Puisqu'il faut nous limiter à un trés court espace, nous n'hésiterons pas à être synthétique et elliptique au point d'en être obscur, espérant que le lecteur rétablira quand il le faut la clarté analytique. Nous ne chercherons pas à élucider un point d'histoire, à savoir la part qu'il conviendrait d'accorder à l'influence de Malebranche dans les idées de Hume en matière de causalité, même s'il est vrai que toute la clarté désirable ou possible n'a pas été faite sur ce point. Hume a d'ailleurs expressément indiqué dans l'Inquiry (comme il l'avait laissé entendre dans le Treatise) qu'il tenait la critique malebranchiste de la causalité pour un acheminement vers la sienne, et il n'a pas hésité à lui emprunter un renfort d'arguments: ainsi en insistant sur l'impossibilité d'apercevoir un quelconque pouvoir causal soit dans les corps — pour expliquer les effets du choc par exemple, — soit dans l'âme — où notre volonté, malgré les illusions du contraire, ne se verrait mouvoir ni nos membres ni nos idées. Le seul tort de Malebranche aux yeux de Hume serait donc de ne pas être allé assez loin, puis d'être tombe dans l'inconsistance pour avoir conservé une attitude générale et un système incompatibles avec sa critique: car l'auteur de La Recherche de la Vérité, après avoir expulsé tout pouvoir causal du monde et de l'esprit, en rétablit en Dieu une infinité, et même s'appuie sur la causalité pour prouver l'existence du Tout-Puissant. Mais c'est ici que commence le probléme dont nous voulons traiter.