Résumé
Contexte
Si les crises de croissance scientifique traversent tous les champs de la connaissance, le domaine de la périnatalité semble particulièrement exposé du fait de la problématique centrale de l’avènement d’un nouveau sujet, de la transmission de la vie entre les générations. La position heuristique du bébé en fait un révélateur de l’air du temps. Alors qu’à l’issue d’une période féconde, ouverte à la pluridisciplinarité, nous disposons – comme jamais auparavant – d’arguments interdisciplinaires pour la compréhension de l’édification du sujet bébé, nous pouvons craindre un appauvrissement, voire l’extinction de la diversité, et des replis sur des positions « biologisantes » ou « éducatives », laissant peu de place au débat.
Objectifs
La complexité nécessite pourtant une réflexion méta-épistémologique transversale sur les différentes méthodes, leurs implicites – leurs zones aveugles dont nous listons ici quelques items. Quid des dérèglements liés à l’emballement récent de pseudo-organisations, de pseudo-expertises, forgées à grand renfort de moyens financiers mais faisant, en quelque sorte, table rase des progrès collectifs d’amélioration des pratiques ? Quid des découpages arbitraires du périnatum, qui ne s’appuient ni sur la physiologie fine de ce moment, unique en termes de changements d’état tant pour la mère que pour le bébé, ni sur la contenance groupale que le socius ne manque jamais de fournir en termes de scansions collectives coutumières ? Dans ces propositions non régulées, quelle est la part de destructivité elle aussi dérégulée, éléments rendus criants par la crise environnementale majeure que nous traversons ?
Méthode
Au sein des manifestations scientifiques la tendance est à l’appauvrissement de la diversité des approches qui avait pourtant forgé la discipline. Observant une mise à l’écart irrationnelle de la psychanalyse dans le champ de la périnatalité, l’auteure apporte l’hypothèse originale d’une détestation de la psychanalyse – conjoncturelle plutôt que structurelle, telle est la question – autour d’une motion de « haine de la position Méta » et de son avers « la fascination de la position Méta ».
Résultats
L’attaque (envieuse) proviendrait d’une fausse croyance dans une position de surplomb, sorte de suprématie réputée détenue, à tort, par le seul corpus psychanalytique. La notion de narcissisme des petites différences est utilisée comme un analyseur possible pour venir éclairer l’irrationnel à l’œuvre. L’auteure argumente ensuite que le « niveau logique Méta » s’avère pourtant indispensable à la survie de chaque système de pensée complexe. Un examen de l’évolution excessivement rapide des tentatives de modélisations par la science physique de notre représentation de la vie mentale, depuis la thermodynamique, la cybernétique et récemment depuis les notions de physique quantique, est proposé comme « panoramique » pour pointer des sauts qualitatifs récents, d’une envergure inédite.
Conclusion
L’enjeu de la métabolisation sociétale de ces fractures est de taille et les efforts de la philosophie des sciences en quête de paradigmes pour un dialogue interdisciplinaire, louables. L’urgence à renouveler nos points de vue, à opérer des déménagements conceptuels est fortement invoquée. Une échappée belle, apte à fournir ce changement d’ontologie, sera suggérée du côté de l’anthropologie comparative.