La filière agrumicole a connu, ces dernières années, un développement important grâce aux efforts conjoints des acteurs professionnels et de l'état, en réponse au Plan Maroc Vert. Certes, cette stratégie a permis l‘intensification de la production de cette filière, mais certaines variétés, en l‘occurrence la clémentine, souffre de plusieurs problèmes liés à la surproduction, la fluctuation des prix, la limitation des exportations, la concurrence internationale et l‘absence des voies de transformation maitrisées et adaptées à la qualité de ce fruit. Cette étude vient pour concrétiser l‘un des objectifs principaux de la nouvelle stratégie « Green Génération 2020-2030 » visant la valorisation et la transformation de 70% de la production agricole. Cette thèse de doctorat entre dans le cadre du Mégaprojet de recherche « Agrume » de l‘INRA visant d‘accompagner la stratégie GG par l‘amélioration de la productivité des agrumes et la valorisation technologique de la production par la proposition des voies de transformation adaptées aux caractéristiques des variétés cultivés au Maroc. Ainsi, ce travail de thèse vise la valorisation technologique des clémentines à travers, en premier lieu la caractérisation morphologique, physicochimique et biochimique des variétés cultivées dans la région de Béni-Mellal; ensuite, la mise au point des procédés de transformation du fruit (pulpe et écorce) adaptés à la qualité des variétés cultivés.
Les activités de recherche relatives à la caractérisation ont concerné les fruits (pulpe et écorce) de cinq variétés prélevées au niveau de la région de Béni Mellal. La comparaison de quatre variétés de clémentine (Orograndé, Sidi Aissa, Ain Taoujdat, Nour) et une variété hybride (Nova) de point de vue morphologique, physicochimique et biochimique nous a permis de constater que la variété Sidi Aissa présente
le meilleur rendement en jus ( 64,49%±5,20) et celle de Nova le rendement le plus élevé en écorce. De même l‘écorce de la variété Sidi Aissa était le plus riche en polyphénols totaux (5,18±0,13 g EAG/100g MS) et flavonoïdes (0,07±0,001 g ER/100g MS). L‘étude du pouvoir anti radicalaire par le test de piégeage du radical DPPH a révélé un pourcentage d‘inhibition variant de 19,72±0,97% à 57,65±0,12% pour toutes les variétés étudiées. Par ailleurs, les extraits des écorces de clémentine n‘ont pas montré une activité antibactérienne sur les espèces bactériennes testées à l‘exception l‘extrait de la variété Nour qui a un effet sur E.coli et Listeria monocytogène.
Comme voie de valorisation de ces clémentines, nous avons opté pour l‘extraction des
pectines à partir des écorces et leur utilisation dans la fabrication de la confiture à base de la pulpe. En effet, l‘étude expérimentale de trois protocoles d‘extraction de pectine à partir des écorces de la variété Nova nous ont permis de constater que l‘acide citrique est l‘agent le plus adapté à l‘extraction de la pectine avec un rendement de 21,36 ± 1,37% . Après le choix du procédé d‘extraction par l‘acide citrique, l‘étude d‘optimisation a été réalisée par la méthodologie des plans d‘expérience. Les facteurs les plus influents sur cette extraction sont le pH, la température et la taille des particules. Les résultats d‘optimisation nous ont permis d‘identifier les conditions optimales d‘extraction (pH = 1,5, T = 100°C et taille = 0,1mm) qui nous ont permis d‘avoir un rendement maximal en pectine soit 26,64%.
L‘évaluation de la qualité des pectines extraites a été faite à travers leur utilisation dans la fabrication de la confiture et en comparaison avec les pectines commerciales. En effet, six formules de confitures, avec des teneurs variables en pectine (0,4%, 0,6% et 0,8%), ont été testées, trois avec la pectine extraite et trois avec la pectine commerciale. Suite à l‘analyse sensorielle, la formule avec une teneur de 0.4% en pectine a été la plus appréciée aussi bien pour les pectines extraites que celles commerciales. Les confitures à base de pectine extraite et commerciale présentent des propriétés physicochimiques similaires, à l'exception des indices de couleurs qui sont meilleures pour la confiture à base de pectine extraite. Cette dernière est également plus riche de point de vue biochimique notamment en vitamine C. L'analyse sensorielle révèle une différence notable entre les deux types de confiture, le panel de dégustateurs a préféré la confiture à base de la pectine extraite. Par ailleurs, la détermination des critères de qualité de la confiture de clémentine à base de la
pectine extraite a montré qu‘elle est conforme aux exigences de la réglementation en matière de paramètres physicochimiques, biochimiques et microbiologiques. Ces paramètres en fait l‘objet d‘un suivi pour mettre au point la cinétique de dégradation de cette confiture durant le stockage sous différentes températures (4°C, 25°C, 36°C) et durant une période de 60 jours.
Pour les paramètres physicochimiques, nous observons une évolution décroissante en fonction du temps et de la température pour l‘acidité titrable, activité d‘eau et les indices de couleurs (L* et b*) pour les deux types de confitures. Tandis que l‘évolution est croissante pour l‘indice de couleur rouge a*
. L‘étude de la vitesse de dégradation de la vitamine C montre que ce paramètre dépend fortement de la température tandis que les polyphénols évoluent
indépendamment de la température, subissent une dégradation importante dans les quinze premiers jours de stockage, puis restent stables durant le reste du temps du stockage. Par ailleurs, l‘examen microbiologique des deux types de confitures indique une absence totale de développement microbien tout au long de la conservation.
Mots clés : Clémentine, valorisation, extraction, pectine, optimisation, cinétique, dégradation