – 10
5.5 ± 1.5
5.5 ± 2.3
6.9 ± 1.7
1.8 – 7.7
0 – 5.9
4.4 – 10
5.6 ± 2.3
5.2 ± 2.7
4.6 ± 2.7
2.0 – 10.0
0 – 10.0
0 – 9.4
0.776
0.416
0.003
*SD : déviation standard
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response shift qui serait amorcé dès qu’il
y a un changement de l’état de santé de
la personne. La personne s’engagerait
donc dans un processus psychologique
d’évaluation, de réajustement et d’adap-
tation à sa nouvelle situation résultant en
un maintien ou en une amélioration de
sa qualité de vie
21, 22
. Pris globalement,
autant nos résultats que ceux des autres
études, montrent que le bien-être perçu
des PAMI est relativement élevé lors de
différents moments d’évaluation dans le
temps. Ceci peut indiquer que ce phéno-
mène psychologique de response shift ait
pu être initié au moment de l’amputation,
moment auquel la personne a été confron-
tée à un nouveau changement de vie
perçu comme étant majeur pour elle et
qui a touché son bien-être psychologique,
social et physique. Ce response shift a eu
comme conséquence une perception de
la qualité de vie qui est demeurée accep-
table à ses yeux, malgré le vécu de chan-
gements importants, donc relativement
élevée lorsque mesurée au congé et 3
mois après le congé de la RFI ou à un
moment donné dans le temps
21
.
Limites de l’étude et
implications cliniques
Une première limite de cette étude est
liée au petit échantillon malgré une
période de recrutement d’un an et demi.
Il se peut donc que peu de différences
significatives dans le temps aient été
détectées en raison du manque de puis-
sance statistique. De plus, tous les par-
ticipants étaient des patients d’un seul
établissement offrant de la RFI et étaient
candidats pour un appareillage avec pro-
thèse. Conséquemment, la validité exter-
ne de cette étude s’en trouve diminuée
et donc nos résultats ne peuvent pas être
généralisés à la population totale des
PAMI qui inclut les PAMI bilatéraux et
ceux qui n’ont jamais été appareillés.
Malgré ces limites, il y a des points impor-
tants à retenir de cette étude. La spéci-
ficité du QEP offre, autant aux
intervenants qu’aux gestionnaires de
programmes, de l’information clinique
utile pour évaluer la qualité de la prothèse
définitive livrée au client à son congé. En
effet, les données recueillies avec cet outil
pourraient servir de niveau seuil pour
indiquer le niveau moyen de satisfaction
à atteindre par rapport aux différents
aspects liés à la prothèse au congé de la
réadaptation fonctionnelle. De plus, ce
questionnaire a également été accueilli
favorablement par les PAMI qui ont par-
ticipé à la présente étude : ils ont trouvé
important une telle évaluation portant
spécifiquement sur la perception qu’ils
ont de leur prothèse surtout avant leur
congé de la réadaptation. Les points
négatifs que nous avons relevés étaient
liés au mode d’administration. En effet,
les clients plus âgés avaient de la difficulté
à s’autoadministrer le questionnaire prin-
cipalement à cause de l’échelle de mesure.
Ils avaient de la difficulté à saisir l’éventail
de possibilités sur l’échelle visuelle ana-
logue de 10 cm. C’est un aspect que les
cliniciens devront prendre en considéra-
tion s’ils veulent utiliser cet outil ou un
autre utilisant le même type d’échelle
dans leur pratique courante.
Conclusion
Les résultats de cette étude exploratoire
démontrent que les PAMI ont une qualité
de vie élevée reliée à la prothèse. En effet,
ils ont une satisfaction élevée de leur pro-
thèse en général ainsi qu’une perception
satisfaisante de l’apparence et de l’utilité
de celle-ci. Les résultats de cette étude
font ressortir l’importance de la prothèse
dans la qualité de vie perçue par la PAMI.
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