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Abstract and Figures

[eng] We present a two-sided search model where agents differ by their human capital endowment and where workers of different skill are imperfect substitutes. Then the labor market endogenously divides into disjoint segments and wage inequality will depend on the degree of labor market segmentation. The most important results are : 1) overall wage inequality as well as within-group and between-group inequalities increase with relative human capital inequality ; 2) within-group wage inequality decreases while between-group and overall wage inequalities increase with the efficiency of the search process ; 3) within-group, between-group and overall wage inequalities increase with technological changes. [fre] Immigration et justice sociale. . Cet article est d�di� � la m�moire d'Yves Younes qui nous a quitt�s en mai 1996, et dont les derni�res r�flexions sur l'importance du ph�nom�ne migratoire dans les �tats-Unis des ann�es 1980-1790 m'ont beaucoup influenc�.. L'ouverture des fronti�res entre le Nord et le Sud peut-elle se retourner contre les plus d�favoris�s du monde, c'est-�-dire les non-qualifi�s du Sud ?. Avec deux facteurs de production, les migrations Sud-Nord b�n�ficient tou�jours aux moins qualifi�s du Sud, puisqu'ils y sont le facteur le plus abondant. Mais avec trois facteurs de production (trois niveaux de qualifications, ou deux niveaux et un facteur capital imparfaitement mobile), l'ouverture des fronti�res peut conduire � une baisse du salaire des moins qualifi�s du Sud si leur compl�mentarit� avec le travail tr�s qualifi� ou le capital du Nord est suffisamment faible compar�e � celle des sudistes plus qualifi�s.. Plusieurs �tudes r�centes sugg�rent effectivement que les �lasticit�s de compl�mentarit� chutent brutalement au-del� d'un certain �cart de qualification. Cependant, rien ne prouve que ces effets soient suffisamment forts pour que l'ouverture optimale des fronti�res du point de vue de la justice sociale
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Impartition et délocalisation
au Canada
par John R. Baldwin et Wulong Gu
Division de l’analyse microéconomique
18-F, Immeuble R.-H.-Coats, 100, promenade Tunney’s Pasture
Téléphone: 1-800-263-1136
No 11F0027M au catalogue — No 055
ISSN 1703-0412
ISBN 978-0-662-08980-3
Document de recherche
Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE)
Impartition et délocalisation au Canada
par John R. Baldwin et Wulong Gu
11F0027MIF No 055
ISSN 1703-0412
ISBN 978-0-662-08980-3
Statistique Canada
Division de l'analyse microéconomique
18-F, Immeuble R.-H.-Coats, 100, promenade Tunney’s Pasture
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Mai 2008
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© Ministre de l'Industrie, 2008
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Série de documents de recherche sur l'analyse économique
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Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 4 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Table des matières
Résumé ........................................................................................................................................... 5
Sommaire exécutif......................................................................................................................... 6
1 Introduction............................................................................................................................. 9
2 Tendances de la délocalisation et de l’impartition............................................................. 12
2.1 Impartition et délocalisation dans l’ensemble du secteur des entreprises...................... 13
2.2 Impartition et délocalisation au niveau de l’industrie.................................................... 23
3 Déterminants de la délocalisation........................................................................................ 27
4 Répercussions économiques de la délocalisation................................................................ 31
4.1 La relation entre la délocalisation et la croissance de la productivité............................ 35
4.2 La relation entre la délocalisation et le passage à des activités à grande valeur
ajoutée............................................................................................................................. 37
4.3 La relation entre la délocalisation, les salaires et l’emploi ............................................ 41
5 Conclusions............................................................................................................................ 44
Annexe.......................................................................................................................................... 46
Bibliographie ............................................................................................................................... 50
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 5 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Résumé
Le présent document a trois objectifs principaux. Premièrement, il présente les tendances à long
terme de l’impartition et de la délocalisation dans les diverses industries au Canada.
Deuxièmement, il examine la relation entre la délocalisation et les changements aux structures
des échanges au niveau de l’industrie. Il est axé sur deux moteurs importants qui, selon certains,
alimentent les récentes tendances vers la délocalisation : la mondialisation et les changements
technologiques liés aux technologies de l’information et des communications. Troisièmement, le
document examine les répercussions économiques de la délocalisation en observant la relation
entre l’ampleur de la délocalisation et la croissance de la productivité, le passage à des activités à
grande valeur ajoutée et les changements aux marchés du travail.
Mots clés : délocalisation, productivité, emploi
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 6 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Sommaire exécutif
L’impartition consiste en un déplacement de la production à l’extérieur d’une entreprise. La
délocalisation consiste en un approvisionnement pour une partie des intrants effectué à
l’extérieur du pays.
Les décisions relatives à l’impartition affectent les frontières de l’entreprise — quelle production
s’effectue au sein de l’entreprise et qu’est-ce qui est acheté à l’extérieur de l’entreprise.
Les changements à la délocalisation ne sont pas nécessairement liés aux changements à
l’impartition. Ils comprennent des décisions concernant les achats à l’extérieur de l’entreprise et
effectués à l’étranger. Les considérations concernant le choix de faire les achats à l’étranger sont
au cœur de l’étude du commerce international.
L’intérêt pour l’impartition prend de l’importance parce qu’elle annonce peut-être des
changements à la structure industrielle. L’intérêt pour la délocalisation croît parce qu’elle
pourrait signifier des changements aux tendances du commerce international.
Le document est axé sur trois domaines.
Le document présente d’abord des données sur les tendances à long terme en matière
d’impartition et de délocalisation dans les diverses industries au Canada à l’aide des données
industrielles détaillées obtenues des tableaux des entrées-sorties de Statistique Canada. Il
cherche à trouver des preuves des changements aux tendances d’impartition ou de
délocalisation et arrive aux conclusions suivantes :
1) Même si des préoccupations concernant l’impartition de matières ont été exprimées, il y a
eu peu de changement au ratio d’intrants de matières à la production brute entre 1961 et
2003. Il y a peu d’indication à l’effet que des changements aux frontières de l’entreprise
moyenne se produisent en ce qui a trait aux achats de matières.
2) Il y a cependant une tendance vers l’impartition des services. L’impartition des services a
augmenté dans presque toutes les industries. Le taux de croissance était le plus élevé dans
les industries de services.
3) Avec la libéralisation des échanges après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une
croissance constante de la délocalisation des intrants de matières et de services. Les
industries canadiennes ont fait croître la part des achats d’intrants de matières et de
services à l’étranger. Des augmentations de la part d’intrants de matières et de services
importés s’étendent dans toutes les industries. La part des intrants de matières importée a
presque doublé et la part des intrants de services importée a presque triplé entre 1961 et
2003. La majeure partie de la délocalisation des services s’est produite dans les industries
de services.
4) Les services aux entreprises représentent la catégorie la plus importante d’intrants de
services visés par la délocalisation dans les industries au Canada, suivis des services
financiers et des services d’assurance.
5) L’augmentation de la part d’intrants de services importés dans l’ensemble des intrants de
matières et de services est liée à une augmentation de l’ampleur de l’importation et à une
augmentation de la part des intrants de services dans les intrants totaux de matières et de
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 7 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
services pour toutes les catégories principales d’intrants de services sauf pour les services
aux entreprises. L’ampleur des importations de services aux entreprises est demeurée
pratiquement inchangée avec le temps.
6) La majeure partie de la délocalisation s’effectue vers les États-Unis — il y a cependant eu
au cours de la dernière décennie une certaine augmentation vers les pays en
développement.
Deuxièmement, le document examine la relation entre la délocalisation et les changements
aux tendances des échanges à l’aide des données industrielles détaillées obtenues à partir de
la base de données KLEMS (capital, travail, énergie, matières et services) maintenue par les
Comptes de la productivité. Il est axé sur deux principaux moteurs qui, selon certains,
alimentent les récentes tendances vers la délocalisation : la mondialisation et le changement
technologique lié à l’utilisation des technologies de l’information et des communications
(TIC). Il mène aux conclusions suivantes :
1) La part des intrants intermédiaires des TIC est directement liée à la croissance de la
délocalisation des matières et des services.
2) Les résultats suggèrent que la croissance de la délocalisation des services et des matières
reflète la tendance continue de la mondialisation et de l’intégration des économies
mondiales. La délocalisation des matières reflète les deux forces de la mondialisation : les
gains issus de l’exploitation des avantages comparatifs et les gains liés à l’exploitation
des économies d’échelle dans les gammes de produits différenciés. La délocalisation des
services reflète la force des économies d’échelle et de la différenciation des biens.
Troisièmement, le document examine les répercussions économiques de la délocalisation en
observant la relation entre l’ampleur de la délocalisation et la croissance de la productivité, le
passage à des activités à plus grande valeur ajoutée et les changements aux marchés du
travail. Il mène aux conclusions suivantes :
1) La délocalisation des matières est directement proportionnelle à la croissance de la
productivité multifactorielle (PMF). Par opposition, la délocalisation des services n’est
pas liée à la croissance de la PMF. Les effets de la délocalisation des matières sur la
croissance de la productivité ont peu changé avec le temps.
2) La délocalisation des services est directement proportionnelle aux augmentations du ratio
de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires. La délocalisation des matières n’est pas liée
aux changements au ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires.
3) La délocalisation des services est directement proportionnelle à une augmentation de
l’approfondissement du capital en TIC, contrairement à la délocalisation des matières.
4) La délocalisation des services n’est pas liée aux changements à la part de travailleurs
ayant fait des études universitaires, la délocalisation des matières est liée à une
diminution de la part de travailleurs ayant fait des études universitaires.
5) Ces résultats indiquent que la délocalisation des services est liée à un passage à des
activités ayant une plus grande valeur ajoutée dans les industries au Canada. La
croissance de la délocalisation des services est directement proportionnelle à une
augmentation du ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires et à un
approfondissement du capital des hautes technologies. En comparaison, la délocalisation
des matières n’est pas liée à un passage à des activités ayant une plus grande valeur
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 8 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
ajoutée. La croissance de la délocalisation des matières n’est pas liée aux changements au
ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires ou à l’approfondissement du capital des
hautes technologies. Elle est inversement proportionnelle à la part de travailleurs ayant
fait des études universitaires au sein de l’effectif total.
6) La délocalisation des matières et des services n’a pas d’effet sur l’emploi au sein des
industries au Canada. L’effet de la délocalisation sur la croissance des salaires n’est pas
le même pour la délocalisation des matières que pour la délocalisation des services. La
délocalisation des matières n’est pas liée à la croissance des salaires. La délocalisation
des services est inversement proportionnelle à la croissance des salaires dans les
industries de service et a peu d’effet sur la croissance des salaires sur le secteur de la
production de biens.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 9 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
1 Introduction
L’impartition consiste en un déplacement d’une partie de la production à l’extérieur de
l’entreprise. La délocalisation est un déplacement d’une partie de l’approvisionnement en
intrants à l’étranger.
Si le développement économique rapide de la Chine et de l’Inde a amplifié l’intérêt récent pour
l’impartition et la délocalisation, ces deux phénomènes sont au cœur de l’économie industrielle
qui est axée sur le comportement des entreprises et de l’économie internationale qui est elle axée
sur les raisons liées aux échanges entre les nations.
Les décisions relatives à l’impartition affectent les frontières de l’entreprise —ce qui a lieu au
sein de l’entreprise et ce qui est effectué à l’extérieur de celle-ci. Les entreprises ont toujours le
choix de produire ou d’acheter les intrants dont elles ont besoin pour produire leurs produits.
Lorsqu’elles choisissent de produire elles-mêmes les intrants, elles étendent les frontières de
l’entreprise. Lorsqu’elles choisissent l’impartition des intrants, elles resserrent les frontières.
Dans le premier cas, l’entreprise devient plus intégrée; dans le deuxième cas, une désintégration
survient.
La recherche de ce qui détermine les frontières de la production d’une entreprise par opposition à
l’achat et à l’assemblage des pièces était le sujet d’un article de renom de Coase en 1937 dans
lequel il soutenait que les coûts relatifs des transactions sont au cœur de cette décision
puisque les entreprises qui internalisent la production remplacent un ensemble de marchés
externes ayant un prix relativement certain liés à des contrats sans lien de dépendance par des
marchés hautement incertains et incomplets (une convention collective) lorsqu’ils choisissent de
produire l’intrant à l’interne. Williamson (1975) a poursuivi cette analyse pour y inclure de
nombreux facteurs qui influent sur la décision d’internaliser les intrants plutôt que d’en faire
l’achat à l’extérieur de l’entreprise.
Un des éléments qui est parfois abordé est l’avantage du principe de la division du travail dans la
production interne — l’exemple d’une usine d’épingles de Adam Smith; mais, comme le
soulignait Stigler (1951), la spécialisation n’est pas toujours liée à la production interne, même
dans l’Angleterre de l’ère industrielle puisqu’elle était obtenue dans de nombreux
établissements du commerce des armes légères à Birmingham, chacun des établissements
effectuant une tâche et un assembleur montant les pièces ensemble.
La délocalisation n’est pas nécessairement liée à l’impartition. Elle comprend la décision de faire
l’achat à l’extérieur de l’entreprise et à l’étranger. Le choix de faire les achats à l’étranger est au
cœur de l’étude du commerce international.
Des décisions relatives à l’impartition ou à la production interne doivent être prises de façon
continue pendant que les entreprises expérimentent pour trouver léquilibre optimal entre
production interne et achat à l’extérieur. Au sein d’une même industrie, différentes frontières
d’entreprises (modèles d’entreprise variables) coexistent souvent. Par exemple, les entreprises du
secteur automobile diffèrent en ce qui a trait au pourcentage de pièces qui sont fabriquées par des
filiales internes, par opposition à des tierces parties. Certains transporteurs aériens effectuent la
majeure partie de l’entretien à l’interne. D’autres la font faire dans le cadre de contrats sans lien
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 10 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
de dépendance. Ce qui est la norme à un moment donné peut changer en raison de la fluctuation
des coûts et des avantages de l’impartition. Williamson souligne que les fonctions qui ne peuvent
être facilement normalisées, pour lesquelles les contrats externes sont difficiles à superviser et
coûteux lorsqu’ils sont rompus, sont souvent effectués à l’interne. Malgré cela, certains éléments
externes de ces secteurs peuvent tout de même être impartis afin de maintenir une discipline dans
le processus de production interne. Les changements au niveau d’impartition qui vont dans des
sens contraires surviennent continuellement au sein de l’économie à mesure que la technologie
change — pour rendre la production externe plus économique ou pour rendre la production
interne plus souhaitable.
L’intérêt récent pour l’impartition est lié à la notion voulant que de nouvelles forces agissent
pour changer les frontières de production des entreprises. Les progrès dans les technologies de
transport qui ont permis de réduire les coûts du transport et les nouvelles technologies de
l’information et des communications (TIC) qui permettent une plus grande coordination entre
des processus de production géographiquement éloignés sont perçus comme étant les principaux
moteurs de la désintégration des processus de production.
En même temps, la diminution des obstacles au commerce au cours des 50 dernières années a
mené à de plus nombreux échanges. Une partie de ces échanges ont mené à une plus grande
importation des intrants pour le processus de production. Cette situation est perçue comme
contribuant à davantage de délocalisation — l’approvisionnement en intrants à l’étranger.
Un exemple de situation pour laquelle les frontières de l’entreprise sont restreintes est le cas
d’une entreprise qui accroît sa participation à la chaîne d’approvisionnement qui comprend des
opérations sans lien de dépendance entre des tierces parties. À l’origine, les chaînes
d’approvisionnement étaient surtout intérieures et comprenaient des entreprises d’un même pays;
par la suite, ces chaînes d’approvisionnement sont devenues mondiales à mesure que les
entreprises tiraient profit des écarts dans les coûts de production et dans les technologies entre les
pays.
La désintégration des intrants de matières a été beaucoup plus importante que celle des intrants
de services, puisque la majorité des services sont habituellement non échangeables (Feenstra et
Hanson, 1999). Cependant, la désintégration des intrants de services et des échanges pour les
intrants de services a pris de l’importance depuis le milieu des années 1980, grâce aux progrès
des TIC. La technologie de l’information et des communications a changé de façon drastique la
capacité commerciale d’un ensemble de services axés sur l’information, ce qui a lancé une
révolution dans la capacité commerciale des services (CUNCED, 2004).
Bien que le débat entourant la question de l’impartition et de la délocalisation au Canada ait pris
de l’ampleur, peu d’études empiriques ont été menées sur leur importance et leurs incidences.
Trefler (2005) utilise des données agrégées et conclut que la délocalisation des services
représente une petite fraction de tout le commerce des biens et services, mais qu’elle a crû
beaucoup plus rapidement que la croissance du commerce des biens. Il conclut également que la
délocalisation des services au Canada est dominée par la délocalisation vers les États-Unis et les
autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 11 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Morissette et Johnson (2006) considèrent que la délocalisation des services aux entreprises n’a
pas d’effet sur l’emploi au Canada. Head et Ries (2006) sont d’avis que le commerce des
services, comme le commerce des biens, est assujetti à de fortes incidences liées à la distance et
la quantité de services disponibles à distance demeure limitée. Ils concluent également que les
coûts liés à la distance diminuent avec le temps pour certaines catégories de commerce des
services. Yan (2006) conclut que l’impartition à l’étranger a fait croître la demande pour des
travailleurs non affectés à la production comparativement à celle pour des travailleurs affectés à
la production dans le secteur de la fabrication au Canada en utilisant la régression des données de
panel sur les niveaux de parts d’emploi.
S’il y a peu d’études empiriques sur la délocalisation au Canada, il y en a une grande quantité
pour les États-Unis et d’autres pays de l’OCDE. Olsen (2006) a répertorié les études empiriques
sur les retombées de la délocalisation sur la croissance de la productivité. Il conclut qu’il n’y a
pas de modèle clair quant aux effets de la délocalisation sur la productivité. Hartzichronoglou
(2006) a examiné des études empiriques sur les retombées de la délocalisation sur les marchés du
travail et a conclu qu’elle avait peu d’effet sur l’emploi.
Ce document contribue de différentes façons aux études empiriques sur la délocalisation.
D’abord, il offre des preuves empiriques pour le Canada à partir de 1961. Deuxièmement, il
complète des études antérieures sur la délocalisation des services en incluant les industries de
services. La plupart des études empiriques antérieures sur la délocalisation des services étaient
axées sur les industries de la fabrication, en raison de l’absence de données chronologiques
constantes pour le secteur des services. Cela est malheureux puisque la majeure partie de la
délocalisation des services s’effectue dans les industries de services. Afin de combler l’écart, ce
document examine la délocalisation des services dans les secteurs de la fabrication et dans le
secteur des services. Troisièmement, ce document offre des preuves empiriques des effets de la
délocalisation sur le passage à des activités à grande valeur ajoutée. Les discussions concernant
la délocalisation des services ont été axées sur la délocalisation des services comme moyen pour
les entreprises et les industries de remonter dans la chaîne de valeur (Sako, 2006). Il y a
cependant peu de preuves empiriques quant aux effets de la délocalisation sur le passage à des
activités à grande valeur ajoutée.
Les principales données pour l’analyse empirique proviennent d’un ensemble détaillé de données
de l’industrie qui utilisent la base de données KLEMS (capital, travail, énergie, matières et
services) maintenue par les Comptes de productivité de Statistique Canada. Cette base de
données de l’industrie comprend des données chronologiques constantes sur la production brute,
l’intrant capital, l’intrant travail et les intrants intermédiaires d’énergie, de matières et de services
pour les industries selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord
(SCIAN), 1997 (Baldwin, Gu et Yan, 2007).
Pour le présent document, nous avons développé une mesure de la délocalisation par industrie
qui a été fusionnée avec la base de données KLEMS. Cette mesure représente la partie des
intrants de matières et de services qui a été importée et elle a été utilisée dans le cadre d’études
antérieures sur la délocalisation (p. ex., Feenstra et Hanson, 1996, 1999; Amiti et Wei, 2006; et
Morissette et Johnson, 2006).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 12 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
2 Tendances de la délocalisation et de l’impartition
Le terme « délocalisation » ou « impartition à l’étranger » comprend le déplacement d’un
approvisionnement à l’intérieur de l’entreprise ou de l’usine vers des fournisseurs externes d’un
pays étranger. Les conséquences de cette décision sont la réaffectation des emplois et de la
production vers un pays étranger. Le terme « impartition » comprend la délocalisation et
l’impartition au pays qui survient lorsque les fournisseurs externes se trouvent dans le même
pays. L’impartition ne signifie pas nécessairement que les emplois et la production sont déplacés
vers un autre pays (Garner, 2004)1.
L’impartition fait croître le roulement d’un système économique. Elle mène à la production par
chacune des entreprises d’une petite partie du produit final. Lorsqu’une désintégration du
processus économique survient, une entreprise achète davantage d’intrants et crée moins de
valeur ajoutée dans la chaîne de production locale.
Les tableaux des entrées-sorties liés aux Comptes nationaux produisent des estimations de la
valeur brute de la production de toutes les entreprises, de la différence entre les coûts de
production et les coûts des intrants (valeur ajoutée) et de la valeur des intrants achetés. Une
désintégration accrue ne change pas la quantité de valeur ajoutée produite dans l’ensemble des
entreprises — elle fait cependant croître la valeur des biens achetés et vendus au total. Les
industries qui sont complètement intégrées n’achètent rien et ne vendent que des produits finis.
Lorsqu’une industrie est divisée en de nombreuses entreprises qui produisent chacune seulement
une petite partie du produit total et l’envoient à l’entreprise suivante, la valeur totale des ventes
consignées dans les tableaux des entrées-sorties augmentera, tout comme le volume d’intrants
achetés, mais la valeur ajoutée totale demeurera inchangée (à moins d’une baisse de
productivité).
Les changements au niveau d’intégration dans le système économique sont alors révélés par des
changements au ratio d’intrants par rapport à la production, ou valeur ajoutée des expéditions au
niveau de l’industrie et ils seront utilisés pour la mesure de l’impartition examinée.
Pour la délocalisation, nous avons choisi la mesure suggérée par Feenstra et Hanson (1996,
1999) :
[]
achats d’intrants de biens par l’industrie *
importations de biens
.
production importations exportations
i
j
jjj
délocalisation j i
j
=
⎡⎤
⎢⎥
+−
⎢⎥
⎣⎦
Le deuxième terme entre crochets représente la part moyenne d’importation pour utilisation
intérieure entre tous les utilisateurs y compris les industries, les personnes et le secteur de
l’administration publique. Les estimations d’intrants intermédiaires importés par industrie sont
1. Il n’y a pas de définition reconnue de la délocalisation dans le débat public ou dans la documentation
économique. La définition que nous avons choisie est utilisée dans la plupart des études empiriques sur la
délocalisation (Olsen, 2006).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 13 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
fondées sur l’hypothèse voulant que la part moyenne d’importation s’applique à tous les
utilisateurs.
Cette hypothèse d’une part d’importation constante permettra une bonne estimation de
l’importance de la délocalisation pour un produit de base si le produit de base est surtout utilisé
pour une consommation intermédiaire. Cependant, la distribution de la délocalisation au sein
d’une industrie varie selon que les industries qui utilisent le produit de base ont la même
propension à l’importation. Yuskavage, Strassner et Medeiros (2006) ont comparé la distribution
au sein de l’industrie de l’estimation produite pour l’importation des services aux entreprises à
celle d’une estimation d’enquête. Les deux mesures sont très semblables lorsque les industries
sont définies au niveau agrégé.
2.1 Impartition et délocalisation dans l’ensemble du secteur des entreprises
Changements à l’impartition des matières et des services
Les intrants intermédiaires comme fraction de la production nominale brute dans le secteur des
entreprises au Canada sont présentés à la figure 1. Les intrants intermédiaires sont divisés selon
qu’il s’agisse d’intrants de matières, d’intrants de services achetés ou d’intrants d’énergie. Les
intrants de matières représentent tous les intrants de produits de base, à l’exception du carburant
(électricité, mazout, charbon, gaz naturel et autres carburants divers), mais comprennent les
intrants de carburant utilisés comme matière brute dans le processus de fabrication, comme le
pétrole brut utilisé dans l’industrie du raffinage. Les intrants de services comprennent les neuf
types d’intrants suivants : communications; finance et assurance; location immobilière; services
d’hôtellerie; services de réparation; services aux entreprises, y compris la location d’équipement,
l’ingénierie et les services techniques, et la publicité; la réparation des véhicules; les services
médicaux et d’éducation; et les achats auprès d’entreprises gouvernementales. L’intrant
d’énergie représente les différents carburants achetés pour le chauffage ou l’alimentation
électrique y compris l’électricité, le mazout, le charbon, le gaz naturel et d’autres carburants
divers.
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Figure 1
Part des intrants intermédiaires dans la production brute du secteur des entreprises
0
10
20
30
40
50
60
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
pourcentage
Services Matières Énergie Intrants intermédiaires
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
La part des intrants intermédiaires dans le secteur des entreprises au Canada montre une légère
croissance avec le temps. Les intrants intermédiaires comptaient pour 48,5 % de la production
brute en 1961. En 2003, ils comptaient pour 52,0 %. Cela représente une augmentation de
3,5 points de pourcentage entre 1961 et 2003.
Les intrants de services achetés comme fraction de la production brute ont connu une forte
croissance pendant la période. Ils sont passés de 10,9 % en 1961 à 20,9 % en 2003 — une
augmentation de 10,0 points de pourcentage pendant la période.
La part des services achetés a augmenté dans presque toutes les industries, sauf le secteur des
activités diverses de fabrication (voir le tableau A.1 en annexe). Les industries qui ont connu la
plus forte croissance se trouvent surtout parmi les industries de services.
Pour déterminer si la part des services achetés a crû en raison d’un changement dans la
composition de l’industrie, nous avons décomposé le changement total en deux composantes : la
première pour les changements à la part d’intrants de services qui s’effectuent au sein des
industries, en maintenant la composition de l’industrie constante et l’autre pour les changements
à la composition de l’industrie (tableau 1). Les résultats montrent que l’augmentation de la part
d’intrants de services au sein des industries comptait pour une augmentation de 7,8 points de
pourcentage ou 78 % du changement dans la part agrégée des intrants de services dans la
production. Les 2,2 points de pourcentage de changement restant proviennent d’une modification
à la composition de l’industrie pour la production brute vers les industries de services ayant une
part relativement élevée d’intrants de services.
Les intrants de matières, comme fraction de la production brute dans l’ensemble du secteur des
entreprises, ont diminué avec le temps — passant de 34,6 % en 1961 à 27,6 % en 2003. La
diminution de 7,9 points de pourcentage a surtout été causée par un changement dans la
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composition des extrants pour les industries de services ayant une part d’intrants de matières
faible (comme le montre le tableau 1). La contribution au sein de l’industrie aux changements à
la part agrégée des intrants de matières était faible. Cela indique qu’il y avait peu de
changements dans la part des intrants de matières de la production brute au niveau de l’industrie
(voir le tableau A.2 en annexe qui le confirme).
Tableau 1
Ventilation des résultats pour les changements dans la part d’intrants intermédiaires de la
production brute dans l’ensemble du secteur des entreprises, 1961 à 2003
Changement total Intra-industrie Inter-industries
pourcentage
Part des intrants intermédiaires dans la
production brute
3,44 7,34 -3,90
Part des matières dans la production brute -7,07 -1,42 -5,66
Part des services dans la production brute 10,03 7,79 2,24
Part de l’énergie dans la production brute 0,48 0,97 -0,49
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Le coût des intrants d’énergie représentait une petite part de la production brute dans l’ensemble
du secteur des entreprises. Il a crû de 1961 au début des années 1980, puis a diminué par la suite.
Entre 1961 et 2002, la part des intrants d’énergie au sein de la production brute est passée de
3,0 % à 3,5 %. L’augmentation de la part d’intrants d’énergie agrégée est liée à des
augmentations au niveau de l’industrie.
En résumé, même si des préoccupations concernant l’impartition des matières ont été soulevées,
il y a eu peu de changement au ratio des intrants de matières dans la production brute dans
l’ensemble des industries au Canada entre 1961 et 2003. Peu d’éléments indiquent que des
changements aux frontières de l’entreprise moyenne surviennent en ce qui a trait aux achats de
matières.
Il y a cependant une tendance vers l’impartition des services. L’impartition des services a connu
une forte croissance dans l’ensemble des industries au Canada. Entre 1961 et 2003, la part de
services achetés au sein de la production brute a doublé.
Changements à la délocalisation des matières et des services
Les tendances liées à la part d’importation des intrants de matières et de services dans l’ensemble
du secteur des entreprises sont présentées à la figure 2. Avec la libération des échanges qui a
suivi la Seconde Guerre mondiale, il y a eu une croissance constante de la délocalisation des
intrants de matières et de services avec le temps. Les industries canadiennes ont acheté une partie
de plus en plus importante des intrants de matières et de services à l’étranger. La part
d’importations dans les intrants de matières et de services totaux est passée de 16,2 % à 24,9 %
entre 1961 et 20032.
2. Il y a eu une diminution de la part d’intrants de matières importées depuis la fin des années 1990, probablement
en raison de l’appréciation du dollar canadien qui a rendu les importations vers le Canada plus coûteuses.
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Figure 2
Part d’intrants de services et de matières importés dans le secteur des entreprises,
1961 à 2003
0
10
20
30
40
50
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
pourcentage
Matières Services Matières et services
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
La part des importations pour les intrants intermédiaires peut être divisée en deux composantes.
La première composante reflète l’effet des changements à la part des importations d’intrants
intermédiaires au niveau de l’industrie, en gardant constante la distribution des intrants
intermédiaires au sein de l’industrie. Elle est positive s’il y a une augmentation de la part des
importations des intrants intermédiaires au niveau de l’industrie. La deuxième composante
représente l’effet des changements à la composition de l’industrie des intrants intermédiaires, en
gardant constante la part des importations d’intrants intermédiaires au niveau de l’industrie. Elle
est positive s’il y a un changement dans la part d’intrants intermédiaires pour les industries ayant
une part d’intrants intermédiaires importés relativement élevée3.
Les résultats du tableau 2 montrent que l’augmentation de la part des importations dans les
intrants intermédiaires de l’ensemble du secteur des entreprises est entièrement liée à une
augmentation de la part des importations des intrants intermédiaires au niveau de l’industrie
entre 1961 et 2003. De l’augmentation de 8,8 points de pourcentage dans la part des importations
des intrants de matières et de services totaux pendant la période, l’augmentation de la part des
importations des intrants intermédiaires au sein des industries comptait pour 9,5 points de
pourcentage (tableau 2). Le changement à la composition de l’industrie apportait une petite
contribution et une contribution négative à l’ensemble des changements.
3. Il s’agit de l’analyse « shift-share » habituelle.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 17 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 2
Ventilation des résultats pour les changements de la part des importations des intrants
intermédiaires dans l’ensemble du secteur des entreprises, 1961 à 2003
Changement
total
Intra-industrie Inter-industries
Part des importations dans l’ensemble des intrants
intermédiaires qui ne sont pas liés à l’énergie
8,67 9,48 -0,80
Part des importations des intrants de matières 6,02 7,33 -1,31
Part des importations des intrants de services 2,65 2,14 0,51
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Il y a eu une augmentation des parts d’importations pour les intrants de matières et de services.
La part des importations des intrants de matières a presque doublé et celle des intrants de
services a presque triplé entre 1961 et 2003. Pendant cette période, la part des importations est
passée de 20,5 % à 38,0 % pour les intrants de matières et celle des intrants de services est
passée de 2,6 % à 7,6 %.
Entre 1961 et 2003, la part des importations des intrants de matières et celle des intrants de
services ont toutes deux augmenté dans presque toutes les industries (tableaux A.1 et A.2 en
annexe). La part d’importation des intrants de matières a augmenté en moyenne de 17,5 points de
pourcentage et celle des intrants de services a augmenté de 5,0 points de pourcentage.
La majeure partie des activités de délocalisation concerne les intrants de matières. Le niveau de
délocalisation des services est encore relativement bas comparativement à celui des matières. En
2003, les importations d’intrants de services représentaient environ 15 % des importations
d’intrants de matières (figure 3). La délocalisation des services croît cependant beaucoup plus
rapidement que celle des matières. Entre 1961 et 2003, les importations d’intrants de services ont
augmenté de 11,9 % par année, les importations d’intrants de matières ont quand à elles
augmenté de 8,8 % par année.
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Figure 3
Ratio d’importations des intrants de services par rapport aux importations
d’intrants de matières dans le secteur des entreprises
0,00
0,04
0,08
0,12
0,16
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Types de services visés par la délocalisation
Les tendances en matière de délocalisation des services depuis 1961 par types d’intrants de
services sont présentées à la figure 4. La délocalisation des services est calculée en tant que part
des services importés pour l’ensemble des intrants de matières et de services.
Nous avons divisé les intrants de services en cinq catégories principales plus une catégorie pour
les autres services. Les quatre catégories sont : services aux entreprises (sauf les logiciels et les
services informatiques); services financiers; services d’assurance; communications; logiciels et
services informatiques. Les services aux entreprises comprennent : (1) services d’ingénierie,
scientifiques, de comptabilité et services juridiques; (2) logiciels et services informatiques;
(3) services de publicité; (4) autres services aux entreprises. Les services financiers comprennent
d’autres services d’intermédiation financière et des services immobiliers, ainsi que les frais de
services imputés, les banques et les autres intermédiaires financiers de dépôts.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 19 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Figure 4
Importations des services dans l’ensemble des intrants de matières et de services
selon le type dans le secteur des entreprises
0,0
0,4
0,8
1,2
1,6
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
pourcentage
Communications Services financiers
Assurances Services aux entreprises
Logiciels et services informatiques Autres intrants de services
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
La figure 4 montre que la délocalisation des services a augmenté dans les cinq catégories
d’intrants de services entre 1961 et 2003. La part des services aux entreprises importés dans
l’ensemble des intrants de matières et de services est passée de 0,3 % à 1,3 % pendant la période
(figure 4). La part des services financiers importés est passée de 0,1 % des intrants totaux non
liés à l’énergie à 0,8 %. La part a également augmenté pour les services d’assurance, les
communications, les logiciels et les services informatiques, mais l’augmentation était beaucoup
plus faible.
L’augmentation de la part des intrants de services importés dans l’ensemble des intrants de
matières et de services est liée à une augmentation de l’ampleur des importations et à une
augmentation de la part des intrants de services dans l’ensemble des intrants de matières et de
services pour toutes les catégories principales d’intrants de services, sauf les services aux
entreprises4. L’ampleur des importations des services aux entreprises est demeurée pratiquement
inchangée avec le temps (tableau 3).
Comme le montre la figure 4, les services aux entreprises représentent la catégorie la plus
importante d’intrants de services délocalisés par les industries canadiennes, suivis des services
financiers et des services d’assurance. La délocalisation des communications, des logiciels et des
services informatiques est moins importante.
4. Les changements à la part de services importés au sein des intrants totaux peuvent être divisés en deux
composantes. La première composante est l’effet des changements de l’ampleur des importations, qui est calculé
en multipliant les changements à la part des importations des intrants de services par la part moyenne d’intrants
de services au sein des intrants totaux. La deuxième composante représente l’effet des changements à la part des
intrants de services au sein des intrants totaux, calculé en multipliant les changements à la part d’intrants de
services au sein des intrants totaux par la part moyenne des importations des intrants de services.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 20 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 3
Changements à la part des intrants de services importés au sein des intrants de matières et
de services totaux dans le secteur des entreprises, 1961 à 2003
Changements
totaux
Changements à la
part d’importation
des intrants de
services
Changements à la part des
intrants de services au sein
des intrants de matières et
de services totaux
Part des importations dans les intrants de
services suivants au sein des intrants de
matières et de services totaux
pourcentage
Communications 0,10 0,08 0,01
Services financiers 0,70 0,23 0,46
Services d’assurance 0,31 0,29 0,02
Services aux entreprises 0,99 -0,17 1,16
Logiciels et services informatiques 0,11 0,06 0,05
Autres intrants de services 0,45 0,42 0,03
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Même si le niveau général de délocalisation des services pour les industries canadiennes est
toujours assez faible, le recours à cette pratique a pris beaucoup d’importance pour les services
aux entreprises (sauf pour les logiciels et les services informatiques), les services financiers et les
services d’assurance (figure 5). Entre 2000 et 2003, 12,2 % des intrants de services aux
entreprises ont été importés de pays étrangers et 17,7 % des services d’assurance et 9,6 % des
services financiers ont été importés de l’étranger.
Figure 5
Ampleur de l’importation selon le type d’intrants de services dans le secteur des
entreprises, 1961 à 2003
0
5
10
15
20
25
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
Communications Services financiers
Assurances Services aux entreprises
Logiciels et services informatiques Autres intrants de services
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 21 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Le tableau 4 comprend les 15 principales catégories d’intrants de services ayant les plus grandes
importations selon l’agrégation détaillée des produits de base donnée dans les tableaux des
entrées-sorties. Différents types de services aux entreprises font partie des 10 principales
catégories d’intrants de services ayant la plus grande valeur en dollars d’importations. En 2003,
les industries canadiennes ont effectué la délocalisation de 7,3 milliards de dollars en services
aux entreprises, ce qui comptait pour 25,7 % des importations totales d’intrants de services. La
délocalisation des services d’ingénierie, scientifiques, de comptabilité et services juridiques
comptait pour 4,0 milliards de dollars en 2003 et pour 14,0 % des importations totales de
services. La délocalisation des logiciels et des services informatiques et celle des services de
publicité était faible.
Tableau 4
Importations et exportations des services1, 2003
Types de produits Importations des
services en tant
qu’intrants
Part des
importations
d’intrants de
services
Importations
des services
pour des
intrants et
demande finale
Exportations des
services pour
des intrants et
demande finale
millions de $ pourcentage millions de $ millions de $
Autres services aux entreprises et aux
personnes
7 294 25,74 8 493 11 057
Autres intermédiaires financiers et
services immobiliers (autres que
location)
6 789 23,96 10 472 4 129
Services d’ingénierie, scientifiques, de
comptabilité et services juridiques
3 954 13,95 4 645 4 197
Services d’assurance 2 894 10,22 6 900 4 809
Développement de logiciels, services
informatiques et location
940 3,32 1 692 5 030
Services cinématographiques, services
audio et vidéo
845 2,98 1 160 1 113
Téléphone et autres
télécommunications
752 2,65 1 367 1 443
Location, matériel d’enregistrement et
vidéo, autre matériel et outillage
722 2,55 1 065 494
Transport aérien 680 2,40 3 935 2 992
Transport par camion 608 2,14 1 832 3 345
Services postaux 582 2,05 824 916
Frais de services implicites, banques
et autres intermédiaires financiers de
dépôts
336 1,19 844 1 569
Location d’automobiles et de camions 295 1,04 404 522
Transport par eau 225 0,79 499 1 217
Services de réparation de machines et
de matériel
193 0,68 351 1 599
Tous les autres services 1 227 4,33 17 413 14 665
Total 28 335 100,0 61 894 59 096
1. Classées selon la taille des importations des intrants de services.
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 22 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Le secteur des entreprises a effectué la délocalisation de 7,1 milliards de dollars pour des
services financiers en 2003, ce qui représentait 25,3 % des services totaux.
La délocalisation des services d’assurance comptait pour 2,9 milliards de dollars en 2003.
Ensemble, les services aux entreprises, les services financiers et les services d’assurance
comptaient pour 78,5 % des services délocalisés par des industries canadiennes.
Le tableau 4 comprend également les importations et exportations totales par catégories de
services, qui comprennent les importations et exportations totales par des personnes, le secteur
des entreprises et le secteur non commercial. Lorsque les intrants de services importés sont
importants en relation aux importations totales, il y a peu de consommation finale. Il est évident
que la majorité des importations de services aux entreprises (lignes 1, 2, 3 et 5) servent à une
consommation intermédiaire par les industries du secteur des entreprises. Seule une petite
portion des importations de services aux entreprises servait à une consommation personnelle ou à
un consommation intermédiaire par le secteur non commercial. Environ 55 % des importations
totales des services financiers et des services d’assurance servaient à des intrants intermédiaires
(délocalisation).
Délocalisation des services par des partenaires commerciaux
La distribution des importations des services commerciaux par des partenaires commerciaux est
présentée au tableau 5. Les importations de services commerciaux comprennent ceux servant à
des intrants intermédiaires (ou délocalisation des services), ainsi que ceux servant à la
consommation par des personnes et par le gouvernement. Comme la plupart des importations de
services commerciaux sont utilisées pour des intrants intermédiaires dans le secteur des
entreprises, leur ventilation selon les partenaires commerciaux sert d’indicateur raisonnable des
principaux fournisseurs de délocalisation des services au Canada.
Tableau 5
La part des importations de services par partenaires commerciaux
1973 1990 2006
Part des importations de services provenant de pourcentage
États-Unis 78,00 72,37 68,10
Royaume-Uni 7,54 6,70 3,96
Pays étrangers autres que les États-Unis et le Royaume-Uni 14,53 20,93 27,94
Autres pays de l’Union européenne 5,00 5,70 8,03
Japon 1,51 1,52 6,47
Autres pays de l’OCDE1 2,19 3,31 2,56
Tous les autres pays 5,96 10,39 10,88
1. Organisation de coopération et de développement économiques.
Notes : Les autres pays de l’Union européenne comprennent la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, la Grèce,
l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne; et à partir de janvier 1995, l’Autriche, la Finlande et la
Suède. Les autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques comprennent l’Australie, l’Islande, la
Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suisse, la Turquie; à partir de juillet 1994, le Mexique; à partir de décembre 1995, la
République tchèque; et à partir de mai 1996, la Hongrie.
Source : Statistique Canada, Balance des paiements.
La majeure partie de la délocalisation des services au Canada s’effectue vers les États-Unis et les
autres pays où les salaires sont élevés. La délocalisation des services vers les pays où les salaires
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 23 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
sont peu élevés représente une petite partie de la délocalisation des services au Canada, mais elle
a augmenté avec le temps. La part des importations de services commerciaux provenant de pays
qui ne font pas partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) ou de l’Europe, ce qui comprend la Chine et l’Inde et d’autres pays où les salaires sont
peu élevés, est passée de 6,0 % en 1973 à 10,9 % en 2003.
Pour la période de 1990 à 2005, la part des importations de services provenant des pays où les
salaires sont peu élevés est demeurée pratiquement inchangée. Il s’agit d’un net contraste avec
les importations de matières provenant des pays où les salaires sont peu élevés. Au cours des 15
dernières années, la part des importations des matières provenant des pays où les salaires sont
peu élevés a augmenté de façon spectaculaire (Goldfarb et Beckman, 2007).
2.2 Impartition et délocalisation au niveau de l’industrie
Dans cette section, nous présenterons les tendances d’impartition et de délocalisation au niveau
de l’industrie. Pour le faire, nous avons divisé le secteur des entreprises en trois secteurs
principaux : deux secteurs concernant la production des biens (secteur de la transformation et de
la construction et secteur de la fabrication), et les secteurs producteurs de services.
Tendance de l’impartition dans les principaux secteurs
Les tendances d’impartition des intrants de matières et de services sont présentées au tableau 6.
Pour voir si la tendance allait changer avec le temps, nous avons divisé la période de 1961 à
2003 en deux périodes de durée égale : 1961 à 1982 et 1982 à 2003.
Tableau 6
Part des intrants intermédiaires en pourcentage de la production brute selon les principaux
secteurs, 1961, 1982 et 2003
1961 1982 2003 Changement
1961 à 1982
Changement
1982 à 2003
Intrants intermédiaires totaux non liés à l’énergie
Transformation et construction 43,17 40,14 44,20 -3,03 4,06
Fabrication 61,26 67,42 65,95 6,15 -1,47
Secteur producteur de services 28,96 30,49 37,99 1,54 7,49
Impartition des services
Transformation et construction 6,43 9,85 13,02 3,42 3,17
Fabrication 7,18 7,88 10,41 0,71 2,53
Secteur producteur de services 18,09 22,54 31,51 4,45 8,97
Impartition des matières
Transformation et construction 36,73 30,29 31,18 -6,45 0,89
Fabrication 54,09 59,53 55,54 5,44 -3,99
Secteur producteur de services 10,87 7,95 6,47 -2,91 -1,48
Addenda – Part des services dans les intrants non liés à l’énergie (pourcentage)
Transformation et construction 14,91 24,55 29,46 9,64 4,91
Fabrication 11,71 11,69 15,78 -0,02 4,09
Secteur producteur de services 62,48 73,92 82,96 11,45 9,03
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
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La part des intrants de matières et de services au sein de la production brute était la plus élevée
dans le secteur de la fabrication et la plus faible dans le secteur des services. En 2003, le coût des
intrants de matières et de services comptait pour 66,0 % de la production brute dans le secteur de
la fabrication. Il comptait pour 38,0 % de la production brute dans le secteur des services.
Cependant, le secteur des services a connu la plus forte croissance de l’ampleur des intrants
intermédiaires non liés à l’énergie avec le temps. De plus, la croissance s’est accélérée avec le
temps. Entre 1961 et 2003, la part d’intrants de matières et de services est passée de 29,0 % à
38,0 %, ce qui représente une augmentation de 9,0 points de pourcentage. La majeure partie de la
croissance des intrants intermédiaires non liés à l’énergie est survenue dans la deuxième moitié
de la période. Les changements à la technologie ou les changements aux types de produits requis
pour la production de sorties dans le secteur des services a mené à des changements plus
radicaux dans la nature des frontières de l’entreprise du secteur des services.
La composition des intrants intermédiaires non liés à l’énergie varie selon l’industrie. Dans le
secteur des services, la majeure partie des intrants intermédiaires non liés à l’énergie représente
les coûts d’achat de services. En comparaison, la majorité des intrants intermédiaires non liés à
l’énergie pour le secteur des biens provient des intrants de matières. Les services achetés
comptaient pour 83,0 % des intrants totaux non liés à l’énergie dans le secteur des services en
2003. Ils comptaient pour 29,5 % des intrants totaux non liés à l’énergie du secteur de la
transformation et de la construction et pour 15,8 % du secteur de la fabrication.
Il y a eu une augmentation constante de la part des intrants de services dans les secteurs des biens
et des services. La part des intrants de services au sein des intrants totaux non liés à l’énergie est
passée de 62,5 % à 83,0 % dans le secteur des services entre 1961 et 2003. Elle est passée de
14,9 % à 29,5 % dans le secteur de la transformation et de la construction pendant la même
période.
La part des intrants de services au sein des intrants totaux non liés à l’énergie est passée de
11,7 % à 15,8 % dans le secteur de la fabrication. La majeure partie de l’augmentation est
survenue après le début des années 1980. Depuis le début des années 1980, les entreprises de
fabrication ont imparti de plus en plus les activités de services moins efficientes afin d’axer leurs
efforts sur leurs compétences principales (Siegel et Griliches, 1992; Fixler et Siegel, 1999).
Tendances en matière de délocalisation dans les principaux secteurs
Les tendances de la délocalisation sont présentées au tableau 7 pour les trois principaux
secteurs : transformation et construction; fabrication; services. La délocalisation des services
s’effectue surtout dans les secteurs des services et elle a crû le plus rapidement pour le secteur
des services (figure 6). En 2003, la délocalisation des services dans le secteur des services
comptait pour 70 % de la délocalisation totale des services au Canada (tableau 8).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 25 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 7
Part des importations en pourcentage des intrants intermédiaires selon les principaux
secteurs, 1961, 1982 et 2003
1961 1982 2003 Changement
1961 à 1982
Changement
1982 à 2003
Intrants intermédiaires totaux non liés à l’énergie
Transformation et construction 13,39 13,81 20,25 0,43 6,44
Fabrication 22,09 28,05 38,85 5,97 10,80
Secteur producteur de services 4,80 7,83 10,19 3,03 2,36
Impartition des services
Transformation et construction 0,58 2,12 2,44 1,54 0,32
Fabrication 0,22 0,56 1,20 0,34 0,64
Secteur producteur de services 1,58 3,74 6,17 2,15 2,43
Impartition des matières
Transformation et construction 12,81 11,69 17,82 -1,12 6,13
Fabrication 21,86 27,49 37,65 5,63 10,17
Secteur producteur de services 3,21 4,09 4,02 0,88 -0,07
Addenda – Part des services dans les intrants non liés à l’énergie (pourcentage)
Transformation et construction 4,33 15,37 12,04 11,04 -3,33
Fabrication 1,02 2,01 3,09 0,99 1,08
Secteur producteur de services 33,01 47,74 60,54 14,72 12,80
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
La délocalisation des matières est la plus importante dans le secteur producteur de biens et elle a
crû le plus rapidement dans le secteur des biens (figure 7). En 2003, les intrants de matières
importées pour le secteur des services comptaient pour environ 7 % des importations totales
d’intrants de matières (tableau 8). Le niveau faible de délocalisation des matières dans le secteur
des services est lié à une petite part d’intrants de matières dans le secteur des services5.
Tableau 8
Ventilation au sein de l’industrie des importations d’intrants de services et d’intrants de
matières (en pourcentage), 1961, 1985 et 2003
1961 1985 2003
Délocalisation des services
Transformation et construction 21,7 22,4 13,6
Fabrication 20,0 16,9 16,5
Secteur producteur de services 58,3 60,6 69,9
Délocalisation des matières
Transformation et construction 18,8 14,1 15,0
Fabrication 76,5 80,1 78,2
Secteur producteur de services 4,6 5,8 6,9
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
5. L’ampleur des importations (part des services importés dans l’ensemble des intrants de services) est la même
pour les secteurs de la fabrication et des services.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 26 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Figure 6
Part de services importés dans l’ensemble des intrants de matières et de services
selon le secteur, 1961 à 2003
0
2
4
6
8
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
pourcentage
Transformation et construction Fabrication Secteur producteur de services
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Figure 7
Part des intrants de matières importées dans l’ensemble des intrants de matières
et de services selon le secteur, 1961 à 2003
0
10
20
30
40
50
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004
pourcentage
Transformation et construction Fabrication Secteur producteur de services
Note : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 27 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
3 Déterminants de la délocalisation
Des études antérieures ont cerné les deux principaux déterminants de la croissance de la
délocalisation : les progrès de la technologie de l’information et des communications (TIC) et
l’intégration et la mondialisation continues des processus de production (Bartel, Lach et
Sicherman, 2006; Garner, 2004; et Trefler, 2005).
Les technologies de l’information ont changé la nature du processus de production. Par exemple,
des réductions des coûts de télécommunications ont permis que des centres d’appels soient créés
loin des centres de production et de marketing pour les entreprises de l’Amérique du Nord.
Cependant, les TIC ont également changé le coût de la coordination et elles ont peut-être changé
l’équilibre entre la production interne et externe. Enfin, les nouvelles TIC ont peut-être
elles-mêmes créé la nécessité de spécialistes externes pour la production de nouveaux produits
finals plus élaborés — des spécialistes de services à l’extérieur de l’entreprise qui doivent être
embauchés de façon ponctuelle pour la conception de produits ou de systèmes.
Pour examiner la relation entre la mondialisation, l’utilisation des TIC et la délocalisation des
intrants de matières et de services au Canada, nous estimons la régression suivante sur un
échantillon d’industries :
12it o it it t t i i it
dél échanges TIC D D
α
ααδδε
Δ=+Δ +Δ + + +,
Δ indique la différence première entre les périodes, it
dél représente l’ampleur de la
délocalisation dans l’industrie i pour la période t, échanges mesure l’ouverture des échanges,
it
TIC représente l’ampleur des TIC et i
D
et t
D
forment un jeu de variables nominales pour les
effets fixes de l’industrie et de la période.
Nous reprenons l’exemple de la plupart des études sur la délocalisation et définissons la variable
de la délocalisation dél comme étant le ratio des importations au sein des coûts des intrants
totaux de matières et de services (Amiti et Wei, 2005; Görg et Hanley, 2005 et 2003). Pour
examiner si les effets de l’intégration des échanges et des TIC sur la délocalisation varient entre
les intrants de services et de matières, nous estimons deux régressions différentes, une pour la
délocalisation des services et l’autre pour la délocalisation des matières. La délocalisation des
services est définie comme étant la part des importations des intrants de services totaux. De
même, la délocalisation des matières est définie comme étant la part des importations des intrants
de matières totaux.
Nous utilisons deux indices distincts qui, ensemble, indiquent le degré d’ouverture des échanges,
parce que nous sommes intéressés aux effets des changements aux échanges qui surviennent au
sein des industries (ou le commerce intrasectoriel) et au commerce entre les industries
(commerce intersectoriel).
La mesure de l’ampleur du commerce intrasectoriel utilisée est celle suggérée par Grubel et
Lloyd (1975). Pour une industrie i ayant des importations Xi, des importations Mi et une
production brute Yi, l’indice est I = [(Xi+Mi) |Xi Mi|]/Yi. Il s’agit du ratio du commerce
intrasectoriel par rapport à la production nominale brute.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 28 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
La mesure de l’ampleur du commerce intersectoriel est le ratio de la différence entre l’ampleur
du commerce total (exportations et importations) — (Xi+Mi)/Yi — et l’ampleur du commerce
intrasectoriel.
Les causes du commerce intrasectoriel seraient différentes de celles du commerce intersectoriel.
La variable du commerce intersectoriel reflète la force des avantages comparatifs liés à une
différence d’inclusion des facteurs et des technologies. Les pays participent à du commerce
intersectoriel pour tirer profit des avantages comparatifs. En comparaison, le commerce
intrasectoriel reflète la force des économies d’échelle et de la différenciation des produits au sein
des industries. Le commerce intrasectoriel ou le commerce de produits différenciés survient pour
tirer profit des avantages des économies d’échelle et de la spécialisation au sein des différentes
gammes de produits d’industries en particulier.
L’ampleur des TIC est mesurée de deux façons. D’abord, nous utilisons la part des intrants
intermédiaires des TIC au sein des intrants intermédiaires totaux; ensuite, nous utilisons la part
des investissements des TIC au sein du total des investissements. Les intrants intermédiaires des
TIC comprennent surtout les services informatiques, les semi-conducteurs et les autres
composantes électroniques utilisées comme intrants intermédiaires (voir le tableau A.3 en
annexe). L’investissement en TIC comprend les investissements pour des ordinateurs, de
l’équipement de télécommunication et des logiciels. Bien que la majorité des études qui
s’intéressent aux TIC soient axées sur l’investissement en TIC, Beckstead, Burrows et Gellatly
(2007) soulignent que l’ampleur de la consommation des intrants intermédiaires n’est pas en
relation parfaite avec les investissements en TIC. L’ampleur de consommation de ces intrants
peut déterminer l’étendue des possibilités de remplacement pour la délocalisation de la
production.
Pour l’estimation de l’équation de régression, nous avons divisé la période de 1961 à 2002 en
huit périodes de même durée. Ces huit périodes comprennent sept périodes de cinq ans et une
période de sept ans. La dernière période couvre les sept années allant de 1996 à 2003. Pour toute
l’analyse empirique du présent document, nous avons choisi une caractéristique de « différence
longue ». Les données obtenues pour une différence courte comme une différence annuelle
risquent davantage d’être sujettes à des erreurs de mesure. De plus, la caractéristique de courte
différence ne saisit pas les effets retardés à moins que des variables indépendantes retardées
soient introduites à la caractéristique.
Dans toutes les caractéristiques, nous avons inclus les effets fixes de période et les effets fixes
d’industrie. Les effets fixes de période offrent un contrôle pour tous les effets de variation du
temps non observés communs à toutes les industries. Les effets fixes d’industrie offrent un
contrôle pour toutes les caractéristiques de l’industrie non observées qui peuvent avoir des
incidences sur la délocalisation, l’utilisation des TIC et l’ouverture des échanges en même temps.
Par exemple, certaines industries à forte croissance investissent plus dans les TIC, font plus
d’échanges de biens et services et délocalisent plus d’intrants vers d’autres pays6.
L’échantillon consiste en 88 industries du secteur des entreprises de 1961 et 2003. Les
statistiques sommaires des principales variables sont présentées au tableau A.4 en annexe.
6. Nous avons estimé la régression sans effets fixes de l’industrie. Les résultats sont semblables.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 29 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Les résultats qui utilisent les moindres carrés ordinaires sont présentés au tableau 9. La part des
intrants intermédiaires de TIC est directement proportionnelle à la croissance de la délocalisation
des matières et des services. La corrélation est statistiquement significative au niveau de 5 %. En
comparaison, la part des investissements en TIC n’est pas liée à la croissance des activités de
délocalisation dans les industries canadiennes. C’est le processus de production qui est lié aux
proportions de facteurs intermédiaires plutôt que l’intensité du capital qui est plutôt liée aux
changements de délocalisation au niveau de l’industrie.
Tableau 9
Résultats de la régression sur les déterminants de la délocalisation
(1) (2) (3)
Ouverture des échanges 0,285 ... ...
(7,43) ** ... ...
Commerce intrasectoriel ... 0,203 0,205
... (4,95) ** (4,97) **
Commerce intersectoriel ... 0,37 0,37
... (7,16) ** (7,17) **
Intrants intermédiaires des TIC1 0,700 0,712 0,706
(3,98) ** (4,04) ** (3,95) **
Investissement en TIC ... ... -0,040
... ... (1,00)
Observations 613 613 613
R2 0,37 0,38 0,38
... n’ayant pas lieu de figurer
** significatif au niveau de 1 %
1. Technologies de l’information et des communications.
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
L’ouverture des échanges est une source importante de croissance de la délocalisation.
L’augmentation d’un point de pourcentage du ratio commerce-production est liée à une
augmentation de 0,3 point de pourcentage du ratio d’importations en fonction des intrants de
matières et de services totaux.
Lorsque nous séparons les échanges en fonction du commerce intrasectoriel et du commerce
intersectoriel, nous pouvons voir que ces deux types de commerce sont directement
proportionnels à la délocalisation. Les effets du commerce intrasectoriel sur la délocalisation
sont cependant deux fois plus importants que ceux du commerce intersectoriel. Cela indique que
la délocalisation reflète grandement la force des économies d’échelle et des gains liés à la
spécialisation des produits qui découlent d’un commerce intrasectoriel croissant.
Dans le tableau 10, nous examinons les déterminants de la délocalisation des services et des
matières de façon distincte. Les augmentations du commerce intrasectoriel représentent la
principale source de croissance de la délocalisation tant pour les intrants de matières que pour les
intrants de services. La croissance du commerce intersectoriel est liée à la croissance de la
délocalisation des matières, mais elle n’est pas liée à la délocalisation des services.
L’augmentation de l’ouverture des échanges et les tendances de la mondialisation ont un effet
plus important sur la délocalisation des matières que sur la délocalisation des services.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 30 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 10
Résultats de la régression sur les déterminants de la délocalisation des matières et des
services
Variable dépendante Délocalisation
des services
Délocalisation
des services
Délocalisation
des matières
Délocalisation
des matières
Commerce intrasectoriel 0,015 0,014 0,355 0,356
(2,50) * (2,38) * (6,85) ** (6,88) **
Commerce intersectoriel -0,003 -0,004 0,207 0,207
(0,55) (0,59) (5,15) ** (5,14) **
Intrants intermédiaires des TIC1 0,042 0,062 0,67 0,649
(1,60) (2,07) * (3,89) ** (3,45) **
Intrants intermédiaires des TIC × variables
fictives du secteur des biens
...
...
-0,101
(1,39)
...
...
0,107
(0,23)
Observations 613 613 613 613
R2 0,39 0,39 0,35 0,35
... n’ayant pas lieu de figurer
* significatif au niveau de 5 %
** significatif au niveau de 1 %
1. Technologies de l’information et des communications.
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
L’intrant intermédiaire des TIC est étroitement lié à la délocalisation des services et il est plus
important pour la croissance de la délocalisation des services dans le secteur producteur de
services que dans le secteur producteur de biens. Les données montrent également que l’intrant
intermédiaire des TIC est étroitement lié à la délocalisation des matières et qu’il tend à être plus
important pour la croissance de la délocalisation des matières dans le secteur producteur de biens
que dans le secteur producteur de services.
Pour résumer, les résultats suggèrent que la croissance de la délocalisation des services et des
matières reflète la tendance continue vers la mondialisation et l’intégration du processus de
production des économies mondiales. La délocalisation des matières reflète les deux forces de la
mondialisation : les gains liés aux avantages comparatifs et les gains liés aux économies
d’échelle dans les gammes de produits différenciés. La délocalisation des services reflète la force
des économies d’échelle et de la différenciation des produits.
Une des formes d’avantages comparatifs est la diminution des coûts de production et des coûts
liés au salaire dans les pays étrangers. Nos résultats suggèrent que les faibles coûts de production
et les faibles coûts liés au salaire dans les pays étrangers sont une source importante de la
croissance de la délocalisation des services. Ils suggèrent cependant également que la force des
économies d’échelle est également importante dans la délocalisation des services pour les
industries de services du Canada, un élément souvent négligé dans les récentes discussions
concernant la délocalisation des services.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 31 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
4 Répercussions économiques de la délocalisation
Dans cette section, nous examinons les répercussions de la délocalisation sur le rendement
économique. Nous axons notre examen sur les répercussions de la délocalisation sur la
croissance de la productivité, le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée et les
marchés du travail.
Des études antérieures ont examiné les répercussions de la délocalisation sur les marchés du
travail (Feenstra et Hanson, 2001 pour examen). Les données pour les États-Unis suggèrent que
la délocalisation a fait croître la demande pour des travailleurs plus qualifiés. Cependant, il n’y a
pas de consensus quant à l’ampleur des répercussions de la délocalisation. Feenstra et Hanson
concluent que la délocalisation peut représenter jusqu’à trois cinquièmes de l’augmentation des
salaires relatifs des travailleurs affectés à la production ou non aux États-Unis dans le secteur de
la fabrication entre 1979 et 1990. D’autres études concluent que la délocalisation et le commerce
des intrants intermédiaires ne sont pas des facteurs importants en ce qui concerne la croissance
de la demande relative pour des travailleurs plus qualifiés.
Des études plus récentes se sont attardées aux répercussions de la délocalisation sur l’emploi.
Des estimations suggèrent que la délocalisation a mené à une réduction importante de l’emploi
des cols blancs aux États-Unis (McCarthy, 2002). Cependant, la majorité des études empiriques
suggèrent que les répercussions générales de la délocalisation sur le niveau d’emploi sont faibles
(Amiti et Wei, 2005; Mankiw et Swagel, 2006).
Quelques études récentes ont également examiné les effets de la délocalisation sur le rendement
de la productivité. Les données empiriques limitées suggèrent que la délocalisation des matières
a un effet positif sur la croissance de la productivité. Les données sur les effets de la
délocalisation des services sur la croissance de la productivité sont partagées. La prépondérance
de la preuve suggère cependant que la délocalisation des services a peu de répercussions sur la
croissance de la productivité, probablement en raison des faibles niveaux de délocalisation des
services comparativement au niveau de délocalisation des matières (voir Olsen, 2006 pour
examen). Le document d’Amiti et Wei (2005) fait cependant exception et conclut que la
délocalisation des services a des répercussions positives importantes sur la productivité dans le
secteur de la fabrication aux États-Unis, comptant pour 11 % de la croissance de la productivité
entre 1992 et 2000.
Le modèle qui sous-tend notre analyse de la délocalisation débute par une fonction de production
agrégée qui exprime la production brute en fonction des intrants intermédiaires et de la valeur
ajoutée, et la valeur ajoutée est représentée quant à elle en fonction de l’intrant capital, de
l’intrant travail et du temps. L’existence de l’agrégat de la valeur ajoutée nécessite que les
intrants de temps, capital et travail soient séparés des intrants intermédiaires7. Ce type de
fonction de production a été utilisé le plus souvent dans les études antérieures sur la productivité
(voir, par exemple, Jorgenson, Gollop et Fraumeni, 1987).
7. Voir Triplet et Bosworth (2004). Pour voir une opinion divergente, voir Diewert (2005).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 32 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
L’ensemble de la production se définit comme suit :
(, )YFAX
=
,
Y indique la production brute, A indique la valeur ajoutée et X indique les intrants
intermédiaires.
La valeur ajoutée est incluse comme fonction de l’intrant capital, de l’intrant travail et du temps :
() ( , )ABtGKL
=
,
K indique l’intrant capital, L indique l’intrant travail. B(t) représente la productivité
multifactorielle et mesure l’efficience avec laquelle le capital et le travail sont combinés pour
produire de la valeur ajoutée.
Nous supposons que la fonction de valeur ajoutée comprend des rendements d’échelle constants
et que la production brute est une production de fonction d’élasticité de substitution constante en
ce qui a trait à la valeur ajoutée et à l’intrant intermédiaire :
()
1
1
1
() ( , ) (1 )YBtGKL X
σ
σ
σ
σ
σ
σ
αα
⎡⎤
=+
⎢⎥
⎣⎦
,
où,
σ
représente l’élasticité de substitution entre la valeur ajoutée et l’intrant intermédiaire,
α
est un paramètre de production représentant un indice de la part de valeur ajoutée au sein de la
production brute8.
Bien que les intrants intermédiaires dans cette formule puissent être séparés des intrants capital,
travail et de temps, la composition des intrants intermédiaires est prise en compte en vue
d’affecter la fonction de valeur ajoutée. Notre hypothèse est que la part des importations des
intrants de matières et de services affecte la productivité multifactorielle B(t) et l’indice du ratio
de valeur ajoutée par rapport à la production brute
α
.
Cela peut se produire de plusieurs façons. Dans un monde où la spécialisation permet que des
produits supérieurs soient produits par des entrepreneurs indépendants, l’utilisation de ces
produits plutôt que des produits de remplacement internes inférieurs permettra d’améliorer
l’efficience. Des composantes extérieures peuvent également permettre que des produits
supérieurs soient élaborés.
Une partie des hausses de productivité de la délocalisation pourrait également provenir d’une
rotation de l’actif immobilisé — la fermeture et la réduction des usines moins efficientes qui
produisaient les intrants maintenant délocalisés.
8. La fonction de production de fonction d’élasticité de substitution constante a été utilisée souvent dans les
recherches qui examinent les changements dans les salaires relatifs des travailleurs qualifiés et non qualifiés et le
rôle des changements technologiques qui privilégient les compétences (voir p. ex., Katz et Murphy, 1992).
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 33 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
La délocalisation peut avoir des répercussions positives sur le rendement de la productivité grâce
à la spécialisation et à la restructuration. L’impartition survient lorsqu’une entreprise choisit
d’acheter plutôt que de produire les choses à l’interne. La délocalisation est une forme spéciale
d’impartition pour laquelle les fournisseurs se trouvent dans des pays étrangers. L’impartition et
la délocalisation peuvent mener à une plus grande spécialisation et une plus grande
restructuration. Le cas échéant, nous pourrions nous attendre à trouver une relation positive entre
l’impartition (la délocalisation) et la productivité.
Il est également possible que des changements à la composition des intrants permettent à une
entreprise de progresser dans la chaîne de valeur ajoutée. Les processus de production qui sont
effectués dans les usines varient en fonction de leur complexité — à partir de ceux qui requièrent
peu de main-d’œuvre qualifiée ou de transformation des matières brutes dans les premières
étapes du processus de production jusqu’à celles qui requièrent plus de capital, machines et
matériel, et plus de travailleurs hautement qualifiés.
Sako (2006) fait une distinction utile entre la désintégration verticale des intrants et le
désassemblage des fonctions d’entreprise dans sa discussion sur l’impartition et la délocalisation.
La désintégration verticale survient lorsqu’une entreprise choisit d’acheter plutôt que de produire
et lorsqu’il est moins coûteux d’acheter les intrants qui servent aux produits finis de l’entreprise
sur le marché que de les produire à l’interne. Par exemple, les fabricants automobiles
fabriquaient auparavant de nombreuses pièces de voiture à l’interne dans leurs filiales des pièces.
Cependant, en se départissant des filiales des pièces, les fabricants automobiles peuvent
maintenant acheter des composantes importantes de la voiture — comme les sièges — auprès de
fournisseurs indépendants.
Si l’impartition des intrants de matières concerne davantage la désintégration des intrants,
l’impartition des services concerne plutôt le désassemblage des fonctions d’entreprise en tant que
désintégration verticale. Les entreprises modernes ont des fonctions d’entreprise, comme les
finances et la comptabilité, les ressources humaines, les ventes et le marketing, les achats et
l’approvisionnement et la recherche-développement. Même si de nombreux processus de ces
fonctions peuvent être impartis, les entreprises choisissent habituellement de faire l’impartition
des processus ayant peu de valeur ajoutée. Les processus ayant une grande valeur ajoutée sont
gardés au sein de l’entreprise.
Par exemple, dans l’impartition des ressources humaines, les processus ayant peu de valeur
ajoutée comme le service de paye et la gestion des avantages sont habituellement impartis, alors
que la stratégie des ressources humaines et d’autres activités à grande valeur ajoutée ne sont pas
impartis. Dans les fonctions des finances et des assurances, la comptabilité générale est
l’exemple typique donné pour l’impartition. La stratégie financière et d’autres activités à grande
valeur ajoutée sont cependant moins souvent imparties.
Toutes ces indications montrent qu’une répercussion importante de la délocalisation des services
est le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée. Le passage à des activités à plus
grande valeur ajoutée comme résultat de la délocalisation apparaîtra comme une augmentation de
l’emploi pour des postes du secteur du savoir ou une augmentation de l’intensité du capital
(surtout de l’intensité du capital des hautes technologies) pour les opérations ou un ratio plus
élevé de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 34 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Bien que nos discussions aient jusqu’à maintenant surtout porté sur les répercussions de la
délocalisation des services sur le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée, la
délocalisation des matières aurait également des répercussions sur l’ampleur des activités à plus
grande valeur ajoutée au sein des entreprises. Les effets de la délocalisation des matières sur un
passage à des activités à plus grande valeur ajoutée n’est peut-être pas aussi important que les
répercussions de la délocalisation des services. Alors que la délocalisation des intrants de
matières vers les pays en voie de développement concerne les intrants qui requièrent moins de
capitaux et de compétence, il n’est pas évident que la délocalisation des intrants de matières vers
les États-Unis et d’autres pays développés concerne des intrants de matières ayant une valeur
ajoutée plus faible. Puisqu’une grande partie de la délocalisation des matières au Canada se fait
vers les États-Unis et d’autres pays développés, les répercussions de la délocalisation des
matières sur le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée devraient être inférieures aux
répercussions de la délocalisation des services.
En résumé, la délocalisation des services et des matières devraient toutes deux faire croître le
rendement de la productivité par la désintégration des intrants, la spécialisation des produits et
l’exploitation des économies d’échelle. La délocalisation des matières devrait avoir des
répercussions plus importantes sur la croissance de la productivité que la délocalisation des
services, puisque la délocalisation des matières concerne surtout la désintégration des intrants,
alors que la délocalisation des services concerne davantage le désassemblage des fonctions
d’entreprise en tant que désintégration verticale des intrants.
La délocalisation des services devrait mener à un passage à des activités à grande valeur ajoutée
puisque la délocalisation des services concerne surtout le désassemblage des fonctions
d’entreprise et la délocalisation des activités ayant une faible valeur ajoutée. Les répercussions
de la délocalisation des matières sur le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée sont
moins évidentes.
Les répercussions de la délocalisation sur l’emploi et sur les salaires sont moins évidentes. Dans
la mesure où la délocalisation retire une partie du processus de production qui a des
caractéristiques précises, on peut s’attendre à ce qu’il y ait une relation entre la délocalisation et
l’emploi ou les salaires pour un sous-ensemble donné de travailleurs. La délocalisation
affecterait davantage les travailleurs peu qualifiés. Nous avons cependant constaté que la
majorité de la délocalisation au Canada s’effectue vers les États-Unis et les États-Unis ne sont
pas perçus comme ayant des niveaux de compétence plus faibles que ceux du Canada. Pour ce
qui est de prévoir les répercussions de la délocalisation sur la demande pour l’ensemble des
travailleurs, il est difficile de formuler des hypothèses. Les échanges mènent à une demande plus
faible de main-d’œuvre dans les industries et les secteurs affectés par des importations plus
importantes, mais à une plus grande demande dans les secteurs pour lesquels il y a augmentation
des importations.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 35 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
4.1 La relation entre la délocalisation et la croissance de la productivité
Pour examiner les effets de la délocalisation sur la croissance de la productivité, nous effectuons
une estimation à partir de l’équation suivante dérivée de la fonction de la production à valeur
ajoutée :
12it o it it t t i i it
PMF dél TIC D D
α
ααδδε
Δ
=+Δ + + + +,
Δindique les différences premières entre les périodes, it
P
MF indique la productivité
multifactorielle en fonction de la valeur ajoutée et mesure l’efficience générale des intrants
capital ettravail pour la production de la valeur ajoutée, it
dél représente la délocalisation dans
l’industrie i pour la période t, it
TIC indique l’ampleur des investissements en technologies de
l’information et des communications et i
D
et t
D
forment un jeu de variables nominales pour les
effets fixes d’industrie et de période.
La variable de la délocalisation dél est définie comme étant le ratio des importations dans le
coût des intrants totaux de matières et de services. Pour examiner s’il y a des effets différentiels
sur la délocalisation des matières et des services, nous utilisons la délocalisation des services et
la délocalisation des matières séparément dans les régressions.
Pour faire l’estimation de l’équation de régression, nous avons divisé la période de 1961 à 2002
en huit périodes de durée comparable9. Dans toutes les spécifications, nous avons inclus des
effets fixes de période et des effets fixes d’industrie. Les effets fixes de période offrent un
contrôle pour toutes les caractéristiques non observées de l’industrie qui peuvent avoir des effets
sur la délocalisation et sur la croissance de la productivité en même temps. Par exemple, il y a
des industries à forte croissance de productivité qui optent pour la délocalisation d’un plus grand
nombre d’intrants des autres pays.
La principale conclusion est que la délocalisation des matières est directement proportionnelle à
une croissance de la productivité multifactorielle (PMF) et l’effet est significatif au niveau de
5 % (partie supérieure du tableau 11). En comparaison, la délocalisation des services n’est pas
liée à la croissance de la productivité multifactorielle.
La majeure partie de la délocalisation de matières s’effectue dans les industries de la fabrication.
Lorsque nous réestimons l’équation PMF pour un échantillon du secteur de la fabrication, nous
constatons que les effets de la délocalisation des matières sont plus importants dans le secteur de
la fabrication. Le coefficient de délocalisation des matières est de 0,50 avec une statistique t de
2,31. Cela se compare à l’estimation du coefficient de 0,43 pour la variable de la délocalisation
des matières lorsque l’échantillon de l’ensemble des industries est utilisé.
9. Les huit périodes comprennent sept périodes de cinq ans et une période de sept ans. La dernière période couvre
les sept années entre 1996 et 2003.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 36 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 11
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur la croissance de la
productivité multifactorielle
(1) (2) (3) (4) (5)
Spécifications sans la variable de croissance des exportations
Délocalisation 0,404
(1,98) *
Délocalisation des matières 0,418 0,427 0,016
(2,04) * (2,09) * (0,05)
Délocalisation des services -1,132 -1,334
(0,68) (0,80)
Ampleur des TIC1 0,04 0,038 0,037 0,040 0,043
(1,51) (1,45) (1,41) (1,50) (1,62)
TIC× délocalisation des
matières
6,36
(2,09)
*
Observations 671 671 671 671 671
R2 0,34 0,35 0,34 0,35 0,35
Spécifications avec la variable de croissance des exportations
Délocalisation 0,397
(2,13) *
Délocalisation des matières 0,412 0,428 0,107
(2,20) * (2,30) * -0,37
Délocalisation des services -1,667 -1,908
(1,00) (1,15)
Ampleur des TIC 0,039 0,036 0,035 0,039 0,041
(1,43) (1,35) (1,29) (1,42) (1,51)
Croissance des exportations 0,079 0,08 0,083 0,079 0,078
(4,85) ** (4,94) ** (5,06) ** (4,86) ** (4,76) **
TIC×délocalisation des
matières
4,979
(1,67)
Observations 657 657 657 657 657
R2 0,40 0.40 0,40 0,40 0,40
... n’ayant pas lieu de figurer
* significatif au niveau de 5 %
** significatif au niveau de 1 %
1. Technologies de l’information et des communications.
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Pour le secteur de la fabrication, la délocalisation des matières a augmenté de 15,8 points de
pourcentage entre 1961 et 2003. Nos estimations suggèrent que la croissance de la délocalisation
des matières a contribué 7,9 % au total de la croissance de la PMF au cours de la période ou
0,19 point de pourcentage à la croissance de la PMF annuelle. Entre 1961 et 2003, la productivité
du travail a augmenté de 2,96 % par année dans le secteur de la fabrication. La contribution de la
délocalisation des matières comptait pour environ 6 % de la croissance de la productivité du
travail dans le secteur de la fabrication10.
10. Amiti et Wei (2005) concluent que la délocalisation des matières comptait pour 5 % de la croissance de la
productivité du travail dans le secteur de la fabrication aux États-Unis entre 1992 et 2000.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 37 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Pour examiner si les effets de la délocalisation des matières ont changé avec le temps, nous
avons introduit un terme d’interaction entre la variable de délocalisation des matières et une
variable nominale de période après 1981. Le coefficient du terme d’interaction n’est pas
statistiquement significatif, ce qui indique que l’effet de la délocalisation des matières sur la
croissance de la productivité a peu changé avec le temps.
Même si les technologies de l’information et des communications (TIC) ne semblent pas être un
facteur déterminant de la croissance de la délocalisation, les TIC pourraient augmenter les
avantages au niveau de la productivité qu’apporte la délocalisation. Pour vérifier cette hypothèse,
nous avons introduit un terme d’interaction d’ampleur des TIC avec la délocalisation des
matières. Le coefficient est positif et statistiquement significatif. Cela correspond à la perception
voulant que les TIC facilitent la délocalisation et fassent croître les gains liés à la délocalisation
des matières.
Les études empiriques antérieures au Canada ont conclu que les exportations étaient directement
proportionnelles à la productivité lorsqu’on utilise les données au niveau de l’établissement
(Baldwin et Gu, 2003 et 2004). Dans la partie inférieure du tableau 11, nous avons introduit la
croissance réelle des exportations comme variable de contrôle supplémentaire pour la régression
de la productivité11. Les coefficients des variables de la délocalisation sont pratiquement
inchangés. Le coefficient de la variable de la croissance des exportations est positif et significatif
au niveau de 1 %, ce qui suggère que les industries ayant une plus forte croissance des
exportations sont celles ayant une plus forte croissance de la productivité. Cela correspond aux
données antérieures au niveau de l’établissement quant à l’effet positif des exportations sur la
croissance de la productivité.
4.2 La relation entre la délocalisation et le passage à des activités à grande
valeur ajoutée
Notre examen indique que la délocalisation des services devrait mener à une réorientation des
activités à plus grande valeur ajoutée, tandis que l’effet de la délocalisation des matières sur le
passage à des activités à plus grande valeur ajoutée est moins évident.
Pour examiner si c’est bien le cas, nous utilisons trois différentes mesures pour la saisie des
passages à des activités à grande valeur ajoutée puisqu’il n’y a pas de critère accepté quant à ce
qui constitue des activités à plus grande valeur ajoutée. La première mesure est le changement au
ratio de valeur ajoutée par rapport aux intrants intermédiaires. La deuxième mesure est le
changement à la part de travailleurs du savoir au sein de l’emploi et la troisième mesure est
l’investissement en capital de haute technologie. Comme nous n’avons pas de mesure constante
des travailleurs du savoir sur une longue période, nous utiliserons la part de travailleurs ayant fait
des études universitaires au sein de l’emploi total comme approximation de la part de l’emploi
occupé par des travailleurs du savoir.
11. Les exportations réelles sont estimées à partir d’une déflation des exportations nominales par les prix de
production brute. La spécification a été utilisée par Bernard et Jensen (1999). Les résultats provenant de
l’utilisation d’une croissance nominale des exportations sont semblables.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 38 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Si l’on suppose qu’il y a des rendements d’échelle constants pour l’agrégat de valeur ajoutée et
pour les intrants intermédiaires et que les marchés sont compétitifs, le ratio de produits
marginaux entre l’agrégat de valeur ajoutée et les intrants intermédiaires équivaut à leurs prix
relatifs. Lorsque la production brute est une fonction d’élasticité de substitution constante de la
valeur ajoutée et des intrants intermédiaires, nous pouvons obtenir l’équation suivante :
(
)
(
)
ln / ln /(1 ) ln( / )
AX
AX P P
σα α σ
=−,
où ,
AX
P
P représentent les prix de la valeur ajoutée et des intrants intermédiaires.
La délocalisation fait croître l’indice de la part de valeur ajoutée
α
. C’est pourquoi
(
)
ln /(1 )
α
α
devrait être une fonction positive de la délocalisation des services. En prenant la
première différence, nous obtenons l’équation suivante pour examiner les effets de la
délocalisation sur le ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires :
()
(
)
12
ln / ln /
oit AXttiiit
it it
AX dél P P D D
α
αα δδε
Δ=+Δ+Δ +++,
Les résultats sur les effets de la délocalisation pour le ratio de valeur ajouté aux intrants
intermédiaires se trouvent au tableau 12. La délocalisation des services est directement
proportionnelle aux augmentations du ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires. La
délocalisation des matières n’est pas liée aux changements au ratio de valeur ajoutée aux intrants
intermédiaires.
Tableau 12
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur le ratio de valeur ajoutée aux
intrants intermédiaires
(1) (2) (3) (4) (5)
Délocalisation -0,001 ... ... ... ...
(0,00) ... ... ... ...
Délocalisation des matières ... -0,016 -0,045 ... 0,034
... (0,09) (0,26) ... -0,18
Délocalisation des services ... 2,822 ... 2,832 3,313
... (1,98) * ... (2,00) * (2,22) *
Prix relatif de la valeur ajoutée -0,310 -0,308 -0,311 -0,307 ...
(7,25) ** (7,20) ** (7,25) ** (7,20) ** ...
Observations 637 637 637 637 637
R2 0,31 0,32 0,31 0,31 0,25
... n’ayant pas lieu de figurer
* significatif au niveau de 5 %
** significatif au niveau de 1 %
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Le coefficient sur le prix relatif de la valeur ajoutée et les intrants intermédiaires représente
l’élasticité de substitution entre la valeur ajoutée et les intrants intermédiaires. L’estimation du
coefficient suggère que l’élasticité de la substitution entre la valeur ajoutée et les intrants
intermédiaires est d’environ 0,3. Ce résultat est moindre que 1 — l’élasticité de substitution pour
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 39 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
la fonction de production Cobb-Douglas — mais elle correspond à l’estimation rapportée par
Bruno (1984) dans son examen de différentes études empiriques12.
Les effets de la délocalisation des services sur le passage des activités à grande valeur ajoutée
peuvent varier entre les secteurs producteurs de biens et les secteurs producteurs de services.
Pour vérifier cette hypothèse, nous avons introduit un terme d’interaction entre la délocalisation
des services et une variable nominale pour les industries de services. Le coefficient du terme
d’interaction n’est pas statistiquement significatif. Cela indique que les effets de la délocalisation
des services sur le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée sont les mêmes entre les
secteurs producteurs de biens et de services.
La relation entre la délocalisation et le passage à des activités à plus grande valeur ajoutée établie
à partir des changements à la part d’emploi des travailleurs ayant fait des études universitaires se
trouve au tableau 13. La délocalisation des services n’est pas liée aux augmentations à la part de
travailleurs ayant fait des études universitaires. La délocalisation des matières a augmenté dans
les industries pour lesquelles la part de travailleurs ayant fait des études universitaires a diminué.
Tableau 13
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur l’emploi relatif des
travailleurs ayant fait des études universitaires
(1) (2) (3) (4) (5)
Délocalisation -0,492 ... ... ... ...
(3,10) ** ... ... ... ...
Délocalisation des matières ... -0,48 -0,465 ... -0,479
... (3,03) ** (2,93) ** ... (2,96) **
Délocalisation des services ... -1,906 ... -1,673 -2,189
... (1,64) ... (1,44) (1,80)
Salaires relatifs des travailleurs ayant suivi
des études universitaires -0,356 -0,353 -0,357 -0,353 ...
(4.03) ** (4,01) ** (4,03) ** (4,00) ** ...
Observations 668 668 668 668 668
R2 0,46 0,46 0,45 0,45 0,43
... n’ayant pas lieu de figurer
** significatif au niveau de 1 %
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Comme la délocalisation des matières se fait surtout dans le secteur de la fabrication, nous avons
réestimé l’équation pour la part des travailleurs ayant fait des études universitaires à l’aide d’un
échantillon du secteur de la fabrication. Les résultats de l’échantillon du secteur de la fabrication
montrent un résultat semblable. La délocalisation des matières est inversement proportionnelle
aux changements à la part de travailleurs ayant fait des études universitaires.
Cette relation inversement proportionnelle entre la délocalisation des matières et l’emploi de
travailleurs plus scolarisés pourrait être liée à différentes raisons. Premièrement, la délocalisation
des matières et la spécialisation qui en découle pourraient réduire la demande de travailleurs plus
qualifiés qui ne sont pas affectés à la production. Baldwin et Gu (2007) rapportent que les
12. Bruno (1984) rapporte que la plupart des estimations se situent entre 0,3 et 0,4.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 40 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
travailleurs qui ne sont pas affectés à la production avaient subi les contrecoups de la
libéralisation des échanges au début des années 1990. Deuxièmement, la délocalisation des
intrants de matières s’effectue surtout vers les États-Unis et probablement par des
multinationales. Les intrants de matières délocalisés aux États-Unis peuvent requérir davantage
de capacités que les produits fabriqués au Canada. La délocalisation des matières pourrait donc
avoir réduit la part de travailleurs qualifiés dans la production au Canada.
Le tableau 14 examine la relation entre la délocalisation et l’approfondissement du capital en
haute technologie telle que mesurée selon la croissance des services du capital des technologies
de l’information et des communications (TIC) par heure travaillée. Puisque les TIC sont
devenues importantes après le début des années 1980, nous estimons la régression à l’aide des
données pour la période 1982 à 2003. La délocalisation des services serait liée à
l’approfondissement du capital de haute technologie.
Tableau 14
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur l’approfondissement du
capital des technologies de l’information et des communications
(1) (2) (3) (4)
Délocalisation 0,248
(0,26)
Délocalisation des matières 0,217 0,071
(0,22) (0,07)
Délocalisation des services 13,108 12,93
(1,80) (1,77)
Observations 340 340 340 340
R2 0,3 0,31 0,3 0,31
… n’ayant pas lieu de figurer
Notes : Calcul des auteurs. Statistique t robuste entre parenthèses. Les estimations sont fondées sur un ensemble de d’industries
pour la période 1982 à 2003.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
En résumé, nous constatons que la délocalisation des services est liée à un passage à des activités
à grande valeur ajoutée dans les industries du Canada. La croissance de la délocalisation des
services est directement proportionnelle à une croissance du ratio de valeur ajoutée aux intrants
intermédiaires et à l’approfondissement du capital en haute technologie.
En comparaison, nous concluons que la délocalisation des matières n’est pas liée à un passage à
des activités à plus grande valeur ajoutée. La croissance de la délocalisation des matières n’est
pas liée aux changements au ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires et à
l’approfondissement du capital de haute technologie. Elle est inversement proportionnelle à la
part de travailleurs ayant fait des études universitaires.
Les résultats concernant les effets de la délocalisation des matières reflètent le fait que le secteur
de la fabrication est hautement intégré entre le Canada et les États-Unis. Le principal effet de la
délocalisation des matières se trouve dans les gains de productivité liés à la spécialisation des
produits. Cependant, à mesure que les entreprises de fabrication canadiennes s’intègrent de plus
en plus aux entreprises des pays ayant des salaires peu élevés, la délocalisation des matières
devrait mener à un passage à plus d’activités à grande valeur ajoutée. Cette situation pourrait se
produire lorsque les entreprises à faible valeur ajoutée sont déplacées par la concurrence causée
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 41 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
par des intrants de matières peu coûteux provenant des pays où le coût de la main-d’œuvre est
peu élevé.
4.3 La relation entre la délocalisation, les salaires et l’emploi
La délocalisation des intrants de matières et de services mène à des importations accrues
provenant des autres pays. Comme pour les autres importations, la délocalisation devrait avoir
des répercussions sur les salaires et l’emploi au Canada.
Pour examiner les effets de la délocalisation sur l’emploi, nous effectuons une estimation de
l’équation de la demande de main-d’œuvre sous la forme d’une différence première
(Hamermesh, 1993) :
12 3
ln ln ln .
it o it it it t t i i it
LdélSYDD
α
αα α δδε
Δ=+Δ+Δ+Δ+++
Nous prévoyons que des augmentations de la production auront un effet positif sur la croissance
de l’emploi et qu’une augmentation des salaires aura un effet négatif sur la croissance de
l’emploi.
Les résultats de l’estimation de l’équation de l’emploi sont présentés au tableau 15. La
délocalisation des matières et des services n’a pas d’effet sur l’emploi dans les industries au
Canada. Les coefficients des variables de la production et des salaires correspondent aux attentes
et sont significatifs.
Comme la délocalisation des matières s’effectue surtout dans le secteur de la fabrication, nous
avons réestimé l’équation de l’emploi à l’aide d’un échantillon du secteur de la fabrication.
Encore une fois, nous concluons que la délocalisation des matières n’est pas liée aux
changements à l’emploi dans l’échantillon du secteur de la fabrication.
Pour examiner la relation entre la délocalisation et les salaires, nous estimons l’équation
suivante :
1
ln .
it o it t t i i it
SdélDD
α
αδδε
Δ=+Δ+++
L’équation d’estimation pour les changements aux salaires est une équation sous forme réduite.
Un examen complet des effets de la délocalisation sur les salaires des travailleurs requiert un
modèle d’équilibre général qui fait la distinction entre plusieurs effets : un effet de demande de
main-d’œuvre qui saisit l’effet d’une demande réduite pour les travailleurs dont les activités de
production sont délocalisées; un effet des termes de l’échange qui saisit les répercussions sur le
marché du travail des changements aux prix relatifs liés à des changements aux activités de
délocalisation; un effet de productivité qui saisit les avantages des gains de productivité obtenus
par la délocalisation sur les salaires13.
13. Grossman et Rossi-Hansberg (2006) ont élaboré un cadre théorique qui examine les effets de la délocalisation
sur les salaires.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 42 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 15
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur l’emploi
(1) (2) (3) (4) (5)
Délocalisation -0,057
(0,43) … … …
Délocalisation des matières -0,05 -0,044 -0,058
(0,37) (0,33) (0,42)
Délocalisation des services -0,989 -0,967 0,276
(0,95) (0,93) (0,25)
Croissance de la production 0,601 0,601 0,601 0.6 0,577
(19,77) ** (19,80) ** (19,78) ** (19,85) ** (17,25) **
Croissance des salaires -0,396 -0,402 -0,396 -0,402
(7,66) ** (7,58) ** (7,64) ** (7,58) **
Observations 662 662 662 662 662
R2 0,76 0,76 0,76 0,76 0,72
... n’ayant pas lieu de figurer
** significatif au niveau de 1 %
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Les résultats (tableau 16) indiquent que la délocalisation des matières n’est pas liée à la
croissance des salaires. La délocalisation des services est inversement proportionnelle à la
croissance des salaires.
Tableau 16
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur les salaires
(1) (2) (3) (4)
Délocalisation -0,051 … … …
(0,44)
Délocalisation des matières -0,034 -0,016
(0,29) (0,14)
Délocalisation des services … -2,554 … -2,536
… (2,32) * … (2,28) *
Observations 672 672 672 672
R2 0,70 0,70 0,70 0,70
... n’ayant pas lieu de figurer
* significatif au niveau de 5 %
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Pour voir s’il y a une différence dans l’effet de la délocalisation des services sur la croissance des
salaires, nous avons introduit une fonction d’interaction de délocalisation des services et une
variable nominale pour le secteur des services. Nous concluons que la délocalisation des services
a un effet négatif sur la croissance des salaires dans le secteur des services et qu’elle a peu d’effet
sur la croissance des salaires dans le secteur des biens.
Le tableau 17 présente les résultats sur les effets de la délocalisation sur les salaires des
travailleurs ayant fait des études universitaires comparativement à ceux n’en ayant pas fait. Nous
concluons que la délocalisation des matières et des services n’est pas liée aux changements aux
salaires relatifs pour ce groupe.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 43 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau 17
Résultats de la régression sur les effets de la délocalisation sur les salaires relatifs des
travailleurs ayant fait des études universitaires
(1) (2) (3) (4)
Délocalisation -0,033 … … …
(0,35) … … …
Délocalisation des matières -0,04 -0,047
(0,42) (0,50)
Délocalisation des services 1,08 1,102
… (1,14) … (1,18)
Observations 672 672 672 672
R2 0,70 0,70 0,70 0,70
... n’ayant pas lieu de figurer
Notes : Calcul des auteurs. Statistiques t robustes entre parenthèses.
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Nos résultats quant aux effets de la délocalisation sur les salaires et l’emploi sont conformes à
des estimations récentes plus agrégées des effets de la délocalisation sur les marchés du travail
au Canada (Trefler, 2005; Morissette et Johnson, 2005). Morissette et Johnson ont trouvé qu’il y
avait peu d’effets de la délocalisation sur l’emploi. Trefler (2005) conclut que les marchés du
travail au Canada se sont ajustés à la délocalisation des services par l’entremise des salaires,
plutôt que par l’emploi. Tel qu’abordé par Trefler (2005), cette situation est inhabituelle puisque
les études sur les retombées du commerce international concluent que l’emploi s’ajuste
habituellement plus que les salaires14.
Nos résultats sur les retombées de la délocalisation pour les travailleurs qualifiés diffèrent de
ceux de Yan (2006), qui examine la demande pour les travailleurs qui ne sont pas affectés à la
production en fonction des travailleurs affectés à la production dans le secteur de la fabrication
au Canada. Yan (2006) conclut que la délocalisation des matières fait augmenter, plutôt que
diminuer, la demande pour cette catégorie de travailleurs plus qualifiés (travailleurs qui ne sont
pas affectés à la production). Cependant, son étude fait l’estimation de l’équation de régression
en terme de niveaux, plutôt que de différences premières, comme nous le faisons. Les résultats
obtenus par Yan (2006) suggèrent que les industries ayant un niveau élevé de délocalisation des
matières tendent à avoir une plus grande demande de travailleurs plus qualifiés. Les résultats du
présent document obtenus à l’aide d’une équation de différence première suggèrent que la
croissance de la délocalisation des matières réduit la demande pour des travailleurs plus
qualifiés.
14. Liu et Trefler (2006) ne trouvent aucune preuve que la délocalisation des services avait réduit les salaires des
travailleurs aux États-Unis.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 44 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
5 Conclusions
L’impartition survient lorsqu’une entreprise réorganise ses processus de production. Une
entreprise choisit d’acheter ses intrants plutôt que de les produire lorsqu’elle veut faire des
économies. La tendance à avoir recours à l’impartition laisse présager des changements majeurs
à l’importance des grandes entreprises intégrées face aux réseaux d’approvisionnement
décentralisés au sein desquels chacun des participants ne fait qu’une petite partie du travail.
Les entreprises ajustent constamment leurs décisions quant à la fabrication ou à l’achat en
fonction de la marge. Même s’il sera toujours possible de trouver des exemples de situations
précises pour lesquelles la marge d’une entreprise croît ou diminue, la question que nous
examinons est de savoir s’il y a eu des changements importants en moyenne au niveau
d’impartition d’un vaste ensemble d’industries au Canada. Les données montrent qu’il y a eu peu
ou pas de changements à l’impartition des matières en général depuis 1960.
Ce n’est pas le cas pour les intrants de services. L’impartition des intrants de services s’effectue
depuis longtemps et elle a été la plus importante dans le secteur des services. Cette tendance
reflète plusieurs forces. Premièrement, les industries de services ont pris de la maturité et sont
passées d’entreprises n’ayant qu’un établissement à de grandes entreprises ayant plusieurs
établissements et offrant des services commerciaux essentiels à des coûts plus faibles en raison
de l’exploitation des économies d’échelle. Les services de paye informatisés sont un exemple.
L’évolution des grandes entreprises de comptabilité générale en est un autre. Dans ces deux cas,
le déplacement de certains des services qui étaient offerts auparavant à l’interne s’est effectué à
mesure que les entreprises des secteurs de la fabrication et des services ont choisit de déplacer
certains processus de production à l’extérieur.
Ceux qui s’intéressent à l’impartition examinent souvent également la délocalisation — la
tendance à s’approvisionner à l’étranger de plus en plus pour les intrants. La délocalisation peut
bien entendu découler d’une plus grande impartition, ou en être complètement séparée. Par
exemple, l’impartition des matières n’a pas augmenté, mais la délocalisation des matières a
augmenté. Cela est probablement le résultat d’un déplacement général vers la libéralisation des
échanges qu’a vécu le Canada au cours des quatre décennies et demie passées. Cependant, la
délocalisation des services a augmenté en même temps que l’impartition des services. La
délocalisation des services pour les services aux entreprises est surtout liée à l’impartition,
puisque l’ampleur des importations des intrants de services généraux est demeurée relativement
constante avec le temps. Dans le cas des autres services — immobilier, finances, assurance — le
ratio d’importation a cependant augmenté en même temps que l’impartition des services dans ces
secteurs. Les avantages pour ces secteurs liés à l’approvisionnement en services à l’étranger ont
mené à une augmentation graduelle de la part des services obtenus par importation.
Deux facteurs seraient liés à l’augmentation de la délocalisation — la mondialisation et le
changement technologique lié aux technologies de l’information et des communications (TIC).
La part des intrants intermédiaires des TIC est directement proportionnelle à la croissance de la
délocalisation tant pour les matières que pour les services. Les industries qui ont connu une
croissance des intrants des TIC étaient plus enclines à accroître la délocalisation des services.
Les intrants d’information ont probablement permis de réduire les obstacles liés à la distance
pour les échanges dans les services en général.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 45 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
La croissance de la délocalisation des services et des matières reflète la tendance continue de
mondialisation et d’intégration des économies mondiales. La délocalisation des matières reflète
les deux forces de la mondialisation : les gains obtenus des avantages comparatifs et les gains
obtenus des économies d’échelle dans les gammes de produits différenciés. La délocalisation des
services reflète la force des économies d’échelle et de la différenciation des produits.
Ce sont cependant les retombées de la délocalisation qui sont les plus intéressantes. La
délocalisation est liée à la croissance de la productivité, à un passage des activités à plus grande
valeur ajoutée et à des changements au marché du travail.
L’impartition des produits en dehors du Canada pourrait affecter le type de production effectuée
au Canada et les marchés du travail. L’impartition de la production pourrait faire progresser les
producteurs au sein de la chaîne de valeur (ou les faire régresser) et pourrait avoir des retombées
sur la productivité si elle permet la substitution de biens inefficients produits à l’interne par des
intrants plus économiques et supérieurs provenant de l’étranger.
Au cours des 40 dernières années, la délocalisation des matières était directement proportionnelle
à une croissance de la productivité multisectorielle (PMF). En comparaison, la délocalisation des
services n’était pas liée à la croissance de la PMF.
La relation entre la délocalisation et les changements à la chaîne de valeur ajoutée est quant à
elle inverse. La délocalisation des services est directement proportionnelle à des augmentations
au ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires. La délocalisation des matières n’est pas
liée aux changements au ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires.
La délocalisation des services a été associée à un passage à des activités à plus grande valeur
ajoutée au sein des industries au Canada. La croissance de la délocalisation des services est
directement proportionnelle à une augmentation du ratio de valeur ajoutée aux intrants
intermédiaires et à l’approfondissement du capital en haute technologie. En comparaison, nous
concluons que la délocalisation des matières n’est pas liée à un passage à des activités à plus
grande valeur ajoutée. La croissance de la délocalisation des matières n’est pas liée aux
changements au ratio de valeur ajoutée aux intrants intermédiaires et à l’approfondissement du
capital de haute technologie. Elle est inversement proportionnelle à la part de travailleurs ayant
fait des études universitaires au sein de l’emploi total.
Enfin, la délocalisation des matières et des services n’a pas d’effet sur l’emploi au sein des
industries au Canada. Les effets de la délocalisation sur la croissance des salaires diffèrent entre
la délocalisation des matières et la délocalisation des services. La délocalisation des matières
n’est pas liée à la croissance des salaires. La délocalisation des services est inversement
proportionnelle à la croissance des salaires dans le secteur des services et a peu d’effet sur la
croissance des salaires dans le secteur des biens.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 46 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Annexe
Tableau A.1
Impartition et délocalisation des intrants de services au niveau de l’industrie
Industries Part des services au sein de
la production brute
Part d’importation des
intrants de services
pourcentage
Niveau de
2003
Changement
1961 à 2003
Niveau de
2003
Changement
1961 à 2003
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 11,64 5,53 8,04 6,49
Extraction minière et extraction de pétrole et de gaz 13,29 5,58 8,22 4,84
Services publics 11,28 2,91 5,10 4,17
Construction 13,83 7,89 9,07 3,16
Fabrication d’aliments 8,71 2,47 6,67 5,26
Boissons 18,46 3,07 7,28 5,43
Tabac 23,96 13,54 8,22 6,88
Usines de textiles et de produits textiles 8,66 2,98 6,49 4,78
Fabrication de vêtements 9,09 1,59 5,57 4,39
Produits en cuir et produits analogues 9,32 3,12 6,92 5,26
Fabrication de produits en bois 6,99 1,49 6,32 4,76
Fabrication du papier 10,06 5,04 6,58 3,76
Impression et activités connexes de soutien 12,51 1,68 5,64 3,14
Produits du pétrole et du charbon 6,41 0,25 8,87 7,54
Fabrication de produits chimiques 13,89 1,51 6,56 4,79
Produits en plastique et en caoutchouc 10,20 2,08 7,39 6,12
Produits minéraux non métalliques 11,88 1,86 6,93 5,40
Première transformation des métaux 6,61 2,95 7,25 4,75
Fabrication de produits métalliques 7,51 1,70 6,75 3,88
Fabrication de machines 8,46 0,52 6,56 4,02
Produits informatiques et électroniques 16,88 7,05 8,32 6,17
Matériel électrique et appareils ménagers 13,38 5,25 8,00 5,80
Matériel de transport 12,24 5,37 9,49 7,13
Meubles et produits connexes 8,90 2,04 5,79 3,86
Activités diverses de fabrication 10,25 -0,01 6,35 4,50
Commerce de gros 34,50 15,36 7,05 4,80
Commerce de détail 30,64 11,38 7,22 5,05
Transport et entreposage 31,27 10,90 8,65 5,54
Industrie de l’information et industrie culturelle 32,06 17,88 9,20 5,23
Finances, immobilier et assurances 37,71 15,75 7,95 5,56
Services professionnels, scientifiques et techniques 31,97 17,65 6,95 2,09
Autres services du secteur des entreprises 22,65 10,66 5,43 3,80
Moyenne simple 15,79 5,85 7,21 4,95
Notes : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 47 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau A.2
Impartition et délocalisation des intrants de matières au niveau de l’industrie
Industries Part des matières au sein de
la production brute
Part d’importation des
intrants de matières
pourcentage
Niveau
de 2003
Changement
1961 à 2003
Niveau de
2003
Changement
1961 à 2003
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 44,29 17,16 15,71 2,72
Extraction minière et extraction de pétrole et de gaz 14,64 1,49 22,50 3,33
Services publics 3,49 1,27 49,95 49,51
Construction 44,59 -9,13 29,09 13,74
Fabrication d’aliments 63,28 -5,64 19,44 3,10
Boissons 35,77 6,48 26,62 8,71
Tabac 21,20 -40,43 13,19 9,10
Usines de textiles et de produits textiles 51,07 -8,44 62,53 21,78
Fabrication de vêtements 46,54 -6,37 52,87 17,12
Produits en cuir et produits analogues 50,10 -1,78 66,73 36,76
Fabrication de produits en bois 54,80 -0,57 11,85 4,01
Fabrication du papier 49,36 3,43 26,87 17,48
Impression et activités connexes de soutien 40,62 2,67 43,18 30,65
Produits du pétrole et du charbon 78,66 6,03 47,68 -2,87
Fabrication de produits chimiques 44,89 2,13 44,05 15,37
Produits en plastique et en caoutchouc 49,74 -0,38 57,21 21,89
Produits minéraux non métalliques 38,98 2,14 26,90 7,89
Première transformation des métaux 57,69 -0,14 40,83 16,39
Fabrication de produits métalliques 48,62 -1,40 33,68 15,62
Fabrication de machines 49,38 5,70 53,30 25,04
Produits informatiques et électroniques 53,05 14,43 71,76 31,98
Matériel électrique et appareils ménagers 52,12 2,97 53,49 31,37
Matériel de transport 62,82 6,34 65,44 24,91
Meubles et produits connexes 47,30 -0,69 36,96 13,57
Activités diverses de fabrication 45,08 1,00 55,38 22,69
Commerce de gros 3,34 -5,39 32,65 26,21
Commerce de détail 2,67 -5,85 22,34 16,43
Transport et entreposage 5,89 -1,25 45,51 27,94
Industrie de l’information et industrie culturelle 10,43 -3,33 37,58 29,00
Finances, immobilier et assurances 2,07 -2,67 2,57 2,31
Services professionnels, scientifiques et techniques 6,89 0,99 9,12 3,75
Autres services du secteur des entreprises 14,21 -10,31 21,07 11,77
Moyenne simple 37,30 -0,92 37,44 17,48
Notes : Calcul des auteurs.
Source : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 48 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau A.3
Principaux produits des technologies de l’information et des communications, classés selon
la contribution à la production du secteur des TIC1
Produits des TIC Type de produits
1. Téléphone et autres services de télécommunications Services
2. Conception de systèmes informatiques et services connexes Services
3. Téléphone et équipement connexe, incluant télécopieurs Biens
4. Élaboration de produits de logiciels Services
5. Ordinateurs, appareils vidéo, imprimantes, etc. Biens
6. Télévision payante et spécialisée et distribution d’émissions de télévision Services
7. Circuits intégrés Biens
8. Matériel de télédiffusion et de radiodiffusion Biens
9. Circuits imprimés Biens
10. Services de traitement des données Services
11. Instruments de laboratoire et matériel scientifique et simulateurs de vol Biens
12. Fils et câbles isolés, sauf câbles d’aluminium Biens
13. Semi-conducteurs Biens
14. Instruments de mesure et de contrôle Biens
15. Services de fournisseur d’accès direct Services
16. Équipement radar et de radionavigation Biens
17. Câbles à fibres optiques Biens
18. Machines pour l’industrie des services Biens
19. Autres services d’information (y compris agence de presse, microfiches,
enregistrement)
Services
20. Photocopieuses et appareils pour microfilms Biens
21. Radios, chaînes stéréo, lecteurs de diques compacts et cassettes, et accessoires Biens
1. Technologies de l’information et des communications.
Notes : À l’exception des photocopieuses et appareils pour microfilms, tous les biens donnés sont regroupés dans les biens de
fabrication des TIC par l’Organisation de coopération et de développement économiques (2001).
Source : Statistique Canada, tableau des ressources de 1999, Comptes d’entrées-sorties du Canada.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 49 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
Tableau A.4
Statistiques sommaires
Moyenne Écart-type
Changements à la délocalisation des services 0,0006 0,0016
Changements à la délocalisation des matières 0,0020 0,0086
Changements au ratio commerce intrasectoriel-production 0,0063 0,0182
Changements au ratio commerce intersectoriel-production 0,0019 0,1534
Part des TIC1 dans les investissements 0,1119 0,1629
Changements à la part des TIC aux intrants intermédiaires 0,0004 0,0045
Changements à la productivité multifactorielle en fonction de la valeur ajoutée 0,0095 0,0430
Changements au ratio d’intrants intermédiaires à la valeur ajoutée -0,0049 0,0381
Changements aux heures travaillées des travailleurs ayant fait des études universitaires
comparativement à ceux n’en ayant pas fait
0,0418 0,0508
Changements au ratio capital TIC-heures 0,1646 0,1225
Changements aux heures travaillées 0,0143 0,0406
Changements aux salaires 0,0618 0,0369
Changements aux salaires des travailleurs ayant fait des études universitaires
comparativement à ceux n’en ayant pas fait
-0,0079 0,0414
1. Technologies de l’information et des communications.
Notes : Les données présentées sont le résultat des calculs effectués par les auteurs. Tous les changements sont des changements
annuels. La diminution des salaires relatifs des travailleurs ayant fait des études universitaires pendant la période échantillon de
1961 à 2003 reflète la diminution des salaires relatifs des travailleurs ayant fait des études universitaires survenue dans les années
1960 et 1970. Pour en apprendre davantage sur cette diminution, consultez le tableau 3.A3 en annexe de Gu, Kaci, Maynard, et
Sillamaa (2002).
Sources : Statistique Canada, Comptes d’entrées-sorties et Comptes de productivité.
Série de documents de recherche sur l’analyse économique - 50 - Statistique Canada – no 11F0027M au catalogue, no 055
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Article
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This paper investigates the impact of international outsourcing on total employment using two digit manufacturing data for seven EU countries for the period 1995-2000. Estimates using OLS first differences show that imported materials from the same industry originating from low-wage countries have a significant and negative impact on total employment. The estimates suggest that rising imports from low-wage countries may account for about a 0.25 percentage points employment reduction per year between 1995-2000. Imported materials from industrialised countries have no effect on employment. Furthermore, we find that the magnitude of the effect differs across industries. Sample split regressions show that the impact of imported materials from low-wage countries is not significantly different from zero in some industries such as machinery, electrical, optical and transport equipment. Using quantile regressions we also find that the effect of imported materials from low-wage countries is not significant at the upper quartile of the conditional distribution of employment change. JEL: F10, J31.
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Economists who insist that "offshore outsourcing" is just a routine extension of international trade are overlooking how major a transformation it will likely bring--and how significant the consequences could be. The governments and societies of the developed world must start preparing, and fast.
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This study analyzes organization of economic activity within and between markets and hierarchies. It considers the transaction to be the ultimate unit of microeconomic analysis, and defines hierarchical transactions as ones for which a single administrative entity spans both sides of the transaction, some form of subordination prevails and, typically, consolidated ownership obtains. Discusses the advantages of the transactional approach by examining three issues: price discrimination, insurance, and vertical integration. Develops the concept of the organizational failure framework, and demonstrates why it is always the combination of human with environmental factors, not either taken by itself, that causes transactional problems. The study also describes each of the transactional relations of interest, and presents the advantages of internal organization with respect to the transactional condition. The analysis explains why primary work groups of the peer group and simple hierarchy types arise. The same transactional factor which impede autonomous contracting between individuals also impede market exchange between technologically separable work groups. Peer groups can be understood as an internal organizational response to the frictions of intermediate product markets, while conglomerate organization can be seen as a response to failures in the capital market. In both contexts, the same human factors, such as bounded rationality and opportunism, occur. Examines the reasons for and properties of the employment relation, which is commonly associated with voluntary subordination. The analysis attempts better to assess the employment relation in circumstances where workers acquire, during the course of the employment, significant job-specific skills and knowledge. The study compares alternative labor-contracting modes and demonstrates that collective organization is helpful in enhancing the acquisition of idiosyncratic knowledge and skills by the work force. The study then examines more complex structures -- the movement from simple hierarchies to the vertical integration of firms, then multidivisional structures, conglomerates, monopolies and oligopolies. Discusses the market structure in relation to technical and organizational innovation. The study proposes a systems approach to the innovation process. Its purpose is to permit the realization of the distinctive advantages of both small and large firms which apply at different stages of the innovation process. The analysis also examines the relation of organizational innovation to technological innovation. (AT)
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Businesses throughout the US economy continue to transform even after the technology boom has faded. The key sources of this continuing transformation are investment in the information technology (IT) package (hardware, software, and business-service applications) and reorientation of business activities and processes to use both information and technology effectively.
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This paper examines the effect of international outsourcing of intermediate inputs on productivity at the level of the plant, with a focus on the electronics industry in the Republic of Ireland. The effect of international outsourcing on plant-level productivity depends critically on the nature of the outsourced inputs (services or tangibles) and on the plant's export intensity. Outsourcing of materials provides significant productivity gains, but this effect holds only for plants with low export intensities.
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This paper reviews the political uproar over offshore outsourcing connected with the release of the Economic Report of the President (ERP) in February 2004, examines the differing ways in which economists and non-economists talk about offshore outsourcing, and assesses the empirical evidence on the importance of offshore outsourcing in accounting for the weak labor market from 2001 to 2004. Even with important gaps in the data, the empirical literature is able to conclude that offshore outsourcing is unlikely to have accounted for a meaningful part of the job losses in the recent downturn or contributed much to the slow labor market rebound. The empirical evidence to date, while still tentative, actually suggests that increased employment in the overseas affiliates of US multinationals is associated with more employment in the US parent rather than less.