Les montagnes françaises ont connu de profondes mutations au cours du XXème siècle. Au départ, objet des ambitions promothéennes de maîtrise du milieu naturel, ces espaces sont de plus en plus perçus comme des cœurs de nature à préserver. Ainsi, sur les sept parcs nationaux créés sur le territoire métropolitain, cinq se situent en zone de montagne ou de moyenne montagne. En plus de la création
... [Show full abstract] d’espaces protégés, des politiques en faveur de la faune sauvage (réintroductions, adoptions de plans de chasse) ont contribué à l’amélioration de nombreuses populations fauniques. Par exemple, la grande faune sauvage s’est si bien rétablie depuis les années 1970 que certains auteurs en viennent même à considérer les Alpes comme « un zoo de troisième type » (Vourc’h et Pelosse, 1992), allant jusqu’à qualifier ces espaces de « parc animalier de l’Europe » (Mauz, in Larrère et al., 2009). Ainsi, de nombreuses espèces tels les marmottes, les bouquetins et les chamois sont devenus des animaux emblématiques de ces espaces montagnards.
Dans le cadre de cette présentation, nous analyserons dans quelle mesure ces animaux contribuent à l’image des paysages montagnards. Nous nous intéresserons particulièrement aux perceptions des pratiquants d’activités sportives et de loisirs de la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS) du massif des Bauges. Cet espace protégé créé à l’origine pour la protection des populations de chamois est aujourd’hui de plus en plus investi par différentes pratiques de loisirs : randonnée estivale et hivernale, trail, chasse… A la suite d’un travail sur archives, des enquêtes par questionnaires et entretiens ont été menées avec les différents pratiquants fréquentant la Réserve (randonneurs, skieurs et chasseurs) afin de connaître leurs perceptions du milieu et de la faune présente sur le massif. Le travail mené a également permis d’identifier les comportements adoptés à l’égard des animaux. Si notre travail s’intéresse aux différentes espèces emblématiques de la faune de montagne, nous développerons plus particulièrement l’exemple des interrelations entre humains et chamois, animal particulièrement prisé pour sa chasse. Les réflexions exposées permettront d’aborder la place de l’animal dans la constitution des images paysagères, et de réfléchir notamment au caractère « sauvage » de l’environnement montagnard.