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L’UNESCO définit la prairie comme une surface
couverte par des plantes herbacées avec moins de
10 % d’arbres ou d’arbustes. Selon la FAO, les
prairies sont le type d’habitat le plus répandu sur la
surface émergée du globe et représentent plus de 40 % de
cette surface (EUROPEAN COMMUNITIES, 2008). La prairie
européenne est caractérisée par sa grande diversité. La
prairie concerne des végétations indigènes ou introduites,
avec des flores plus ou moins diversifiées composées
de graminées, de légumineuses, d’autres espèces
dicotylédones et parfois d’arbustes, avec des proportions
très variables entre ces espèces selon les modalités
d’utilisation et les zones géographiques. Les prairies sont
présentes quasiment partout en Europe, dans les plaines
des régions atlantiques où elles partagent la Surface
Agricole Utile (SAU) avec les cultures annuelles, au sein
des montagnes humides comme les Alpes, le Massif
central, les Pyrénées où elles représentent une part très
importante de la SAU, en Europe continentale (Allemagne,
Pologne...), dans les pays nordiques et dans les zones
méditerranéennes où elles regroupent des prairies de
plaines et vallées comme en Italie et des landes et
parcours (classiquement dénommés rangelands dans les
publications anglo-saxonnes) des montagnes sèches.
195
Fourrages (2012), 211, 195-204
AUTEURS
1 : INRA, UMR 1348, PEGASE, F-35590 Saint-Gilles ; jean-louis.peyraud@rennes.inra.fr
2 : Agrocampus Ouest, UMR 1348, PEGASE, F-35590 Saint-Gilles
3 : RHEA Natural Resources, Human Environment and Agronomy Bureau (Belgique)
4 : VLAGEW-ILVO, Vlaams Gewest - Flemish region of Belgium (Belgique)
MOTS CLÉS
: Biodiversité, environnement, Europe, évolution, France, mesure agri-environnementale, multifonctionnalité, politique
agricole, prairie permanente, services écosystémiques, stockage du carbone, surface fourragère.
KEY-WORDS
: Agricultural politicy, biodiversity, carbon storage, change in time, ecosystem services, environment, Europe, farm
environmental measures, forage area, France, multi-functionality, permanent pasture.
RÉFÉRENCE DE L’ARTICLE
: Peyraud J.L., Peeters A., De Vliegher A. (2012) : “Place et atouts des prairies permanentes en France et
en Europe”,
Fourrages
, 211, 195-204.
Place et atouts des prairies permanentes
en France et en Europe
J.-L. Peyraud1, 2, A. Peeters3, A. De Vliegher4
La prairie recouvre plus de 40 % de la surface agricole européenne. Ce couvert agricole est d’autant plus important qu’il
est multifonctionnel, permettant de nourrir les troupeaux mais produisant aussi dans le même temps des services
environnementaux et sociaux tout à fait importants. Toutefois, entre les différents pays européens, cette dénomination
recouvre des réalités extrêmement diverses qu’il est bon de préciser et de décrire.
RÉSUMÉ
Les prairies permanentes représentent 57 millions d’hectares dont 16,9 millions de landes et parcours ; la prairie temporaire occupe
10 millions ha. Les surfaces en prairie ont fortement régressé depuis 1960, la perte étant estimée à environ 30 % soit plus de 7 millions ha
au niveau de l’Europe et 4 millions en France, mais il semble que les surfaces se stabilisent depuis 2003. Les prairies européennes se
caractérisent par une grande diversité : couverts semés ou végétation indigène ; leur niveau de production est très variable de même que
leur répartition entre les différents pays européens. Elles assurent de nombreux services écosystémiques dont la séquestration de carbone,
le maintien de la biodiversité et la qualité des sols et de l’eau. Ces services, de mieux en mieux reconnus par la société, sont
progressivement pris en compte par les politiques publiques.
SUMMARY
Status and assets of permanent grassland in France and in Europe
This text specifies the current status and recent evolution of permanent grassland in Europe and in France, and reviews the main services provided
by grassland. Grassland covers over 40 % of European agricultural land. Permanent grassland covers 57 million ha and temporary grassland,
10 million ha. Total grassland acreage dropped significantly between 1960 and 2003. Total loss is estimated at 30 %, which is to say over 7 million
ha lost in Europe and 4 million ha lost in France. Grassland in Europe is characterized by a rich biodiversity, sown grassland and indigenous
vegetation; its level of production is highly variable, as is its distribution in different countries. This agricultural cover is all the more important
because it is multifunctional and has a considerable environmental and social impact. Grassland provides a wide range of ecosystem services
(carbon sequestration, protecting biodiversity, preserving soil quality and purifying drinking water...) which are increasingly being recognized and
taken into account by public bodies in charge of policy making.
La multifonctionnalité des prairies est aujourd’hui
reconnue. A coté de la production d’aliment pour les rumi-
nants, des services écosystémiques produits par la prairie
ont été identifiés par le Millenium Ecosystem Assessment
(MEA, 2005). Comparées aux cultures annuelles, les prai-
ries ont un bon potentiel de séquestration de carbone
pouvant partiellement compenser les émissions de
méthane entérique ; elles protègent le sol contre l’érosion et
améliorent sa fertilité ; elles participent à la régulation des
flux de nutriments. Elles sont aussi un réservoir de biodi-
versité. Comparées aux forêts de conifères ou d’eucalyptus,
elles participent à la recharge en eau des nappes phréa-
tiques. Les prairies participent aussi à l’esthétique des
paysages fournissant ainsi des opportunités pour le déve-
loppement du tourisme. Enfin, la prairie supporte bon
nombre d’économies rurales dans les zones plus difficiles.
Pour toutes ces raisons, la prairie n’est pas une
culture comme une autre ; son importance environne-
mentale et sociale est bien plus importante. Pourtant il
est généralement admis que les surfaces en prairie ont
très fortement diminué en Europe au cours des dernières
décennies au profit du maïs ensilage, des cultures
annuelles, voire de la forêt, mais, en fait, très peu
d’études ont précisé cette évolution des surfaces sur
le long terme, sans doute parce que l’information est
fragmentaire, rare et souvent imprécise. L’adhésion suc-
cessive de nouveaux Etats membres modifie aussi les
statistiques. L’objectif de ce texte est de préciser l’impor-
tance actuelle des surfaces en prairies aujourd’hui en
Europe et en France, leur évolution récente et de rappeler
les principaux services fournis par la prairie qui devraient
justifier son maintien, voire son renouveau. Les données
présentées dans ce texte se référent pour beaucoup aux
premières synthèses effectuées dans le cadre du projet
européen Multisward (PEETERS, 2010 ; DEVLIEGHER et VAN
GILS, 2010).
1. Les surfaces en prairies en Europe
et leurs évolutions
■ Définitions et bases de données
mobilisées
En Europe, la prairie permanente est définie de
manière administrative depuis 2004 comme une surface
utilisée pour la production de plantes herbacées, ressemée
naturellement ou cultivée (semée) mais qui n’est pas
retournée pendant au moins 5 ans (Commission Régula-
tion EU N°796/2004). Il n’y a pas de clause sur leur
utilisation qui peut être le pâturage ou la fauche en ensi-
lage ou foin. La prairie temporaire est définie comme étant
une prairie semée et implantée pendant moins de 5 ans et
qui entre dans une rotation ; il s’agit d’une culture typique
de l’ouest atlantique de l’Europe et du sud de la Scandina-
vie. Les surfaces en prairie permanente ne subissent pas
de travail mécanique du sol ni de désherbage chimique et
sont le plus souvent (mais pas toujours) utilisées de
manière extensive contrairement aux surfaces en prairies
temporaires qui sont labourées, désherbées et souvent uti-
lisées de manière plus intensive. Auparavant, la prairie
n’était définie que par des termes vagues. C’était une sur-
face couverte de plantes herbacées pendant un temps long
ou très long et qui était ressemée ou non. La distinction
entre prairie temporaire et prairie semée variait alors selon
les pays (REHEUL et al., 2007). La prairie était qualifiée de
permanente si elle durait plus de 5 ans au Danemark mais
plus de 10 ans en Allemagne et plus de 12-16 ans en
Pologne. L’Europe avait besoin d’une définition de la prairie
permanente claire et uniformisée entre pays dans le cadre
de la mise en œuvre des politiques pour les subventions au
titre notamment du second pilier, même s’il peut paraître
curieux de qualifier de permanente une prairie qui ne reste
en place que 5 ans. Dans ce texte, nous appellerons prai-
ries permanentes les surfaces utilisées 5 ans et plus.
Les données utilisées proviennent de deux sources
principales : la base Eurostat (Eurostat website) et les
publications associées (Eurostat 2008a, b et 2010a, b) et
la base de la FAO, FAOSTAT. Dans la base Eurostat, il n’y
a pas de données disponibles avant 1990 ni pour les nou-
veaux Etats membres avant leur adhésion alors que
FAOSTAT produit des données depuis 1961, y compris
pour les anciens pays du bloc communiste. Dans FAOS-
TAT, les données de Belgique et du Luxembourg ne sont
pas individualisées. Le terme prairie permanente corres-
pond aux surfaces couvertes par des plantes herbacées
pendant plus de 5 ans. Bien que ce ne soit pas précisé, il
est probable que les landes et parcours, c’est-à-dire des
surfaces généralement peu productives rencontrées sur
sols pauvres et non améliorées par des pratiques cultu-
rales (sursemis, fertilisation, fauche) soient incluses mais
il n’est pas précisé comment. Dans la base Eurostat, les
landes et parcours sont clairement inclus dans les sur-
faces en prairies permanentes qui sont aussi les prairies
de plus de 5 ans. Dans cette base, les cultures fourragères
englobent les prairies temporaires de moins de 5 ans et les
autres fourrages verts qui correspondent essentiellement
aux surfaces de maïs fourrage et de légumineuses fourra-
gères. Au final, les statistiques pour un même item, un
même pays, une même année peuvent varier entre la base
Eurostat, la base FAOSTAT et les données statistiques de
chaque pays. A titre d’exemple, la surface en prairie per-
manente de la France était estimée à 9,90 millions ha
(33,6 % SAU) par FAOSTAT et 8,11 millions ha (29,3 %
SAU) par Eurostat. Il faut donc considérer les données
plutôt en valeur relative qu’en valeur absolue.
Toutes ces données sous-estiment vraisemblable-
ment la surface réelle en prairie permanente. En effet,
une part des prairies n’est en général pas considérée dans
les statistiques. Il s’agit notamment des surfaces commu-
nales, de surfaces non utilisées sauf lors d’années de très
fort déficit fourrager ou de surfaces utilisées à d’autres
fins que la production agricole (terrains militaires, fos-
sés...). En France, les surfaces non valorisées sont
estimées à 1,5 million ha soit une surface équivalant à
environ 20 % de celle des prairies permanentes (POINTE-
REAU et al., 2008).
J.-L. Peyraud et al.
196
Fourrages (2012), 211, 195-204
■ Les surfaces en prairies aujourd’hui
en Europe
En Europe, la SAU représente 173 millions ha soit
41 % de la surface totale et le total des prairies perma-
nentes et temporaires représente 64 millions ha
(Eurostat) soit 39 % de la SAU au niveau de l’EU-27
(tableau 1). Ces quelques chiffres illustrent l’importance
de l’agriculture et de la production de ruminants à l’herbe
dans les sociétés européennes. Plus précisément, la prai-
rie constitue le mode essentiel de valorisation des
surfaces agricoles en Irlande (91 % SAU) et au Royaume-
Uni (74 %). Elle représente environ 60 % de la SAU en
Slovénie et au Luxembourg, 50 % au Portugal, en
Autriche, Estonie et aux Pays-Bas, environ 45 % en
France, en Belgique et en Suède soit un peu moins
qu’aux Pays-Bas. La prairie est proportionnellement
moins importante avec environ 30 % de la SAU en Alle-
magne, Finlande, Slovaquie, Roumanie et de l’ordre de 20
à 25 % en Hongrie et Pologne. Sa place est marginale
dans certains pays du sud (moins de 10 % de la SAU en
Grèce et à Chypre).
Les prairies permanentes (de plus de 5 ans) recou-
vraient 57 millions ha (Eurostat, tableau 1) et 65 millions
ha selon FAOSTAT soit environ 31 % du territoire de l’EU-
27 et 33 % de la SAU en 2007 (tableau 1). Elles sont
aujourd’hui plus développées dans les pays de l’EU-15
(36 % de la SAU) que dans les nouveaux Etats membres
(25 % de la SAU en moyenne pour Bulgarie, république
Tchèque, Chypre, Estonie, Lettonie, Lituanie, Hongrie,
Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie). Ces don-
nées moyennes masquent en fait des variations très
importantes entre les Etats membres (figure 1). Beaucoup
plus de la moitié de la SAU est couverte par la prairie per-
manente en Irlande (76 %), au Royaume-Uni (63 %), en
Slovénie (59 %), en Autriche (54 %), environ la moitié au
Luxembourg et au Portugal. La proportion de SAU en
prairie permanente est plus faible dans de nombreux
pays de l’Est comme en Bulgarie (9 %), Hongrie (12 %) et
Pologne (21 %). La Roumanie est une exception car la pro-
portion de prairie permanente y est identique à celle de la
moyenne de l’EU-27 (33 %), c’est-à-dire une proportion
peu différente de celle observée en France ou aux Pays-
Bas. En termes de nombre d’hectares totaux, le
Place et atouts des prairies permanentes en France et en Europe
197
Fourrages (2012), 211, 195-204
Peyraud - Figure 1 - 2 colonnes
Cécile : Je vous laisse différencier le rouge et le vert...
Et « déplacer » les pavés correspondants dans le haut de la légende
IE Irlande
UK Royaume Uni
SI Slovénie
AT Autriche
LU Luxembourg
PT Portugal
NL Pays-Bas
BE Belgique
FR France
BG Bulgarie
LV Lettonie
RO Roumanie
IT Italie
LT Litu anie
ES Espagne
DE Allemagne
SK Slovaquie
CZ République
Tchèque
EE Estonie
PL Pologne
HU Hongrie
SE Suède
DK Danemark
EL Grèce
CY Chypre
FI Finland e
MT Malte
Prairies permanentes
Prairies temporaires
Prairie (% SAU)
FIGURE 1 : Part de la prairie dans la SAU des pays de l’EU-27 (adapté de EUROSTAT, 2009).
FIGURE 1:
Share of grassland in the usable agricultural area of the 27 EU countries (after EUROSTAT, 2009).
PEYRAUD – TABLEAU 1 – 1,5 colonne.
EU-6* EU-12*EU-15*EU-27* 12 NEM*
Surfaces (1 000 ha)
SAU 60 763 116 137 124 737 172 676 47 939
Prairies permanentes 17 953 42 614 44 870 56 948 12 078
Landes et parcours 2 443 14 524 15 407 16 901 1 494
Prairies temporaries 4 329 6 710 8 512 9 759 1 247
Maïs ensilage 3 599 4 118 4 210 5 040 830
Légumineuses 466 602 675 871 1 96
Part dans la SAU (%)
Prairies permanentes 29,5 36,7 36,0 33,0 25,2
Landes et parcours 4,0 12,5 12,4 9,8 3,1
Prairies temporaires 7,1 5,8 6,8 5,7 2,6
Maïs ensilage5,93,53,42,91,7
Légumineuses 0,8 0,5 0,5 0,5 0,4
* EU-6 : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas
EU-12 : EU-6 + Danemark, Espagne, Grèce, Irlande, Portugal, Royaume Uni
EU-15 : EU-12 + Autriche, Finlande, Suède
EU-27 : EU-15 + 12 NEM (Nouveaux Etats Membres : Bulgarie, République Tchèque, Chypre, Estonie, Lettonie,
Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie).
PEYRAUD - TABLEAU 2 – 1 colonne
Type de prod uction Second pilier Premier pilier
(€/UTA) (€/ha) (€/UTA) (€/ha)
Céréales 1 062 33 9 504 295
Lait spécialisé 2 799 109 6 358 247
Elevages herbagers 3 384 86 9 428 239
Granivores 761 69 3 682 332
Mixtes 1 356 52 7 160 276
TABLEAU 1: Surfaces
occupées par les prairies
permanentes, les prairies
temporaires, l’ensilage
de maïs et les légumi-
neuses en Europe
(EUROSTAT, 2009, et don-
nées françaises).
TABLE 1:Land covered by
permanent grassland,
temporary grassland,
maize silage and legume
crops in Europe (EUROSTAT,
2009, and french datas).
Royaume-Uni (11 millions ha), la France (9,8 millions ha),
l’Allemagne (4,8 millions ha), l’Italie et la Roumanie
(4,5 millions ha chacune) représentent à eux seuls 62 %
de la surface en prairies permanentes de l’Europe.
Les surfaces en prairies permanentes incluent envi-
ron 16,9 millions ha de landes et parcours soit à peine
10 % de la SAU de l’EU-27. Ces surfaces de landes et
parcours se retrouvent principalement dans les zones
montagneuses et méditerranéennes. Elles représentent
ainsi 71 % des surfaces de prairies permanentes au Por-
tugal, 65 % en Espagne et en Grèce, 42 % au
Royaume-Uni du fait des landes écossaises, 15 % en
France et moins de 5 % en Allemagne et Pologne. En
termes de surface totale, l’Espagne (33 %), le Royaume-
Uni (25 %), la France (8 %), le Portugal (7 %) et l’Italie
(6 %) rassemblent plus des trois quarts des surfaces de
landes et parcours européennes.
Les prairies temporaires (à base de graminées ou
d’associations graminées - légumineuses) représentent
10 millions ha (Eurostat) soit environ 6 % de la SAU de
EU-27. Ces prairies sont plus importantes dans les pays
du nord de l’Europe, notamment en Suède (33 % de la
SAU), Finlande (28 %), Estonie et Norvège (24 %), Lettonie
(21 %) et représentent une proportion plus faible en
Irlande (16 %) et en France (9 %) et environ 10 % aux
Pays-Bas, Belgique et Danemark. La part de prairies tem-
poraires est particulièrement faible (moins de 3 %) dans
de nombreux Etats membres de l’Europe de l’Est. Locale-
ment, la prairie temporaire peut être importante avec
plus de 30 % de la SAU comme par exemple en Bretagne
en France, dans la plaine du Pô en Italie et dans les
Ardennes belges. Au final, la prairie permanente est donc
très largement dominante en Europe et la majorité des
prairies européennes sont aujourd’hui en place pendant
plus de 5 ans à l’exception notoire de 3 pays (figure 1)
dont la Suède (qui a deux fois plus de prairies tempo-
raires que de prairies permanentes) et la Finlande (qui n’a
pratiquement pas de prairies de longue durée).
L’ensilage de maïs est le fourrage annuel le plus
important avec plus de 5 millions ha dans l’EU-27 soit
environ 3 % de la SAU. Il représente une proportion très
significative de la SAU en Belgique et aux Pays-Bas (13 %
de la SAU en moyenne) ainsi qu’en Allemagne et au
Luxembourg (10 %). Dans ces 4 pays, le maïs représente
plus que 20 % de la surface en prairie, toutes prairies
confondues (figure 2). En France il représente 5,5 % de la
SAU soit un peu plus de 10 % des surfaces en prairie. En
termes de surface, l’Allemagne et la France représentent à
eux seuls 58 % de la surface en maïs ensilage de l’EU-27.
■ Les surfaces en prairies
se sont fortement réduites depuis 40 ans
Entre 1967 et 2007, l’EU-6 a perdu 7,1 millions
ha de prairies permanentes soit environ 30 % des sur-
faces présentes (Eurostat). Ce déclin est en outre
sous-estimé puisque la réunification de l’Allemagne en
1990-1991 a ajouté 1 million ha de prairies aux statis-
tiques. Durant cette période, la France a perdu
4 millions ha soit 33 % de la surface de 1967. Une
réduction de plus de 30 % des surfaces est également
observée en Italie (soit 2 millions ha), en Belgique et aux
Pays-Bas. La proportion de prairies permanentes dans la
SAU a fortement diminué passant de 39 à 29 % dans
l’EU-6, la tendance étant semblable en France (de 40 à
29 %), aux Pays-Bas (58 à 43 %) et en Belgique (48 à 37 %).
Pendant la même période, les surfaces sont restées sta-
bles au Royaume-Uni et ont à peine diminué en Irlande
(de 79 à 75 % de la SAU ; figure 3). Les statistiques FAOS-
TAT donnent les mêmes tendances : ainsi, la perte de
surface est de 3,6 millions ha en France sur la même
période soit une réduction de 27 % des surfaces présentes.
Le déclin de la surface et de la proportion des prai-
ries permanentes dans la SAU semble se réduire, voire
être stoppé, pour de nombreux pays depuis 2003. Alors
que l’EU-6 perdait presque 200 000 ha par an, la surface
en prairie est très stable depuis 2003. Ce phénomène se
retrouve dans de nombreux pays (France, Pays-Bas, Alle-
magne, Italie, Belgique, Danemark ; figure 3).
Une différence notable entre les 2 bases reste le
Danemark pour lequel Eurostat indique un déclin sensi-
ble des surfaces (- 34 % depuis 1970) alors que les
données FAOSTAT indiquent une stabilisation globale des
surfaces sur la même période. En fait, dans cette dernière
base, les surfaces en prairies diminuent de 35 % entre
1967 et 1990 puis s’accroissent brutalement en 1990 (de
217 à 398 milliers ha) pour rediminuer lentement ensuite
(-10 % entre 1995 et 2007). Il est probable qu’il y ait eu
une modification de la définition des surfaces prises en
compte. Il reste aussi difficile d’interpréter les évolutions
pour certains pays sans doute également pour des rai-
sons avant tout liées à des modifications des surfaces
J.-L. Peyraud et al.
198
Fourrages (2012), 211, 195-204
FIGURE 2: Part respective de la prairie (permanente et
temporaire) et de l’ensilage de maïs dans la SAU des
pays de l’EU-27 (d’après Eurostat, 2009).
FIGURE 2 : Respective shares of grassland (permanent
and temporary) and maize silage in the usable agricul-
tural area of the 27 EU countries (after EUROSTAT, 2009).
Peyraud - Figure 2 - 1 colonne (même un peu moins !)
0
2
4
6
8
10
12
14
020406080100
FR
DK
SE UK
PL IT
LT
BE
EE
Maïs (% SAU)
Prairie (% SAU)
FR
DK
UK
SI
SK
LU
IE
ES
HU
AT
DE
BG
NL
BE
20 % de la surface
en prairie
10 % de la surface
en prairie
EU-15
EU-27 PT
AT Autriche
BE Belgique
BG Bulgar ie
ES Espagne
DE Allemagne
DK Danemark
EE Estonie
FR France
HU Hongrie
IE Irlande
IT Italie
LT Lituanie
LU Luxembourg
NL Pays-Bas
PL Pologne
PT Portugal
SE Suède
SI Slovénie
SK Sl ovaquie
UK Royaume Uni
prises en compte (forte augmentation des surfaces au
Portugal, variabilité interannuelle en Grèce). Après 1989,
beaucoup de surfaces en prairie ont été abandonnées
dans les Etats de l’ancien bloc communiste (environ 30 %
dans des pays comme la Bulgarie et la Roumanie).
La surface et la proportion des landes et parcours
ont modérément diminué, passant de 13,2 à 11,5 millions
ha entre 1990 et 2007 (soit de 12,8 à 11,6 % SAU) pour
8 pays (Belgique, Danemark, France, Irlande, Luxem-
bourg, Espagne, Pays-Bas, Royaume-Uni). Les surfaces
de landes et parcours ont fortement augmenté sur la
même période en Grèce, Italie et Portugal mais il est pro-
bable que les bases des statistiques aient changé pour
ces pays au cours de la période.
Il est difficile d’évaluer l’évolution des surfaces en
prairies temporaires sur une longue période du fait du
manque de données. La surface totale en prairies tempo-
raires, exprimée en millions ha ou en proportion de la
surface totale en prairie, se montre assez stable dans la
plupart des pays où les données sont disponibles sur la
période 1995-2007. Les deux bases de données sont ici
très cohérentes. Ainsi, dans la base Eurostat, cette sur-
face évolue entre 6,4 et 6,5 millions ha pour l’UE-12 soit
entre 6,2 et 6,6 % de la surface totale en prairie. Seule
l’Allemagne se distingue par un accroissement modéré de
cette proportion (de 24 à 30 % entre 2000 et 2007, source
FAOSTAT).
■ Les moteurs de l’évolution des surfaces
en prairies permanentes
Durant les 40 dernières années, l’utilisation des
prairies pour la production animale a profondément
changé sous l’effet de l’intensification des systèmes,
particulièrement marquée dans les territoires du nord-
ouest de l’Europe. Inversement, des surfaces en prairies
permanentes ont aussi été perdues par abandon, notam-
ment en région méditerranéenne et dans les zones de
montagne ainsi que dans des zones continentales.
L’intensification de l’utilisation des surfaces a
conduit à retourner des prairies au profit des cultures
annuelles dont l’ensilage de maïs qui représente
aujourd’hui de 10 à 20 % et parfois plus que la surface
en prairie dans certains pays (voir figure 2). La mise en
place des quotas laitiers et l’assurance d’un prix du lait
élevé a aussi conduit à intensifier les pratiques et à utili-
ser plus de concentré par vache (au détriment des
fourrages et de l’herbe en particulier), le pâturage ne
représentant plus une ration suffisante pour satisfaire les
besoins élevés des animaux. A quota constant, le nombre
de vaches laitières a très fortement chuté (- 7,34 millions
dans les pays de l’EU-6 entre 1983 et 2007, Eurostat) et
cette diminution du nombre d’animaux brouteurs n’a que
partiellement été compensée par un accroissement du
troupeau allaitant (+2,79 millions de vaches).
Cette évolution a été favorisée par la réforme de la
PAC de 1992 qui a permis une réduction du prix des
céréales de 50 %. En fait, cette réforme a été très défa-
vorable à la prairie, du moins avant la révision à
mi-parcours de 2003. Une part bien plus importante du
budget était utilisée par hectare de terre arable que par
hectare de prairie, ou pour les exploitations céréalières
que pour les exploitations herbagères, et la différence
était loin d’être compensée par les dépenses du second
pilier. Ainsi, en France, l’incitation à retourner la prairie
au profit de cultures annuelles est bien illustrée par le
ratio entre les primes aux céréales et au maïs qui étaient
en moyenne de 300 €/ha et les MAE pour les prairies
permanentes qui étaient d’environ 30 €/ha. La réforme
de 2003 a profondément changé le contexte avec des
primes qui n’étaient plus liées à une production, ce qui a
permis aux éleveurs de raisonner autrement leur système
et le découplage des aides. Le principal effet du décou-
plage a été un accroissement de la médiane des DPU
(Droits à Paiement Unique) pour les éleveurs laitiers
(+ 64 %/ha, European Commission, 2008). Dans le sec-
teur de la viande, 60 % des vaches allaitantes ont
continué de bénéficier d’une aide couplée, dont le trou-
peau français. Des clauses de conditionnalité des aides
ont également cherché à réduire, voire à supprimer, la
conversion des prairies permanentes en terres arables.
Au final, cette réforme de 2003 semble avoir permis de
stabiliser les surfaces en pairies permanentes.
Les soutiens au Développement rural (second pilier)
sont a priori des mesures plus favorables au maintien de
Place et atouts des prairies permanentes en France et en Europe
199
Fourrages (2012), 211, 195-204
Peyraud - Figure 3 - 1,5 colonne (un peu moins...)
20
30
40
50
60
70
80
90
1960 1970 1980 1990 2000 2010 Années
Prairies permanentes (% SAU)
EU-6
France
Allemagne
Italie
Pays-Bas
Belgique
Roy. Uni
Irlande
FIGURE 3: Evolution des
surfaces en prairies per-
manentes (en % SAU) des
pays européens (données
Eurostat).
FIGURE 3:Changes in per-
manent grassland area
(% of usable agricultural
area) in different European
countries.
la prairie permanente que le 1erpilier. Ces soutiens
représentent en moyenne 61 €/ha. Les exploitations
laitières et les élevages spécialisés à l’herbe reçoivent les
soutiens les plus élevés qui correspondent à respectivement
44 et 36 % de leurs aides au titre du 1er pilier, alors que les
exploitations céréalières reçoivent les paiements directs du
1er pilier les plus élevés (tableau 2). Pour les exploitations
herbagères, les aides aux zones moins favorisées et les
MAE sont les principales composantes des soutiens au
Développement rural avec respectivement 37 et 45 % des
soutiens. Les aides aux zones moins favorisées contribuent
de manière significative au revenu des éleveurs herbagers
dont plus de la moitié sont localisés dans ces zones. Ces
soutiens ont représenté 2 651 €/UTA en 2004-2005 dans
l’EU-15 (hors Pays-Bas) pour les élevages en montagne
et 1 941 € pour les autres éleveurs. Les MAE ont repré-
senté un soutien de 16,3 €/ha en moyenne par l’EU-15 et
89 €/ha pour les agriculteurs ayant souscrit un contrat.
Environ 25 % de la SAU européenne est concernée par les
MAE mais avec de fortes variations entre pays, de moins de
5 % aux Pays-Bas et en Grèce à plus de 80 % en Autriche,
Suède, Finlande et Luxembourg (EEA, 2006).
Ces aides ont contribué à maintenir de l’élevage
dans certains territoires et à freiner la réduction des
surfaces en prairies permanentes. En France, la prime
au maintien du troupeau de vaches allaitantes (PMTVA)
fixée à la tête de bétail et les primes herbagères, dont la
PHAE (Prime Herbagère Agro-Environnementale) et
l’ICHN (Indemnité Compensatoire aux Handicaps Natu-
rels), ont contribué à stabiliser les surfaces en prairie et
à fixer les productions animales extensives dans les zones
difficiles en constituant un plus économique pour les éle-
veurs (TRÉGARO, 2011). La PHAE couvre aujourd’hui près
de 5 millions ha de prairie. La gestion des quotas laitiers
a aussi été un instrument très efficace pour figer l’offre de
lait sur le territoire et freiner la concentration sur cer-
taines exploitations ou régions.
2. Services rendus par la prairie
permanente en Europe et en France
En Europe, les systèmes pastoraux, associant pâtu-
rage et coupe de foin, existent depuis des siècles et ont
créé une diversité de paysages et d’écosystèmes (PÄRTEL et
al., 2005). Les prairies permanentes implantées très
anciennement et que l’on peut qualifier de « semi-natu-
relles » contiennent une grande diversité d’espèces,
beaucoup d’entre elles étant typiques des habitats prai-
riaux (DAHMS et al., 2008). Il convient ici de distinguer
entre la définition administrative de la prairie permanente
(plus de 5 ans) et la prairie permanente de longue (voire
très longue) durée. Mais au-delà de la préservation de la
biodiversité, la prairie contribue positivement à la qualité
de l’environnement par de nombreux aspects même si le
rôle et l’importance respective de ces différentes contribu-
tions varient fortement selon les contextes et les modes
d’utilisation. La fourniture de services est d’une
manière générale plus importante pour les prairies
permanentes que pour les prairies temporaires. Le
rapport de CHEVASSUS-AU-LOUIS et al. (2009), après toutes
les précautions méthodologiques qui s’imposent, a pro-
posé que les prairies permanentes pâturées de manière
extensive aient, en France, une valeur de référence d’en-
viron 600 €/ha et par an pour les services rendus.
■ La prairie permanente contribue
à la production d’une eau de bonne qualité
L’utilisation de produits phytosanitaires est inverse-
ment proportionnelle à la surface en herbe des
exploitations comme le montre bien le travail d’enquête
réalisé dans un réseau des fermes laitières de l’espace
atlantique lors du projet GreenDairy (RAISON et al., 2008).
Les prairies ne sont en effet jamais traitées à l’excep-
tion de quelques désherbages post-semis alors que les
traitements sont plus systématiques sur les cultures
annuelles. La pression phytosanitaire est ainsi nulle en
montagne pour les systèmes avec 100 % de prairies per-
manentes.
Il est aussi aujourd’hui bien établi que la présence
de prairies, associées aux bandes enherbées, permet de
limiter le ruissellement de Phosphore pour un même
excédent de P mesuré (LEGALL et al., 2009). Le rôle de la
prairie sur les fuites d’azote est sans doute plus à nuan-
cer. Les pertes d’azote par lessivage restent modérées
tant que le niveau de fertilisation reste adapté au poten-
tiel de production (VERTÈS et al., 2010). Les fuites sont en
particulier très faibles sous les prairies permanentes
peu intensifiées. D’ailleurs les teneurs en nitrate des
eaux restent inférieures à 10 mg/l dans la plupart des
territoires d’élevage basés sur la valorisation de la prairie
permanente. Les risques de lessivage sont plus élevés
sous les prairies utilisées de manière plus intensive à
l’Ouest, d’autant plus que ces prairies sont conduites au
sein de rotations pluriannuelles (PEYRAUD et al., 2012).
J.-L. Peyraud et al.
200
Fourrages (2012), 211, 195-204
TABLEAU 2:Comparaison des aides du 2epilier au titre
du Développement rural et des paiements directs du
1er pilier par type d’exploitation dans l’EU-25 (sans
Roumanie et Bulgarie ; adapté de European
Commission, 2008 et 2009).
TABLE 2:Subsidies granted as part of the 2nd pillar of
the CAP for rural development vs. direct payments
granted as part of the 1st pillar per type of agricultural
holding in the 25 EU countries (excluding Romania and
Bulgaria ; after European Commission, 2008 and 2009).
PEYRAUD – TABLEAU 1 – 1,5 colonne.
EU-6* EU-12*EU-15*EU-27* 12 NEM*
Surfaces (1 000 ha)
SAU 60 763 116 137 124 737 172 676 47 939
Prairies permanentes 17 9 53 42 614 44 870 56 948 12 0 78
Landes et parcours 2 443 14 524 15 407 16 901 1 494
Prairies tempora ries 4 329 6 710 8 512 9 759 1 247
Maïs ensilage 3 599 4 118 4 210 5 040 830
Légumineuses 466 602 6 75 871 196
Part dans la SAU (%)
Prairies permanentes 29,5 36,7 36,0 33,0 25,2
Landes et parcours 4,0 12,5 12,4 9,8 3,1
Prairies temporaires 7,1 5,8 6,8 5,7 2,6
Maïs ensilage5,93,53,42,91,7
Légumineuses 0,8 0,5 0,5 0,5 0,4
* EU-6 : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas
EU-12 : EU-6 + Danemark, Espagne, Grèce, Irlande, Portugal, Royaume Uni
EU-15 : EU-12 + Autriche, Finlande, Suède
EU-27 : EU-15 + 12 NEM (Nouveaux Etats Membres : Bulgarie, République Tchèque, Chypre, Estonie, Lettonie,
Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie).
PEYRAUD - TABLEAU 2 – 1 colonne
Type de prod uction Second pilier Premier pilier
(€/UTA) (€/ha) (€/UTA) (€/ha)
Céréales 1 062 33 9 504 295
Lait spécialisé 2 799 109 6 358 247
Elevages herbagers 3 384 86 9 428 239
Granivores 761 69 3 682 332
Mixtes 1 356 52 7 160 276
■ La prairie permanente stocke du carbone
Les prairies peuvent fonctionner comme un puits de
carbone (PEETERS et HOPKINS, 2010). Le projet européen
GreenGrass a montré, à partir de 9 sites européens, que
les prairies permanentes étaient des puits de carbone
d’une intensité moyenne de 2,7 t éq CO2/ha et par an
(soit 0,7 t de C/ha/an), ce qui est comparable à celle de
forêts tempérées (SOUSSANA, 2005). Par modélisation à
l’échelle de l’Europe, VLEESHOUWERS et VERHAGEN (2001)
montrent que la conversion de terres arables en prairie
accroîtrait le stockage de carbone de 1,44 t/ha/an
alors que les prairies en place stockent au rythme de
0,5 t C/ha/an et que les terres arables déstockent au
rythme de 0,84 t C/ha/an. Des dynamiques du même
ordre de grandeur sont rapportées par JANSSENS et al.
(2005). ARROUAYS et al. (2002) avaient établi qu’un allonge-
ment de la durée des prairies temporaires ou une
intensification modérée des prairies permanentes s’ac-
compagnait d’un stockage accru de carbone dans les
30 premiers cm du sol de 0,5 t C/ha/an pendant les
20 premières années. Inversement, le retournement des
prairies s’accompagne d’un déstockage du carbone plus
rapide que le stockage (SOUSSANA et al., 2004) et évalué à
-1t C/ha/an par ARROUAYS et al. (2002). Ce rôle de puits
de carbone de la prairie varie avec son mode d’utilisation
mais il est admis que la gestion optimale des prairies
constitue une voie prometteuse pour réduire les émis-
sions de GES en élevage (FAO, 2010 ; SOUSSANA et al.,
2010). La prairie peut aussi déstocker temporairement du
carbone en période de sécheresse ou de vague de chaleur
(NAGY et al., 2007).
En faisant l’hypothèse d’un stockage moyen de
500 kg C/ha/an sur prairie permanente, la compensation
sur les émissions brutes serait comprise entre 25 et plus
de 50 % selon la part d’herbe dans le système en élevage
de bovins viande, ce qui représente encore de 60 % à plus
de la totalité du méthane entérique (DOLLÉ et al., 2011). Les
émissions nettes des systèmes « naisseurs » qui sont
toujours très herbagers seraient alors du même ordre
de grandeur (11 kg éq CO2/kg viande vive) que les émis-
sions des ateliers plus intensifiés des naisseurs
engraisseurs (de 9 à 11 kg éq CO2/kg). En élevage laitier,
la compensation représenterait de 5 à 30 % des émis-
sions totales soit de 10 à 70 % du méthane entérique
selon la proportion d’herbe dans l’alimentation des trou-
peaux. Les émissions des systèmes de montagne valorisant
beaucoup d’herbe seraient alors légèrement inférieures à
celles des systèmes de plaine, plus productifs, mais utili-
sant moins de prairies (0,9 vs 1,1 kg éq CO2/kg lait).
■ La prairie permanente limite l’érosion
des sols et contribue à leur durabilité
A la différence des cultures arables, la prairie pro-
duit un réseau dense de racines qui correspond à une
part importante de la biomasse produite. Cette biomasse
est concentrée dans la zone 0-30 cm ; l’essentiel du car -
bone du sol provient de la décomposition de ces racines
et est transformé en formes stables (JONES et DONNELLY,
2004). Il est bien établi, par différentes études nationales
(KUICKMAN et al., 2002, pour les Pays-Bas ; LETTENS et al.,
2005, pour la Belgique ; ARROUAYS et al., 2002, pour la
France), que la teneur en carbone ou en matière orga-
nique (MO) des sols est en moyenne plus élevée sous
prairie que sous les terres arables. Cette teneur en MO
contribue au développement d’un écosystème très diver-
sifié et, au final, à la fertilité des sols.
L’érosion des sols est un problème majeur dans cer-
taines zones en Europe, particulièrement dans les pays
du sud-est mais aussi dans d’autres régions, notamment
les zones vallonnées avec des sols légers. La prairie
contribue à limiter l’érosion et les transferts par la cou-
verture permanente du sol et son réseau racinaire. Les
pertes de sol par érosion, simulées à l’échelle de l’Europe,
sont beaucoup plus faibles sous prairies que sous les cul-
tures (0,3 vs 3,6 t/ha/an ; CERDAN et al., 2010). Le
retournement des prairies a entraîné un accroissement
de l’érosion des sols et des pertes par ruissellement dans
plusieurs territoires en France (MATHIEU et JOANNON,
2003 ; SOUCHÈRE et al., 2003). Dans plusieurs Etats
membres, l’implantation de prairie fait partie des
MAE pour lutter contre l’érosion.
■ L’une des principales fonctions
des prairies est le maintien
de la biodiversité
Les prairies permanentes et les structures associées
(bords de champ, haies, talus, fossés...) sont reconnues
comme une source importante de biodiversité en
Europe ; elles sont aussi garantes de paysages ouverts
et diversifiés. Sur les dernières décennies, l’intensifica-
tion des systèmes agricoles et le retournement des
prairies au profit de cultures annuelles ont conduit à l’ho-
mogénéisation des paysages cultivés et à une perte
importante de biodiversité sur l’ensemble des terres agri-
coles et dans les autres écosystèmes. Mais aujourd’hui,
dans toute l’Europe, les écosystèmes des prairies perma-
nentes sont reconnus comme le support d’une diversité
spécifique florale considérable et comme fournisseurs
d’habitats pour les invertébrés et la faune sauvage (PÄRTEL
et al., 2005 ; HOPKINS et HOLZ, 2006 ; ISSELSTEIN et al.,
2005). Ces rôles des prairies dans la préservation des
milieux sont soutenus de façon générale par des disposi-
tifs agro-environnementaux et dans les zones retenues à
ce titre par le dispositif Natura 2000 qui regroupe, en par-
ticulier, la directive « Oiseaux » (79/409) et la directive
« Habitats » (92/43). Parmi les grandes catégories d’habi-
tat, on compte plus de 700 000 ha de surfaces prairiales
(prairies, parcours, landes pâturées, prés salés ; CATTAN,
2004).
La diversité botanique peut être très importante
dans les prairies permanentes de longue durée. Ainsi
159 espèces ont été recensées dans 56 parcelles dans les
Alpes (MARINI et al., 2007) et 113 espèces ont été recen-
sées sur des prés en Espagne (DIAZ-VILLA et al., 2003). La
diversité floristique est également particulièrement
Place et atouts des prairies permanentes en France et en Europe
201
Fourrages (2012), 211, 195-204
importante dans les praires sur sols calcaires du nord-
ouest de l’Europe (PHOENIX et al., 2008). Cette diversité
spécifique est fortement affectée par les pratiques
(ISSELSTEIN et al., 2005). Elle diminue notamment très
rapidement avec la fertilisation azotée. PLANTUREUX et al.
(2005) rapportent une réduction de moitié du nombre
d’espèces entre 20 et 50 kg N/ha/an. L’abandon de la
gestion des prairies du fait de l’exode rural ou du désin-
térêt pour des parcelles de moindre valeur entraîne
également la disparition de nombreuses espèces typiques.
Les prairies de l’ouest de l’Europe conduites de manière
intensive renferment peu d’espèces même si elles sont
implantées pour 5 ans ou plus. Du point de vue de l’éco-
logie, il convient donc de bien distinguer la dénomination
administrative des prairies permanentes et la notion de
prairies dites semi-naturelles (de très longue durée).
De nombreuses espèces animales sont typiques
des espaces prairiaux (ISSELSTEIN et al., 2005) et de très
nombreuses espèces d’oiseaux et de papillons dépendent
de la prairie et des structures associées pour leur habitat
(SANDERSON et al., 2009 ; BRÜCKMAN et al., 2010). Les popu-
lations ont beaucoup diminué avec la disparition des
prairies ou leur intensification. Ce déclin a été chiffré
entre 0,5 à 1,5 %/an selon les espèces parmi les popula-
tions de papillons et d’oiseaux (VAN SWAAY et al., 2006). Ce
phénomène est illustré en France par les travaux réalisés
sur la plaine de Niort (BRETAGNOLLE, 2004) où la quasi-dis-
parition de l’outarde canepetière (Tetrax tetrax), espèce
emblématique des paysages agricoles, peut être reliée à la
disparition des prairies et de l’élevage au profit des cul-
tures annuelles. Le retournement des prairies réduit la
disponibilité des habitats de nidification et les disponibi-
lités alimentaires. Il y a aussi un appauvrissement des
populations d’insectes butineurs lors de l’intensification
des systèmes (DUMONT et al., 2007). Toutefois, des choix
judicieux de pratiques, tels que le retard volontaire de
fauche de certaines surfaces après la période de floraison
ou le non-pâturage de quelques parcelles en pleine florai-
son (FARRUGGIA et al., 2008) permettent de proposer de
bons compromis entre la nécessaire productivité des
surfaces et le maintien des divers services environne-
mentaux qu’elles procurent.
La prairie supporte enfin un écosystème du sol
riche grâce à la production de matière organique. Cet
écosystème participe à de nombreux services dont la
fourniture de nutriments, la circulation de l’eau, la stabi-
lité des sols. Beaucoup d’espèces sont plus abondantes
dans les sols sous prairies permanentes que sous terres
arables. C’est notamment le cas des vers de terre (VAN
EEKEREN, 2010). Les populations de champignons et leur
diversité génétique s’accroissent aussi sous prairies (PLAS-
SART et al., 2008), notamment sous les prairies âgées.
L’intensification de l’utilisation des prairies tend à réduire
la diversité des espèces mais pas nécessairement la taille
des populations (PLANTUREUX et al., 2005) et les popula-
tions de bactéries peuvent être favorisées au détriment
des mycorhizes de champignons.
■ L’élevage valorisant la prairie
joue un rôle majeur dans la dynamique
des territoires ruraux
Dans de nombreuses zones au potentiel agrono-
mique limité et avec des conditions climatiques et
topographiques défavorables (montagnes, piémont, zones
de marais humides...), il n’est pas possible de produire
des céréales ni de faire de l’élevage intensif. Dans ces
zones, la prairie permanente est le mode privilégié d’oc-
cupation des surfaces agricoles et les productions bovines
ou ovines valorisant la prairie constituent un secteur éco-
nomique vital. L’élevage y façonne une grande variété de
paysages et les activités de tourisme et récréatives
induites constituent des retours économiques qui peu-
vent être importants (LEGOFFE, 2001). Les prairies créent
des paysages ouverts et sont perçues comme des espaces
ayant préservé leur « naturalité » comparés aux terres ara-
bles (BUGALHO et ABREU, 2008).
Conclusion
Les surfaces en prairies représentent plus de 40 %
de la SAU européenne même si elles ont beaucoup dimi-
nué depuis 40 ans. La prairie n’est pas une culture
comme une autre : son importance environnementale et
sociale est bien plus importante et elle est au cœur de
nombreux enjeux. Les attentes sociétales vis-à-vis de la
prairie, et donc des éleveurs qui la valorisent par l’élevage
de ruminants, sont de plus en plus fortes que ce soit pour
la biodiversité et le stockage de carbone mais aussi pour
la qualité de l’eau, la qualité esthétique des paysages et le
maintien d’un tissu social dans certains territoires. Ces
demandes commencent aujourd’hui a être relayées par
l’Union Européenne. La réforme à mi-parcours de 2003 et
les soutiens du second pilier ont permis d’enrayer la chute
des surfaces en prairies ces dernières années. Le « verdis-
sement » annoncé de la PAC pourrait renforcer cet effet.
Mais, en sens inverse, la sortie prochaine des quotas lai-
tiers (qui pourrait accélérer la restructuration des bassins
laitiers au profit de ceux de plaine plus compétitifs), l’éro-
sion progressive de la consommation de viande bovine
rouge et de mouton en Europe (même si des perspectives
de marchés à l’export pour du jeune bovin existent), le
prix élevé des céréales (qui peut inciter à des conversions
de surfaces en zone de plaine) sont autant de menaces
pour la prairie permanente. Pourtant, la prairie a un rôle
potentiel important à jouer pour le développement d’un
élevage qui soit à la fois productif, rémunérateur et mul-
tifonctionnel. Les enjeux et possibilités d’adaptation
varient entre les territoires et, évidemment, les solutions
sont à adapter au contexte local. L’émergence de ces sys-
tèmes nécessitera la mobilisation de tous les acteurs de la
Recherche et du Développement et des efforts accrus de
formation et de transfert vers les éleveurs mais aussi les
décideurs publics.
Intervention présentée aux Journées de l’A.F.P.F.,
“Prairies permanentes : de nouveaux atouts pour demain”,
les 3-4 avril 2012.
J.-L. Peyraud et al.
202
Fourrages (2012), 211, 195-204
Remerciements : Les recherches ayant conduit à ces résultats ont été
financées par la communauté Européenne à travers le 7eprogramme
cadre (FP7/ 2007-2013) avec le contrat n° FP7-244983 (MULTISWARD).
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La revue Fourrages
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